fi * t LES AMBASSADES E T NECOTIATIONS Del'Illufl:riffimc&: Reuerendifïime CARDIN ALl)V PERRON ARCHEVESQVE DE SENS, PRIMAT DES GAVLFS ET DE Germanie, &c Grand Aumofnier de France. */fuec les plus belles & éloquentes Lettres jant d'Eflat & de do(\rinesque fxmdteres, qu il a e fente s fur toutes fortes de fuiet s, etuxR OT S) Princes , Pnncefjes , Ducs , Républiques , Grands Seigneurs, ($* autres de diuerfes qualité-^. Et celles qui luy ont efte addrefTees de leur part. Enflmblcles Relations enuoyees au Roy Henry u Grand, des particu!amez des Conclaves, où il s'efttrouuéà Rome, pour la création de diuers Papes. Recueillies , 0" accompagnées de Semmdires çr isfduertijfemens par CesAR di Ligny , Secutaire dudtt Seigneur. QVATRIESME EDITION AVGMENTEE. Y, & ■ \ A PARIS, Chez M a t h v r i n Hen a vlt , rue Clopin , deuant le petit Nauarre. M. DC. XXXIII, A MONSEIGNEVR MESSIRE PIERRE BRVL ART* CHEVALIER, VICOMTE de Puyfieux , Confeiller du Roy en Tes Confeils d'Eftat &: Pïiué, ôc Secré- taire de Tes Commandemens & Finances. ONSEIGNEVRp Si le refpe£fcdevos fin- gulieres vertus ne me conuioic à vous dédier ce labeur, les circonftances de fa condition n'au- roient que trop de poids pour m'y o- bliger. Car expofant piulieurs nego- tiatiens proportionnées à voftre emi- nente dignité ,& les vnes mefmes ter- minées par voftre iudicieufe contribu- tion j 11 femble qu'obmettant à vous le prefenter \ ie recelerois ce qui vous doit appartenir. Ec véritablement fi les ames bien-heureu (es gouttent en- core quelque plaifir en la célébration de leurs œuures,ie ne doute point que celle de ce tres-illuftreCardinal,nefoit efmeuë & touchée par le deuoir que ie luy rends, de publier fous vos aufpi- ces,le déport que de temps en temps elle a eu aggreable me configner j & du- quel s'eftant en partie preualuë , pour procurer, comme difoit vn Ancien , la paix de l'Empire à Cefar,elle n'attende l'eftime&la protection de vousmef- me , qui référant toutes vos peines & folicitudes à rvtilité publique de TE- - ftat , grauez pour iamaisaux cœurs des Fran çois, de très- exquis monumens de voftre prudence & magnanimité. le vous l'addreffe donc, Monfeigneur, non feulement efmaillé & enrichy de diuerfes figures & couleurs par fon in- figne & principal Autheur , mais en- core illuftré de embelly de vos propres ornemens , qui entre vne infinité d'au- tres , s'y recognoiflent, auec le prix Se laduantage du trai£fc de pinceau d' Appelle, au tableau deProtogenes. Ec comme infailliblement la mémoire de ce grand Cardinal vous eft chère & precieufe , pour les eftroits liens d'in- telligence 8c d'affe&ion dont vous eftiez vnis : Tant de belles & fignalees avions que lonvoid icy élégamment reprefentees , & qui l'honorent à per- pétuité, ne fçauroient eftrequefauo- rablement accueillies &receuës de vo- ftre main, & transférées auecapplau- diflemétauxfîeclesà venir. Ainlilevol de fa gloire foit de plus en plus eften- du Ainfiladureede la voftres'efgale à l'éternité. Et ainfila dignité de 1 of- frande, fuppleant au mérite de 1' offrât, m'obtienne, par les vœux d'vne tres- deuotieufe feruitude > la permiffion de me qualifier, - MONSEIGNEVR, De Paris ce , lu Iuin, 1613. » Voftrc trcs-humble & tres:obeïflfant feruiceur. Djœ Ligny. TABLE DES LETTRES ET NEGOTIATIONS CONTENVES en ce Volume. O N s. /« Cardinal Annotations cr aduertijfemens fur les A^uaurua^a, M. le précèdent Articles. 105 Cardinal du ver- M. le Cardinal ^ftttla, à M. le Cardi- ron. 29$. 881 nal du Perron. 289 A. m. l'Archeuefque A M. l'Euefque d'Aiiranches, Con- d'Aix, Confeiller fcillcr du B.oy en fon Confcil du Roy en Ton Confcil d'Eftat. d'Eftat. 692 M. d'Alinaurt a M. le Cardinal du B Perron. 36* A m. d'Alincourt , Cheualier des A M. le Ducde Bar. 58.111.733 Ordres duRoy,GOUuerneurpour Lettre de Madame U Ducheffe de Bar, faMaiefté en Ces Pays dcLyÔnois, Sœur du ^7 Henry le Grand , an Forefts & Baujolois, &fon Ara- Pape Clément vin. 10 balfadeur à Rome. §29 851.875 A Madame la DncheiTe de Bar. 11 1 A M. rilluftnffime & Reuerendiffi- A M. le Cardinal Barberini. 618 me Cardinal Aldobrandin.61. 79. A M. l'Illuftriflïme & Rcuerendif- 104. 108. 118. 14.6. 1j2.273.30I, finie Cardinal Baronius. 80.114. 308. 1/6.302 M. le Cardinal ^cldobrandin] iM.lt A M. de Barraut, Confeiller du Roy Cardinal du Verron. 185. 196. en fen Confeil d'E(lat,& fori Am- 298.845 bafladeur en Efpagne. 600.714 A M. rExcellentiffime Ambafla- A M. l'illuftnflime Cardinal Bel- deurde Venife. 13/ larmin. 120 A M. Arnaud, Confeiller du Roy en M. le Cardinal Bellarmin, à M. le Car- fon Confcil d'Eftat, & Intendant dinalduPerron. 197 des Finances. 63S AM. leDucdeBelIegarde,Cheua' Articles accorde^ey promis au nom dtt lier des Ordres du Roy , Grand Ji<>y-pourrAifolutitnilefaMaieJ}é. Efcuyer de France ,& Gouuer- 203» voyazjaUurcR. " n.cur pour £» Maiefté enfespays TABLE. de Bourgongnc. 4.;. ij6. 114. M. du Vair k M. Btfiutt ^Secrétaire de us la chambre du R^oy. 885 A M. le Chtncellicr de Bellieure. AM.de Baulieu Bouju. 159.170. 84.5>8.uî.M4.14^i67-*57'^8' >7i ^•.619.^7/ AM.leDucdeBracciano. 171 M. leQhantelierieBellieure^kM.leCar- AM.de Breues , Confeiller du Roy dînai du Perron, $18.398 7^3 en fon Confeil d'Eftat. 71}. A M. le Reuerendjffimc lollino» 8ij Euefque de Bellune. 134 M. de Brc*est k M. le Cardinaldu per~ M. l' Euefque de Bellune, k Al. le Cardi- ren. 740.844 nal du Perron. 816 M. de la Brtjfe> au mejme. 774.858 M. Bettaut,Euefrouin- cialdcs Capucins de la Prouince deFrance. $2.93 A M. le Prefident Ianin , confeillcr du Roy en fon Confeil d'Elhc A Madame du Iardin. 90 Inîlruâion ah fient du Verron allant k Hjme. l77.voyezlalettre R.. A m. le Comte de Ioigny , General des Galeiesdefa Maiellé. 469 A M. l'Admirai de Ioyeufe, &c. 7 A M. rilluftriflimc &Reuerendif- fime Cardinal de Ioyeufe. 137. 1/4. iji.609.6yo. 693.72;. 731. 742. 74S.760. 830 V. le Cardinal de Ioyeufe , a M. le Car- dinaldu Perron. 2/i.6ll.665l6$9. 716.748 77J.857 A Monfieur le Comte de Laual. 45i M. de Laual , k M. le Cardinal du Ver- ron. 871 A M. de Loroenie, Confeiller & Se- crétaire d'Eftat. 640.714 Le Duc de Lorraine , k M. d'Eureux. I05 A M. le Ducde Lorraine. /8.ro6 M. le Cardinal de Lorraine,* M.le Car- dinal du Perron. 260.163 A M. l'iUuftnflime & Reuerendif- iîrnc Cardinal de Lorraine. 107. 113 - M. Frkçois di Lorraine, k M.le Cardinal ciens,& Gonfalonicr de la Repu- blique de Lucques. 307 M A Monfeigneur rilluftriflimc & ex- cellentiffimc Grand waiftre de Malte, 31 A Monfeigneur le Sereniffime Duc d« M.-ntoiïe. 74.8a Le Duc de Mantoiie} k M.le Cardinal du Verron. 841. 86o.86-.868 La Duchejfe de Mantoue , au me/me. 84Y V \Archeuefque des Maronites , efent d'^flep de Syrie, au mefme. 873 Monfieur de Marquemtnt , au mefme. 166 A Monfieur le Baron de Medauy, 83 A Monfieur*** 103.149 M.le Cardinal de Monopoli^ M.le Car- dinal du verron. 258 M, le Cardinal Mtntalte , au mefme. i*f M. le Cardinal dal Monte , au mefme, 190 Monfieur de Montmorency , au mefme, 619 N A Madame laDucheiTedeNemour?, 17J. if à Mt le Cardinal d» é TABLE. Perron. 171 M. l'Euefque dcraris ,'alA.le Cdrd.dtt A Monfieur d'Offat, Confeiller du perron 6$9 Roy en fon Confeil d'Eftat. 14. A M. Phelypeaux , Confcillet dtt i30.14j.1j7. voyez R. Roy en fon Confeil d'Eftat , Se M. d'ojfat, à Mon/èigneur de yilleroy. Threforier de fon Efpargnc. 147. 197 De m. le Cardinal pinelli taM.le Car- P dinalduterron. 8/4 A Monfeigneur rilluftriffimc &R.C- San£HGGmo ac Beatiffimo Patri , & ucrendiffime Cardinal de rlaifan- Domino noftro, Clementi,Diui- ce, Légat du fainâ: Siège Apofto- na Prouidentia Vniucrfalis Ec- lique. 15 clefix Papa:, vin. humillimape- A Monfieur profpero Podio. ija dum ofcula. zi 7.199.471 Monfieur L'Euefijue de poiEliers , a m. le yinerabili Fr. Iaeobo Epifcopo Ebroicen- Cardinal du Perron. 69J Ji yClemens Papayril. Ï9.60.77. procezjuerbal de ï \yfbfolution donnée an 314..} 13.3 2/. 316.327. %oy Henry le Grand, par le vape cle- Sanctiflimo , ac BeatiiT. in Chrifto ment VI II. tu. Voyez lalet- Patri, ac Domino Paulo , diuina tre R. prouidentia Papae, V. 840 A Monfieur puget, Confeiller du Diletto Filio nojiro lacobo srit.Santtée Roy en fon Confeil d'Eftat , iSCgne t'a in ^Cgone, presbyte ro , Car- & Threforier de fon Efpargne. dtnali de perrone nuncupato , paulus 13 1. 601 vapaV. 84Ç.848. 8 ;j.&8t Monfieur puget, à M. le Cardinal durer* yinerabili fratri, ^irchieptfcopo Seno- ron. 409 nenfi \paulut papa y. 903 A M. de Puyfieux, Confeiller & Se- M. le Card. parauiano,a M. le Card.du cretaire d'Eftat. 6 63. 6 84. 7 iz. 7 jz perron. zoz 7J*-77$.77*- A M. rilluftriffime & Reuerendif- De m. de puyfieux, a m. le Cardinaldu fime Cardinal Parauicino. 3O3 perron. 788. R Au Roy Henry le Grand. p. I Les ennemis de fon zele & de fa vertu, femerent toutes fortes de calom- nies contre luy, pour l'efloigner du Roy Henry le Grand , à fon aduenemenc à la Couronne : mais ce ne firent qu'autant d'efpreuues de fa fidélité, qui le firent depuis cileuer par fa Maiefté, au comble d'honneur où nousl'a- uonsveu. A» Rjy. p. 17 De l" vtilite'que receura fa Maiefté » en continuant à fe maintenir en bon- ne vnion auec le S. Siège. Gnef prétendu par les Efpagnols. Bulle del'Ab- folutionduR^y, enuoyce par Monfieur d'Elbene.Le remerciement atten- du, laloufie dufeiojrdu Cirdmal Archiduc,en la cofte de Gènes, pour le regard de Mufeille. Différent à Venife , entre Monfieur le Nonce defa Sainftcté.dc Monfieur de Mailfe, Ambafladeur de Ftance,pour la preuen- tiondss Vifucs. * TABLE. letredùRoy.iuVape Clément VIII. />.ti. Le Roy remercie fa Sainfteié.de (on Ab(olution5auec des paroles dignes t\c fa Maiefté , & de celuy à qui elles s'addreiïcnt.' Aurr lare du Roy, écrit te de/a propre main , au Pape C L E M E N T vin. ,: Outre ie précédentes actions de grâces duRoy au Pape,fa Majcftéluy écrit encore de fa main, pour plas grande pieuue de fon zelc , & de fa deuotion aufauid Siège. Au Roy. f p.l4> Il décrit rapplaudiiTement,auec lequel ont eftéreceuè's les lettres de fa M*|efté , Se en ayant dignement loué les paroles & les conceptions, y ajou- fte le récit de fa promotion honorable à l'Euefché d'fureux. Au Roy. p)Z.. Ce qu'il a traitte auec le Pape, pour la reduéYiô de Marfeille. Trois moy- ens propofez par fa Saincteté, pour etft effect. Les intelligences apec les ATibafTadeursdeVcpife&deTofcane.Lagenerofitédu Cardinal Toler, & fon apprehenfiond'vn voyage par mer de Caries Dona. Ledefleinde la Légation du Cardinal de Florence , depuis Pape XI. ôc plufieurs autres poindts à remarquer. Au Roy. />-4î» L'auisdu pape , defiréparle Roy, fur lesafFaires deSauoye. Les belles confidtrations & maximes d'Eftat de fa SaincSVetè : Et les preuuesdefon affection, pour le rccouureroent de Marfeille. L'iropietéde Cafau.Lesdet- feins des Espagnols ; & la preuention. L'vtilité de quelque ne mbre de Ga- lères. Et vne élégante exhortation à fa Majefté,dene s'expofer plus fi libre- ment aux périls: Les raifons qui l'en doiuent retenir, & la tres-humble ôc ardente fuppiication qu'il luy en fait. AuRny. ^480 Il retient la faueur faitte à Monfieur d'OlTat , comme s'il lauoit reccuë luy-mefme, & en exalte l'a&ion,& pour le mérite de laperfonne,&pour l'exemple Se la confequence. Lctre duRcy à Monfieur a" Eureux. P'73' Sa Maieité luy commande de fe trouuer aux Eftatsà Roiieft, je luy dône aduis de fes bonnes intentions. Les mémoires que Mot: fieur à* Eur eux reçoit de U main propre du Roys allant k Rome pour l'abfolution de [a Maiejiç) dont l ' inscription en L'origi- nal , eftlamefrhc qui fuit. p^77- Inftrudtion an Sietir du perron, nommé à l'Eueché d'Eurcux, Confeil- ler du Roy en fes Con(eils d'Eftat & priué, & fon premier Auraonier,allât à Rome, par commandement de fa Majefté. Rtque/ic prefentée au Pape , de la part du Roy.< p.j Il eft de plus cha- gé He cefte Requefte, qui déduit amplement, le deuoir auquel fa Majefté s'eftmife, pour obtenir ion Abfolution, & les confide- rations qui deiuent obliger le Pape , à délirer la reconciliation de la Cou- ronne Très- Chrcfticnne^ auec le S. Siège. 4 ij TABLE. Articles accorde^^* promis au nom du Roy jour l'^fbfolutiffn de fa Ma- iefté. P'l05 ^Annotations aduertiffetnens fur les précédées Articles. p. 2,05 Prscexyerbaldeï' *Ab/olution donnée au Roy Henry le Grand, par le Pape Clément vin. p. iu En ceft a<5te eft rapporté le lieu de l'a&ion, les noms des Cardinaux , Ar- cheuefques,Euefques, Prélats, Ducs, Seigneurs , & Officiers qui y affi- lient : Les inftances, & la procuration, de la part de fa Maiefté:Les décrets de fa SainctetéiLa forme de l'Abiurationjck la profeflion de Foy : La péni- tence & i'acceptation:& finalement la fouueraine Abfolution&fain&e Be« nedittion, &c. BuUe de l' 3^7 Les proiets du Cardinal Aldobrandin. Reconciliation du Cardinal Far- ncfe; & l'inftru&ion qui s'en peut tirer. Plainte des Efpagnols. Moyens pour apurer l'exclufion. ludicieux confeil de l'Ambaffadeur de Sauoyc. Congrégation des affaires d'Angleterre. Il y prend la partie affirmatiuei les Efpagnols la negatiue. Affection du Cardinal Bandini. Au Roy. />. 37$ Opinion non libre du Cardinal d'Auila. Maladie du Pape Clément vin. Bonne intention des Vénitiens. Au Roy. p. J77 Nouuelle inopinée de la mort da Pape. Brigue des Efpagnols.Et vtilité à receuoir d' vn aduis de Monficur le Grand Duc. Au Roy. p. 379 Le Pape viuant encore vn iour,contre l'aduis donné de fa mort. Le Car- dinal Aldobrandin afTcmblefes créatures. Les propos qu'il leur tient j& ceux d'entre luy & noftre Cardinal. A» Roy. p. 38* Préparation pour entrer au Conclaue. Exclufiop affeuree de quelques Cardinaux. Indufion d'aucuns autres. Plaifant ftratageme des Efpa- gnols , contre le Cardinal Baronius , & la honte qu'ils en r eçoiuent. Con- fiance du Pape au Cardinal S. Marcello. Conditions du cardinal S. Clé- ment. AfTemblee chez Monfieur le Cardinal de Ioyeufe , oùfetrouue le cardinal Aldobrandin. ce qui s'y traitte. confultation desfeuls Car- dinaux François ,& de Monfieur l'Ambaffadeur. Leur délibération. Le Cardinal Camerin,appellé Naisarrifte. Proposition duCardinal Aquauiua. Crainte du Gardidal Aldobrandin. Procédure aux affaircsd' Angleterre, approuuée;3c comment le Roy s'en peutpreualoir. Au Roy. p. J90 C'eft la relation qu'il fait au Roy , tant en fon nom, que des autres Car- dinaux François , du Conclaue , auquel par leur moyen & induftric, & contre les oppofitions & proteftations à haute voix, des Miniftres du aoy d'Efpagne , le Cardinal de Florence eft efleué au Pontificat : En laquelle il infère leschofes requifes, pour ne diminuer point le fruicl: de cefte vi- ctoire. L'acquifition de quelques Cardinaux au feruice de fa Maiefté. Les comportements du Cardinal d'Eft. Vn diuorce entre les partifans Ef- pagnols. Et combien vn Pape courageux ,& affectionné a la liberté pu- blique, peut en tout temps reprimer les vfurpations qu'ils font infenfible- ment en Italie. Au Roy. p. jQf Il reprefente particulièrement aURoyjlcseftrangesdeportemensdcs 6 iij TABLE. Cardinaux Auila & Doria : Les acclamation^ de îoye, des Romains:Le< reerecs de l'Ambaffadcur dEfpagnc: Le pax/on demandé par le Cardinal Auila: Ec l'affection & gratitude du Pape, enucis fa Mutile. Ah Roy. M'* Les propres mots du Pape pour demonftrer fonaffecliô enuersleRoy: Et fon obligation au Grand Ouc François, Pete delà Reyne. H donne Le diamant, dont fa Majefté luy auoit fait ptefent, mais auec condition, il re- çoit vn Médecin Frai ç is,&vn Secrétaire de noftre Cardinal. Ellonne- ment des Efpagnols. Sa procédure à l'endroit du Cardinal AMobradin. Intention du Causer Clément. Moyens pour le preuenic. Ceux qui ont fauorifé l'exaltation de (a Sairdeié, bénis publiquement par le peuple. Extraordinaire folemnité , à fa prife de polTeflion. Arc triomphal des Flo- rentins, & les infcïi plions, ftituëSj& peintures Qtûl ne faut s'endormir, furccsprofpcritez.Nouuellc Congrégation de Cardinaux ,pour certaïue Bulle: Et l'auantage qu'en peut receuoir fa MajeftéV Aduis du Cardinal Farnefe. Artifice des Efpagnols. DciTein fur la vie du pape, & par qui. Al- tercation aux efprits des Princes d'Italie. Prier & propos du Cardinal -S force. Et quelques effe&s a efperer de ce nouueau Pontificat. Çondaue de la création du Pape LlON Xf. pA°7* Le ftyle ôc la contexture de celle lettre, monftre afîez qu'elle ne fort de la plume de noftre Cardinal: auili n'eftelle produitte, en cefte qualité.ains comme appartenant à Monfieur le Cardinal de Ioyeufe , qui s'y eftend, pour déenreau Roy, toutes lescirconftances ,& particulaiitez auenuës au fait de lacreation du Pape Léon Xi . Et cela de iour à autre , & fi diftin- ûement qu'elle peut feruit d'hiûoire fort ample, de cefte digne ôc memo- xableaâion. JtuRoy. f.410. Mort déplorable du Pape Léon XI. La douleur qu'en reçoiuent les François. L'allegrefîe qu'en font les Efpagnols. DifKcultez à naiftre au prochain Conclaue. La Cardinal Aldobrandin foupçonné. Monfieur le Cardinal de Gondy fouhaùté. Exemple d'vn Cardinal de Bourbon. Poids del'vniondefix vœux nationnaux. Au Roy. rrattique des Efpagnols, pour changer l'eftat des affaires. Ligue desCar- «linaux, contre le Cardinal Aldobradin. Leurs raifons, voulants perfuader aux Cardinaux François , de le quitter , & faire vn party à part : Et celles qui les conuient à demeurer vnis auec luy. Les Efpagnols mendient les voix, pour faire le Cardinal Sauli, Pape; Ôc offrent des Duchez , Conter & Matquifats, àdiuerfes perfonnes,& cent mille efeus au Canal ier Clé- ment, pour gaigner le Cardinal Aldobrandin. Grande perplexité fur ce fujet , & lepreiudicc de fon inelufion au feruiçe du Roy. Au Roy. ^.448. Son indifpofitionl'empefche d'écrire au Roy, ce qui s'eft palTé le îour & Ç*ck«uisine 5? duConcUnc. Monfieur le Cardinal de Ioyeufe a asrc?^5 TABLE. s'en charger. Gloire à faMajftè , de la création du nouueau Pape. Condi- tions de la perfonne de fa Sain&eté ; Ton extraction, fa naiflance, fon âge, fes parents. Le Cardinal Tofco recogneu Pape durant fept ou huict heu- res, par trente hui di Cardinaux. Grand tumulte auConclaue.Réponfc du Cardinal Montalte, à la propofition du cardinal Aldobrâdin. Ils vôt trou- uer les Cardinaux François. Le Cardinal Montale leur remet fon vœu , Se ceux de (es créatures. Le Pape éleu. Sa gratitude. Les titres honorables, quileur font donnez. Qoaclaue de la création du Pape pavlK. enuoyeau Roy.p. 452. Mondeur le Cardinal de loyeufe addrefle au Roy, ledifeours dont il aefté parlé cy-deuant, de la négociation des deux derniers iour s du Con- claue. Enquoy font à remaquer les fages côfeils& généreux déporteméts, qu'il y m Te; e , de noftre Cardinal, aufquels il dit le croire auoir efté touché & infpiié de Dieu. Au Roy. />.458« L'Hiftoire recitée auPape,des offices que lesCardinaux Fraçois luy ont rendus en fa promotion. Les caufes qui ont meu le Roy , à vouloir qu'ils l'y feruiiîent. Que facilement faSainctecé peut entretenir l'amitié de fa Maiefté Les Roysde France, protecteurs &reftaurateurs des Papes. Bon augure du Pontificat. Traittez renouueilez. Et continuatiô de recognoif- faute, de plukeurs Cardinaux. AuRoy. p.^étl Acheminement en France, de Monfieur de Bethune AmbafTadeur. Les regrets qu'il lailTe de luy. Ses excellentes qualitez. L'honneur qu'il reçoit du Pape, des Cardinaux, & de la Noblelîe Rornaine.â fon départ.Lettres du Roy, raonftrées& expliquées à fa Sainctcté. Les Efpagnols dégouttes d'elle. Trois grandes mortifications, qu'elle leur donne. AuRoy. P-4^S' Equippée de l'Ambafladeur d'Efpagne. Vn cômandement du Roy, tou- chant le Cardinal Sauli, communiqué diferettement au Cardinal Aldo- brandin: & d'où eftoit procedéc en partie leur inimitié. Erfect de la conti- nuation d'vniondes Cardinaux François, auec luy. Sonauthorité.Témoi- gnage de fon affection , à l'endroit de Monfieur le Cardinal de Giury. Paf- fion du Pape , aux affaires d'Angleterre.Circonfpection à y obferuer,pre- ueuëparle Roy. Rapport de deux Anglois, à la louange de fa Majefté. Vtilicé des lcares écrites parla Rcyne, aux belles fœurs de fa Sainfteté. Amballadeur de SuifTe , à R->Tie, pour l'obédience ; & quelque fienne in- tentiô, découuerte (ubtilement. Celuy de Sauoye, trompeur, ou trompé.' Vn nouueau Nonce, en Tolcane. Bruit de la venue du Duc de Sefle. A« Roy. Auec quelle foraptuofue & magnificence, le Pape a fait défrayer , 8c honorer M Mineur de Bechuue ,fi ir les terres de l'Eglife. Celle dont il or- donnecftre vfé ,àl'arriuéc de Monfieur d'Alincoart. Ce que noftre Cardinaly contribue , auprès de fa Sainteté. Mémoire enuoyé de 6 iiij TABLE. Florence; Et leçon précédente, pour ne le pratiquer. Condition répu- tée grie'ue par les Efpagnols, pour l'àbfolution du Régent de Pont. Ponr- quoy le Cardinal Vjfconty deuientleurpartifan. Aduis douteux, touchât le Conte de Fuentes. Inftance de l'ArabaiTadeur d'Efpignc , à cejuy de Lu ques. Bruit de quelques Galères d'Efpagne,en Leuan t Grands prépa- ratifs à Ciuità Vecchia, peut la réception de Monheur l'Ambafladcur. & foin remarquable de fa Sainteté. Au Roy p-47° Monfieur l'Ambafladeur retenu à Sauonne, par la contrariété du venr. Appareil inufîté à Ciuità Vecchia,pour le receuoir. Délibération du Pape fur ce que îuy touche noftre Cardinal , pour de plus en plus l'honorer. Aduis au Roy, de la lettre à Monfieur leGeneral des Galeres.Deifein de fa Sainteté, rompu pour les ficnnes. Elle fait fonneueu Cardinal. Office, pour ce regard: Et prétexte de vifite^ien que défendue. AuRey. PA7$ Deux desneueux du Pape, vont vne lieue audeuant de Monfieur l'Am- balTadeur, par le commandement de fa Saincteté. Le grand non bi e de Cardinaux, Ducs, & Seigneurs Romains, quile vont rencontrer. Les compliments & cérémonies L'honneur qu'il reçoit à fon audience, & de- puis. Citation du Conte de Fuentes, des approuuée: Etdéfenfesdu Roy d'Efpagne , pour les forts de Nouare & Soncino. Au Ray. J>475* Maxime de noftre Cardinal , Qu'à des gratifications extraordinaires, il conuient rendre des gratitudes extraordinaires j &en quelle occafic n il confeille de la pratiquer. A udience folénelle de Monfieur l'Ambîfladeur, enuers lequel le Pape vfe de tres-grandes careffcsDifcoui s de noftre Car- dinal auec fa Saincteté. Ridicule prétexte du Conte deFuentes,pour n'o- tjeyr au commandement du Roy d'Efpagne, de celTcr la fabrique des forts contre les Grifons & les Vénitiens. But de quelque plainte de fon Alteiîe de Sauoye contre Monfieur de l'Efdiguieres, àprefent Conneftable Prat- iques communes aux ennemis de fa Majefté, Les Marefchaux de Bircn & de Bouillon, recerchez par les Efpagnols,qui comme perfonnes fuper- bes & timides, brauent quand on leur cède, & cèdent quand on les braue. Geneteufe déclaration du Grand Duc, au Conte de Fuentes. Submiflion du Regent de pont , à la gloire du Sainct Siège , contre la défenfe du Con- feildeNaples, & le bruit que les Efpagnols en fsifoient courir. Leurs offres aux frères du Pape, pour les auoir fauorables à leurs defleins.Bicn- faits de fa Saincteté, à quelquesCardinaux. Contention entre le Sénat de Fribourg, & les Chartreux de la Part-Dieu, fur le fujet de l'Euefque de Lofanne. Gouucrneur d'Ancone, partifan des Efpagnols, chaiTé. Au Roy. j>.4$i. Il communique au Pape ce qu'il apleu à fa Majefté luy écrire des affaires d'Angleterre.&deladifputedesPeresIacobins & Iefuites. Ce que h Sainteté Iuy en dit, ôc luy commande. Diuifion entre les Catholiques ^"glw;Les Hérétiques du pays moins animez conuelcnom des Euef- ques, TABLE. qatsl que contre eeluy de quelques Ecclefiaftiques. rerfonîusinftm- ment de la faction d'ïfpagne.MoyéspropofezpoHrappaifer cefte diniiîô. Difficultez contraires: & le remède à y apporter. Achapt mis en auant,dc la Principauté d'Oranges. Deuis auec le Cardinal Aldobrandin. Eftre aymé d'vn homme de bien, fuppofe infalliblement preud'hommic. LV- nionduDue deSauoye,aucc le Roy, tres-vtile pour la liberté du faindt Siège, Se de l'Italie. Vifîte & office du Cardinal Delfîn.Recerche du Pere Cigale, caufe en après de la reconciliation du Cardinal Aldobrandin , ÔC du General des Iefuites. Voyage à Frafcati.Excufe duCardinal Mont al te, au R oy d'Efpagnc. Prife auec le Cardinal Conti » fin la prolongation des placesaux hérétiques, Nonciature de Sauoy e, briguée. Que peur entre- tenir la paix auec les PrinccsChreftiens,les nôccs d'aupresd'eux,n'en doi- uent eftre partiaux. Le Duc de Mantoue, a roiix. Coniectures de reuo- cation de .l'AmbaiTadeur d'Efpagne : & dégovftreceu de luy,par fa Sain» âeie'.Roncas, aubruit commun, party mal content d'elle. Au Roy. Arriuée du Cardinal Delfir, en fon lpgis,Mon(îeur l'Ambafladcur y eftât. L'afleurance qu'il leurdonne, de la part du Cardinal Aldobrandin, iugée deuoir eftre apfiïi'c de fa bouche propre, Etoccafion fournie , d'altérer fort les affaires des Efpagnols. Ah Roy. P'5°S' Ilrendconte exa&au Roy, desbreuets & del'argent ,quiluy ont clié laiflez par Monfieur le Cardinal de Ioycufe:écrit à fa Majtflé, la plainte du Pape, touchant la Fin ;& exalte les feruices de l'Archeuefque d'Vrbin, qu'il dit parler autant comme fa modeftie fe taift. w/m Roy. p*$il» Il s'agit d'vne grat;fîcation,laquelle il fupplie liificur de Richelieu. TABLE. \Au Roy] t< P-559' Le Pape afleuré de l'intention du Roy, au fa & de Sedan. Sujet à lciuir de haine, entre les roaifons des Borghefes& des Colonnes. Difpute de Auxiliis, finie. Le Grand Duc de Mofcouic , cnuoyc vn Icfuitc vers fa Sainctcté. Au Roy. î>-$6y Vifitede l'AmbafTadeur deSauoye, qui !uy reïtere Tes inftarces faittes à Monfieor l'Ambaffadcur. Qu'à l'elation de la pruderec de fa Maiefté , il vaut mieux demeuier dansla modtftiedesaduis , que d'entrer en la pre- fomption des confeils. Langage de l'An baffadeur d'Efpagne , changé. Cœur des partifans François, éleue. l'vii de fes domeft ques , eftably pat fon moyen, >g«nt à Rome, des Gcneuois. Au Roy p-567* Excommunication publiée contre les Vénitiens. Scn.me du décret. Pourquoy il n'aflîfte à cefte actic n. Trouble en Italie , defauantageux aux Efpagnols. Iefuitcen Angleterre, fondé fous main , pour l'authorité de fa Saincteté. Au Roy. M'7A; Deux trophées au Roy ,1'vn à fon Courage, & l'autre à fa Clémence. Les Efpagnclsréjouysdulicentiementde fon armée. Paroles du Pape , à leur Ambafladcur. Opinion di Cardinal Delfîn. Anxiété de l'ArobafTadeur deSauoye. Rapport de quelques riemontois. Le Conte Dcminico Al- bano, puilTanuui trois confins, & paffionnéferuiteur de fa Majefté. A» Roy. p. 5-79. Auantages à receuoir de l'exaltation propofée, d'Alexandre MoGeor , au Cardinalat. VnGrand Maiftre de Malte, Cardinal. Translation en tout cas, de cefte dignité , en la perfonne de Môfieur de Vernciiil. Qne c'eft vne gra^ cc fans exemple:mais que la faifon eft propre à l'obtenir Offre de l'Ambaf- fadeur deSauoye, à celuy de Venife. Propofitionsignorées. Approbat ô de fa Majefté. Commiûîon traueifée. A» Roy. p. Ayant pris audience du Pape, fur le fait delà fufpenfion defirée par le Roy, de l'interdit contre les Vénitiens; il rapporte bien au long les dif- cours qu'il en a cusauec fa Saincteté , & l'exeufe d'vreccmmiLTion , dont ellel'auoit voulu-chargei : Eupresvn foin remémore, pour le feruicede fa Majefté, conclud par l'efperance des l'Efpagnols, en la crife des affaires- d'Italie. sAuRoy. p.^9o. Opinion refroidie, de la procédure du Pape, contre le Duc de Venife, en particulier Ce que l'Ambaffadcur de l'Empcreux écrit à fon Maiftre, à lapourfuitte des Efpagnols. Leur but & leur crainte, en la continua- tion du diuorce d'entre fa Saincteté , & les Venitiens.Leur folicitationau- pres d*cllc:&leui diHiirmlatiô enuers eux. "Voyage auâcéduCardinaiAldo- 1 V TABLE. brandin, à Rauenne } & les diucrs iugements qui /en font. sAuRoy. f.tfl* Qiyl fera tenir la lettre au Conte Dominico Albano j Se renouuellera certaine inftance à fa Saincteté. Q^il perfide en fon preiugé , de troubles en Italie. Qu'il n'y a que fa Majefté qui puiile y remédier. Que l'Empereur & le Roy d'Efpagne, n'ont le crédit necellaire pour ceft effect. Et quel party l'on tient, que doiuent prendre les Ducs d'Vibin &de Modene. *AuRoy. Ouuerture de rAmbafïadeur de Sauoye: &quelesde(Teinsqui s'y peu- uent cacher, ne fçauroient nuire à (a Majefté. Capitulations fufpectes, defirées des Efpagnols : & le deflein , d'eux , & cTe leurs partifans. Temps coucnable à penfer aux affaires de la Mirande.Faueur duGrand Sei- gneurrecerchée, pour la dépoiîcion du Roy de Pologne Monfieur deVen- dofme , propole, pour luy eftte fubftitué. Et actions de grâces à Dieu. AwRo/. p.6oz. llitemoigne à fa Majefté, l'affection & le mérite d'vn nommé le fieur Rinueini. sAuKoy. péof. Inftance renouuellée au Pape. Le Roy d'Efpagne écrit à fa Saincteté. Ce que le Nôce.y re(idant,luy mande. Mauuaifes nouuelles de la flottc.Lc Duc de Sauoye, degoufté des Efpagnols, paflionnéde s'vnir auec le Roy- Les Actes entiers du Concile de Trente,gardez au Chafteaufainct Ange» misentrelesmainsdenoftre Cardinal. Plainte de l'Euefquc de Ca- dres. Defir monftic par le Cardinal Montalte. A» Roy. p.607. A-uis reconfirmé par le Cardinal Delfin. Changement de procédure, de l'Ambaftadeurde Sauoye. Défiance, mere de feureté , & quelquesfois ruine des occafions. Au Roy. p.609. Refolution du Duc de Sauoye, de fc ietter tout à fait entre les bras defa Majefté: Etqu il y marche de bon pied, & fincerement. AuK°y> p.614. Réponfe du Pape , à cequi luy eft rcprefenté,fur les confiderations tou- chées par les lettres de fa Majefté Le peuple Romain offre vn million d'or à ù Sain&eté. Ce qu'il femble qu'elle fe propofe. Doux prétextes aux Ve- nienticns.de luy douner facisfaction. Ialoufîe des Efpagnols Leur artifice continue. An Roy. p.619, Araifon d'vn catharre qui I'afflige,il n'ecric que peu de lignes,a faMaicfté. AnRoy. p.6l$. Il réplique à fa Majefté, fur le faict du traitté du Duc de Sauoye. Ah Roy. p.614.. Congrégation de treize Cardinaux. Le Pape irrité de plus c n plus, contre TABLE. les Vénitiens. Embrafement en Italie , s'il n'y efl remédié par le Roy Gloire éternelle à fa Maiefté , y apportant le fecours. Au Roy p.6$9 Créance du Pape, de l'authorité du Roy , enuers les Vénitiens. Plainte de fa Sainctetc. Congrégation de la guerre, inftituee. AuRfiy. 631 Création des Légats. Promotion de Cardinaux, efperee. L'affiftance des armes du Roy, defirce de fa Saincteté. Confiderations pour lefquelles fà Maiefté la luy doit defpart ir. AttRey. p>6}7 Nous auons à prefent noftrc Cardinal comblé d'honneur & de gloire, par la gratification de l'Archeuefché de Sens, & Grande Aumofnerie de Trance: dont ayant rendu les actions degracesau Roy par vne lettre fe- paree, & de mefme datte, quife trouue dansfesdiucifes Oeuures.il n'en touche rien qu'en partant en celle-cy, qui a pour but principal, de repre- fenter à fa Maiefté , plufieurs poincts concernans Ton authorité & Ton fer- uice. AU Rty ne. p. 639 Sa Maiefté ayantioint fon intercefîîon à la bonne volonté duRoy,pour faire obtenir ce dernier bien-fait à noftre Cardinal, il l'en remercie auec toute forte de reffentiment & d'humilité, & demonftration d'vne très- de- uote & perpétuelle feruitude. Au Roy. 6*4$ Il dit que Iesbiens-faits, dont il a pieu au Roy le combler luy fourniflent d'vn fertile fuiet de luy eferire : mais qu'il craint d'eftre importun à fa Ma- iefté : & de là pafTe à luy faire entendre l'eftat des affaires du temps. *Au Roy. p.6$4 Ce qu'a operéla demonftration de mefeontentement de fa Maiefte'.Peu d'effort neceflaire , pour faire rompre la Bulle du nombre des Cardinaux: Et l'importance de cefte pourfuitte. Que depuis vn difeours de trois ou quatre heures auec le Pape , fur le propos des V enitiens,les chofes fe font allées facilitant. Solemnité beaucoup moindre, à l'arriuec de l'Ambaffa- deur d'Efpagnc , qu'à celle de Monfieur l'Ambaffudeur. Deffenfe aux Car- dinaux dclereceuoirauecleRocquet. Et recommandation des fleurs Ar- nolfini & Vialard. Ah Roy. p.ééo Qu'il cft beaucoup meilleur , que les Minières du Roy parlent à lad- uenir eux mefmcs , & franchement au Pape , que de fe fier aux offices que fes parens promettent de faire auprès de luy , lefquels ils conduifent tou- jours félon la reigle de leurintereft. Quel prétexte ilsontemployé, pour le perfuader à la dernière promotion : &c les raifons qui deuoient les en re- tenir. Q^e fa Maiefté aura toute fatisfattion defa Sainteté. Fruicrsdela comprotcdtion , le Cardinal Aldobrandin l'acceptant. Inilance du Cardi- nal Vifconti,pourvuCaualeratdeS. Michel. t iij TABLE. Au Roy. f. éô-r Il difcourt fur la rupture de la Bulle du nombre des Cardinaux , & mon- ftre la confequence donc elle peut eftre au feruice de fa Maiefté. Au Roy. P>677 La guerre déclarée parle Pape contre les Vénitiens. Les Efpagnols fe ioignent auec (à Sainteté. Leurs menées & artifices : & ce qu'ils recher- chent & (lipulent d'elle. Le Confeil qui luy eft donné : & ce qu'elle raon- ftre de defirer. Dureté des Vénitiens. L'ancien gouuernerocnt de lear Re- publique changé. Grâce pour le ficur des Yueteaux, accordée. sAh Roy. p*69$ Le Cardinal Delfin exhorte les Vénitiens, de prendre le party , dont noftre Cardinal auoit eferit plufieurs fois, à (à Maiefté, aueclaquelle ils ferefoluent d'en communiquer. w/& Roy. EfclaircifTement attendu de fa Maiefté. Don Francefco de Gaûro , rebu- té de la propofition, Le Pape fe plaint des Efpagnols. Feftinfplcndidedt Monfieur de FrefnesAmbafladear à Venife. Mort du Doyen des Cardi- naux. Monfieur le Cardinal de Ioyeufene luy fuccede , pour fon abfencc. Le poids dont feroit en luy cefte dignité : Et le reuenu qui en defpcnd. lAuRôy. P'7°$ Que la Republique de Venife , areccu auec faueur & applaudi lTe ment, quelques aduis du Cardinal Delfin. AuRoy. t'719 Le RoyheHreufementinfpiré. Le Pape informé par noftreCardinal,du deiTeindftfa Maiefté. Dernière refolution donnée de fa Saincteié, fur les articles du traitté auec les Vénitiens. Au Roy. f.jn Emprunt des Efpagnols, au Duc d'Vrbin. Eftonnement de leur Ambaf- fadeur. Ce qu'ils s'efforcent perfuader, fur le retardement du traitté de Monfieur le Cardinal de Ioyeufe. Leurs impoftuies, combattues. Con- fiance du Pape , en fa Maiefté. AuRoj. f-7$o Il eferit au Roy, ce qu'il a opéré pour préparer le Pape fous main »à embrafler ce que Monfieur le Cardinal de Ioyeufeprefentera d'eilentiel * fa Sain&çtc, eu l'affaire des Vénitiens. TABL E. Au Roy. /.'74+ ÇhûI n'cft rien furuenu dcnouueau, depuis le parlement de Monfieur U Cardinal de Ioyeufe pour s'en retourner à Venife. Scruices & mérites de Montreur, de Freines Canay e , recommandez. Au Roy. Plauûble rencontre de la naùTance de Monfeignewr le Duc d'Orléans. Que Dieu efpand Tes bénédictions, aucc les deux mains, & par couples, fur fa Maiefte. Le Pape outré d'vn eferit des Vénitiens. Il enuoye le Se- crétaire de Lanfranc, s'en plaindre à noftre Cardinal, qui par fes pruden- tes & iudicieufes raifons > difpofe puis après fa Sainûeté , à ratifier le Lun- dy fuiuant en Confiftoire, coque Monfieur le Cardinal de Ioyeufe auoit opéré pour elle à Venife. Ec combien importoit le retardement de cefte approbation. Au Roy. Le prétexte des Efpagnols , pour trauerfer l'Archeuefque d' Vrbin,• $6.4*4^ 48°-/°8- S11 voyez la lettre S. A M. l'Archeuefque de Rouen. 119 T 'A BLE. j 4. 5^.91. voyez rtntrabiït fratn , ^rchitftfctfo Sens- nenfi , vanlus Papa V. A M. l'Archeuefque de Sens, Con- feiller du Roy en fon Confeil d'E- ftat, & grand Aumofnicr de Fran- ce. Mî AM.leCardinalScrafin. 3°4- 509 A Madame la DuchelTe Sforfe. A M. le Chancelier deSillcri. 180. 376. 719. j7*-7°?-7i?-739-7J*- 805 M. ie chancellier de Stlleri ,aM.le Car- dinal dn Perrtn. 7 40.7 61 A. m. ie Comte de Sôwswi* 6 4 M. , le Cardinal de s ourdit , 4 M. Car~ dinal du perron. *5 1. • .867 -r suare^de Saintte Marte au mefme, ld A M. le Duc de Sully, Superinten- dant des Finances, Pair & Grand Maiftre de l'Artillerie de France. $6l.f76.6o6. 645. voyez la lettre R. A Madame la Duchefle de Sully: 646 A Monfieur le Baron de Salagnac, Confeiller du Roy en fon Con- feil d'Eftat, & fon Ambaiîadcur à Conlbntinople. 4X6» 5iô« 594.61;. 6su 675.7*5 M. le laron de Salagnac , 4 Aï. /f C*r- M. le Duc de Sully, a M. le Cardinal dtt dmalduverron. 577.672. vsrnn. 7J4-781 A M. l'illuftriflîme &Reuerendif- fime Cardinal Sanncfio. 305 4 M. le Cardinal Sannefto, a M Je Car- dinal du verron. 7°5 Son ^€ltejfe de Saueje,4U mefme. 485, 817.84? A Madame l'Abbcfle de S. Sauucur. 140 A Mefdames les Prieure & Reli- gieuGss de faintt Sauueur, 141 A M. de Thou, Confeiller du Roy en fon Confeil d'Eftat, & Prefi- dent en fa Cour de Parlement, . 671. 8.6 A M. l'illuftriflîme ôcReuerendif- fime Cardinal Tolet. 6$, 80. 8j M. le Cardinal Ttfchi, à M. ItCard'i' nal du Perron. 287 TABLE. A Madame la Sereniflïtne Grand' j6j 896 Duchcfte deTofcane. 71. iS9 A m. de S. viAor J Confeiller da Ji5n 47; n L rr l -r r < Ko* «n r4CO« c ^ , , , , Secrétaire. xG GréndDurie Ttfitne , « Af./< 27.jo.99. loi. 1»*. i39. 3A Cardinal d» Perron. 267. 179.351. m. „f ,f, «,^^JM.k.rWi«?rÊ/V» , ^ w^ A m. de la Varenne, confeillerdu 8$t Roy en Ton Gonfeil d'Eftat , & Gouuerneur pour (a Maiefté au y Chafteau d'Angers. 7/8 AMonfieurleCoratedevaudemot. A m. des Yueteaux, Confeillerdu VI y , 1 ,j- s , RoY e« *on Confeil d'Eftat, & M.le cardinal rhddm^u.leCtrdt. Précepteur de Monfeigneur le ndduvtmn. 897 Dau6». *88 L* Re^bhfHe de yemfe , 4» " F I N. LES AMBASSADES E T NEGOTIATIONS De rilludriflïmc & Reucrcndiflîmc CARDINAL DV PERRON- ARCHEVESQ.VE DE SENS, Primat des Gaules & de Germanie, & Grand Aumofnicr de France. Enfembleles Relations enuoyées au Roy HENRY LE GRAND, des particulariicz des Conclaucs où il s'eft trouué à Romc,pour la création de diuers Papes. K^G V M E N T. lesennemude (initie ey de fd vertu , femerent toutes fortes de calimmes ctntrv luyt pou* l'e'Uigner du B^oy Henry le Grand , à fort auenement k U Couronne ; tuai ce ne furent ft autant d'épreunet de ftfideUu .Crfuffiftnce le firent depHH eleuer yarf* M que vous ne vous lafTez point de m'o- bligcr ; mais aufti pouuez-vous bien vous apperecuoir que ie continue a vous importuner ; ôc me perfuade que ce feroit commettre ingratitude , que d'en vfer autrement , Se entrer en deffiancede la bonté de voftre naturel, fi enclin à toutes fortes de gratifications & de courtoifies , qu'on ne peut don- ner lieu à cette crainte , fans luy faire tort. On dit que c'eft vne efpece de félicité à vn excellent ouurier, que de rencontrer vn^ fujet , où il puiile exercer fon artifice. Vous aucztrouuècc-^, ftc partie en moy , qui fuis fi comblé de vos obligations, qu'à^ peine auriez-vous fçcu choifir vn autre fujet, où vous en euf-^ fiez peu afTembler dauantage. La gloire vous en demeurera, /, & à moy , le defir éternel de les faire paroiftre par toutes fortes dcproteftations,&: de recognoiffances. ARGVMENT. Il le remercie d'auoir cauttçnné fon innocence autres du Roy> ejrk fupplie ne douter point qu'a, la honte de fes ennemis ,1/ ne Cenmette hors à'tnterefl t lors ^ti il aura l'btoneur de fe iujitfer en prefençe deuant fa JMajeJlé. A îj ¥ LES AMBASSADES A MONSEIGNEVR LE D VC PE Bellegard e, &cc. Onsiignevr, Les obligations qui me lient a voftre feruicc , f augmentent tant de iour en iour , & le pouuoir de les recognoiftre, r diminue d'autre cofte, tellement en moy, que ie defefpere tout à fait, d'en pouuoir ^QrçsÈ iamais déjoindre &: retafeher le moindre noeu. l'ay elte imcruit particulièrement par plufieurs de vos amis, des bons offices que vous m'auez faits auprès de fa Ma- jefté, &: de la peine qu'il vous a pieu prendre, de diuertir& d'effacer vne partie des calomnies faufTcmcnt lemees & rap- portées contre moy. le me promets que vous ne rougirez, ny ne vous repentirez point, d'auoir employé voftre intercef- fioncn vne caufe fi innocente & fiiufte; & que le temps, perc de vérité , fera cognoiftre à tout le monde , la droitture & fyn- cerité de mon intention; &c couuriraàmes ennemis le vifage, de la mefme honte & infamie ,dontiIs m'ont voulu def hono- rer, le ne fçay pas quels ils peuuent eftre , mais ie fçaybicn quels qu'ils foyent , que mon intégrité m'alTeure, que vous la fçachant, Se en quoy ie leur fuis odieux, cela rendra ma caufe plus fauorable , &: à moy d'vne affli&ion plus fupportable; toutesfois qui ne fera de durée , comme i'efperc, que iufqu a ce que i'aye moyen de me iuftifier enprefencedeuantfaMa- jefté;qui eft Ci équitable, que ie fçay qu'elle referue toujours vnedefes oreilles aux abfents. Ccquefaifant, à voftre reque- ftc, en mon endroit , vous ne douterez point s'il vousplaift, que mon innocence ne dilfipc , &c ne face éuanoùir tous les nuages des médifanecs qui fe font éleuees contre ma fidélité, &ne vous mette hors d'intereft , touchant la réponfc & cau- tion, à quoy vous m'auez tant obligé, que d'engager voftre pa- role pour moy. C'eft vn de mes defirs plus impatients & plus allumez, lequel ie prie Dieu me donner la grâce de voir bien «oftaccomply,auec la mefme affe&ion dontiele jfupplie, Monfcigneur, qu'il vous conferucauflî longuement &hcu- reufement, que le defire, &c. ET NEGOTIATIONS. ARGVMENT. il luy tefmû'tgne yn grjindreffentiment des bons offices quil 4 reeeus de fa p.trf , (g*(c rej'out prefaue à'efcrire de rechef au Roy , qui a yèit f* lettre de bon «il, A MONSEIGNEVR LE DVC DE BellegÀrde. Onseignevr, lECocinuë cous les iours à rèceuoirrant de témoigna- ges de voftre amitié , & des bons offices que vous me tTicc'eSjque ic defefpere de pouuoir iamais forcir d'vne Ci eftroit- ce obligation : De manière que ie commence à douter s'il y a point vn peu de rigueur meflee parmy tant de courtoifie , de m'accabler fifort d'obligations &c de mérites, que ie n'aye pas Je moyen , non de mereleuer, mais feulement de refpirer fous cefte charge. le ne fçay à quoy attribuer cefte confiante & per- feuerance faueur». qui n'a iamais efté méritée de ma part, par aucun feruice eonliderable; finon a la bonté de voftre naturel, qui s'eft voulu faire paroiftre, en prenant la protection des af- fligez ,& monftrcr que l'honneur que i'auois eu d'entrer en vo- ftre amitié f me tenoit lieu de mérite. Ioin& que ic croy que le déplaifir de voir perfecuter vn pauure abfcnr, accablé de la dou- leur de voftre perte , & lie du deuoir de fidélité , & de feruitade,, à la mémoire d'vne perfonnequi vous a efté fi chère } vous a é« meuà quelque compaflîon. Monfeigneur,iencvous fçaurois/^ dignement remercier : car il faudroitque i'inuentaiTe tous les iours dcnouuelles paroles, comme vous inuencés cous les iours^ de nouucllcs façons de m'obliger : &: croy que i'en viendray plus heureufemenc à bout , par la confeffion de mon impuiflan- ce, que par l'oftencation de ma temericé. Ce porceur m'a cant fauorifé , que de me dire que le Roy auoic veude bon œil la lettre que i'auois pris la hardiefle d'addrefTer par voftre moyen, à fa Maiefté. Ce qui m'a prefque tenté de retomber pour la fé- conde fois , en vne pareille erreur : mais à la fin ie me fuis trouué fi également combattu du defir ôc de la craintc,q«e mon defleia cft demeuré fans effed. le prie Dieu, &c. A iij LiES AMB AS S AD ES A R G V M E N T. il prefcre obeyffance à témérité fecomoiiit de l'heureux fuccc%de 3 affaire* du Roy , comme les ayant preueues par df cours de raifo») & rie- jtam point deceu de fon attente. A MONSEIGNEVR LE COMTE DE SoiSSONS. Onseignevr, I'ay différé le plus que i'ay peu ,àmepreuaIoir de l'honneur que vous me fiftes à voftrepartement, de me commander de vous eferire ; eftimât qu'il n'eftok pas à pro- pos que la faucur que ie receuois de vous, tournaft à importu- nité à fon autheur, & que ie me deuois contenter de prendre ce commandement , pour paroles de courtoifie. Mais à la fin , l'ex- trême ôc impatient defir de vous faire paroiftre combien la fou- uenance de ce qui vient de voftre part , eft grauee en mon ame, a vaincu &furmoté tous ces refpe£h,& m'a perfuadé que vous pardonneriez plus facilement à ma temerité.qu'à ma defobeïf- fance le vous efery donc cefte lettre, M onfeigneur, feulcmec pour vous tefmoigner la continuation delà très humble ferui- tude que ie vous ay voiïee, & le contentement que ieieffents auec vous , de voir les affaires de celuy qui vous eft fî cher, fuc- ceder fuiuant le defir de fes bons & fldellesferuiteurs.En quoya outre î'allegreiTe que ie prefume receuoir, félon la mefure de mon affection , par deiTus infinis autres, i'ay encore cefte fatis- fa&ion particulière, de penfer que les chofes reufliiTent de iour en iour , tout ainfî que ie les auois preueues- Car ie puis me glo- rifier, qu'au poinct où fa fortune fembloit plus agitée 5c e&ran^ lee,i'ay coufiours eu cefte ferme créance , & par difeours de rai- fon,que dans peu de temps, il auroit le deftus de fes enncmis,& fe rendroit le plus floriflant & le plus renommé Prince de la ter- re, l'en ay entretenu aflez de fois Monfieur de Rofny ,&rplu- fieurs autres de mes amis;lefquelsienYafTeure,n'efprouucnt pas maintenant moins de ioye , que moy , d'en voir le fuccez cô- forme àmon iugement , &: à mon attente. Au refte chacun dit icy , qu'on ne fçauroicevVimer combien de preuues il rend tous les ipurs de faprudence,defa valeur, & de fa clémence ; qui eft f hofe atitude : & les rœux & protections qui ij ~voyent , de /crime £7- d'aminé , C de contentement: nefepouuanc mefurer le déplaifir que ie receurois , de vous voir iuger moins auantageufement demonaffe&ion en voftre endroit, que fon extrémité ne me le fait,ce me fcmble,iuftement Se auec raifon cfperer. Carie vous prie, par toute la reuerencedeschofesqui me font les plus faindes &: les plus cheres,entre lefquelles vous tenez vn très grand rang, qu'il n'y a rien alTez fort au monde,ny temps , ny abfence , ny accidents , pour afToiblir & relafcher le moindre nceu de i'amitié,&: de la feruitude,quc ic vo9ay voiiee. Il eft vray que c'eft abufer de l'acre & du loifîr, que de les con- fumer à redoubler ces proteftations , à parler franchement B ij il LES AMBASSADES inutiles Se fuperfluës j veu que vous deuez eftre tellemet aflea- ré des charmes & de la douceur de voftre côuerfation, que nul- le apparence ne vous pourra perfuader au contraire, fçachant combien ceux qui font redeuabies de ce bon-heur, ou à la fortu-: ne ou à leur élection, en perdent difficilemen t le defir & la fou- uenance. Cela fera eau fe, Monfieur,queiemedifpenferay d'ê- ployer dauantage de paroles à colorer mes exeufes ; & me con- tenteray de reparer le défaut du paflfé , par cefte lettre, que ic chargeray de vous faire nouuelle offre de mon ame, &derru volonté, non pour confirmation de la certitude queie me pro- mets que vous en auez pnfc, mais pour fatisfa&ion à moy- mef- me& continuation de mon deuoir. En recognoiflance duquel, aprcs,&c. ARGVM EN T. , Sa court otjte a toufwurs paru en la recommendation^on feulement de fes ami<> mais au/si des anw\ comme ilfeyotd parcejienon moins ajfctlionnev qu'éloquente lettre, fe yerra par pluficurs autres cy après. A MONSIEVRR DE HARLAY, CONSEILLER DV KOY EN SON CONSEIL d'EsïAT, ET PREMIER Prcfident en fa Cour de Parlement de Paris. Onfieur, Les fréquentes preuues qu'il vous a pieu me donner de voftre amitié ,feruironc de garant &: d'exeufe déformais aux nouuel- les importunitez que vous reccurez de ma part: combien qu'à la vérité i lésâmes bien nées te difpofees à obliger, comme la voftre, prennent plultoft àplaifii &: contentement, qu à importunité, quand elles en font recerchees, & principalement parperfon- nes qu'elles honorent de leur faueur. Cefte confiance me fera vous requérir affeui ément, pour vn de mes amis, auquel les of- fices que i'ay receus de vous, n'ôtpeu permettre que lapart qu'il vous pLuft me donner en vos bonnes grâces , fuft du tout inco- gneue.C'eft pour vn nommé Monfieur Morin,ncueu de Mon- fieur de Tyron, qui eft tres-honnefte homme de luy mzfme ,ÔC d'ailleurs appartient a vne perfonne auec qui ie fuis fi eftroitte- ment lié d'amitié , que ie ne puis manquer a ce deuoir. le vous fupplie donc, Monfieur, qu'ilrecognoifle que l'opinion qu'il a ET NEGOTIATIONS. ïj r^nceuëdubicnque vousmc voulez, n'eft point vaine & mal fondée ; & qu'en ma recomm? ndatio , l'inftancc qu'on vous fe- ra de Ton affaire, vous fera plus agréable Cette nouuellechai- ne ne m'eftreindra pas dauantage , que les précédentes ; mais me confirmera en la créance que i'ay prife, que vous daignez chérir &conferuer ma feruitude. Apres vne nouuclle prote- ftacion de laquelle, vous ayant tres-humblemét t aifé les mains, îe prie Dieu, Monfieur, vous donner tout l'heur &c contentement que vous defirc. &c. ARGVMENT. Veurcxcufe de ne ï 'auoir enuoye yifiter , tl allègue ï 'abfence du Roy, quelques autres considérations, & du que li>y-mejme eufi ( tt i honneur de l accompagner iufques À Ljob , Jans un yojage auquel il eéî dejiiné. A MONSEIGNEVR L'ILLVSTÏUSSIME ET REVE- RENDISSIME CARDINAL DE Pl AI SA N C £, Légat du fainft Siège Apoftoliquc. Onseignevr Illvstrïssime, Sur l'aduis qu'il vous pleut me donner, de différer le voyage de mon frerc, vers vo - ftre Seigneurie Illuftrimme, iufques à ce que i'euffe appris le fuceés de ecluy de M5- feigneurle Cardinal de Gondy enCourti ie l'ay toufiours retardé, attendant que ic peuffe ettre amplement inftruit decequif'ypafferoit, pour vous en faire fldellc rapport, par fon interpofition. Chofe, cer- tes, qui atiré en beaucoup plus de longueur, queien'efperois: nem'ayant cfté l'heur fi fauorable , que de receuoir aucunes nouucllesdemondit Sieur Cardinal iufques à fon retour ,quc i'en ay appris ce qu'il luy a pieu m'en communiquer, defapto- pre bouche. Depuis, comme i'eftois fur le point de vous depef- cher mon frère, deux confideratiom m'ont encore tenu en fuf- pens-,l'vne,le bruit du retour prochain du Roy ,auec lequel, puis que l'auois défia tant attendu, i'euffe extrêmement defiré pou- uoir parler vn quart d'heure, deuantque dclevousenuoyen l'autre,le péril des chemins, où les voleurs exercent maintenant des cruautez cftrâges, fans refped daueu, ny de pafleport:nous B iij iï LES AMBASSADES ayant efté rapporte tout fraifehement , qu'il s'eft fait deux ou trois aiTaifinats, mefme de Dames qui ont efté tuées dans leur coche,entre M oret, qui cft auprès de Fontainebleau,& Melun. Ce qui , comme i'eîpcre , ne fera plus tant à craindre ,fi le Roy f approche de ces quartiers, &: viét à Fontainebleau ainfi qu'on le tient, dans peu de iours. Toutesfois appréhendant qu'en- tre cy&là, cette longue intermiflion du foin que ie dois auoir, de vousenuoyerdeiouren iour, des vœux & des témoignages de ma feruitude , ne fuft prife pour vne oubliance , ou faute de refïcntiment des obligations qui m'yaftreigncnt; faybienofé, en attendant, vouseferirecemot, tant pour le mefme effet, qu'auflî pour vous donner aduis, comme le deflein d'vn autre voyage, auquel on me deftine}&: duquel Monfieur le Cardinal de Gondy m'affeure vous auoir eferit , me rauit l'honneur que i cfperois, de vous aller conduire , lors de voftre partement, iuf- ques à Lyon , & ioiïir encore de la douceur , &c de la félicité de voftre entretien. Vous fçauezcequec'eft, pour en auoir efté le principal autheur : comme auflî ie me promets , fi la chofe con- nue, que vous en ferez le confommateur, &: que le commence- ment & la fin de l'œuure,vous fera deu,&: par tout ce Royaume en gênerai, quienreeueillira les fruits, &: par moyen particu- lier, qui n'apporte autre mérite , ny autre dignité, pour feruir à vne Ci glorieufe a£tion,que l'opinion qu'il vous plaift prendre &: donner de moy,qui en celle confideration,&: de mille autres fa- ueurs Se courtoifies , demeureray éternellement , &c. ARGVMENT. Efîdnt prefld' aller â Rome pqurl'abfolittio du Roy HENRY le Grand, il difpofe ceSeign ur 3def>uit Cardtnal , k yne réciproque ajfcclien & in- telli^enct. A MONSIEVR D'OSSAT, conseiller dv Roy en fon Confeil d'Eftat. MO nsie vr, Depuis qu'il a pieu au Roy medefti- ncr pour le voyage d'Italie, ie me fuis toujours pro- pofé, pourvn des plus doux fruits de commiiîion,lc bon-heur de iouïr de l'entretien , & de la côuerfation2 de voftre bel efprit. Il y auoit bien défia long temps, que l'en eftois deuenu amoureux, nonobftant la diftance des regiôs, par Ja commune renomec, comme par vne ridelle 6c agréable pein- ET NEGOTIATÎ ON S. îf jure Mais il fout que i'auoiic certes, que rcfpcrace de vous voir moy mefme, & de confirmer par mon propre témoignage, ce que i'auois appris de la relation des autres,m'ê a encore de beau, coup augmente la paffion. le vous en defcouurc donc les effets maintenant par la liberté que ie pren, de vous preuenir de mes lettres, fans autres cérémonies ny préparatifs: meperfuadant que vous attribuerez cefte impatiêce à fa vraye caufe,qui eft vn excez d'affection cnuers voftre mérite^ vn defir, peut eftre in. confideré, d'anticiper quelque chofe furi'enuctienj&furlafa- , miliarité , que ie me promets d'exercer d orcfnauant auec vous. Quoy qu'il en foit, ie veux croire que vous ne l'aurez point dc- fagreablc, au contraire ,1'accepcereZ pour vn gage de mo amitié & demonferuice queic vous oblige par ce mot d'eferit, atten- dant que l'en puiffe paffer le contradt , plus folemnelkmét auec vous, comme ie l'efpere, dans peu de iours,Dieu aydant,lequcl ie prie, Monfieur, vous donner tout heur &: conten- tement. De Paris ce 8. de Mars 1795. ARGVMENT. itte fait fouuenirdeleur ancienne confédération > & de ftre autant la retiouudlery comme elle luj a eflé autres fois agréable. A MONSIEVR D'ELBENE, CONSEILLER DV Roy en fon Confeil d'Eftat. MOnsibvr, Les dcmonftrations que vous m'auez auttesfois faittes devoftreamitié , me tiennent lieu de tous les exordes, & de toutes les préfaces que ie pourrois employer, Ci i'efcriuois à quciqu'vn, de la familiarité duquel ie ne futTe pas tant affeuré. Laiffant donc à part ces ceremonieufes ôc fuperftitieufes paroles , dont i'vferois à l'endroit d'vn-autre, ie me contenteray de vous dire que nous fommes fi bien aduertis du zele que vous monftrez au feruicc du Roy , U. de l'affection particulière qu'il vous plaift fur cefte occa- sion , tefmoigncr en ma perfonne , que ie penfe vous man- der de bonnes nouuellcs , en vous efcriuant que ie me difpofc pour partir au pluftoft, fuiuac le commandement que i'en ay re- i6 LES AMBASSADES ceu de fa Maiefté. Comme, aufli de ma parc , vnedes plus îî greables cfperances que ie puifleauoir, eft demepropoferde vous trouuer par delà, &: outre l'afliftance qu'on doit attendre de vous, pour le bien gênerai, me promettre encore l'heur de renouueller nos anciens entrctiensjefquels me font maintenac auffidefirez, qu'ils m'ont efte autresfois chers &: agréables. Dieu vucille que i'y puilTe arriuer heureufement , & vous y trouuer, Monfieur , plein de toutle contentement que vous de(àre,&:c. De Paris ce 8 Mars 1 595. ARGVMENT. // luy donne auts dé L'heureux progrès de [on j£mhnfiadc , pourl'ab- foiutwndu Roy. A MONSIEVR DE VIL LEROY , CON- fciller & Secrétaire d Eftat. MOnsievr, le receu hier les lettres qu'il vous a pieu m'écrire deLyon,du vingtiefme d'Aouft, aufquelles ie ne feray autre réponfe pour cefte heure, fino que Mercredy dernier , fa Sainctcté déclara en plein Confiftoire, qu'elle eftoit refo- kicdeprocederàdonnerl'abfolution au Roy. Quantauxpar- ticularicez de cefte hiftoire , ie ne m'eftendray point à vous les reprefenter, à caufe qu'en ayant touché quelque chofe , en la lettre que nousécriuons à fa Maiefté, Monfieur d'Oflat &moy, iecraindrois que ce nefuft vne répétition fuperfluë, de vous en renouueller le difeours. Seulement vous diray-je que Mon- fieur le Cardinal Toleta faic des miracles , &feft monftré aufli bon François , que le Cardinal de Sens eftoit bon Efpagnol. Si ie fçauois quelque figure de Rhétorique, encore plus lignifian- te, & exprimante, ie l'employerois pour vous témoigner fon affe&ion & fon courage, qui ne reçoiuenr point de comparaiso. Vous le cognoiftrez plus particulièrement, quand vous verrez le fuccés & l'expédition de noftre pourfuittc.Cepédant ie vous remercie très- humblement,des nouuelles que vous aucz pris la peine de nous enuoyer , &c nommément de l'eftat au vray , de la défaitte de Monfieur le Cardinal, dont les Efpagnols auoient cûtonnéicy fihautle triomphe, qu'il fembloit que toute la Picardie ET NEGOTIATIONS. 17 Picardie eftoit perdue ,&: que Paris s'en alloitapres. Ilsampli- fsoienc ainfi les madères pour trauerfer, ou retarder, l'efFer de la bonne volonré du Pape : Mais , Dieu mercy , ils n'y onr appor- té, ny changemenr,ny dilation; leur ayant faSain&etc refpôdu, que les fortunes temporelles n'auoient rien de comunauec les affaires fpirituclles. Quant à la réduction de Môfieurde loyeu- fe , dont il femblc que vous commenciez^ conecuoir quelque i «onuelleefperance j Monfieur le Cardinal Ton frère, îuy a en- uoyé vn gentil-homme, depuis mon arriuee, pour l'y difpofer & auancer . le ne fçay fi l'effet s'en enfuiura,conformc à fon de- fir : Pour le moins proteftc-t'il n'auoir autre affliûion fur le cœur, que celle là, & qu'il y a fait &c fera tout ce qui fera en fa puiflance. le fortiray de ce propos ,pour vous dire, auanr que clorre ma lettre , que fi l'alTemblee du Clergé fe tient dans ce mois , comme elle y eftoit aflignee auant mon partementjce fe- roit, poflïble , ccuure digne de voftre prudence, delesaduertir dene procédera riequi peuftgafterle fruid de voftre negoria- tion,que nous leur elperons porter dans fi peu de iours. Vous en vferez félon l'excellence de voftre îugement me tien- drez, s'il vous plaift, &c. A R G V M E N T.' Vource que dansjes diuerfes œuures^ l'on a inféré trois de [es lettres au Roy fur le mefmc juiet de fon ^imbaQadeylri en ftra point y^èicyde npetu tsot. \ftuit mec f ) ont -elle s fuj>plcée<,par cefl auertijjtmct, que la pnwiere contient vn tejmoi^nage de grande tffeflion & bonne vclom z du P-ipe en- tente Ro;: Lafconde}Tnbrrfaduirdel'abfoIutiondefa Maiedè : EtU trcifiejrre^ yn autre adui s du parte me m de bAonfieur d* tlbene >pcur en porter la Bulle a fa ditte M.ùejîé , & 1er considérations pourlefquellej :l fe pribrluy-mcfme de crfl honneur : yin'u d'autant plus fern'uJemcnt^H'' elle fa refere a la juiuante. AV ROT HENRY LE GRAND. "Ire, le reccu, le vingt- vniefme de Septebre,vne lettre- de voftre Maiefté, du feptiefme du mefme mois ,qui s addreiïoit à moy en particulier, par laquelle elle m'eferiuoit qu'on luy auoit mandé de Florence, que i'eftois refolu de ne 1 uy. donner aucun aduis du progrez de fes affaires , iufques à ce qu'- elles furTent toutes acheuces: Chofe qu'elle monftroitn'auok LES AMBASSADES pas eu agréable. Ceft pourquoy i'ay cftimé à propos de luy en reprcfenter ce qui en eft ; A fçauoir , que ie n'eu iamais intentio de différer à l'informcr,iufqucs à ce que tout fuft terminé,côme elle a depuis affez recogneu par les lettres que i'ay dôneesà tous les Ordinaires:Mais bien,e(Ut arriue en Italie,& preuoyjît que fur les difKcultez qui pourroient naiftre en noftre Légation, on me prefteroitdcrenuoyer des Courriers vers elle exprès , pour fçauoir de nouueaufon intention fur les articles qui feroient en difputc, & moyennant ce prétexte , on eflayeroit de tirer les af- faires en longueur; I e voulu de bonne heure , couper la racine à toutes ces efperances. Et pourtant fis courir le bruit , en paftant par Boulogne & par Florencc&r depuis eftat arriuë icy à Rome, que i'auois receu deffenfe de defpefcheraucuCourrier.iufques i l'entière conclufion de l'affaire: Que ie porto'ts auec moy, dâs mon inftru&ion , toutes les intentions de voftre Maicfté, fut ce faid ; au moyen dequoy ie ne pourrois attendre autre re(- ponfe de celuy que i'enuoyerois , qu'vne reuoeation tres-ex- preffe, pour les desfiances que iefçauois que ce prolongement engendreroit par delà. Ce que Monfieur d'Offat approuuaà mon arriuee,& depuis le fuccez l'a confirmé. Car on n'a pas fail- ly à toutes les conditions qu'on nous a propofees de nouueau, & à tous les partis qu'on nous a offerts, de nous faire inftance de vous en defpefcher des Courriers. Chofe à quoy fi vne fois nous eufïïons ouuertla porte, l'affaire s'en alloit eftre reduitte en negotiation &c longueur. Depuis , i'ay receu vne autre lettre du vingt quatriefme de Septembre, qui m'eftoitaddreffeeen commun, auec Monfieur d'Offat, par laquelle voftre Maieftc nous commandoit de remercier le Pape, auec les plus fignifian- tes &: plus affectionnées paroles , dont nous nous fçaurionsaui-- fer. Pourà quoy fatisfaire , ne pouuants trouuer de termes plus propres , ny mieux choy fis , que ceux qui eftoient dans la lettre mefme , nous luy enauons donné vnextrai&demotamot,dot il a receu vn extrême contentement , &c l'a communiqué aux Cardinaux qui luy font plus chers, comme vn fruit de la grati- tude de voftre Maicfté , &: vn tefmoignageduboniugement qu'il a fait d'elle, en l'eftimant digne de la grâce ÔJbenedi&ion du faincl: Siège. Ceft auec la continuation de ce payement, Sire, qu'il faut que voftre Maieftc s'acquite des obligations fpintuelles qu'elle luy a , Se entretiennel'afïe&ion&labien- ucillâce patcrnelle,que fa Sainteté porte à voftre Eftat & à vo- ET NEGOT1ATIONS. 19 ftrc perfonne. Vousfuppliâthumblemctde croire,au poincoù sot les afYaites;que s'il vous plair de cultiuer le crédit que V. dite M. a acquis icy;auec fort peu de foin,&encorc moins de defpe- fe>& quafi feulemécen le vou!at,& monftrat d'en tenir côte,elle prédra vne pleine &: entière pofTeffio de cette Court;laqueilc a- yat dé/a, en ce qui s'eft paiTé,à bô efciet offenfé l'efprit des Efpa- gnols, séble eftre portée par le cours des affaires , fi on luy ouure tât foit peu les bras,àfciettercn laprote&io de V. M. De tou- cher icy cobien l'authorité &: la faucur de ce Siège, eftant entre vos mainSjVous peut feruir d'vn vtile inftrumët , non feulement pour remettre &: coferuer vos fdicts en paix&en obe'ifsâcc,mais aufli pour vous préparer toutes fortes degradeurs , hors de vo- ftre Royaume, & à toutle moins , pour tenir vos ennemis en quelque craintc&deucir,par l'apprehefion de la mcfme aurho- ritc.dot ils fe sot aidez, pour troubler vos Eftats & vos peuples; ce feroit vn difeours fuperflu. Et pourrai ie m'ê déporterai, pour retournera mô propos,& vous dire que depuis cet office faitpar nousenuers fa Sté ,tout letepsaeftécmployéàlafolicitatio de la Bulle,d5rrexpeditiôae(tédautâtpluslogue3quefa Sainceré e Rat allée prédre l'air à Frefcatijdiftâtde^.ou 6. lieues d'iey , &: n'en eftat reuenuë ,quelafemaine pafTee, il eftoit mal -aile d'y auâcer beaucoup en peu de temps. Mécredy dernier , qui fut le iour de la TouiTain&s , elle fut, grâces à Dieu , acheuee d'expé- dier, &; côfignee entre nos mains , pour la mettre entre celles de V. M . Chofc que ic me promettons auoir l'honneur d'effeduer moy-mémc,& vous porter ces prémices de ma tres-hûble ferui- rude } afTiftec de la diligence, fuffisâce & fidélité de AU d'OfTat: Mais la crainte que ce mien contenremet particulier ne caufafl quelque preiudiccau gênerai des affairesà: du feruice de V.M. m'a fait chager dedeiTein.Car ie me fuis défié de ne pouuoir pas vfer d'afTez de diligéce,pour vous la porter dâs le téps que f euf- fc dcfiré,& principalemét eftât encore à peine,releué d vne ma- Jadie deii.oui5.iours,quim'afortabbatu:Cequencâtmoins ie iugeois tres-nccefTai re d'accoplir pr5ptement,afîn que la rece- ptiô se publiafirau plutôt, & particulièrement ce pendant , que la tréue que voftre Maicfté a accordée aux reliques delà Li-^ gue , continue encore , pour mieux produire fon effet , du- rant cefte fufpenfion d'armes & d'ammoficez. A quoy j'ay adioufte vne autre confideration , qui eft , pour reûfter 23 LES AMBASSADES aux ombrages &£auxfoupçons,que les ennemis de voftre Ma- jefté donent àfa Saindeté Se à tout leCoIIege,que Ci toft qu'elle aura tiré ce qujellc vouloir pour Ton eftablilfemcnt , Se reccu la Bulle de Ton abfolutiô , elle ne tiendra plus aucû conte de reco - gnoiftre le S. Siege.ny d'vfer en sô endroit, d'aucû ade de bien- ueillâce& gratitude. Ce qu'ils publieroient encore auec beau- coup plus d imprefllo , fi après auoir obtenu lexpeditiô , ie nvc- ftois,come ils difent,defrobé,fans auoir attendu que l'on fçeuft auec quel gré voftre Majefté la receuroit,&: qu'il en fuft venu quelque ade de remerciement de voftre Majcfte'à fa Saindeté, pour luy prefenter,&:m5ftrer que ie n'ay rien auancé de la bone incétion Se du bon naturel de voftre dicte Maiefté, dot ie doinc craindre de demeurer pour garant. Ce pendât i'ay prié Mr dEl- bene de vouloir fe charger,au lieu de moi,de laditeBulle,&pré- dre la peine delà rendre entre les mains de V. M. de laquelle il fera d'aucat plus digne porteur, qu'il a vne grade parc au mérite du fuccez Se de l'acheminement de cefte affaire, ayâc cane mon- ftré de paflion au fer uice de voftre dice M . mefrnes au téps que fes ennemis eftoient plus infolents, qu'il fe peut dire ne lauoir pas feruic auec moins de péril, que ceux qui l'ont affiftee par de- là. Nous vous enuoyosM1 d'Oflat &moy,vn mémoire des par- ticularitez qui y doiucnt cftre obferuees &c effeduecs. Et partâc ie n'en toucheray rien icy à V. M. fino que ie luy reprefenteray que le pluftoft qu'elle en pourra enuoyer le remerciement 6c la ratificati5 ce fera le meilleur. Pour le regard de l'executio puis après, ce fera à fa comodité,&: félon que les circonftances Se les occafios le permettrot. Voila ce que i'eferiray pour cefte heure, à V. M . du faid de ma L egatio, de laquelle ie referuc à luy faire le r apport plus ample Se plus particulier, quand i'auray ceft hô- neur d'eftre auprès d'elle, qui fera le pluftoft que ie pourray , a- pres auoir receu &: presété de fa part, les premières lettres de re- mercieméc à fa Saindeté Quatauxcocurrenccs de dehors, elle aura défia feeu la ialou fte que le fej our duCardinal Archiduc,en la cofïc de Gcnnes ,auec fes vaifTeaux Se hommes , a donnée par deçà, pour le regard de Marfeille.Dequoy nous auons fait faire plufieu^s inftaces au grâd Duc, par fes Miniftrcs, afin qu'il pro- meine vn peu fes galères, pour tenir les autres en crainte de rien entrepredre,ou pour le moins qu'il dône l'alarme à la Prouince, dudeffien Se de l'intention des Efpagnols. Ducoftcde Vcnife. ET N E G O T I A T I O N S. 21 i'ay receu lettre de M* de MailTe,contenat le récit d'vn petit dif- fercnt,quieftoit furuenu entre le Nonce de fa Saindcté)&: luy, pour la preuention des vifites voulât Mr de MailTc , corne c'efl: la couftume, que tous lesAmbaflTadeurs ^e teftes couronees,nou- ueauxvenoSjfoietvifitezles premiers, parceux des autres Prin- ces ,qu i y eftoient refidéts auparauat,&; que le Noce de fa Sain- teté cômcnçaft à faire ceft office: &l'autre au contraire préten- dant que c'eftoit icy vne occafiô particulière &: extraordinaire, laquelle deuoitcftre exceptée delà reiglegenerale,&neportoit point de confequence pour les autres.eftantqueftion d vn Roy nouuellemét gratifié & obligé par fa Saindeté,moyennât 1 a&e defon abfolu tiô, duquel partant l' AmbaiTadeur ne deuoit faire aucune.difficulté de cômencer le premier a vifiter le Noce de fa Sain&cté,& la remercier de ce bië fait en fa perfonne. Chofe à quoy plufieurs par deçà ,cuiîentbien voulu que Mr de Maille cuit conniué,pour ne rédrepoint l'a&ion du Pape, fuiuie,come ils difent, au lieu de gratitude^ recognoiflance , de difputc & de contentions. Toutesfois la prudence & la longue experiece dcMr dcMaifle,eftant telle qu'elle nous doit perfuader qu'il n'a rie fait que tres-à propos, nous fommes obligez de donner àfes depottements , toutes les iuftificatios qui nous ferot poriibles, & que cette Court fera capable de receuoir. Ce que nous acco- plirons aucc autant d'arTe&ion,comme toutes autres chofes où il ira du feruice de voftre Maiefté, laquelle ie prie Dieu, S 1 r e-, vouloir conferuer longuemët & heureuiement,pour la confolation & la reftauration de toute la Chreftienté, De Rome ceô.Nouembre, iypy. ARGVMENT. Le Roy Henry le Grand remercie le Pape, de fon abfolution: mais Altec des paroles dignes d&fa Maieftê, & de celuy a qui elles t'addreffent. LETTRE DV ROY HENRY LE GRAND au Pape Clément VIII. 5^11$ Res-Sainct Pere, PiJ§ Corne ie recognois m'eftre impoflible deremercier^ voftre Sain&eré, par cfcrit,ii dignemét que m'y oblige le mérite de la grâce qu'il luy a pieu me departir,en m'o^troyant" faStebenedidion&fouueraine abfolution; lefçay ptusmau-" uais gté auflià mes ennemis,dc ce qu'ils me priuent de l'hôneur,i» C îij 12 LES AMBASSADES }JSC du contentement, que ie me donnerais maintenant de m'en acquiter en perfonne 5 comme îefapplie tres-humblement vo- "ftre Sain&eté, croire que ie leferois volontiers , m'alîat ietter à "les pieds , pour rédre marecognoiflance & gratitude ,aufti me- «morablc,qu'elle fera a la pofterité.&a efté giâde en mô endroit, „fa largelTe & bienueillancejque des autres maux qu'ils me font: 9JCe queie reffens d'autant plus viuement,quci'ay fçeu que yo- ftre- Béatitude , meuë de côpaflîon enuers moy , & mon Royau- 5>me,non moins que de fa Paternelle bonté,s'eft daignée ofFrirde "s'achemin r en ça, pourmefaireioùirdecebon heuriauquel vpuis que ie ne puis atteindre, iefupplievoftre Sain&eté ,aucc „toute l'afFe&ion & humilité qu'il m'eft pofTible, de fuppléer par famefme bonté, aux défauts des grâces que ieluy rends par la "prefente^es plus coplettes &: entières que ie puis, du bic duquel ,Jil luy a pieu me fecourir au befoin que i'en auois en monRoyau- »mc. Auflï afin que le tout luy foitdeu, me permettant V. 6. s'il ,jluy piaifl: , de rn'ayder,&: fortifier feulement en ce deuoir, ou- tre fa bonté fufditc, de l'aiteurance que i'ofe luy donner , que Dieu fera glorifié en ce bon œuure,fon Eglifereftaureeenla *' France, le S. Siège honoré &: refpe&é comme il doiteftre > &: la "perfonne de voftre Béatitude magnifiée, reueree, chérie , & o- 5,beïevniquemcnt & conftammér,demoy & des François à per- pétuité. Pourarres dequoy, ie prefente maintenant à V S mon fidclle feruice, la fupplie méprendre dorefnauantenfaprote- "ftion , & auoir agréable que ie luy rende conte de mes actions, 3iôc fois auflî honoré de fes bons confeils&fain&s commande- 3>ments, aufquelsie mettray peinedcmecôformer, & en cela luy ^faire paroiftre , par vrays efîcéts, qu'elle ne m'a honoré du tiltre de Très Chreftienj acquis, par les Rois mes predeceiTeurSjindi- gnement Car ce fera déformais mon princi pal foin , comme c'a "toufiours efté mon intention, que de rapporter toutes mesa- >:âions àce but-là, au conrentemenc de V. S. Ielafupplietrcs'- ,,humblement me renuoyeraupluftoft: le Sieur du Perron aucc 3)fefdits commandements, & deuant que partir, le pouruoir dé l'Euefchc d Eureux : Car te m'aiTeure qu'il s'acquittera digne- "ment de cefte charge-là : Et croire au furplus , le Sieur d'Olfat, "de tout ce qu'il luy rcprcfentera dorefnauant en mon nom , en j>atrédantqu'arnucaupres d'elle^tluy que ie délibère y defpef- „cher,pour luy iurcr obediéce,à rtxëple des Roys mes predecef- ET NEGOTIATIONS. jy feurs Ce que ie defire d'accomplir d'autac plus folemnellcmêc,^1 queie me recognois plus obligé à le faire au contenteméc de V. S.&duS. Siège, que nul autre. A tantie prie Dieu, Tres-faind Pere , qu'il vucille preferuer &: garder longuement»» &: heureufement, V.S. au régime &gouuernement de no ftre Mere fainde Eglife. EfcritauCampdeTrauerfi,le i*. ' deNouembrei59j. yojîre tres-deuot affe&iontifjtti" HENRY. A R G V M E N T. Outre les précédentes aélions de grâces du Roy HeNry le Grand,*» Tape ,f« Maietté luyefcnt encore celL-cyde jamain , pour plus grande preuue dejon %ele dsrdefa deuotion au S . Siège. AVTRE LETTRE DV ROY HENRY LE GRAND, eferite de fa propre main, au Pape Clément VIII. TResSainctPere, I'ay enuoyé au Sieur du Perron vnc autre lettre, la->> quelle il prefentera à voftre Saindeté , auec d'Oflat,,, quand elle aura agréable qu'ils s'acquittent de ce de-}j uoir. De forte que ie neluy efery celle- cy de ma main,que pour fupplicr voftre Saindeté , autant affedueufement qu'il m'eft" poflible , de prendre entière confiance , & affeurance , de la foy>* qu'il luy donnera de ma part,& de l'honneur que ieluy veux,, rendre: croyant, s'il luy plaift, que fi ien'auois intention de mc-^ ritcrles bonnes grâces &faueurs de voftre Saindeté,poureftre vtile à la Religion &: à la Chreftienté, à l'exemple des Roys mes" predccerTcurs ; ie ne m'engagerois à voftre Saindecé,ny en la re-" cherche de fa bienueillance,fi librement &: rondement que ie*> fais. Mes ennemis mepeuuent bien pafler en artifice 8c dilïimu.,, Iatio; mais non en franchife &: candeur. I'ay aulTi ma principale fiance en Dieu,& en la bonté &: iufticc de voftre Saindecé,con- tre les inuentions & la puifTance qu'ils ont par delà. Et voftre'* Saindecé ne tirera iamais feruice & affiftance plus fidelle d'eux,»* pour le faind Siège, & le bien de la Chreftientc , qu'elle fera de,, moy , m'honorant de fa Paternelle benedidion , & de fes fainds?î commandements. Car ie prefereray toufiours l'vcilité publi- que à cous incereftsparciculiers. Ce que voftre Saindecé fçait" qu'ils n'ont pas pratique cy-deuant , &: qu'ils refufenc encore v» *4 LES AMBASSADES ^de faire à prefent, au befoinextremequelaChreftientéena, comme I uy expcfera plus amplement ce mien feruitcur fidelle, ?,auquel ie fupplie voftre Sainteté,adioufter pareille foy, qu à s5 EfcritauCampdeTrauerfi,leit. N Tresdeuotcr ajfeéhprwi deNouembrei^5. jih. Henry. ARGVMENT. Il de fer it Vapplaudijfement auec lequel ont eflé recettes h s lettres de fa A4aiefléi&'e» ayant dignement lo»ëlespiroi> cries concept los^aditu- Jlelerecit de fa promotion honorable a /' Euefhê d' Eureux. AV ROY HENRY LE GRAND. 3|H§ Nous receufmes le i. de ce mois, les lettres de V. M, ^pSa&Z tant celles qu'il luy auoit pieu nousaddreuer,que cel- les qu elle nous commandoitdeprefenterdcfaparr.à noftre S, Pere, &c à quelqucs-vns de Meflieurs les Cardinaux. Ce que nous executafmes, pour le regard de noftre dit S. Pere , dés le iour rnefme , I uy ayant enuoyé demander audience , incontiner après l'arriuee duCourrien&: remportantes le fruit decefte ex- pedition,tel que nous l'eulfions feeu defirer,qui eftoit delaifTer fa Sain&eté extrêmement contente &: fatisfai&e de V. M. Quâc auxdefpefchesdes Cardinaux, nous en differafmesia diftribu- tion, attendant que le Pape euft donc luy- mefme , les premières eftreines de ces bonnes nouuelles. Ce qu'il fit leLundy fuiuant, qui fu tle prochain Confiftoire, où il leur la lettre que nous luy auions prcfentee,auecvnapplaudifTementmerueilleux;&:ietta des larmes de ioye 5& d'attendriiTemcn^dc voir fon action iufti- fiee aux yeux de tout le monde,par la correlpondance &c les de- portemems de V M Depuis nous auonsvifité tous les Cardi- naux, excepté Alexâdrin tantceuxàqui V.M. n'écriuoit point, lefqueis nous auons remerciez de bou che,&: entretenus d efpe- rance, que bien toft elle le«remercieroit par lettres exprciTes; que ceux à qui elle efcnuoit,aufquels nous auons fait bié fentir cefte particulière faucur De vous exprimer combié ils en fonc demeurez édifiez, & côbien toutes les paroles de V.M. ont cfté pefees & eftimees , ce feroie vne chofe impoffible : Car outre la lettre duPape qui aefté louée & célébrée par de /Tus tout ce que nous vous en fçaurions tefmoigner, celles des Cardinaux ont cftétrouueesfibicn efcrittes,fou pour les côceptions3foitpour ET iN E G O T I A T I O N S. 2S les paroles ,& fi iudicieufemenc accômodées au mérite & à la qualité de chaeun,que nous pouuons affermer en vn mot, qu'il y a cinquante ans, qu'il ne vint dépefche en Italie, qui fuffcre- ceuë, non feulement auec tant d'applaudiiTement,mais mefme auec tant d'admiration. Lundy dernier , fur ce qu'il vous auoit pieu toucher pour moy du perron,à fa Sain&eté,clle me fie Phô- neur dcmepropofcrelle mefme,en plein Confiftoire, vfant de ces termes, jCla nomination denoiire très-cher fis Je Roy trts-Chre- ilien de France &deNwarre.A\imoycn dequoy ie fus admis à l'Euefché d'Eureux , auec beaucoup de faueur & d'approbatio de tout le Collège. I'efperc partir incontinent après ces feftes, pour en aller remercier voftre Majeure, &luy rendre conte par le menu, de toutes les particularitez de mon voyage. Cepen- dant nous auons efté très aifes de trouuer la comodité de Mon- fieurd'Aubrac, prefent porteur, pour l'informer du fuccesde cefte dernière expédition. Il nous a fort foigneufement& con- tinuellement affiftez, en toutes les occafions oùilafalluhono- rervoftre feruice.Cela feroitcaufe que nous prendrions l'alTeu- rance de vous reprefenter, &; recommâder l'affection que nous luyauons veu apporter, fila confiderationdeMonfieurle Car- dinal de Io veufe, de la part duquel il eft enuoyé , & dort voltre Majeftefçait le mérite, & les deportementsen cefte affaire, ne nous impofoit filencc. Pourtant fans occuper voftreMaieftè, d'autre plus long difeours , nous fupplierons Dieu, S 1 R E , luy enuoyer de iour en iour, de nouuelles occafions de confondre fes ennemis^ confoler fesferuiteurs.DeRome^&c. A R G V M E STt. ~~ Ce font les glorieux effetts dclxdernipe en a ejiéconfiéJ O- tous les Car- dinaux renplisdi- toyeCrde contentement. A MONS1EVR DE VILLEROY, CONSEILLER Se Secrétaire d'Eftat. MO n s i e v r, Voftre dernière defpefche a fait des mi- racles , elle a rendu le cœur aux (eruiteurs du Roy, cl- ic a fermé labouche àfes ennemis, elle a cfte louée &: admirée vniuerfellcmcnt, la matiere,les conceptions, le ftyle , tout aefté fieftimé querien plus. Iene vous parleray pointdclaconfolation du Pape, du contentement duCardi- D if LES AMBASSADES liai Aldobrandin,durauiflTemencdu Cardinal Tolct : Mais ie vous diray en gênerai, que tout le Collège , toute Rome , toute l'Italie, en ont fait vne allegrefle incroy able,enîaquelle fi nous auons eu part, nous qui eftions demeurez icy pour garants & pour hoftages de cefte efperance, vous le pouuez imaginer. Sur tout, la variété &:diftin£tion des lettres des Cardinaux, a efté merueilleufe, s'eftantstrouuees leurs dépefches fi heureufe- ment proportionneées , & accommodées à l'affe&ion , Se aux deportementsdeceuxàquielles s'addrefloient , qu'il femble que vous ayez eu vn efprit de diuination, & que vous ayez pre- ueu &: preuenu.par la lumière de voftre clair mgement, tout ce que nous eufTions fçeu defirer. Si vous cotinuez le mefme foin, éc les mefmes offices, vous verrez dans peu de temps vne eftrâ- ge conuerfion de volontez , par toute cefte prouince Surquoy je ne me puis laflTer de vous recommander principalement l'en- tretien du Cardinal Aldobrandin, & du CatdinalTolet : l'vnà caufe del'affe&ion naturelle quele Pape luy porte: l'autre pour le crédit & l'authorité qu'il a auprès de fa Sain&eté. Chofe qui ne nous fera pas mal-aifee, eftant l'vn François d'inclination, &c defeendu de parents François de fa£tion,&: outre cela, défia en- gagéenl'inimitié des Efpagnols, par cefte action nouuelle du Pape: L'autre fi plein depaffion ,&: d'amour enuers les vertus &laperfonrteduRoy ,& par conséquent enuers lebiendefon Royaume , &: fi déclare contre tous Ces ennemis, que l'on peut dire qu'il porte à dcfcouuert Teftendart &c labanniere de Fran- ce^ Rome. le ne vous eferirois point ainfi , fi les efîeds ne fur- montoient encore mes paroles : mais ie vous fupplie tres-hum- blemét de croire , qu'il n'y a rien d'hyperbolique en ce difeours, au contraire beaucoup de diminution du fty le auec lequel tous les François font obligez d'en parler. Il f eft fenty extrêmement gratifié de l'honneur que le Roy luy a faict, d'auoir pour agréa- ble qu'il allaft Légat en France. Ce qu'il defireroit fort pouuoir accepter, principalement pour auoir cefte confolationdevoir fa Maiefté : mais il confidere d'autre cofté,que fon feiour aRO- me,ne luy ferapas, poftible, moins vtile, pour fortifier le Pape contre les entreprifes de fes ennemis , êc porteries affaires de la France, aux occafions qui fe pourront prefenter, auec la mefme generofité qu'il a commencé: commeentre autres, pour le fait delacrcaiion des Cardinaux, defquels auffi ilafolicitéquela ET NEGOTIATIONS. 27 promotion fuft différée encore pour cefte fois, afinquclcRoy y peu auoir fa part, & que les recommandations de ceux qu'il délirera mettre en ce Collège , eulTent 1 oifir d'y arriuer à temps. Quanta l'exécution des autres points, qui nous eftoient com- mandez par la lettre du Roy , Monfieur d'Offat vous en eferic particulièrement, & tous reprefente parle menu , ce quenous auons fait en chacune de nos audiences. Cela fera caufe que ie ne vous en renouuclleray pointle difeours. Aufïi peu vous do* nerai-jc aduis des heureufes victoires, & del'incroyablepro- grez du Tranfy luain,fur le Turc , tant pour cefte mefme raifon, que pour ce queie prcfuppofe que vouseneftesfuffifammenc informe de Venife. Seulement ie vous diray , pour vous rendre graces> par mefme moyen,du foin qu'il vous en a pieu prendre, que Lundy dernier, le Pape mepropofaluy-mefme, fur la no- mination du Roy , on plein Confiftoire, où ie fus promeu, auec beaucoupde faueur, &: d'applaudilTement. l'efpere partir in- continét après ces feftcs,que mesBulles feront o* pediees,Dieu aidant, pour vousen aller remercier, &: vous rendre conte de tout ce qui peut ferurr par deçà, au voyage & à la Légation de Monfieur le Grand, auquel i'ay fi bien préparé le chemin, par la bonne imprelTion que i'ay donneeau Pape,& à tout le Collège, de fes qualitez, de fa vcrtu,de fa pieté , de fa Religiô,qu'il y fera auilî bien venu, outre le refped du Roy, pour la considération de fa perfonnc,qu'il le fçauroit defirer.Ce pendant ie vous fup- plierayme continuer la part qu'il vous a pieu me donner en vos bonnes grâces, &me tenir éternellement, &c. ARGVMEN7. Vonyoid icy comme vn fommaire des particularite^de ft'Legathnz les ratfons de l'expédition de la Bulle , après l'abfolutto» : la fmguhere pru- dence auec laquelle il s'y ejl feruy , de quelques défauorahles acciden ts : fa genereufe refolut ion >& fonfdcnce t caufes de glorieux Juccczj, tyfafran* chife à obliger les perfonnes de i>ertu & de mérite. A MONSIEVR DE VILLEROY, C O N- fciller &: Secrétaire d'Eftat. M On s 1 e v R, le m'eftois remis à vous faire le rap- port tout entier de ma Légation , au partement de Monfieur d'Elbcne , efpcrant auec laconclufion de l'affaire , vous reprefenter aufli l'acheminement &: le fuc* *g LES AMBASSADES cez : Mais vnc fafcheufe maladie, qui m'a tenu depuis dix ou douze iours, &c dont les reliques me trauaillent encore, aueelesautres incommoditez , m'apporte aufli cefte-cy, denc vous pouuoirrendre le conte que ie defirerois,de lacommiffion qu'il vous a pieu me donner. Seulement vous diray je que n'a- yant peu moy-mefmc porter les Bulles,pour les confiderations quei'ay écrittesàfa Majcfté: ie priay Monfieur d'Elbene de s'encharger. L'expeditionen aeftévn peu plus longue, à caufe du feiour du Pape à Frefeati,que nous n'efperions,mais il nous afalluprendrepatience. Si nous euffios voulu qu'elle eufteftè dreflecauant l'ade de l'abfolution, nous l'euffions fans doute obrenuë beaucoup plus tard. Ce que nous ne deuions nulle- ment defirc^d'au tant que la folemnité de l'abfolution,eftoit vn gage fumTant & affeuré delà Bulle , là où le delay de l'abfolutio pouuoit apporter beaucoup de trauerfes &d'cmpefchements à l'affaire , &principalementen vn temps où nousnereceuions de iouren iour, que nouuelles défauorables, &: eftionsfurle point d'en entendre encore de pires, CequeDieufçaitcommo nos ennemis faifoient valoir, pour retarder l'effet de noftre foli- citation. Car outre les eferits calomnieux qu'ils femoienteon^ trela conuerfion du Roy, ilstriomphoientfi infolemmcntde leur bonne fortune , & publioient auec tant d'amplification , la prifedu Caftelet,ladéfaidede ivionfieur l'Admirai, lableiTeu- rc Se la mort de Monfieur le Marcfchald'Aumont en Bretagne, le fac de Dourlans.& le fiege & la perte prochaine deCambray, qu'il fembloit que ce fuffent autant de conqueftes de Royau- mes Mais tac f en faut, grâces à Dieu, queces mai-heurs ayenc apporté aucun retardement à noftre affaire, qu'au contraire, nous les auosconuerties en vnnouucau lieu commun de nhc» torique ,pourprefferfaSain£fceté&: le Collège des Cardinaux, d'auancerphiftoftlabenedi&ionjeurreprefenûantqucc'cftoic vne bonne rencontre que Dieu leur enuoyoit d'auoir permis queces petites défaueurs arriuaffent aux affaires du Roy , afin de leur donner moyen, fils prenoient cette occafion, ce pendâc qu'elle duroit, de iuftifier leur intention cnuers toute la Chrc- ftienté,&monuVer denc feftre point meus à accorder l'abfo- lution à faMaiefté, par le luftrc & le fuccés de fes affaires La oùaueôtraire,fi l'ons'apperceuoit de quelque refroidiffcmet, pour le changement de ces nouuelles i lors que lereflus delà ET NEGOTI ATIO NS.] ï9 profperité du Roy rctourneroit, corne il ne pouuoitplusgue- res carder, félon le cours ordinaire de Tes périodes: ils n'ofte- roienr iamais de l'efprit de tout le monde, qu'ils n'eu {font eu plusd'cfgard enccfta&c,à laconuerfion de fa bonne fortune, que de la Religion &defa confeience. A quoy nousferuoic encore d'vn grand efperon, pour nous animer à Pauancement de noftrepourfuitte, l'apprehenfion de la venue du Cardinal d'Autriche, qui eftoit prefl: de defeendre en Italie, auec grande x quantité d'hpmmes &c d'argent, &: que l'on ateendoit a Rome, dans peu de temps ; comme fans doute il s'y fufr achemine s'il n'euft efté preuenu par l'abfolutio. Chofe qui ne nous pouuoic apporter que beaucoup de trauerfcs&: de défaueurs ,eftant les menées & les oppofit'ons du Duc de Sefle , & de Tes partifans, défia allez grades, fans y adioufter cefte nouuelie auchorité. Or Dieuavoulu parfabonté, que tous ces appareils ayenceftéin- utiles,contre l'el'perance de beaucoup de gens,& queleschofes fe foienc terminées pluftoft que l'on nel'euft iuge. a quoy ic penfe qu'vfl peu de refolution Se de filencel, dontr ous auons vfé , ont (èruy extrêmement : l'vn , pour imprimer en l'efprit de nos amis,qu'i 1s ne gaigneroient lien par le delay, qu'vn accroif- femét de difKcultez: l'autre, pour tenir nos ennemis en défaut, S>c les empefeher de drefler leurs batteries à propos. Ce qui a fi. heureufement reufly» que iamais ils n'ont peu nous faire aucun mauuais office à temps t ne fçachant fur quoy ne us en eftios, ny dequoy il fe traittoit, qu'après que les chofes eftoient refoluës. De forte qu'ils publioient que nous eftiôs encore en difeord de cinquante cinq articles, le propre iour qu'àleur grand eftonne- ment Se confufion,le Pape fit fa déclaration en plein Confiftoi- re." Ce que Monficur d'Elbenevous pourra tefmoigner, quia autant de cognoiffance de cefte action , qu'aucun autre,pour le grand foin qu'il y a apporté Se deuant , Se depuis mon arriuee. En quoy, certes, M onfieur, ie ne puis commander à ma p 1 urne, qu'elle ne palTe les bornes de la modeftie, vous rameteuant vnc chofe, dont ie fçay que vous elles mieux informé que mo y mef- mc, qui eft le zele& l'affection, auec laquelle il a procédé par decà.aufcruice defaMaiefté. Car encore que ce rapport vous foit fait par plufieurs autres, fi éft-ce que i'eftime y eftre plus obligé,pour l'honeur que i'ay eu d eftre employé en cefte a£U6, en laquelle i ay reccu tanc d'afliftance Se de faucur de luy,que ic D iij 30 LES AMBASSADES penferois eftre coulpable , non feulement d'ingratitude , mais de perfidie enuers le feruice du Roy ,fi ie la parfois fouz filencc. Il fe prefentera déformais plufieurs nouueaux fuie&sdecom- miffions , pour venirtraitterdiuers affaires par deçà, où des gc- tilshommesdefa qualité pourront eftre employez. Si en quel- ques vns,il vous fembloit à propos de le fauorifer, cela pour- roitluy aider beaucoup à fortir d'vnproccz quiluyeft dextre- meimportance, pour le crédit &: l'authorité qu'vnc telle com- miflion luy apporteroit.Et dautant qu'icy,les dignjtez font plus refpe&ees , que parmy nous, s'il vousplaifoit le faire honorer d'vn breuet du Cônfeil, dot la porte a efté ouuerte à beaucoup, .depuis ces derniers iours, qui ne font pas de fon mérite , vous donneriez exemple , &: occafion par deçà , à tout le monde , de bien efpcrer, en bien feruant. I'vfe, peut eftre, de beaucoup de libercé.de vous mettre ces chofers deuant les yeux : mais ce qu'il a fait icy pour le feruice du Roy , femble la furpalTer de façon, que ie l'eftimc bien petitc,au regard de ce qu'il peut mériter. Et partant ie me promets que vous T'excuferez facilement, &rac tiendrez, s'il vous plaift, éternellement, &c. De Rome, ce 6. Nouembre, 159 5. ARGVMENT. Ses lettres n'ayant eflé fideliement rendues , /'/ en Attribue U faute plu* fiofl à fon mal-heur , qu'à fon péché , lequel ne antïhoins s'il mérite peni* tencejl fupphe quellefoit couertie en l'executiode quelque < omandement. A MONSEIGNEVR L'ILLVSTRISSIME ET REVE- rendhT.Card. dcGondy, Euefque de paris. En Court. MOnseignevk Illvstris sime, n le ne vous ay point eferit, tout le temps qui s'eft paffé auant l'abfolution du Roy , non par oubliancedes obligations dont ie vous fuis re- dcuable,mais parce que fa Maiefté eftac à Lyo, & vous,commc difoient icy les vns, à Angers, les autres en Bre- tagne,auecauthorirédetrairterlareconciIiation de Monfîeur deMercceur, ienefçauoisà qui addreiTcr mes lettres, pour les vous faire tenir, ny prontemcnr,ny feurement. Depuis quei'ay efteaduercy de voftre retour à Paris,ie n'ay laiflepaflcr aucune occafion, que l'aye cftimee àpropos, de vous efcrire.Toutesfois i'ay entendu que ma mauuaife fortune auoitempefché mes Iec- tre^d'arriuer entre vos mains. Chofe dont ie fuis extrêmement ET NE G OUATIONS. 31 «donne, Se particulièrement de celles que i'auoisaddteflTees à MonfieurBonciani, fort peu de temps après Ton arriuee à Flo- rencc,où il deuoitfcjourner, comme ilfït3pluiieursiours. Car le Seigneur Ferdinand Vinta, Secrétaire de l'AmbaiTadeur du Grand Dqc, m'afleura les luy auoir fait tenir. Si ceftefaute,pro* cedee pluftoft démon malheur,que de mon peché,meri te péni- tence ,ie vous fupplie , Monfeigneur, qu'elle foiteonuertie en 1 exécution de quelqu'vn de vos commâdements qu'il vous plaifem'employerpourvoftreferuice,où vous m'en eftimerez digne. Ce me fera vne peine Ci douce, que ie la prendray pour re- compenfe de rarfeclion,&: de la reucrence,quei'ay vouée à vo- ftre qualité &à vos mérites. Quant au difeours de ce qui s'eft paiTc par deçà, touchant l'abfolutiondu Roy , Monfieurd'El- bene , par lequel vo9 aurez receu vn petit mot de lettre de moy, vousenauraplusquefuffifammetinformé. Etpartantie n'ad- joufteray rien à ce papier , fmon vneproteftation nouuelle , de vouloir demeurer éternellement, MONSEIGNEVR I L L V S T R I S S I M E, &C A R G V M E N T. 1/ luy tefmoigne combien les refioùiffances fautes k Malte ,pour ? abso- lution du Roy y auront cflé agréables k fa Matefiê. A MONSEIGNEVR L'ILLVSTRISSIME ET EXCEL- ientiflime Grand Maiftre de Malte. A Malte. Onseignetr Illvstrissime, I'ay receu les deux lettres , dont vous m'auez voulu honorer , auf- quelles i'ay défia rendu vne partie de l'office queie deuois , donnant aduis au Roy , du foin qu'il vous auoit pieu prendre , de vous conjouïr auec moy , de fon abfolu- tion, &d'ailleurs>y#diouftâc le récit des allegrefTes qui auoient - efté faittes par voftre commandement,fur la réception de cefte nouuelle. Chofe que iemalTeure qui luy aura efté tres-agrea- ble. Il refte maintenant que ie m'aquitte de l'autre partie, en vous remerciant,pour mon regard, de la grâce particulière que vous m'auez faitte de m'cfcrire,& vo'offi ât,en recognoiffance, toutes fortes de feruices& de folicitations auprès de fa M. Il eft vray que ie nvaffeure qu'il ne fera pas grand befoin, pour ce qui touchera, foitla conferuation, foit l'augmentation de voftre Ordre. Car eftantfi religieux Prince, & Ci renommé Caualier, comme il eft, ie ne fay point doute qu'iî ne chéri îTe&n'arTe- ji LES AMBASSADES àio nne extraordinairement, vne Religion qui eft toute compo» feede Caualiers. A uni les arres qu'il en donna, il y a quelque temps,par la déclaration qu'il fit de fa volonté, en fon Confeil, furlaprouifiondesgrâds Prieurez, vous le doiuent faire confî- demment efperer. E t pour moy, fi i'ay ceft honneur que de pre- uoir quelque chofe du cours de fesa&ions,ieprendraylahar- dieffe de vous promettre que voftre Religion ne receurapas moins à l'aduenir, de faueuis de fa courtoifie,que de protecîiS de fa valeur Et fur cefte efperance, vous ayant tres-hurnblemet baife les mains, ieprieray Dieu, Monseignevr Illvstrissime, vous conferuer lon- guement Se heureufement, au régime d vn Ordre fi necefiai- reatoutelaChreftienté. DeRome,ce4.DecembreJi595. Voftre très -humble , &tres-obeyf]ant fermteur. I. EVESQ^VE D'EVREVX. ARGVMENT. Ce qu 'il a trait têattcc le V.tpe , pour I t réduction de Marfcille. Trou moyens propofe^à cej} effet, par fi Sawtleté. Les intelligences auec les ïAmbaffadeurs de Venife & de Tofcane. Lagenerofité du Cardin.ilToleti Cr fon apprehetfion d'm voyage par mer, de Charles Doria. Ledeffein de la Légation du Cardinal de Florence , depuis Pape Léon Xl, Cr plufieurs Autres points ^ remarquer. AV ROY HENRY LE GRAND. I R E, Voftre Maieftéaura veu par nos derniè- res lettres , comme en neftre audience du huittiefme dcDecébre, nousaccomplif- mes le commandemtnt qu'elle nous fai- foir, de parler au Pape, des affaires de Mar- féille, & comme deîiaauparauanr,par plu- fieurs fois , nous luy en auions tenu propos de nous- mefmes, fur les bruits qui en couroient, &: fur laialou- fie que toute l'Italie en conceuoit. a quoy fa Saincleté ,&dé» les premières inftances,&: alors,nous rcfpondit qu'elle n'en fen- toit pas moins de martel & d'inquiétude, que les autres, voire que nous-mefmes : Et pourtant, qu'elle auoit défia ciTayé quel- ques moyens , fous main, pour y remédier, & qu elle cercheroit encore ET NEGOTIATIONS. g encore d'y apporter tout ce qu'elle pourroit. Ces moyens qti'cl- le nous difoit auoir employez,nous croyons que ce fuft d'vn co- ftc , le commandement qu'elle fitau ieune Gencbrard, panant d'icy , d'exhorter fon frère , à prattiquer &: négocier , foit auec Cafeau, foit parmyle peuple, pour y remettre le feruice de V. M . luy orïiac,en ce cas,d'interceder pour luy en voftre endroit: Et de l'autre, l'entremife du Légat d'Auignô, auquel nousefti- mons qu'elle auoic ordonne de tenter fecrettemenr l'efprit des fcditieux , ou à tout le moins , faire couler les aduis de l'abfolu- tion de V. M . dans la ville, & parmy le peuple , pour y produire quelqucnouueauté,commeilsauoientfaicà Arles. Depuis, l'a- larme nous eftant donnée vn peu plus chaude , à caufe des me- nées &: préparatifs qui fe faifoient tout o uuertement dansGen- nes , à l'inftancc de Cafeau pour y introduire les Efpagnols ; nous nous trouuafmes en vne extrême peine, &: principalement la goutte eftâtfuruenue eu Pape, qui l'a tenu attaché au licT plus de trois femaincs,& durant ce temps- là , fufpendoittoutesles audiences. Nous nclaiflafmes pas ncantmoins, d'en rechercher faSain&eté,ny de l'en faire rechcrcher,par lesAmbalïadeurs de Venife &c de Tofcane : mais pour lors elle n'en accordoit vne feule.pas mcfmc aux Cardinaux. En fin t ayans eu les nouuelles que k 2.6. de Décembre, Dom Charles, fils du Prince Doria, e- ftoit paity pourallerauec4. Galères, à Marfeille; & d'ailleurs, étants aduertis que le Pape , après plufieurs remifes,s'eftoic co« dcfcédu à promettre audienceàMonfieurleCardinal deloyeu- fe, pour le lendemain, qui eftoit le 30. en confideration de fon parcement ; Nous penfalmes que ce feroit vn moyen très à pro- pos , pour faire , au lieu de nousjoffice que nous defirions,tâtà caufe que le Pape receuroitfort volontiers les remonftranccs qui viendroient de fa part, que d'autant qu'il pourroit feruir, non feulemêt de foliciteur pour ce fait,enuers fa Sainteté, mais aulTi de fîdelle&fecret exécuteur de fes intentions. Qui eftoit le point , où confiftoit la plus grande difficulté , par ce qu'eftant preft de s'en aller en France, & ayant défia plufieurs fois expédié fes gents par Marfei!le,quand il auoit defpeché en Languedoc, voire mefme eferit à Cafeau & au Viguier; nous imaginions qu'ilauroitmoyé,fousptetcxte d'enuoyeraduertirfonfrere,de fon partcment,de faire trakter auec eux, durât fon voyage, tout ce qu'il plairoit au Pape luy commander. A quoy nous adiou- 34 LES AMBASSADES fiions , qu'outtc les alTeurances qu'il leur pourroit donner, que fa Sain&eté embrafferoit leur protection, & leur feruiroit d'in- tercefteurenuers voftre Maiefté, pour leur faire obtenir &en- trcrenirtoutes conditions fauorables; de fonchefpartieulier, il y auoit beaucoup de créditant pour la confiance qu'ils pren- droient pluftoft de luy , que de tout autre, à eau fe du lieu qu'il auoit tenu dans le mefme party , Se quafi dans le mefme pays, &c pourlacommunication qu'il auoit euëaueceux; que d'autant qu'ayant de grands biens en Languedoc &: en Prouenee , il pourroit , parce gage , les affeurer de l'accompliflement des conditions, dont il leur ofrnroitdefc rendre médiateur enuers voftre Maiefté. Etàla vérité, cefte efperancenenoustrom- pa point: car il recueillit ce que nous luy difmes,auec beaucoup d'affection Se de promptitude , fe refoluant,non feulement d'en requérir icy instamment le Pape , mais aufli d'employer par de- là, tout ce qui feroit en luy de diligence, de moyen & de crédit, pour faire ce feruice à voftre Maiefté. Et de fait , il en parla le lendemain à fa Sain&eté , qui l'y confirmai excita encore de nouueau , luy monftrant vne extrême paflion de diuertir ce coup , & luy donnant toute licence de coucher de fon authori- téjOÙileftimcroit qu'elle pourroitferuir, comme elle nous l'a affeuré depuis. Au moyen dequoy, il délibéra de defpecher vn gentil-homme vers Cafeau & le Vigoicr ,fi toft qu'il feroit vn peu efloigne de cefte ville , fous couleur de l'enuoyerpar mer, vers fon frère. Etayantconfultéauec nous des ouuertu- rcs qu'il leur pourroit faire toucher,nous luy reprcfentafmes les deux feuls moyens de les appriuoifer: l'vn , la feureté dont ils fe desfioient , pour auoir offenfé infinis particuliers > & 1 autre, l'vtilitc : aufquels voftre Maiefté pouuoitpourlemoinsaulli commodément pouruoir, que le Roy d'Efpagne. Car quanta la feureté , elle cftoit très- apparente pour eux , fi au lieu que les Efpagnols leur offroient de leur entretenir quatreGalercs,c'cft à dire , deux a chacun , voftre Maiefté defeendoit à leur accor- der la mefme gratiflcacion : d autant que ce commandement leur defrayeroic d'ordinaire , tant d'hommes fous eux , qu'il fuf- firoit pour les rendre, non feulement affeurez , mais redoutez dans la prouince. Ce qui eftoit à prefumer qu'elle feroit volon- tiers , par ce qu'ayant befoin , pour fon feruice, d'en refournir cefte mer , elle auroit vray-femblablement plus agréable d'en- Eretenir les leurs , qui eftoient défia en eftat , que d'en equipper ET NEGOTIATIONS. 5f denouuelles. Comme aufli d'ailleurs, ce party feroit beaucoup plus commode pour eux, ayants à ptendre leurs aflignations en leur pays mefme, c'eft à dire, en la Proucce,que de les aller cher- cher au Royaume de Naplcs, où les Efpagnolslcs renuoyoienr. A quoy paraueture on euft peu encoroadioufter , de leur laifler quelque petite place, pour retraicce, la auprès. ec qciât à l'vtilité, qu'outre ce qu il falloit toufiours rabattre les deux tiers des hy- perboles des Efpagnols ^premièrement , pour le regard des ter- res qu'on leur promettoit dans l'Eftat de Naples; ce quevoftre Maiefté leur donneroit dans la Prouécc jleur feroit bien plus v- tile,&plus aife à iouïr que ce qu'il faudroit qu'Us allaient cher- cher ailleurs,en quittât leur patrie. SëblablementaufTi,pour l'ar- gent dont on conuicndroit auec eux, les aflignatios en feroient bien plus fetires en France, où ils auroient temps & cômodité de les recueillir , & dont polîîble on leur donneroit caution,& de- das,&: dehors leRoyaume;que das lestftats duRoy d'Efpagne, dans lefqoels , quand ils feroient vne fois dcfïaifis de Marfeille ( corne les Efpagnols n'auoient garde de les en laifler long- teps poffciTeurs) ilsdemeurcroient mocquez&mcfprifcz non feule- ment côme perfides, mais corne eftrangers, & impuifîants de fe faire obferuer les con-uentions de leur traitté, par ceux qui n'au- roientplusaucûbcfoin d'eux, ayansrecueilly le dernier fruitde leur proditioiv- De forte qu'il falloit qu'ils fifïênt leur conte, de tirer fans plus , de ce marché , ce qui leur pourroic eftre auancé, pour arres delà vendition de leur ville. Car quât au refte des ar- ticles,les Efpagnols demeuransfaifis toutenfemble,de lareco- penfe, &: des gages, mefurcroient en cefte affaire , comme ils a- uoient accouftumé aux autres,leur foy à leur vrilité. Toutes les- quelles chofes nous luy difcourufmes feulement à veue de païs, ne fçachans en quels termes V. M. peut eftre auec eux,& n'osât rien particularifer de fes intentions. Le iour puis après de fon parlement, qui fut le 2. de ce mois , nous cnuoyafmcs de rechef demander audiece, tant nous, que les AmbafTadeursde Venife & de Tofcane, laquelle nous obtinfmcs les premiers, pour le lendemain qui cftoit le Mercredy , & reprefentafmcs au Pape, l'importance de cefte affaire, & les interefts qu'y auoient , & la Chreftienté en gênerai , & l'I talie,& l'Eftat de l'Eglifc en parti- culier. Dont nous trouuafmes qu'il cftoit auflîbié informé que nous , & n'auoit pas moins de defir d'y remédier. Mais la dif- »< LES AMBASSADES fîculcéconfiftoitaux moyensdelepouuoirfaire ;!efquels,àce que nous recueillifmes fommairemenc de fon difeours il redui- foit à trois.- L'vn,de traiccer auecCafeau &c le Viguier,qui eftoiec miiftres abfolus de Marfeille,&: au defeeu defquels l'on ne pou- uoit rien tenter dans la ville:Ce qu'il auoit défia rechcrché,mais il auoit trouué Cafeau , vn efprit barbare , &c qui auoit rendu à ceux qui luy parloienc de fa part, des refponfes fauuages &: bru- tales:Toutesfois qu'il eflayeroit encore de renouer cefte négo- ciation. Le fécond , de procéder par remonftrances , enuers les Miniftres du Roy d'Efpagne, leur propofandes mal-heurs que c;fte entreprifepouuoitapporterà toute la Chreftienté: Mais quel'ambiciondes Efpagnols eftoitfidefreglee, qu'ils nclaiffe- roient pas vne telle proye, s'ils penfoient affeurément l'obtenir, pour des (impies remonftrances ,& que toutes les pcrfuafions qui les pourroient efmouuoir, s'ils en eftoient capables, luy eftoient venues en l'efpric : iufques à toucher, que les François, pour le recouurement de cefte place, fe refoudroient, poflîble, d'appeller l'armée nauale du Turc ; qui feroit mettre l'Italie , la Sicile , & toute l'Europe , en proye à l'ennemy commun. Les- quelles paroles il nous prononça en forte, qu'il fcmbla nous do- ner à entendre,qu'il les auoit tenues auxMiniftres d' Efpagne, ôc leur auoit fait inftance d'exhorter leur Maiftre àfedefifterdo cefte pourfuitc. La troifiefme, eftoi t de venir ouuertement aux menaces , ou fpirituelles , ou temporelles. Que quant aux me- naces fpirituelles , s'ilferefoluoit.comme Pere &: Pafteur corn- mun, d'en vfer, pour l'intereft gênerai de la Chreftienté, contre le Roy d'Efpagne:illuy refpondroitque la guerre eftoitouucr- tc , non plus fimplement pour le regard de la Religion , & de la perfonne du Roy, ny pour vn différent fpirituel , mais de Cou- ronne à Couronne, &c de Royaume à Royaume: & que les Fra - çois,en cefte qualité, la luy auoient les premiers déclarée. Que Ci fa Sain&e té auoit mis en auat quelque traitté, ou de paix, ou de fufpêfion d'armes, entre les deux Eftats>ce feroit vn autre point: M ais de lailfer les mains libres auxFrançois,pour entreprendre, & couuertement, &C à defcouuert, fur fes places,prendre prote- ction de fes fujets rebelles,fe feruir d'cux,&: vouloir qu'il les eût liées, pour ne faire pas le mefme, lors que les occafions s'en pre- fenteroientjce feroit chofe qui leur feroit trop dure à fupporter. quant à veftir finalement la perfonne de Prince, &s'aydcr des ET NEGOTIATIONS. 37 menaces temporelles.c'eftadire.declarerauRoy d'Efpagnc,ou à les Miniftres , que s'il ne fe deportoit de cefte entreprife , il s'y oppoferoit ouuertement,luy & les Princes fes voifins,& s'effor- cerpit de fen empefeher, ou encontrefchange,dereiettercc trouble qu'il vouloir apporter àrixalie,furluy& fur fesEftats;Il concluoit que cela feroit bo,s'il voy oit dequoy parlenmais que lesaucres Princes quilefolicitoiétdece faire, ne luy moftroient point d'àflTcurance d'entrer en Ufocieté da fuccez qui en rcful- teroir,ains vouloient prendre le Serpent auec la main d'autruy. Ques'il voyoit dequoy parler^oflible il parleroit : voire lalcha vne foislemottoutàfait,ques'ilauoita{ïeurâcefunisâted eux, il parleroit. Ce qui fut caufeque peu après noftre audiéce,nous comuniquafmes fa rcfponfeaux Ambaffadeurs de Venife & de Tofcane;& leur reprefcntafmes qu'il n'eftoitplustempsdele vouloir perfuader à fe mouuoir,par les interefts,nygencraux,ny particuliers , & que de cefte part il eftoit aufÏÏ perfuadé qu'eux, voire que nous mefmes ; mais par l'ouuerture des moyes &c de la feureté. Et pourtant que le tout confiftoit aux propofitios d'v» nion&d'affiftance, qu'ils luyferoicnt : Aufquellesdéslciour mefme l' AmbalTadeur de Tofcane entra, felô le comandemenc qu'il en auoit receu du Grand Duc. Quant à celuy de Venife, pour la prochaine audience, il ne parla encore que corne de luy- mcfme: mais la dernière» qui fut Vendredy n.de ce mois, il fit offres de la part de la Seigneurie , pour en auoir receu nouueltc- mét la commiflion. Il eft vray que l'vn ny l'autre^ic vint à eften- dre aucune particularité, mais fetindrent feulement lur les of- fres générales dVnion &c d'aiBftance. A raifon dequoy aufli , le Pape demeura fur les refponfes générales, ÔC leur dit qu'il y pen- feroit,&qu'il n'obmettr oit rien de ce qu'il eftimeroit eftre de so pouuoir.Or d'imaginer que de cefte negotiation puifle reiifïir aucû appareil, qui vienne à temps pour remédier aux affaires de Marfeillc,nous nel'auons iamais creu, requerât cefte pratique, vn trop long trait: bien s'en pout roit- i 1 à l'adueturc/i elle eftoit viuemcnt folicitee,recueillir vn autre frui&,qui feroit de nouer & former vne ligue,pour le commencement feulement deffen- fiue entre les Princes d'Italie, fous faueur derefiftcràl'vfu'pa- tioneminente de cefte prouince> dontl entreprifcdeMarfeillc les rend aduertis.cn laquelle fous les mefmes conditions,c'eft à dire , pour la (impie protection de l'Italic,on pourroit faire que E ii; 3S LES AMBASSADES voftre Maiefté cntreroic , comme ayant l'intcreft à la conferua- tion de ce voifinage: Et puis , aucc le remps Se lelon les occafios, crouuer moyen de la conuertir,de dcffenfiue,en ofFeniiuc,pour deliurer tout à fait la prouince,de la domination &tyrannie des Efpagnols.dotellecft filafTe, qu'elle n'en peut plus. Mais quâd au faitl dcMarfeillemous n'auons iamais penfe qu'il peuft fortir aucun remède d'Italie, qui ne fuft hors de faifen . finon vn feul, qui eftoit que les Grinces de deçà , ay dallent d'argent, les M ini- ftres de voftre Maiefté en Prouence, tant pour leur augmêter le moyen de la preflfer au dehors ,pai force, que pour fohciter au dedans> les chefs des fa&ieux, par prefents &c conditions prom- ptes &:adnantageufes. Nous en auonsdônéplufleurs atteintes àl AmbalTadeur de Tofcane: Mais pour ce que nous nefçauos ce qui peut auoir efté traitte par d'autres voyes , de la pat t de V. M. touchant ccft article, & ce qui a efté fait, ou non fait, nous n'y pouuons aller qu'à clos yeux. Bien auons-nous eu quelque vent de Florence, pour rcfponfes fecrettes de nos inftâces, qu'- on fe plaignoit là desVenitiens,&:remettoit on la faute fureux, pour n'auoir pas voulu fournir les trois cents mille efeus qu'on îcurdemandoit. Mais tout cela font lettres clofes pour nous, fur lefquelles nous ne pouuons fonder aucune repartie , ny aucune pourfuitte. On tient icy que Monfieur de Gondy . au partir du GrandDuc,eft allé palTer parVenifc: Ce qui nous fait prefumer que, poflible , il traittera quelque chofe pour ce regard. M on- fieurdcMailTe nousaaulTi aduertisqu ilauoitreceucomandc- mentdè vifiterles Princes d'Italie, de la paitde voftre Maiefté, fur la conioûifîance de fon abfolution , & par rnefme moyen, de negotier certains autres affaires aueceux. Ce que nous auons interpreté,pouuoireftrepourlafolicitatiô de quelque argét. Si nous en eufiions eu vn peu plus de lumière &c de cômunication, nous eulTiôs à l'aduenture,peu procurer que le Pape, fous main, les euft côuiez par leurs AmbalTadeurs, à quelque contribution fecrctte,pour ce fecours de Marfcillc & de la Prouence. Ce qui leur doneroit toute hardieiTe de I'effcc"tuer,&: leur ofteroit tou- te exeufe Se tout prétexte de ie refufer En sôme, pour retourner àce quife doit recueillir de nos negotiations,nous vous pouuos alTeurer que lePape reflent toutes les trauerfes qu i arriuent aux affaires de voftreRoyaume,auec pareille affli&io que vous met iiie,tancpour vn certain amour qui s cft engédré de nouueau en ET NEGOTIATTONS. 39 lny , enuers voftre Maieftë , depuis qu'il a creu l'auoir obligée, que pour l'opinion qu'il a d'auoir offenfé les Efpagnols, lefquels il s'afTcure qu'ils ne l'oublieront iamais, mais s'en vengeront fur luy, ou fur les fiens, quand l'occafiô s'en prefentera. A ceftc oc- cafion, il receut vne douleur incroyable, de la prife de Cabray* tz pour le regard de l'alarme de Marfeille , il y a vn mois qu'elle le tient en vne perpétuelle trifteffe , remarquée &z recognuë icy de tour le monde, tant des feruiteurs que des ennemis de voftre Maiefté. Lemefmevouspouuons-nous affermer du Cardinal Tolet, lequel comme il eft plus vehemcnt,&a plus de liberté' dedécouurir fes panions, à caufe dé la différence du lieu où il eft, fait auffi plus déclat. Il penfa defcfperer de la perte de Cambray , lors qu'elle arriua, & en fit vn dueil public , s'abfte- nat d'aller le lendemain à la Congrcgation,où ilauoit accouftu- mc de ne faillir pointsfeulcment pour ce refpeft. Et quant à l'ap- prchenfion de Marfeille,on ne l'en peut confoler,& principale- ment depuisles dcrnieresnouuelles que nous enauos eues , qui font, que Charles Doria entra dedans le port, le 2.8. de Decem- bre,auec quatre Galères; deliura aux habicans les munitiôs qu'- il leur portoit , auec dix mille efeus diftribuez à Cafau &c au Vi- guier.&: que la clef de la chaifne luy fuft donec, afin de pouuoir fortir du port, ce difoit-il, quand bon luy fembleroit. Toutes- fois que ny luy, ny aucun des fiens, n'eftoient demeurez la nuit, dans la ville , ains eftoient retournez dormir fur les Galères:- mefmes qu'ayant fait inftance qu'il leur fuft baillé vne certaine tour, pour loger leurs hommes, il leur fut refpondu qu'il n'eftoit pas encore temps de penfer à ces innouations : de forte qu'on ne leur auoit donné, ny tour , ny fortereffe : Mais neantmoins'quc le Prince Doria côtinuoit à faire nouuelle prouifion d'homes& de Galères, pour enuoyeràfon fils. Depuis ce temps donc, il a efte en vne perpétuelle inquiétude, ôis'eftlaiffé aller à dire, co- rne il nous aefté rapporté par perfonnesfidelles,qu'ilfaudroit cxcômuniet les Miniftrcs du Roy d'Efpagne, voire le Roy d'Ef- pagne luy mefme , s'il ne fe deportoit de cefte pourfuitte , qui tend à mettre le feu à to ute la Chreftienté. Mais le Pape, qui eft d vn naturel vn peu plus retenu , o utre ce qu'il appréhende les confeils extrêmes, &: les grandes mutaciôs,nefehazarderoit ia- mais à vne encreprifefi auantureufe.qu'auparauantil nevift la. rciinion de laFrâce, bié achcuçc d'eftreindre &c confohder aucc 4o LES AMBASSADES le S. Siège ; & ne fe fentift à bon efeient appuyé &c fouftenu des Princes Tes voiûns. Pourtant faut-il attendre de luy feulement, pour celle heure , les offices qu'il pourra faire auec prat tiq ue &c indu ftric, fans venir à vne rupture manifefte. En quoy certai- nement nous croyons qu'il apporte fous main, toute forte de foin & d'affe&iô. Et pour ceft efFec~t,lc Secrétaire du Légat d' a- uignon, qui nous vint dire A Dieu ,il y a 7. oui iours , partant pour s'acheminer vers fon Maiftre;eftoitdefpechcdefapart. Car il donaàentédrc,qu'il s'en alloit embarquer à Genncs, afin de prendre fon chemin de là par Marfeillc. Ce pendant,d'autant que ces genêt ofitez du Cardinal Tolct, fi elles eftoiét publiées, pourroientpreiudicierauferuicede V -M. nouslafupphôs tres- humblementde ne monftrer que nous Iuy en ayons rien eferir. Il nous fît vn long difeours le iour de noftre derniereaudience , fur l'cflc&ion de eduy qui viendroît après la redd tion de lobe- dieuce, pour tefidericy comme Ambafladeur ordinaire, nous reprefentant que V. M deuoit bien prendre gardeàce com- mencement, d'y enuoyer, non feulement vn homme de grande prudence & grauité maisaufli de grande qualité &c authorité>& qui peuft auec luftre &: fplendeur ,fouftenir la dignité du lieu qu'il tiendroit , & ofFufquer la pompe des Efpagnols : d'autant que celaconfoleroit &: fortifîeroit le Pape,& feruiroit d appuy & de refuge,aux Cardinaux qui affectionnent voftre parcy: Ad- iouftant que ce iour là , il auoit mis la telle à la feneftre , pour re- garder noftre arriuce &: que nous voyant accompagnez de tant de eoches,& de tant de noblefTe Françoife &: I ta!ienne,comme, grâces à Dieu,nous en auos efte très honorablemcntaffiftez en toutes nos audiences, cela Iuy auoit enflé-lc cœur. Il nousditpa- reillement , qu'il falloit que V. M . follicitaft au pluftoft vne b5- ne promotion de Cardinaux,ou François, ou Italiens, nommez par elle, qui refidaffent à Rome , afin que quand il fe dcdlareroic pour que'que chofe importance bien de voftre Royaume, il peuft eftre fuiuy d'eux ouuertement que par la grâce qu ils auroient receuë par voftre moyen , il fuffent obligez de doner la teftebaifTce, partoutoùiliroitpourleferuiccde V.M. Ce qui feroit vnemerueilleufc impreffion en l'efprit des autres , qui fe- roient , ou neutres , ou fauorables. mais timides II nous a fleura aufïï,pour coclufion quclePapeeftoitrefolu d'entioyerleCar- dinai de Florence, Légat en France, donc il fcrcfiouïifoit pour l'amitié ET NEGOTIATIONS. 41 &îacorr«fpondance qu'ils auroient cnfemble:&quequantà luy, il n'cftimoit pas moins eftrc vtiîc à voftre Maiefté, demeu- rant à Rdmc, qu'eftant honoré de la Légation. Ce meime aduis nous eft confirmé de plufieurs endroits, combien que noftre . faindt pere ne nous en ayt encore rien déclaré. Si cela eft.voffcre Majefté ne peut finon receuoir contentement de cefte élection: €arc*eft vn t'es bô& tres-honorable Cardinal, fort afFeâioné à la France,& fort ayme' &C confident du Pape; & au refte, dépé- dant.comme chacun fçait, du Giâd Duc. Le matin que fa Sain- teté ferefolut de prononcer la délibération d'abfoudrc voflrc Majefté,ilalla,àl'inftancedu Cardinal Tolet, la trouuer,ren- courager& fortifier, luy promettant que la meilleure part des Cardinaux l'aflifteroient : & en fome fe porta en ceft a&e, auec beaucoup de prudence,de preud'hommie & generofité. Si toit que nous en aurons appris la conclufion certaine & arreftee, nous ne faillirons pointd'en donner aduis avoftre Maiefté. Ec ccpendantfupplicrons Dieu, SIRE, faire reullirauffi heureufementfes louables defleins, que lefouhaittc, De Voftre Maiefté. De Rome, ce 17. Le tre .-humble ytres-obeyf\am 6* très- de Ianuier, 16 16. fidelie fujet feruttrur. I. Eve sqve d'Evrevx. A R G V M E N T. L'xiuu du V.tpeydcfv épar le Roy, fur les affaires de Sauoye, Les bel- les confident tions & maximes d'Ejiat yde fa Sâincletc : Kt les preuuesde [on affeâton pour le recouvrement de Marf ille, Vimpietêdc Qafau. Les deffeith des l fîtgnols , & la preuentton ffa thté de qaelauoye,& defuppîicrfa Samc"teté,dc vous départir fo» confeil furk conclufion& perfc&ion du traitté:Iuy repre Ten- tant comme par cefte recerche,voftre Maicftévouloit commé- cer à prendre pofleffion de déférer déformais le premier lieu, à foniugemenc, enlaconduitte de toutes fes plus importantes a&ions. Il monftradefe fentirfort obligé Se honoré de ccfcf- pedj&nousrefpôditenfexcufant, qu'il n'auoitpas tant d'ex- périence qu'il defireroit, pour vous affilier de confeil: Se que voftre Maiefté cognoiiîbit mieux l'intérieur de fes affaires, CjUc les autres,qui ne les voyoient quede loin,&: parle dehors:Tou- tes fois, que fi vous pen fiez que l'arfedion qu'il portoit au bien de voftre perfonne , &: de voftre Royaume , peuft fuppleeren quelque forte à ce défaut, il prendroit la liberté de vous dire, qu'il luy fembloit que voftre M aiefté, en 1 eftat où elle eftoit,ne feroit rien indigne de fa ptudence, de conclure cefte negotia- tion. Que c'cftoittoufiours auoir vn ennemy de moins, ïc em- pefcher vue importune diuerfion, pour auoir le loifir de pour- uoirauxautres incommoditez de voftre Royaume. Qujilim- portoit fort pour M arfeillc, qui n'eftoit pas encore lors retour- né fouz voftre authorité , non feulement qu'il ne fuft point afli- fté de ce voifinage , mais encore qu'il euft deuant les yeux, lexc- pie de fes plus proches confederez , & de ceux dot il fe pouuoit promettre le plus pront fecours , qui s accommodoient auec voftre Maiefté, &: l'abandonnoiét. ^ue c'eftoit frapper vn gcâd coup, contre le crédit du Royd' tfpagne, de faire voir que fon gendrerenonçoitaux armes , qu'il auoir prifesfous l'efperancc defaprote&ion. Que c'eftoit vnc leçon pour lesautres Princes^ &: vn manife fte argument de la foibicfTe des Efpagnols , de n'a- uoir pas eu le moyen de défendre celuy qu'ils auoient plus d'o- bligation , pour la proximité de l'a'liance , de conferuer: & plus d'intereft, pour la fituationdefonpays, d'entretenir en guerre auec voftre Maiefté Mais qu'outre toutes ces confiderations,le point qui le perfuadoit le plus, eftoit la crainte que le Duc de Sauoyc fcfentant prelîé des forces de voftre Maiefté', &reco- gnoiflant qu'il nepourroit feul fouftenir cefte guerre, ne fuft: contraint, fi vous le defefperiez maintenant, d'accepter le fe- cours des Efpagnols , aux conditions aufquelles feules ils con- defeendoient de le luy dôner , qui eftoit de s'afleurer de fes pla- ET NEGOTI ATI O NS. 4j ces,& y mettre des garnifons , corne ils le iuy auoicnt défia pro- pofé par pluficuis fois. Ch^fe qui feroit beaucoup plus perni- cieufe à voftre Maiefté, que de les laiflfer entre îes mains d'vn moindre ennemy. Que quant au foupçon , • ue ce traitté fc fift auec le confentement fecrer du Roy d'Efpagnej ileroiok bien que cela eftoit^ mais que c'eftoit vn confentement for- cé, par ce qu'ayant tant d'autres affaires ailleurs, il nevouloie pas s'embarquer en vne fi grande dcfpenfe , comme il eftoit neceflaire, pour défendre à bon efeient, les Eftats du Duc de Sauoyc , fans eftre faifi de quelque gage de la feureté de fes frais : Ce que le Duc de Sauoye ne pouuoit aucunement di- gerer:Et qu'il fçauoitbié qu'il eftoit fort oftenfé des procédures des Efpagnols , tât pour le peu de fecours qu'il auoit tiré d'eux, au prix des grades efperaces qu'il en auroit conceuds, que pour les entreprifes qu'ils auoienc faittes, d'occuper les places de fon pais, fous couleur de les défendre. Que quant aux deffeins d'I- care, lors que Y. M. feroit en eftat d'y pouruoir, elle f y trou- ueroit touhours fur fes pieds , pourafTeurer aucc les armes , les conditions de fon paflagejs'eftantdemeflée de fes autres enne- mis^ n'ayant à furmonter que ce feul obftacle : Et que s'il y in- teruenoit quelque foupçon de mauuaife foy , elle auroit lors le mefmefuiecl:, & beaucoup plus demoien,dc recouurer, voi- re auec vfure , le refte de ce qui luy appartenoit , que maintenat; & principalement ce traitté ne luy mettant rien de nouueau entre les mains , qui le peuft rendre plus fort: au contraire rc- tirantdeluy, désàprefent, beaucoup de chofes dontil eftoit actuellement faifi Que pollïble mefme, les Princes de deça,qui fauorifoientlercftablilîement de voftre grandeur, leferoienc encore plus volontiers, & enreceurcient moins d'ombrage, lorsqu'ils verroient voftre efprit tourné ailleurs, Se que vous nionftreriez pour vn temps, de laifler dormir le foin des entre- prifes d'Italie. Etflnalementquantaufcrupuledelareputatiô, que lors qu'il n'y alloit point de l'honneur de Dieu, ny de l'inte- reft de la confeience, la principale reputatiô des "Princes eftoit défaire ce qui eftoit vtile à leur Eftat : ioint que cefte aliéna- tion mefmement, fi tant eftoit que la fouueraineté en demeu- rait a la Couronne de France , eftoit colorée d'vne honnefte ap - parence de recompenfe & de permutation , &: en efFecT: accom- pagnée d'vn grand accommodement pour l'eftat prefent de F ij 44 LES AMBASSADES vos affaires. Depuis eft fur-uenu lanouuelledelarcduclion dé Marfeillcenrobeïflancc de voftre Maiefté : Sur le péril de la- quelle, comme l'aduis du Papceftoit principalement fondé» aufll ce changement aura peu faire quelque mutation en fon difcours:Toutesfois nous n'auonspoinceftinié à propos de Iuy en parler, afin que fi ce fuccez a apporté quelque nouuellc inué- tion à voftreMaiefté,elle foit toufiours en fon entier, de fc pou- uoir conformer au confeil de fa Saincleté , ou f en departir,felo l'occurrence de fesinterefts. Bien eft il vray que les autres qui ne pénètrent pas fi auant en fes affaires , mais en parlent félon le fcul zele qu'ils ont au progrez extérieur de voftre reputatiô , ne peuuent goufter ceft accord, auec la claufe du Marquifat, & ai- meroient beaucoup mieux vne trefue pour quelques années, afin quevoftre Maiefté peuft àtoutlemoins,au bout de cetéps, rentrer en la pourfuitte de fes droites, qu' vne paix accopagnéc depeue & de honte tout enfemble, &aucc vn ennemy,qui dé- formais par la continuation de la guerre,peut beaucoup plus re- ceuoir, quecaufer dédommage. Neantraoins nous efperons que voftre Maiefté, qui juge mieux fes commoditez , que per« fonne , y procédera auec fa prudéce & profperitc accouftumee. Pourtant nous ilatfTerons ce propos, pour veniràccluy deMar- fcillc Par nos lettres du dix-feptiefme delanuier, nousauions aduerty voftre Maiefté des" difeours qui s'eftoiér panez vn peu auparauant , entre le Pape & nous, pour clTaycr d'aider au faluc de cefte place , Se de ce qui s'en eftoitenfuiuy ,qut eftoit qu'il auoit donné pouuoir à Monfieur le Cardinal de Ioyeufc , lors qu'il partit d icy, d'y emploier en partant, l'authorité de fa Sain- teté : Qujl auoit dcfpefché en Auignon le Secrétaire du Car- dinal Aquauiua, comme nous prefumions, pourlemefmefu- ict. Et finalemen r , q u'il nous auoit promis de faire inftace vers les Y cniticns,& le Grand D uc, par leurs Ambauadeurs,d'entrcr en quelque preft d'argét , aux feruiteurs de voftre Maiefté, pour pratiquer des intelligences au dedans , & entretenir des forces au dehors. Depuis,nous auons entendu que fa Sain£tetc,cncore qu elle y proeedaft couuertement, auoit neantmoins fait faire dettes importants offices pour ce regard, parle Lcgat : figni- fiant,fouz main , au> principaux de ceux qui eftoientreftez das la ville , qu'ils pruTcnt bien garde de quelle façon ils y procede- roient , & que fi par leurs actions ou déclarations , illcurarri- ET NEGOTIATION5. v 45 uoit défaire preiudiceà l'abfolutiô qu'elle auoit donnée à vo- ftre Maiefté , clleen prendroitla querelle, commede chofe qui orTenferoit directement Ton auchoricé , &c ne coucheroit pas moins que de les excommunier. Commequc ce foit , il eft tres- certain que les Efpagnols ont cfte cruellement irritez pour ce fuccez, cotre le Cardinal Aquauiua ils l'auoicnt défia ces iours palTcz, pcrfeeutéàdefcouucrt, en foppofant à la prouifion de î'Archeucfché de Naples, que le Pape luy vouloit faire tomber entre les mains : M ais ce n'eft encore rien , au prix de ce qu'ils fc promettent de machiner contre luy. Quant àTuiftancede l'ar- gent, fa Sainteté, dés le lendemain de fa promeflc, exhorta l'AmbafTadeur de Florence, comme nous l'auonsfçeu parper. fonnes qui l'auoientappris en fecret deluy-mefme , d'en faire la battei ie,dc fa part,vct s le Grand Duc.Ce que nous euflions fo- licité, qu'elle euftaufTuxecuté vers les Vénitiens .-Mais le pré- texte, gracesàDieu, nouseftmanqué, pourlemoinsdecefte part. Cari aduisde Marfeille,arriuéicy levingt-quatriefmedc Feuricr, par vn extraordinaire de Genncs , f eft depuis trouué confirmé , & vérifié d'infinis lieux , aucc vne merueilleufe allc- grefife de Rome, &c de toute l'Italie. Les Efpagnols font defef- perez de ceft accident, & veulent vn mal de mort au Pape , tant pour ce qu'ils croyent qu'il y a fait tout ce qu'il a peu,& ne f eft pas contenté de leur cftrc cotraire aux chofes fpirituelles , mais auffi les a voulu trauerfer aux temporelles, que pour la ioye qu'il en a refTentie, laquelle a efté fi grande , que quelque prudent & retenu qu'il foit,il ne l'a peu diflîmuler. Et à la verité,outre l'in- tereftdela France, de l'Italie, &: de toute l'Europe, encore a- t'il occafion de fc refiouïr pour fon particulier, de voir la iuftice de Dieu tomber fi cuidemment fur la tefte de Cafau ,apres les infolentes & outrageufes paroles qu'il auoit tenues de la Sain- teté. Car comme il le faifoit foliciter , il y aquclquc temps, par perfonnes interpofees, de ne vouloir point vendre fon ame 5c fa patrie, & mettre en combuftion toute la Chreftienté, luyrc- monftrant que voftrexiaiefté auoit obtenul'abfo/ution,& qu'il ne luy reftoit plus aucun prétexte, &: luy offrant, s'il defiroiî, quelques aduantages ou alïeurances, de fe rendremoyenneur enuers elle , pour les luy faire accorder : il rcfpondit à celuy qui luy en portoit la parolc,qu'il n'auoit que faire du Pape,& que le Pape eûoit plus hérétique , que celuy qu'il auoit abfouz. Ce F iij 4<Ç LES AMBASSADES difcaurs ,nous l'auons entendu de la propre bouche du Pape1," qui nous en fie le récit luy mefme, quelques ioursauant la nou- uelludu recouurement de Marfeille. Erafomme, Sir E,pour dire en vn mot,la voix,& fecrette, & publique,de toute Rome, cft que les Efpagnols font très- mal auec le Pape,&; le Pape tres- mal auec les Efpagnols. Aquoy fert encore d'vn perpetuelai- guil'on, pour les irriter, le contentement que fa Sainteté mon- ftre de iour en iour, d auoir des deporteméts devoftre Maicfté. Carfi toft qu'il reçoit quelquelettre de voftrepart, illaliten plein Confiftoire ,auecpa(fion , la loue, & fait trouuer bonnes toutes ces a£tios: Et lors qu'il arriue quelque prof perité àvos af- faires, la communique aux Cardinaux qui luy font familiers, &c f en refioiïit auec eux. Comme auffi au contraire, les Efpagnols, par les menées fecrettes qu'ils font cotre luy,ne perdent vne feu- le occafio de fe rendre plus en plusodieux.il nous aeftéafleuré ces iours paiTez, que pour la defiâce qu'ils auoienr,que le cours des affaires ne le portait, à entrer en vne ligue des Princes de de- çac'eftàc}irc,des Vénitiens, &:du Grand Duc, auec voftre Ma- iefte,pour la libertéde l'Italie, ils auoiétefTaye de prattiquer ôc fuborner les principaux Seigneurs du pays de TEglife, leurof- frant des penfions , & des appointements , pour les engager en leur party, afin de tenir le Pape captif, par l'apprehéfion de n'e- ftre pas alTcuré de fon propre Eftat, &: voyant qu'il feroiten la puiflancedu Roy d'Efpagne, toutesfois & quantesqu'ii luy .donneroit quelqueialoufie , de l'y troubler & reuofter Le Sei- gneur Martio Colonna, a eu la commifiion de faire cefte recer- che,& en a folicité plufieurs,dot aucuns de ceux qui n y ont pas voulu entendre, ont fait le rapport àfa Sain&eté: laquelle com- me depuis il nous aefte rapporté» fur continuation du mefme aduis, voulant rompre ce coup , fcft délibérée de les preuenir, Se d'appointer les principaux hommes de guerre & de coman- demét, qui font en l'Eftat Eccleiîaftique,afin qu'ils fe trouuent toufiours retenus , pour laferuir aux occurrences , & entre au- tres , a commencé par les Seigneurs Mario Farnefe, &c Francef- codel Monte; aufquels elle a denouueau donné prouifionfc entretenement. Voila la bonne intelligence qui eft entre lc Pa- pe & les Efpagnols,fur laquelle,pourueu que V. M. continue le foin & le refpect enuers celle Court, qu'elle a commencé, nous aupns toute occafioi) de luy promettre que dans peu de cemps, ET NEGOTIATIONS. 47 tïïc appreftcra autant d'exercice au Roy d'Efpagne en Italie, comme il luv çn a donné en France. A quoy feruira beaucoup, Ci elle fe peut refoudre - fi toft: qu'elle en aura le moyen, d'efqui- per& entretenir quelque nembre de Galères, pour petit qu'il ioit,à Matfeille, afin d'incommoder la communication d'Ef- pagne^ d Italie. Car en ce faifanc , ils ne pourront enuoyer. par deçà aucun argent , aucunes lettres de change, aucun cour- rier important , qu'ils ne l'accompagnent d'vne arraee , auec dcslongueurs, & des frais infupportables. A4 ais fur tous les autres foins , celuy qui peut déformais le plusfauorifer lefer- uice de voftre Maiefté , en ces quartiers , eft qu'elle fe rende vn peu p us curieufe de laconferuation de fa perfonne, & ne fex- pofe pas fi librement aux périls , & principalement maintenant, que le prétexte en eftantofté, il femble que c'eft tenter Dieu, que de f y prefenrer fi fouuent, &: fans necefllté.Il ne vientrou- uelle par deçà, des hazards qu'elle court, que toute Romc,voi- re toute l'Italie ne tremble Ce qui outre la terreur qu'elle don- ne àfesferuiteurs, & l'e'fperance Se obftinatiou , en quoy elle entretient fes ennemis, apporte encore vn grand preiudiceà fes affaires : Dautant que les Princes d'Italie craignent de f em- barquer, ouparpreftd'argent,oupardeclaratiortouuerte,en la focieté de fa fortune: par ce, difent ils, qu'il nefautqu'vn mal- heur,pour faire qu'elle vienne à leur défaillir tout d'vn coup, de garant, & que cependant ils demeurent deiïaifis de leur com- modité, &; engagez en la haine d'vn grâd ennemy, fans retTour- cc, &c fans protection. Le Cardinal Tolet, à noftre précédente audience , nous afferma qu'il auoit elérecerche'de lapluf parc des princes de deçà,pour foliciter fa Saindcté,devous remettre ces confiderations en auant , &: vous prier d'eftre plus foigneux déformais de vous conferuer:toutesfois qu'il aduanceroit de faire ceft office luy-mefme immédiatement, & fans y emploier rinterpoficiondu Pape, dautant qu'il ne vous aimoit pas moins, que faifoit fa Saindeté. Et pourtant qu'il nous couioit de vous en prier inftammét en fon nom,& de vousreprefenterquede vpftreconferuation ne defpcndoitpas feulement le falutd vn fi grand Royaume, comme celuy de France, mais qu'aujour- d huy toute la Ghreftienté auoit les yeux iettez fur vous. Ce que nousluy promifmcs d'accomplir à la première commo- dité. Nous nous en acquitons donc maintenant > par la 48 LES AMBASSADES condufion de cefte lettre : Et fi le peu de feruicc que nous auos fait àvoftreMaiefté,laquelle elle a daigne moftrer. dauoir agrea- ble,plus par fa bonté , que par noftre mérite, donne quelque ac- cezen Ton endroit , à nos très humbles & cres-ardentes prières, nous les y adiouftons encore, pour la conuier auec toute reue- rence, qu'il iuy platfe accorder cefte grâce aux vœux de tant de peuples , qui ne fubfiftent , Se ncrefpircnt que par la feule con- feruation de fa perfonne , laquelle finalement nousfupplions Dieu, &c. ARGVMENT. ' Il reffentla faueur fdittri Monfteur d'Offat jcomme fil l'auoitreceue luy-mefme^ (y en exalte l'aÛio, (çp pour le mente de la perfonne pour J'ext mple& U confequence, AV ROY HENRY LE GRAND. IRE, Auec la lettre que i'efery en commun à voftreMaieûé, i'ay eftiméluy deuoir en- core particulièrement addrefler cefte cy, pour luy rendre grâces de la faueur qu'el- le a faitteaMonfieur d'Oflat, de le nom- mer à l'Euefché de Renés. Car outre ce que vous ayâr pieu me le donner pourad- ioint, en l'exécution de voftreferutce, iepenfeeftrcaufti con- ioinc>ement obligé, en lagratificatio qu'il en reçoit; il m'a fem- blé d'ailleurs que cefte libéralité de voftre Maieftc mentoit d'e- ftre louée, & remerciée, auec certaines particularitez , que la modeftie dont il fait profeflion , ne luy permettoit pas de tou- cher, le diray donc véritablement à voftre Maiefté que de lôg- temps elle n'a fait action, qui ayt donné meilleur odeur de tes a£tion5, à Rome, Que cefte-cy , &; dont non feulement l'aproba- tion, mais laloùangeaytefté plus vniuerfelle. Ellea fait reco- gnoiftreau Pape, & à toute l'Italie, combien elle tenoitcherc lagrace de fareconciliatiô. Elle a tefmoigné par ceft eiTay com- bien elle fepropofoit déformais , d'vfer dignement dcl'autho- tité qu'elle a . de nommer aux dignitez de l'&glife, ayant fait ehoix d vue perfonne fi pleine de doctrine &: de pieté. Ellea monftré combien elle fe fçauoit fouuenir à propos, de ceux qui laferuent ET NEGOTIATIONS. 4* lafcruentauloin; &quc Wmportunité des prefcnts ne rauif- foit point de fes mains le prix & la recompenfe deuë au méri- te des abfents. E t en fomme , par ce fcul bien-fait , elle a obli- ge d'efocrance, tous fes feruitcurs, qui fe promettront doref- nauant, en faifant lesmefmesdeuoirs,dcreccuoirlesmefmes remunctations. Le Papeenareceu vnetres-grande fatisfa&io: Et au lieu qu'en vne autre pcrfonac.il euft fait poiïible quelque difficulté, pour la prétention qu'ils ont par deçà , qu'il faut que les Roys de France prennenrvn Induit du Siège Apoftolique, pour nommer aux bénéfices de la Bretagne,à caufe qu'elle n'eft point compi îfc dans le Concordat \ il a fort volontiers embranc Se quelle peine il y a maintenant à tirer de l'argent de la Court , Se mcfmcment pour les abfenrs. Mais i'efpere en la protection de voftre autho- rité , qu'on y aura quelque cfgard à mon retour ,& qu'on ne voudra pas , pour mon premier cflfay, que ie fuccombe fous le faix. H y a encore eu vn autre arreft qui m'a retenu ,afça« uoir, la longueur en laquelle le Papcatirc madefpeche, me remettant de femainc à autre, pour faire couler le temps, com- me ie croy , iufqu'à la venue de Moniïeur de Luxembourg. C,ar il fembloit qu'il ne vouloir pas que i'absndonnaiTc la pla- ce , auant qu'il fuft arriué quelqu'vn de la part du Roy , de l'affection Se gratitude duquel, il prefumoit que ieluy feruif- fe icy , pour le moins en l'opinion du monde, comme d'vn ga- rant Se d'vn hoftage. Et, certes, i'eftime que maprefencey a efté, non feulement vtile, mais necefTaire : le ne diray poinc pour confoler l'cfprit du Pape , Se relcuer le courage de nos amis , durant l'incertitude detantdcdiuersiuccczrmaisàtouc le moins, pour fouftenir auec quelque apparence extérieure, le nom Se la réputation des affaires de France , en entrete- nant les audiences publiques; Se pour monftrer en fomme, que nou* n'auions pas quitté la partie à nosennemis. Ileft vray que ce tefmoignage vous fera rendu plus à propos , par d'autres , que par moy: Et pourtant iechangeray de difeours, pour vous dire que Monfieur Cornaceft icy de la part de Mon- fieur de Mayenne, lequel incontinent qu'il fut arriué , me vint vifiter, Se nous pria Monfieur d'Oflfat& moy , de Iuyprefcri te comme il fe deuoit gouuerner en celle Court , Se de luy procu- rer audience defaSain&eté. Ce que nous fifmes à la première occafion. Le Pape , depuis nous dit , qu'il s'eftoit fort bien por- té en fes propos , pour cequiconcernoitlerefpcâ:, l'honneur &leferuicedu Roy. Dont nous auons penfé vous dcuoirad- uertir, comme auifî d'vne lettre que nous vifmcs , qu'il receut de Monfieur de Mayenne, le iour de deuantfon audience, par ET NEGOTIATIONS. T5 laquelle il luy efcriuoit , qu'il fe fentoit fi content Se obligé , de la façon dont le Roy le traittoit , qu'il ne le pouuoit exprimer. Voila tout ce que ic vous toucheray pour cefte heure , des af- faires du monde. Quant aux autres, ievous donneray vn ad- uis , qui me vient d'eftre apporté tout maintenant, quieft que Monfieur de Mercœur , ayant enuoyé demander l'Abbaye de faindt Laurent de Rocon,auDiocefe de Vanes, en Bretagne, pour l'Euefque de Vanes mefme ; le Pape n'y a pas voulu en- tendre, & neantmoins , pour conferuer la prétention que le fiegc A poftolique a en cefte prouince, iufques à ce que les Rois ayent pris l'Induit, l'a conférée à Monfieur Serafin , efperant que le Roy y confentira volontiers. Son mérite , comme vous me l'aucz appris vous mefme, Monfieur, eft fi fauorable, que le Roy peut en fa perfonne, accorder la contrariété des préten- tions, &: monftrcr tout d'vn cou p,d'auoirconfcruéfon droit, d'auoir compleu au Pape , & d'auoir obligé vn de fes plus affe- ctionnez feruitcurs, qui pour lcspreuues qu'il a rendues de fa fidélité, a efté mal recogneu par nous ,&perfecuté par nos en- nemis. I'ay encore à vous dire, qu'il y a quelque temps , que f m'ayant efté apportées céans quelques pièces de taphTerie, ohl eftoient les armes de France, ic les fis faifir , & priay Monfieur d'Oflat de vous en enuoycr la defcription,afindefçauoir de vous comme ic m'y deuoisgouuerner. Depuis ,1c marchand chez qui elles auoient efte prifes, m'a apporté vn acte des No» taires d'Anuers, par lequel il eft attefté qu'elles y auoient efte vendues , fous l'adueu de Monfieur de Mayenne , auec plufieurs autres meubles de la Couronne ;&c prétend que parles articles de l'accord faid auec le Roy , toutes fes ventes font authori- fecs. Pourtant ay-ie cftime à propos , de vous en enuoyer vne copie du fu'fdita&c , afin que vous puiflicz-làdefTus man- der voftrc volonté. Vous la ferez fçauoir à Monfieur d'Of- far, s'il vous plaift. Car quant à moy,iefpere, Dieu aydant, eftre en ce temps - là auprès de vous , pour receuoir en per- fonne vos commandements , 6c vous protefter de bouche que ie fuis, Monfieur, &c. G iîj 54 LES AMBASSADES A R G V M E N T. S* acheminant pour s'en retourner e» France* il fe loue de Fhonor M* rec ptio» qui luy a, eilè faitte «■ sAncone , & aux autre > lieux où il a p*f]é: Prie mjiamment Monfieur d'Offat , Euefque de Hennés y aucc lequel il auoit contracté y ne particulière amitié , d'en youloir baifer les pieds à fa Sain&eté ,& en remercier Monfieur le Cardinal ^Aldobrandintattendant que luy-mefme s'en puijje acquitter : Et regrette de riamir peu yoir Mon- fieur le Cardinal Tolet le iour defon partement. A MONSIEVR DROSSAT., EVESQVE DE RENES* Gonfeiller du Roy , en Ton Confcil d'tftat. ^Ô'Tft O n s i ë v R , Nous fommes arriuez grâces à Dieu , livwfip heureufement en cefte ville d'Ancone , où nous auons jfStëffi efte reccuSj&aux autres lieux ou nous auos paiTcsauec tout l'honneur qui Te pouuoie , non pas feulement délirer , mais imaginer. le vous fupplie d'en baifer très hurnblemëc les pieds à fa Sain&eté,& de remercier auec toute voftre induftrie, Mon- fieur le Cardinal Aldobrâdm , du foin qu'il luy a pieu prédre de le commander fi inftamment , & des fauo ables& affection- nées lettres , qu'il s'eft daigné en eferire : l'affeuranr que comme ie me recognois du tout incapable de porter la moindre partie d'vne fi extraordinaire obligation,auffii'auray recours au Roy, a qui elle touche entièrement , pour y fuppléer , & ob tenir que fa Maicftê s'en acquite,& m'en defcharge,cn luy rédant les plus célèbres a£tios de grâces, def quelles elle fe pourra aduifer,&ad- iouftant cefte debte à celle de la reftauration de fon falut , & du bon-heur de tout fonRoyaume,dont elle luy eft ,pour vnc fi gra- de part, redeuable. Ileftbienvray que l'impatience de tcfmoi- gner le renentiment que i'en ay ,ne me permettra pas d'attendre à luy en faire demoftration, iufqu'àce que ie fois arriuéen Fran- ce.Car fi toft que ie me verray en lieu, où i'auray le loifir de met- tre en ordre ce peu d'Italie que i'ay appris , comme i'efpcrede le pouUiurfaircàFlorecejieprédray lahardicfle deluyrepre*éter moy mefmejparvnmotd'efcritjaueccobiendegratitudejd'hu- milité & de reuerence,ie reçoy les fauenrs qu'il lui plaift faire au Roy, enla perfonne d'vn fié fi peu qualifié feruiteur. C hole que i'executerois dés icy ,n'eftoit que le feiour que l'y fay,eft fi court,, ET NEGOTIAT IO N'S. y? & l'vfagc que i'ay delà langueIralicnne,encorc fi mal confirmé, que ie crandrois , n'ayant pas alTcz de temps pour y bien penfer, de mefler des erreurs en vne a&ion de grâces, où iedefirerois eftre tout Ciceron,& tout Demofthenc, pour m'en expédier di- gnement. le vous fupplie aufli voir Mrle Cardinal Tolet,en ma faueur;&: ielon voftre courtoifie accouftumee, vouloir transfé- rer fur vous l'erreur que i'apprehéde d'auoir faitte , de ne l'auoir point veu le iour de mon parlement, comme il vous pleut alors me promettre de vous charger tout cnfemble,dc cette exeufe Se dc.ee pechc. Car encore que i'eufîc eu l'honneur de luy baifer les mains , &c prendre congé de luy feul,le Lundy auparauant , à caufe que Meilleurs les 1 1 lu ftri filmes neueux. n'eftoiet point au PalaisrToutesfois eftant depuis retourné le Mercredy,pour leur dire A Dieu,i'cfperois par mefme moyen.aucir encore le coten- tement de le voir. Ce que ne pouuant obtenir ce iour là,à caufe qu'il eftoit plus tard lors que ie forty de chez Mr le Cardinal Al- dobrandin, qui me donnoit mes defpefche$,que ie n'auois pen- fé,ie remis ce deuoir au lendemain matin, auquel quand ie fus preft de monter en coche pour l'accomplir, vous me reprefen- taftes qu'il eftoic lors en la congrégation de rinquifition,&: qu'- il nveftoit impoflîblc de parler à luy , vous constituant pleige te cautio de cette dcbte,& me promettat de luy faire mes exeufes, fi i'auois efté contraint par la défaueur de fon abfcncc , de m'en venir , fans auoir encore ce bon-heurdcle voir en partant , qui nVcuft feruy,certes,d'vne très- grande confolatio pour tout mo voyage. le vous prie donc, Monficur,me vouloir obliger de ccft office , & l'afleurer que ie party d'Italie , auec vne telle im- preffîo de fa valcur,de fa bôté Se de fa gencrofir c,qu'ïl n'a iamais eu difciplc.ny feruiccur,qui fçache mieux que moi,no pas (cule- mét admirer, mais célébrer & publier fa vertu & fon mérite: Ec que fi toft que ic feray en Fracc,ie luy temioigncray,auec l'aide deDieu,qu*il n'a point femé tat de graces,defaueurs &C de cour- toifiesen vne ame ingrate , & en vne terre ftenle , mais cn.vn ef- prit quiles fçaura faire fru£tifier,à fa gloire Se à so contentemét. S'il luy plaifoit , pour m'aider à l'accoplir encore auec plus d'ef- ficace, m'honorer d'vne nouuelle lettre, de deux ou trois lignes, au Roy ,do t ie fufle moy-mefme le porteur; ce me feroit vn grâd accroitfcment d'obligation. Car toutes les autres qu'il luy a pieu mettre entre mes mains,ieles ay enuoyees par ceux qui sot 5 n lien de feureté. Dont il luy rend grâces ire -humbles, par le retour de celuy qui en cJJotr le Conducteur. H S* LES AMBASSADES A M0N9EIGNEVR LE DVC DE LORRAINE. ONSE I G NE VR, le m'eftimerois indigne de f honneur donc il vous a pieu m'obliger.de me faire aftifter Se conduire fi heureufement iufques icy,fiie ne vous en redois vn mot d'action de grâces, par cefte lcttrc,& ne vous renouuelïois au mefme temps, en recognoiffance de cefte fa- ueur,le vœu queie vous aydcjafait ,de ma très - humble Tcrui- tude. Môfieur de la Route, qui eneft le porteur,&: qui a accom- p/y auec tant d'arfe£tion,le commandement qu'il a pieu àvoftre Alteflèluy fairepour moy,luy témoignera auec combien de reffentiment &:de dcuotion.iereuere la mémoire de ce bien- fait^ combien ie me promets de le reprefenter viuement au Roy, pour obtenir qu'il en rendea voftre Altefle, les remercie- ments dequoyiefuis entièrement incapable. Monfeigncur,ie prie Dieu la conferucr longuement & heurca- femenr, Sec. ARGVMENT. Le foin que ce P rince auoit eu , de commander au chef de fon efeortet qu'il C accompagnxft fixement t & iufques ou il luy pUiroit, ejî fuiuy de toutes fortes de demonjlrations d'obligation & de recognoiffance. A MONSEIGNEVR LE DVC DE BAR. MOnseigne vr, Monfieur de ia Route a eu tant de foin d'ac- complir dignement le commandement qu'il vous auoit pieu luyfaireen ma faueur, qu'ila eu agréable de me rendre iufques en lieu où ie peuflecftimereftre en parfaittefeureté, pour acheuer lercfte démon voyage. Ceft vne faueur fi grande, queiemefents en- tièrement incapable d'en rendre les grâces qu'elle mérite, àvo- ftre|Exccllence. Et pourtant mon feul refuge fera d'auoir re- cours auRoy, S>C lefupplicr de transférer cefte obligation fur luy, comme chofe qui le regarde principalement. Cependant, pour ne demeurer point entièrement ingrat en mon particulier, i'ay pris la hardieffe de vous tefmoigner par ce mot d'eferit, vnc partie durcfTcntiment que i'cnay, «Se vous obliger, pourreco- gnoiflanec d'vne telle grâce, ma tres-humblcfcruitude, delà- ET NEGOTIATIONS. 55> quelle fi vous ne recueillez autre fruit, pour le moins receurez- vousccftui-cy,queieprieray Dieu continuellement,-- Monfeigncur, qu'il vous coferue &: maintienne , en toute prof- pcritcôd félicité, Sec. ~1^~GV1â E NT. Cf Bref, dont ïlefl honoré pur le Pape , lors de la Légation de Monfieur le CW//1.1/ de Florence ,efl plein de l' ajfeâton defa Sainfteie, en fan en- droit, ejr de F eflime qu'elle fait de fa ycrtu. TENERABILI FR. IACOBO EPISC. EBROICENSI, Clemens Papa VIII. . (< EnerabilisFrater, falutem &C Apoftolicambene- di&ioncm. Quasnoscaufaeimpulerint ,vt ex no-^ ftrolatere ,&exampliflimo Cardinaliumordine," Apoftolicum Legatum in Galliam mitteremus, < nihilnecciTe eft rraternitati tuaefufiùsexplicare,^ quarintimos fenfusnoftrosnouit,&:paft orales curas cordi no- ftro penitùs infixas , de nobiliflimi Regni Gallise falute. Ea-C< dem Chrifti charitas , idem paternus amor erga chariflîmum** fllium noftrum HenricumRegem Chriftianiffimum, idemze « lusDei, qui cor noftrum fempercomedit:nunc quoque vrgetSedem refurgat&reflorefcat. Cçteraidemnoftcr Apoftolicus Legatus Cardinalis,copiofms tibi narrabitreui in omnibus can- "dcm fidem habebis,quam nobis ipfis habebas, cùm tecum prje- Vfcntesloquebamur. Te Frater, gerim9 in corde, & in vifeeribus >: Chrifti, tui memores fiimus; multa femper cum voluptate, tua „do&rinam, morum fuauitatem, tuumafpe&um, prxfentem habemus =te in Domino comple&imur , tibique, vt hic folcba- mus, fpiritu etiam praefenti, paterne benedicimus. Datum Ro- ,,ma*,apudfan£tum Marcum fubannulo pifcatoris,diex.Maij, "M.D.xcvi.Pontificatusnoftri, annoquinto. 9, SlLYIYS AnIONIANVS. ARGYME Nï. Vourl'ajjeurerde plut en plut de fabienueillance, le Papeluy enuoye cejl autre Bref , qui luj eft rendu par le Nonce de fa Saintleté. VENERABILI FR. IACOBO EPISC. EBROICENSI, Clemens Papa VIII. Enerabilis Frater , (alutem Se Apoftolicambe- nedi&ionem. Quo plures paterni amorisnoftri erga Chriftianiflîmum Regem fîlium noftrum chariflïmum, fignificaiiones damus, eb maiorem animo voluptatem capimus. Sed & illa cohorta- tio Domini nos admonet, atque vrget,qui nos immeiitos fuper "familiam fuamconftituit,rt in raelTcm iftam ampliflîmam,ope- "rariosmultosmittamus. Quamobrem prêter a poftolicum Le- jîgatum Cardinalem , à latere noftro miflum , Nuntiumetiant „ A poftolicum noftrum, &huius fan&a: Sedis, vt mos eft , mit- tere placuit , vt tantb plures in agro Domini excolendo,& tan- tbfru&uofiùslaborent. Isautem eft Venerabilis Frater, Fran- "eifeus Gonzaga Mantuanus, ob familial fplendoremtibifatis »notus:fedeius cette virtutes Se Epifcopalis orîicij laudes, tam ,>infigncs funt, vtgeneris etiam nobilitatem illuftrent. Nos il- ET NEGOTI ATIO NS. ^ 61 lum valdcamamus, Se plané confidimus qubd chantas Chri a 1H fcraorum ac voluncatum fimilicudo, Se cadem vocatio &<< vica* innocentia, &zelus paranimarum., arcto vosarnoris vin-« eulo, ftatim in Domino conftringet.Quod nobis periucundum cric, &: regno ifti, ad Dci gloriam, falutare. Nihil enim validius, nihil Sacana: formidololius , bonorum confenfu , pra?fertim'f Epifcoporum, in quibus Chriftus Dominus inhabitat. Peti f< musàtuafraccrnitarCjVtcidemNuntionoftro.in omnibus quçcc noftro nomine te eu m communicabit, cumulatam femperfî-<( demhabcas , ineo pra;fertim quod ad noftramerga te volunta- tem Se bcncuolentiam teftificandampertinet: quamquamhoc. oueftoit Monfieur le Legar, aflïfbé auflTi de plufieurs Euefqucs,. & autres Prélats François 3 &c le vint trouuer en fon logis , auec «6 LES AMBASSADES vn applaudiflemcnc merueilleux , & vneallegrcfTe incroyable de toute la compagnie- De vous reprefenter ce quifepaffaau commencement de leur cntreucuéjC'cftchofe que vous appré- drez d autres,plus particulièrement que de moy,par ce que m'e- ftat trouué vn peu mal ce matin là, i'y arriuay qu'elle eftoit défia fortauancee. Seulement vous diray-ie,que fur la fin, fa Maiefté nVapperceut,& m appcllapour luy feruir d'interprète, ayât fait l'office iufqu a lors, Monficur de Frefnes.Secrctaire d'Eftat. Pé- dant lequel temps, tous fesdifeours ne furent que de l'obligatio qu'il auoit à faiain&eté, &: du feruice qu'il defiroit luy rendre en eontrefchange. Pu is côme il m5 toit à cheual, il luy pleut me dire le contentement qu'il auoit receudeMrlcLegat,dontil eftimoir tant la boté, la douceur la modeftie,&: Ihonnefte gra- uité i qu'il luy fembloit,&:à tous ceux qui eftoient auec luy, que c'eftoit vn Ange , & non pas vn homme, quileureuftefté en- uoyé. Orfienceftc occafion i'ay fait chofe agréable àfa Sain- teté , &: à yous , Monfeigneur Illuftriffime , l'en recueille deux fruits tout àla fois: L'vn, de m'eftre acquitc d'vn deuoir que i'e- ftime fort important à la Religion , ne doutant point que celle déclaration du Roy, expofee à la veu'ë de toute l'Europe , n'ap- porte grade édification aux ges de bien, & ne foit vne leçô tres- expreffe à tous fes officiers , du refped qu'il entend eftre déféré déformais, par eux, à l'Hglife, & au S. Siège : L'autre , d auoir en celte partieaucuncmentaccôply la promette que i'auois faite à noftre S. Pere,&: à vous, que Ci toft que ie ferois arriué enFrance, il s'apperecuroit que ma venue auroit adioufté encore quelque chofe,au bien des affaires Et en sôme , d'auoir tefuioigné par ce petit tribut de maferuitude , que i'ay vn vifrefTentimétdes fa- ueurs.que no feulement la France en gênerai, mais auifi moy en particulicr,ay receuës,parvoftreinterceiïl6,defaSain£tecé.Sa- medy dernier,fur quelques difficultez que faifoiét Meifieurs du Parlementjtouchâc la verificatiô des facultez de Mr leLegat,la- quelle ils tiroiet en lôgueur, pour y apporter diuerfes modifîca- tios cotraircs à fon intentiojleRoy, après plufieurs autreluffios, leur efcriuit des lettres pleines d'authorité , leur déclarât qu'il a- uoit tant d'obligation au Pape , &aymoit & afte&ionnoit tant Mr le Lcgat , qu'il vouloit abfolumét qu'ils paffaffcnt par deffus toutes fortes de difficultez,&: verifiafsét s5 pouuoir, sas delay Se fans aucune rcftri&ion. Ce qui fut,par mefme moyen, à l'inftac ET NEGOTIATIONS. €7 effectué. De forte qu'hier,cnuirô les 3. heures après midy, il en- tra en cède ville de Paris , Mrle Prince de Condé , que le Roy auoit kit venir exprés de S. Germain pour aller au deuâtdeluy, leftât aile recentrer iufques à 4. ou 5. milles d'icy,&:Mrde Mont- penfier , quant Se quant , comme aufïî tous les Ordres , tant des Euefques Se du Clergé , que des Parlement , Chambre des Co- ptes,^ autres OrHciers&Magiftrats de la ville, auec vne qualité incroyable de peuple, Se vn applaudilTement nomparcil. Mon- teur le premier Prefident accepta la dépuration qui auoit efté faitte de faperfonne,parlecorps du Parlement, pour luy aller porter la parole de fa bien venue Ce qu'jl accomplit fort hono- rablement, Et quant à moy , qui defirois plus que perfonne3me trounerà cède ioye publique, pour l'acheminement de laquel- le il auoit pieu a Dieu fe feruir de moy en quelque parce , ie fus fi défauorifé,que d'eftre priué du bô heur d'y aflifter3par ce que leSamedy au foir,deux de ceux qui auoient la principale charge de conduire Monficur le Légat , me mandèrent par deux lettres exprefles, en vne maifon d'vn de mes amis,diftante dej. milles de Montlhery, où ie m'eftois retiré, àcaufe d'vn peu d'indif . pofition,quc Monficur le Légat auoit remis à faire fon entrée au Lundy^quiertoitauiourd'huy. Defortequeie perdy cefpe^ ctacle tat defiré de moy,po{ïible pour le bié de ma fanté,de peur que le trop de ioye Se d'émotion,n'y apportait vn plus grad pre- iudice. 1 1 cfb vray que fiDieu m'a voulu dernier ce contentemét, il m'en auoit vn peu auparauâtenuoyé vnfi extraordmaire,que ie pouuois bien prendre en patience qu'il fuft tempéré puis après par quelque cfpecc d'affliction. C'eftle Bref qu'il a pieu à faSamclcté m'addrefler par les mains de MrleLegat,lcquel cft tant plein d'arîe&iô Se de tefmoignage de biéueillance, qu'il me fait honte Se honneur toutenfemble. le n'ofe encore prendre la hardieffe d'en baifer les pieds de fa Sain&eté, par vn mot de ref- ponfc, iufqu'à ce que les efprits me foient vn peu reuenus, ayant efté tellement rauy & trafporté hors de moy-mefmc,par l'cxcez de cefte faucur , que ie n'ay, ny conceptions , ny paroles dignes de l'en remercier. Pourtant i'auray recours à vous, MÔleigncur UluftrifCme,&: vousfupplieray , vousqui m'auezprocure'cefte grâce, & toutes les precedétes quei'ay receues, que corne vous auez efté le moyen de me les impetrcr,vous le foyez aufli, que ie ç'ca demeure ingrat: C'eft à dirc,que comme il vous a pieu d'en 68 LES AMBASSADES faire îa folicicatipn pour moy, il vous plaife auflî d'en faire le re- mercicmet.I'ay receu encore au mefme teps,vne lettre devous, dont ic vous baife tres-liumblemcnt les mains, tant pour la fou- uenance que vousauez daigné auoir de moy , que pour l'hon- neur qu'il vous a pieu me faire, de prendre poileïîion de ma fer- uicude , en me commandant Tauois défia preuenu, auant que de la receuoir, l'office dont elle me chargeoit , pour m onficur le Cardinal de Giury , reprefentantàfa Maieftc l'intention de fa Sainteté , pour ce regard , qui eftoit de ne laitier point en cefte promotion la France fans gtatificatio fpeciale. Ce que ne poll- uant accomplir ouuertemcnt , pour ceux que fa Maieftc deli- beroit de luy demander , iufqu à ce qu'elle en euft fait elle-mcf- me la recherche, elle en auoitchoify vn , qu'elle fçauoit par ex- périence , luy eftec affectionne , & que ie cognoiffois moy- mef- ms eftre tel,lequel feroit toufiours dans le College,vne voix ac- quife à laFrance. Il me refpondit que plufieurs efprits feditieux, &ï d'vne part,&: d'autrc.s'eftoient refucillez là- defïus,&auoient pris occafion de dire , que le crédit de ceux de la Ligue n'eftoit pas tant cfteint à Rome,commc l'on publioi't par deçà, puis que leurs recomendations auoient eu tel pouuoir , &: que l'on cou- ronnoitleur AmbafTade de cefte recompenfe: Toutesfois que pour l'amour 5c le refpe& du Pape, il pafîcroit en cefte occurre - ce,par deffus beaucoup de chofcs,qui auoient doné du defgoufl: à fes feruiteurs,& du fuiet de triomphe à fes malucillants. Quat aux autres commandcméts,dont fa Sain&etc,& vous, m'hono- raftes à Rome , ie feray contraint d'en différer encore pour vn temps>l'execution: c'eft àfçauoir,iufqucs à ce que le Roy, &c Ton Confeil,foientvn pcurafTemblez. Carfa Maieftc', après auoir veu Moniteur le Légat , s'eft allé retirer en vn Palais des chaps, pour quinze iours ou trois femaincs, par commandemét exprès des Médecins , qui le menaçoient ineuitablcment , au mois d' Aouft,d'vne Heure continuë,s'il ne la prcucnoit,en fe purgeai Il n'aura là aucun homme d'affaire aucc luy,eftant le Confcilar- refté à Amiens, St Monfieur de Villeroy , qui a la charge des af- faires d'Italie, pareillement. Monfieur le Légat, d'autre cofte, refteraicy,iufquesàlafortiedu Koy. De forte que les voyants ainfi efeartez, i'ay penfé à propos de prendre ceft interuallc,quc icnepouuroisauoir lors qu'ils ferot reunis tous enfemblc5pour m'en allct faire vn tour îufqu'à mon Euefché , afin d'y eftablir ET NEGOTIATIONS. 69 quelque commencement d'ordre, après tantdcdefordres ; Se meccre mes affaires en tel ettat , quz raci UiuueAima puilTcntpa- tir mon abfcnce , auec moindre incommodité, pour le moins durant ces trois ou quatre mois prochains , que i'efpere doner à l'exécution des commandements de fa Maiefté , & des voftres, defquels ic fuis te feray toufiours aufli ialoux &: religieux obfer- uateur , comme après vous auoir baifé tres-humblement les mains, ie prie Dieu, Monseignevr Illvstrissime, vous combler de toutes fortes de félicitez, De Paris, ce 24. Vofire tres-humble , tres-affeâionné & Iuillet) l$96- tres-oblige feruiteur, I. Evésqjve d' Evrevx. A R G Y M E N T. N'ayant eu par les chemins de [on retour , aucun important aduis , qui mentait dt luy eftreefcrtt , il n* point -voulu fe prefenter deuant Itty par fes lettres , iufques a maintenant , qù 'il luy mande , tant ce qui s'eflpafje * la vérification des facultezje Monfieur le Légat , quafareception ; (9* V exhorte de continuer la magnanime coufiume qu'il a prife , d'obliger fa Matcfié. A MONSEIGNEVR L'ILLVSTRISSIME ET Reuerendiflîme Cardinal T olet. A Rome, Onseignevr Illvstrissime, Si l'ay cfté plus tardif que ie ne defirois , à vous ren- dre ce deuoir de ma tres-humble feruitude , la feule caufe en aefté le rcfpe& que ie porte à voftrc vertu &: à voftre di- gnité : quiafait que comme il n'eftoit pas permis de fe prefenter deuant les Roys de Perfe les mains vuides ; ainfi ie n'ay ofé co- paroiftre par mw lettres deuant vous, pendant que i'eftoispar les chemins , pour n'auoir durant ce temps-là , aucun vay & important aduis de nos affaires , que ie vous puiiTc donner. Maintenant queDieu a voulu que i'aye feruy finon d'autre cho- fe , à tout le m oins de fpedtaceur aux honneurs qui ont cfté faits I iij 7o LES AMBASSADES àMonfieurle Légat; i'av penfé queie vous cndeuoKr^nJrc conce, par celte occalion , côme des fruits d'vn ocuure que vous auez pris tant de peine à cultiuer. Le Roy donc nefe contentât pas d'auoir enuoyéau deuantdeluy diucrs ambaffadcs de com- pliment, tant d'Euefques , que de Seigneurs feculiers , voulut s'y tranfporcer en perfonne &: l'aller rencontrer luy mcfme, vne bonne iournee d'icy , accompagné de quarante Seigneurs prin- cipaux; entre lcfquclseftoient , Meffieursles Ducs de (vlonc- pcnfier.de Mayenne,& de Nemours.Monfieurlc Marcfchai de BriflfâCjMonfieur le grand Efcuyer,&: autres tels perfonnages de qualité. Puis le lendemain , fur plufieurs difficultez que Mef- fieurs de la Cour de Parlement faifoient , de parler à la verifica- ci5 de so pouuoir , pour y vouloir apporter diuerfes refttictior.s contraires a fon intétion; fa Maiefté leur cfcriuit des lettres plei» nés d'afte&ion Se d'authorité , leur déclarant qu'il eftoit tant o- bligée à fa Sain&eté, &aymoit tant la perfonne de Monfieur le Légat, qu'il vouloit qu'ils paffaflent outre àladmiftion de fc$ facilitez, fans delay Se fans modification. L'autre iour d'aptes, comme il deuoit faire fon entrée en cefte ville , Monfieur le Prince de Condé , que fa Maiefté auoit mandé exprès de fain& Germainen Laye , pour l'aller rencontrer , fut au deuant de luy iufques à quatre ou cinq milles d'icy,& Monfieur de Monrpcn- fier quant Se quant. De manière qu'il y entra, aflifté de cefte compagnie , Se de grande quantité d'Euefques , Se autres Pré- lats ; Se outre, de la Cour de Parlcment,qui y eftoit en corps, de la Chambre des Comptes,&: de tous les autres Magi ftrats Se of- ficiers de la ville , auec vne multitude Se vn applaudiffement de peuple , incroyable. C'cft vn tres-bon commencement , grâces à D ieu, du quel on fe doit promettre vne très- heureufe fuitte , fi on le cultiue bien ;& de deçà, comme iem'efforccray pour ma part , d'y employer ce peu que i'auray de crédit Se d'induftrie;&: de delà , comme fa Maiefté fe promet que vous ferez , tant pour continuer la magnanime couftume que vous auez défia prife, de l'obliger fi extraordinairement , que pour le mérite de fa gra- titude, Se de fa recognoilîance en voftrc endroit,qui cft tel qu'il ne fe peut laffer de parler de vous,auec toute la gloire deuë ià vo- ftrc vertu, &; aux offices que vous luy auez faits. II vous en rêdra luymefme de plusgrands tefmoignages, parceluy quiirarcn. dre l'obédience de faparc,&: vous enuoyera vne ample refponfe ET NEGOTI ATIONS. ?l tUXlettfCS qu<* '"y *y precécees de lavoftic,lcfquelIeS il a Cllë$ plus agréables que iene le vous fçaurois efcrirc. Ce pendat,i'ay péfcdcuoireftrc tenu dôncr ce motd'aduis à voftre Seigneurie llluftriflïme,& de l'accompagner d'vne nouuelle proteftatiô de ma tres-humblc feruitude,dont vous ne pourrez douter, quand vous vous fouuiédrcz de l'admiration incomparable, en laquel- le i'ay voftre vertu , &c des obligations que vous auezacquifes fur moy , qui partant ferois deuant Dieu &deuant les hom- mes , le plus ingrat homme du monde , fi ie n'eftois éter- nellement MONSEIGNEVR ILLVSTRISSIME, De Paris, &c ARGVMENT. Rendant les aâions de grâces , des f tueurs qu'il autit recettes en paf> fant i Florence , // euft bien deftré d'accompagner ce devoir de quelque fruitl de fa tres-humbleferaitude. - A MADAME LA SERENISSIME GRAND DVCHESSE DE TOSCANE. AD AME, I'ay receu tant de grâces & de faueurs de voftre Al- tefle , que ie me fentirois coulpablc d'vne extrême in- gratitude , fi l'en différais plus long-temps le remerciement. Il eft vray que i'euffe bien defiré,en prenant la hardielTe de tous c- crirc, d'accompagner ce dcuoir de quelque fruit de ma tres-hu* blc feruitude: Mais iufques icy , toutcequclafortunem'ena prefenté d'occafion,ç'a cfté la commodité de rapporter au Roy les fignalez tefmoignagcs darTe&ion & de bienueillancc qu'il vous a pieu me monftrer en fa confideration. Il s'en eft fenty de nouueau tres-obligé à voftre Altcflc, corne aufil de Talfift^^ce que Monfeigneur de Lorraine , & Mcflieurs vos frères, r^c don- nèrent à voftre recommandation, pour me rend^ en feureté vers fa Maiefté. Monfeigneur de VaudeoKviC cftàprefenc icy 7* ' LES AMBASSADES auprès d'elle, qui recueillira, s'il luy plaift, vnc partie du feruice que ie doy à voftre Altefle, pour tant d'obligations que i'cnay receuëSj&m'en defchargera en voftre endroit attendant que ie fois fi heureux, que de pouuoir effectuer particulièrement quelquvn de vos commandements. le prie Dieu m'en vouloir rendre digne, & le fuppiie. Madame, qu'il vous maintienne & continue en lapofTcf- fion de toutes vos profperitcz. Sec. De Paris , &c. ARGVME NT. Pour tribut de recognoifj'xnce de l'honeur que fon\AlteJje luyauoitfait9 il t fperoit afiiilcr U nejrptintio* dr U perfonne de [on ofmbjffadeur en Court : dont ilfe plaint d'auoir ejlé pritj par-vne figure qui l'a contraint de fe retirer de Pdris , & le fupphe prendre ceile lettre pour affeuranec de foti tres-humble f ruice , & pour rcj~pG»fe aux henné Be s paroles que fou Jfl- tcfje luy auoit efcrïtes. A MONSEIGNEVR LE S ERENTSSIME Dvc de Mantove. MOnseign-evPv Serenissime, l'ay vn extrême regret qu'après tanwiefaucurs,. dont il vous pleut m honorer en Portant d'Italie, i'aye efté fi malheureux > que lors que i'efperois vous payer quelque tribut de rccognoiflancc , en affiliant la né- gociation & la perfonne de Moniteur voftre Amban*adeur,ic me fuis trouué deux iouts après Ton arriuee ciinoftrc Court, aC- failly d'vne grofTe fleure, qui me contraignit de me venir faire traitter en cefte ville de Paris , &: m'y a tenu iufques à fon parte- Ornent, l'en ay receu plus de defplaifii^que de mon mal mcime, pour n'auoir rien tant en horreur , que l'ingratitude , & princi- palement à l'endroit d'vn Prince, qui fçait fi dignement &ge- nereufemcni obliger. Il eft vray que ie me confoleen lefperan- ce de reparer celttfauteàl'aducnir, par tous les feruices donc voftre ET NEGOTIATIONS.. 75 voftrc AltcfTe jugera ma baffe fortune capable; prefâmant aflfez de moy- mefme,veu l'extrême inclination du Roy à chérir &af- fectiôncr voftrc amitié & vos merites,pour croire n'eftre point inutile miniftrcàlacultiucr)& faire fru&ifîer.Ccfte lettre vous en fcruira,s'il vous plaift,de promehrc)&: de réponfe tout enfem- ble.aux honneftes paroles que voftre Altefîem'a eferites , des- quelles ie luy demeure fieftroittement oblige, que îe ne cefle- ray iamais de prier Dieu, Monfcigneur , qu'il la vucille orner de plus en plus , de toutes fortes de grâces & de profpcritcz> &cc. De Paris , ce,&:c. A~R G V M E~N~T. ~ Lr conte exafi^ment rendu des particularité^ de (on JfmhuffAe , il jîfvn voyage À Eureux, où il ri 'auott point eflè depuis fou retour: Maille Âoyroulani recueillir la fruits ordinaires de U fertilité de jon (fprit 3 luy tomminde depajfr oatreypourafsiflcraux Ejiats de Roiten. A MONSIEVR L'EVESQJE D'EVREVX. MO n s i e v r d'E v r e v x, Dés le temps qu'il aCs pleuà Dieu m'appellera la fucceffion de ce Roy-.< aume,auquelpourlaplufpart,i'ayeftécontrainta d'entrer par conque{te,i'a y trouué vn tel defor-^ dreen toutes mes Prouinces , qui depuis ài'oc- s calion des guerres ciuiles&: eftrangeres,y aefté continué à la>au(c ie vous prie,incontinent la prefente receuë,de vous ache- "miner en ma ville de Roiien, pour vous y trouuer le dernier iour i>du mois d'Aouft prochain , 5c vous informer auparauant fort exactement, de feftat de voftre Prouince, prendre l'auis de mes bonsfcruiteurs&fuiets,deceàquoyileft befoindc pouruoir, pour y eftablir vn bon & affeuré repos,& auflî de ce dont ie puis "eftre fecouru :afin quei'aye moyen d'empefeher les defordres " qui fe voyent maintenant en ce Royaume, &: de refifter ,parla force, aux forces &mauuais defïeins de mes ennemis: pour à >quoy pouruoir, il n'y a chofe que ie n'entreprenne, & à laquelle ienemerefolue. Grâces à Dieu, ce Royaume eft plein de vaii- ^ 5 lancs hommes,cf vn bon nombre de chefs de guerre,me demeu- rant ce feul penfement,de pouruoir à leur entretenement, qu'il jjfaut mettre peine de trouuer en mes Finances,retranchant tout 3,ce qui eft volontaire, & dont l'on fe peut paffer, pour eftre em- ployé à ce qui eft plus ncceflaire. En quoyiedefirc eftre affifté "de voftre fage& prudent confeil , &deceluy que reeucillircz v de mes bons feruiteurs de voftre Prouince. Et par mefmcmo- jjyen faudra aduifer ou fe pourra recouurer ailleurs, cequincfe „trouuera en mes Finances, voulant efpcrer que tous mes fuicts ^qui recognoiftront par effet, ma ferme refolution, de faire dé- penfer&: emploier tout le fecours»qui me fera fait, Si ce qui "fera aduifé de prendre en mes Finances, à laconferuationde "l'Eftat, &c non ailleurs , fuiuant la refolution qui en fera pri- jjfe en ladite affemblee , fe difpofcront volontiers à m'accom- 3,moder pour vn temps, de quelque petite partielle leurs moyens pour fauuerle furplus, auec leur patrie, de laconferuationde laquelle dépend celle de leurs honneurs, de leur vies, deleurs "femmes & enfants. Ce que l'euffe .volontiers fait reprefenter s'en vne pleine affemblee des Eftats Généraux de ce Royaume, fi y.les armes Se efforts de mes ennemis permettoient que l'on peuft ^différer plus longuement, de pouruoir & remédier au mal qui ET NEGOTIATIONS. 7f nousprcflfcû violômmcnc. Ce que différant à vn autre tempj,<« ievousdiray que mon intention eft, , attendant la tenue de(Vt dits Eftats^e faire ceffertous cesdefordres,au mieux & le plu- ftoft qu'il fe pourra, & qu'en la conuoeation que i'ayprefen. tement ordonnée, foient faits les mefmes reiglements & rc-" formations , en ce principalement qui concerne la police mi-" litaire, l'ordre &c dtftribution de mes Finances , que fi l'arfai-(< re cftoittraittéeen pleine affemblec d'Eftats Généraux. Vous4f me viendrez donc trouuer audit iour dernier d'Aouft prochain, bien inftruid&rcfolu fur tous les poinds contenus en celle let " tre. Vous alfeurant qu'outre le feruice que ferez à vo (tre patrie/' vous employant dignement en cette affaire , ainfi que iemc«c promets de voftre fidélité , que ie vous en fçauray très- bon c gré, & aux occafiôs , vous feray cognoiftre Périme que ie fay de { ceux qui affectionnent mon feruice, &c le bien de l'Eftat. Aifi- fté de mes bons &. loyaux fuicts , ainfi que requiert le bien 3e ce" Royaume & leur particulier, ie veux efperer, moyennant la gra- ce de Dieu , en laquelle i'ay toufiours mis ma fi mee , que fe pre- pour auoir efté occupé ailleurs , lors que la plufpart dudicu païsne m'auoit recogneu. Ces euenementsne pcuucntefton- ncr les cœurs généreux de ma nobleffc , eftants ces pertes adue-' nuës cotre toute raiso humainc,& no par valeur qui fe puifTe re-tc marquer en mes ennemis. Il faut maintenât que nous reueilliosct K ij 7* LES AMBASSADES rous en nos cceurs^'ancicnnc vertu Françoife: Que ma NoblcG fefe refolueauecmoy, de ne dépouiller iamaisles armes ,quc "nous n'ayons eu la raifon de nos ennemis. Ce quifemblc n'eftre >>point difficile, fiauec la valeur delà Nobleflè,rEcclefiaftique „ayderEftat,cncequieftdefa vacation, &: de fcs moyens, & fi }>nous somes fecourus &c affiliez de nos bones villes, &: plat pays, félon les moyens que chacun en aura f qui feront trop mieux "employezau payement d'vne armée, qui v oppofera courageu- sement à celle de l'Efpagnol, que fi par défaut l'ennemy ne trou- »uantpointde forces en campagne, qui foppofaflent auxfien* j^ncSjS'enfaifDitlemaiftre , rauagcoit le plat pays , &faccageoit les villes comme bon luy fcmbleroit. Succédant à celle Cou- ronne, i'y ay trouué ainfi que chacun fçait,vne exercme pauure- "te'. On ne peut dire que i'ayeiamaisconfenty, ny uc mon na- turel foit d'approuuer que les reuenus du Royaume foient mal ,,mefnagez&: emploiez en defpenfes fuperfluës Se volontaires. Iedefirela reformation au fait de mes Finances, autant qu'aie iamaisfaitprince qui ait porté celle Couronne. Et en tout ce "quiefeherra , & feray confeillé , iecommenceray volontiers la "reformation parmoy-mcfme, iugeant que l'ordre & bon mef- j>nage dont il fera vfé , fera que l'on pourra fatisfaire aux defpens ^neceflaires, pour laconferuation deccftEftat, & medonnera moyen de foulager mes pauures fuiets contribuables à la taille, d'vne partie des leuees qui fe font fur eux, Ce queiedefirede "tout mon cœur , & ne viuray iamais content , que ce mien defir «n'ayteftétefmoigné par les effets. Priant Dieu, Monfieurd'E- „ureux , qu'il volç ay t en fa faincle garde. Efcrit à Amiens, le 10. ^iourdeIuillet,iy9^. HENRY. De nevfville; ARGVMENT. vfpres les Eftats de Rolien , il s'en reuient * Paris , « à pour recognoif- fmnec defon labeur en laconuerfîon de Menfteur deSancy, (frdefesdo* ftei Prédications^ iheeoit ce Bref de fa Saintletê* ET NEGOTIATIONS. 77 VENERABÎLI FR. IACOBO EPISC. EBROICENSI, ClemenS Papa VIII. Encrabilis Frater , falutcm & Apoftolicam be- nedi&ionem. Audimus fréquenter , fedprxfer- timexliterisdilec'ti filij noftriCardinalis Floren- tin*, Apoftolici Legati,cettioresefticimur,quan- to ftudio Se diligentia , quanto eciam cum fructu, talentaà fummo Patrefamiiias cibi crédita, fraternitas tua ne- gocietur; &:quemadmodumad animas Diabolica fraude dece- ptas, aberrorumtenebtis adlucemveritatisCatholica?, &ad viamfalutisreuocadaSjnonminoremcharitatem ôimifericor- àix arïe&um , quàrn do&rinam &eloquentiamadhibeas : qui* bustedonis Pater lummum infigniter cumulauit. Nonpoffu- mus fatis verbis exprimere quâtam in Domino lamtiam capia- mus , & quantum hoenomine virtutem & pietatem tuam com- mendemus : pracipue verb fingulari quodam gaudio afFc&i fu mus, ex conuerfioncinfignis viri Regij ConfiliarijdcSancy, quamfecundùm Deum zelo &induftriœtuaîdebemus, eâm- q ue tibi ex animo gratulamur : atque vt fperamus , benedicente Domino pios labores tuos, crebrotecum hacgratularione v- tendumerit, multis ex Satanx faueibus, tua falutari praedicatio- nc creptis. Perge igitur,Frater , vt facis, tanta cum laude &c me- rito » Catholicje fidei veritatem difleminare , &c de thefauro tuo noua& veteraidepromere, admultorum falutem, &: Chrifti Domini gloriam, qui te his praclaris ornamentis tam nece/Tario tempore inftruxit. Etcertè animolxto admodum &iucundo tcefleîequumeftjCÙminduftriam tuamtam vtiliter ponas , vt tanto magis te ipfum ad hoc pium &egregium opus incitare de- beas. Et quamuis tua fponte , propter honorem Dei, &c propter' animas, Agni immaculati fanguinc redcmptas,fatis.incenfus es, tamen quia nihil Catholicse fidei propagatione ardentiùs opta mus, & quia te fummoperè amamus , & quantum nobis fatisfa cerecupias, plané feimus , teftamur te in corem nobis gratif- fimamfacerc, qui eximiae virtutistux &meritorumtuorum, & fumus & erimus femper memores. Scd is tibi pot iflîmùm di~ gnam mercedem in xterna gloria rétribuât , qui feruis fuis fide- libus dat velle U perficere, & fua in î His dona rémunérât & co- K il) 7* LES AMBASSADES ronat. DatumRoma^fubannuloPifcatoris ,dief.IumjM. i>: xcvn. Pontificatus noftri, anno fcxto. Silvivs Antonianvs. ARGVMENT. S'eftant retire en fou Diocefe-> pour vaquer * fes fondions Epifcopales, & réfuter l'efcrit de D. Tdentts, il ne Lifte de cultiuer l'affetlton & bien- ueillance de ce PrcUt. A MONSEIGNEVR L'ILLVSTRISSIME ET Révérend issime Cardinalde Florence, Légat du fainft Siège Apoftoliquc a Paris. Onseignevr Illvstrissim e, Encore que ic doiue craindre de vous im- portuner trop fouuent de mes lettrcs,pour le refped des grandes &: importantes occupa- tions aufquelles ic fçay que vous eftes ordi- nairement cmpcfché : neantmoins ie croy qu'il vaut mieux démettre parfois , quelque chofc de ce refpedl , pour l'afTeurance que i'ay , qu'il vous plaift me faire ceft honneur de m'aymer, que de manquer à vn deuoir fi eftroit , que celuy qui eft le moicn de m'entretenir en vos grâ- ces, & devous rendre quelque tefmoignage de matres hum- ble fcruitude. C'eftpourquoy i'ay pris la hardieflede vous ef- crire ce mot, pour fatisfaire à cela en quelque forte ,& au réf. fentimcnt que i'ay, des preuues infinies de voftre bonté. Ic vous fupplie, Monfeigneur llluftriffime ,de le receuoir à ceft ef- fet, attendant que ie vous le puifle faire cognoiftre par quelque fruit de ma gratitude. I'efpcre moiennant la grâce de voftre Seigneurie Illuftriflimc, qu'il me feruira pour cefte heure à tout le moins d' vne légère defeharge de ce mien deuoir , & que vous le receurez pour confirmation & afleurance, que ie demeurcray éternellement, MONSEIGNEVR I L L Y S T M S S 1 M E,&C D'Eurcux, &c ET NEGOTIATIONS. 79 ARGVM EN T. Tarmy Vafiduitede feseftudes, Hluy rend ce nouuel hommage de fd deuouon, pour marque dci obligations dont il luy eji rcdcuable. A MONSEIGNEVR L'ILLVSTRISSIME ET REVE- rendifljme Cardinal Aldobrandin. a Rome. MOnseignevr Illvstrissii^e, Vous nvhonorez de iour eniour, de tant de fortes de grâces &: faueurs , par des preuues in- finies de voftrebonté,quàbon droit vous m'e- ftimeriez indigne d'vn Ci grand bien,fi ie ne vous en rendois par inierualles , quelque nouuel hommage & reco- gnoiflance, pour marque dvne fi eftroittc obligation ,&pour vne afieurance &: confirmation de la tres-humble feruitude que ie vous ay voiiee. C'eft donc à ceft effet que i'ay pris la hardieflede vouseferirecemot, non qu'il doiue tenir lieu d'v- ne valable & fuffifanre defeharge, mais feulement d'vnfimplc tefmoignagc de mon deuoir, attendant qu'vnc longue & faf- cheufecftudc, où ie fuis encore engagé, éc donti'efperefortir en bref, me donne temps &loifir de m'en acquiter plus digne- ment , à l'endroit de voftre Seigneurie Illuftriffime. le la fupplie trcs-humblcmcnt d'auoir agréable celle fatisfa&ion, telle quelle, de mon obenTance-, &ïurçe, queic me die éter- nellement, MONSEIGNEVR IlLVSTRISSIME^&C. ARGVMENT. Vour entretenir toujours ïhonneur de [es hnnes grâces , il luy enuoye ce mot de recêgnotffance de lafdueur qu'il eu reçoit , attendant yu-vn labeur qu'il tffche de mettre à fin , hy donne Wtr d'y fat iif aire flui étalement. S 5 LES AMBASSADES A MONSEIGNEVR L'ILLVSTRISSIME ET Reuerendiffime Cardinal Tolet. A Rome. Onseignevr Illvstrissime, Le dcfir que i'ay de ne manquer encho- fequi dépende de mon deuoir , pour en- tretenir l'honneur de vos bonnes graces,& pourcultiuer toujours de plus en plus ce- luy de voftre amitié, m'obligeant à quel- que rccognoiffancc de la faueur que i'en reçoy.m'a fait vous écrire ce mot , pour vous en remercier tres- arreclueufemétj&pourvous redre ce témoignage de l'obligatio queie vousay,enattendantqu'vn pctitlabeur, queietafchede mettre à fin > pour refpondre à quelques cfcrits de nos héréti- ques, me donne loifir d'y fatisfaire plus amplement, & de vous renouucller les offres d'obeïflance &: de feruitude , queie vous ay vouées, il y a ia fi long temps le vous fupplie, Monfcigncur illuftriffimc ,dele receuoir àcefteffet , &: de me vouloir conti- nuer l'amitié qu'il vous plaift me porter , vous alleu rant que de ma part,ie mettray peine d'y correfpondre par toutes les fortes de fetuicc* qu'il me fera pofiible, pour me pouuoir dire, comme ie fuis, Se feray éternellement, M onseignevr Illvstrissime, DeCondé, &rc. ARGVMENT. Il luj renonucl'e , comme enpafjanf y les Taux de fa feruitude & de fonobeyjjctnce, tufqukce qu'cfltnt forty d'rnœuure du entreprit con- tre quelques hérétiques y il Dataïrede N.S. Pere* A Rome. Onseignevr. Illvstrissime, . Depuis la lettre que ie vous ay eferite ce matin • i'ay efté prié par perfonne à qui iedefire donner toute fa- nsradion , dcvousfupplierd'auoirpourrecommandé lapour- iuitee d'vne affaire que l'on eft après à obtenir de fa Sain&etcv Ocft quvn Gentilhomme de très fignalec maifon de ce Roy au- me,nommc Monficur d'Aubetcrre,ayant autrefois deuat faage^ te par contrainte de fes frères aifnez , efté forcé de prendre l'habit de Cheualier de Malte, lequel il laiffa vn mois apres,auec proteftation de nullité , de tout ce qu'on luy faifoit faire ,mefme infinuec entre les mains de l'Eucfquc de fon Diocefe, fe trouue L 4$ LES AMBASSADES maintenant , après la mort de tous fes frères , Seigneurs de qua- lité, feulquipuiffe releucr le nom &lafuccc(fion de fa famille. Il enuoy e à Romc,rechercher vne difpcnfc de fa Sain&eté,pour ceft efFcdj ie vous fupplic d'aflifter les prières de «eux qui en feront la pourfuitte , de tout ce que la raifon & l'amitié qu'il vous plaift me porter, requièrent. C'eft vne famille, qui outre le luftre de la maifon , a très- bien mérité de l' Eglife , & de la Re- ligion Catholique , pour en auoirefté les deux derniers, tres- arîe&ionncz prote&curs, non feulement par leur authoritc tc- porelle, mais auffi par leurs lettres &c leur doctrine. Et partant, en cefte confideration, elle eft digne de vous cftrerecomman- dee,& indigne d'eftre laifTee périr & s'efteindre. Vous me ferez cefte faueur,s'il vous plaift , d'exeufer la liberté auec laquelle ie vous en prie , comme fondée fur l'amitié que vous m'auezpro- mife & tefmoignec, & au refte derae tenir éternellement^ MONSEIGMEVR I L L VS T R I S S I M E , &C. ARGVMENT. te defpUxfir qu'il reffent de ne pouuoir aller au deuant de [on sAlteffe, ejî aucunement confolé par le -voyage qu'y fait l'yn de fes amis , en la per- fonne duquel il a penfé qu'il s'acquiteroit de ce mefme deuoir. A MO NSEIGNEVR LE SERENISSIME Dvc de Mantove. MOnseignevr Serenissime, Gommcd'vncofté i'ay refTenty beaucoup de ioyc, ayat apris que vous vous approchiez de ces quartiers: auffi ay-ic eu vn extrême regret de ne pouuoir aller trouuer voftre AltefTe , pour luy reconfirmer le vœu de ma tres-humble feruitude. Il eft vray que ce dcfplaifir a cfté aucunement con- folé, quand i'ay fçeu que Monfieur de la Broflc, prefent porteur, s'acheminoit pour luy aller baifer les mains. Car i'ay penfé, pour l'eftroitte amitié qui eft entre luy ÔC moy , que ie m'acquiterois de ce mefme deuoir en faperfonne,& vous tefmoigncrois par, luy,combicn les grâces & faucurs^que i'ay receuës de voûre AI- ET NIGOTIATlONS. S3 tefle, font viucs & immortelles en mô ame. le vous fupplie doc le voirdemefme œil , que vous nous verriez tous deux enfem- ble, & prendre affeurance que corne nous fommes conioints en toutes autres intetions, auffi fommes nous principalement vnis en lafTc&ion de voftre feruicc. le me promets que voftre AltefTe le croira , & qu'elle voudra que i'aye part aux commandemets donulluyplairam'honorer. le fçay bien qu'il eft tres-fufnTant pour les exécuter luy feul , & en toute autre occafion luy ferui- rois de caution > qu'il n'y a Gentil-homme de fa condition 3en ce Royaume , à qui elle les peu ft plus dignement commettre, tant pour fa prudence& fa fidélité , que pour l'accez &: le crédit qu'- il a , auec toutes fortes de personnes d'honneur &d'authorité. Mais îc me difpenferay en cefte cy , d'en eftre vn peu ialoux > &; de protefter à voftre AltefTe , que ie prétends eftre de moitié àl'execution de toutes les commiftions qu'elle luy donera^our fon feruice. La bonne intelligence qui eft entre nous deux, fera que vos affaires n'en receuronr point depreiudice, &: que pour vn , vous en aurez deux, fi toutesfois ie me puis dire vn autre que luy-mefme. Carieconioindraytoutcequei'auray d'induftrie & de crédit , auec fon labeur , pour vous rendre con- tent de fa feruitude, ou pluftoft delanoftre. le fupplie dere- chef tres-humblemcnt voftre AltefTe de le croire, & de me te- nir éternellement, MONSEIGNEVR S E R E N I S S I M E, &C ARGVMENT. sAy*nt efîc. mais l'vne des premières eft,quellc m'a cité concédée durant voftrcGeneralat,&que ie la tiens de vous, de qui i'eftime grandement le mérite & la vertu , & auquel i'ay encore ce bonheur d'eftre aucunement allié. C'eft vntefmoi- gnage de i'amitié,que ie me fuis de tout temps promife de vous, lequel ie chéris Se reuere infiniment , attendant que ie le puilîc recognoiftre par quelque reuenche de gratitude , tant à l'en- droit de tous vos fain&s R ciigieux en gênerai , que de vous en particulier. le prie Dieu qu'il me face la grâce d'en rencontrer bien-toft le moyen, & denvenacquiterenforte, que vous co- gnoifliezauec combien de foin &d'arfec~tion ie defircd'cncon- feruer la mémoire , pour, demeurer éternellement, Monsievr, De Condé, ce 27. Vojltre tres-affcâio»né allié & Nouemb.1597. feruiteur. L EVESQVE d'EvrEVX. A R G V M E N T. // fe comoiiit auec Monfeigneur le chancelier deBellicure t de U pro- motion deMonfieurfonjilsyk ï \Archeuefcbé de Lyon. A MONSEIGNEVR LE CHANCELIER DE BELLIEVRE. MOnseignevr, l'interromperay vos occupatios, & les miennes, qui ne font pas de fi grande confequence , pour rendre ce tribut de mon arTe&ion à l'amitié qu'il vous plaift me porter. C'eft chofe que i'eftime trop, pour eftre pareifeux de la cultiuer / ET NEGOTIATIONS. îs par toutes fortes de deuoirs & de feruices : Au défaut defqucls, i'occafîon me manquant, le moindre fupplément que i'y puifle &c doiue apporter , eft celuy des lettres. Cefte-cy fera donc fuccintement ccft office, Se vous renouuelleralamemoiredb l'homme du monde qui voushonoreleplus. Vousluydonne- rcz,s'il vous plaift,cefte brefue audience,pour vous en alîèurer, &vous tefmoigncr par mefme moyen,lc contentement que l'ay receu,de fçauoir que noftre Ordre foit honoré delaperfonnc de Monfieur voftre fils , en vne fi eminente qualité , que celle de l'Àrcheucfché de Lyon.Ie ne puis que ic n'en conçoiuc vn très» bon augure pour l*Eglife,de voir mettre fur vn tel theatre,pour feruir d'exemple & de lumière à tant de perfonnes , vn homme quiachez foy vn fi rare exemple domeftique, pour fe former, &c former les autres. le prie Dieu qu'il luy donne , & par luy à coûte rEglife,le bon fuccez que fa nature & nourriture me fonc cfperer, & vous conferuer, Monshigneve, enfa grâce, 6c moy en la voftre , &c. De Condé, ôcc. ARGVMENT. v s V ne defluxion furies yeux Yempefche deveftondre aulongjilalettre qtttlaeu Agréable de luy efcrireymais non de chérir & efiimerfa -vertu , de laquelle la re flexion illuftre tous ceux quil daigne obliger de fon amitié. A MONSEIGNEVR 1/ILLVSTRISSIME ET Reuercndiflime Cardinal Tolec. A Rome. MOnseignevr Illvstrissime, Fayrcceuvnc lettre, qu'il vous a pieu m'efcrirc,qui eft arriuee fort tard en mes mains ,afçauoir , près de quatre mois après qu'elle a eftéefcrite : A laquelle ie neferay pas longue rcfponfe, pour cefte heure, à caufe d'vn catarre qui m'eft tombe fur les yeux,qui me trauaille infiniment. Seulcmét vous remercieray-ie de l'honorable fouuenancc qu'il vous plaift auoir de moy, vous aflTeurant qu'il n'y a rien au monde, L iij Î6 LES AMBASSADES dont ie me gloiifiedauantage, que d'auoir quelque part en vo- ftre amitié,&:que i'employ e cou tes les plus viues parties de mon ame à chérir &eftimer voftre vertu, de laquelle la reflexion il- luftre tous ceux que vous daignez obliger de vos bones grâces. Quât au point pour lequel vous m'eferiuez, ieremettray à vohs en rendre conte plus particulier à la première cômoditc : Vous proteftant ce pendant, que ie n'ay rien oublié de ce qui eftoit en moYj pour preuenir de ce cofté-là voftre faincl defir. Il y a plus d'vn an que ie me fuis abfentê de la Court, pour vacquer au foin demonDioccfe.quiauoitefténeufoudixans fans Pafteur; &C prendre par mefme moyen le loifir de mettre la main à la plume, pour la deffenfe de l'Eglifc , que nos aduerfaires aflaillentde nouueau, auec de plus pernicieux & plus dangereux liurcs que jamais le ne laifleray pourtant dans vn mois d icy ,Dicu ay dant, de faire vn voyage à la Court, d'où ie vous manderay plus au long toutes nouuelles. Cependant ieprie Dieu, Monsei gn evr Illvstb. issi m e , vous conferuer 15- guement ôc heureufement , pour l'honneur & la gloire de fon Eglife. De Condé, Sec. A R G V M E N T. Ce Seigneur maintenant Garde des Seaux de France 3 auec lequehle- floit eflrontement lié amitié , ayant lors vne Commifîwn de très grande authmté , peur ce qui concernait , entre autres chojes , le département 0* la h uée des tailles en Normandie , il le fupplte d'exempter les habitans de la i>ille d'Eureux3capitale de fon Diocefe} de quelques nouueaux fubjtdess qu'ils apprehtndotem qu'on leur youlujl tmpofer. A MONSIEVR DE COMMARTIN , CONSEILLER du Roy en Ces Confeils d'Eftac & Priué. lfï|Bîf£ Onsievr , Ayant l'honneur d'eftre le chef fpiritueî Jil$iSl ^e ce^cPauure ville d'Eureux , ie fuis oblige de l'aiTi- Prt8$$jjt fter en toutes occafions, &: fpccialemcntencelle-cy, en laquelle ils ont recours à moy , pour l'amitié qu'ils ont co^ ET NE GO Tî ATI ON S. î7 gnuc que vous me portez, laquelle ie ne leur veux,ny puis diflï- muler : Qui me fait vous fupplier plus hardiment d'auoir pi- tié de ces pauurcs habitans , proches de leur ruine, fi on leur impofe les nouueaux fubfides , dont ils ontapprehenfion qu'on les vueille charger. Aufli à la vérité ne font-ils ny trafic,ny mar- chandifc^Seulement ils tafehent de viurc en forte,que leur pau- urcté intérieure n'apparoifle point en l'extérieur. Que fi vous leur donnez encore d'autres impofitions, ce feroit vn fuiet de la rendre deferte, & à moy vn empefehemet perpétuel de les pou- uoir exhorter, te ayder à faire nourrir leurs enfants à quelque profeflîon de lettres & de vcrtu,&remettreen cette ville,qui eft la capitale de monDiocefe,vn exemple qui puiiïe ferair aux au- tres. C'eft pourquoyie vous fuppliedercchef,Mr, que ces pau- ures Citoyens ne foient point trompez au fecours qu'ils ont ef- peré d'auoir en ma confideratio: & qu'encore que l'occupation qui me tetient icy , m'ayt empefché de pouuoir ioindre mes prières de bouche,auec les leur; que neâtmoins mes lettres trou- uent auprès de vous vn porc autât fauorable,que fi i'eftois moy- mefmc prefent,pour vous en faire la fupplication: Vous affeurâc que vous m'obligerez plus en cela qu'en toute autre chofe qui me pourroit toucher. Et cependant, ie prie Dieu qu'il face nai- ftre quelque digne fuict de vous tcfmoigncrlereffentimet que i'ay de tant d'obligations que vous vous elles acquifes fur moy, qui fuis , nonfieur,&c. ARGVMENT. Sur ïhonneQe lettre que ce mefme Seigneur luy auoiteferitte ,pour vejpottfek U précédente , il redouble f entre le mary& fon efpoufe, entre le Paftcur &fes ouailles ; quand elles reflenciront les fruits d'vn tel office que vous leur aurez fait à mon occafion.I e vous prie donc derechef, autant que ie puis, & que vous m'aimez, que ie fçay eftre bcau- coup,finô de les exempter du tout, pour le moins de les traitter, en ce cas le plus modérément &c fauorablement qu'il vous fera polfible. Etie vous en rendray grâces de bouche , Dieu aydant dans vn mois ou deux , à !a Court $ & y adioufteray tous les fei* uices que vous defirerez de moy, qui fuis, Monfieur, &c. DeCondc,&c. ARGVMENT. *A»ec termes de grande efficace , // le confolefur U mort d'vn fien fils* A MONSIEVR LE BARON DE MEDAVY, A Vernueil. MO n s i e v R , T'ay vn extrême regret d'eftre réduit à m acquiter d'yn fi trille office en voftre endroit, que ce- luy ET NEG-OTI ATI O NS. S9 luy quei'entreprcns maintenant, qui eft d'elfayer de vous con- foler dcl'affl'ciionjqii'ilaplea à Dieuvous enuoyet.il eft vray que!e courage que vousauez monftré iufques icy,en tou'cs occa(îons,mefntefperer que vous ne vous laiiTerez point tcl- b,n*nt vaincre à la douleur, en cefte cy,quevousne preniez^en patience les chaftiments qui viennent de la main de Dieu , le- quel ne nous départ iamais les profpeiitezfi libéralement, qu'il n'ymcfk quelque chofe'd'amertume parmy , pour nous faire fouuenir qui il eft, &: qui nous fommes. Ce qu'il a repris de vos mainseftoitàluy, & quand vous direz, Le Seigneur me l'a don- né , leSeigneur mêla ofté, Son nom (bit benys vous lecontiie- rez à vfervne autrefois, encore plus volontiers, defes grâces en voftre endroit, voyât que vous ne auez point voulu faire voflre propre, Se n'aurez point murmuré quad il aura repris le preft Se le depoft qu'il auoit mis entre vos mains. Lavie de nous Se de ce qui nous appartient , eft à luy: Et quand nous luy rendons de gré, ce que nous luy deuons parnature,ille prend de nous, com- me vne cfpece de prefenc &de îacrificc, qu'il a moyen de recom- penfer auec beaucoup d'vfurc, Se en ce inonde, Se en l'autre. La prudence dont ie fçay qu'il vous a doué,&: celle de Madame de Mcdauy , me deuroient fermer la bouche, pour ne vous redi- re point ce dequoy vous eftes alTez inftruits : Mais eftant, Se vo- ftre Euefque, 6c voftre feruiteur particulier, comme ie fuis; il faut quç ie fatisface , finon à voftte befoin, pour le moins à mon deuoir,qui eft de participer le plus qu'il m'eft poffible a voftre douleur, pour vous la rendre d'autant plus fupporrable,& vous fupplier de regarder en quoy ieferay bon pour aider à l'alléger, foit par ma prefence,foit par toute autre forte de feruice. ï'ay icy le pauillon de cefte maifon qui eft en fort bel air, & où il y a trois ou quatre chambres réparées. le vous fupplie me faire ce bien de l'accepter , Se ie mettray peine, parle feruice Se la fuie- ttion que ie vous y rendray , à vous Se à Madame , de faire qu'il vous y ennuie le moins qu'il me fera poflible. Et en attendant voftre refponfe , ie vous feaife les mains, Se prie Dieu, M o n s i e v r, vous donner toutes efpeces de confoîations tem- porelles 6e fpirituellcs. De Condé, Sec» Voflre trei-.tffeftionnè voifîn & feruiteur, I.E^esqve d'Evrevx. M 90 LES AMBASSADES A R G V M E N T. E lie luy auoit efcrit y ne picufe ejr dégante lettre , fur les ftuiCi> à re- cueillir de f ?s dofter compositions : mats il refufe par modejlte , d'accepter le tihre d' honneur & de refye fi qu'elle luy demie. Sa prudente corfidera- tion en [es ejlud'S & F fyrratice qu'il en conjoit , repnfentee fuccifffte- ment par vn exemple de la iujlice diuine. A MADAME DV IARDIN. AParis. TL jJT Ad ame, I'ayreceu la lettre qu'il vous a pieu Im /B m^cr^rc> de laquelle tout m'a efte tres-agrea- I / B ble, excepté la qualité que vous me donnez,que ■ iene veux ny ne dois accepter: le chéris &reue« JL. T M re trop voftre vertu & voftre perfonne, pour re » ceuoir ce tiltre de voftre part Elle eft arriuée Fort tard entre mes mains,ne m'ayant efté rendue, que depuis quatre ou cinqiours: Mais quoy que tard, fi vous puis-ie alîeurer qu'elle a efté la tres- bicn venue , & que Tay reflenty vn extrême contentement , de voir & recognoiftre encore les traits de voftre main,&: de voftre efprit, & particulièrement fur le fujet dont vous m'écriuez, au- quel icconfefle que vos paroles m'ont de nouueau beaucoup animé &c encouragé, lleftvrayquccoaamed'vncoftéie nede- fire rien plus que de contenter voftre zele ; aufli de l'autre , ne fouhaittay ie pas moins de farisfaire à voftre iugement ,&ne mériter point.fi ie puis, de iufte reprehenfion & principalement en me méfiant dcreprédreles autres. Cela me fait marcher aucc vn peu plus de plomb , efperant comme on dit de la iufticc di- uine , que la grauité recompenfera la tardité du fupplice :li toutesfois d'vn petit eferit i'en puis dire de fi grandes paroles. Quoy qu'il en foit, vousenfçaurez des premières nouuclles» Car ievousenenuoierayles prémices auant toutes autres per- fonnes , pour vous rcnouueller la mémoire de l'authcur , lequel ievousfupplieconferuer en vos bonnes grâces, comme celuy qui eft & fera toufiours, Madame, &c. DcCondé,&c. ET NEGOTIATIONS. 91 ARGVMENT. V*r yn - dllufon à l'humeur des Franc is , il vient * s'excttfer ferieufè- meut de hntermifsion de Ces lettres , (y le remercie des Canons du Concile de Sat dtque en Syrie n% & en JE bioph n , qu'il xuoit recette de luy. A MONSIEVR D'OSSAT EVESQVE DE RENES, Confeillcr du Roy, en fon Confeil d'Eftat. J^^^g Onsiïvr, IeurTe fait tortà ma nation, Se aux rei- ^nffill gles& predi&ions générales que vous me donniez à S^ÏÏS Rome, de l'humeur des François , eftants retour- ^WWsÇ nez d'Italie en France , qui eft de laiflcr le foin de toutes les promeuves qu'ils font à leur parlement derrière les montagnes ,fi ie ne les euffe vérifiées par les effets , en voftre en- droit, Se de mes autres amis d'Italie. Il eft vray qu'à l'humeur vniuerfelle des François, & à ma négligence particulière, l'occurrence des accidents a encore contribué quelque cho- fe. Cari'ay toufiours eu depuis mon retour ,1'efprit tellement occupé Se trauaillc , queie n'ay pas efte'vn quart d'heure mai- ftredemoy-mcfme. Les longues &: pénibles folicitations qu'il m'a fallu faire pour le rembourfement des frais de mon voiage: vne maladie Se vne abfence de la Court de plufieurs mois, les difputcs Se conférences verbales que iay eues aucc lesMini- ftres des hérétiques , pour la conuerfion de beaucoup de gens d'honneur qui lontreuenusal'Egliferlacompofition &impref- fion des rcfponfes parefent qu'il m'a fallu faire à quelques- vns d'cux.mes predications,& autres femblables affaires, m'ot telle- ment occupé , voire opprime iufques à maintenant , que ie n'ay euaucunloifirdcrefpircr. Il eft vray que parmy l'intermiflion de mes lettres, ie n'ay pas (aiffé de conferuer le foin de tant d'of- fices &: d obligations, dont ie vous fuis redcuable, Se de vous en rendre quelque preuueaux occafiôs où ie me fuis trouué , finon aucc tant d'vtilité comm i'euffe defiré , pour le moins auec toute la paffion qu'il m'a cfté poflïble, comme plufieurs vous le pour- ront témoigner. Maintenant que les affaires me donnent quel- que trefue, i'eflaieray défaire en forie que ny pour les fruits M ij 9i LES AMBASSADES de mon affe&ion aux lieux où ie vous pourray faire feruice , ny pour le dcuoir extérieur des lettres Se autres femblablesentre- ciés d'amitié,ie ne laifle plus efcheoir d'arrérages en voftrc en- droit. Cependant, celle cy paycra,s'il vous, plaift,vne partie da pafle,vous remerciant de tant de peine.que vous auez pafe , de m enuoycr les Canons du Concile de Sardique,en Syrien, &: en ^Ethiopien,dont ie vous fuis extrêmement obligé: &: vous fer- uira, pour raduenir,dc caution & d'aiïeurâce,que ie me rendray plus diligent à vous renouueller par eferit la mémoire de ecluy qui vous baife très aft'edionnément les mains ,§£ cft, Monsi evr,&c. A R G V M E N T. llluy te fw oigne lerefjentimtnt qu'il a de l'élection duVere Sylueflres four tenir fa. Chaire a Eureux , & impute à bénédiction de Dieu pour lujt que foftUbtur fe foit communiqué a [es Dioceftitts. AV REVEREND PERE HONORE1, PROVINCIAL des Capucins de la Prouince de Paris. a Paris. MON P e R e , I'auois toufiours bien recogneu l'affe- ction que vous, &tous les PcrcsdevoftreOrdrcme portoient : mais cefte dernière prcuue, que vous m'en auez rendue par l'efle&ion que vous auez faitte du Pere Sylueftre pour tenir ma Chaire ceft Aduent, m'a tellemcc touché , que ie penfer ois commettre vnc grande ingratitude, fi ie ne vous tefmoignois par ce mot de lettre , le rciTentimcnt que i'enay. Car encore que le grand fruit qu'il y a fait, fe réfère à Dieu & à fon Eglife , fi eft ce que ie recognois que ce m'eft vnc bénédiction particulière , que fon labeur fe foit communiqué* ceuxdontlefalutme doiteftre cher par deffus toutes chofes. le ne vous diray point combien ie l'eftimc, mais il a fi bien remis chacun a fon dcuoir & laifle vn fi grand defir de luy , que cela me donne fuiet de vous prier de me le continuer, pour l'Aduenc prochain, &le Carefme fuiuant, & me donner vn des voftres pour les proches O&aucs du faind Sacrement. Vous ferez vn ccuurc charitable d'aider à remettre la pieté , qui f'eftoitbien ET NEGOTIATIONS. 93 perdue parmy ce peuple , te qui commence à fe relcuer par vo- ftre moicn, dot ie vous feray eterncllemcnc obligé. Priant Dieu, Mon P e r e, tec. De Condé, &c. ARGVMENT. Outre le remerciement quil luy a cy-deuant fait en particulier , il luy a à dreffe encore cejluy-cy pour totales Pères du Chapitre j qu'il prie luy y ou- loir accorder yne maifo» à Eur eux de leur Société. AV REVEREND PERE HONORE', PROVINCIAL des Capucins de la Prouincc de Paris. a Paris. MOn Pere, l'ay'tant d'obligationà tout voftre Or- dre, de la faueur que i'ay receuc d'auoir eu vn fi excel- lent homme que le Pere Sylucftre, vn Aduent& vn Carefme , te tout mon Dioccfe en a reccu tât de fruit te d'edificatiô,queie penferois eftre ingrat, Ci ie n'en remerciois voftre Compagnie , par ce mot de lettre. Il cft vray que mon remerciment fera fuiuy d'vne féconde rcqucfte,qui fera d& vouspricrdem'endonnercncorequelqu'vn, pourceft Aduenc te Carefme prochain , te Ci i'ofe palTer outre , fuppîier voftre Chapitre, de nous vouloir accorder vnemaifon de voftre So- ciété àEureux. I'efpere que celuy quevousnous enuoyerez, fil vou s plaift nous faire cefte grâce , y trouuera tant de defir te darTedtioncntousleshabitans, qu'il ne les en eftimera poinc indignes. Ce pcndantnousprierons Dieu eux te moy, Mon Pere, de continuer d'épandre de plus en plus Ces bé- nédictions fur tout voftre Ordre , pour le bien te la gloire de fonEglife. De Condé, tec. ARGVMENT. Ces lignes hors d'ordre & de rang , comme eferittes des fonaduénee- ment auprès du Roy Henry troifiefme , font mifes icy,pour monfirer que luy & Mon fieur [on frère , n'ont runobmU de foi» & de diligence 9 pour s 'acquérir yne honorable & immortelle réputation. M ïij *4 LES AMBASSADES A MONSIEVR CVIAS. O n s i e v r, Encore que nu fortune pren- ne vn autre cours,que ie n'efperois au com- mencement, & que la fujeftion qu'il plaift au Roy me donner auprès de luy,mede- 'ftourne de l'intention que i'auois toujours eue , de pafler par vos mains,pour l'eftude de la Iurifprudencej fi eft-ccque defirant qu il ne me foitpoint reproché, que iayeefte' du temps d'vnfi excellenthommeen cefteprofeffion,&: en toute autre forte de fciencc,fans en retirer quelque vtilité,i'ay penfé que ie vous de- uois addreffermonFrcreipourceftefFetjafinqucfiie ne la puis recueillir moy-mefme,pour le moins i'y participe aucunement, quand vne perfonne qui me touche de fi près, aura moyen de s'en preualoir. le vousl'enuoye donc,Monfieur,en intention qu'il ayt ccft honneur d'eftre inftitué de vous,& qu'il puifle co- ter quelque iour ceftefaueur entre Ces plus grades & heureufes fortunes. Vous fuppliant, en recompenfe, de nous honorer luy &: moy, de vos commâdements,en toutes les occafions où vous nous eftimerez propres à vous feruir, qui fera d'aufli bon coeur^ que iepric Dieu, M0NSIEVR,&C. ARGVM EN T. La date de ce mot fait yoir le temps auquel il a efte enutyi) & ce qu'il contient, tefmeignel'eflime qutlfaifâitde ce perfonage, A MONSIEVR HENRY ESTIENE. AGricrcs. MOnsie vr , Ayanttrouué Monûcurde Vigenere,fur la clofture d' vne lettre qu'il vous enuoie , ie l'ay voulue accompagner de ce mot > pour m'entretenir en vos bon- nes grâces s & vous prier de croire auflî qu'il n'y a homme en France, qui de plus près accompagne l'amitié & affection qu'il vous a voiiee , de laquelle ie vous donneray preuue en toutes le j ET NEGOTIATIONS. 91 occafions où il vous plaira m'emploier, Se d'au Aï bon coeur, que faluanc vos bonnes grâces , ic prie Dieu, Monfieur, vous donner en fanté, longue Se heureufe v»*- De Paris, ce 3- de Voflre plm affectionne amyï^oiM Ianuicr,i5$2. faire fer utee. Dv Perron. ARGVMENT. Cdebienuei\l.ince & ajfcclion , s'ejlant enquts de fes ordinaires occupa- tiôns, il l»y en rend Conte fort .impie , & fouhaitte de le yoir , participant au fruit qui s'en doit e perer. A "MO N S I E V R LE MARQVIS DE ROSNY, Conseiller dv Roy en son Conseil d'Eftar, Superintendantdc fes Finances, Se Grand Maiftre de l'Artillerie deFrance. a Paris- MO n s 1 e v r , le ferois confeience de vous di- uertir de tant de grands affaires que vous auez tous les iours fur les bras , pour lire vne fafcheu- fe&: inutile lettre , fi l'honneur que mon frère m'a mâdé que vous me faittes , de luy demander à tous propos de mes nouuelles , ne me forçoit d'interrompre monfilence& vos occupations. Et à la vérité, Monfieur, corne vous auez plus iufte droit que perfonne du monde , de me de- mander conte des frui&s demo loifir , aiantefté ecluy feul après Dieu, Se le ROy qui me l'auez acquis Se procuré : Auflî ay ie vne plus particulière obligation de vous refpondrc de l'exercice à quoyie l'emploie, le vous ramenceuray donc, Monfieur, que fur la fin de l'année dernière , vous me communiquantes vnliurc deMrdu Pleffis, dans lequel ic vous promis devous faire voir plufieurschofes où il feftoit abufé: depuis, eftanc de retour en ceDiocefe, &aiant donné encore quelque mois à lapourfuit- te d'vn petit œuure que i'auois cômencé ,ie me fuis refolu fina- lement dem'acquiter de cette promeffe, Se tracer v,nc forme 97?5 A d a m i , le ne fçaurois comme vous remercier de K l'honneur que vous m'auez faic de me prefter le Sieur Gambine; finon en vous reprefentanc que vous auez tres-heureufemenc pratiqué ce que dit Senequcenfontraitté des biens- faits, afçauoir, que ceux qui les font doiuent.s'il leur cft poffible, prendre garde qu'ils foient d'eftoffe durable,& qu'- ils fe prefentent fouucnt deuant les veux de ceux à qui ils font faits , afin de leur renotiueller fouuent te longucmét la mémoi- re de leurs autheurs. Que fi cela cft, Madame , vous ne pouuiez pas m'obliger en chofe plus conforme aux confeils de Scneque: Car le Sieur Gambine a employé fon labeur en vnc maticrefi durable , &c a renuerfé tant de gros chefnes par cerre po ur dref- fer les allées de Condé , qu'ilfaudra beaucoup de fiecles pour y effacer la mémoire de la grâce que vous m'auez faitte, de mêle prefter. Il eft vray que mille autres obligations precedetes qu'il vous a pieu acquérir fur moy,&:qui ont encore la racine plus for- te que tout ce qu'il a abatu, m'empcfchentd'auoirbefoin'de cous ces obiets externes pour me rcnouucller la mémoire de vo- ftre nom , qui cft tellement graué en mon amc , que toutes les chofes que ie poflede y participent, &: qu'il n'y a arbre dans tout le Parc de Condé , qui ne le porte eferit dans le cœur & fur l'cf- corce. Cela vous fera perfuadé , s'il vous plaift, par l'infinité de vos merites,& par la proteftation que i'ay toufiours faitte,& fe~ ray à iamais , de demeurer éternellement, &c. ARGVMENT. L'y ne defes premières procédures t ajattt reftondu aa Cartel de Mon- fieur du P le/fis. A MONSEIGNEVR LE CHANCELIER de Bellievre, A Paris. M Onseignevr, Encore que voftreiufticenaturclle,& Iaprote&io des ET NEGOCIATION S. 09 loi* , que vous aucz entre les mains , vous rendent ennemy des «Juels; fi ne laifTcray-ie pas de vous prefenter parcelle lettre vn Cartel que Monfieur du Pleflïs m'a enuoyé, auec la refponfe que i'y ay faicte L'efperance que i'ay qu'il ne s'y efpandra point de fang, & que vous neferez point en peine de faire def- penfeauRoy de cire verte, mais que tout fe terminera auec h douceur & charité Chrcftiennc , qui y eft requife 5 me donnç le fuiet de prendre cette hardiciTe. Cependant pour ce qu'au cas que Monfieur du Plcfîîs ne vucillc perfifter en fon offrc,de venir main à main au combat,îl me fera befoin de faire prouifion d'ar- mes qui atteignent & frappent de loin^ie vous fupplic de m'ob- Iiger tant, que de m'accordervnpriuilegc gênerai, pour faire imprimer toutes mes ceuures à tels Imprimeurs que bon me femblcra. Et ie vous promets qu'il n'y aura rien ,ny contre le fer- uicc du Roy, ny contre la Religion Catholique, a poftolique ÔC Romaine, a tant ie prie Dieu, Monseignevr, vous donner auffi longue & heureufe fan* té , que les affaires de la France le défirent. De Condéce 28. Mars 1620. ARGVMEN T. Tlprendce Seigneur pour Parrain, au combat ouil e{î appelle par Mo- fieur du Piejfis ; & tfrere de la iufticedefa caufe C hem eufejffue qu'il ri mporta depu'n de cejte (tgunlee Conférence, A MONSIEVR DE V1LLER O Y3 Confeillcr & Secrétaire d^ftac. A Paris. MO n s 1 e v r , La protection qu'il vous plaift prendre de tout cequimetouche,faitqucMrdu Plcflis m'a- yant appelle au côbat^c penferois pécher contre mon deuoir, fi ie ne vous en donnois le premier aduis. Je vous en en- uoyé donc le Cartel que i'ay reccu deluy,aueclarefpofe que i'y ay faitte: Et vous fupplic prendrez donner ma parole à ceux qui vous encntretiendront,quc ie feray homme de foy.Ie vous porte tzop de refpecl, pour abufer d'vne fi grande cautionqus Ni; Îôo LES AMBASSADES la voftre,& lalaiffer engagée mal à propos. Edacaufequeie deftendsjeft fiauatageufe,queiene doy pas craindre,auec l'aide de Dieu, d'y courir beaucoup de Fortune. Ceft pourquoy ie ne fay point de difficulté de vous eflireen ce combat pour Parrin, comme le Seigneur de Court , auquel ic fuis le plus oblige , & queie defire le plus auoir pour approbateur &protedeur de mes actions. le prie Dieu, M o n s i e v bl , que ce (bit à voftre contentement , &: à la glai- re de Ton Eglife. ARGVMENT. ■Honorable reftonfe. Dieu & le Roy de fon cotte. L'cnuiefurmontee, marque de fa ~vertu+ Prudent confetl , tcfmigtmge de grande ajfeiliûn. A MONSIEVR L'EVESQVE D'EVREVX, Confeiller du Roy en fon Confcil d'Eftat, & Premier Aumofnier de fa Maieftc; Onsievr, Vous m'auez fait l'honneur de vous fouuenir &: vous feruir de moy , fur I'occafion du derTy qui vous a efté li- gnifié par Monfieurdu Pleffis, enmefai- fant part du gage que vous Iuyauezen- uoy é. Certes vous ne le pouuiez addrelTer à perfonne , qui vous affectionne &: ref- pede-plus que ie fay,ny quifauorifede *fes vœux plus volontiers voftreentreprife, quemoy. Mais jjayant Dieu & le Roy pour vous, comme vous auez, toute au- 3,trc affiftance vouseftfupcrfluë. Ceft appel, que vous auez fi gayement & courageufement acceptera efmeu plufieur? per- sonnes . mais en diuerfes fortes ; la crainte a faify les vns, l'cfpe- ,3rance atefioiiy & confolé les autres, maisl'enuie y aioiié fes *>icux , autant ou plus que les autres? marque très-certaine de vo- 5*ftre vertu , non moins que de la malignité dclafaifon, quieft ^pleine d'ignorance & de corruption, wonfieur le Nonce,qui ET NEGOTIATIONS. toi c(l vn Prélat plein d'honneur, d'affection au Roy , & de bonne intention , y a efté furpris , non de la manière des autres , mais'' Faute d'entendre voftre conception, &fçauoirauflî celle de fa'* Maieftéjaquellc luy a auiourd'huy expliqué l'vne & l'autre, de?' faço que ic vous afleurc qu'il en eft demeuré tres-fatisfait. l'y e-,j ftois prefent, c'eft pourquoy ie vous enrefpons. l'en ay aulfi ef,, crit à Rome,à voftre aduantage,par lecommandcmétdcfa Ma- iefté, qui fait fa caufe de la voftre, en vérité. Elle a commandé à" Monficur le Chancelier de penfer à ce fait,&luy a renuoy é Mr du' ' Pleflîs , qui déclare & monftrc vouloir venir aux prifes, ayante publié vne refponfc à voftre eferit , à laquelle , pardonncz-moy>, û ic vous donne aduis, que vous ne deuez faire autre réplique, que fupplicr faMaiefté devous permettre de venir par deçà pour accôplir les promcfTes que vous auez faites par voftre eferit. Car*' tant de fortes d'eferitures , comme elles font interprétées & iu-» gces diuerfemcnt , troublent pluftoft , qu elles n'édifient le pu-5, blic, eftirnant que vous ne deuez vous auancer, ny engager da-^ uantage en ce fait , finon au ta t que fa m aiefté le vous permettra. Et vous confeillc de ne biffer pour celadcpourfuiurel'ceuurc" que vous auez entrepris,afln de fecourir l'Eglife de Dieu, &: vo->» ftre patrie, au befoin quelles en ont. Excufez ma liberté , &l'at-,f tribuez à la confiance que vous m'auez donné occafio de croire, que vous auez en moy , me continuant voftrcamitie & bonne grâce , que ic falue' de mes tres-affe&ionnees recommadations:" ht prie Dieu, *> Monsievr, qu'il vous conferue en bonne fanté. De Paris ,„ lc5.iourd'Auril. 1600. Vo^rt tres-ajfefiionne'feruiteur amy, D ENE VFVILLE. A R G V M E N T. // luy donne aduis de la réception de fes lettres , auec celles de Mon- fieurle Qhancelier) fjr le liuret de Monjîeurdu Pleffis, qu'il luy auoit pieu de luy enuoyer. Que depu'u il a redire par eferit ce qui s'efl pafjé en la Co- ference. Que ce fera vne glorieufe aclion pour le Ray a la pojlerité. Et le prie d'obtenir de Monfteur leChanct lieryque U belle lettre quil luy a efcrtte fur ce fuiet9 foit quant quant mife e» lumière. N iij io* LES AMBASSADES A MONSIEUR DE VILLEROY, Confeillcr Se Secrétaire d'Eftat. MOnsievr , Il y eut hier quinze ioars queicrece» les lettres qu'il vous auoroleu m'eferire, auee celle de Monfieur le Chancclicr:&; le liurct de Monfieur d» Plelïis , lefquclles me furent rendues fort tard ,afçauoir feule- ment le dix-feptiefme de ce mois , à caufe du long feiour qu'on leur a fait faire par les chemins. Depuis ic me fuis employé à rédiger par eferit ccquis'eftpaiTéenla Conférence de Fontai- nebleau , &: és circonftances qui l'ont précédée Se fuiuie . iuf- ques au partement de Monfieur du Plelïis. Ce que i'ay fait le plus véritablement , fimplement Se modeftement , qu'il m'a eft poflîble. Les artifices Se defguifemens de l'eferit qu'on en auo't publié m'ont contraint de chager la méthode que ie m'e- ftois propofé d'y tenir , Se d'y eftre vn peu plus long, pour coup- per le pied à toutes fortes dimpoftures. Ce quci'efpereauoir fait de telle façon que vous en receurez contentement, &: que ce fera yne belle Se glorieufe a&ionpourle Royàlapofterité. le la vous cnuoyeray fi soft qu'elle fera acheuee de corriger Se deremettreau net , qui feraau plus tard dans hui&iours Dieu aydant; pour receuoir là deiTus les comma«idemens du Roy , de Monfieur le Chancelier, Se de vous. Il eft vray que fi l'ofois en attendant , vous faire vnctrcs-humble prière, icm'y hazarde^ rois rres-volontîers : Ceferoit de vous fupplicr de prendre ia peine de tenter fi Monfieur le Chancelier n'auroit point agrea^ ble d'obliger tant la caufe de Dieu & de l'Eglife , que de per- mettre que la belle lettre qu'il m'a fait ccft honneur de m'eferire fur ce fuiet , fortift à mefmc temps en lumière. Le mérite , & la qualité de la perfonne, la dignité des conceptions, &lama- iefté des paroles de h lettre, feroit le plus excellent feau qui Ce peuft appofer à cefte action: Et d'ailleurs ce feroit vnc pièce tres- authentique , pour iuftifier l'intégrité du Roy , Se de ceux qu'il luy a pieu choifir pour cefteffec>, voire de mondit-Seigneurle Chancelier mcfme, contre les calomnies que ce petit libelle leur impute. Mais cefte faneur que i'achetterois de mon fang fi ie pouuois,ie ne lofe pas feulement defircr,ny y penfer fi luy &£ vous ne l'auez agréable : Et pour ce, ie luy en efery vn petit moî, ET NEGOTIATIONS. ioj afin de vous faire l'ouuerture de luy en parler , G vous Peftimiez àpropos : &c poflible quand ilaura veu les Actes de laConferen- ce,qu'il vous fera plus facile de l'y difpoler. En fomme ie remets ccla,& tout le refte de mes intentions &: a&ions,fous voftre co- duitte 6C tutcle , fçachant le foin qu'il vous plaift en auoir ; pour recognoiffance duquel ie ne vous puis offrir autre chofc,{inon xle continuer tout4c refte demavieenpricrcspcrpetuellcspour voftre profpcritc , &: me qualifier éternellement, MONSIEVR, Vojlre tres'humhle , tjr trt s -obligé & treS'tffe (lionne feruireur. I. EvEsqyE d'Evrevx. ARGVMENT. il le remercie des honneurs qu'ils a reccus de luy , dont pour le tribut de recovnoiff*nce) il luy enuoye les ôfcles de U Conférence de Fontainebleau ï & le loiim defontrauAilpourUcaufedeDieu&deJônEgltfe , dit que comme tous ceux qui ont iemefmefomy participent , nufficJl-ilrAifonnâ* ble qu'ils luji communiquent leurs Ubettrs. A MONSIEVR***, O n s i E v r , le me fents honteux d'auoir diffère iufqucs icy àdemôftrer par quelque tcfmoignagc de gratitude, le reffentiment des obligations que vous auezacquifes fur moy. Mais ayant eu ce mal- hcur,que les premières lettres de remerciemét que ie vous en cfcriuy , lors qu'il vouspleuft m'adreffer leliurede MMe Sponde pendant mon (eiour à Rome , fe perdirent par les chcminsjil m'a scblé que la logueur du téps quis'eft paffedepuis, ne me permettoit point de me prefenter à vous les mains vuidej & fans quelque vfure de ce retardement. le vous remercie doc derechef de tant d'honneurs que i'ay reccus de vous: Et pour accompagner cefte a&ion de grâces de quelque tribut dere- cognoiiîance,ie vous enuoye ce petit efent , des a&cs de la Gp- fer c nec de Fontainebleau , que ie vous prie prendre la peine de 304 LES AMBASSADES lire pour Vamour de moy. Vous trauaillez fi heureufement & veilement pour ladefFenfedc la caufe de Dieu & de Ton Eglifc, que comme tous ceux qui ont ce mefme foin, participent au fruit de vos peines ; aufli eft-il raifonnablc qu'ils vous commu- niquent leur«s labeurs. Ce petit échantillon des miennes donc que ie vous enuoye,fcra vntefmoignagedereftimequciefay de voftre iugement, &c du defir que i'ay , que ce qui fore de mon cfprit foit approuué par le voftrc;& vn gage, qu'au tat que ie fuis tenu de vous chérir , eftimer & honorer , autant ie vous chéris, eftime&honorejafçauoi^àl'efgalde voftre merite,c'eft à dire, infiniment. le prie Dieu, Momsievr, vous conferuer longue ment & heureufement ? pout le bien &c l'ornement de fon Egîife, &c de voftre patrie. De Paris ce 3. Aouft,i6oi. A R G V M E N T. Monsieur le Marqua de Bethuae aV* allint iXmbaJftdcur h Rome , il nnàtcfmoivrsage de /es râres qualité^, yerwy & mentes. À MON SE IGN EV R L'ILLVSTRISSIME ET Reuercndiflime Cardinal Aldobrandin. A Rome. OnSEIGNEVR rLLVSTRISSIMF, Monfieur le Marquis de Bethune,frere de Monûcur le Marquis de Rofny, s'en vatrouucrfaSaincleté, &c voftre Seigneurie IlluftrifTime , pour eftre AmbafTadeur delà part du Roy , auprès d'elle. C'eft vn Seigneur de tres-illuftre maifon,& de très- excellentes mceurs,&accompiy de toutes for- tes de vertus. Il fe consignera entièrement entre les mains de voftre Seigneurie Illuftriiïime: Et elle pourra réciproquement prendre parfaitte confiance de luy. Carilcft des plus hommes de bien, des plus Religieux, & des plus Catholiques du monde; & particulieremet fiarTedionnéàlapcrfonnc dcnoftre S- Perc, U àt voftre Seigneurie IiluftrifÇme, qu'il ne cede en cefte paf- ETNEGOTIATIONS. iof fîon , à aucun autre. De manière quci'oferay dire qu'il ne fc pouuoir,ny defirerny efpererricn deplusàpropos,pour lebicn de la Religion Catholique, refpcct &c honneur du faind Siège» & entretien de l'vnion de ce Royaume auec fa Sainteté , que l'élection quele Roy a faite de fa perfonne. Monfieurle Mar- quis de Rofny , fon frère, bien que différent de luy , au fait de la Religion,eftneantmoinsau{li tellement affectionné enuers no- ftrefau.ctPere, & voftre Seigneurie Illuitriflîme, que c'eftvn miracle , par le moyen duquel nous ne doutons point que Dieu n'acheue de l'attirer en fon Eglife.il plutà voftre Seigneu- rie Illuftriflime me promettre à Lyo, auec rât d'allegrette^: de prontitude^e l'obliger en vnaffairequi le concernoit,quei'ofe encore vous en faire relTouuenir , parce mot de lettre à laquel- le la prefence deMonfieurrAmbafta'icur)qui fçaitle fait, ferm". rade plus long commentaire. Cependant, ic vous fupplietres- humblcment, Mcrtfeigneur Illuftnftimejme vouloir continuer l'honneur de voftre protection ; comme à celuy qui nerefpirc rien, que voftre nom, &c la mémoire des grâces, faneurs &: ami- tiez dont il vous a pieu m'obliger. De voftre Seignevrie I llvstr i s si m e, &c. A R G V M E N T. ZAc fi niait tlaQonuerfion de Madame U Vuchcffe deBar, pourL- quelle il cji jff, fineufemt nr prié parfoajiltejje de Lorraine } de fetrou- Her à Fontainebleau, A MONSIEVR L'EVESQVE D'EVREVX. M Onsievr d'Evrevx, Vous fçauez affez com-(< bien il importe de prendre les occasions à propos, en matière de reduetio des ames efgarees de noftre Egli*" fe. C'cft pourquoy, citant de prefent Madame ma" telle fille à Fontainebleau auec peu de fuitte , n'aiant que la, c Dame Pangeaz, &: peu d'autres auec foy, &: paiTant Iapluf-C{ partdu iour en promenades & difeours , auec ceux qui la vifi- xentj l'ay creu qu'Une fepouuoi,t rencontrer meilleure occa- - O ioS LES AMBASSADES ^fion , que maintenant,dc l'aborder aucc fruit, furie fujetdefa ' créance. Et partant, ic viens à vous prier tres-aftc&ueufement, "par cette, vouloirprendre tant de peine pour nous, que de vous prendre au pluftoft que polîîble vous fera, audit Fontainebleau, ^oùi'efpercauflî m'acheminerdans trois ou quatre iours, Dieu aydant,afin qu'y puiflîez reprendre les erres des difeours que vous auez commencé à luy tenir,puis qu'elle vous a ia fait paroi- "ftre de vous écouter volontiers;me cofiant que Dieu, par fagra« "ce Se bonté, fécondera nos vceux,&: bénira voftre labeur en ceft , >endroit, s'il luy plaift,pour vous faire acqucrir,non feulemct vn ^extrême mérite en ceft ceuure, û pieux &: glorieux, mais auffi vnefingulicre obligatio,fur mon fils &moy&: tous les noftres, 5>que trouucrcztoufiours très pronts& defireux de s'enreuen- > 'cher par toutes fortes de bons efFets,en ce que vous voudrez les ^employer, pour voftre contentement. Ceft, Monsievr d'Evreyx^ Vojîre affettiwne & parfaitl amjl Charles. ARGVMENT, il fe diftofe fow fitis faire an commandement de fin sAÏte[Je. \ A MONSEIGNEVR LE SERENISSIME Duc de Lorraine. MOnsiignevr, J'auois pris ce petit interuallc de l'abfence du Roy^ Se de leloignemcnt de voftre Aiteflc>& de celle de Madame,pour acheuer de mettre en lumière vn trait- té que i'ay fur la preffe :Mais ayant receu le commandement qu'il vous plaift m e faire, ic ne failliray départir pour vous al- ler trouucr, Se rendre le feruice que ic doy à voftre Altcfle,dans la fin de cefte femaine Dieu aidant , lequel ie prie, Monfeigneur, vous donner l'heureux accomplifTement de vos dcfîrs. D. V. A. De Condc, ce %. le tres-homble, & tres-oheyjjknt Septembre. 1601. firuiteur. lt Evésqv,! d'Evreyx. ET NEGOTIATIONS. 107 A R G V M E N T. 7/ le tient aduertydu progrès de l'infîruCïionde Madame U VttcheJJe de Bar. [ A MONSEIGNEVR L'ILLVSTRISSIME te Reuercndiffime Cardinal de Lorraine. Onsïignevr Illvstrissime, I'ay différé iufques icy de rendre ref- ponfe à l'honnefte lettre qu'il vous a pieu m'eferire, attendant qu'il yeuft quelque progrés en l'affaire que vous dcfirez : Mais craignant de manquer trop long-temps à ce dcuoir , ie me fuis refolu en fin, de pren- dre la hardieffe de vous donner aduis de l'eftat oùnousfom- mes , qui eft que les Miniftres de Madame , n'aiants point voulu comparoiftre, pour fouftenir en maprefence ,vn eferic qu'ils luy auoient baillé , Monficur de Bouillon s'eft chargé, deuantleRoy , d'en faire venir trois de diuers lieux , pour ceft effet, &: a promis qu'ils fe rendront a Paris, dans quinze iours: auquel temps i'efpereauec l'aide de Dieu, ou que par léur fuit- ' te, ou par leur comparence, la vérité fe ferarecognoiltre. Ce pendant, Monficur Douches qui fcft emploié en cefte affai- re , auec tout le foin & l'affection qui fepeut defirer, &y â. beaucoup apporté , vous efclaircira des parcicularitez qûi C'y font patfces , & entre autres , du zele que le Roy y monft're , qui eftincroiable,&quiremplittouslc3Catho]i^iaes , d'vlie con- folation indicible. Et pour ce, me déporteraty-ic de vous en fai? re plus long difeours : feulement pricray-ie Dieu vous donner, & à nous tous, Monfeigneur, lefuccés &: contentement que vous defirez de ceftaffaire. De Fontainebleau, ce 21. d'O&ob.itfoi. Vojire très- humble , & tres-iibejjjan t feruiteur. I. EvESQjE D'ËVREVX. LES AMBASSADES ARGVMENT. VciyM remercié de l'honnejle lettre qu'il a eferitte, il l 'entretient de fa fuitte de cinq Minières, qui n 'auoient pit fareuerence emers le faincl Siège , la defertiondecaufe de fes Mintjlres , & n>ne fupplicatton à fa Sain&eté , pour la difyenfe du mariage de fon sAlteffe j & de mondit Seigneur le Duc de Bar. LETTRE DE MADAME LA DVCHESSE DE Bar, Soevr dv Roy Henry le Grand, au Pape Clément Y 1 1 L Res-Sainct Pere, Ayant ces iours paflezeiTaié pour fatisfaire aux exhortations de voftre Sain&eté, &: aux prières du Roy mon frère , 2>c de Monfieur le Duc de Bar, mon mary , de rechercher les voyes de m'éclarcir "delà vérité de la do&rine , laquelle il vous plaiftme conuierde 3>fuiure, ileftarriuéquele Sieur Eucfque d'Eureux& ceux que ^i'auois mandez pour conférer auec luy furcefuiet, n'ont peu tomber d'accord des moiens de leur Conférence. En quoy neantmoins il m'a femblé que le refusvenoit de la part des mies, "&c que les offres qu'il leur faifoit,eftoientraifonnables. Et pour- mat ie me fuis refoluë d'en appeller d'autres qui fetrouuentauec „luy,auxmcfmes conditions qu'il leur a offertes, & fur leur ap- proche ou refus , fuiure l'infpiration qu'il plaira à Dieu me do- ner. Promettant à voftre Sain&cté, que ie n'y apporteray de ma "part aucune paffion, refiftanceny opiniaftreté : Ainsferay tres- >»aife de p ouuoir trouuer la vérité , en vne caufe à laquelle les ex- portations de voftre Sainteté, les prières du Roy mon frerc, &c ET NEGOTIATIONS. m le contentement de Monficur le duc de Bar mon mary Yni'nui- i'ay eftimé de mon de- uoir de vous en enuoycr encore vn autre, pour continuer à vous rendre de iour en iour lestributsdemonafTe&ion,&:de maferuitude,& vous ramentcuoir que ie fuis, MONSEIGNEVR,. î)e Paris , ce z6. yojlre tres-humble tres-obeyffdnt Decemb.1601. feruiteur. I. EVESQVE D'EVREVX. ARGVMENT. Ce Prince aymant la letfure , il luy addrejje yne copie de l'efcrtt, tou» thantU Qonfcre/.ce propofee pour Madame, A MONSEIGNEVR LE COMTE DE Vavdemont. Onseîgnevr, 11111111 Sçachant que voftre bel efprit fe plaida la lec"ture3, Prt^jw i'ay pris la hardielTe de vous cnuoyer cepetitexcm- plaire de ce qui fcpafta entre les Miniftres& moy , fur le pour* parler de la Conférence propofee pour Madame. Ce que Ci vous me faittesceft honneur de reccuoirfauorablement , vous me donnerez defir,&: courage de vous adreiîer les autres cho* fes qui partiront de moy, comme de celuy qui eft, MonseignevRj Voftre très-humble^ tfes-obeyfant De Paris, ce 26. ftruueur. Decemb.1.601. I. Evesovb d'Evrevx, P LES AMBASSADES A R G V M E N T. ri commence par le prefent d'vn exemplaire de certain labeur : lu) tef- moi&: pietatc apud nos nulli efl: fecundus. Illû in me,&me in illo,ambos te sûmope- rè colcntesjvehemcnteramatus redamabis. Vale,decus noftrû. Zllvstrissim & Dom.Tua;, Sérum humillimus (y additfifiimuti I. Episcopvs Esroicensis. ET NEG OUATIONS. A R G V M E N T. De réciproque amitié , mutuel & continuels offices. A MONSIEVR DE BETHVNE, Gonfeillcr du Roy , en fon Confeil d'Eftat, & Ton Ambaffadeur. A Rome. MOnsievr , I'ay rcccu deux de vos lettres , defquel- les i'ay différé de vous rendre refponfe au retour du Courrier qui m'auoit apporté la première. Elles font comme l'efpnt dont elles fortent, pleines de tant de faueur &: de courtoifiecnmon endroit, que ie n'y puis dire autre chofe Ci- non que les offices dont vous m'obligez , m'augmenteront de deçà le moyen de vous redre feruicc, & d'embraffer vos affaires auec plus de poids &d'authorité. Il eftvray que lafaçon dont vous vous coportez au lieu où v ous eftes , & les bonnes relatios qui en font faites par deçà , vous feruent defumTans foliciteurs pourrecommander coutee qui voustouche. Carie vous puis alTeurer que leftime dcvosdefpefches&dufoinquevousapv portez aux affaires du Roy , & de vos procédures en la Cour de Rome,eft telle que tous vos amis le fçauroientfouhaitter. A quoy ie doy encore adioufter, que Meilleurs les Nonces nom- mément Monfieur Barberino quieftparcy deRomc depuisvo- ftre arriuee, n'ont oublié de vous rendre icy toutes forces de tcfmoignages. Vous aurez fçeu au refte comme i'ay efté long- temps occupé aux préparatifs d'vne pretenduëConfcrence que Monfieur le Duc de Bouillon auoit propofee, pour combattre rinftruûion de Madame: & comme ayant fait venir pour ceft effect d' Allemagne & d'ailleurs , cinq des principaux Miniftres de tout fon party ; Us n'ont iamais ofé comparoiftre au lieu oii le camp auoit efté affigné qui eftoit fainct Germain, auquellicuic. les ay attendus auec le Roy &: Madame , l'efpace de quinze, iours. Mais vous en ferez encore plus particulièrement infor- mé par l'efcrit que ie vous enuoyc , où font contenues mes inftanecs & leurs fuittes fi recogneucs de Madame mcfme, qu- elle aprocefté qu'elle en fera venir d'autres de Geneue, ou d'ail- if LÈS AMBASSADE S leurs , qui accepteront les conditions que ceux cy ont refufe ; ou en cas qu'ils s'en excufent,aduifera de palier ou tre&fuiure l'inftruôtion que ie luy donneray; pour laquelle ie luy ay promis incontinent après leur refponfe reccuë , de l'aller trouuer en Lorraine. 14 y a auffi auec ceft eferit, vn autre petit ouurage de ma forge , que i'ay dédié & donné à Monfieur le Marquis de Rofny voftre frere , &: auquclœuurc, vous par ce moyen ayant part, il m'afemblénecciTairedevousi'enuoyer. Vouslcsver- rez l'vn &: l'autre auec les mefmes yeux, que vous apportez à tout ce qui vient de moy ; ô£ me tiendrez, Monfieur , pour De Paris , &c. Voftre tres-affc^ionnéfettiiteur. I. Evesqve d'Evrevx. ARGVMENT, Cinq ans efcoulcxjepuis leïir entreuettè ^fuiuisà'ynprefent dequeU ques frui&s de [on labeur pendant ce temps-la. A MONSIEVR LE R E VER EN D I SS IM E Euefque 4e Ciuilar. A Rome. MOnsievr, Lè long filenee de cinq ans, qui s'eft efeoulé depuis noftreentreueuë , n'a rien diminué en moy de la mémoire de vos mérites, qui m'ont toufiours efté aulfi prefens que quand i'auois l'hon- neur de vous entretenir de viuc voix. Que fi i'ay manque de fuppleer par mes lettres à ce défaut, i'en payeray maintenant l'vfure parquelques fruicts de mon labeur que ie vous cnuoye. l'en ay encore d'autres imprimez il y a défia long-temps, mais non encore publiez , où il s'eft prefente occafion de parler de vous. le vous en feray part lors qu'ils fortiront en lumière • & ce pendant vousfupplieray me continuer l'honneur de voftre amitié, & auoir agréable que nous la cultiuions réciproque- ment par lettres , bien que d'aufli inégale éloquence ôc valeur de ma part , que les armes de Glauque & de Diomede. Ex fur ET NEGOTIATIONS, ii7 cefte proteftation , vous ayant afFe&ionncment baifé les mains, ic demeureray, Monfieur , Veftre tres-affeflioHffé&tblirc feruiteur. I. Evesq.ve VEvr.evx. ARGVMENT. S*excufant au Pape , qui seftoit plaint de n'auoir eu de fes lettres s auet yn hure quon luy auoit prefe nté Je fa part ; d luy en enuoye deux autres, fatisfait par mefme moyen au defir de fa Sain Vietê. SANCTISSIMO AC BEATISSIMO PATRI, &C Domino noftro , Clementt , diuina prouidentia vniucrfalis Ecclefiae Papae, V III. Humillima pedum ofcula. Anctissime ac Beatissime Pater., Rcnuntiatumcft mihi , veftram San&itâ- tem,cùm illi libellus à me nuper exaratus offerrctur,conqueftam efle quod munufeu- lum mcû Epiftola non ornaûem , liccrafque ad fe non dediffem. Quod vt minime focor- diar aut rufticitati, fed modeftia: , & fummae erga Pontificiam veftram Maicftatem obferuantiç.adfcriptùm velim: ita poftquam vcftra Bcatitudo mihi habenas laxauit,imo & fuaui fua expoftulatione calcar addidït, intempcftiuum hune pudorem non excutcre,animi effet prorfus torpentis &: remiflî. Qùocircaeidem portui iterum appulfurus , &: nouos fuperioris argum^nti libcllos oculis veftrac San&itatis expoficurus , in cum ipfum feopulum rurfus impingere nolui , fed acce- pta quam mihi veftraBeacitasporrexic fîducia, in altcrampo- nùs partem peccare conftitui. Habcbit igitur veftra fan&tflirma Paternitas has à mebenignaviextortaslitcras,vnaquecûipfis duos récentes libcllos ? quorumalterdifputationemàmceum n8 LES AMBASSADES infigni Ecclefia:Catholica:aducrfario,fcriptisinitamcomiïrct; alcer recenfet qu«e intcr me&quinquehaereticorumMiniftro- rum primarios duces , & antefignanos , nuper gefta funt: qui o- pera Ducis Buillonci,idprocurantis&fpondentis>cGalliaêi Germania Lutetiam euoeati & euc&i , vt inftru&ionem quam Regia: forori medaturumreceperam,autadmittcrentautim- pugnarent, cùm manusconferendarfuerunt, nunquaminare- nam defeenderc, ncque inmeumconfpe&um venire aufi funt, fed fe & caufam fuam,turpi fuga, tota Aulâ, imo tota Galliâ , id fpe&ante ,prodiderunt. Ambos veftra Béatitude boni confulec, & mihi pedibus fuis obuoluco, ac pro Ecclefiafub fuis aufpiciis laboranti, benedi&ioncs fuas impertiet. Ebroicis, ipfo Punfica- tionis die, anno Domini millefimo fexçeiîtefimo fecundo. Beatitvdinis Vestr^, HumillimM (pdeuQtiffwiM ftrum I. Episcopvs Ebroicinsis* ARGVMENT. Luy prefentant quelque s-vnes de faœuures ^illuyrecomimnie âjfer {bonnement deuxperfonnages àefinguliere doârine & vertu. A MONSEIGNEVR L'ILLVSTRI SSIME ET Reuerendiffime Cardinal Aldobrandin. A Rome. Onseignevr Illvstrissi me, le vous enuoye deux petits liurcts ,que i'ay nouuel- lcment publiez: l'vn contenant vnedifpute par eferit contre vn de nos plus fameux hérétiques: l'autre contenant ce qui seft palTé entre les Miniftres de Madame fœurduRoy& moy , fur le pourparler d'vne Conférence. Vous verrez par là, comme ayans efté appeliez de diuers lieux de France & d'Alle- magne , pour débattre TinRiuclion que ie voulois donner à Madame, lors que i'ay efte preft de ven^au point, il ont tra- ET NEGOTI ATIONS. h? hy leur caufe Se leur repu cation par vnc honecu fe fuitte,&; ne fe font iamais ofé trouacr à faind Germain, où eftoit l'aflîgnation, Se où le Roy &; Madame .Se toute la Court, Se moy , les auons attendus par quinze iours, ny en approcher de plus près que de quatre licuës. Ce qui a fait que Madame s'eft refoluë de les licencier , &: en appeller d'autres quifeprefentcntenleuc lieu , mais elle n'en peu t trouuer. Ce pendant i'attens de iour en iour de fes nouucllcs Au refte,Monfeigneur Illuftriflime,la fa- ueur qu'il vous a pieu me faire, de prendre fous voftre prote- ction Se clientèle , non feulement ma perfonne , mais aufîi celle de tous mes amis , me donne la hardiefle de vous renouueller la prière que ie vous fis à Lyon pour le Sieur de Sponde, qui vous prefentera cefte lettre. Il vous pleut me promettre qu'en ma confideration il vous feroit recommandé, Se que vous auriez agréable de l'aflîfter de voftre pouuoir , pour luy obtenir quel- que honnefte commodité de fubfifterpar delà fous l'ombre de vos ailes, le vous fupplie très humblement Se tant que ie puis, Monfeigncur Illuftriffime, de vousendaignerrefTouuenir,dC croire que toute l'obligation en retomberafur moy qui le reco- gnoiftray par vœuz& prières perpétuelles pour voftre grandeur &profperité. 11 cft homme de beaucoup de lettres Se demerite8 &frerc d'vn perfonnage qui par fa eonuerfation,par fes eferitste par les pertes Se perfecutions qu'il a foufïertes , a grandement édifié l'Eglife , Se dont la mémoire cft de tres-bone odeur à tous les Catholiques de France. L'exemple que voftre Seigneurie Illuftriffime monftrera defacourtoifieenuers luy, feruira beau- coup de deçà à encourager les autres de fuiure fes traces, Se au- gmetera toujours voftre gloire deuac Dieu Se deuat les homes. Il y a auflî va autre mie amy fort do&e aux Loix, Se auquel tous lesFrançois doiuent auiourd'huy entre eux le premier degré de réputation en cefte feience, nommé le Sieur de la Foreft,lequel voyant que les cftudcs de cefte profeflîonfe font refroidies par deçà , à caufe de la logueur des guerres,de(ireroic voir s'il pour- roit point faire plus de fruit en Italie. le vous fupplie tres-hum- blemêt, s'il fe prefente quelque bone chaire vacante de cefte le- cture, ou à Rome ou en quelqu' vnc des autres Vniuerfircz de fa Sain£teté;vousvouloir fouuenir de luy.Et ie m'afleure quevous l'en trouuerez plus digne par les cfFets.que iene le»vous fçaurois represécer par ma letrc:Et qu'il fera feruice à la natio Icaliene:8e n» LES AMBASSADES honneur à la noftrc. C'eftdequoy i'ay à vous requérir pour le prefent, & à vous fupplier par mefme moyeiv Monseignïyk Ilivstrissi me, de me continuer la qualité de Vûilre tres-humble ttr es-obligé D'EureUX CC 1. tres-obeyffant feruiteur. Feur.Uoa. I. E'vesqve d'Evrevx* ARGVME NT. Liif*uorable rece ptkn d*i*n fien îtare , le comte k luy en enuoyer deux Autres qu'il a nouuellement mu en lumière. A MONSEIGNEVR L'ILLVSTRIS SIME Reuerendiflime Cardinal Bellarmin. A Rome. ET Onseignevr Illvstrissime, Le bon accueil que vous auez fait au liute de la Conférence de Fontainebleau que ic vous enuoyay il y a quelques mois, & les honorables telmoignages qu'il vous T a pieu d'en rendre3commc il m'a ede man- ^^^^^^nj^ dé de delà; m'ont côuié à vous en enuoyer encore deux autres , que i'ay nouuellemét mis en lumière : l'vn contenat vne difpute que i'ay eue par eferic auec vn de nos plus fameux herctiques:l'autre contenant ce qui seft paffé entre les Mjniftres de Madame feeur du Roy &moy, fur le pourparler d'vne Coference qu'elle auoit demâdee , pour admettre ou débattre I'inftru&ion que ie me promettois luy do- ner. Le fuccez a efte , que cinq des plus fignalez Miniftres de tous les hérétiques, seftans rendus d'Allemagne & d'ailleurs, d'où ils auoient efté expreffement mandez à Paris , n'ont iamais ofécomparoiftreau lieu affigné pour ceft effet, qui eftoitfainft Germain , diftant de Paris feulement de quatre lieues , non- obftant que le Roy, Madame &: toute la Court & moy auec eux, les y ayons attendus quinze iours entiers 5 mais ont trahy leur caufe ET NEGOTIATIONS. fa eaufe&leur réputation , par vnehonteufc fuitte,àla veuë de tout la Court, voire de toute la France. Au moyen dcquoy Ma- dame s'eftremifc à en fommer d'autres fur ce printemps, pour voirs'ils voudront comparoiftre, & fur leur fuitte ,ou leur pre- fence,acheucrdc fe refoudre. Mais quelque peine qu'elle y em- ployé, elle n'en peut trouuervn feul,quiîeluy vueille promet- tre. Ce qui nous donne occafiô d'en bien efperer. Cependant ie vous baife tres humblement les mains, & vous fupplie, MonseignivR I l L y s tr i ssi m n, de ractenirpour De Paris, ccz. Voïïr être s -humble , &*tres-affe£liotitic Feuricr, i6o J Çeruiteur. I. Evesqve d'Evrevx. ARGVMENT. llluy AHOit fait pm de quelques ficns eferits , dont 'il luy donne aduls, & des ofjiccs qui luy ont ejlé rendu* par messieurs les Nonces : l'entre- tient de la bonne opinion que je s déport ement s ont de fia imprimée par tout defon ^Arnbjffade tdrdela fatisj&ftion qu'en reçoit Mon/leur le Maquis de Rofny fan frère. A MONSIEVR DE BETHVNE CONSEIL- ler du Roy en fon Confeil d'Eftat , & fon Ambafladcur. a Rome. M On si evr, le vous écriuy il y a dix ou douze iours dônay ma défpeche à Monfieur L'huil- lier,Banquicr,quimepromitdevous la faire te- nir feuremét- le vous remcrcioisdela prontitu- de que vous auiez apportée à m'obliger par vos lettres;& m'exeufois de la parefTe que i'auois monftrc à vous erv remercier par les miennes : remettant ce défaut furks empef- chcments,qui ni auoient ofté à moy- mefmc,durat tous les mois preccdents.Ievousenuoyoisauffi vn exemplaire de lecrit que i'ay fait contre Tilenus, lequel i'ay dédié à Monfieur le Marquis de Rofny voftre frère le vous écriuois, outre cela, que ic vous auois naguercsenuoye,par le Courrier Baptifte, quelque CL. iu LES AMBASSADES exemplaire de ce qui s'eft paffe entres les miniftres de Madame, &: moy , fur le pourparler d'vne Conférence , afin que delà vous en pendiez apprendre 1 hiftoire :& les auois accompa- gnez de certaines copies de l'écrit contre Tilenus,pour élire diftnbuées à quelques Cardinaux de vos amis & des miens, voire à fa Sain&eté mefmc,fi vous le iugiez à propos. le vous écriuois d'abondant, la bonne opinion que vous auez défia imprimée par tout, de voftre AmbafTade , tant pour voftre grâce ,&c prudence, à traiteer de delà les affaires , que pour voftre induftrie,&: élégance, à en faire de deçà les dépefehes. Ce qui vous pourra eftrc témoigné d'ailleurs plus amplement. Et pourtant vous diray-ie feulement,que Meilleurs les Non- ces , te nommément Monfieur Barberino, qui eft party de Rome, depuis voftre arriuee , n'ont rien oublié des offices qui vous eftoient deus, pour ce regard. le me promets, & luy ay promis, que vous l'en remercierez -, comme aufll ie m'af- feurc que vous ferez, ou aurez déjà fait le mefmc,àMonfieur BufTalo , Nonce ordinaire. Quant au foin qu'il vous plaiffc auofr de moy,ic ne vous en puis rendre autres grâces, finon, de vous protefterque ce que vous procurerez de delà pour moy , me fera de deçà vne augmentation de moyen de vous pouuoir faire feruice,&: embrafler en voftre abfence ce qui vous touche aucc plus de crédit & d'authorité. le me fuis ve- nu retirer icy à Condé,pour quelques mois, afin de tenir les Ordres,& faire les autres deuoirs, dont ie fuis obligé à mon Eglifc, durant ce Carefme .-Mais auec promette, que le Roy a arrachée de moy , de retourner incontinent après , à la Court, pour me rendre afîidu auprès de luy : Au moyen de- quoy, ie ne feraypas long- temps priuc de la commodité de me pouuoir employer aux occafions qui vous concerneront. Ce pendant, monficur le Marquis de Rofny voftre frère , eft fi content de vos deportements , & par ce qu'il en void , 6c par les rapports qui luy en font faits,que quand vous ne luy toucheriés point de fi prés, il obfcrueroit en voftre endroit, toute la diferction & afFe&ion, qui fepourroit defirer, com- me il me l'a luy-mcfmc afleurc. le ne me lafferois point de vous entretenir par eferit vn an tout entier : mais il faut que ie donne lieu à vos autres occupations, Et partant ie finit ay ET NEGOTIATIONS. 123 cefte lettre , en vousbaifant & à Madame de Bethunc, tres- humblement les mains , & priant Dieu, Moniteur, vous donner vne aum* heureufeyflué* de voftre léga- tion, comme le commencement en eft plein de bon aagure. DcGondé,cei. Vcflre tres-ajfiâionné ferai; tur. Feuricr,i6oa. I.Evesq^ve d'Evrevx. ARGVMENT. // le fupplie de certaine atteftamn, touchant U Conférence de Font Aine" blcau. A MONSEIGNEVR LE CHANCELIER de Bellicure. A Paris. MOnseignevr, Remettant fur la prefTe la Confé- rence de Fontainebleau , i'ay prislahardicfTe de vous eferire celte lettre pour fonder fi vous auriez point agréable de me donner vn mot d'atteftation , ligné feu- lement de voftre main , comme les a&es que i'enay faitpublicr, font les mefmcs que ie vous prefentay imprimez à Lyon , Se fur lcfqucîs vous m'expediaftes l'attcftation du Roy & de vous, & dcMclTieursdcfonConfcil. Vous pourrez eftre foulage de ce- fte peine en commandant à quelques- vns des voftres , de confé- rer l'exemplaire imprimé que ic vous en donnay à Lyon , auec ceux qui fc vendent maintenant. Et cela me feruira de iuftifica- tion contre les calomnies qui ont couru par eferit, que ie les auois changez: fans qu'il me foit befoin d'y adioufter , comme auflî ne feray-ic aucune autre apologie. Ce pédant ie prie Dieu, Monfeigiicur, qu'il vous conferuc enfanté, longue &heurcu- fc vie. Voftre trcs-humble , trej'ajfefiionxc & tres-obligé fertiiteur. I. Eveso^ve d'EvRîvx. DeCondc, ce 10. de Fcurier, xtfoa. M* 124 LES AMBASSAD ES ARGVMENT. Monfcigneur le Chancelier luy triant efcrit cejle dotle & élégante let- tre , qui fe yoid au commencement des obligc Mars,i6"oz. feruhear. I. EVEÎQV^E D'EVREVX. ARGVMENT. Veur tribut de [es afiions, il fait part * ce Seigneur de ce qu'il a tra- duit du premier Hure de l'JEneïde. A MONSIEVR DE V ILLEROY, CONSEILLER &: Secrétaire d'Eftat. a Paris. MOnsievr, I'auois donné charge à mon frere en partant de Paris, de prier Monfieur deCherelles de vous donner vne copie de l'entrée du premier liurc * de r^Eneïde,que i'auois commencé de tourncr,pour medelafferynpcurefprit. Depuis iel'ay pourfuiuic,iufquesà la fin de la tempefte. C'eft chofe trop peuferieufe pour vous occuper a la voirrNcantmoins i'ay penfé vous deuoir rendre ce tribut de mes a&ions, que de vous en faire part. Et pourtant, ic vous en enuoy e vn exemplaire^ vous prie me coferuer l'ho- ncur de vos bonnes grâces, comme à celuy qui cft, Monfieur, De Condé,ce 13. Vûflre très-obligée^ tres-affeftiônnè [cruiteur. Mars,i6ox. I. Evesqve d'Evrevx. ARGVMENT. Vaffeurame qu'il a de fafaueur ïempefched'yfer de longues cérémonies > pwleprterdelal/y départir en yn affaire qui le concerne. ET NEGOTIATIONS. A MONSIEVR DE MAISSE, CONSEILLER • du Roy en Ton Confeil d'Eftat, & Maiftre des Rcqueftes ordinaire de Ton Hoftcl. a Paris. Onsievr, l'ay entendu qu'il vous a pieu vous charger d'vn affaire , vous & Moniteur de Vienne,où i'ay quelque intereft : Et pour ce que ie m'afTeure tant de voftrc faueur, que ien'eftime point qu'il me foitbefoin de lon- gues cérémonies pour vous fupplier de me la départir ,ie ne vous en feray point plus grand difeours. Seulement vous prieray-ie , d'auoir agréable queMonfieur de Vienne , àqui Tenécry tout au long, vous en face entendre l'hiftoire , & que vous Se luy, m'obligiez de l'affi- (lance que ie me fuis toujours promife de voftre amitié} Et pour laquelle ie demeureray, Monfîeur, De Paris, ce i j. Vojire tres-xffeâionné feruiteur. Mars,i6o2. I. Evesqve d'Evrevx. ARGVMENT. il l'affeurede ft volonté k recognoidre les grdees qui} a depmies k ceux qui luy ont e/té recommande^de fn part. A MONSIEVR DE LA COVRT, CONSEILLER du Roy en Ton Confeil d'Eftat, 6c premier Prefident en fa Cour de Parlement. a Rouen. MOnsievr, Vous me rechargez tous laiours de trop de nouuelles obligations pour ne vous en rendre point de remerciements. Il vous pleut me gratifier extraordinairc- ment , l'année paifec, en l'affaire que ievous recommanday. Il vous a pieu acheucr de me combler de faueur , en cel- le chi Sieur Prefident de cefte ville. A cela ie n'ay point de paroles fuffifantes : Mes effers le font encore moins. Il faut «Jonc que vous vous contentiez de ma volonté, laquelle ie vous protefteparcemotdc lettre, eftre trop plus grande, qucieno îapuis exprimer. Voim meferez cefte faueur de lareceuoir , s'il us LES AMBASSADES vous plaîft, & de prendre afTeurance , que fi iamais vous defîriez quelque fcruice de moy , i'y courrois de coure mon afîe&ion* Cependant? pour vous rendre coufiours conte de mes actions, ic vousenuoicvn petit efchantillon de traduction, que le Roy me commanda de faire auantmon parlement de Paris , pour diuertirvn peumonefpric des eftudes de Théologie, fçachant que vous aymez les Mufes , & cftes vous mefme Ma-gnu* sApoïlo, Et fur ce petit prefent, ie vous baife les mains, & fuis, M O N S I E V R, D'Eureux,ce 6. Vojlre ancien }C vous tefmoigner l'eftime que ic fay devoftre mente. Cequeie puis , ce fera de publier par tout où mes propos & mes eferirs fc pourroteftendre, lagécilleiTedc voftreefpnt&: de voftrenatu- ( rel;&: me conioiiir auec tout l'ordre Epifcopal, que nous vous a- yons pour confrère & cooperateur en la vigne de Dieu ; à la cul- ture de la quelle tant de grâces qu'il vous auoitfaittes, vousap- pelloicntà haute voix. Quant à l'ceuure où ie vous auois eferic que ie faifois mention de vous ,ily a long-temps qu vnepartic en eft défia imprimée, mais elle n'eftpointencorefortieenlu- miere, à caufe des diuertilTemens qui ont interrompu le cours de mon labeur. Si toft que le tout fera acheué de mettre fut la prcffe, ic ne failliray de vous en enuoyer des premiers exemplai- res. Et ce pendant ie vous fupplicmeconferuer l'honneur ëc vos bonnes grâces, de prie Dieu, ET NE G OTI ATI ON S. i3S Monsievr, vous eoncinucr &c augmenter de plus en plus, les fiennes. De C o n d é , m a i fo n de Vejlre tres-affeâionne confrère & l'Euefché d'fiurcux, ce fermteur. 7. Nouemb.iéoz. I. Evesq^ve d'Evrevx» ARGVMENT. il hytefmoigne le contentement quil reçoit, de Yoççdfion qui s'ejl çre* fentee de s'infnuer enft btenttetllance. A MONSIEVR L'EXCELLENTISSIME Ambaffadeurde Venife. A Paris. g£$BJ|£ O n s 1 e v r , I'ay receu par la voye de Monfieur de la ïfcîjfflp Broflfe.vne lettre de Molieur Lollino Euefquc de Bel* lune, qu'il vous a pieu m'enuoyer : Ecay efte rrcs-aifc que cefte occafion m'ayt donné accez&fuiet de vous remer- cier du foin que vous auez eu de me l'adreffer , &: de vous faire, en reuenche , offre de mon bien-humble feruice. I'ay défia beaucoup d'obligation à ce vertueuxPrelat des faueurs qu'Urne fit en panant par Venife, & de la peine qu'il a prife depuis de cultiuer &:enttetenir la mémoire que ieconferue de luy par fes lettres. Mais ie ne mets pas entre les moindres fruits que i'ay re- cueillis de fon amitié,le bon heur de cefte récontre & le moyen qu'elle m'apporte , de me pouuoir inûnueren voftrccognoif- fanec &: familiarité, & vous dédier mon affe&ion 5c ma feruitu- de. Vous me fauoriferez donc tant , s'il vous plaift, qucd'auoir agréable lahardicfTe que ic prend de l'vn,&: l'offre que ie vous fay de l'autre m'obligerez de l'honneur de vos commande- mens , lefquels l'accompliray d'auflî franche volonté , queie prie Dieu, Monsievr, vous auoir en fa fain&e garde. de Vostre Excellence, A Condé, ce 8. le bien-humble affcCïionnêferuitearl Kouemb.i6oi. h EvESQ_VE D'E^REVXo LES AMBASSADES ARGVMENT. Me luy ayant efetit depuis quelques tours , // j V» exenfefort particu- lièrement, A MONSIEVR DE FRESNES CANAYE, Confeillcrdu Roy en fon Confeild'Efta^&fon Ambafïadeur. a Venifc. Onsievr, Vous auez toutes les raifons du monde de m'aceufer d'vnc extrême pa- refle, d'auoir fi long- temps tardé à fairç refponfe à plufieurs lettres que vous m'ef- criuiftes peu après voftre arriuee à Veni- fc : mais comme à la vérité ie me confeflfe coulpabled'vne inexcufablc négligence; aufli vous fupplie-ie croire que celle fau- te n'eft prouenuë d'aucun manquement de refpecl: , d'amitié &? de feruice en voftre endroit. Mais vos lettres me furent appor- tées en vne faifon où i'eftois fi occupé aux trauerfes que Mon- fieur le Duc de Bouillon & fes Miniftres me donnoient, pour vne difpute fimulee qu'ils auoient feint de vouloir propofer, &: à laquelle ie les auois engagez pari acceptation que i'ena- uois faitte deuant le Roy, &auecfon commandement ;queie n'auois vne feule minute de loifir pour refpirer : Car ils re- muoient le Ciel& la terre pour s'en defengager;& eiîayoient neantmoins de mefnager que la rupture s'en fift,par l'oppofition des Catholiques . afin que le defaduantage de la fuitte demeu- ra ft de noftre cofté: voire y mefloient des confiderations politi- ques fi fpecicufes,&: y faifoient couuertement ioùer des perfon- nesd'Eftat, fipuiflTantes pour en dcftournerleRoy,&pcrfua- der neantmoins aux peuples , que ç'auroit efté la deffiance delà caufe Catfoolique,&la folicitation fecrette de moy &: des autres iccleûaftiques qui l'en auroit diuerty; qu'il falloit que i'euiTe perpétuellement l'oeil aU guet, & fuiTe toufiours en garde & en fentinelIe, pout les dcfcouurir & preuenir. Depuis icn'ay pas *fté prefque vne feule femainc entière > ny à la Court, ny à Paris; ET NE GOTI AXIONS. ,57 encore en temps que le partement des Courriers nefe prefen- toit point. Maintenant que cette commodité m'eft prefentée parmonfieur l'AmbaflTadeur de Vcnife,àqui ie rendsréponfe d'vn paquet qu'il m'a enuoyé-,ie la pren pour réparer vne partie de ma negligéee paiTée,&: vous promettre plus de deuoir à l'ad- uenir. Ce pendant, l'en attendray de vous la peine qu'il vous plaira m'enioindre , laquelle me fera douce, quand ce fera pour exécuter vos commandements, lefquel>ie vous fupplie me dé- partir, & me conferuer l'honneur de vos bonnes grâces comme àceluyquieKt,. Mon si evr, De Condé, ce 8. Voflre tres-aff* Ûionné (eruiteur. Mars,i6o2. I. Evesqv^e d'Evrevx, A R G V M E N T. ïl luy reftoitueUë les offres de fors feruice, & l»y représente ce qiiïïd- retenu de j'jiyutir i n perjonne dtcediucir, A MONîEIGNEVR L'ÎLLVSTRISSIME ET Reucrendiflîme Cardinal deloyeufe. a Paris. MO KS E IGNEVR, a y .-nt appris de mon frère que vous eftiez fur fe point de voîlire partement, pour vous en retourner en Languedoc, i'ay pris la hardiefTe de vous écrire ce mot, pour vous fuppliertrcs humblement d'exeufer le peu de deuoir que i'ay fait de vous rendre, pendant que vous auez efté par deçà, lafukction & le feruice à quoy ie fuis obligé. Vnein- difpofition de deux ou trois mois m'a caufé ce malheur, &c m'a priué tout enfcmble,&: de l'honneur de me ramenteuoir en vos bonnes grâces , & du contentement de m'acquiter de mon de- uoir. Car lors que i'eu le bien de vous voir chez le Roy où ie m'eftois émancipé d'aller ce iour là, pour prendre congé de fa Maiefté, & me venir acheuer de guérir en ce lieu de Conde'j il y auoit trois femaines qweie n'auois abandonné le lie! , com- me le Sieur Régnier qui m'y vint voir 3 & lequel ie priay de S 138 LES AMBASSADES vous faire mes exeufes , de ce que ie ne vous pouuois aller bai- fer les mains; le vous pourra cefmoigncr. Mefmelcfoirdufuf- dit iour m'eftant acheminé en voftrc logis, pourreceuoir vos commandements auant mon partement, mon malheur voulue que vous eftiez chez Monfieur de Montpcnficr. Depuis ien'ay eu vnc feule heure de fante : au moyen dequoy au lieu de re- tourner en bref à Paris , comme i'efperois, & recouurer a ce dé- faut, il m'afallu toufiours garder ou le li&, ou la chambre. Et pourtant fuis ie contraint de remettre ceft office aux lettres, & vous fu pplier d'auoir agréable que ie vous renou uelle , comme je fay par ce mot défait l'offre de mon bien-humble feruice, & vous protefte que ie n auray iamais rien plus cher , que l'honeur de vos commandements, defquels ie feray toute ma vie, MoNSEIGNEVR, De Condé, ce 9. Le tres-humble tres-fidelle obftrmteur. Nouuembre,i6o2. I. Evesq_ve d Evrevx. ARGVMENT. Ilefcrit a ce Seigneur , non tant pour recognoiflre vne nouuelle faueuf qu'il a receut deluy, que pour confejjer qu'il ne U peut dignement reco- gnoijlre. A MONSIEVR DE V ILLEROY, CONSEILLER 8c Secrétaire d'Eftat. a Paris. MOnsiivr, le fuis fiaccouftuméàreceùoirdesfa- ucurs de vous, que fiie vousen voulois rendre gra* ces à toutes les fois qu'il vousplaiftm'obliger, mes remerciements fc tourneroient en importunitez. Neantmoins aiant efté nouuellcment gratifié par vous d'vne fignalec courtoifie , fans que ie vous en aie requis , afçauoir, de l'expédition pour les réparations de mon Abbaye de Lyre; i'ay penfé qu'il n'eftoit pas raifonnablc que ceftejfaueur que vous m'auez faitte fans prière, demeurait fans remerciement. Et pour ce i'ay pris la plume , non tant pour m'acquiter de 00 dcuôir , que pour confetfer que ic ne m'en puis iamais digne. ET NEGOTI ATIO I^S. 139 ment acquiter, 8c vous protelter , Monfieur , que les grâces qu c iereç"oy de vous , quime font tres-cheres,àcaufe de leur propre valeur me le font encore infiniementdauantage, pour lerefpcft delà perfonne dont elles viennent, de laquelle îecheris&re- uere toutes les actions , & prie Dieu, Monfieur, quilles benilTe ôcfaceprofpererdeplusen plus. De Condé, ce z6. Vojlre tres-ob!igé & afft Biomé Nonembrc, 160t. feruitear, I. Eveîqve d'Evrevx, ARGVMENT. Cejledeuote D ftituéray l'obligation fur moy feul , pour demeurer , en confide- ration de cette faueur , & de mille autres précédentes, MONSEIGNEVR, De Condé,CC t. Vcflretres-humble>& oblige May, 1605. feruitenr. I. Evesqjvb d'Evrevx. A R G V M E N T. il lu] mande fou tdu'u , de quelque vers Latiwl A MONSEIGNEVR L'ILLVSTRIS SIME ET Rcucrendiflime Cardinal d'OiTac. A Rome. MOnseignevr Illvstrissimî, I'ay receu les honneftes lettres qu'il vous a pieu m'eferire , accompagnées des vers Latins que vous m'auez enuoyez , qui fontexcellens. L'autheur m'a beaucoup honoré d'en délirer mon iugement : Mais après le voftre il n'en falloir point attendre d'autre. le me fuis icy,auec le congé du Roy , retiré pour quelques iours , afin d'acheuer meseferits, dont ie vous feray part à la première fortie. Ce pendant ie vous fupplie me continuer l'honneur de vos bonnes grâces, comme àceluy quieft, Monseicnevr Illvstrissimî,, De Condé , ce 2.1, Foflr être s -humble &* tres-affeâionnè May, 16*3. feruiteur. I. Evesqje d'Evrevx. ARGVMENT. Vit des habit Ans de l'aigle allant trouuer Monfeigmurle chancelier pour t>» affaire grandement important , il le fupplie de luy vouloir donne* favorable audunce* Tî 146 LES AMBASSADES AMONSEIGNEVR LE CH CELIER deBcllieure. A Paris. Onsetcnevr, Ce porteur vous allant trouuer pour rn affaire qui cft extrêmement important à mon Diocefc;iay eftiméeftre de mon de- uoir de l'accompagner de ceftc lettre, afin de vous fupplier de luy faire l'honneur de le vouloir entendre. 11 eft queftiond'vne entreprife que quelques vns de ceux de la Religion prétendue reformée font à l'Aigle, fouspretexte, dit-il ,d'vnc faufle requefte prefentec au Confeil,aunomdu corps ou de la meilleure part des habitans de l'Aigle m efme, pour y auoir exercice deleur Religion : D ont au contraire , ils font defaduouez & par la Dame de l'Aigle Se par tous lefdits ha- bitans. Cela apporte vn grand trouble à ce Diocefc: Et pour ce, i ay pris la hardieffe de vous eferire ce mot, afin de vous fupplier tres-humblement de le vouloir ouïrfauorablemcnr, & cmbraC fer la protection delaiufticcqu'ilm'aaflTeurcecftreenfacaufe, & de ceux qui l'enuoyenc vers vous , de qui ie fuis, MONS ElGNEVfc , De Condc,ceii. Vottre très-humble tres-ohiigé M ay , i'6oj. & tres-affeftionné feruiteur. I. Eve s q.v e d'Evrevx. ARGVMENT. Il intercède pour faire obtenir au fils de l'vn de [es meilleurs am'tst cer- taine difrenfe de Monftcurle Grand Maiflre de Malte. A MONSEIGN EVR L*I LLVSTRI SSIME ET ReuercndiiTune Cardinal Aldobrandin. A Rome. MOnseignevr Illvstrissime, I'ay cfté priépar Monficur deFueillas> Maiftrc dcsRe^ ET NE GOTIATIONS. 147 queftes ordinaire de l'Hoftel du Roy , l'vn de mes meilleurs amis, de vous eferire ce mot pour vous fuppliertrcs humble- ment l'afïifter d'vne lettre de recommandation enuersMon- fîeur le Grand Maiftre de Malte, afin d'obtenir vnedifpcnfe d aage pour vn fien fils qu'il defire mettre en ceft Ordre là. Et d'autant qu-c l'amitié dont vous m'honorez eft telle , que les effets s'en efpandent non feulement fur moy , mais fur mes amis, ïe me fuis facilement promis , &c que pour Ion propre mérite Se que pour l'amour de moy vous luy accorderiez volontiers cette grâce Ceft donc chofe dequoy ie vous fupplie tres-hum- blement,Monfeigneurllluftriflime, &vous alTeure que la fa - ucur qu'il en receura me fera autant &; plus chère que fi elle eftoit faitte à moy-mefmc. Et fur cefte proteftation , vous ayant très affe&ionnément baife les mains , ie^prie Dieu , Monfcigneur Illuftriflime, vousauoirenfafain&e garde.- De Paris , ce 3. Vojlre tres-humbie , & très- obligé «ieluin, 1605. feruiteur, li EVESQVE d'EvREVX. ARGVMENT. T-I f 'appelle fenT 'ut eur à exufe des bons offices qu'il en a toufiours recev?, . Itty recommande familièrement i>n affaire de Monficu* de U Brojje , Per* fonnavede mérite & qu'il a toufiours beaucoup affeftionnL A MONSIEVR PHELYPEAVX.CON- feillerdu Roy, enfonConfeild'Eftat,&Thre- forier de fon Efpargne. a Paris. ®NSIEVR>mon Tuteur, Monfieurde laBro/Tc,le- jÈvv^lr ^ue^ i'anCc&i°nne corne vn autre moy-mcfme , ayant à jSmM^ vous fupplierd'vn affaire doc il m'a efcritji'aypefc que cobun que^ous le fauorifiez aflfez de voftre amitié , neatmoins I4$ L.ES AMBASSADES matrcs inftâte prière y adioufteroit encore quelque chofe. Et pour ce vous ay-ie fait ce mot de lettre, pour vous fupplier qu'il reffente qu'outre l'amitié que vous Iuy portez pour fon propre mcritejvous l'aimez encore au double pour l'amour de moy . Et i'en demeureray de pKis en plus obligé à me diEC éternellement, Monsievu mon Tuteur, D'Eureuxcc 24. Voflre plmredeiinhle &a,ffc ftionne lu in, 160,3. pupille drferuiteur, d. Evesqve d'Evrevx. A R G V M E N T. il sexeufe de ne hyefcrir;pf>s,il jouhaittet'occafton de ie luyjtouuoir jaire feurement tenir.. A MONSIEVR PROSPERO PODIO. A Perufc. Onsievr, le rougis d'auoir fi long-temps abu- fé de voftre courtoifie , en retenant iufques à pre- fent le liure qu'il vous pleut me prefter , lors que ie palTay par Pcrufe : Mais la crainte quei'ay eue de le confier à perfonnes;qui luy laiiTalTent courir fortu- ne par les chemins , ou ne fuffent pas curieux de le vous rendre ET NEGOT1ATIONS. iyr fidellement , en a efté en partie caufe ; 5c en partie auffi le feiour quci'ay faitcnmonEuefche, lors que les occafiôsfcpouuoienc prefenter de le vous renuoyer plus feureméc. A cela ie doy ioin- dre la cômodité que i'attendois d'en faire repporter vne autre à Rome que noftrc S. Pcre me fît prefter auant mon partemêt, la- quelle ie me promettois de prendre au retour d' vn Légat , que nous cfperos de iour en iour depuis z. ans,deuoir arriuer en Frâ- çc iôc par mcfme moyen defleignois d'y aflbcicrlercnuoy du voftre. L'on nous afleure que ce fera pour ce printemps pro- chain , & lors ie ne failliray aucc le port de fes meubles , de vous renuoyer, Dieu aydant, voftre preft , pour le vous faire tenir en toute (cureté. Ce pendant s'il feprefente quelque chofe par de- çà, qui foit digne d'accroiftre la richefle &: l'ornement de voftre BibliothequCjOU de vous apporter quelqu'autre contentemet, vous me ferez l'honncu r de me le faire fçauoir : Se ie n'oublieray de vous y rendre tout le feruice que vous deuez attendre, MoNsiEVR,de t De Condé, ce 16: Voftre tres-& y recognoiftre les mefmes traces d'affe- ttion &dcferuitude, que vous auczrecognués en mon ame, V iy4 LES AMBASSADES durant voftrc fejour en ces quartiers. II ne fe palTe iourjors que i'ay l'honneur d'eftreaucc Monfieur le Chancelier^ autres per- fonnes de qualité, qui vous ont affilié en cefte expédition, que nom ne confommions les heures toutes entières, à remémorer la douceur de voftrc couerfation,le merite de vos deporteméts, & l'obligation vniuerfclle que toute la France, voire toute la Chreftienté , ont àla prudence , & àla bonne conduitte de vo- ftre Légation en ce Royaume. Mais neantmoins la refTouuena- ce de toutes ces obligations générales , n'étouffe point le reflen- timent& la gratitude particulière des obligations que ie vous ay de mon chef : ains m'en laifle la mémoire fi viue , qu'en mes plus affectionnées prières vous tenez toufiours vndes premiers lieux, a quoy me conuie encore d'autant plus le foin qu'il vous plaift auoir de moy par delà, que les faueurs faittes aux perfon- nesabfentes, obligentplus que celles qui font faittes aux pre- fentes. le ne vous en pois remercier dignement, Monfeigncur IlluftrifTimc , mais ie prieray celuy qui au lieu de remerciements temporelSjpeut donner des recompenfes etcrnclleSjdc fuppléec à mon infirmité, & vous combler, Monseîgne v r I l l v s t r i $ s i m e , de toutes fortes do profpcritez, fpirituelles & temporelles. De Gondé, ce premier iour Voflre tres-humble, très-obligé de Fcurier, 1604. & tres-ajfeû tonné feruiteur. I. EvijQ^e d'Evrevx, ARGVMENT. lAydnt e{\* gntijîé de luy en quelque oaafiott, il luyteÇmoigne auec quïïe deuotten & reuerence il re{oit les obligations qui luy yiennent ie fa fart, A MONSEIGNEVR L'ILLVSTRISSIME ET RcuerendifUme Cardinal de loyeufe. a Rome. MOnseignevr Ilivstui ssime, Une m'cftoit point bcfoin denouueauxtefnaoigna- ges de voftrc affection ,pour me confirmer la créance que i'ay £ T NEGOTIATIONS. d'auoirl'honcurd'cftrc aimé de vous. Car les afleuranccs qu'il vous a toufiours pieu m'en donner,& la profeflîon que i'ay fait- tedc tout temps, de perpétuelle &c héréditaire feruitude enuers vous Se Monfeigneur le duc de Ioyeufe, voftre frère, mon Mé- cène, & toute voftre maifon,ne m'en pouuoient laiffer dou- ter : Neantmoins, les témoignages que l'on m'a rendus, des offi • ces qu'il vous a pieu me faire à cefte dernière occafion, y ont a- joufté vn tel comblcjquele filence meritoit de m'en eftre impu- té à ingratitudc.Ie vous écry donccemotdelettre.Môfeigneur Illuftriflîmc^our vous en remercier tres-humblemcnt , &: vous fupplier de croire , qu'il ne refte aucune des créatures de feu Monfeigneur voftre frère &: des voftres , qui rcçoiuent les obli- gations qui Iuy viennent de voftre parc , auec plus de deuo- tien & de reuerence. Si ce reffentiment n'eft accompagne de très humbles feruices , la faute en doit cftre attribuée à la bafteiTe de ma fortune , qui poar des grâces & des bien- faits ne vous peut oftrirque des voeux &des prières. le vous fupplie en toute humilité de les auoir aercables, & me per- mettre que pour mon vtilité ic ne lahle pas de me glorifier toufiours , d'eftre, Monfeigneur Illuftriflïrae, De Condé, ce premier VoÇïre trcs-humble, tres-obeyjjant & dcFeur.1603. tres-obligè feruiteur. I. Eveso^ve d'Evrevx. ARGVMENT. Il attribue * la feule bonté generojité de ce Prélat % les offices que de [on mouuement , il a eu agréable luy départir & dit que ce qu'il fia point mérité far recherches précédentes , // ejjaiera de le recognoi* Jlre par remerciements fubfequetits. A MONSEIGNEVR L'ILL VSTRISSIME ET Rcuerendiflimc Cardinal Iuftinian. à nome. MOnseignEvu Illvstrissime, Il feroit incroyable de lapartdctout autre efprit , que V ij is* LES AMBASSADES du voftre , que pour le peu de temps que i'ayeu l'honneur de vous offrir mon feruice à Rome,il vous pleuft après vnc abfence 6c vn filcnce de fept ou hui&ans, me faire l'honneur de vous fouuenirdemoy , &: me rendre les offices de voftreamitié tels que Ton me les a reprefentez. Mars c'eft à vn efprit tranfeendanc Se miraculeux comme le voftre, de faire des chofes extraordi- naires &: inaccouftumees au refte des hommes. Et à la vérité, fi ie dy que ie ne deuois pas attendre ce bien, aiant cfgard à mon peu de deuoir &: de mérite , c'eft auecraifon : mais fi ie confide- relanoblefle&generofite'de voftre naturel qui feplaift à biea faire pour l'amour de luy-mefme , & continue d'aimer , pour ce qu'il a commencé d'aimer ; ie confeffe que i'ay tort. Mais ce que ien'ay point mérité par recherches précédentes, ieffaieray de le recognoi ftre par remerciements fubfequents , & conferueray la mémoire des obligations que ie vousay, d'autant plus pure qu'elles me viennent de voftre feule & libérale bonté. Iefup- plie tres-humblement voftre Seigneurie Illuftrifïime de le croi- re, &deme permettre que cefte lettre m'en férue de gage, ac* tendant que Dieu merendefiheureux,que de vous tefmoigner, par quelque tribut de ma feruitude , que ie fuis, MûNSElGNE VR ILL VSTRISSIME, De Condé,ce premier Voftre tres-'humbleitres'obligê& de Feur. I604. trej-affeftionnè feruiteur. I. EVESQ^VE d'EvREVX. A R G V M E N T. Vn effet! récent d'amitié foblige a rompre U trefuede lettre s ^ qu'il auoh prife mec luyf pour quelque temps. AMPLISSIMO ET ERVDITISStMO GARDINALI Cajfari Baronio, I. Ebroicen. Epifcopus, S. Ecit pondus operis,fub quojamdiu fudo&anhelo, Cardinalis AmpIhTimc , vc donce fub pra^lum irer, quod prope diem,Deo annuente,fucurumfpero,litc- rarum indueias tecum pacifccrcr. Vcruronoua beneficiorum ET NEGOTI ATI ON S. 157 âcceflîo.quibus me à te cumulatû , renuntiatum efl: » vt eafdem inducias,rupto fîIenrio}violarem,effecit. Acceperâ fanèàmul- cis ride dignis teftibus , & prœfertim abipfo rcrum noftrarum cohimineCardinali Aldobrandino, dumLugduni gloriofifll- mam illam Legationem obiret,quanto ftudio tu me & mea pro- fequereris.Te enimfecumdeme confilio fa^pè communicafle, & verbis bonamin nos fan&iflîmi Pontificis mentem fouifle, narrabat. Sed vt abhinc, neque temporis diuturnitas , neclite- rarum infrequentia, nec tôt in animum tuum incurrentia nego- tia, quicquam de illo erga me ftudie detriucrint, omnem expe- étationem vicit. Perge igitur, Ca:dina!is Ampliflîme,me, vt fo- ies , patrocinio & officiis colerc,vt ego te obferuantia &c obfc- quio.(Eft pênes me grande laborismeimonumentum, breui in publicamlucem proditurum , vbi fsepède te prseclara incidit mentio.A me non inhonoratus abibis.ValcCardinalis Amplifli- mc,& me, vt foleSjama.Data Codeti,pridie fefti Purifîcationis, anno Domini,M.DC.iiu. Illvstrissim.* Dominationiscuîe, HtttrÀlltmm & addiflifjimM feruu** I. Episcopvs Ebroicensis. ARGVMENT. Caufes iïintevmfïton de lettres, afliotts de gruces de pltifir receu , certitude à' amitié. A MONSEI GNEVR L'ILL VSTRÏSS IM E ET ReuerendiffimcCardinald'OiTat. a Rome- MOnsEignevr Il lvstrissime, Mon elloignement de la Court , & le temps que Rem- ploie à acheuer mon ccuure,me feruironr,frl vous plaift, d'exeufedupeudedeuoirqueie fay de vous efciire : l'vn pour eftre en lieu d'où ie ne vous puis donner aduis , quinefoitpre- uenu d'ailleurs, l'autre ;pour ce que i'efpere, Dieu m'ayant fait la grâce de mettre finà ce labeur , de vous paier tout d'vn coup cnvousl'cnuoiant, les interefts démon longfilencc. Cepen- V ii; ijs LES AMBASSADES dantafin que ces miennes raifons ne foienc point interprétées autrement, i'ay eftimé le vous deuoir protefter parcefte lettre, qui vous remerciera aufli coniointement des bons offices que l'on m'a tefmoigné que vous m'auez rendus auxoccafionsqui fefont prefentees. Icnauois point befoin de cette afleurance, meferuant à moy-mefme de meilleur tefmoin que perfonne dumonde, de 1 arTedion qu'il vous plaift me porter , &devo- ftre bon naturel, quinefepeutlalTer d'obliger ceux qu'il aime. Mais ie chéris & reucrefifort l'honneur de voftre amitié , que les tefmoignages qui m'é font rédus,ores qu'ils ne foient pas nc- celîaires pour m'é afleurer , ne laiflent pas de m'eftre très-doux &tres-agrcables. le vous fuppliehumblemenr,Monfeignciu: Illuftriflime,de me la continuer^ pour l'amour de moy quien defire la conferuation fur toutes chofes , & pour l'amour de vous, qui ayant pris cefte refolution eftes obligé à voftre con- fiance, de lapourfuiure. le prie Dieu» Monfeigneur Uluftriflïme , qu'il m'en face iouïr longuement &c heureufement. De Paris, ce i. Veftretres-humhle&tre^obhgê Feurier,i^04. feruiteur, I. EvESQVE D'EVR&Y». ARGVMENT. Son deffein de l'aller yipter changé par certain accident , (?le défit qu'il a de le yoir auxnt yuil quitte l'air duftys. A MONSIEVR DE TYRON, CONSEILLER DV Roy en fonGonfeild'iftat. a Bon-porc. MOnsievr, Teftois party de Condc, en intention de pafTcr outre, &c vous aller voira Bon-port : Mais mon Cocher cftant tombé maladc,jay efté contraint de châ- ger de de(Tein}&: de prendrele chemin du logis, fous la côduittc «Tyn çhartier, que i'ay fubftituc, comme vn nouucau Phaçthô, ET NEGOTIATIONS. ir9 enfaplacc. Cela me fait vous cnuoycr ce laquais , pour fçauoir devosnouuelles, &vous fupplier me mander fiic n'auraypas I honneur de vous voir à Condé , deuant que vous quittiez l'air de ce pais, $c quand ie me puis promettre ce bien , afin quei'ad- ucrdfîe Monfieur Chouayne , de me venir ayder à vous y rece- uoir ,felon la prière qu'il m'en a faitte. le conteray cefte faneur pour la meilleure auenture qui foit arriuee à ma maifon, depuis que j'y fuis, &: qui y arriueraiamais demonviuant Et en celle efperancc, demeureray, Monfieur, D'Eureux , ce iour de Voftre plus affe étonné feruiteur. Pcntccofte,i6o+. I. Evesqje d'Ëvrevx. A R G V M E N T. il y .< des offinfes que ce ne fer&itpM honte , mais U'cheté & flupidu e\ de tolérer comme cejle-cy ^u'iirieuft pu attendue d'y n atn y : Mais de quiU pouuoh-il attendre , finon d'vn amyiCar d*yn ennemy , Une s'y fujî pu fie. A MONSIEVR DE BEAVLIEV BOVIV. a Paris. M On s ie vr, Ictrouueforc eftrangc quem'a- iantfaitl'a&e que vous auczfait, vous aiez en- core eu l'afleurance devousen vouloir iuftifier enucrsmoy par voftre lettre. Vous fçauezbicn que quand à voftre tres-grande inftancejie vous preftay, &confiay les deux premiers tomes de môliure contre Mr du PlcflîSjCc fut auec mille ferments & proteftatios que vous me fîftes , que iamais vous n'en laifleriez rien voir à perfonne, ny ne vous en feruiriez en aucune forte, & que vous le tiendriez il ferré & fi fecret» que voftre homme mefme ne le verroit pas. Il vous peut d'aillçurs reflouucnir delà défiance Se de laialoufic que i'auois toufiours eue, qu'il ne f en efuentaft quelque chofe, foit en fu bornant les gens de mon Imprimeur ou autrement, & combic i'eus de peine pour l'éprcuoe d'vnc fueille qui en auoit efte vnc fois efeartec- Vous ne pouucz no plus ignorer ,quc ie no HSo LES AMBASSADES vous a y e en ce cas préféré à tous mes autres am«, excepté à mo frère feul; n'ayant iamais voulu permettre à perfonne,fin©n à vous Se à luy , d'en tirer aucun exemplaire d'entre les mains de l'Imprimeur, quelques prières qui m'en ayent cfté faittes,& quelques cautions de fidélité qui m'en ayent eilé offertes. Et neantmoins, contre toutes ces proteftations , violant lafoy de l'amitié, de l'hofpitalité, de la confiance, &z de toutesles autres refpe&squi vousdeuoient rendre plusfidelleenmonendrqi:, que perfonne du monde, vous en auez inféré de mot à motmon pas les périodes, mais les pages, non pas les pages, mais les fueil- lcs, non pas les fueilles, mais les cayers tous entiers , dedans vo- ftre liure. Qui eft vn ade fi plagiaire, que ienele puis croire mefme en l'efcriuant. Car quant à ce que vous dittes, que vous m'apportaftes icy voftreceuurece printemps dernier , & me le monftraftes : Cela n'eft aucunement comme vous le prefentez. Vous me monftraftes bien les eferits que vous auiez faits de l'E- glife &c des principes communs de doctrine , auec quelques fo- lucions que vous auiez dônees aux patTagcs defaincl; Auguftin, fur l'Euchariftie : Mais dans tout ce que vous mcleuftes, il n'y auoit vne feule parole prife de mes liures contre Monfieur du PlefTis. Il s'y recognoiiToi't bien des raifons,& des conceptions que vous auiez apprifes de moyen maconuerfation : Mais Vous ne m'y monftraftes iamaisriend'inferédemon texte. Et quant à la permilîion que vous dittes queie vous donnayi de vous fer- uir dedeuxdemesobferuations fur les paiîages deTertullian &de Theodoret, cela n'a rien de commun auec la fjçon dont vous y auez procédé- Car ien'entendois nullement, & ne m'en parlaftes point auûi que vous deufliez cnîeuet le corps de ma rcfponfeau palTage deTertullian, pour en mettre, comme vous auez fait, le texte toutentier, dans voftre liure. Seulement vous permettois je, que vous vous feiuiiTiezdecefté remarque, que referoit le mot, fi»ur fîiTiez metion en voftre efcrit,ne fçachât pas fi vous l'auiez fait ou non, au premier. Mais qui ne void quclapermifllon de ces deux pacages vous dcuoit eftrc vn renouuellcmentd'adiuration&: d'obligation de yous abftenir desautres. Et pour le regard de ce que v ous dittes, que vous en auiezdefiavfc demcfme en voftre premier liure,& que ie ne l'auois point trouué mauuais; C'eft vnetres-piteufe cx- eufe. Car outre ce quei'auois couru légèrement par delïus , &c n'en auois veu que quelques lieux,où vous parliez de vous mef- me;& d'ailleurs que la modeftie de vous l'auoir difiirnuié, ne vous dcuoit pas lafcher la bride à toutes fortes de licences -, Les chofcs n'eftoient aucunement pareilles : D'autant que là vous nefaifiezqu'ehHeurcr&cfcumer par-cy par-là quelques traits de mon efcrit.qui pour cela ne luy defroboient rien de fon corps &de fa fubftance: mais icy vous m'en auezenleué les traittez tous complets, tranferit de motà mot & fans en obmettre vne feule {y!labe,les cayers tous enticrsj&en telle quantité que c'eft prefque la plus grande partie de voftre liure. Les lieux manuf- crirs des Pères , que i'auois recherchez és plus rares Bibliothè- ques de Rome . de Vcnife , de Florence , de Bafle &c d'ailleurs, vous les auezkitimprimermotàmotfelonmâ traductions le texte Grec,quicftoicappoféàlamargedemonimprelTion ,1'a- uez fait appofer à la voftre : comme tant de belles pièces de S. Cyrille d'Alexandrie , non encore iamais veuës publiquement, en leur langue originale & toutes autres dans le texte Grec, qu'- elles ne fe trouuentdans les traduction Latines, qui font poiu- la plufpart mutilées &: corrompues. Toutes ces allégations là, de la nouucaucc & des prémices defquelles ie penfois ©rnec X i6l LES 'AMBASSADES mon labeur , vous les auez toutes copiées & tranferittes , fans faire aucune mention de moy , combien que quand on vous de- mandera en confeience , où vous les auez leues dans leurs au- theurSjVous ne le fçauriez dire,ny en conftruire vn feul période, pour le défaut de la langueGrecque,dont vous n'eftes pas pour- ueu. Les raifons , folutions & conceptions, que i'auois peine &c trauaillé depuis plufieurs ans pour les trouuer &c rédiger par cf- crit, vous les auez non feulement inférées dans voftre ceuure, auec leurs fcns,mais auflî auec leur ordre, ftyle&paroies. Car de dire qu'en quelques lieux vous auez fait mention de moy , ce n'a efté auec aucune ingénuité } mais feulement pour diminuer lahonte de la defcouuerture Ci ie venois à faire publier mo liure. Car en quelques lieuxvousauezbienmis,CommeaditMon- fieur d'Eureux, ou, Comme -Monfieur d'Eureux en a ample- ment eferit, ou, Nous fuiurons Monfieur d'Eureux: Maiscelaa efté, ou en des chapitres précédents , ou en des lieux où vous auez puis après inrerpofé de voftre ftyle, afin d'en faire perdre la mémoire, &c puisy auezadioufté tout ce qui eftoit du mien, co- rne dit de vous-mefme Se parlant en voftre propre perfonnc.Car depuis la 140. page de voftre liure iufques à là i8o.y a t'ilen quarante pages toutes entières, vne ligne qui ne foittranferite de moy , de mot à mot .? Depuis la 185. page iufques àla 591. y a t'ilvn feul période, qui ne foit tranferit lettre après lettre de moy ? Depuis la page 406. ài'endroitoù commence ie34. cha- pitre , iufques à la page 419. y a t'ilvne feule claufe qui ne foie copiée de moy fyllabc pour fyllabe , excepté quelques périodes que vous y entremêliez du voftre es dernières pages î Depuis la 419. page , iufques à la 419. n'eft-ce pas mon texte tout pur, horfmis quelques entrelacemcns, que yous y auez faits du vo- ftre, en la 411. 8£ 413 page, pour infinuer que vous parlez en voftre perfonne;S£ que ce que vous auez dit, que vous me fui- uez , n'eft pas pour monftrer que vous preniez mes paroles, mais feulement que vous imitez quelque chofe du gênerai de monintention? Depuis ^431. page, iufques àla 441. qu'eft-cc autre chofe, que mon liure extrait de mot à mot? Depuis la 459. iufques à la 4 6j &: depuis la 472. iufques à la 473. ic ne veux point dire que c'eft tout de mefme : car celles-là vous les confeflfcz. Depuis la page 6z6. iufques à la page £31. que font* ce autres ehofes , que les propres paroles de mes liures contre ET NEGOTIATIONS. Monficurdu Pleffis ? Etainfi d'infinis autres. Cardcquoymc fcrt , que vous me citiez au commencement d'vn période, ainfi que fi vous ne preniez qu'vn mot de moy, &: qu'après cela vous tranfcnuiez mes cayers tous entiers î Comme quand vous dic- tes que le mot d'antitype , eft fi ambigu & equiuoque , qu'il n'y a Procce qui ayt plus de formes &: devifages,ainfiqueMon- fieur d'Eureux l'a remarqué & efcrit j que me fcrt cette men- tion de moy ? Cela aduertit-il le lecteur d'autre chofe , finon de ce que i'ay dit que l'acception de ce mot,antitype,eft plus varia- ble que le vifage de Protee? Cela monftre-t'il queles cinq pa- ges fuiuantes, où vous parlez en première perfonne , c'eft à di- re , en la voftre,foienc de moy : Que me fert que vous ayez dit en la page 340. que rien ne peut mieux faire l'office denous efmou- uoir à compafîîon de la mort de noftrc Seigneur, comme a die Monfieur d' Eureux , que la prefence de fon corps mefme ? Cela monftrc-t'il que tout le refte du difeours que vous adiouftez après iufques à la page fuiuante , foit de moy?f obmets mille au- tres lieux que vous prenez de moy, fans en faire aucune mémoi- re , comme en la 383. page, tout cequcvousdittesdumotde Sacrement en vfageabftraid , eft pris de moy. En 13383. page, & 384. tout voftre chapitre24. eft pris entièrement de moy. En la 399. ce que vous dictes de faind Epiphane, &: de faind Am- broife, faind Hierofme 6c faind Cyrille : Enla^o. tous les deux premiers tiers delà page: &enla z6o. ce que vous dittes fut la mefme matière, eft femblablement pris de moy . En la 584 . tout ce que vous dictes , iufques à la 17. ligne, l'eft tout de mef- me. En la page 2p. la page toute entière eft de moy Et la 113. page , ce que vous dittes de Iacob en Betliel ; En la zz4* page, tout ce que vous dittes delà comparaifondca efpe- ces, en l'œil, aux miroirsaueclafoy : Etenla339. page, ce que vous dittes de l'Vrne & de la Manne, eft femblablement de. moy : Et en infinis autres lieux tout de mefme : Et tout cela,, fans en faire aucune mention I'obmetslcs traductions queia-. uois faittes des paifages des Pères , comme des deux fainds Cyrilles , de faind Grégoire de NyiTe , de faind Chryfofto- mc, de faind Hilaire, de faind Arnbroife , &autres que vous, aucz inferez de mot à mot, en voftre ceuurc , auec leurs adfcri- . ptions Grecques ou Latines à la marge, &: leurs interprétations inteilineaires:&:cela fans aucune mention de moy . Vn feul liea, i*4 LE S AMB AS-SAD ES auez vous auoiié tenir de ma tradu&ionfurleGrec,afçaUoir celuy de 1'onziefmc liurc de faind Cyrille : d'autant que vous n'en auiez point trou ué le texte Grec à la marge de mon eferic, pour le trâfcrirc dans le voftre. Mais de toutes les autres alléga- tions Se tradu&ions prifes de mes liures, comme depuis la 1 8. -page de voftre eferit , iufques à la 1 95. &: depuis la 22.9. iufques à la 13 1. & depuis la 242. iufques à la 155. vous n'en auezfaitaucû femblant. l'obmets tous les epithetes , comparaifons, & autres omemens , dont vous auez voulu parer vos eferits, aux defpens de la defpoiiille des miens. l'obmets plusieurs autres remarques des Pères , que i'auois mifes en referue pour mon labeur,&: que ie vous auois communiquées, ou de viue voix^oupar eferits manuels, en la publication defquclles vous m'auez gaigné de la main , vous confiant comme ic croy , que grâces à Dieu , ie n'en fuis pas defpourueu d'aflez bon nombre d'aurres. Et puis, quand vous y auriez fidellemsnt Se ingenuement coté tous mes traittez , Se toutes mes allégations , Se mis à la tefte , Icy com- mencent; & à la queue , Icy finiflent les paroles de l'Euefque d'EureuxjQu| vousauoit donné permiflion de publicr& cfuen- ter ce que i'auois voulu eftrc tenu fecret , iufques à ce que ie le mifTemoy-mefme en lumière ) Qui vous auoitdoné permiflfion de defcihrcr& arracher les parties de mon hure, pour les faire voir en public, feparees de leur corps deuant que tout l'ccuure forcift de mes mains ; Se rauir à mes eferits la fleur Se la grâce de la nouueauté , Se faire que quand mon labeur viendroit à Ce moftrer au iour,lcs parties que vous m'en auriez fouftraittes.ne fuffent plus , que pièces fripées, défia veuës &portees d'vn cha- cun? Qui vous auoit donné permiffion de donner ceftaduanta- ge à mes aduerfaires , que de leur moyenner leloifir de pouuoic auoir défia fait rcfponfe , foit bien , foit mal , a vne partie de mes eferits , quand ie viendray à les mettre en lumière ; Se qu'ils puiffent fous ce prétexte, arrefter parmy les leurs, le cours de mon ceuure , Se dire , quand il fera expofé à la veuë des lecteurs, qu'on y aura défia refpondu , Se que ce ne font que des redittes : Se cela encore, auec d'autant plus de defaduantage pour moy, que vous aucz mutilé en plufieurs lieux mes argumens Se mes raifons pour les mefler auec les voftrcs? Ncfçaucz-vouspas, queiefuisàla veille de faire acheuer de mettre mon labeur fur la prefTe ? Pourquoy vn petit vain Se précipité defir de gloire, ET NEGOCIATIONS. tëf vous a-t'il tant tranfporté que de me vouloir preuenir? Ne pou- uiez- vous pas, ou pluftoft ne dcuiez-vous pas,fi vous cufliez eu le refpcft de faire de vous mefme , ce dequoy ma modcftie m'é- pefchoic de vous prier; vous abftenird'efcrire des points que Tay traitiez dans mon liure& remettre l'attete des le&eurs à ce que vous fçauiez que i'en auois efcrit,&qui eftoit défia tout im- primé , entre vos mains, Se que vous ne pouuicz ignorer , que mon intention ne fuft de faire bien toft fortir? Ou fi le demage- ment d'eferire vous chatoùilloit fi fort, ne vous falloir - il pas auoir ce commandement fur vous-mefme, que de vous inter- dire de toucher les raifons,folutions & allégations qui m'eftoiêt particulières & que vous n'auiez point veués ailleurs , & les te- nir feercttes, comme n'eftant venues à voftre cognoiflance, 02 ne vous ayant efté rcuelees que fous le feau de confeflion ? Ec quand vous eufliez eu ce defir illicite de vous en feruir , deuiez- vous pas pour le moins laifTer mes paroles &: non pas mettre mon texte tout entier dans voftre Iiure&me rauirce dernier contentement > qui me reftoit en tel cas , qui eftoit, fi i'eftois contraint de dire les mefmes chofes , pour le moins de les pou- uoir dire en autremanierc ? A la vérité fi cela eft faire des liures, il fc trouuera que ce fera voftre homme qui aura fait le voftre &C non pas vous. Car vous nauez eu autre peine, pour ceregard, que de luy faire tranferire les cayers tous entiers de mes eferits pour les mettre dans les voftres. Et quand on oftera de vo- ftre œuurc ce que vous auez pris, tant de mes deux volumes contre Moficur du Pleflîs, imprimez, mais non encore publiez, que des autres que i ay defia publiez , il en reftera peu. Mais des autres liures patience: ayans efté publiez, ils eftoient faits de droit public. L'amitié certes a de grands priuileges : mais elle a aufîî des refpe&s &: des bornes, lefquels quand on les excède, ce ne font plusj>riuilcges,mais facrileges. Et fi iamais perfonne les a deubs à autre , ie puis en cefte matiere,dire que vous me les dcuiez.'Car vous fçauez que tontes vos eftudes& de Philofo- phic &c de Théologie , vous les auez faittes par Tefpace de 4. ou y. ans , en ma conuerfation domeftique , VnMonfcigncur,cobien cefte a&ion m'eft difficile à fup- porter. Et cela m'a fait defpefcher ce porteur exprès , qui vous prefentera vne tres-humble requefte,pour vous îupplier, corne ie fay en toute humilité, de ne permettre point que lachofe palTc plus auât : mais y dôner l'ordrc,que ie me promets de voftrc in- tégrité, &: de la prote&ion que vous auez prife de ce qui me co- cerne. Ce mcfme porteur vérifiera, s'il vous plaid, deuantvous la iufte caufe de ma plainte & vous tefmoigncra l'efperâcc que i'ay de voftre ayde. Il pourra rcfpondre à toutes les exeufes du- dit Sieur de Beaulieu. Et toutesfois fi vous eftimez que ma pre- fence y foit neccffairc.ie vous fupplietrcs-humblement de l'en aduertir; Et ie me tranfporteray par delà, auec la mefme affc&io que i'ay toufiourseuëde vous alTeurer que ie fuis, Mo NSEIGNEVR., De Condé,ce7. Veflretres-humUe grtres-iUigc (g* Fcuricr,i^04. très - affe (lionne fer un eur. I. Evesq^ve d'Evrevx. LES AMBASSADES ARGVMENT. Il s'informe de la procédure du Sieur de Beaulicu. A MONSIEVR DE VILLERO Y, Confeiller &c Secrétaire d'Eftar. A Paris. O n s i e v r , Il faut que ic vous face vn« plainte d'vn de mes amis & de vos ferui- tîurs, de peur qu'Une vous laface le pre- mier , de la procédure que ie fuis conttaint de tenir en fon endroit. C eft qu'ayanc confié & prefté il y a quelque temps , à Monfieur de Beaulicu Bouju ,deux tomes de l'ceuure queic côtinuois côtreMonfieur du Pleffis,auec plufieurs proteftations très eftroittes qu'il me fit, que iamais home n'en verroit vne feule ligne par fon moyen^ il aces iourspalTez fait imprimer vnliure, où il en inferedesca- yers tous entiers '■> Et cela fi fouuent, que la plus grande partie de fon œuurc en eft compofee. Ce tort,à la vérité, Monfieur m'a pi- qué fi auant , que i'ay pris la hardiefîe de m'en plaindre a Mrle Chancelier &: à vous, comme à ceux aufquels quand i'auray donné fatisfa&ion de moy ie metiendray content pour tout le refte. I en ay eferit au(fiauditSieurdeBeaulieu,vnclcttrcvn peu reflfentie; dont i'ay donné chargea mon frère de vous pré- senter vn double,afin de vous informer contre toutes les excu- fes qu'il pourroit pretédre. Vous me ferez ceft hôneur,s'il vous plaift, de la voi r & d'auoir pour agréable , ou que le cours de foa œuure foit arrefté , ou qu'il me repare par quelque voye ce tort, qui toutesfois eft irréparable , dautant que l'imprefiîon vne fois lafehec ne fe peut plus rappeller. le m'y gouuerncray neant- woms comme il vous plaira me l'ordonner , faifant tant d'eftat de voftrc confeil , &: de l'honneur de voftrc amitié, cjue ic ne puis faillir fous vne fi bonne garde. Ic vous fup- ET NEGOTIATïONS. plie tres. humblement de le croire , &demc tenir, 16$ Monsievr, pour DeCondé,ce7. Fcurier. 160 ^ VoÛre tres-ajjetlionnè obligé fer tuteur. I. Eveîqve d'Evrevx. • . A R G VM EN T. Monfteurde Tyron luy ayant promis de le venir noir, il exhorte ce per- fonnage leur amy commun fde l'accompagner à fa réception. A MONSIEVR CHOVAYNEy CONSEILLER du Roy, Prefidcnt, & Lieutenant General au Bailliage 5c Siège Preftdial de Chartres. •Onsievr, Enuoyant ce porteur en vos quartiers, ieluy ay donné charge devous voirdema part, & vous faire rclTouuenir que Mon- iteur de Tyron me promet de me faire celï honneur de me venir voir dans fept ou hui&iours, & fçauoir fi vous ferez fi cou- rageux que de m'aider a lereceuoir: fi toutesfois voftre com- modité le porte, à laquelle ie foubmetsmondefir. Ce me fera vnc faueur , que ie recognoiftray par la proteftation de de- meurer, M on si EVR, De Condé, &c. - Vofîrctres-ajfecliomté feruiteur* 1. E v e sQ^v e d'Evrevx. ARGVMENT. Comme il ejl fans fiel & fans ammofîte, ilfe remet volontiers a ce que deux de leurs amis communs t & deux de Me f sieurs de la Sorbonne } iuge- rontle plm expédient au fait dont il s'agijlpour la gloire de Dieu, &iç hitndei'Eglife, a7o LES AMBASSADES A MONSIEVR DE BF. AVLIEV BOVIV. a Paris. MOnsi i vu , Il ne fautpoint que vous croyez qu'il y ayeen moy,ny haine, ny eîefirde vengeâce. lenefçauroishaïr vneperfonne queiecroy qui m'aime. Qu'il fe trouue feulemcc vn moyen d'ëpefcher le preiudicc,quc ce que vous auez fair,ap- portc à m5 labeur,&: par côfequent à l'Eglifcifir pour moy, tou- tes chofes feront oubliées. Mais après auoir bien tourné ceft af- faire de tous codez , en mon efprit,ie n'e trouue point de moins dommageable à voftire réputation, que d'auifer fous quelque autre pi etexte,à retirer les copies devoftre liurè,iufques àcc que le mien foit publé, corne illefera,Dieuaidant,dâspeudemois, ou pour le moins, iufques ace que vos parties, vous ayant fait quelque reproche , par le premier liuret qu'ils publieront , que vous vous ferez feruy demoyj vous ayezlefujctd'enfairevnc déclaration. Car de lailTer courir voftrcliure fans ceftaueu,ie m'alleurc que vous ne trouuerez homme qui vous die qucicle doiue permettre. Et de la faire fur autre fuiet , il v ous feroit im- puté comme à vnccfpece d'amende. Et d'ailleurs , on croiroit que ce feroit vn ieu ioiié entre vous & moy , Se que ne voulant pasacheuermonœuure,ie vous enauroisfait ictter hors fous mon nom , ce que i'en aurois déliré eftre veu. Ce remède en- core pourtant ne reparera pas l'autre inconuenient , qui cft que vous ayez fait précipiter, Se comme auortcrvne partie de mon labeur, expofant les pièces de m5 liure,dechirecs,mutilees 6e eftropiecs aux yeux des hommes tdeuant que le corps entier aytefté preftde fortirenfaforme , Se auec tousfes membres. Mais de deux maux il faut choifir le moindre. Quant àl'excu- fequeMonfieurdeSallettes m'a dit que vous mettez en auanc, que ie ne refufay point il y a vn an de vous promettre vn autre exemplaire de mon ceuure : Vous fçauez bien que ce nefutia- mais fous prétexte de vous en feruir en vos eferits , que vous me le demâdaftes : mais tout au côcraire, fous prétexte d'en vouloir ranger & difpofer les difeours félon l'ordre des matières , afin queietrouuaffe les chofes toutes preftes, pour leur donner vn nouuel ordre, &vncnouuelle forme fiie le defirois, corne vous imeieconfeilliez: Etcncorele refus qui vouscnfutfait,non par paroles, mais par effet, vous deuoitaflfezaduertir que Jachofe îî'eftoit pas feante à demander.;Et quant à ce que vous me diftes que vous n'auiez point befoin dcmecôfulterfurlesTraditios, pour ce que vous auiez ce que i'en auois efcrit:Cclas'entcndoit ET NEGOTI ATIONS. i7i àu difcours à Mr de Sancy,& de l'oeuurc contre Tilcnu*, fait ex- près de traditions:&: non pas du liurc contre Mr du Plcfiis, dont vousnemcpailaftesiamais. Et quant aux partages de l'Eucha- riftic, il vous doit fouucnir que vous me diftes.qucj vous n'au iez que quatre lieux àfoudre, qu'ils vous auoiêtoppofcz,vn de Ter- tullian, vn de S Auguftin.vn de Theodoret,& vn de GeJafe : Et que de Tertullian,& deTheodoret,vous fçauiez mes folu tiens, &: que deS.Auguftin &Gelafe, vous les defiriezfçauoir,noiv pourmertre mes rcfponfes, mais pour ne vous trouuer point contraire lors que ie viendroisà publier mon liure. De Théo- doret, ie vous permis de mettre la mienne, pour ce cjue ie ne i'a- uois point écrite^ que vo9 l'auiez défia emploice en voftre pre- mier ocuure. De Tertull. ie vous conceday auflfi d'vfcr de la folu- ti6,qui m'eftoit comune auec les autres >afçauoir,que ni < flfigurt- ferefetoit àjcorptf jcomelesaduerfairesreferoienten S. Chryf, td cfl fîde at(j-y cflnfefuone a&ttrai & vous dy qu'il y auoit plus de to. ans que ie lauois donee en la S orb5ne:mais no pas de transférer lccorpsdemô difcours , lequel ien'auois fait que depuis 4. ans, & l'inférer de mon liure dans le voftre. De S. Aug. vous me mo- ftraftes voftre folutiô , afin qu'elle ne fetrouuaft point contraire- àcellequei'y dônerois: & mcdemaddft:es,apres mel'auoii leuë, fi ie la trouuois bie. A quoy ie vous rcpôdy, que ie n'auois garde de la trouuer mal , par ce que c'eftoit la mienne propre. Neant- moins,pour ce que ie ne l'auois point écrite, ie vous permis d'en vfer, m'alTcurant que quand ce viendroir à Tefcrirc , ie îe'crirois bien d'vne autre forte.EtquâtàGelafe,ie n'y voulu point autre- métemrcr. a quoy vous recogneuftes bic,fi vous vouluftes,que cela n'eftoitpas choie , ny raisonnable , ny qui me deuft cftrca~ greable,que de voir que i'cfcriuois fur vne matière , & me yenir demander mes raifons Ôc folutions , pour me preuelur en les pu- bliant.Et pour le regard des refpôfes contre Tilenus,fur la Con- férence de Madame, que vous dites que ie vous orTry, pour vous -enferuir fr vous vouliez en madefence : Il eftvray , mais cela n'auoit rien de commun auec le liure contrcM onfieur du Plcf* fis. Carccsrefponfcs-là, i'eftois refolu le temps s'en eftantpaf- fc, de ne le* publier pas,& refolu au contraire , &c plus que refo- lu de publier celles contre Monfieur du Pleffis. Reftc ce que vous répétez , que vous me monftraftes icy voftre liure. A <^uoy ce que ie vous auois défia rcipondu par ma première. i7i LES AMBASSADES lettre, vous deuroit auoirfatisfait ;Qui eft,que vous ne m'y ieuftcsrien de ce que vous y auiez inféré de mes écrits contre Monfieur du pleflis : ains , ou me le celaftes , ou l'y auez inféré depuis. Et de rebattre,qu'apres la publication de voftre premier ceuure.ie ne vous auois fait aucune plainte, des lieux que vous y auiez inferez de moy : Outre que l'importance des lieux n'e- ftoit aucunement pareille ; les ferments que vous m'auiez iurez en prenant mes écrits,de ne comettre rien de tel,vous deuoienc aflfez faire de plaintes, de vous-mcfmc à vous mefme, de lcsa- uoir violez fans qu'il me falluft forcer ma modeftic, pour y ajou- fter les miennes. Lefurplus de ce que vous dittcs,afçauoir, que dans douze de vos traittez il y a peu de chofe de moy, eu égard à la groiTeurderœuurejfcverraàla marge de voftre exemplai- re,non de tous les lieux que vous auez tirez de moy , mais de ce quelabreuetédufejour qucMonfieur deSalettesafait icy,m'a permis d'en coter: Lefquels ie vous enuoye,& poftible les ayant veus, trouuerez- vous qu'il fera plus expédient , pour voftre ré- putation, de retirer les copies de voftre liure, attendant que le mien foitpublié, quede faire vne déclaration d'auoir pris de moy tantdechofes. Neanwnoins, ficeremede-là vous déplaift, afin que îe ne fois point eftiméiuge en ma caufe,& que vous n© penfiez qu'aucune paflîon m'emporte , ce que Moficur Bcrtaut, de Monfieur de la BrofTe > nos amis communs,ioints auecvne couple de Meffieurs les D odeurs de la Sorbonne, après auoir entendu les occafions de ma plainte, &veu les lieux dont ileft queftion , dans imon liure & dans le voftre , iugeront le plus ex« pedient,pour la gloire de Dieu, & le bien de l'Eglifc, ic l'accep- ceray &embraûeray tres-volontiers.Etfur ccfteproteftation,ic prie Dieu, M O n s i e v k, vous auoir en fa garde. De Condé,cei3. -• Voftre confrère feruiteur? Fcuricr,i^o4« î. Evesqj,e d'Evrevx. ARGVMENT. il facilite la déclaration qutluy efi propofcey &vevt coumrfomle manteau d'amitié v% trremedtable incwuenient. ET 'N E G O Tl AT I ON S. 173 A MONSIEVR DE BEAVLIEV BOVIV. _ A Taris. J^&^l Onsievr, l'ayveu les deux expédients que vous ^ ' lHHÉ me ProP°^ezJ afçauoir, ou de retirer ce que vous ^iÉ&S aucz m*s ^c mon e^cr^c COHtre Monfieur du Plcfils t^W^b* dans voftre ceuure,ou d'en faire vne declaratiomDe- quoy ic vous lailTe le choix. Etpour monftrer que la propofi- tjo que i'auoib faittc, que vous retinflîez le cours de voftre liure iufquesàcequevosaduerfairesvouseuftentdonné occafiô de prendre le temps àpropos, pour faire vne déclaration des cho- ies que vous y auiez inférées demoy, n'auoit point efté pout vous apporter frais Se ruine -, le vous diray que i'auois défia , de- vant le dernier retour de Monfieur de Salettes, enuoyé vne let- tre à Paris,* mon frère, par la quelle,preuoyant bien les defpens que celte voye vous apporteroit,ie me contentois de l'expédiée de la déclaration. Si vous aimez mieux choifir ce remcde-là, comme voftrclettrc montre que vous y inclinez plus qu'àl'au- tre, il faudrait m'enuoyer prontement vne formule de ladirte déclaration, par leretour dece laquais, afinqueiela viiTc,&/a vous renuoyaiTe toutal'heure-mefinc, pour retarder d'autant moins la liberté de la publication de voftre ceuure. Il fera be- foin, cela cftant( carie vous laifle ladiferetion delà fonder fur tel prétexte que bon vous femblcra)de dire en gênerai, que vousauez pris plufieurs chofes,motà mot, de mon textc,à cau- fc que vous rcncôrrant en quelques lieux, où vous auiez à trait- tcrlesmcfmes chofes que i'auois traittees , vous auez penfé ne lespouuoir dire auec meilleures raifons , ny en meilleurs ter- mes: Et pourtant, que vous auriez en diuers endroits infère', motàmotmon propre texte, comme nommément depuis vne telle page & vne telle ligne , ififques à vne telle, & depuis vne telle iufques à vne telle : fauf qu'en quelques lieux vous y au- riez changé l'ordre , ou inferè des liaifons de voftre ftyle, ou retranché du fil du mien, pour l'accommoder à la tiflurc de vo- ftre difeours. Cefte exception m'eft neçcfiaire:Car en quelques lieux, ecluy qui a tranferit pour vous a tellement peruerty Se corrompu la difpoûtion de mes paroles,que tout y eft depraué, fcn'aaucunc fuitte ny aucun fens. Comme entre autres, en la qk page de voftre liure , toutes les paroles qui font depus le 16* Y iij 174. LES AMBASSADES ligne iufqucs a la 30. & qui font prifes du 514. fucillcr du mien, font tellement trâfplacecs de leur lieu , & inférées en vn endroit auquel elles n'appartiennent point, qu'elles font du tout hors de ton & de game.Car ie les auois dittes fur le paflage de la pre- mière aux Corinrh. Ne fupra cjuàm fcnptumefl .&: elles font infé- rées dis la refpôfe au paflTage del'epift. aux Galates, Si quU Euan- gt lnautnr robti pr&terquam quad accepi/hf : là où elles ne viennent nullemét à propos, ains doiuent eftre remifes àla fuitte de la 30. ligne, de la 15 o . page de voflxe liure. a quoy ie ne voy aucun re- mède, fino de faire refaire cefte demy fueille-là,oli d'auertir les lecteurs de la tranfpofition arriuee par la faute du libraire ou du copifte:Car le lieu comme il eft,n'a aucun fens. Il eft aufS necef- faire que vous adiouftiez en voftre déclaration, que tant les al- légations de S. Cyrille Alexandrin, & les aferiptions Grecques- qui en font àla marge , vous les auez empruntées de mon liure, dautant quevous n auiez pas les exemplaires manufcrits.fur les- quels ie les auois prifes, &: qu'elles nefe trouuent pas telles dans l'e'dition Latine de Trapezonce, qui en voulant faire le tradu- cteur^ repitomifteenfemble, a abbregé, eftropié &C corrompu tout le texte de ceft autheur. Il m'eft auili befoin que vo* decla- riezauoir extrait de monditliure, les autres verrions que vous en auez prifes, comme de S.Greggirc de NyiTe,dc S. Cyrille de Hi erufalcm, de S. Chry foftome, de S . Hylaire, S. Ambroife &c autres : afin que quand ie viendray à les publier , vous les ayant dittes le premier, ie ne fois pas eftimé les auoir prifes de vous. Pour le regard de ce que vous pouuez auoir pris de mes mémoi- res , fermons ou eferits contre le liure de m. du Pleflîs , ie vous exente & difpenfc. Mais quant aux chofes que vous auez tirées de mes autres liures imprimez, il faut que vous fpecifiez aufli en auoir pris plufieurs difeours , comme depuis vn tel lieu ,'iuf- qu'à vn tel , po ur ce que vous rencontrant à traitter des mefmcs chofes dot i'auois traitté, vo9aucz eftiméne les pouuoir mieux déduire, que par mes propres paroles , & qu'en quelques lieux vous m'auriez cité, & en d'autres pour n'ennuyer point les Le- cteurs» de là répétition fi fréquente de mon n6 , vous auriezob- mis à me citer. Car toutes les chofes que i'ay dittes feparémcntj, & qui fe perdroient auec le temps en ces petits lmrets,ie les pré- tends faire entrer en bref, en vn corps copiée de doctrine- E t de dirc^ueceuxdontvousra'efcriuezjvous anc concédé quci'aa. ET NEGOTIATIONS. î7f pouuoitprcndre librement ce qui eftoit dans lesliures impri- mez & reliez, lenccroy pas qu'ils ayenc die quel'on lepouuoic £nre,&: encore en prendre des cayers tous entiers, ôc de mot à mot, fans nome? l'autheur. Car qui tranferiroit feulement vnc fueille, de mot à mot, du texte du Cardinal Bellarmin , ou d'vn autre, dans Tes écrits fans coter d'où il le prendroit, feroit eftimé plagiaire. Cela remédiera à vnc partie du mal, qui eft l'opinion, que i'aye pris de vous, ce que vous aucz pris de moy:mais ne re- médiera pas à l'autre qui eft,quc ce que ie voulois & vous aucis adiuré de tenir fecret,aytefté publiécotre m5 intentio &:auat ie temps. Carceft inconuenient làefl: irrémédiable : maisie le couuriray fous le manteau de l'amitié, que ie vous ay portée, le vous porte , qui eft telle , que vous ne fçauriez apportée fi pen d'emplalhe à cette playe , qu'il n'en ofte, non pas feu- lement l'vlcere, mais la cicatrice ; & ne face que ie vous cheriiîe auec lamefmeaftcctionqu'auparauant. Seuleméc vous priay- ic de prendre garde, de n'en vfer plus déformais de cefte forte. Car fi vos aduerfaiscscontinuoientfouucnt à vous faire de pa- reilles obiedions, & que vous continuafTiczfouuentjà leur fai- re dépareilles réponfes; il fetrouueroit que vousauriez débite tout mon Iiure}deuant que icl'eune publié. Et fur cette alîeu- rance,iepiie Dieu, Monficur.vous auoir en fa garde. De Condé, ce 10. Vojîreaffeâient.è confrère & feruiteur. Feurier,i6o4. I. Ev esqv^e d'EvREVX. ARGVMENT. xAjwnt receu quelque ifaueur fignalcede cejîe Dame , il l'en remercie d'autant plus honnêtement (jr ajfefiionnément , que librement & genc- feufement elle a eu agréable la luy accorder. A MADAME LA DVCHESSE DE NEMOVRS. A Paris. MAdame, La faueurdontvoftre Excellence a vfe'en mon endroit, a efte fi fignalec, que le feul delay de vous en rendre grâces tres-humbles , me femblcroit vue extrême ingratitude. Il vous plaira donc receuoir les lettres, par lefquelles ie vous en fay maintenant le remercie- i76 LES AMBASSADES ment, auecle mefme accueil que vousreceuftes celles, par lef- quclles ic vous en fis la demande : Se d'autant encore à meilleu- re occafion, que les vnes furent fondées fur la confiance , Se les autres fur l'expérience de voftre generofité. Ce font tous les fruits, Madame , que vous pouuez efpererd'vn bien-fait, femé en vne fortune baffe & fterile, telle qu'eft la mienne. Il eftvray que comme vous ne vous propofez autre prix enobligeant,quc d'exercer la bonté 5c hauteffe de voftre courage : auffi vous fuf- iit il que ceux fur qui vous en faittes luire les effets , les reffen- tent&recognoiffent. Décela, Madame, ic vous fupplie tres- humblemcnt, vouloir prendre cefte lettre pour gage , Se me fai- re l'honneur de croire, que voftre faueur ne s'eftiamais eften- duëfur perfonne,qui enconferue vne mémoire plus viue Se plus immortelle, ny qui auec plus de deuotion, employé fe$ prières, pour impetrer de Dieu, Mâdame , qu'il vousconferueen fante Se profpcritc. De Condé,.&c. Voftre tres-humble , très-obligé^ trts-ebeyfjtnt fermteur. I.EVESQ^VE D'EVREVX.' A D V E RTl S S E M E N T. Far.vnfafcheux Se inopiné accident , îe public s'eft prefque veu priué de ce qui fuit îufquesà la Bulle de l'abfolution du Roy : Se par vne agréable Se fouhaittec occurrence, voicy qu'in- cfperement, mais libéralement il loy eftprefenté. Etlafatisfà» <£fcion n'en fera pas petite au docte & curieux Lecteur. A R G V M E N T. Ce font les mémoires qttil reçoit de la mût! propre du Roy Henry le Grand allant k Rome s pour Cabfolutior.de fa Maicfié'- dont l'tnfcnp: ion ai Confinai cftla mefme qui fe yotd icya . INSTRV- ET NEGOTIATIONS. 177 INSTRVCTION DV SIEVR DV PERRON nommé à l'Euefché d'Eurcux , Confeiller du Roy , en fes Confeils d'Eftac & Priué , & fon premier Aumofnier , allant à Rome , par le commandement de Ta Maiefté. Edic Sieur du Perron eftant arnué en Italie, pre-" drafon chemin pour aller à Rome, par la ville dci< Florence , où il vificera Monfieur le Grand Ducfc de Tofcane ; au quel après auoir prefenté les let- tres de recommandations tres-affc&ionnces de fa Maiefté,&: l'auoir particulièrement a fleuré de la parfaitte amitié qu'elle luy porte , & d'en receuoir des effects toutes les fois que l'occafion s'en prefentera;il dira que comme fa Maiefté recognoift deuoir en partie à fes bons & amiables confeils ,1a première refolution qu'elle prit de fe faire inftruire en la Religion Catholique, Apoftolique &£ Romaine, dont elle a recueilly le fruicl: précieux de fa faincte Conucrfion , &: qu'elle lui a depuis fait part de tout ce qu'elle a fait,pour recueil- lir la Kenediclion de noftre (aind Perc : Sa Maiefté a voulu en-'< core le defpefchant vers fa Saindeté, pour mefme effect le fairecc pafler deuersluy exprés , pour luy communiquer la charge qu*-{< elleluy adonnée, de prendre&rcceuoirfuricelle fes bons ad- uis , & le prier de recommander fa pourfuitte à fes amis & ferui- teurs à Romcj&mefme intercéder pour elle enucrsfaSaindeté, preuoyant qu'il en auroit tout befoin , non faute de bon droift; Car fi iamais caufe fut digne d'eftre fauorifee de 1a iufticete bonté de fa Sainc~teté& dufacré Collège des Cardinaux, celle- cy furpalTe toutes les aunes, tant pour la qualité &droitte inté- tion de la pcrfonne de fa Maiefté, que pour l'importance, de laquelle elle eft à la Religion Catholique, au fainct Siège , à la dignités réputation de fa Saincteté, &àtoutela République Chrcftien-ne Mais à caufe de l'authorité &c puiflance trop gran- de qu'ont à Rome les ennemis de fa Maiefté, par trop efpr»u- uce, pour 1 honneur du S. Siège & le bien de la Religion, parlf ceux qui l'ont precedeeen pareille charge: Aufli fa Maiefté peurf dire en vérité, n'auoir trouué autre appuy après Dieu à Rome, â Apres il luy dira auoir laiflfé faditte Maiefté entres-bonne J,fantc grâces à DÏcu.qui l'a preferuee iufques à prefent des aguets »de fes ennemis , lefquels foiblcs Se lafehes en toutes chofes , ne celTent iournellement de machiner contre fa vie dequoy elle , fait d'autant moins de conte,qu'clle prend cela pour vn vray tcf- moignage de l'indignation de Dieu fur eux, puis qu'il permet; qu'ilss'abandonncntainfiàtels forfaits. Qifelle eftoit partie pour s acheminer la part que fera le G6- neftable de Caftille auec fon armee,en délibération de combat- tre, cfpcrant que Dieuluycndonneraaufliheureuieyffuéquc des autres, n'eftantpas compofee de meilleurs foldats, mieux conduittc,ny accompagnée de caufe plus iufte que les precedé- ces: Au lieu que fa Maiefté fctrouue grandement fortifiée d'vn grand nombre de NoblelTe &de bondroid,dcpuisfareconcU liation à l'Eglife Catholique. Qu'elle euft bien defiré faire ce voyage pluftoft , côme ello auoit propofé , par ce qu'elle eufl: trouué ceux qui troublent fes affaireSjplus foibles Se eftonnez, qu'elle ne fera , Se les kabitans >5des villes , non peut eftre pas plus difpofez , mais auec plus de ''.moyen Se de courage de fe reuolter contreceux qui feront cau- »jfc de rapprochement de l'armcc Caftillane. ET NE G OTI A TIONS. m Mais il cuft fallu qu'elle fuft partie fans argent pour payerla'< fienne , & fournir à infinies autres dclpenfes qu'il luy conuient>Maiefté vouloit &c pouuoitreeouurer laditte ville,fansluyac» y corder les gratifications qu'il pourchaftbit : dcquoy il femblc ^qu'il commence defiaàferepentir.apprehendantle péril qu'il court parmy le peuple de laditte villc,lcquel il a porté à ceftc re- folution , plus par art &c par violence, que de bonne volonté: dot il ne faut point douter que l'incommodité qu'il en receura, ne le rende plus fenfible &c impatient. Ledit Sieur du Perron eftendra & ornera ce difeours des af- faires de fa Maieftx , des plus honneftes &: conuenables propos, dont il fe pourra aduifer, pour faire cognoiftre audit GradDuc, la fiance que fa Maiefté a en luy , Se l'cftime qu'elle a faitte de fon amitié &: bonne volonté. Il verra aufli Madame la Grand Duehefle , laquelle il falucra des recommandations &c lettres de fa Maiefté , l'affeurera de fon amitié , luy fera pat t de fes nou- uelles , Se fe coniouïra auec elle defa conualefcence , luy difant que fa Maiefté fe refiouïra toufiours de fes profperitez , &: qu'il alaifîé le Sieur de Sancy preft à partir pour aller en Lorraine, 3>acheuer auec Monfieur le Duc de Lorraine fon perc, ce qui a ,,efté du trai&é de paix accordé auec luy, l'afTcurant que fa Ma- iefté le veut d'orefnauant aymet & crai&er, comme î'vn de fes ET NEGOTÏATIONS. rSi meilleurs amis &c parens, &c affc&ionner tout ce qui le con-fC cerne. ,ç Il luy dira auflî l'accueil &c bon traitement qu'ont receu dca fa Maiefté, Meflîcurs les Ducs de Guife&d'Elbœuf, lefquels doiucnt accompagner fa Maiefté au voyage de Lyon , & i'eftat qu'elle fait de leur fidélité & feruice, eftant bien manie qu'à leur exemple , les autres de leur maifon ne fe refoluent de quit- ter les ennemis de cefte Courronne , lefquels triomphent tous les iours de leur réputation &mifere. Ledit Sieur du Perron demandera à faluer auffï les enfans dudit Duc,afin d'en mander des nouuelles a fa Maiefté. Il trou- ucraà Florence le Sieur Hieronymo de Gondy , qui le guidera pour le feruice de fa Maiefté, en l'accompliflement des fufdits complimens & ofticcs:&: comme fa Maiefté le tient au rang d vn de fes plus fidelles feruiteurs, il luy defcouunra 5c comunique- ra aum* la charge qu'elle luy a donnée à Florence & à Rome: prendra & chérira fon aduis fur tout,&: l'afTeurera du contente- ment que fa Maiefté a de luy, comme il fera le Cheualicr Guic* comme elle l'efcriuoit audit Sieur d'Ofïat, parladcfpcche fufdittcduditmoisde Nouem- bre, pour le faire entendre à fa Sainteté: mais elle a depuis châ- gé d'aduis, pour les raifons qui ont aufli efté mâdees audit Sieur d'Oftat , par celle que luy a porté le Courrier Valcrio : de forte que fa Maiefté a aduife'feferuir en cefte occafion, au lieu d'eux, duditSieur d'0{Tat,lcquel à cefte fin elle a choify &C donné" pourct adioint audit Sieur du Perron en cefte commilfion, tant pour^ la fiance qu'elle a en luy , & fon expérience aux affaires de par delà, que pour auoir ia commencé à trai&cr ccllc-cy}auecfac< Z iy xSi LES AMBASSADES Sain&eté,au contentement de fa m aiefté.fuiuant fon intention, "faifant voir audit Sieur d'OlTat la prefente inftru&ion, pour "aduifer & refoudre quel chemin ils auront à tenir , pour y fatis- »faire. Et d'autant qu'elle eftime que fa Sainteté voudra voir le- dit Sieur du Perron en priué , deuant que de le reccuoir en pu- blic , afin d'entendre fa charge , & luy déclarer fa volonté , fur l'exécution d'icelle > clic luy a fait bailler deux lettres, l'vne efcr-kte de fa main , qui ne parle que de luy , dont en ce cas il s'aydera ; & l'autre qui fait mention dudit Sieur d OfTat , &du fuiet de fon voyage , pour eftre prefentee à l'audience publique. Mais foit qu'il voye fa Sain&eté en public, ou à part; fa Maic- fté veut qu'il luy die ce qui s'enfuie Premièrement. Que fa Maieflé ne luy a pas donné charge de luy remémorée les deuoirs ,aufquels elles'eft mife par l'aduis &c ordonnance des ?) Prélats -de fon Royaume , lors qu'elle aefté receuëen l'Eglife Catholique, Apoûolique&: Romaine ,& de fa propre inclina- tion pour rendre à faSaincleté& au fain&Siege,l honneur &re- uerence qui luy appartient, 6c en ce faifant, acquérir fa bien- ueillance: dautant qu'ils font encore recens &: qu'elle ne pretéd maintenant employer fes actions paiTees,ains feulement les pre- fentes & futures pour iuftifier fes intentions en fon endroit, & mériter fa fain&e bénédiction. Mais de luy dire , qu'ayant efté confeillee par Monficur le Cardinal de Gondy à fon dernier retour de Rome de renuoyer deuers fa Sain&eté,pour luy reprefenter de rechef la bonne vo- lonté qu'elle a de Ce rendre dignede fabienucillance ,& lafup- plier de luy départir fa fainûe bénédiction ; luy remonftraat auoir telle confiance en la bonté paternelle & droitte intention de fa Beatitude,que fa Maiefté rcnouuellant cefte recherche, en receuroit la confolacion qu'elle defire : Saditte Maiefté n ayant rien plus a cœur , que d'acquérir vnc telle grâce de fa Saincleté, elle auroit à l'heure mefmc refolu de le dépefeher vers elle pour 3?luycn faire la fupplicationtres-hûble, corne elle promit audit „Sieur Cardinal luy faire fçauoir. 9> Qii5 fuiuant cela , il euft efté defpefché deuers fa Sain&etc, ET NEGOTIATlONS. i% au retour du Courrier qui luy en porca l'afleurance , Ci les ennc- mectre ce qui s'eft pa (Té au Sacre de fa Maiefté, à fa réception en TOrdredu S. Efprit, les fermens quelle a faits fur les faints Euâ- giles, en la prefence du facré Corps de noftrc Seigneur, en l'vnc &: en l'autre cérémonie : auec tout ce que ledit Sieur du Perron fçait &: iugera eftre à propos de luy reprefenter,pour luy rendre tefmoignage & donner alternance, delà droitte&fyncere in- tention de fa Maiefté , en la profeflion qu'ellefaitdclaReligion >?Catholique, Apoftolique&: Romaine en laquelle il l'afleurera „ qu'elle veut viure &c mourir. Seconde- ET NEGOTIATIONS. i85 Secondement, pour fupplier faditte Saindetédcfecourir fe<< honorer fadite Majefté de fa fainde Benedidion fouueraine,t &, paternelle abfolution , pour l'entier repos de fon amc , & la fatisfadion générale defes fuieds, laquelle ils diront à fa Sain- detéauoir charge & procuration exprelTc de fa Maiefté, de de-" mander &impetrer en public, ou en priué ,ain(î qu'il plaira à fa- dite Saindeté la donner, auec toute reuerence, humilité & fub- mifïïon , que l'on pe ut délirer d'vn cœur vraiemét contrit & pé- nitent, quiapour fînprincipale defes intentions, celle d'expier par fonobeïiîance héréditaire &: filiale enners le faind Siège, fes fautes pafTees , Se mériter par toutes fes actions le nom de Roy tres-Chreftien, acquis & conferué par fes predecefTcurs tres- glorieufement & meritoirement. Toutesfois Jefdits Sieurs du Perron & d'OfTat feront aduer- tis de fe conduire en ceite adion,auec telle confideration, qu'en demandant laditte abfolution, il ne foit fait tore à celle que fa Maiefté a ia receuë des Prélats de fon Royaume : afin que (a Saindeté luyrefufant la fienne contre l'efperance de fa Maie- fté, fa réception & incorporation en l'Eglife, obtenue &:ap« prouuec defdits Prélats, nepuiiTeeftrereuoquceen doute, ny impugneecomineàraduenture,cepourroic eftre ledefleinde" fefdits ennemis. « Pour cefte caufe , faditte Maiefté a baillé audit Sieur du Per-f ( ron deux procurations: l'vne pour demander ladite abfolutiô, j purement &: fimplement , & l'autre qui fait mention de vali- der les chofes pafTees , entant que befoin feroit d'y adioufter l'abfolution fouuerainc de fa Saindeté , pour plus grande feurc • té de fon ame. Sa Maiefté fc remettant à leur' prudence & fidélité, d'vferde l'vne & dcl'autre , fuiuantladifpofition en laquelle ils trouue- ront fadite Saindeté, & les affaires de Rome. Bieneft-ellçda- uis qu'ils ne monftrent &: emploient la première, s'ils ne reco- gnoiffent faditte Saindeté bien refoluë de contenter faditte Ma- iefté , pour éuiter aux fcrupules, qu'vn telrefus engédrcroil aux cœurs d'aucuns de fes fuiets,s'il eftoit fait furvne demade,&:vneu recherche pure &: fimplc de l'abfolution de faditte Saindeté. 'de faMaiefte, fcellez du feel de Tes armes , & concrefignezpar ,,Pvn de fes Secrétaires d'Eftat, &c partez à fainâ Denis le zy.Iuil- Iet, 1^93. pour eftre exhibez à fa Sain&eté , fi meftier cft. Mais toutainfi qu'ils auront reprefente à fa Sainclecé, l'ardenc defirqu'a fa Maiefté d'obtenir cefte grâce, enfemble combien toute la France languit après icelle , & fur tout , le befoin extrê- me qu'ont la Religion Catholique & le Clergé du Royaume, d'vn tel fecours en la tourmente qui l'agite, laquelle luy fera re- prefentee par ledit Sieur du Perron: ils lafupplicront auec tou- te l'arfe&ion&inftance qu'ils pourront, de n'en rouloir diffé- rer ny retarder l'o&roy , par ce que les affaires de fa Maiefté , & du Royaume n'en peuucnt fouftrir laremife &: dilatîon : eftaat certain que comme il cft iugé de tous , pour ne deuoir ny pou- uoir par raifon eftre refufe" , ny différé , Ci on y a app orte de la longueur , cela offenfera grandemét le gênerai du Royaume,3c fera eau fe d'vn malheur à l'Eglife, qui fera irréparable à iamais. Et à ce propos ledit Sieur du Perron luy pourra reprefenter, r comme de luy-mefrne , combien de fois les Parlements , les ,5Compagnics & Officiers duRoiaums , ont requjs & pourfui- *>uy fa Maiefté deuant, mais plus viuement depuis le retour de „Rome de Monfieur le Duc de Neuers , de faire vn rciglemenc fur la difpenfe & prouifion des bénéfices d'iceluy,pour pour- uoir à la confufion qui y eft , laquelle certainement cft très- grande &: a tout befoin de reigle : Toutcsfois fa Maiefté auoit toujours recule' l'vfage de ce remède, tant pour lcrefpe&du faind Siège , & l'efperancc que la confcicnce luy a toufiours donnée de fareconciliation auec fa Sain£teté,que pour l'appre- henfion qu'elle a eue des maux qui arriucroientàlaChrefticn- té, fi fes fuiets & Officiers s'accouft umoient vne fois , à fe paiTer du fain& Siège. Et neantmoins eftre plus neceffaire d'y rendre vne pronte re- folution, quand ce ne feroit que pour remplir les Eglifes vacan- tes d'Euefques &Pafteurs , idoines &C légitimes, quifçachent &puifTentrcigler &conferuer le troupeau de Dieu, dontle- 5,dit Sieur du Perron luy reprefentera le défaut & maniement, «enfemble les grâds abus bc defordres qui en fuccedét, corne ce- „luy qui en cft ctes-bic inftrui&:&pour faire çefler au(fi,lc defor^ ET NEGOTIATIONS. 187 dre qui eft entre Tes fuiers, fondé fur les refus réitérez, que fa" Saindcté a faits à fa Maiefté de fabenedidiô , au giand fcandale<< de la France, lefqucls donnent hardicfTe aux vns de murmurcr( { contre fa Saindeté , &c de defirer &: affedionner, que l'on fe fc- paredu toutduS. Sicge;& auxautres d'cntreprendrecontiela perfonnede faMajefté, dont on aveu &: éprouuc des effets, qui doiuenteftreen horreur à toute ame vrayementChreftieruie. Partant, fa Maiefté, ny leRoyaumene pourroit pktalonguc- mentdcmeureren telle incertitude, eftant prelTecde tous fes Officiers èc fuiets , &: mefme des Ecclefiafliques, de faire le fufdit reiglement comme ledit Sieur du Per ron luy dira qu'elle fera toft contrainte faire à fon retour, ficelle fois elle n'obtient la grâce de fa Saindeté , pour empefeher vn plus grand mal en l'Eglife: Adiouftantque fa Maiefté a retardé l'Aflcmblec des Ecclefiaftiques, qu'elle leur auoit permis de tenu dés le mois de Feurier dernier palfé, iufques à fon retour,cxpres pour pouuoir eftre efclaircie, deuant la tenue d'icelle , de la dernière volonté de fa Saindeté. Donc a cefte fin,ils la fupp1ierot,& la pourfuiuront inftamenr, les refoudreau pluftoft, luy faifants fentir, toutesfois auec la re-c< uerence & modeftie qui eit deuë à fa Saindeté, auoir comman- dément exprès de fa Maiefté , comme de fait elle leur ordonne, par la prefente Inftrudion,de prendre congé d'elle, & s'en reuc*tc nir trente iou rs après l'arriuee dudit Sieur du Peron , à Rome, s'ils voyent que Ton vueillc prolonger cefte negotiation,&les retenir plus lôguement,à la pourfuitte d'icelle, pour triompher de l'humilité 5c patience de fa Maiefté. . Pareillemer, ils éuiterôt que l'on n'entremefle en cefte adion, des propofitions & conditions, qui foient honteufes & pré- judiciables à fa Maiefté,fous quelque prétexte que ce foit,come feroit,ii onvouloit l'obliger ,deuat que de luy accorder fa demâ- dc,de traitter vne paix ou trefue,auecle Roy d'Efpagne,le Duc de Sauoye,ou fes fuiets rebclles,faire la guerre aux Huguenots, & àceftcfîn,rcuoquerles Edids faits par les Rois fes predecef- feurs.pourlereposduRoiaume^u'elleanaguerescôfirmez-.ou Te départir des intelligences que faMaieftc a auecles Princes dc,ceuoir telles conditions, ou en traîner Se côucnir deuantqu'a^ ET NEGOCIATIONS. 189 corder lad:tteabfolution: Comme de fait,elle leurcommandef< défaire, s'ils ne peuuentobtenir qu'elle s'en départe. Carelle« aime mieux iouïr de la confolacion de fa conuerfion enreposa d'efprit,auec les Prélats de fon Royaume, comme elle a com- mencé, que de rien faire qui prciudicie à fa dignité & à fon" Eftat, pourconcenterfes ennemis, eommeils déclareront ou- uertemcntà faditte Sain&eté, 6c aux Cardinaux qui en feront capables. Êtdautant que noftre S. Pcre pourroit prétendre faditte Ma- iefté cftre incapable delafucceftîon decefte Couronne, & de l'adminiftration du Royaume , à caufe des interdictions, cenfu- res & excommunications iettecs contre fa perfonne , par les au- tres Papes , & mefme par Sixcc V. &: fur ce , aftreindre faditte Maiefté à receuoir de luy vnerehabditation, ouchofcequipo- lcnte à cela. Saditte Maiefté a commande aufdits du Perron àc d'Oflat.de s'en défendre, & parer le mieux qu'ils pourront,com- ir.e dechofe contraire a la nature, qui a inuefty fa Maiefté de cette Couronne, & aux loix du Royaume , lequel ne doit reco- gnoiftre, après Dieu,nulle obeïflance en ce qui regarde & con- cerne le temporel d'iceluy, qucàfonRoy&fouuerainPrinccu & Seigneur. A quoy ils remonftrcront à fa Sainteté , que fau Maiefté ne confentiraiamais qu'il foit fait brefche aucune, non plus que les Parlemcts duRoyaume , Officiers de la Couronne, &dc fon Confcil : touslefquels auec faditte Maiefté, hafarde- rontpluftoft leurs vies,&fefubmettront à toutes fortes de pé- rils, quoy qu'ils puiflfent eftre, que de foufrYir qu'vn tel attentat foitfait à l'honneur &:authorité Royale de fa Maiefté, &c aux li- bertez&prerogatiues du Royaume, lefquelles faMaiefté veut conferuer entières & inuiolables à fes fuccefTeurs , telles qu'elle les a recueillies des Rois fes prcdecefTeurs. Partant ils infifteront queladitteabfolution foit expédiée, fans faire mention de ladite réhabilitation. Toutesfois. fi fadit- te Sain&etc vouloitfecôtenter pour ce regard , de déclarer feu- lement par l'at>e d'icelle , n'entendre que la Bulle dudit Pape Sixte V. du neufiefmc Septembre 1585-. & tout ce qui a efté fait, &s'cftenfuiuy depuis contre fa Maiefté en confequenced'eîle,u luycnpuiiTeenrienpreiudicier, non plus que s'il n'en auoitia- à caufe des ialoufies qui régnent encore entre fes fuiets, aufquelles i! fera plus facile de pouruoir, après fa recociliation auec le faind Siège , qu'à prefent, que leur diuifion fert d'argument aux vns , d'entretenir les fadions qui troublent le Roiaume,&:defuictaux autres de fe bander con- tre l'exécution des chofes f ufdittes. Pour lefquelles faciliter lefdits Sieurs du Perron Se d'Oflaf, diront à fadite Saindc ré, fa Maiefté auoir efté confeillee de fai- re reuiure l'Edidfaitpar lefeuRoy en l'an 1577. pourlapa»- £cation des troubles de ce Roiaume,'qui eft le moindre de ceux "qui ont efte faits en leurfaucur , par les feux Rois fes pre- ^deoefleurs : dautant que par la reuoeation d'iceluy faitte par »force, à la première prife des armes de la Ligue, ceux décora- ET NEGOCIATIONS. \g\ traire Religion auoient cfté &demeuroiencprofcrits , & (ânsf{ moyen de pouuoir vinre feurement en ce Royaume , dont ils eftoient encrez en tel defefppir, fpecialement depuis la con- uerfiondcfa Maiefté, &la recerche qu'elle afaitte defabon-ct ne grâce , que fi elle n'y euft: apporté le remède , prattiqué par fes predecefleurs , lors qu'ils eftoienc mieux obéis des Catholi- ques,que fa Maieftén'eft, ils fc fuflentfoufleuez: de façon que faditte Maiefté euft eu à combattre auec plufieurs grands &c puiflants ennemis cftrangcrsqui luyferoicndaguerre, &: plu- sieurs &: diuerfes fa&ions en Ton Roiaume, au lieu que ceux de ladicte Religion , cftants en grand nombre & puiilanrs en ce Roiaume, comme ilsfonc,feruenc & fortifient encore grande- ment faditte Maiefté à défendre fon Eftat contre les ennemis d'iceluy , comme ils ont fait cy-deuant : de forte que faditte Majcftc feroit aceufee d'imprudence & d'ingraticude, fi après en auoir cire' cant de feruices qu'elle a fait, ïc au befoin qu'el- le a encore d'eux, elle leur couroiefus ,& les forçoic à pren- dreles armes contre fa perfonne, comme ils ont toufiours fait, quand l'on a voulu forcer leurs confeiences. Mais fa Maiefté cfpere d'en auoir meilleur conte ,par la douceur & l'exemple dc« fa vie.que par la rigueur. jen ce Royaume, par mort ou refignation, durant la guerre,àla reprefentation &poftulationdu Duc de Mayenne, ou de fon propre mouucment, la fuppliant de trouuer bon que tels traic- tez foient différez & remis après laditte abfolutio t que fa Maic- fté enuoyera vn a mbaffadeur vers fa Saincteté, lequel aura char- ge d'en accorder auec elle, comme de pluficurs autres, de non moindre importance. En quoy ils affeureront faditte Saincrctc, quefaMaiefté aura toujours égarddeluydonnertoutelafatis- fa&ionqui luy fera poffible, fans toutesfois l'engager dauan- tage. Pour coricîufion, lefdits du Perron &c d'Offat n'engageront faditte Maiefté en aucune promeiTe, ny accord de chofe qui co- cerne le gênerai de fon Roiaume , & importe aux affaires d'ic*- ^luy, quoy qu'il leur puifTe cftre dxt&propofé par faditte Sain- ct-eté, ou autrement de fa parc : ains fe contiendront fidcllement }>&c conftamment dedans les termes de la prefente inftruclion , Sz vautres généraux qu'ils iugeront cftre à propos , déclarants & ^preteftantî n'auoir autre charge que de pourfuiure Amplement ET NEGOTI ATIONS. ,>3 \x fufdite bénédiction Se abfolution de fa Sainéteté,& accepter* * les conditions qu'elle voudra impofer à la perfonne de fa Maie- c accouftumees ,& mefme l'abiuration de fes erreurs pafltecs , & enfemble la profcfTion de foy qu'il veut garder &c obferucrin- uiolablemenc &: par l'vn defdits prélats auccl'aduis & aflifta cè- des autreSjreceutl'abfolutiondescenfurcs &excômunicationS(C par luy encourues, à caufe des fufdites erreurs, Se neatmoins fut<£ par les mefmes prélats .remis à voftre Sainctcté, fouuerainpa- fteur& chef de l'Eglife,pour la fupplier d'aggreer ce que par euxu Bb ij 19* LES AMBASSADES ' pourroit auoir efté fait en ce cas , de nccclfité très- vrgente. A- quoy luy ayant voulu fatisfaire fans aucun retardement, corne à "toutes les autres chofes à luy par lefdits Prélats impofees , Se ne "pouuant luy-mefme en propre perfonne venir vers voftreSain- cliete^qu'ilrccognoiftpourfouucrainPafteuren l'Eglife,dcputa Monficur le Duc de Neuers , accompagné de l'Eucfque du Mans,& d'autres Prélats, luy donnant charge de fupplier vo- ftre Sain&eté , de luy accorder ce qu'elle cognoiftroit luy eftrc neceffairc. Et combien que ledit Seigneur Duc ne peuft rap- porter à fa Maiefté la confolation qu'elle defiroit de ce voyage, neantmoins ne biffant fa Maiefté de fe confier toufiours en la bonté paternelle de voftre Sain&eté.elle retourne de nouueau, aux pieds de voftre Béatitude ,Se la fupplic en toute humilité, par les entrailles de noftrc SeigncurIcfusChrift,qu'ii vous plai» fe luy o&royer voftre fain&e benedi&ion Se fouueraine abfolu- tion , des cenfurcs par luy encourues Se contre luy déclarées , à caufe des erreurs fufdites , pour plus grande feureté&: repos de r fon arae Se bien de tout fon Royaume^pourlatcconci'lia- 5,tion & réunion d iceluy auec le faind Siège: foufmettant fa Ma- »iefté , fa perfonne aux commandemens de voftre Béatitude Se „de faincle Mere Eglife , en la forme en tel cas deuë Se requife , Se vous fuppliant fefdits Procureurs,de vouloir confiderer que pour le diuorce, qui depuis fept ans en çà eft entre ce faincl: Siè- ge , Se celle Couronne , les chofes de la Religion Se de l'Ordre Ecclefiaftiquc font en tres-gtandeconfufion&en danger cui- dent de ruine en France, pour la vacance d'vn grand nombre d'Euefchez, A-bbaycs Se infinies Eglifcs Parroifliales , Se pour les attentats , que tous les iours font les Cours Se Magi ftrats fe- culicrs , fur la PuilTance Spirituelle , Se les gens de guerre fur les biens Ecclefiaftiqucs voifins;& pour lcshcrefiesoui'Athcif- mc , ou la Barbarie Se Paganifme , qui vont occupant les efprits de ces peuples deftituez de Paftcurs, Se priuez de toutes cu- res d'ames Se direction fpirituelle, Se pour l'horrible fchifme, qui va fe gliffant en tout Se par tout ce Royaume, au peril,ains damnation certaine, de millions d'ames ,quifont & es ficelés ' avenir feront en France. Chofes qui doiucnt mouuoir à "compaffion Se pieté , non feulement vn Peie pitoyable , Vi- »cairc de Iefus Chrift, qui auec fon précieux fang,a racheté î/on troupeau : mais auffi toutes autres perfonnes , qui ayent ET NEGOTIATIONS, 197 tant foit peu de fentimcnt du Chriftianifmc ou d'humanité: & pour le bien de toute la Chrefticnté : Se en tout temps Se occafion rcçeuoir de la France , tous les plus grands fecours, tant au temporel , comme au fpirituel, queiamaisleS.Siegc (oient élégam- ment reprefentees par celles de ttofîre *Autheur : néanmoins U letfure n'en peut ejlre que fort agréable y tant pour la dignité du fuiet, qaàpourles rares qualité^ de Monfieur d'ojfat qui îeferit. Elle contient V inclina- tion du Pape , ifauortfer t entérinement de U précédente Requête -.les audiences fecrettes des Cardinaux : les brigues des ennemis du Roy : la pieté & deuotion remarquable de fa S aintleté, LETTRE DE MONSIEVR D'OSSAT, à Monfeigneur de Villeroy , Confcillcr & Secrétaire d'Eftat. A Paris. MOnseignev*., Par ma dernière lettre qui eftoit du 19 • Iuillet , ie vous* « Bb ii) î98 LES AMBASSADES efcriuy fommairemcnt ce qui s'eftoit fait îufquesàceiour là, "en l'affaire du Roy , depuis que Monfieur du perron eftoic airiuc ?,en cefte ville. Le lendemain , qui eftoîtvn Dimanche 3© du- >?dic mois de luillet , nous eufmes de noftre faind Pere la fecon.de audience , où nous diftnes à fa Sainteté, comme nous auions aeheué de vifiter &: d'informer les Cardinaux fuiuant fon com- mandement , &c luy prefcntafmcs la Requefte par efcrit, en laquelle eftoic contenue la demande de fa Maiefté , que fa Sain- teté' auoic au flî voulu auoir par efcrit. Sa Sainteté leut ladite Requefte , & nous dit qu'il la confidereroit, & puis nous feroir appeiler. Apres cela , elle nous fît plufieurs interrogations £c dirricuîtez fur ceft affaire, aufquelles nous refpondifmcs 1 1 le wercredy enfuiuant, fécond iourde cemoisd'Aouft , noftre S. pere affembla tous les Cardinaux à vne Congrégation générale, &;Ieur propofa ledit affaire ,lcur deduifanttoutcequi s'y eftott paffé, depuis le commencement de fon pontificat iufques à ce iour-là,&. leur cotant toutes les rigueurs qu'il y aAioic tenu es, &C comme elles n'auoient de rien feruy , eftant le Roy toujours "allé en profperant &s'eftabliflantau F-oyaume, nonobftant tou- rte la refiftance qu'on luy auoit peu faire. Que fa Sainteté s'e- jjftant en fin laiffee entendre à Monfieur le Cardinal de Gondy, qu'efle efeouceroit celuy qui feroit enuoyé de nouueau ; Le Roy auoit enuoyé Motîeur du Perron qui luy auoit porté deux lettres de fa Maiefté, dont l'vnecftoit de fa main &prefentéfa Requefte par efcrit. Que c'eftoit le plus grand affaire, que le faint Siège euft eu depuis plufieurs centaines d'ans : qu'il les priait, exhortoit & coniuroit d'y vouloir bien penfer, Se mettre à part , toutes fortes de parlions & d'interefts humains & ne re- garder qu'à l'honneur de Dieu , à la conferuatiô & amplification de la Religion CathoJique,&: au bien comun de toute la Chre- ftiente. Qu'ils fe fouuiniTent, qu'il ne s'agiffoit icy d'vn homme priué qu'on tint en prifon, mais d'vn tres-grand & puiftant prin» ce, qui commandoit à des armées &à plufieurs peuples: & qu'- il ne falloit pas tant regarder à fa perfonne, commeàtcutvn Royaume qui le fuinoit &£ defpendoit de luy jny tenir fi gran- r de rigueur, enabfoluantdcscenfurescommecnabfoluant des péchez. Qu'à quatre ou cinq iours de là, il les feroit appel- er les vns après les autres, félon leur rangtfc ordre pour venir >;luydire leurs àduis, en fa chambre chacun à part, & qu'Us s'y ET NE GOTIA TIONS. i99 préparaient. Apres auoir ainfi parlé , il fît lire enladittea(-<< femblec les deux lettres du Roy,&:la Rcquefteparefcritquec< nous luy auions prefentee. Le Lundy enfumant feptiefmcde{C ce mois , il commença à ouïr les aduis defdits Seigneurs Cardi- i naux , 8c pour la longueur , qui eft comme naturelle à Rome , &c pour n'auoir peu fa Saincteté, laiffcr les affaires ordinaires de cefte Court, il n'achcua de les ouïr que le Mercredy vingt troi- fiefme de ce mois. IVy en a eu plus des trois quarts qui ont efte d'aduis que fa Sain&cté donnaft l'abfolution. En ces huid iours qui fe font pallez depuis que le Pape eut acheué d'ouïr lefdits aduis, nous auons folicité &traitté des conditions de la future abfolution, &cnfommes demeurez d'accord, pour le moins leur auons nous dit & baillé par eferit tout ce que nous pou- uions leur accorder fans rien referuer,& leur auons déclaré ne pouuoiry adioufter autre chofe : &iaçoit qu'ils monftrentde vouloir encore d'autres chofes,û* eft-cc qu'ils n'auront plus rien de nous, &: ne lairront de paffer outre à l'expédition de l'affaire, comme nous en fuppliafmes noftredit S. Pereenlatroificfme'quafi affeurance , que ce fera le iourde la Natiuité de Noftre Dame, 8. du mois prochain : & puis fera ladite Bulle grof- foyee, fignee & publiée pour eftre portée au Roy , & publiée en France & par toute la Chreftienté. le ne vous particularife point icy les fufditcs conditions, ny rien des négociations qui iè sot faites , pour le peu de feurcté qu'il y a par les chemins que le Courrier ordinaire de Lyon, qui portera la prefente^ura à te- nir remettant le difeours plus ample, quand nous vous defpef- cherons Courrier exprès , fuiuant ce que ie vous efcriuy par ma précédente. Ce pendant vous pouuez croire &affeurer IcRoy, que nous n'auons point excède Se n'excederôs noftre pouuoir, & que toutes chofes s'y font panées &: pafleront auec la digni- té de fa Maiefté & de la Couronne deFrance tres-Chrcftienne: comme aufli n'auons nous iamais penféà refuferriendetoutee qui appartenoit à la dignité du S. Siège , &c de noftre faind Pere, entant que noftre pouuoir s'eft peueftendre. Voila, Monfci- "gneur, quant à noftre affaire, tantpour le paffé&prefent, que »pour l'ad'uenirjencequirefte. Aquoyapparciennentencore, >,en certaine façon, les brigues Se menées, que les Efpagnols&: autres ennemis du Roy &c de la France , ont continuées fans cc(Te en diuerfes fortes. L'AmbaiTadeur d'Efpagnc a perfifté toufiours ouuertement , à fouftenir que leRoy eftoit impenitét, & qu'il ne le falloit point abfoudrc en manière du monde : Et cependant il a eu grand nombre defuppoftsquiluy ontferuy fous main ; tafehans fous autres prétextes à faire que l'abfolu- tion ne (c donnait iamais, ou le plustard que faire fepourroit: dont les vns faifoient ce qu'ils pouuoicnt, pour faire enchérir les conditions , &c fous prétexte d'afteurcr la Religion Catholi- que en France , & de conferuer la digni té du fainct S iege , met- taient en auant des demandes qu'ils fçauoient qui nés obtieo- droient iamais: &: là deuusaffermoicnt au Pape contre leur con- feience, que le Roy auoit li grand befoin de l'abfo!ution,& mef- f me pdur les rcfpc&s & interefts temporels, qu'il l'accepteroit "à toutes conditions que le Pape voudroit, pourueu que fa 3*Sainâ:eté tint bon , & ne fe laiftaft aller à la peur qu'on luy fai- jjfoitj du fchifme , comme ils difoient. Autres, qui voyoienc la ET NEGOTIATIONS. loi la force de la neccfTué,&la cognoiffance que le Pape peut a « uoir,de ce qui fe peut obtenir,ou non,feruoientledit Ambafla-&: ne fera que felo l'inftru&io qui luy fera donnée , n'a moyen d echanter,ny de forcer le Roy, ny fonConfeil, à faire ou confeiller chofe qui nefoit iufte& expediente : auffi bien tout autre qui fera enuoyépardelà,aura les mefmes inftru&ions que luy,& ncantmoins ne les exécutera poffible pas, auec tant de difcretion&: de refpectqucluy,&:nc fe contentera pas fi toft de raifon &: ne fera pas par deçà rapport fifauorable des chofes de delà, comme luy , qui s'y eft comme engage, & affectionne', par vne infinité de bons offices , qu'il a faits pour l'acheminement &c entière expédition de ccft aftaire. Le cinquième de ce mois,ie receus la letre qu'il vous pleut m'e- crire de Giury , près Challons , le fixiefme Iuillct , aucc la copie "de la demande de Monfieur de Mayenne delà refponfe qui 5 1 uy auoit efté faite : du contenu de laquelle depcfche,ie me fuis „feruy là où il a efté à propos, & vous en remercie tres-humble: ET NEGOTI ATIONS. îoj ment. L'affaire du Roy occupe fi fortnos cfprits, qu'il n'y apla-" cepoury receuoir lesautres occurences de deçà : Er partan^ie^ ne vous en eferiray point pour ceftefois.aufTi n'y a-t'il pas chc- fc d'importance, quimerited'eftreadioufteeàvn affaire fi gra- uc , qui requière noftre foin tout entier. Il ne s'eft trouué com- modité de vous eferire pluftoft ,& de vous enuoyer Courrier exprès, nous n'en auons cuiufqucs icy, allez d'occafion ,& ne l'auons deu faire, pour des raifons que vous fçaurez , auec le re- ftc de noftre negotiation. Mais nous fommes fur le point d'en a- uoiroccafion,dans peu deiours, auec l'entière refoluti5&: exé- cution de toutl'affairc.Cepêdant, ie prie Dieu qu'il vous dône, Monfcigneur, en parfaite fanté , tres-longuc, &: très heureu- fevie. De Rome, ce Mercredy, Voflre tres-humble , tres-obcyjTant 30. Aoufl,l59y. grtres-obligé Jnuitcur. A. d'Gssat. ADVERTlSSEMENT. ( t Von n'a voulu mettre au tour dix-huift autres condit ions , dont l'exe-(( cution ftmbloit n\ (ire pu moins demandée , que de celle cy : damant que ïmàuftrie ejr fuffifance de nojire Prélat en ayant remporté L'entière Jup- prefîion ($> reuoctttion ; ceferoit diuulguer témérairement cecjteladif- cretion , modestie, doit celer ejr pajferfomfdence^ ARTICLES ACCORDEZ ET PROMIS AV nom du Roy , pourrAbfolutiondefaMajcftc. Vils prêteront le ferment accouftumé, d'o- beïr aux mandements du fainft Siège & de l'E- glife. 2.Qu'iIs abiureront par deuant le Pape, le Cal- uinifme,& toutes autres Hcrefi es, & feront profeflîon de foy. 3. Que le Royreftituëra l'exercice de la Religion Catholique,^ en la Principauté de Bearn, & y nommera au pluftoft, des Eucf-<£ ques Catholiques , & iufques à ce que les biens puiflent eftre icftituez auxEglifcs , donnerai aflignera du fien aux dcuxcc Ce ij 104 LES AMBASSADES Euefques , dcquoy s'entretenir dignement. 4 . Que le Roy, dans vnan,ofl:eraMonfieur le Prince de Gon- 5îdé, d'entre les mains des Hérétiques, Se le confignera entre les >'mains de petfonnes Catholiques , pour le nourrir en la ncli- , gion Catholiquc>& pieté Chreftienne. j. Que les concordats feront gardez Se entretcnus,tat à la pro- uifion des benefices,qu'cz autres chofes. 6. Que le Roy ne nommera aux Euefchez Se Abbayes , Se au- tres bénéfices aufqucls il a droit de nomination , perfonnes Hérétiques, ny fufpc&es d'Herefie. 7. Que le Roy fera publier Se obferuer le Concile de Trente, excepté aux chofes qui ne fe ponrront exécuter , fans troubler la tranquillité du Royaume, &C s'il s'y en trouue dételles. 8. QueleRoy aura en particulière recommendation,&: prote- ction,l'Ordre Ecclefiaftique , & ne fouffrira que les perfonnes Ecclefiaftiques foient ppprimees ou vexées, par ceux qui por- tent l'efpeeny par autres , ny que leurs biens foient détenus XSC s'il y en a d'occupez les fera rendre au pluftoft,par tout le Roiau- "mc , où qu'ils foient fituez,fans aucune forme , ny figure de ^proecz. »9> Que fi le Roy auoitfaîc quelque infeodationdcsCkaftcaux Se lieux qui appartiennent à l'Eglife, en faueur des Catholiques, ou d'Herctiqucs, il les reuoquera. 10. Que le Roymonftrera par faits Se par dits, &:mefmeendo- nantles honneurs Se dignicez du Royaume , que les Catholi- ques luy fonttres chers, de façon quechacun cognoilTe claire- ment qu'il defire qu'en la France foit &fleuriiTevne feule Reli- gion, Se icelle, la Catholique, Apoftolique Se Romaine^ de la- quelle il fait profcflîon, 1 1. Que le Roy ,s 'il n'a légitime empefehement , dira tous les iours le Chapelet de Nbftre Dame Se le Mercredy,les Litanies, Se lcSamedy,lcRofaire de Noftre Dame, laquelle il prendra pourfon A duoeatcés Cicux ;& gardera les ieufncs,& autres Commandements dcl'Eglifc, ©ira la Méfie tous les iours, Se les iours de fefte,MciTe haute. "12. Qu'il baftira en chacune Prouîncedu Royaume, Se en la ^'Principauté de Bearn, vn Monaftere d'hommes, ou de femmes, "de Religion Monaftique, ou des Mendiants des Religions Rc-» «formées. ET NEGOTI ATIONS. 13- Qujilfeconfefcra ,&r communiera en public, quatre fois/c pourlemoins,parchacunan. « 14. Qu'il ratifiera en France,cntrc les mains du Legit,ou d'au-,,, tre Miniftrc du faincl: Siège, l'abiuration & la profefîlon de Foy, &: les autres promeiTes faittes par Tes Procureurs enuoyera' au Pape l'inflrument delaratification. py. Qu,'il eferira aux Princes Catholiques, enfeconioùiflanc de ce qu'il aura cfté receu en la grâce de l'Eglife Romaine, en laquelle il faitprofeflion de vouloir demeurer à iamais. 16. Qujl commandera que par tout fonRoiaume grâces foient rendues à Dieu, pour vn fi grand bien receu de Iuy. ARGVMENT. Par ces prudentes & iudicirufes ohferuations , le Roy ejî foigneufement informé de s arçenjîtnces de ce quia eftéconuenu pour fa MMttiè. ANNOTATIONS ET ADVERTISSEMENTS« fur les précédents articles. (e « Remierement,furtous lefdits Sieurs du Perron & d'OiTat/uppIicnt tres-humblement le Roy , & les Seigneurs de fon Confcil, à qui lefdits articles fe- ront communiquez, qu'il leur plaife attendre la pleine & entière information & relationde toute la negotiatio, & des grandes & extrêmes, difficuitez qu'ils y ont eues, iuf- quesau retour du Sieur du Perro, qui en fera le rapport au long & par le menu:&: ce pendant, confiderer la qualité & nature de l'affaire embrouillée &perplcx en toute extrémité :lcs oppofi- tions &: contradictions, qui y ont efté faites,auffi grades, ou plus qu'en autre affaire du mode, dont il foitmemoirerlafouueraine dignité, authorité,puiiTance,&intereu: de noftre faincl pere le Pape,à qui on a eu affairc:& les humeurs & pretenfions de ceux de la Cour dcRome,dontfa Sainteté eftconfeillce& feruie, &: par les mains de qui lefdits Sieurs du Perron , & d'Offat , cnriïc regard dufpirituel,dontle Pape eftehef fouucrain. Mais ils "n'ont dépendu vn feul poil de l'authorité temporelle du Roy, 3,ny defesCours de Parlement, ou d'aucun de Tes Magiftrats, quelque grande prelTe qui leur ait efté faitte , & art dont on a vféenuerseux. Voila quant à tous les articles cnfcmblc. Sur le premier ^Article 'J Le ferment dont mention efl: faitte au premier article eft ac- couftuméaupreallable, en toutes abfolutions qui fe donnent, non feulement par le Pape, mais par tous Euefqucs & autres fuperieursEcclefiaftiques, pour quelque caufe que ce foit : & les Prélats mefmcs de France auoientrenuoyc le Roy au Pape, pour prendre de fa Sainteté les commandements del'Eglifer &r pour ce, leidits Procureurs n'ont deu faire aucune difficulté de prefter ledit ferment* Sttr le II. Article. » Labiuration &rprofeflion de foy, dont elt parlé enceftarti- cle,font aufli accouftumees &c preallables à l'abfolution d'here- fie, encore que le R oy les euft faittesen France, pour auoirTab- folution des Prélats. Ce quia alTezefté allégué à Rome, & in. culqué par lefdits du Perron &: d'Offat:Si eft-ce que pour auoir l'abfolution du Pape, il a fallu encore la faire à Rome, où l'on vouloir que le R oy la fifl: encore en France de nouueau , en per- fonne & en public , Se y ont infifté longuement : mais lef- dits Procureurs ont toufîours perfifté au contraire, à ce qu'on fe contentaft, qu'ils fUîent à Rome pour fa Maiefté , qui ratific- roit ce qu'ils auroient fait : dequoy il a fallu que l'on fe foit con- tenté } & fa Maiefté n'en aura autre peine ny incommodité, que de; figner les lettres patentes de ratification qu'il luy plaira en ' faire. Sttr le III, ^Article. >> Les Sieurs du Perron & d'OfTat n'ont peu faire de moins^ „qucdepromettrç le contenu audit article, attendu la grande ET NEGOTIATIONS. io7 inftanccquienaeftcfaitre &: laiufticc d'iceluy , la bonne incli-<< nation qu'ils fçauoicnt que le Roy y a, ÔC lamauuaife odeur que f le Roy euft donnée par coûte la Ckrefticnté.Bieneft vray,qu'ilsCf ont fait tout ce qu'ils ont peu &: qu'il leuraeftcpoiïible, pour faire conceuoir ceft article,&: le prochain touchant Monfieur lej Ceft article eft de droict & de iuftice,& félon les Concordats, & mefmes que lefdits Sieurs du Perron, & d'OiTar,ont pcotefté au Papc&àceuxquiont traittédelapartde fa Saincteré, que ce mot de fufpcd,ne s'entendift point à la façon de quelques acariaftres , qui appellent fufpe&s , tous ceux qui ont quelque charité , modération, & humanité, & qui ne font enragez,com- me eux 5 mais s'entendift de fufpicion violente : dequoy on s'eft contenté. Et eft à noter, que par ceft article n'eft innoué rien de ce qui fe faifoit àuparauant. Car en toutes les atteftations, qu'on a cy-deuantcnuoyccs de France à Rome, par ceux qui deuoient eftre pourucus des bénéfices Confiftoriaux,les tef- moins ont toujours dcpofé qu'ils n'eftoient , ny Hérétiques ny fufpe&s : autrement ils n'euflenc point efté admis à Rome. 3i Sur le VU. .Article. Jt La publication & obferuation du Coci-îe de Trente, cft pour reiiftîr non feulement à l'honneur &: gloire de Dieu , & à la re- formation &: décoration de toute 1 Eglife : mais aufli à la feure- té &: accroiftement de l'authoriré du Roy, &: del'obeïiTancc qui eft deuë à fa Maicfté,quelque chofe que certaines perfonnes Ecclefiaftiques eu iTent efté reiglez en France , félon ledit Con- cile, faifants leur dcuoir, &ne fe niellants quedelafundion Ipirituclle , ils n'euftent caufé au feu Roy , ny à ceftuy cy , les trauaux que leurs Majeftez en ont eus.ny à la France, &àeux- mefmeSjla ruine &: defolation qui s'y eft veuë par tant d'années, te dont tout le Roiaume fe reiTcntira d'icy à long-temps. Au demeurant, l'exception quieft au pied de ceft article , pour la- quelle faire receuoir, i! a fallu aufdits du Perron &: d'Ofiat,fucr i'ang&eau,monftrc alTez le foin qu'ils ont eu de ne rien pro- mettre, ny accepter, qui peuft troubler la traquillité du Roiau- me, foit pour le regard de ceux de la prétendue Religic n refor- mée, ou autrement. Lefdits Procureurs ont encore tafché d'y 'faire mettre d'autres exceptions, mais il n'a eftépoifibledeleg j faire accepter, & femble qu'elles pourront aucunement eftrc jComprif^sfouscefte cy. Surit ET NEGOTIATIONS. 209 Sur le VIII. Article. Ceft article hui&icfme,cftaufli de droit & deiufticc ,&lec< Roy y cft obligé par couc droic diuin Se humain, quand bien on n'en auroit rien promis e n fon nom. Sur le IX. Article t Les Sieurs du Perron Se d'Oflfat, ont maintenu à Rome que IcRoy n'auoit faitaucune telle Infeodation5comme ils croyent fermement, que fa m ai cft é n'en ayt point fait du tout, &: par- tant ont leur fait conceuoir ceft article qui leur cftoit propofé tout autrement , en la forme en laquelle il eft à prefent. L'occa- fionquele Pape aeuë de faire mettre ceft article, aefté lafaufle imprciîîon que Ton auoit donnée , que le Roy euft doné en fîcf, à Monfieur Je Marcfchal de Boùillon,rAbbaye de fainct Remy de Reims. t( Sur le X. Article. »> Sur U XI t. ^Article. La pénitence contenue en ceft article eft grande,& IesSieurs du Perron &: d'Oflat ont fait ce qu'ils ont peu, pour faire mo- dérer ce grand nombre de Monaftercs à quatre ou fix ; &c mef- mes ont propofé d'autres cliofes , qu'ils eftimoienteftre auffî bonnes &: plus au gré du Roy. Mais le Pape a rcfpondu,que c'e- ftoit vne pénitence de Roy , coforme aux ruines de tant de mo- naftercs &: d' Egli fes , qu'il au oit 1 uy mefme veués , en paflfant par la France. Etàcela, lefdits Procureurs n'ont eu toute la liberté de répliquer, qu'ils auoient en ce qui n'eftoit point de péni- tence. Sur le XIII. XIV. XV. & XV t. ^ En ces 4. derniers articles , il ne refte rien pourquoy lefdits Sieu*rs du Perron & d'Offat, ayent deu contefter : ains eftiraenc ,,quc le Roy euft fait le tout , quand bien il n'y en euft eu aucune ''promefTe. Aufli n'auoiéc point ces 4. articles cfté propofez ainft du commencement; mais à linftance defdits Procureurs , ont cfté réduits &: modérez, de la façon qu'ils fc trouuent àprefent. OVtre les fufdits articles, le Pape a mis au décret &: en la Bulle de l'abfolutio, vne claufe annullatiue de l'abfolutio donnée par les Prélats en France,à laquelle claufe lefdits Sieurs du Perron & d'Olfat , n'ont voulu prefter confentement : mais pour ce qu'ils fçauent que le Papc,à caufe de fes prétentions, ne donneroitiamais fon abfolution , qu'en annullât l'autre, ils ont dit qu'ils la lairroient pafler fans s'oppofer,pourueu que l'a Sain- &eté,incontinent après adiouftaft vne autre claufe,qui approu- uaft&: confirmai: tous les a&es deReligio qui auoient cfté faits en la perfonnedu Roy &: par fa Maicftc , en confcqucnce de la- ditteabfolution donnée en France, toiuainfi que file Roy euft; J,dé$ lors efté abfous par fa Sain&ece' : laquelle claufe d'approba- »tion & validation a efté par fa Sain&eté adiouftee en la faço que »,lefdits Procureurs l'ont didee. En quoycftànoterquelcfditf ET NE GO TI ATI ON S. zn Sieurs du Perron & d'Oflar» n'ont voulu que le Pape validaft< aucrcs actes , que ceux de la Religion , afin de ne donner entrec< àl'entreprife qu'oneuft volontiers faite à Rome fur le tempo- rel de France, fi lefdits du Perron &: d'O flat n'y eulTcnt pris gar-' de de près. Au demeurant j pour le regard de la rehabilitation qui a efté faite en ceft affaire, qui cftoitvne pierre de fcandale pour faire rompre tout; Il fe trouucra que le Roy a vne abfolution pleine & entière, contre laquelle les Efpagnols& Ligueurs, ne fçau- roient qu oppofer ny s'exeufe* en aucune façon, de recognoiftre fa Maiefté pour Roy de France, en la meilleure forte qu e Roy le fut iamais: E t neantmoins il ne fc trouuera aucune exprelTion de rehabilitation en toute la Bulle, où cependant toutes chofes sot fi bien , que contre ceux qui voudroient dire que le Roy auroit' befoinderehabilitation, on peutfouftenir qu'ellcy eft enfub-< ftance & en effecl , & contre ceux qui voudroient dire , qu'il fc feroit fait tort d'en prendre,on peut fouftenir qu'il n'y en a point du tout. A R G V M E N T. Que les louanges abondent tcy en nos cœurs , & les chants de triomphe en nojlre bouche , voyant nofire grand Roy Henry en France , moins occu- pé * vaincre qu'à pardonner; & le Pape luy defyartirà Rome ^equefa Maietté auott tant dcfîré: & dont nulle des circonjlances ft obmife par ceji ^fcle , qui rapporte le heu de l'a&ion ,. es noms de s Cardinaux s >Archeuefques , Euefques , Prélats , Ducs , Seigneurs , & Officiers quiy affiflent: les infiances & la procuration de la part de fadtte Matedé : les Décrets de fa Samcleté: la forme de l'abiuraticn, & la profeffîon de Foy: la pénitence & l'acceptation : & finalement la fouueratne abfolution & faintle Bénédiction du Vicaire de lefus-Chrtfl fur terre , & fucceffeuv du Prince des ^ipofires , « la gloire de Dieu & exaltation de nottre Mcre fjinclc Egltfe. PROCES VERBAL DE L'ABSOLVTION DONNEE au Roy Henry le Grand, par le Pape Clément VIII. IN nomine Domini noftri lefu Chrifti, Amen. Per hoc pras-f* fenspublicuminftrumentum, cunctispatcateuidenter, &.lît«* m LES AMBASSADES notum,ac manifeftum , quod anno à natiuirateeiufdcmDo- "mini noftri Icfu Chrifti , millcfimo quingentefimononagcfi- ''mo quinto, indi&ionc odaua, die vero décima feptimamen- s3 fis Septembris, Dominica xvm. poft Pentccoftcn,demane, Pontihcatus SanduTimi in Chrifto Patris Se Domini noftri, Domini Clemcntis , diuina prouidentia , Papa: odaui, anno quarto, Romae, in porticu Bafilica: fandi Pétri , inlatercdex- tro , videlicet à parte Capella: nuncupatac de Febrc , &: Ecclefiç Campi fandi, &: cregioncfcatarumPalanj Apoftolici,pra:li- bato Sandiflimo Domino noftr*> , Domino Clémente Papa odauo j fedente in fupremo T hrono fuç maieftatis , ac alTiften- tibus fibi & confidentibus IlluftriiTnnis & Reuerendiflîmis Do- minis, fanda: Romana: Ecclefiac Cardinalibus, Epifcopis, Pref- byteris , & Diaconibus : videliect ex Epifcopis , Domino Al- phonfo Epifcopo Oftienfi, Decano, Gefualdo, Domino Ga- briele Epifcopo Sabinenfi , Paleotto : ex Prefbyteris vero , Do- mino Iulio Antonio , tituli fanera: Maria: trans Tyberim,fanclç Seuerina:, maiori Pœnitentiario, vnoexgeneralibus Inquifi- ' toribus aduerfus haeteticam prauitatem , D. Hieronymo , titu- li fanda: Sufanx,Rufticucio,fandifIimi D. N. Papa:, in vrbe "Vicario , D. Petro , titulifandi Hieronymi lllyricorum, Deza, «alioexeifdemgeneralibus Inquificoribus , D. Alexandro Me- dices , tituli fanda: Praxedis , de Florentia , D. Francifco, tituli fandi Pétri ad vincula,de Gioyofa,D. Antonio Maria, tituli fanda: Maria: de Pace , Saluiaco, D. A uguftino, tituli fandi Marci , de Verona , D. Simeone, tituli fanda: Anaftafiç,dc Ter-' ra noua,D Scipione, tituli fandiSaluatorif in lauro, Lancelotto, D.Henricojtituli fanda: Pudentiana:,Cactano,S.R.E.Camc- rario,D.Dominico, tituli fandi Chryfogoni,Pinello,alioex In- quifitoribus prçdidis , D. Antonio Maria, tituli fanda: Agne- tis-in Agonc, Gallo, D.FratreConftantio, tituli fandi Pétri in monte aurco , Sauiano, alio exgeneralibus Inquilîtoribus prasdidis, D. Antonio,tituliS.ScephaniinmontcCçlio,Saulio, D- Ioanne Francifco , tituli faindç Mariç in via , Morefîno, D. Mariano , tituli fandorû Marcellini te Pétri , de Camerino , D. Fratre Gregorio, tituli S. Auguftini,dc Monte Elparo,D. Pau- 5,lo Camillo,citulifandç Cecilix.Sfondrato, alio exgeneralibus j>Inquifuoribu5prçdidis, D Benedido, tituli fandi Marcelli,Iu- ,,ftiauno,D Auguftinojtitulifandorum Ioannis &: Pauli, Cufa- ET NEGOTIATIONS. u*t no, D Francifco Maria, tituli fancla: Mariae Arç Cœ!i,deM on-Cf cc,D.Oc~tauio,tituli S.Alcxij, rarauicino, D. philippo, ticuli S." Honuphrij , Sega, D. Hieronymo , tituli fan&ipancratij, Mat-« thcio D.Flaminio.titulifan&i Clemétis,platto,D. Lucio, tituli ; fan&i Quirici, SaflTo, D. Francifco, tituli fznâx Mariai Tranf- pontinç, Toledo , alio ex generalibus Inquifitonbus prxdiGtli. Ex Diaconibus vero,D. Alexandro , tituli fancti Laurentij in Damafo, S.R.E. Vicecancellario,de Monte alto, D. Afcanio, tituli fan&çMariçin Cofmedia.Columna.D IoanneAntonio, tituli fan&orum quatuor Coronatorum , d. petro , tituli fan&i Nicolai in Carcerc , Aldobrandino» D. Cinthio, tituli fancti Georgij in Velabro. Ac ibidem prçfentibus &: ftantibus non- nullis Reuerendiffimis Dominis prçlatis, vidclicet.D.Domini- coTufco, Epifcopo Tiburnenfi almç vrbis Gubernatorc,&: Vi- cecamerario. Necnon llluftrifïîmis Dominis, Oratoribus Sere* niflïmç,Reipublicç Vcnctiarum,&: Sercnifîimi MagniDUcisHe- trurie^D.Camillo Burghefio,Camerç Apoftolicç generali Au^ ditorc,&: vtriufquefignaturxfan&ifllmi D N.papç Refcrcnda-(C rio, D. Bernardino C2efio,eiufdem fanctiflimi D . N.papç,&cCa- meras Apoftolicr , generali Thefaurario \ D. Syluio Patriarcha" Conftantinopolitano, D. Guillielmo Archicpifcopo Ebredu-C< nenfi,D. Alphonfo Archicpifcopofan&as Seuerina:,D.Ludo- * uico Archiepifcopo montis Regalis,D. Chnftophoro Archie- pifeopo RaucnxjD.O&auio ArchiepifcopoFirmi,D. Francifco EpifcopoTaruifino,D.Audcno Epifcopo CafTanenfi,D.Chri- ftoplioro Epifcopo Aurcliancnfi, D. Francifco Epifcopo Aqué» H,d. Antonio Epifcopo Torccllano, D. Francifco Epifcopo Balncorcgicnfi, D. Petro Francifco Epifcopo Ncocaftrenfi , d. Anfclmo Dandino Protonotario Apoftolico , de numéro par- ticipantium, & Referendario San&itatis fu*,in vtraque figna- tura,& OfHcij fantta: Romani &: vniuerfalis Inquifitionis Co- fultore, D. Alexandro Caracciolo, d. Hieronymo luliano, D. MafFco Barberino, etiam protonotariis Apofto!icis;deeodem numéro participantium , D. Hieronymo Auila,fimiliter vtriuf- que fignatura; Referendario , &c Abbreuiatore de Parco maiori, D Dionyfio Ratta, etiam in vtraque fignacura Referendario,&« eiufdemfandx Inquifitionis Confultorc.Nccnonetiamaftan-^ tibuscJetcris eiufdcm fan£tae Romana:,& vniuerfalis Inquifi-^ tionis Confulcoribus^OrÏÏciaUbuSjVidclicet.D.CofmoAngelo , Dd iij 114 LES AMBASSADES j^Bargco V.I.D . Aflefïbre, V agiftro Alberto de Florcntiola,Of- dinis Prardicatorum , Commiflario generali, Fratre Agapico ''CurceregiodeBergomOjeiusfocio^D.IulioMÔterentio.V.I.D. »Domino Marcello Phdonardo Procuratore Fifcali. Nccnô II- luftriflTimis Dominis, D. Ioanne Antonio Vrfino, Duce S. Ge- mini,D. Federico Ca:iio,Duce Aquçfpaitç,D Iacobo Malate- fta, Marchi-one montis Iani , D. Paulo j£milioCa:fio, Mar- chioneRiani.Acinfuper côpluribusCubiculariisjOfh^cialibus, & familiaribus San&itatis Tuas : ac item pluribus fanruliaribus prafatorum Dominorum Cardinalium,aliifque quàm prwrimw perfonisinmaximamukicudine Adftantibus etiam Reuercn- dis Patribus Pœnitenciariis eiufdem Bafilicie fan&i Pétri , ac adhibitis etiam Clcricis , feu Magiftris Caercmoniarum , vi- delicet D. Paulo Alaleone Matcratenfi , & Guidone Prc- uofto. Comparauerunt ibidem, coramSancl:itatefua,Reuerendi Domini, lacobus Daui,perroni Dominus,CQnfiliariusinCoiî- lio ftatus,acprimusElccmofynarius,acArpaldusdeOfTato,DC^ »>canus Vareni, Diœcefi Ruthenenfis,Procuratores Henrici IV. ^ChnftianifTmii Régis Francise & Nauarrx,du£riàReuerendo ^ Paulo Alaleone , vno ex prasdi&is Magiftris cçremoniarum,tri- bas genuflexionibus pr^ecedentibus , &c proftrati ante pedes Sancticatisfu£e,illosdeofculatifunt> &deinderetrocedereiuf- fej & intra di&umconfcfTum prasdi&orum Illuftriflimorum& Reuerendiffimorum Dominorum Cardinalium.inextremita- te inferiore folij Cux San&itatis, genuflexi, fupradictus lacobus Dauy, Procurator,alta&intelligibili voce, fupradiûus vero Arnaldus deOflato, fummifla voce,exfcriptoquodpra:mani- bus illorum quilibethabebat,legerûtpetitioncm&fupplicati©- nem tenoris infrà feripti, videlicet. San&iflimc , ac BeatifÏÏme Pater , Ego lacobus Dauy > Pet- roni Dominus, Confiliarius in Confilio Status, ac Primus E- feemofynarius , alter ex Procuratoribus Henrici IV. Chriftia- nifîimi Régis Francise & Nauarrse,vnà cum Arnaldo de Oflato, Decano Vareni, DicecefisRuthcncfis,altero exProcuratoribus ,,pr3edi£ti Régis , Collega meo, prout de noftroprocurationis mandato fuflicienter conftat , literis patentibus eiufdem Henri- ci Regis,quasfufficienter recognitas,nuncexhibeo&produco3 ^tenons, Notts HENRT , par la grâce de Di &c ego eius nomine , cum Collega meo , paratus exi- fto : ac attentis etiam quàm pluribus aliis iuftis Se legicimis cau- fis cidem Sanditati veftra: probe notis , dignemini cidem Hen- rico Régi Chnftianiflimo ,qui dudum in partibus Franciç,à quodam illius Rcgni Praclato^de confilio , &c confenfu quàm plurium aliorû eiufdé Regni Pradatorum;abfolutus fuit,conce-te dere vcftra fanda benedidionem , &c fupremam abfolutionem àtC cenfurispercumincuriis,&côtracumdeclaratis,propterfupra-{C didos errores,ac ipfum in communionem fanda: Sedis A pofto- > llcx recipere , & cum cadem reconciliare in forma Ecclefia? co- fucta. OfFcrcns Si promittens,errores&hçrefcsquafcunque, corde tïncero,&: fidenonfidaabiurare,ridemque Cachohcam profiteri , iuxta formam nobis aflSgnandam : cascerâque amnia alia & fingula pro parte noftra,&noftri Principalis adimplcnda, bona flde adimplere,ad omne mandatum Sanditatis vcftras , &c huius fanda: Sedis Apoftolicae. Itafuppliciter & humiliterpeti» mus&fupplicamusinftanter,&inftantiffimè , nos Procurato- res praedidi & infràfcripti , Ego Iacobus Dauy procurator,Ego Arnaldus OfTatus procurator. Qua petitione &: fupplicatione leda per didum Iacobum Dauy , fupradidus Arnaldus , alta & intclligibili voce , dixit fc etiam eifdem modo &: forma petere &fupplicare,exhibentes li- teras patentes mandati procura: fupradidiChriftiani(ïimiRegiscc Franciac»eorum Principalis, idiomateGallico in pergameno def- criptas, & manu propria eiufdem Régis fubfcriptas , &: figilli Regni Francia: in ccra rubea ( vc apparebat ) affixione mu* * xi6 LES AMBASSADES nitas,& pcr Illuftrem d- Alexandrumd'Elbenc&Reucren- "dum d. Claudmm le Féurc,Pre£byterumCcnomanenfiSDiœ- ''cefis , & Francifcum Ioulet , clcricura pariiîenfcm.recognitas, >>vnàcum earumdem literarum pacentium cenorc, inidioma La- tinum meerpretato &c tranflato, per di&um Claudium le Fcure, &: Ludouicum RiualdijPrcibyterumLemouicenfisDiœccnXfa- nas &: intégras, & omni fufpicione carentcs,tenoris infrafcnpti, videlicec. Nos Henricus, Deigratia Rex Francis & Nauarra: , de- daramus pcr haspratfentes ,quod cùm Deo placuilTet nobis ta- gerc cor.&: infpirarc vt vniremus nos Ecclefia; Catholicar, a po- itolica:&: Romanx perquifiuimusomnesmodos nobis poffibi- les , vt in eam reciperemur & incorporaremur à pradatis Eccle- fia, per vias ordinarias &: folitas , iuxta fan&a décréta & confti- tutionescanonicas & confideranteseuidcntiapericula quibus vitano(traeratquotidiecxpofita,tam propter continua bella in quibus necefTario & perpetuo occupabamur , quàm propter feeleratas infidias quas inimici noftri contra vitam noftrafacie- * bant.direximus nos adpradacosnoftriRegni, vt exequeremur »tam iuftum & {an&um defiderium noftrum,ad honorem Dei,& a,totius Ecclefia; fuas,& ad quiet em noftrarcôfcientiar. A quibus praslatis & à multis doctoribus in facraTheologia , cû fuiflemus inftru&i in ride Cacholica, Apoftolica & Romana , & cùm fecif- femus omnes fubmifïiones necelTatias in tali cafurequifitas &C folitas , & praîfertim abiurationem noftrorum errorum pra;te- litoruji, ôc fimul noftram profelFioncm fidei, quam volumus inuiolatc retincre &obferuare : Àccepimus abiolutionem ab vno di&orum prejatorum , de confilioaliorum , àcenfuris & ex- communicationibus ,per nos incurfîs ob di&os noftros erto- r-es. Etnihi ! ©minus prxdi&i prxlati nosremifcruntad Sanctif- fimum d. n. papam, fuprernum paftorem &caput Ecclefia; , vc approbaret quod ab eis fieri potuiflet in hoc cafunecelTitatis vrgentiflima; Quod cùm vellemus fine vlla retardatione ad- implere , vt ctiam omnia alia quas ab eis nobis fuerant iniunda, nec propter continuas occupationes quibus in noftroRCgno di- ' ûinemur, poflTemus nofmetipfi adiré fuam San&itatem , quam nos agnofcimus pto fupremo paftore in Ecclefia : Dcputaui- >'m>us charillimum&amantilTimumnoftrum ConfobrinumDu- ^iCem Niuernenfem, comuatum Epifcopo Ccnoraanenfi &aliis rraclatis; ET NEGOT1ATIONS. 217 lacis : Cui commifimus , vc pro nobis &: nomine noflro , fupp!i-f< caret Sandicaci fuxt vc nobis concederecquod ipfacog«nofce- rec eiïe nobis necefTarium,iuxta pra?dida fanda decrcta,& con- fticutiones canonicas. Qui non pocuic nobis referre fatisfa&io-" nem , quam ab hoc fuo icinere defideramus ,propter impedi- menta ipfi allaca ab inimicis iuracis noflra: Corons. Tamen confidences magis ac magis in bonicace paternafuœ Sancl:itatis> te quod ipfa tandem cognouentimpofluras noflrorum inimi- corum , qui fuis falûs perfuafionibus nobis hoc bonum retarda- runt;fecimus deintegro , conflituimus , &ordinauimus , fa- cimus, conflituimus , &ordinamus perhasprasfentes ,noflros procuracores fpeciales in hac parce, Dominos, Iacobum Dauy, nominatum ad Epifcopatum Ebroiccnfem , Confiliarium in noflro Confilio Starus , &noflrumprimumEleemofynarium, &C Arnaldum Offatum, Decanum Vareni in Diœccfi Rurhc- nenfi , &: Priorem Bel'efimi , Ad noflro nomine , fe transferen- dum verfus pradidumSandiflimum Patrem,fc prxfentandum cumomni humilitate,adpedesfua?Sandiratis,raciendum no- flram declarationem , proteftacionem,&:excufacionemfuper co quodadum&fadumfuitinnoflrarecepcionein Ecclefiam" Catholicam , Apoftolicam&Romanam^eifupplicandum, &c<ç requ'irendum , vc eam velic approbare & validare quacenus<{ opuseffee, & infuper nobis concederc fuam fandambenedi- dtonem ,&fupremam abfolucionem a cenfuris pernos incur- fîs, &cocrano3declaracis, pr opter errores à quibus receffimus, ad maiorem fccuricacem &: quieeem animai noflrœ , & in bene- ficium huius noflri Regni , fub proteflationibus &. fubmifiioni- bus.in rali cafudebitis & requificis. Quas noflro nomine fa- ciendi, nos damus plenam facultatem& poteflacempraîdidis procuracoribus noflris, cum obligacicnibus&promifïionibus quibùs opus erit , & in ea forma qua de iure & racione fieri oporrec capici fupremo Ecclefiae, & ficuc nosipfi faceremns, aucfacercpofTcmus, fi prasséces perfonalicer intcreffcmus.Pro- miteences bonafide & in verbo R egis, nos habicuros gracum,& firmum , &c flabile , omne id quod per didos procuracores no- ftros, in hoc cafu Se in hac commiflione , noflro nomine fadumf# ê^promiiTumlfueric, & proipfius cxecucionc nos id omne ap-<( probacuros,racifîcacuro£, & confîrmacuros, nec vnquamin co- irarium ituros3 venturos , vel aliquidfaduros , quolibet modo/' Ee n8 LES AMBASSADES In quorum fidem, hispraefentibusmanunoftra fubfcripfimuji '&: cifdem noftrum figillum apponi fecimus , & vniexnoftris 'Secretanis Status iuftimus vt cas contrafignarec > In Fohtc- > bellaqueo, die décima mcnfisMaij>annomil!efimo quingencc fimo nonagefimo quinto. H e n bl y. De Nevfville. àupra- fcriptummandacum procurationis,fuit &:eftritè,legitime &fi- déliter ,ex vulgari Gallico fermonejn Latinum intcrpretatum: &itaatteftamur nos infrafcripti .Romae.diexii. Septcmbris, if9f. Le Feure,Cantor Ecclefiç Cenomanen. EgoLudouieus Riualdi Presbyter Lemonicen. Diœcefis. Qua quidem pctitione &: fupplicatione . per pra»libatum Sanclifïimum D. N.papamaudita&:intelle£ta,idern San&ifli- mus , vt fuprà fedens , Saluatoris Domini noftri Iefu Chrifti no- mine inuocato , pronuntiauit, prout in fchedula (ux Beatitudî- nismanu fubfcripta , quam tradidit &c confignauit fupradicto Reuerendo D. Cofmo Angelo Bargeo,CIerico Lucane Dicece- fis,V.l. D.&fanctç iriquifitionispi^di&XAffeflbri, legendam &publicandam. Quam quidem fchedulani idcmD. Cofmus, genu flexus humilitcr recepit : Et dcinde parendo( vtdecet) »mandatis San&itatisfuaî, ftans in piano folijadfiniftrameiuf- ^demfuaîSan&itatis > alta&: intelligibili voce> ad pra*fentiam fupradi&orum dominorum Iacobi Dauy , &: Arnadi de Oflato, procuratorum, audientium & intelligentium , perlegit &: publi- cauit > tenoris infrà fcripti, videlicet, Clemens Papa vu i. Saluatoris Domini noftri Iefu Chri- fti, decuius vultu re&a iudicia prodeunt, nomine inuocato, in Thronoiuftitia^proTribunalifedetes , &folum Deumprse oculis habentes, vifis videndis, &: confideratis.confiderandiy, decernioius &declaramus prastcnfam abfolutionem Hcnrico IV. Régi Franciç &c Nauarra?, àquodam, vt dicitur > Regni Francise Pradato , de nonnullorum aliorum eiufdem Regni Pradatorum confilio, aut aliàs impertitam, fuifte &: eflenul- lam , ac nullius roboris vel momenti , & quatcnus de faclo proceflit , annullandam fore &: effe , prout illam annullamus &: irritamus. Volumus, tamen , vtactus Religionis,alioqui Catholici & approbabiles, in confequentiam illius abfolut/onis "fafti, quinifiabfoluto &ababfolutofîerinequiuerunt, validi, mati, &: firmi fint , perindc ac fi à nobis tune abfolutus fuiftet. Et ,,nihilominus nonullis de caufis animum noftrum digne mouen- ET NEGOTI ATIO NS. zi9 tibus , decernimus etiam, & declaramus eundem Henricumu Rcgem>id iam diu à nobis humiliter pctentem , & inftantiflimé t poftulantcm.forc, & efTeà quibufuis maioris excommunica- tionis, aliifquc fcntcntiis ,cenfuris,& pœnis Ecclefiafticis.quas" idem Henricus quibufcûque hçrefibus adha:rendo> & quecum- qucfadahxrcticalia committendo feu permittendo, autillo- rum occafionc quomodolibet incurrit > & in quas pcr ( fcclicis recordationis) Sixtum Papam V. pr:cdecefTbrem noftium, per cius Iiteras datas quinto Idus Septembris , anni m. d. lxxxv. pontificatus fui anno primo , incurriiTe declaraxus fuit , etiam fideanno m.d.lxxi i. eofdemcrrores & hserefes Parifiis abiu- rauerit,&: deteftatus fuerit.& poftea in eofdcm errores,& hxrc- fes relapfus fit ; abfoluendum & ]iberandutn,& in gremiû fandç Matris Ecclefix recipiendum , fandorûmque Sacramentorum participation! reftituendum , rada priusritè &; légitimé, iuxta canonicas fandiones, Caluinifmi , cum omnibus Caluinifta- rum erroribus &c hxrefibus* ac omnium &: quorumeunque alio- rumerrorum & hxrefum, quomodolibet contra fandam Eccle- fîamCathoIicam, Apoftolicam Romanam, fefe extollentium, abiuratione,detcll:atione&:anathcmatizarione,profeflionéquca fanda; fidei Catholica: , iuxta modum &: formam à nobis tradc*a dam , mediante iuramento , légitimé emifla : Et fada , fimili iu- ramento mediante, promifîîonecanonica, de ftando &: paren- dofandx Matris Ecclefia^mandatis, &: pernos fibiiniungcndis, &eabonafideadimplendo, acalia in forma Ecclefia: confueta, ad laudem & gloriam omnipotentis Dei,& Ecclefia: fua: fandç. Itapronuntiamus. Hippolytvs. Qua quidem pronuntiationis 5c decreti fchedula,pcr didum Dominum Cofmum( vtprœfertur ) lcdarlidem Domini Ia- cobus &: Arnaldus Procuratorcs , te eo nomine fupradidi Chriftianiffimi Régis , dixerunt , &C quilibet ipforum dixic, dccretum,vtprxfertur, perfuamSanditatemlatum,ledum)&: publicatum^ntellexiiTe ,acillud & in ço contenta fe humiliter & reuerenter acceptare, ac cidem parère & fatisfacerc vellc. Et fucceflïuè in executionem decreti huiufmodi , Procuratores praedidi procuratorio nomine quo fuprà continué conftituti,&:« genu flexi ante cofpedû fuas Sâditatis in fupradido loco, habc-fs tes,& quilibet ipforû habes prx manibus Ichedula continctem hxrefumabiurationc,fideiorthodoxa[rprofcflîoBcm;&:promif-^ Ee ij Aq les ambassades 9 lioncm de parendo mandatis Ecclefia: , &: de adimplendo man- data &pœnitentias, pcrfuamSanditateChriftianiflimo Régi ''eorum principali, iniungenda &iniungendas, ac Sacrofandis * Dei Euangeliis fuprapuluinarc coram pofitis,acpcr cos>&eo- rum quemlibet , manibus proprïis tadis, abiurauerunt, profefli fucrunt,promiferunt, Se iurauerût, Se alia fecerunt prout in di- dafchedula latiùs continctur: Quam fchedulam legcrunt,&: quilibet ipforum legit, videlicet,D. Iacobus alca Se intelligibi- li voce , D . vero Arnaldus fummilTa voce in hune qui fcquitur modum Se tenorem, videliect. Ego Iacobus Dauy , Perroni Dominus ,Confiliarius in Con- filio Status,&: primus Eleemofynarius, aker ex Procuratoribus Henrici IV.Chriftianiffimi Régis Francix-&Nauarrç,vriàcû Arnaldo de OfTato, Dccano Vareni, Diœcefis Ruthenenfis,al- tero ex Procuratoribus prxdidi RCgis,Collega meo, coram vo- bis Sandiflimo ac Beatiflîmo in Chrifto Pâtre & Domino no- fîroE). Clémente Papa VIII. humiliter conftitutus , ac genu flexus, Sacrofandis Chrifti Euangeliis coram vobis pofitis, ac r propriis manibus per nos corporaliter tadis, procuratoriono- »minc,ac cum infraferipta rati promiflîone j agnofeens neminem ,,faluum fieri pofle extra fandamCatholicam fidem,quam tenet, ^doect profitetur , Se prédicat fanda Catholica Se Apoftolica Romana Ecclefîa, & Henricum Regem prasdidum Principale noftrum, aduerfus illam grauiiïime errafte, prafertim malè& perperàm fentiendo circanumerumSacramentorum Ecclefia:, circatransfubftantiatione panis Se vini in corpus &fanguinem Chrifri , circa prarfentiam corporis &fanguinis Chrifti in Eu- chariftia, circa fupremam poteftatem, Se audoritatem fummi Romanipontificis in vniuerfa Ecclefia, circa purgatoriumani- marum, &: fuffragia pro cis , circa venerationem Se inuoeatione Sandorum, &: circa eorurnReliquiarum, &: facrarum Imagi- num venerationem, denique ampledendo impium Se deteftan- dum Caluinifmum, cum omnibus fuis erroribus & hçrefibus, ac in cifdcm erroribus Se harrefibus , Se toto Caluinifmo, ab incunte adolefcentia fua , etiam poft abfolutionem à fratre veftro GregorioPapa XIII. Sanditatis veftra; prardecciTore, "defuper fibi conceiTam,perfeucrando, &: manendo,ac erroribus »Se hçrefibus prsedidis,animo, corde, verbis &fadis ipfis, fir- „miter credendo > Se pertinaciter adhxrendo : Et demum de ET NEGOTI ATIONS. 121 anno m.d.xciii diuina infpirante gracia , Se infirma Chri- (< fti&Saluarorrsnoftri Dei mifericordia opérante, ipfe Henri <( eus Rcx , ab omnibus & fingulis huiufmodi erroribus &: hx (( refibus,cx corde refipuit &: receflic. a quo tempore &: ante, à di dis erroribus &: hxrefibus , &à quibufuis fententiis &: cenfuris" propterea incurfis &:declaratis, abfolui ,&:ingremium fonàx Matris Ecclcfîa* recipi, & fan&orum Sacramentorum participa- tion! reftitui, humiliterfa;piûspetiit &inftitit. EtcùmaderYe- ùum huiufmodi, inter alia , errorcs & hxrefes prardi&as , ôc quafeunque alias abiurare > & deteftari , fîdémque Catholi- camprofiteri teneatur : propterea ego Iacobus Procurator qui fuprà, cû fupraditto Arnaldo Collega meo ôc procuratorio no- mine fupradidto &cum infrafcriptapromifîîone de raco,volens fan&asEcclefia: & San&inciveftrae (vtpareft) fatisfacerc.corde fincero & ride non fî&a, abiuro , deteftot, & anathematizo vni- uerfas &: fingulas hxrefes & errorcs fupradi&oSjacCaluinif- mumeum omnibus eius erroribus & hasrefibus: Necnonom- ncs alias quafeunque fectarû harrefes Se errorcs fcfe quomodo- libet extollétes, contra fan&am, orthodoxam & Catholicam fi- dem.quâtenet>docct&:prçdicatfancl:a>Carholica& Apoftolica^ Romana Ecclefia.Et fub eodem iuramento,cum eodem Arnaldo" Collega mco, polliccot & promitto, quod idem Henricus Rcx nofter Principalis»deincepsnecna?rcies,necerrorespra;di6tos, nec aliquam aliam hœrefin aut errorem credet neque illis a dhç- rebit!nequepra:dicl:a)autaliquaalia h£ereticaliaccmmittet,auc facietnequein pofterum ha^reticisopem,auxilium,confiliûaut fauorem.circa haf refes &: errorcs illorum , feu corundem occa- (îone praîftabitautimpendet, nec ab aliisprafftariautimpcndi faciet. Acprxtereacum eodem Collegameo.iuro ipfumHen- ricum Regem ( Deo iuuante) feruaturum pœnitentiasffibià San£titateveftrainiungendas,&:huiusfan£la;Sedis Apo'ftolicx mandatislibenrer obtemperaturum. Infuper, ego Iacobus Procurator predictus cumprçdi&o Arnaldo Collega meo , ad confirmationem &c corroboratio- nemprçmiiTorum> &admaiorcm expreflionem &declaratio- nemfincerçvoluntatis , &: Catholicœfideidic'tiHenriciRegis,, noftri Principalis , infrafcriptâfandtas , Catholicç & orthodoxe^ fidei profeflioncm>cxprefsè facio &C emitto,pro quo îlmilirer de rato promiteo , vt infrà , firma fide credo, & proflteor omnia E e iij 222 LES AMBASSADES 3)(îngula quçcontinenturinfymbolo fidei, quo fan&a Romana Ecclcfia vtitur , videlicet: Credo invnum Deum Patrcmom- "nipotentem ,fadorem cœli Se terra: ,vifibilium omnium &in- "uifibilium : Et in vnum Dominum Icfum Chriftum , filium Dei jjvnigenicum, & ex Pâtre natum ante omnia fecula: Deum de Deo , lumen de lumine, Deum verum de Deo vero : Genitum, non fadum ; Confubftantialem Patri, per quem omnia fada funt Qui propter nos hommes Se propter noftram falutem, defcendit decœlis, &incarnatus eu de S piritufanclo, ex Ma- ria Virgine. Et homo fadus eft. Crucifixus etiam pro nobis fub Pontio Pilato , paflus Se fepultus eft : Etrefurrexit tertia die; fecuadumfcripturas: Etafcenditin cœlum, fedetaddex- teram Patris : Et iterum venturus eft cum gloria,iudicare viuos &mortuos: Cuius Regni non erit finis. Et in Spiritumfandum Dominum, Se viuificantem : Qui ex Pâtre Filioqueprocedit: Qui cum Pâtre Se Filio, fimuladoratur.&conglorificatur: Qui locutuseftper Prophetas. Et vnam Sandam, Catholicam& Apoftolicam Ecclefiam.Confiteorvnum Baptifma in remiffio- nem peccatorum : Etexpedo rcfurrcdionemmortuorum;& ))viram venturi fa:culi. Amen. Apoftolicas Se Ecclefiafticas tradi- },tiones,reliquafquceiufdemEcclefiç obferuationes &confti- ^tutiones, firmifàmèadmitto&ledor. Item, facramScri- pturam, iuxta eum fenfum quem tenuit&tcnetfanda Mater ^'Ecclcfia , cuius eft iudïcare de vero fenfu Se interpretatione fa- crarum Scripturarum , admitto : neceam vnqua nid iuxta vna- nimem confenfum Patrû , accipiam Se interpretabor. Profîteor quofquefeptemefle verè Se propnè Sacramcnta nouœlegis, à lefuChrifto Domino noftro inftituta ,atqueadfahuéhumani generis,licet non omnia fingulisneceftaria fcilicet Baptifmum, Confirmationem. Euchariftiam, Pœnitentiam,Extremam vn- dionem , Ordincm , Se Matrimonium , illaque gratiam confer. re: Et ex his , Baptifmum , Confirmationem &: Ordinem,fine facrilegio, rciterari non pofTe. Receptos quoque & approbatos Ecclcfiaf Catholicx ritus, in Sacramentorum fupradidorû om- nium foleni adminiftratione, recipio Se admitto. Omnia Se fin- gula qua: de peccato originali , Se de iuftificatione in Sacrofan- da Tridécina Synodo définira, Se declarata fucrunt , ampledor recipio. Proficeor parirer in Mifla orferri Deo,verû,proprium i^&propitiatorium Sacrificium pro viuis& defundis, atqucin ET NT E Ci OTIATIONS. 1:3 fâçratiflimo Eucharillix Sacramento , eflc vciè , rcan'tcr & fub-(< (Vantialiter corpus &. fafiguinemJi vnàcum anima & dii;initare'diâ:ùmque Henricum Regem, Deus adiuuet, & hxc fancla >>Dei Euangelia. Egolacobus Dauy, Procuratorfupradic~tus,& procuratorio nomine fupradicto , itaabiuraui , deteftatus fui, & anathermtizaui ,ac profefTus fum , fpopondi, voui, promifi , & jurauirefpediuè,&: prsElenccmabiurationiSjfideiprofcflionis, promiflionis, Se iuramenti fchedulam , manu mca propria fub- fcripfi,vnà cum infraferipto D.Arnaldo, Çollcga meo. Ego Ar- naldus OfTatus, Procuratorfupradi&us, & procuratorio nomi- ne fupradido,ita abjuraui, deteftatus fui, & anathcmatizaui,ac profeflus fum, fpopondi, voui,promifi,&;uraui refpec~tiuè>& prçfentemabjurationis.fîdci profeflionis,promifrionis,& iu- ramenti fchedulam manu mca propria fubfcripfi, vna cum fu- pradi&o D Iacobo Dauy, Collegameo.Etcùm peruentum ef- fet ad finem, vnufqui (que ipforum Dominorum Procurato- rum, tarigendo manibus fancta Dei E uangelia , alta & intelligi- "bili vocelcgit&protulit vcrbaillaj Iranos, di&ûmque Hen- ^ricumRegemjDeusadiuuct, &: hxc fancla Dei Euangelia. Et »>eodemmodo quilibet ipforum legit verbafubfcriptionis,manu propria cuiuflibet ipforum refpc£Huèfa£i2e,videlicet,D. Iaco- bus Dauy , in hune qui fequitur modum. Egolacobus Dauy,procurator fupradictus ,& procuratorio nomine fupradicto, ita abiuraui, deteftatus fui , & anathemati- zaui, ac profefTus fum, fpopondi , voui,promifi ôcjuraui refpe- diuë , &: praefentem abiurationis, fidei profeffionis , promiflio- nis, & iuramenti fchedulam, manu mca propria fubfcripfî , vnà cum infranferipto Domino Arnaldo,Collegameo. EtD Arnal- dus hoc modo videliect : Ego Arnaldus Oiïacus , procurator fu- pradi&us , procuratorio nomine fupradi£to, ita abiuraui , dete- ftatus fui, & anathematizaui , ac profefTus fum , fpopondi, voui , promifi, &iurauirefpecl:iuè,& prarfentem abiurationis, fidei profeffionis, promiflionis , iuramenti fchedulam, manu mea propria fubcripfi, vnà cum fupraferipto D. Iacobo Dauy, Collegameo. Et quilibet ipforum iterum taûis& dcofculatis ^eifdem Sacrofan&is Dei Euangeljis iurauit. » Quahaerefumabiurationc fancla: fidei profeflîone,&: promif- »fione, iuramentcaliifque praemiffis Jegitimèfaûis, fupradi- ET NE G OT I ATIOKS. Liv. n. iis &us Sanâilïîmus D. nofter Papa, iniunxit cidemRegiJicet ab-" fcoti , & pro eo & cius nomine fupradi&is Dominis , Iacobo &aut vcxari , ncc corum bona detineri patiatur : Sed fi quai occu- j,pata fint , vel fucrint , ca quamprimum , per vniuerfum Gallix regnum , vbicunquc fita Tint, fine vlla Utis aut proceflus , forma rcltituifaciat. ïnfeudationcs Se concefliones quafcunque,dequibufcun- que Caftris, locis Se bonis, ad Ecclefias , Monaftcria , &: pialoca qMarcunquc quomodolibet fpe&antibus , fi quse ab ipfo Henri- co Rege , feu eius prsefeccis , gubernatoribus , vel miniftris , ad fauorem, fiue Catholicorum ,liue harreticorum , fa&afuerinr, reuocet& annullet. Verbis &c fa&is, etiam in conferendis gradibus regni, often- dat Catholicos fibi effe cariffimosjtavtomnesclarè cognof- cant ipfum Regem percuperevt vnica tantùmReligio,&illa Catholica & Apoftolica Romana,quamipfe profitetur,ïn Fran- cis Regno fit,& perpétué vigeat. Singulis diebus, legitimo cclTanteimpedimento,recitctco- ronam Beata; Maria; Virginis: Qoartaquaqucfcria, Litanias r fingulis diebus Sabbithi , Rofanum ciufdem Beaca: Mariar, »quâ affamât pro fua Aduocatain cseli. Ieiunia , & cçteraprçcc- ,,pta Ecclefiae , obferuet : Et faltem quater inanno peccata fua 6 a- cerdoti idoneo, Sacramentaliter confitcatur,& publicè comu- nicet. Singulis ité diebus,facramMifTam,more Regum& Princi- pum Catholieorum,deuote audiat. DominicisvcroÔi feftis diebus (ceflante legitimo impedimento ) interfit Mifîç conuen- tuali,vel folemni,in Ecclefia vel Capclla Regia , proue alij Chri- ftianiflîmi & Catholici Regcs confueueruntfacere. i£difîcet,feua:diflcari faeiat , in fingulis Prouinciis Regni Francise, 6c principatu Bearni, vnumMonafterium virorum, vel mulierum, Religionis Monaftica:, vel Mendicantium,cx Religionibus reformatis. Ratificet & approbet fufHcicnter & légitime , & abfque ali* interpellations, in Francia, in manibus Legati vel Nuntij S. Sc- dis Apoftolica; quamprimum ibi fuerit,ha;refum&errorum ab- >)iurationem,&: S. fidei Catholica; profemonem,&: omnia alia Se fingula per vos eius procuratores in pœfenti negotio fa&aôi *,promiflTa • ac prasfentia noftra mandata accepter & recipiat , in- "ftrumentûmque tacificationis , ad Nos& S. Sede Apoftolicarrij ET NEGOTIATIONS. Lrv.ir. itj in forma authentica tranfmittat , Se realicer confignari faciat. <( Iubcat in omnibus locis Regni gracias agi OmnipotétiDeo,c< pro tàm iniîgnibeneficioabeorecepto. Nos Procuratoresin- frafcripti , procuratorio nomine Chriftianiflîmi Régis prardicti'* Principalis noftri,humilitcr Se reuerencer, grato animo , recipi- mus ; Se accepcamus omniaôJ kngula mandata & pcenitcntias, pcr Sa&itatem veftram ChriftianifTimo Régi Principali noftro, ôe nobis procuratorio nomine, iniuncta Se iniun&as, iliaque Se illas (Dco faucnte ) obferuare, Se bona fide adimplere.inhxren- doetiam promiffionibus aliis per nos quomodolibetfaûis , ite-^ rumpromittimus&: iuramus. Ego Iacobus Dauy .RegiusPro-- curator Se Orator. Ego Arnaldus Oflatus, Procurator. Qua quidem fchedula panitentiarum&madatorumjper di- c~tum Dominum Cofmum perlecta , Se per eofdem Dominos Procuracores Regios (vt dixerunc,&: alTcruerunt ) bene intelle- c"ta,iidem Domini procuratores, videlicet, primo loco, D. Iaco- bus , alta &: intelligibili voce , perlegit eorundem mandatorum & pœnitentiarum acceptationem , eiufdem Iacobi manu pro- pria fcriptam,& fubfcriptam in calce fchedulç iniun&ionis pce- nitéciarumhuiufmodi, in hune qui fequitur modum, videlicet: Nos procuratorcs infiafcripti, procuratorio nomineChriftianif. fimi Régis prxdicti Principalis noftrijhumiliter&reuerentcr,1* grato animo.recipimus Se acceptamus omnia& fingula manda- «« ta Se pœnitentias per San&itatem veftramChriftianiftimo Régi Principali noftro , Se nobis procuratorio nomine, iniuncta & iniundaSjillaque Se illas ( Deo faucnte ) obferuare , Se bona fide adimplerc , inhçrendo etiam promifllonibus aliis j per nos quo- modolibet factis,iterum promittimus Se iuramus Ego Iacobus, Dauy,Regius Procurator Se Orator. Et deindeftatim flmiliter alta &; intelligibili voce, D. Arnaldus alter Procurator , legic tandem fchcdulamacceptationis, feriptam manu propria fu- pradi&i D. Iacobi cius Collège, & fubfcriptam manupropria ctiam ipfius D. Arnaldi, eiufdem cenoris fupraferipti. Quibusperadisjprocumbentibuskumi, eifdem Dominis Iacobo Se Arnaldo,Procuratoribus, ante pedes fua: San&itatis, in piano folij Pontificialis,lIluftriflîmus &Reuercndiifimus D.(S Alcxander Cardinalis Montaltus exhibuic in manibus eiufdem S. D. noftri Pap^, virgam, quam fupradictus D . Paulus » Magi-cs ifcer cçrcmoniarû,ab vno ex fupradi&is Pœnitentiariis habicanV* 2îS LES AMBASSADES ' porrexcrat,&:dumCantorescantabant Pfalmum.Mifcreremei ''Deus, prçlibatus S D. N. papa, in fingulis vcrficulis didi pfal- ^m^vcrberabat & percuticbat humcros prçdidorum,&: cuiufli- »bet ipforum , cum virga prxdida , quam prae manibus habebat. ec finito dido pfalmo, furrexic,&: recitauit, Kyrie eleifon ,& reliqua , prout in pontificali,fubrubrica , Qrdoexcommuni- candi Se abfolucndi. Quibus recicatis,icerum in fuo Throno rc- fcdic, Se faspedidum Hcnricum Regem , licet abfcncetn , Se fu- pradidos Iacobum Se Arnaldum procuracorcs illiuspr«efentes, Se procuratorio nomine prardido, ab omnibus excomunicatio- nis maioris , aliifquc fententiis , cenfuris Se pœnis Ecclefiafticis, quas idem Henricus Rcx, quibufeunque harrefibus adhçrendo, Se quascunque fada haereticalia committendo, feu permittedo, aut illorum occafione quomodohbet incurrit, le in quasper ( felicis recordacionis)Sixcum papam V. prçdeccfforé fuum,per cius lireras datas 5. Id. Septemb 158Ç. pontificatus eiufdem Sixti anno primo , quarum Iitcrarû cenorem Se continentiam idem S. D.noftec papa haberi voluic Se habuit pro expreflîs Se infertis de Verbo ad verbum , vt quatenus opus fuerit exprimi &: inferi r po{Tmc,quandocunquc incurrifTe declaratus fuir, etfi de anno »i%jz. eofdcm errores&hacrefcs parifiis abiuraueric Se deteftatus „fuerit, Se poftea in eofdemerrorcs Se ha^refes relapfus fit ; Abfo- luit Se liberauit,& in gremium fandç Matris Ecclefiç recepit, te fandorurn Sacramentorum participation reftituit , in forma Ecclefix confucta ,ad laudem Se gloriam Omnipotentis Dei,& Ecclefiçfuçfandç. Et fucccffiiie,idernSandifIimusD. N. Papa , commifit& mandatait fupradi&o Illuftriftimo te Reuerendiflimo D. Iulio Antonio Cardinali fandas Seucrinx , maiori pœnitentiario , vt fupradidos Dominos Iacobum, te Arnaldum procuratores, in Bafilicamfandi pétri (vtmoriseft) iuxtaritum fanda; Romanx icclefia-, mtroducerct. Super quibus omnibus&fingulis pra*miffis,Dominus Ioancs Iacobus Nercttus.San&iflîmi D.N. papç , Se. Camcrae Apoftoli- cae, procuratorFifcalis.alta voce rogauit in hçc verba, videliect : Et ego lo. Iacobus Ncrettus.Sandilfimt D. N- Fifci Se Caméra: ,JApollolicae, procurator Gcneralis, rogo vos omnes protono- »tarios, Secrctarios Se Notarios Apoftolicos,quofcunque hîc j^prarfentcSjVt dcpradtôapecicionc&fupplicarioncpcrfuppo» ET NEGOTIATIONS. Liv. m, w fitos Henrici Régis Franc»? procuracores fada, de decreto , percc S.D N. papamdcfuperlato.hsercfamabiurationcac orthodo-tti mifericordiarum , qui non dereliquic ce vfquein finem , qui ET NEGOTIATIONS. Liv. m. 131 ibftulit à ce cor lapideum,& dedit cibi cor carneum,vc depone-cc resveterê homme fecundùmpriftinâconuerfacioné erroristui.{( Confîccaris ctiam quantum debcas Ecc\cC\x fan£t;e Catholicac Romanç , tuç ac ommû fidelium marri, quç mulcarû iniuriarum oblica, quibus olimàtc ami&aeft ,vbera materna &:gremium charitacis cibi aperuic iterum , te in Chnfto gcnuic iterum , filiis fuischariu'imisadnumerauit, & fingulancumgaudio gloria&: honore coronauic.Hoc ei.im oprauit pia mater qua? te ad ample- xus fuos inuitabar,qua: pro te aflîduè orabat , &c de tua fpirituali morte multiscûlacrymisacerbimmèdolebac.Nâquando teiu- ftoiudicioa fuoeorpore feparauit,multoidcum dolorisfenfu &: vifeerum fuorum cruciatu egit, quemadmodum id literis fuis publiée teftatus eft,felicisrecordationis, Sixtus V. Pont. Max. predcceflbr nofter, quas f. id. Septembr. anno fui Ponrificacus I.cotra te promulgauit. Tûc enim difertis verbis expreflit fe ve- hcmeterindolere~qu6dexofficij fuidebico,gladiû vindicte co- tra ce exercerc cogereturrfed quanto fuperioris illius téporis re- eordatioeftacerbior, tanconunciucûdus eft fenCus reuerfionis & conuerfionis eux. Gratias enim ex intimo corde agimus Deo, qu i hoc gaudium fingulare, Ecclefise Cachoh'cae,in noftri Poti- ficatus tempus rcferuauitmoftrasquehumilitaci c6cemi>vt te inf< eande EcclefiâCatholicâ, poftabiuratos mipij Caluinierroresf* omnefq; ha*refes dânatas,&poft fideiCacholicç profeflionc ritèno , quod exoptat^ conuerfionis tua: rempus , tanquam aurora quidam exoriri videbatur, fpcrabamùfquerore, cœlefti gratia iuuante,vtcrcfccret vfqueadperfeâû diem.Egiftiigirurnobit eum per literas Se nuntios , vt te ad communionem Se gratia rc- eiperemus , ciùfquerei caufamififtiadnos dileclû fîliû noftrunx PetrumCardinalemGondium,deindedile6tûfil!uMarchionem Pifanium , tum demum Ludouicum Ducem Niuemenfem, Principem non folùrn generisfplcndore , fed Se omni vircutc Se pietateprasftantem virum ,&:nobismultis nominibus inprimis carum Et licec fummo animi ardore tuum ad ECclcfiamCatho^ licam reditumoptaremus^ihilqueoptatius nobis effet quàm te vinculis quibus propccrhxrefim iurecoftri&useras,abioluerc, quod adanimse tua? faluté, adregni iftius pacé Se t'anquillitatc, fociufqueChriftianç Reipublicar vtilitaté/ummoperè pertinerc intclligebamus : Faciebat tamen rei grauiflîmx magnitude, vc wihil properandum , fed etiam atquc ctiam deliberandum , in rc tanti momenti ftatuerenvus. Nequecnimadhuccoràm Dco& 'EccleiîaeiuSj fatiscaufxafferri poflè videbatur ,vt tameitoin- 'ter bonos Se obedientes filios reciperctur , qui tadiu acque adeo »paulc> anec inobediens Se contumax fucrac. Itaquc priorc* nuntios. ET NEGOT1ATIONS. 233 nuntiôs ,quanquam nobis acceptos , ne audiendos quidem" exiftimauimus. Niuernij veroDucem quanquambenignèf;e->graciam nullo terreno affe£tu , aur humana percurbatione , in hocnegotioducebamur , fedfolam Dei gloriam quaerebamus, ita&ipliadeundemfcopumeollineances, libcrè fentencias di- cerenc > vc coniun&is confiliis , id quod falutarius eflecfpi- ricu fan&o authore , decerneremus. Cardinalium igicur fcn- tentiis auditis , illos quidem inaeniebamus vchemcntcr op- tarc, vc ancequam tibi à nobis abfolutio tribucrctur , plura Se cfficaciora à te pra:ftarentur , quibus virx veteris cmendatio oftendererur,&: qux cos certos Se quodammodo fecuros redde- rcntjforc, vc Catholica religio inregno ifto, à ce farta &: cé- da omnino conferuaretur. bed tamen mifero Se afflicto ftam ciufdemolira florentiflimi &: religiofiilïmi regni permoti, fide etiam quaccperlicerascuasobftiingebas, addu&i, in eam de- unique fencenciam eos communicer venire deprehendimus ,vi- dericeabfoluendum >cibique fupplicicer petenci EcclefiaîCa- 'tholicaHanuamaperiendameffe. Nosigitur confideraccs per- "feuerantiam tuam in venia &: abfolutione petenda > quod nô fe- mel tantùm atque iterum, fed tertio & quarto fupplicatumad nos miferis, Se quse literis tuis manu feriptis receperis Se promi- feris, quo dque id Gallica nobïlitas magna ex parce petebat , re- gni vero Francis perturbarus rerum ftatus flagitabat, memores etiam nos illius Paftoris Se Patris familias locû tenere, qui amif- famouem qua^fiiuic,&adouilereporcauic, quique filiûprodigû qui in longinqua abierac , redeûcem recepic canco c um gaudio, ne forcé nimisafpcriauc duri videremur, quod pœnicencem ad fores Ecelefix coties pulfantem excluderemus, cùm eadem Ec- clefia pia mater, verènulli adpœnitenciamredeunti , pietatis fux gremium claudat , téque verè ex animo pœnitentem in Domino confidentes, cùm tôt nuntiis, literis, variifque teftifî- cationibus, id profitereris , téque ad hsereûmabiurandam , Se fidem Catholicam corde Se ore confitendam » paratum cfle, amboprocuratorcs tui fupradicti , conftanter tuonomineaf- "fererenc : obeascaufas Se alias complurcs , quçconnumcraro "nimislongum effet, p'ofl: faepiùs imploratû lumen Spiricus fan- >>&i>mulcâfqiTeno{Uas&piorumhominum orationesadhibitasi „cùm facri etiam Collegij hune fenfum Se confenfum c(Te pcrfpi- ET NEGOTIATIONS. i5f ccrcmus: Tandem prxfenti die Dominico , qui efl: xvi i. menfisf< huius Septembris,in porticuin Bafilica: Vaticanç Principis Apo-<4 ftolorum,defccdimus more folemni , cum venerabilibus fan&a? R.E. Cardinalibus,necnon Epifcopis &: Pradatis,acMagiftra-" tibus&officialibus RomançCuria^ibiquecummaximapopu- li frequentia.ad tantae rei fpe&aculum côuenifTet ,accedereiuf- fmiuseofdemprocuratorestuos1Iacobum&: ïV]paatdiTm,qwj co- ràm nobis, genu flexi, patentes liternsmanu tuaproona 'ubfcri- ptas , &: figilli regni Francise imprefllone municas & Cùffic tenter recognitas continences mandatum procurarionis à te in eorum perfonis légitimé fa£tum, producentes &cxhibentes, in om- nium ibidem adftantium prasfentia, humiliter 5c deuotè tuo no- mine fupplicarunt, quatenus tibi omnium & quorumeunque errorum per te contra fanctam fidem Catholicam , quam tenet, pitofitetur 5c pra^dicat fan<5ta, Catliolica, a poftolica &: Romana Ecclefia,non folùm perperàm credendo, fedetiamiTulèope- rando commifTorum, ex intimo cordis arre&u , vt alTerebant, pcenitenti, noftram fan&am benedictionem 5c fupremamab- lolutionem à cenfuris Ecclefiafticis, propter huiufmodi erro- resperteincurfis & contra te declaratis.concederejtéquead" communionemfandç Sedis Apoftolica: recipere, 5c cum ca-cc dem reconciliare in forma Ecclefia; confueta, de benignitate^ Sedis Apoftolica: dignaremur : ofterentes procuratorio nomine quo fuprà , 5c promittentes , errores 5c hajrcfes quafeunque, corde fincero 5c û de non fi&a, abiurarc, frdémque Cathohcâ, iuxta formam à nobis aflîgnandam , profîteri , ac à nobis fibi in* iungenda, casteraqueomniaalia 5c îingula pro parte tua adim- plcnda,& exequenda,adimplere 5c exequi, ad omne noftrum 5c fandx Sedis Apoftolicç mandatum. Nos igitur fummi &clc- mentiflîmiillius Partons vices, quamuis modis impares, in ter- ris, gerentes, qui, vt antea dicebamus, ouem perditam, toto charitatis affe&u pcrquifiuit, 5c inuentam in numéros fuosfu- ftulit , 5c ad ouilemagno cû gaudio reduxit , cuius mifericordia fupcrexaltatiudicium,& cuius cogitationes omnes pacisfunt 5c mifericordia:, tuam falutem in vifeeribus Chrifti cupientes, hxc qux infea deferipta funt, fuo ordine exequuti fumus. in pri-« mis in Dei nomine,pra:tensâabfolutioné,tibi,vt prsefertur, tmc(( autho;itatenoftraimpertitâ nullam &inualidâ,acnullius robo' riSjScmomentifuifle &eûre>declarauimus, iliaque quatenus de , G g ij 255 LES AMBASSADES fa&oproceffiurritamus&annulamus:volentcs tamen,vta&us "ReHgioniSjâlioqaiCatholici&approbabilcSjin cofequentiam ''ciufdcm abfolutionis facti, quinifiabfoluto&ab abfolutofie- r ri ncquiucrunt,validi, raci Se firmi fin^perinde ac fi ànobis tune ?;abfo!iuusruifles.Etdeinde decreuimus &:decIarauimuscefore Se eflfe à quibufuis maioris errons .aliifquc fententiis,cenfuris Se pœnis Ecclefiafticis, quas quibufcûquc hçrefibus adha:redo}&: qna^ûquefa&ahxreticaliacomrnittendo, feu permictêdojaut illorum occafionç quomodo libec incurreras ; Se in quas per ( felicis recordationis ) Sixcum Papam V.prasdeceiTorem noftrû prxdi&um, pereiusliteras datas y. id.Septemb. anru Domini 1585-. Pontificat fuiann.i.quarutenoté,&formâ,acfideverbo ad verbumprœfenttbus infererctur , habuimus Se haberivolui- mus, pro pleno, efficienti ^exprefTo^ncurruTe declaratus fuc- ras, etfi anno Domini fffz, eofdem errores Se harrefes Pari- fiisabiuraueris &: deteftatus fueris , &poftea in eofdem erro- res Se hxrefes relapfus fis , abfoluendum Se libcradum Se in gre- miumfan&ae Matris Ecclefia?, recipiendum Se admittendum, cfle,illiûfque vnitati Se Sacramentorum participation! reftitue- , ,dû, fa&a priùs per te, ritè, légitimé , ac iuxta Canonicas fan&io- nes, Caluinifmicû omnibus Caluiniftarumhaîrefibus&erro-» ribus, ac omnium &:quarumcunque aliarum hser-efum &erro- ''runî; quomodolibet contra S.Catholicâ&: Apoftol. Rom. Ec- > clefiam fefe extollentium,abiuratione,deteftatione Se anatho- matïzatione,ad fancTa Dei Euangelia iureiurando prçftito, nec- non fan&ç Catholicaî Se orthodoxe fidei profeflîonc , per te Se iuxta modum Se formam à nobis tradendam, légitimé emifTa, codem adhibito iuramento ac promiffione , de ftando Se paren- do mandacis n offris &fan£be Matris Ecclefia: , Se tibifpcciali- tériniungendis,& deiisbonafide adimplendis &excquendi$, acaliàsin formaEcclefia? confueta , proutinquadamdecreti fchedulamanunoftra fubfcripra, Se tune de mandato noftro, per dilettum fîlium Cofmum Angelum Officij S. Romanç& vniucrfalislnquifitionis AiTefrorë alta&intelligibilivoceper- le&a&publicata \ latins continetur. Quibusauditis,Iacobus Se Arnaldus^ui Procuratorcsprçdicli, volcntes,vtpareft,no- "ftris parère mandatiSj&fancItç Ecclefisefatisfacercpropofitis ^Sacrofan&is Dei Euangeliis, defélis eorû manibus corporaliter ,>ta6lis,procuratorionominequofuprà,abiurarût,detcitatifunr, ET NEGOTIATIONS. 237 anathematizarut. hxrefcs quas hactenus tenuera.% & alias quaf fc cunque harrefes&: errorcs ,promiferuntquefub eodcm iurciu rando, quod tu deinceps, ncc crrorcs prscd'dos, nonaliquam' aliamha:re(:m, autcrrorem crcdes, nequcillisquomodoliber/c adhxrebis, nequepra;di&a aut aliqua hçreticalia committes aut faciès, nequc in pofterumhîereticis, opem, auxilium con- filiumautfauorem , circahsercfes ,auterrores eorum occaiïo- ne, praîftabis aut impendes , autab aliis prxftariautimpcndi faciès : Quodque ( Deo iuuante ) feruares pœnicentias tibi per nos iniungendas , & huias fanda: Sedis Apoftolic^e mandatis iibenterobtemperarcs. Et infuper fanclas CatholicçcV: ortho- doxe fidei profeflionem , eodcm procuratorio nomine quo fu- prà, emiferunr , & alia fecerunt , promiferunt, & iurarunt, pro- ut latiùs continetur in quadam abiurationis , fldci Catholicx profeflîonis &iuramcnti fchedula, eorundemprocuratorum tuorummanufubfcripta, quam palàm & publicèlegerunt > te- nons infraferipti. Ego Iacobus Dauy, Perronr Dominus, Confiliarius in Con- filio Status,& primus Elecmofynarius , alter ex Procuratoribus Henrici 1 v. CnriftianiiTïmi Rcgis Francise & Nauarr*e, vnà cumhumiliter {x- più s petiic te inftitit. Et cùm ad effedum huiufmodi , inter alia, errores , &he/efes prxdidas,& quafeunque alias abjura- re , te deteftari , fidémque Catholicam profiteri teneatur: Propterea ego Iacobus procurator qui fuprà , cum fupradi- *>do Arnaldo Collega meo, te procuratorio nomine fupradi- 5>do, te cum infraferipta promifïione de rato, volcns fandse ^Ecclejiae te Sanditati veftra» ( vt par eft ) fatisfacere , corde finecro te fide non fidavabiuro, deteftor, te anathematizo vni- *'uerfas&: fingulas hzerefis te errores fupradidos, ac Caluini£ mum cum omnibu? cius erroribus & hasrefibus. Necnonom- nés alias quafeunque fedarum hasrefes te errores y fefe quomo- f dolibet excollentes, contra fandam , orthodoxa& Catholicam fîdem , qua tenet, docet te prçdicat fa.nda Catholica te Apofto- lica RomanaECclefia. Etfub code iuramentOjCÛeodem Arnal- do Collega meo , polliccor&prcmitcô, quod idem Henricus Rex nofter principalis, deinceps nec hajrefcs, nec errores praedi- dos, nec al.iquamaliamhaerefinauterroremcredct,nequeillis adha»rcbit,neque prasdida, au t aliqua alia haereticalia cômitter, aut facict,neque in pofterumfoçrcticis opem , auxilium, confi- lium aut fauorem, circa hxrcfes te errores illorum,fcu eoruitdé , occaMonc , pras ftabit aut impendet , nec ab aliis prçftar iaut im- wpendi faciet. Acprgsterea cumeodem.Collega meo, iuro ipfum >JHenricum Regem(Deo iuuance) feruaturum pcenitentias M- «biàSanditateveftra imungendas,^ huùis farad* Sçdjs Apo-. ET NEGOTIATIONS. i)9 ftolica;mandacis libenterobtemperaturmn.lnfuper, ego htcv ce bus Procurator p;çdicr.us,cumpra:dicT:oArnaldo Collcga m -o,C( adeonfirmationem & corroboracione prçmifTorum ,&:adma- iorem cxprcfTîonem &: declarationem fincerç voluntatis,& Ca & inter- pretatione facrarum feripturarum , admitto : nec cam vnquam nifi iuxta vnanimem conienfum Patrum , accipiam & interpre- tabor . Profiteor quoque feptem eiTc verè & propriè facramenta ndO-elcgis, à Icfu Chrifto Domino noftroinftituta, atquead faltitem humani generis, licèt non omnia fingulis neceiTaria:fci- liect Baptifmum , Confirmationcm,Euchariftiam , Pceniten- tiam, Extrcmam rn&ionem, Ordinem,&: Matrimoniû, illaque" gratiam conferre : Et ex his Baptifmum , Gonfirrnationem** i4o LES AMBASSADES " &c Ordinem , fine facrilcgio , reiterati non pofle. Reccptos 'quoque&approbatos Ecclefia^ath licasritus^n Sacramcn- "torum fupradi&orum omnium folcmniadminifirationc , reci- »pio &admitto. Omnia &: fingula quse de peccatooriginali,& de iuftificatiooe in SacrofanttaTridentina Synodo definita, 8c declaratafuerunt.ampleclor Se recipio .P rofneor pariter in m\(- faorîerri Deo, yerum, proprium&: propitiatoriumfacrificium proviuis&: defunc'Hs, atque in facratiffimo Euchariftia: Sacra- menco , eiTc verè, realiter &c fubftantialiter corpus & fanguinc, vnàcum animai diuinitate Domini noftrt lefuChrifti, ficri- que conuerfioncm totius fubllantiat panis , in corpus , & totius jfubftantiç vini, in fanguincm : Quam conuerfîonemCatholi- ca Ecclefia , Transfubftantiationcm appcllar. Fateor ctiam fub altéra tantum fpecie, totum atquc integrum Chrifl:û,verumquc Sacramentum fumi. Conftanterteneo PurgatoriumefTe,ani- mafqueibidetentas,fidelium fufFragiis iuuari. Similiter& fan- pjc"tos vnà cum C.hrifto régnantes, venerandos atque inuoeandos elTe J eôfquc Orationes Deo pro nobis ofFerre , atque corum re- iiquiaseiîe vencrandas Firmiflimè aflero imagines Chrifti ac 3>Deipara% femper, neenon aliorum fan&orum.habendas & reti- nendas eiTe, atquceis debitum honorem ac vencrationé imper- liendam. Indulgentiarum etiamporeftatc à Chrifto in Ecclefia reli&am fuiiTe, îllarûrnquc vfum Chriftiano populo maxime falutarcm eiTe, affirmo. Sanftam Catholicam &c Apoftolicam llomanam Ecclefiam, omnium Ecclcfiarummatrem& magi- ftram .agnofco : Romana:que Pontifici Beati pétri Apoftolo- rum Principes fuccelïbri , ac Iefu Chrifti Vicario, veramobe- dientiam. fient alii Catholici & Chtiftianiflimi Reges Francise prardece {Tores fui reddiderunt , fpondeo ac iuio. ( aeteràque omnia àfacris Canonibus &:œcumenicis Confiliis,ac prascipuè a facrofan&a Tridentina fynodo tradita > définira , &c decla- rata, indubitanter recipio , atque profueor, fimûlque contra- ria omnia , atque hçrefcs quaîcunque ab Ecclefia damnatas, ' reiedas, & anathematizatas, pariter dâno , reiicio, &anathema- tizo. Hanc veroCacholicam fidem, quam fponre procurato- ,5rio qub fuprà nomine difti HenriciRegis , in prasfentiprofi- °teor , & veraciter teneo, eandem integram & inuiolatam at- 5jquc adextremum vitsefpiritum, conftaimiTimè(Dcoadiuuâte) >,retifiere & confiteri. Ego lacobus Dauy , Procurator fupra- ET NEGOTIATIONS. r+i di&us, vnà cumfupradiclo Arnaldo Collega mco, quo fuprà« nomine fpondeo,voueo,aciuro : &: fimili iuramento median-c< te, promitto eumdcm Henricum Regem , prajfentcm errorum & hxrefum abiurationem> &c fidei Catholicar profeflionem , s ac in ca contenta qusecunque, ad omne mandatum San&itatis vcftrx,& huiusfan&£Sedi?Tufficienter&: légitimé ratifîcat>> rum , ac literas patentes ratifications huiufmodi, feu publicum Inftrumentum , in forma authentica, ad eandem Sanctitatcm veftram,&hancfandl:am Sedem Apoftolicam,intratempus cô- petens» abfque aliqua interpellacione, realiter, & effectuai i ter tranfmiflurum. Itanos.di&ûmqueHenricurnRegem.Deusad- muet, &harcfan&a DeiEuangelia. Ego facobus Dauy,Procu- rator fuptadi&us , & procuratorio nomine fupradi&o , itaabiu- raui, deteftatus fui, & anathematizaui.acLprofeiTus fum, fpopo- di , voui, promifi,& iuraui refpe&iue , & pra:fentem abiuratio- niSjfideiprofcflioniSjpromiflioniSj&iuramentifchedulâjmanu mea propria fubfcripfi, vnà cum infraferipto D. A rnaldo , Col- lega meo. EgoArnaldusOiTatus,Procurator fupradic~tus,&:pro- curatorio nomine fupradicto , ita abiuraui , deteftatusfui , &cc anathematizaui,acprofeiîusfum,fpopondi, voui, promifi 5&Tcc iuraui refpe&iuè , 5c prsfentem abiurationis , fidei profcffio-^ nis , promiflionis , & iuramenti fchedulam ,manu mea propria - fubfcripfi , vnàcumfupradido Domino IacoboDauy, Colle- ga meo Quibus légitime peradis, nos , vt facilita à clcmentiffimo mifeiicordiarum Paire &: Domino noftrt) Deo , sjratorum tuorum huiufmodi veniam,&inbono perfeueranttam confe- qui merearis , in falutares pcenitentias & aliquam fatisfa&ionis partem ,cifdcm Iacobo & Arnaldo, Procuratorio nomine prç- di£t.o,iniunximus &c mandauimus , vtreftituasexeicitiumRe- hgionis Catholica? Apoftolica: &c Romana?,in Principatu Bear- ni,& quamprimùmnomines EpifcoposCatholicos ad Ecclefias ciufdenr Principatus , & donec bona Ecclefiisreftituantur.dcs Epifcopis huiufmodi, tantum de cuo proprio, quo digne in- térim fuftentari poiîint. Quod infrà annum proximum, educas cmanibusH2ereti-<£ corum, Henricum Principem Condenfem<&: illum confignes educandum perfonis verc & fincerc Cav'ioliciSjquç eum in Ca-*' tàolica Religionc & Chriftiana pietatc^ verè nutriant. «« Hh 24'i LES AMBASSADES< r Quod concordata cum Scdc Apoftolica, tàm in prouifioni- bus, feu nominationibus, quàm in omnibus aliis, intègre férues, "&illa non excédas. " Quod ncmincm hxrcticum , aut dehajrcfi fufpe&um, ad Epifcopatum , Abbatias, &c ea bénéficia ad qu x iusnominandi habes, nomines Efficias vc Concilium Tridentinum publicetur,&:obferuc- tur in omnibus: exceptis camen (adtuarafupplicationcm, Se inftantùlîmam peutionem ) fi qua^ forte adeffentjqu^ rêvera ~fine tranquilitatis perturbacione , executioni demandari non polîint. Ordinem Ecclcfiafticum , in particulari commendationc&: proteetionc habcas , & perfonas Ecclcfiafticas , tam feculares quam regulares ,ab iis qui gladium portant, autab vllis aliis op- fmmi, aut vcxari,ncceorumbonadetineri panaris: Sed fi qua: occupatafint, velfuerint, eaquamprimùm,pcr vniuerfum (.al- lia: Rcgnum,vbicunque fita fint, fine vlla litis aut procelTus for- >>ma,reftituifacias. Infeudationes Se conceflîones quafeunque, de quibufeun- p>que Caftris, locis Se bonis, ad Ecclefias, Monaftcria, Se pia loca quxcunque quomodo libet fpe£tan£tibus,fi qua^ à te, feu tuis prarfedis , gubcrnatoribus,velrainiftns,adfauorem,fiucCa- tholicorum , fiue hasreticorum , facta fucrint , reuoecs Se an- nulles. Verbis Se factis, etiam in conferendis gradibus Regni,oftcn- das Catholitos tib< efle carilîimos, ita vt omnes clarè cognofeat ce percupere vt vnica tantùm Religio, Se illa Catholica Se Apo- ftolica Romana, quam tu profiteris, in Francise Rcgno fit, Se perpétué vigeat. Singulis diebus, legitimo cefTantc impedimento, recites co- ronam Beata: Mariai Virginis: Quarta quaque feria, Litanias: Singulis diebus Sabbachi, RofariûeiufdcmBeatas Mariar,quam affamas pro tua Aduocata in caslis. Ieiunia , Se cçtera pracepta Ecclefue,obferues : Et faltem quater in anno peccata tua Sacer- dotiidonco,Sacramentaliterconriccaris,&: publiée communi- „ces. Singulis item diebus,facram MifTam,more Regum Se Prin- cipumCatliolicorum , deuoceaudias. Dominicis vero&feftis "diebus (ceflante legitimo impcdimento)inrerfis Mi/Tç conuen- "cuah,v cl folemni, in Ecclefia vel Capclla Regia,prout aljj Chri- ET NEGOTIATIONS. 143 ftianiiïîmi&CatholiciRegcsconfueueruntfacere. <( ./Edifices feu jedifican facias in fingulis Prouinciis Rcgni" Francia?,& Principatu Bearni vnumMonafterium virorum,vel<< mulierum, Religionis Monaftica:, vel Mendicantium, ex Reli- gionibus reformatis. Ratifiées &approbesfufficienter & légitimé ,& abfque alia întcrpcllationc ,in Francia , in manibus Legati vel Nuntij fon- dai Sedis Apoftolicje,quamprimùmibifuenc,hçrerum&:erro- rum abiurationem, & fondai fidei Catholica: profeflionem, &: omnia alia & fingulaper tuos Procuratorcs in prarfenti negotio fada& promifla : ac praefentia noftra mandata acceptes & reci- pias, inftrumcntûmqueratificationis,ad Nos & fandam Sedem Apoftolicam , in forma authentica tranfmittas , & realiter con- fignari facias. Ad Catholicos Principes fcribas,fignifîcando &congratu- lando quod in gratiam fandç Romanç Ecclefiç rcccptus (is , in qua ( Deo faucnte ) profîteberis re perpetub permanfurum. Iubeâfquein omnibus locis Regnitui,gratiasagi Omnipo-" tcnti Deo , pro tam infigni benefîcio ab corecepto. Prcut &tc latiùs continetur in alia fchcdula , pereundem Cofmumjde^ mandato noftro , ibi dem publiée leda & promulgata,& per eof- dem & Iacobum & Arnaldum procuratores tuos, eorumj.ro* priis manibus fubfcripta : cuius & tenorem hîc & pro plane in- ferto & exprclTo haberi vciumus. Quas quidcm pœnitentias & mandata^iidcm Iacobus & Arnaldus, Procuratorcs tui,graro & libenti animo recipere & acceptaredixerunt .receperunt&: acceptarunt, &: illa ( Deo fauente)obfcruare & bona fide adim- plcre promiferunt, &c iurarunt, tadis itcrum corporaliter Sa- crofandis Dci Euangeliisfupradidis Et fuccefîiuè.nos teinper- fonis procuratorum tuorumprçdidorurn,àquibufuismaioris excommunication is, a'ijsrententijs ,cenfuris Zc pocnis Eccle- fiafticis , quas qujibufcunqueha*refibusadhzrendo,&:qu2ccun- que fada harreticalia committendo , feu pcrmittendo , aut illo- rum occafione quomodolibet incurrcras> ôc in quas per ( felicis recordationis) Sixtum pr^decefforem prçdidurrr, per eiusli-' tcras prctdictas incurriue dcclaratus fueras , etfi dcanno i57*-<* in cofde crrores &: hxrefes dclapfus fis -, authoritate A poftolica<î abfoluimus & iiberauimus,&:in gremium fandç Ecclefiç reccpi- mus,& fandorum Sacramétorum participation! reftituimus^ in" Hhij 244 LES AMBASSADES forma Ecclefiae confueta: Spcranccs te confidences qubd tu taa- *'tam huius fan&a; Scdis &c noftrambenignitaccm recognofcens, ''talem te in fucurumfa&isipfispraeftabis&oftendes, vtfan&a »Mater Ecclefia de tant© profe&u Juâque in illam deuotionc fer- uentiori, in dies magis ac magis,fpiritualis gaudij &:la:titiaî fen- tiat augmentum : céquc.&: in Domino hortantes vt pœnitentias lalutares praîdi£tas,aliaque pratmifla ~ à nobis , vt praefertur , in- iun&amon folùm intègre & inuiolabiliter/edetiam cumulatè, &: vtCatholicumPrincipem&Rcgcm vere Chriftianifïîmum decet,ex toto corde adimplere procures, vt in hoc noftramôc fanétse Sedis Apoftolicç beneuolentiam, in alio vero f2eculo,di- uina tibi afTiftentegratia, seccrnacretributionis gloriam confe- qui merearis , non obftantibus praemiflis ac quibufuis aîiis, tam (felicisrccordationis) Sixti praedi&i, ôcpix mémorise Grego- rij xiv. quàm quorumcunquealiorum Romanorum Poncifi- cum praîdeceflorum noftrorum , literis ôcconftitutionibus ac ordinationibus Apoftolicis, contra hçreticos&relapfos.illo» rûmque credentes &: fàutores , quandocunque editis , & in *>corpore iuris, claufis, fub quibufcunquetcnoribus&formis, >}& cum quibufuis derogatoriarum derogatoriis,aliifque contra- 9>nis ac irritantibus Sz aliis decretis in contrarium faciétibus qui- bufcunque. Quibus omnibus , corumtenoresprçfentibuspro fufficienter expreffis habentes, illis, aliàs in fuo robore perman- furis, hac vice duntaxat, fpccialiter exprefféquc derogamus , &c carteris contrariis quibufcunquc. Nulli ergo hominum liceat liane paginam noftracabfolutionis,rcftitutionis,liberationis,re- ceptionis & dérogations, infringere, vel ei aufu temerario con- traire. Si quis autem hocattentarepr*fumpferit,indignatio- ncm omnipotenris Dei & Beatorum Pétri &; Pauli , Apoftolo- rumeiusjlenoueritincurfurum. Datum Romje,apud S.Pe- trum. anno Incarnationis Dominiez, 1595, ij. Cal.Odob.Pon- tificatus noftri, anno 4. I. Carp. Dat. Siluius Antonianus. A. de Alcxijs. *4î AMBASSADES NEGOTIATIONS, De î IUuftriffime Reuerendiffîme Qardinal du Perron 9 f0c. LIVRE SECOND. ARGVMENT. Voicy en fin le Roy Henry le Grand, qui cognoiffant la fidélité & txf- feùion de nojlre Prélat , en recognoifl le mérite & les fermces ; & adiou- jlunt a îhonntur de fes fingulier es vertus , celuyd'yneeminente dignité^ monfire combien iudtàeufementfa Maiefléfcait ynirïauthorité & la fuf- fifance , pour *cn preualoir comme elle fait peu après 9fiytilement& ad- uantageufement, A MON COVSIN LE CARDINAL DV PERRON. On Co vsin , Gcft pour vous aducrtir &me coniouïr aucc vous de voftre promotion à la di-net , fera arriué, afin quevouslereceuiezdemamain. Priant ,,Dieu, Mon Coufin, qu'il vous ayt en fa fain&e& digne garde. De S. Germain en Laye, le 17. iour de Iuin , 1604. Henry. De N ev F V IL LE. ARGVMENT. Tfvne toute nouuclle , mais riche façon de parler jltefntoignel 'obliga- tion dont tlefï redevable à fa Maie fié 3pour l'honneur (pelle a eu agréable luy dt partir. AV ROY HENRY LE GRAND. Ire, II eft des obligations , comme des douleurs; Les petites parlent & les grandes font muettes. La bonté dont il vous a pieu vfer en mon endroit, eft telle, qu'elle me rend confus. le n'ay ny plume fuffifante pour i'efcrire,ny pa- role fuffifante pour l'exprimer, ny penfee fuffifante pour 1 ad- mirer. Il faut que ie recoure à prier Dieu qu'il m'infpire, ne pouuant recognoiftre la grandeur de cefte obligation , de re- cognoiftre au moins la petitcfTe de mon mente: Etmefouue- nir que voftrcM aiefté,par fa feule grace,m'a efleué de la poudre, & m'a, après Dieu* fait eftre tout ce que ic fuis : afin que i'aye toufiours les yeux tournez vers elle, pourn'eftremeu d'au très ar?e&ions,ny d'autres volontcz, que des fiennes. On dit Sire, que celuy qui inuenta les bjcnsfaits,inucta des fers Se des chaif- ries pour lier lesefprits :mais les faueurs .dont V. M. m'a obli- gé, font des ceps & des liens non de fer, ains de diamant qui tiendront mon ame eftreinte, d'vnc aufli deuoteque perpétuel- le feruitude- l'en confirme icy les vœus, aux pieds de V. M. Se Juy confacre de nouucau, loutlcreftcdcsfruitsdcma viej la^ ET NEGOTIATIONS. 247 quelle prie Dieu ne me continuer, ûnon autant que me con- tinuera le zelc Se la paflion , de l'employer au feruice de voftrc zftat, ôc de voftrc perfonne, dont ie fais, Sue, A Condé, ce 19» Lebien'humble^treS'obeyffantitres-deuot Iuin, 1604; & tres'obltgéfuiet & feruiteur. I. Cardinal dv Perron. ARGVMENT. Ce Seigneur fe re/ioiiit auec luy , de fa promotion auCardinaht t & f ourle contentement e^uen 4t LES AMBASSADES A R G V M E N T. *AuiC toute forte de refy miment d'obligation & d' gratitude , il rcf> pond a la lettre de congratulation de ce Seigneur. A MONSIEVR DE VILLEROY , CONSEILLER ôc Secrétaire d'Eftat. Onsievr, I'ay icceu vne extrême hote, d'auoir veu en vos lettres , le filtre dont il vous a pieu accôpagnec la qualité qu'après Dieu ÔC le Roy vous m'auez acqui- fe. le fuis trop voftretres-humble&:trcs-pbligéferuitcur,pour ne rougir point, que vous m'eferiuiez de cefte forte. C'eft à moy à vfer en voftie endroit de ce tiltre,& de tous lesautres qui peuuent tefmoigner le reiTentiment d'vnc infinie obligation. Vous auez au comeneement , de vous mcfme &: à mon defeeu, entrepris ceft ouurage , & ne 1 auez point abandonné que vous ne l'ayez mis à fin. Ces grâces non preuenuës d'aucun merire.ny d'aucun feruice, me rédroientcoulpabled'vneexceffiue ingra- titude^ le n'eflayois de faire qu'elles fuiTent fu iuies de ce quinc les a point précédées. le vous fupplie très- humblement, Mr, de croire que c'eft le plus grand de mes defirs , &: que ie recherche- ray & beniray eternellemct toutes les occafiôs de le faire paroi- ftre. Il me faudroit trop de paroles pour vous exprimer ma reco« ^noiftance & mon aftectio,fi ie la voulois reprefenrer à Tefgal de ce qu'elle eft. Mais ie me contenteray de vous dire en vn mot, que s'il plaift à Dieu me continuer la vie vous recouurerez en moy , nonenfuffifance, mais en affection & feruitude, ce que vous auez perdu en la mort de feu MMe Cardinal d'Olîat. I e ne penfe pas pouuoir dire plus, & ne penfe pas deuoir diremoins; y cftant efgalement , c'eft à dire , infiniment obligé. Dieu me face la grâce de m'en acquiter dignement, &dcftre éternellement tenu de vous, Monsievr, pour De Condé, ce 19. iour Votfre trts-humble & très -obligé & de luin J604. tres-aff< Ûionné feruiteur. I. Cardinal dv Perron. ARGV- £T NEG OUATIONS. M* J&R G V M E N T. Outre les autres confiderations qu'il repreftnte , pourlefyudles il efîcit defu eftreint d' vne tres-e droit te ajfeBion auec luy , // dit que leur com- mune promotion e& encore yn nouueau nœud qui les ioindra iudijje- lublement. A MONSEIGNEVR L'ILLVSTRISSIME ET Reuerendiflime Cardinal de Bufalo. a Paris. MOnseignevr ïll vstr i SSIM E, Le contentement que i'ay reccu de l'honneur qu'il a pieu à noftre fain& Perc me départir, a efté augmen- té au double , quad i'ay fçeu que i'auois 1 heur de vous accompagner en cefte dignité. Lafympathie que i'ay toufiours prefumec cft re entre nos humeurs , la conion&ion des lettres & l'amitié dont vous m'auez honoré,eftoient défia de grands liens, pour m'eftreindre d'vne très eftroitte affection auec vous : Mais cefte nouuelle alliance contractée par noftre commune pro- motion, eft encore vn nouueau nœud qui nous ioindra indiflb- lublemcnt l'vn à l'autre-, vous àmoy,s'il vous plaift,par faueur, &bons ofrlccs-,&:moy à vous,parrefpec"ts & fcruices.le les vous iure &promets etcrnellemcnt,tcls que vous les fçauriez délirer, MONSEIGNEVR I L L V S T R I S S I M E , de De Condé , ce 19. Voflre tres-humble y& très, affectionné Iiuin,l6o4. feruiteur. I. Cardinal dv Perron. A R G V M E N T. Vne prompte & honnejle congratulation , tfl fume d'vne honorable & diligente refpoafe. A MONSIEVR L'ARCHEVES'QVE D'AIX , CON- feillcrdu Roy enfonConfeil d'Eftat. AParis. MOnsievr, La congratulation que vous auez daigné me faire par voftre lertre , de la dignité dont il a pieu au li i5o LES AMBASSADES Pape &c au Roy, m'honorer , n'eft pas vnc petite partie du con- tentement que i'ayreceu de cefte nouu|Jie. Noftre ancienne cognoiflanec, noftre commun amour dcslettrcs , noftre con- ion&ion en vnc mefme profeflîon, me lioicnt défia d'vne fi eftroitte amitié auec vous, qu'il mefembloit que rien ne s'y pouuoit adioufter:mais la prontitude, dont vous auez v/é à vous coniouïr de mon auancement, ayant cfté le premier de tous les Ecclcfiatiques de ce Royaume , qui m'auez obligé de ceft office, a encore de beaucoup accreu enmoy l'affeclion de vous cherir.honorcr & feruir.Ic vous fupplie en prendre créan- ce^ vous afleurer que comme vous vous eiou'ïiTez de mon bien , auffi ic defire de toute mon aflfe&ion le voftrc, & n'efpar- gneray aucune cfpece de feruice,en toutes les oçcaftos où vous m'yiugerezvtile. Vous en ferez, s'il vous plaift, eftat 6c me tiendrez, Monsieyr, pour De Condé,ce io. Vofiretrej-afftfiionnè confrère & Iuin, 1604. fermteur. I. Cardinal dv Perron. : ARGVMENT. Son exaltation au Cardinalat t ayant eflê fauorifee du crédit & de Pau- thontéde ce Seigneur , il luy donne aduU du fucce^qu'il en a recueiïly , & luy en dédie , après le Royt les premiers fruits. A MONSIEVR LE M \RQVIS DE ROSNY, CON- seiller v v Roy en son Conseil d'Eftat, Superintendant des Finances, & Grand Maiftre de l'Artillerie de France. MOnsievr ,Vous auez trop de part en l'ceuure duquel à la fin, par vos recommandations enuers le Roy ,& les folicitations de Monfieur voftrc frerc enuers le papc,i'ay recueiïly le fuccés, pour ne vous en rêdre point,aprcs fa Maiefté, les premiers remerciements. Ceft pourquoy ie vous efery ce mo^afçauoir, pour vous donner auis , comme le foin qu'il vous ET NEGOTIATIONS. i5i a pieu prendre pour moy,a û heureofement reiifly, suffi bien que toutes les autres chofes que vous entreprenez , que le Pape a eu agréable, à la prière du Roy, dem'honorer de la dignité de Cardinal : &: pour vous en rendre les actions de grâces , que ic vous en doy. Ccft vne qualité, laquelle d'autant moins ie 1 ay meritec,d'autantplusnÏQbIige-t'elleà remercier,partres-hum- bles paroles &: feruices , ceux qui m'y ont éleué. Entre ceux -là, vous eftes ,apres le Roy , le premier & comme à tel , te vous en dédie après luy les premiers fruits,& vous fupplie de croire que leplus grand contétement que celle dignité m'apporte , c'eft de meconftitucr en degré, où ie vous puilTe rendre plus de ferui- ce- Vous me ferez, s'il vous plaift, l'honneur de prendre cefte alTeurance, &: de me permettre de vous faluer, Monficur, en qualité de De Condé , ce io. Vojlre tres-humble & tres-bbltgc Iuin,/6o4, jeruiteur. I. Cardinal cv Perron. ARGVMENT. Que la dignité qui luy efl aduenu'è 4 n'a efle que four le mettre en pojjefuon de ce qu'il auqu acquit : & la toye quen rejjent ce tres- t.luftre Cardinal. amonseignevr le cardinal du Perron. MOnseicnevr, Encore que la dignité<( qui vous efl: à cefte heure aduenuë , n'ayt efté que" pour vous mettre en pofleflion de ce que vous auiez voftre dignité les fera pareiftre U cognoiftre dauantage , & au-" li iij iy4 LES AMBASSADES ?)rez plus grande autorité Se pouuoir à les exercer, & accomplir vos fain&s defirs. îe vousfupplie, Monfeigneur,de croire qu'il ,5n'ya perfonne ennoftre Compagnie,quidefire tant vous faire "feruice que moy , comme ie vous tefmoigncray en toutes les 3,occafions qui fen prefenteronr. honorez moy, s'il vous plaift, >5de vos commandements, ic les receuray &executeray d'aulli })bon cœur , que ie prie Dieu, Monfeigneur, qu'il vous augmente Tes fain&es grâces. A Bourdeaux, ce 12. > Vojlretres-humble fîruiteur. Iuin,i604, F- Card. de Sovrdis. ARGVMENT. Nul Prélat plm digne de fa nouttelle condition : l* bonne opinion que le Pape déclare de viue yoixi auoir de luy. A MO NSEIGNEVR LE CARDINAL du Perron. r ^ yfiTON SEIGN E VR, ,5 7H le loue Dieu de toutmon cœur, qu'ilaytau- I / I ioutdhuy faiteonceuoir àfa Sainctetél'ampli- I I tude de vos mérites & de vos vertus, pour vous ''JL. Y -A.cn gratifier prendre le falaircdeu, par le choix »j& élection qu'elle a faitte en celte promotion,de voftre perfon ■ »ne,confarmémoît à la nomination &: recommandation qui luy ?)en auoit efté faitte par fa M aiefté,qu'apres M onfieur l'AmbaiTa- deuriemefuis rouiourseiTayé, depuis mon arriuee, en toutes "mes vifites,dcrenouuelleràtous Meilleurs les Cardinaux -fea- "chant bien que l'on nepouuoit pas amplifier lenombre de ce ijfacré Collège, de Prélat qui en fuit plus digne, ny vers qui ie \ ,dcuiTe témoigner plus d'affediô , que vers vous qui me trouuc- rez indubitablemét par tout où ie feray,toufiours tres-difpofé à receuoir vos comandements, & à vous rendre tres-humble fer- 3,uice. En cefte volonté ie vous ay bien voulu auertir , que vous >>auez double obligation à fa Sainc"tete,pour ce que, outre l'hon- ,,neur du Cardinalat , elle a rendu de viue voix vn fi ample ccf- ET NEGOTIATIONS. *jj moignage delà bonne opinion qu'elle a de vous , qu'il ne fc < peut dire dauantage.Monfieur le Cardinal Baronio au(fiadÔ- Il me déclara qu'il defiroit" que vous vous achcminaflîez par deçà le pluftoft que vous« pourriez ,& que i'en efcriuiflc au Roy. Ce que i'ay fait. Donr,c ievousay bien voulu aduertir , afin que vous penfiez de faire<€ en ce cas, ce que vous iugerez plus expédient , &aduifiezcn quoy ie vous pourray eftre propre ce pendant, pour vous rendre" par deçà, tant fur ce fuiet que tout autre, le tres-humble fcruicec* que ic vous ay voue en qualité de, * MoNSEIGNEVR, A Rome, le 14. Voflretres-humble feruiteur. Iuin,i604. A. Descars Card. de Givry. A R G V M E N t7~ Xl reftond À U lettre de congratulation de cefte Dame. LES AMBASSADES A MADAME LA DVCHESSE DE NEMOVRS* a Paris. MAdame, I'ay reccu à vne extrême faueur Thonncfte lettre de congratulation qu'il vous a pieu m'efcrire. Vous m'auiez défia tant oblige d'infinis tefmoignagcs Se demonftrations de vo- ftre amitié , que ie ne fçauois par quel feruice commencer à les recognoiftre: mais le nouueau foin que vous aucz daigné prendre, de me gratifier de ceft office de courtoific & d'honneftetc , y aadioufté vn tel comble que ie n'ay point de paroles fuffifantes pour vous en remercier. le vous fupplic , Ma- dame , me donner vous mefme lemoyen de vous en rendre gra* ces par effets &feruices, en me fauorifant de l'honneur de vos commandements .le mettiay peine de les exécuter a voftre con- tentement, & de mericer le bon- heur d'eftre tenu de vous, Madame, pou r De Condé, ce 2.7. • Voflretres-Jjumble&afjeftionnc Iuin,l904. feruiteur. I. Cardinal dv Perron.. A R G V M E N T. Le remerciant âe l'honneur de fn> conioiiiffance , il luy protefle quvn dçs p\m grands heurs qu'à fe reprefente en fa promotioni eji de fe voir ion- ftitut en degré de luy pouuair rendre plwi de feruice» A MONSIEVR LE DVC DE BELLE GARDE, Cheualier des Ordres du Roy , Grand Efcuyer de France, &Gouucrneur pour fa Maiefté, en fes pays & Duché de Bourgogne. a Paris. MO n s 1 e v r, L'honneur que vous m'auez toujours fait de m'aimer , me feruoit d'vne fuffifante caution de la ioye que vous aucz receuë, de la dignité qu'il a pieu au Roy me procurer , fans qu'il fuft befoin que vous pri/fiez la peine de Jn'efcrirçl'honnefte lettre que vous mauezeferitte, pour m'en afTeurer. ET NEGOTIATIONS. Lit.IL 157 âfTeurer. Neantmoins ce tcfmoignage n'a pas laifle de m'appor- ter vn extrême contentement, pour ce qu'il m'a donné vnnou- ueau fuict de faire lachofedumondc,queiefay lcplusvolen- tiers,qui eft de vous remercier & me recognoiftre voftre obligé. Cette lettre donc ,Mi , fera deftinec à ceft office &: vous prote- ftera de ma part, qu'vn des plus grands heurs que ie me prefen- ce en cefte mienne promotion , eft de me voir conftitué en con- dition de v_ous pouuoir rendre plus de feruicc que par le paiTc. Vous me ferez, s'il vous plaift , l'honneur de le croire, & de vous perfuader que ie ne defire rien plus arTeétionnément.que de cô- feruer par mérites ce que vous m'auez dôné par grace,à fçauoir, la faueur devoftre amitié , pour recognoiflance de laquelle, ie. demeurcray éternellement, Monfieur, De Condé,ce 17; Vcjtretres-affiftwnnéferuiteur* May,i6o4. I. Cardinal dv Perron.- ARGVMENT, Traque auji toft il luy a eferit , // reçoit yne lettre de fa part , à qutllc il fut cefte honneftercfyonfe. A MONSIEVR LE CHANCELIER. A Paris. Onficur , Fay Jeu auec vne extrême honte , le tiltrs dont il vous a pieu accompagner ,au commencement de voftre lettre, la qualité que vous mefmcs auezgrâ- dement aydéà me procurer. le fuis trop voftre trcs-humble, tfes-arlcdionné & tres-obligéferuitcur, pour ne rougir poinr8 que vous m'eferiuiez de cefte forte. Quelle que foit la dignité, que la bonté du Roy m'a daigné obtenir , pour le moins la per- fonne qui la porte ne fortira iamais des limites durefpe& qu elle vous doit, qui eft de vous recognoiftre pour fon anciéSeigneur, protecteur &c bienfaiteur. le vous fupplie très humblement Kk z5S LES AMBASSADES Mr,dcle Croire &c me permettre de vous proteftc^qu'il ne m'eft rien arriué de plus doux en ce nouueau changement de condi- tionne la ioye que vous m'auez fait l'honneur d'en reflfcntir,& le tcfmoignage que vous auez eu agréable de m'en donner, par voftre lettre. I'ay toufiours reueré& recherché voftre tutele, coduitte &C protection ay efprouué vn port tres-aflfeuré & tra- quille, en tous vos confeils & en toutes vos paroles. Mais fi par le paflféjCeft aide m'a efté neceflaire en autres chofes.-maintcnâc que Dieu m'appelle à vne dignité , qui eft receuë de moy , aucc aufli peu d'expcricnce5que d'cfperancc; i'ay plus d'intereft à de- firer l'afliftance de voftre prudencc& faueur,que iamais.Et pour ce ic vous prie , Mr, de continuer à me la defparcir d'autant plus libéralement que l'en ay plus de befoin : Et moy ie continueray à la rechercher auec toute l'humilité-& foubmiflion queie doy, pour dcfpendreentierement de vos aduis,confeils &c cômandc- mens. Vous me ferez, s'il vous plaift , cette grâce de m'en hono- rer, & de me tenir, Monfieur, pour De Condé , ce dernier VoBre tres-humbk & très -obligé feruiteur. dcIuini6o4. I. Cardinal dv Perron. ARGVMENT. Ii hy âààreffe ce mot 3fur U ioye qu'il utefmûignee de ft uouhcUc qualité. A MONSIEVR LE CHANCELIER. A Paris. MOnfieur, La faueur qu il vous a toufiours pieu me faire, de m'aimer d'vnceftroitte & particulière a- mitié, & ie foin que vous auez daigne employer, pour me rechercher & procurer la dignité, donc par la grâce du R oy, fa Sainteté m'a honoré > ne me laiffent au- cun doucc,que vous ne participiez plus que moy-mefme,au co- tencement de ce fuccez. C'eft pourquoy ie me licentie de vous ET NEGOTIATIONS. Liv.II. i59 cfcrirc ce mot, afin de vous affeurer que laioyequevousme faites l'honneur d'en receuoir,n'eft point vaine:&quc cefte aug- mentation de dignité, eftantarriuee à vneperfonne qui eft en- tièrement voftre, & par inclination, & par eflection, & par obli- gation; vous auez iufte occafion de vous en refioiiir , comme de raccroiflemcntd'vncdevospoiTcflions. Carie vous puisiurer auec vérité , Mr , qu'vn des plus grands contentemens que cefte nouuclle qualité m'apporte , eft l'efperance que i'ay qu'elle me rendra plus digne de vous faire bien-humble fcruice,& de ref- pondre par recognoiffance &; gratitu de, à tant de mérites & bos offices , dont vous m'auez obligé. le vous fupplie de tout mon cœur, de le croire , & de me permettre de vous faire icy nouuei« - le offre de mon affection, en qualité, , Monfieur, de. De Condé , ce 18 . Vojlre tres-affe tlionne & oblige feruiteur, Iuin,i6o4. I. Cardinal"ï)v Perron, A R G V M E N T. Ilfe [eut obligé du foi» qu'il a pris de hy e faire , ne doute point dé [on véritable contentement , pour les preuues qu'il a de fon amitié, A MONSIEVR DE BEVILLIERS , GRAND Audiencier delà Chancellerie de France. . A Paris. Onfieur , Te vous ay trop d'obligation du foin qu'il vous a pieu prëdredem'efcrire, pour vous coioiiir auec moy,de la dignité qui m'eft arriuee; Et encore particulièrement, de ce que voftre lettre a accom- pagné celle de mon bon &c ancien Seigneur, M'îe Châcelier. le vous puis dire auec vérité, qu'vne des plus grades ioyes que cefte dignité m'a apportce,a efté le contentement que iem'alleurois qu'il en receuroit: fçachât qu'il m'aime auffi chè- rement &: tendrement corne ic l'honore , & reuere de tout mon «cœur, & de toute mo ame.. Quant à vous i'ay trop de preuues de Kk ij i*o LES AMBASSADES voftre amitié, & ay fait vnc trop longue profeflion de viure auec Monfieur de Tyron& auec vous, comme voftre troifiefmc frè- re ; pour douter que vous ne vous en refioiiimez aufli affe&ion- nément que vous me le tefmoignez par vos lettres. Ce fera à moy à me gouuerner en telle forte,aux occafions où il vous plai- ra à l'vn& a l'autre vfer de mon feruice, queie me monftre di- gne du contentement que vous en auezrcccu. le m'efforecray d'eftte fi prompt &c foigneux d'en rechercher toutes les oppor- tunitez, finon pour vous à qui voftre bonne fortune me rend inutile, à tout le moins pour ceux qui s'auoucront de vous ; que vous aurez toujours fuiet de me tenir, Monfieur , pour De Condé , ce dernier Foflre plus ancien & fevuiMe frère. Iuin,i6o4. I. Cardinal dv Pirron. ARGVMENT. Uaflio* de fa, Saintfeté louée au choix d'yn fuiet de tant de merite.gp le defir quecejle résolution eutt eftè prife long- temps deuant,pour l'vtthtc duferuicede Dieu. A MONSIEVR LE CARDINAL du Perron. ^MJ^Onficur, Vous eftant obligé des bienucilîanccs dont 3&^j|vous m'auez cy-deuant fauorifé , icnepouuoisrece- ' fMMm uolï ^es bonnes nouuelles de voftre promotion au 'Cardinalat, qu'auec vnc ioye indicible ne puis encore dif- férer dauantage à m'en reftouïriey auec vous, louant infinimèc cefte adio , en laquelle fa Sain&eté a cfté infpiree au choix d'vn fuicc de tant de mérites, dont noftre Collège des Cardinaux,fe- ra grandement dccoré,&:le S. Siège receura beaucoup d'aide 6c jamftancc par voftre finguliereprudence,grande do&rine&pie ,tc. Qualitez tellement recognuës en vous de toutes parts, que i'eufle defiré il y a long- têps, que cefte refolution euft efte prife, la iu géant très- vtile au feruice deDicu. le doy cepedant en cefte ET NEGOTIATIONS. Liv.U. 161 occafion , vous fairelcs offres de mes fcruiccs bien humbles , &<« vous fupplier d'en faire toujours cftat tres-alfeuré, me fauori -e que rcfjem Monjicur le Ducd' Efj>ernonide yoir celles denojîre Cardinal recozneues, o A MON'SIEVR LE CARDINAL du Perron. Onfieur , Vos vertueufes qualitezne vousdeuoient faire moins efpercr d'honneur&de dignité,que ce que noftre fain£t Pere ,bien informé de vos mérites , vous >?en a à bon droit concédé. Et vous ayant toufioursfouhaitté beaucoup d'heur & de bien , ic ferois tort, ce me femblc, à mon 53affecT:ion , fi ie ne me congratulois auec vous de voftre promo- tion au Cardinalat, Se ne vous tcfmoignois par cefte cy qu'il n'y a nul de ceux qui vous honorent , cftiment & affectionnent jjcomme ie fay , qui ayt receu plus de ioye & de contente- ^ment de cefte nouuelle,que moy, qui vous fupplie de faire ^eûat de mon feruicc,& me conferuer vos bonnes grâces, puis que ie fuis, Monfieur, De Bourdeaux, ce 9» V0j\re]?lus-Affeftionnc& fidelle IuilIet,iéo4. fermteur. I. LoVYS DE LA VALLETT-E. ET NEGOTIATIONS. Liv. II. itfj ARGVMENT. 5o» lAtt-effe de Lorraine participe ala ioye de [on aduancement \ & pour les refyetts qui luy font communs auecfes autres amis pour les effets qu'il a receus de [on affection enuers luy S1 les (iens , en fi digne occa- fton que chacun fçtyt. Ce qttife doit entendre du foin qu'il prit pour la Co«- uerfion de Madame. A MONSIEVR LE CARDINAL du Perron. MOnficur , Siie n'eufle cfperé le bien de vous voir à Pa -4 ris ou icy , auant que partir d'auprès du Roy pour m'en retourner en Lorraine, &: en vous embralTant moy-mefmc , vous tefmoigner de viue voix l'aife que ie reffens'4 de voftre promotion auCardinalatjlc m'en fuffe aquitte par let- tres , des premiers , puis qu'entre les premiers de ceux qui vous honorent & chcriflentjie vous ay dés fi long- temps voilé &c Cou-(g haitcé cefte dignité , deuë auffi dés bien long-temps à vos méri- tes &: vertus. Ceft donc dequoyie viens parce mot à vous faire*' la ioyc,& vous prier de croire que le contentement m'en eftdccc tant plus grand, que i'en ay attendu l'aduis auec plus d'impatie- J ce; veu mcfme qu'outre tant de refpects , qui me font pour cela communs auec vos autres amis , les effets que m'auez rendus de(< voftre affection enuers moy,&: les miens, en fi digne occafion(t que chacun fçait, m'obligent à vous defircrccftaccroiflcment d'honneur , &: de tout autre bien comme ic fay au(fi,les moyens'* de vous feruir,& faire paroiftre en tout ce que me voudrez cm« ployer , que ie fuis à coufiours, Monfieur, De Monceaux, ce if. Voftre tres-affeQionnè a vom Iuillet,I^04. feruir. Henul LES AMBASSADES A R G V M E N T. Contentement particulier d'exaltation au Cardinalat auecluy, ALL' ILLVSTRISS. ET REVERENDISS. Sig. Mio OfferuandifT. Il Sig. Cardinale dcl Perronc. llluftriff. & ReuerendiiT. Sig. mio OfTcruand. I aflicuri V. Signoria îlluftri(îîma,cfi'io non mi fono niente meno rallcgrato dcli' hono- re mcritamentc fattole dalla Santità di N. Sig. hauendola promoiTaalCardinalato, di quel che Ton certo chclci s'c rallegratadel mio, fapendo beniflimo che mi hà fempre tanto amato pcriuacortefia, quanto io ho ftimato &: honorato femprc la bontà, il fapereela virtù fua : c mi crcda ch' vno de' più grancontenti ch' io habbia , nell' hono- re, oltra mio merico , nceuu to dalla benignità di N. Sig. è di vc- dcrmi cleuaco à qucfto grado c dignità , in compagnia di perfo- na di tanto merito , quanto conofcomolto benecfTerc V. Si- gnoria Illuftriffima , alla quale corne à memedefimo , prego dai Sig. Iddio, l'accrcfcimcnto di tantagratia e virtù, di quanto e hora caricata di maggior pcfo , ad honore di fua diuina m aeftà, e feruitio délia fua fanca Chiefa. Et con tal fine , le bachi© humiliflimamente le mani. Di Parïgi , alli 2,0. di Giugno, V. S. HI. & Reu. M Card. del Bufalo» ARGVt ET NEGOTIATIONS. & ARGVMENT. VEgltfe de Dieuferuieen fa, promot on : la bern e odeur de fot(nom,à Vemfe : & l'iuftance affettionnee qui lujf eft faitte} d'y pafjer allant * Home. A MCNSEIGNEVR LE CARDINAL DV PERRON. MO N S E I G N E V R, Encore que la pourpre ne puifteaccroiftre la valeur" ny le merire de vosparfaittes vertus, fi eft-ce que puis,c qu'elle les fait cognoiftre à tout le monde Chreftien, permectez-moy de me refioiiir auec tous vos amis & feruiteurs, du bien que toute l'Eglifcde Dieu, mais particulièrement lac< Gallicane, reçoit de voftre promotion , &: en rendre mes vceuxu àccluy qui en doit bénir les fruits, à fa gloire Se à voftre entières eonfolation 0> puisqu'elle vous obligea lailTcr toutesautres occupations, pour vous rendre à ce grand théâtre, où vouseftes nneceiTaire, & lequel la France n'a peu voir fans foupirer de- puis le trefpas de ce grand Cardinal, dernier decedé, iufques à, ce qu'elle aveu qu'il n'eft party, que pour vous faire place, faic- tes moy cède grâce, Monfeigneur, de prendre voftre chemin par cette ville, où voftre nom eft en telle odeur , qu'il ne fçau- roitenautre lieueftee plus eftimé& honoré,où vousateendrez plus commodément qu'en lieu quelconque , que voftre palais foit préparé à Rome, &:où foit que vous vouliez eftre reco- gneuou non , i'ay moyen de vous loger allez bien, & feruir de tout ce qu'il vous plaira requérir de celuy qui reçoit plus de contentement de voftre grandeur , que vous mefme. Et quoy que n'ayez pas faute de feruiteurs en ce pays, fi n'y en auez vous pointeur qui vous ayez plus d'obligation acquife, & donc vous deuiez difpofer plus libremet, que moy . Si les enfants ont droit de fe promettre quelque chofe de la bonté des pères, ie vousc< appartiens en cefte qualité &: l'ay publié par tour,comme l'heu-< < reuxtriduum,palTéfi vtilement à Condé, l'a fait cognoiftre à<< tous ceux qui me cognoiftent en la patrie. Honorez moy donc. ma femme & "moy prions Dieu, t> Monfeigneur , qu'il hafte , facilite & conduife voftre voyage , à voftre entier contentement, De Venifc, ce 17. Vojiretres-humhle^é' tres-obligè Iuin,l604. [èrmteur. De Fuesnes Canaye, ARGVMENT. Pour fes aftions fignalees , ce Seigneur maintenant xArckeuefqtte de lyon, dit que le Cardinalat luy eftoit deu. A MONSEIGNEVR LE CARDINAL du Perron. Onseignevr, le n'ay voulu perdre ceftcoccafîon demerefiouïr aueevous de voftre promotion au Cardinalat, & de ce que le Pape , & le Roy vconjointement, auec tant de demonftrationdc bonne volonté enuers vous , ont de cefte dignité honoré vos mérites. Elle eftoit deuë à tant de vos a&ios fïgnalees,mai$ particulièrement à l'inftruétion de fa Maieftc, & à la Confutation du Sieur du Pleflls.graces de Dieu fingulie- res mcrueillesde voftre fuffifance, gloire de l'Iglife, routes U ET NEGOTIATIONS. *67 luinesderhcrefie.L'allegrcflecft généralement babillardc, &e« la mienne eft: fi indiferette, qu'elle veu c auec Tes paroles,eftimer{C ce qui n eft pas dignement recompenfé,par cefte fi eminente dignité', de laquelle ic prie Dieu vous donner la grâce de iouïr très longuement en toute profperité,à l'honneur de Ton faincV* nom, &c au bien defon Eglile , &c à moy autant d'occafion com-t{ me i'ay de defir de vous faire paroiftre, auec les effets d'vn tres-u humble feruice, que ic fuis &: feray toute ma vie, MONSEIGNEVR, De Rome, ce Mardy 9. Vofîretres-humble &tres-ajfi. âiomic Iuin,l<5o4. fruit eur. M a r q^v. e M o N T. ARGVMENT. Ht tournant de Rome par Florence yilcfl chery &eflimé de fan >Àltef- fe , qui célèbrent fes rares quAttc^ propose & remémore où il eft bc/oin que la vertu /oit recognu'è en fa personne : D'où yient la toye particu- lière quelle reffent de fon exaltation fi neceffaire , pour cultiuer la fi» *fte d% Seigneur. ALL' ILLVSTRISS. ET REVERENDISS. MONS. Mio. Colendilî. il Sig. Cardinale dcl Perrone. IUuftri{T.& ReuerendifT, Sig. mio ColendifT. O che conobbi il fingolariflimo merito di V. Si- gnoria llluftrifllma , quando ella fù quà , & per la fuaeftraordinaria fua bontà, &: per l'eminente fua dottrina, lepofi finda quel tempo, affettione& ftimagrandiÛ4ma.-&; foifefuitrà i primichenon folo defiderafle, mà celebrando fuc rare qualità , proponefle & ricordafle, & in Roma, & eoftà, quant'era ben giuftochela virtùnellafuaperfona,fofle'riconofciuta &fublimata. S toper dire che piùdi chiunquefi fia, che afFettionatiffimamente ami & ftimi V. Signoria Illuftriffima, mi rallegro délia fua aflbntio- té% L E S AMBASSADES nealCardinalato, U con queftancfacciofeco Iietiflîmafefta? &molto più me ne rallegro conilferuitiod'Iddio, dellafanta Sede, difua MaeftàChriftianiflîma, & dituttoilpublico délia Cht iftianità,per i fegnalati clic caueranno dal configlio &c dall'- operafua, nella coltiuatione délia vigna del Signore, &nella direttionc ditutte le occorrenze délia RepublicaChriftiana.Ec fi corne ioconfiderbfempre nella bona amicitiadi V. Signoria IlluftriflTuTiajCofimiofFcro à lei efficaciflimamente per tutti i fuoifcruitij,&contutto l'animole baciolemani. Pi Firenze, li n.diGiugno,i6o4. D. V. S. Illvstriss. et Reverendiss, Ajfettionatiflimo feruitore. Il Grand Duca diTofcana. ARGVMENT. Succinâement , mais honnêtement il fend gracei k fon jtlteffede fa congratulation, dont ilauoitrcceu la lettre par leCamerierdu Pape qui luy apportoit le bonnet. A MONSEIGNEVR LE SERENISSIME GRAND Duc de Tofcane. On Serenissime SeignevrJ I'aytrop d'obligation àvoftre Alteflc, de la congratulation qu'il luy a pieu me faire de ma promotion auCardinalat.C'efl: chofe que voftrc Alteflc m'auoit de fi long- temps defiree>& procurée par fes lettres ÔC intercédions, que ie ne puis douter que la ioyc qu'elle m'en daigne tefmoigner, ne foit fyncere. Ce fera à moy ,d'cflaycràrecognoiitre par feruiecs , l'amitié quevoftre AltefTe m'a monftrec en cefte occafion, & luy faire recueillir les frui&s de cefte Tienne affe&ion, en accompliflant fes comman- dements. Elle m'honorera donc tant s'il luy plaift, que de me les départir, aufli fréquents que ielesfouhaitte : Etiem'efFor- ceraydclcs exécuter à fon contentement, U d'y apporter au- ET NEGOTÏATIONS. %*3 tant d'induftrie, que defidelitc. le la fupplie deprendtc «.e.le créance de moy, & de me tenir, Mon Sercniflime Seigneur, pour Ton De Paris, ce 18. Tres-humhle% tres-obeyffaftt & tres- AOuft, 1604. affeÛionné feruiteur. ï. Cardinal dv Perron. ARGVMENT. Son sAltejfc Fuyant honore de Ja fonuenance & de fe sn commendations ^ & s'edantrefiou'ie de Ça promotion, il luy en fait un très -humble rcmer- c/(m«r,eH' afjeurc cjuenulde [es anciens feruiteur s ne pouuoit ejlre ad- mis à, cejle dignité qui luy eitjl plus yiiié d'affection & de jeruitude que luy. A MADAME LA S ERENIS SIME GR A ND DuchelTc de Tofcanc. A DAME, Le Sieur Alexandre Strozzi, m'ayant tefmoigné qu'il vous auoit pieu , lors qu'il palTa par Florence , m'honorer de voftrc fouuenance &de vos recommandations, tk. vous relioûir de ma promotion au Cardina- lat; i'ayeftimé eftredcmon deuoir,d'en re- mercier feparément voftre Altefle, par ce mot de lettre , & ne confondre point les allions de grâce que ie vous doy, pour ce regard, auec celles que i'ay rendues parvne autre defpefchc à part,à Monfeigneur le Grand Duc,de l'honneur qu'il luy auoit pieu me faire de m'efc rire. Ce mot donc fera particu- lièrement deftiné à ceft office , & vous afleurera , Madame , que nul de ves anci ens feruiteurs ne pouuoit cftre éleué à vne telle dignité, qui vous euft plus voué d'affection & deferuitude,quc moy,ny qui fereffentift plus des obligations que vos Alteffes ontacquifes fur luy. Iememettrois en dcuoirde vous le tcf- moigner,auec dauantage de parolcs,fi ie n'efperois cftre enbref en lieu,où ie me promets delc vous confirmer,par très humbles feruices. Mais l'eftat que ie fay d'auoir bien toft l'honneur de Ll ii) *7<> LES AMBASSADES vous voir' medifpenfe de la neceflicc d'vne plus longue lettre. Seulement fuppficray ie vos Alteflfes de faire prouifion déco- mandements, pour ne laifler point mon arTe£fcionoyfiue& inu- tile, le les receuray aucc tout refpe&,& les executeray auec tou- te fidélité, comme eftanr, Madame, De paris, ce 1 8 . Voflre tres-humble , tres-obeyffant Aouft,i6o4. feruiieur. I. Cardinal dv Perron. A R G V M E N T. Lesbelles parties de fon cfyrit admirées de fon jÛttffe »UqueUe à cau- fede fon accouchement y napeu luy repref enter plujlotf par lettres le con- tentement qu'elle reçoit de fa promotion». ALI/ ILLVSTRISS. ET REVERENDISS. MONS.MIO ColenduT. Il Sig. Cardinale del Perrone. Illuftriff. & Reuerenduî. Sig. mio ColcndnT. I corne io non hb maiceduto à nefîuno , in amareil valorce'l m'erito diV. S.Illuft. & fecondol'vniuerfalgiuditio, pareuaanche à me che la fua virtù arriuafïe à taie eminen- za,chefofTedegnadi nobile & ftraordina- rio premio : cou" le ho defiderato fempre quella cfifaltatione , che hora clla hà confe- guito. Et fe fdrfe io tralafeiai dicongratu- larmene fecoper lcttera , non nacque da altra cagione, che dall' effer io appunto entratanel parto , quando fi publico la promo- tione di V. S. 111. Ma credami pùre , che con l'animo io me ne ralîegrai tanto , quanto mi farei rallegrata di qualche lieto auuc- nimento nella mia perfona propria : perche fapendo io da mol» te proue , la cordiale aftettione , cheella portaàmc, &àtut- ta epefta cafa , debbo hora fperarne aumçnço, à proportions ET NEGOT1 ATT O N S. 27. dcllaprefcntcgrandezzadi V.S. III. Ma quelchem'accrefceil contento, c il bénéficie, che io antiucggo clouer rifultaredal valore.e dalla prudenzafua, nonfoloacocefto Regnodi Franr cia, m'a àcutta la Chriftianita Et poichc V. S. 111. hà voluro preuenirmi con lafua cortefiflïmalettcra, ioprendo volencicri 1 occafionc di rallegrarmi feco di nuouo , con quefta mia rifpo- fta,fcbencconlafperanza , cheellamidà , ch'iohabbiaariue- der la prefto in Italia^mi riferbo à far quefto oûuïo più affectuo- famente con la voce :& fc ella verra, io l'afficuro, cheella farà vedutavolentieri, e feruita conforme al meritofuo,&all'oiTcr- uanzanoftra verfo dilei. Ecle baciolemani. Dalla noftra villa, di Cafaggiuolo, H z$. di Settembre, 1604. Di V. S. IlluftriiT. & Reuercndifl*. Jfjfettionâtifsima pef feruirla. Chrcft.G.Duch.diTofc. A R G V M E N T. "Participant à la ioye de fa nouuelle condition , il le fupplie luy vouloir defpartirfes commandements. ALL' ILLVSTRISS. ET REVEREND ISS IMO Sign. Mio OiTeruandiflimo , il Sig. Cardinale del Perrone. UluftruT & ReucrendhT. Sig. mio Oflferuandifl'. A notitia che io ho de' meriti e virtù di V. Signo- ria Illuftrifllma, e l'affettione particolare cheio le ho fempreportata, mi fannoeflere a grandif- fima parte dell'infinito contento, che fi èprefo délia fur promotione al Cardinalato, fi corne la moltamiaofferuanzaverfodilei, mi obligàiàcongratularme- necordialmentcfeco, che farà contenta di gradire laftnccri- cà di quefto mio affecco, c di comandarrui, corne io dell'vna i7i,- LES AMBASSADES c dell' akra gratia , fupplico V. Sîgnoria llluftriiîîma , ba- ciandolé per fine , di cuorcî , le mani» Da Fircnze , il di Giugno, 1604. D. V. S. Illuarifl*. & Rcucrcndiff. Seruitore aff ttionatifsim9, Viiginio Orfino, . A R G V M E N T. Il efloit defu tellement obligé a ce Seigneur , qu'il ne luy falloit point $ antre aiguillon pour l'inciter a le feruir- Néanmoins il dit que fi vne cho- fe infinie fe peut accroiftre> la coniouijfancedefontiuancement a beaucoup adioufleâ l'extrême de fur qu'il enauoit. A MONSIEVR LE DVC D E BRAGCIANO, a Florence. MOnsievr, le receu tant de faueur & de courtoifie de voftre Excellence, en paffant par Florence, &: ad- miray des lors tellement vo ftre vertu , &r les rares quali- tez qui reluifent en vous, qu'il nem'eftoit point befoin d'autre aiguillon pour m'inciter à vous aymer , honorer &: feruir. Ncantmoins, la nouuelle grâce qu'il vous a pieu me faire, de vous conjouïr auec moy de ma promotion,a adioufté encore vn grand accroiffement , fi vne chofe infinie fe peut accroiflreà l'extrême defîr que i'enauois. Et pour ce , comme vos mérites & o Sices , ont fait niiftre & augmenté ce defir en moy, ce feraà voftre courtoifie à me donner le moyen de l'effectuer, en m'em- plcryant aux occafions où vous me iugerez capable de vous fat» referuicc. Iereceuray cefte obligation auec pareil cœur que les précédentes, &: m'eftouïray d'auoir le moyen de vous tef- moignei parles effets que îefuis, M O N SI E V R) De Paris, ce 18. Voflve tra-affi Bionnc feruiteur* . Aouft, 1604.. L Cardinal dv Perron, A&GV- ETNEGOTIATIONS.Liv.il. %ji ARGVMENT. • // le fupplie de ne trouuer eflrange s'il continue fes remerctemens , wf- qu'À ce que Dieu luy ayt fait la grue de lu) rendre quelque Çi humble fer» uice, que les paroles puiffent eflre exeufees d'auoircejjé , pour faire place aux effets. A MO NSEIGNEVR L'I LLVSTRIS SIME ET Reuerendiftime Cardinal Aldobrandin. A Rome. Onseignevr Illvstmssime, Encore que ie vous aye eferit plus amplement par le Courrier du Roy, que l'on m'a affeuré s'en deuoir re- tourner en plus grande diligence que ccftuy cy: Ncantmoins comme l'obligation que i'ay à noftre S.perc,&: à voftreSeigneu- rie Illuftrimmc, eft infinie ; ainfinepuis ie faire fin de vous en remercier. Et pour ce vous fupplieray-ie,nereceuoirpointa importunité , les nouuelles actions de grâces que ie vous en rends par ceporceur. Il y a fi long-temps que vous meprocu- rez cefte dignité , &: aucc tant de foin & de paflion , que quand i'employeray toutes les heures de ma vie,à meditcr&rechercher les moyens de le recognoiftre dignement , encore ne fatisferay- ic pas à la grandeur d'vne telle obligation. A cefte caufe , ne faut- il point que voftre Seigneurie Illuftriiîîmetrouueeftran- ge,fi ie ne m'en puis taire, ains l'importune inceffamment de mes remercicmens : Et principalement , iufques à ce que Dieu m'a\ t faic la grâce de tcfmoigner ce relTcntiment par quelque Ci humble & fignalé feruicc àiaSain&cte\&àvoftreSeigncurre. IlluftrilTime, que les paroles puiffent eftre exeufees d'auoir cef< fé, pour faire place aux effets. I'efpercqueieferay fi heureux, que cela aduiendra, & que voftre Seigneurie IlluftrifTîmc reco- gnoiftra par expérience, que les biensfaits dont elle a vfé en m5 endroit, ne font point tombez en vne ame fterile & ingrate, mais toute pleine d'affection & de defir^de vous en faire recueil- lir les fruits d'vne humble & perpétuelle feruitude. le vous fupplietrcs-humblement,d'adioufter tant aux obligations pre- Mm Ï74 LES AMBASSADES v ccdentes que de le croire , & me tenir éternellement, Monfcigneur illuftriflîmc , pour ; DeCondc,ce 28. Vù(lrebien-humblevtres-ob\igc& de Iuin 1604. tres-affi ûionnê feruiteur. I. Cardinal dv Perron. ARGVMENT. Comme les obligations dont il luy eft rcdeuablefont infinies, attffi il luy femble que lesremerciemens en doiuent eflrefamfn. A MONSIEVR DE BETHVNE, . c Confeillcr du Roy , en fon Confeil d'Eftat , & f fon Atnbafladeur. a Rome. Onficur, Encore que ie vous aye eferit nagueres pat l'autre Courrier , pour vous remercier trcs-humble- ment,de tant &; tant de peines qu'il vous a pieu pren- dre , pour me faire eftre ce que par voftrc grâce , après celle de Dieu, de noftre faincl: Perc , & du Roy, ie fuis rNeantmoins pour ce que comme cefte obligation eft infinie, ainfi il me fem- ble que les remercicmens en doiuent eftre fans fin ; ie ne me puis laflfer de vous rendre à toutes les occafions , grâces tres- humbles , &: vous dire que vous m'auez tellement obligé , qu'il ne me refte aucune efpcrance de le pouuoir iamais dignement recognoiftre. ie fçay bien que les remerciemens de paroles, font de bien foiblcs & débiles efchanges,pour des obligations fi réelles & actuelles : Auflînedeliberay-ie pas d'en demeurer là, ains eftant hors d'efp oir d'ar riuer en ce cas , à ce que ie doy , me propofe pour le moins d'arriuer à çe que ie puis;& vous tef- moigner auec la débilité des forces, la grandeur de mon affe- ction. Vous la verrez , fi Dieu plaift , en bref, parler par les effets. Car dés que i'auray l'honneur d'eftre à la fuitte du Roy, mon premier foin fera d'efpicr tous les fuiets & moyens,dc vous rendre feruice auprès de fa Maicfté,& de Monfieur voftre frerc, ET NEGOTIATIONS.Liv.n. i7S & autres qui pcuucnc confpircr & contribuer à voftre bien & grandeur : & ne m'endormiray point en cefte vigilance , que ie ne vous enaye rendu quelque bonne prcuue. ic vous fupplie, Monficur,de le croire auec pareille foy que ie le vous promets : &: fur cefte afleuranec, me tenir, Monfieur, pour D'eCondé jCej. Vojlre tres-affifiioxncfjr obligé luin,i6o4. Jeruiteur. ï. Cardinal dv Perron. ARGVMENT. Il la ncegtioifl participante au mérite des faueurs qu'il a receues de Monfieur V^AmbafJadeur ,fon mary. A MADAME DE BETHVNE. a Rome. MAdame, Encore que ie n'aye iamais eu l'honneur de vous baifer les mains, ny d'eftre veu de vous , chofe qui poflible feroit qu'en vne autre occafion, vous m'eftimeriez téméraire , de prendre la licence de vous eferire : Neantmoins , Monfieur vofîrcmary , m ayant tel- lement obligé en celle qui s'eft dernièrement paltce , qu'il ne fe peut imaginer rien de plus;i'ay penfé que corne pour l'vnion qui eftentre vous & luy , vous participiez au meri te de cefte obliga- tioi , vous en deuiez aufli participer aux rcmerciemens. C'eft pOLrquoy, Madame, ie me fuis enhardy de vous en eferire en particulier,ce mot d'aclio de graces>&: vous dire que vous auez •'vn & l'autre, par cefte dernière attion fait acqueft, non d'vn louucau feruitcur,car i'ay toufiours efté tel,mais d'vn plus vtile &authorifcfcruiteurqueicn'ay eftépar lepalTc:&: que comme Monfieur voftre mary , a efté le principal moyen de me faire obenir cefte dignité, aulTi ferez- vous, luy &: vous.les premiers à er. recueillir les fruits , par toutes fortes de feruicc &: degra- litucc. ie vous fupplie, Madame, auec toute mon affection, M m i; 17* LES AMBASSADES de le croire , & de me permettre fur cefteafTeurance, de vous baifer icy les mains , en qualité, Madame , de De Condé , ce 3, Voïlre tres-affeâtenné ohlipcferuiteur, Iuillcc, 1604, I. Cardinal dv Perron. A R G V ME NT. Son accroiffement d'honneur , preueu par la confiderâtion de fes mé- rites; (g* le %ele mer ueilleux de ce Prélat , à l\ quit de fa fonction. A MONSEIGNE V R LE CARDINAL du Perron. Onseignevr, le ne fuis pas donc faux prophète, en ce quei'ay il y '' jyjbJMk a long temps preueu &predir,que voftre eminentfça- vuoir , &c les autres dons de grâce, dont Dieu vous a richement >,doiié , auec les bons Se agréables feruiecs que vous auez rendes au Roy , vous appelloient au facré Collèges des llluftriflGmes Cardinaux. Si ne m'en coniouïray-ie pas tant auec vous, qa'- . auec toute l'Eglife qui en receura le fruid, pendant que la di- ^gniténevousferaquaccroiflernentde foucy & labeur , qui la j,fuiuent mfcparablement . J£d mulios annos foit , & ne permettiay 9 pas qu'aucun de vos amis & feruiteurs , le vous crienr plus hm- tement, plus alaigrement, plus affe&ionncment que moy, qui ne veux pas céder à perfonne , d'affe&ion en voftre endioit, ores que ie n ay e l'honneur d'eftre cogneu de vous , que pet wo- y>d'4m tranreumis , encepeu de feiour que vous fiftes icy quand U 3>Court y eftoit. Et puis qu'il vous pleut me rendre participant de voftre bonne grâce, ic vous fupplie trcs-humblement m'y coi- ' feruer,& vousfouuenirdcmoy,cnuersN. S. perc ,&faMac« fté , quand l'occafion s'en prefentera. Il y a trenteans que ie Crs l'Eglife , en deux prelatures , & de cent quatorze , que nou'so- mes f il n'y en a pas deux qui me deuancent de Sacre, l'a^ fou- ftenu les plus dures années des plus forces troubles j& fa aaiefte ET NEGOTIATlONS. Liv.IL roefme, fc fouuient bien de rn'auoir veu en Languedoc, fur vn cheual d'Efpagne la cuiraflTe fur le dos , ne pouuant fortir autre- menc de Mirepoix, pourallerfaireles vifitesdemonDiocefe.& de me tenir de plus en plus, Monfieur , pour De Condé, ce 10; Vcftretres-affefiionnéO' tres-obligi Iuillct, 1604. - fermteur, I. Cardinal dv Perron. ARGVMENT. Monjteur leChanct lieront ejl '& çrefent , Payât obligé de [on amitié des [es tendres innées , & toujours commué de plws en plws aie fauori[er -r il dit qu'il s'eftimeroit coulpable d'vne extrême ingratitude >s'tlcfloit ou- blieux, ouparefleux, de le rejfentir. A MONSIEVR DE SILLERY , CONSEILLER du Roy en fonConfeild'Eftat. MOnfieur , le vous ay trop d'obligation de l honnefte lettre de coniouïflance , que vous auez eu agréable de m'eferire , laquelle n'eft point tardiue, comme il vous plaift de dire. Car outre ce que les offices qui me vien- nent de voftre part ,nepeuuentporter ce tiltrc , procedans de voftre feule bonté , & nayans efté preuenus ny méritez , par aucun feruicc ; l'amitié dont vous m'auez toujours voulu ho- norer ,& l'affection aucc laquelle vous auez defiré cefte mien- ne promotion , me feruoient d'vn fi certain gage, du contente- ment que vous en receuiez , que toute autre afleurance m'en e- ftoit iuperfluë. le ne laifle pas pourtât d'accepter celle qu'il vous plaift m'en donner par vos lettres, aucc toute la gratitude que ie doy , comme vn indice de l'cxcez Se de l'abondance de voftre af- fediô;& de vous dire en reuenche, que la dignité qu'il a pieu au Roy me procurer,n'a rie altéré en moy,du zele que i'ay touiours eu,de vo9 faire feruiec:ains m'éaccroifsâc, corne i'efperelepou- uoir,m é a au/fi accreu le defir. Vous m'auez dés mes plus tedres ans,fi eftroitemét obligé de voftre amitié, & auez rellemét con- tinué à me fauorifer de pl9 cnplus, que ie ferois coulpable d'vne extrême ET NEGOTIATIONS. *8i cxtrefmc ingratitude, fii'eftois oublieux ou pareffeux, de le refîentir, lors que Dieu m'en augmente le moyen, le n'en laifTe- raypafler vne feule occafion,foit auprès du Roy , foit ailleurs: &fouhaittcray que mon voyage d'Italie foit le plus bref qu'il fera poffible, afin qu'eftant de retour auprès de fa Maiefte , l'aye plus d'opportunité de vous tefmoigner par les effets, ce que îe vous prie par les paroles de croire, afçauoir, que ie feray éter- nellement, M o n s i e v R, DeCondé, ce 10. Vojlre tres-eff< âiont é fcruitcur. deluillet, 1604. I. Cardinal dv Puron. ARGVMENT. il dit que cefl auec raifon qu'il sifiouft de fon accroiffement : pour ce qiiay xnt de Jï long- temps prit le foin de fa tutelle , s'il arriue quelque prof- feritc h fon pupille , l'honni ur en retourne fur le Tuteur. A MONSIEVR PHELYPEAVX, CONSEILLER du Roy en fon Ccnfcil d'Eftat , & Treforier de fon Efpargne. MOnsievr mon Tuteur, le vous ay trop d'obligation du foin qu'il vous a pieu prendre devousconiouïr auecmoy ,dema promotion. Il eft vray que ie vou s diray que c'eft auec rai- fon,que vous m'auez tefmoigné participer à ce- tte ioye.Carayant de fi long temps pris le foin de ma tutelle, s'il arriue quelque profperité à voftre pupille, l'honneur en re- tourne fur vous. Vous me ferez doc, s'il vous plaift,ccfte faueur de continuer à vous en efiouïr, comme d'vne chofe auenuëà vn autre vous-mefme, & de me le faire paroiftre parles effets, en vfant de ce peu de moyen que cefte dignité me donnera, de vous faire plus de feruice en toutes les occafions qui s'en pre- fenteront.Ce me fera vne nouuelle obligation ,pour laquelle ie demeureray éternellement, Monfieur mon Tuteur. De Paris, ce 4. Voftre affeOionnié" obligé pupille & feruiteur. Aouft,i6o4. I. Cardinal dv Perron. Nn LES AMBASSAD ES A R G VMENT. TlVafJeurequenulde fes anciens & familiers amU , ne fe peut pro- mettre de participer pltu que luy , aux moyens que fa ttouuelle dignité luy apportera de les feruir. A MONSIEVR DE CHERELLES , CON- seiller uv Roy en son Conseil d'Eftat , te Maiftrc d'Hoftel de fa Majefte. /> Onsievr, le vous ay trop d'obligation du fiAujw/U foin qu'il vous a pieu prendre de vous eoniouïr ^I^&aIII auecm°y dc ma promotion, a la vérité c'eftaucc ^ f^TYM^iA iufteraifon : Car nul de mes anciens & familiers ^l^SielfeA amys, ne fe peut promettre de participer plus aux moyens, que celte dignité m'apportera, de leur rendre feruicc, que vous. le vous fupplie en faire eftat , &: vous aiTeurcr qu'elle n'a rien changé en moy , que le bonnet , & que l'affection eft de- meurée toute telle à l'endroit de mes amys , pour les chérir, re- ucrer& feruir , qu'elle eftoit auparauant; Et particulièrement vous qui auez toujours efté des plus intimes. le vous remercie aufll de la peine quevousauez prife,dem'addrefler la lettre de Monfieur de Frefnes 1' /VmbafTadeur , la quelle i'ay receuë , auec le contentement que ie doy,& luy feray reponfe, auec l'honeur qu'elle mérite. Ce pendant >ie vous prie me conferuer en vos bonnes grâces, & de mes Dames vos tantes, & me tenir, Monfieur, pour Voflre plws-affeftiouné a yom faire ferukel I. Cardinal dv Perron. ADVERTiSSEMENT. Les congratulations de Meflîeurs les Cardinaux/uîuent tou- fiours la promotion de ceux qui leur font aiïbciez: Mais comme d'ordinaire ce ne font que fimples compliments, quin'expri- ETNEGOTlATIONS.Liu.il. t 283 ment rien , hors les offres Se les affeurâces d'vn feruice affection- né; Il a femblé à propos de faire voir icy, par l'échantillon de quelques lettres de ces Seigneurs, le fcntiment&applaudiiTe- ment de tout le Sacré Collège, voire de tcute la Chreftienté mefme , en l'exaltation de noftre Cardinal : & deilaiffer à la po- fterité, ce peu d'entre vn fi grand nombre defemblables Pané- gyriques, prononcez en faueur, par les plus pures de plus vé- ritables bouches del'vniuers. A R G V M E N T. Ceftuy-cjr Doyvtt de crfie fairMe Compagnie , dit que fon ajfumption au Cardinalat, froit yn tefmoignage fuffifant de fc -valeur, qu*j d mef- me il ne feroit point fi notoire , quecedegte luy donne plufojï occ.fon de l'exercer, que de It publier : Et qu pourtant il ferefiouirquefa rertuà foient ejleuees en heu, où eflantdef x fi cogneu'e's aux hommes, il puiffeau benefee de CÊglifi r , faire déplu* en plus acqinjition de grau (y de moite enuers Dieu, ALL' ILLVSTRISSIMO ET REVERENDISS. SIC mioOfferu. il Sig. Cardinale del Perrone. Illuftriff. & Reuerendiff. Sig. mio OiTeruand. L'Affontionedi V. S illufti iflimaal Cardinalato , fareb- be teftimonio autenticodel fuo gran valore, quando egli non foflfe cofi noto , che quefto grado férue più toftoàV. Sign. illuftriiTinia,peroccafionedi efTercitarlo , che di publicarloal mondo. Onde iom'allegrocon V. S.illuftrifl. chelafua gran virtù fiaafcefainluogo ,doue, eiTendoclla già notaalli huomini , poiTa,con bcncflcio di fanta Chiefa , far ogni di, piùacquiftodi merito.&di cognitioneappreffo Dio. Etla fupplico ad accrefeermiit piacerc chêne hbco'I comrnandar- mifempre conquella prontezzacon cheiole offerola miafer- uitù : & humiliflîmamente le bacio le mani.Di Frafcati , à 9. di Giugno,i904. D. V. S. llluftrifi; & RcuerendiiT. TîumiUfsimo ferui/ere. Il Cardinale di Como» Nn ij LES AMBASSADES ARGVMENT. Ce grand Cardinal depuis Papey nommé Léon XT.rend tefmoignAge que fa S aintletc a choïj nottre Prélat , comme vn jmetinfigne dedoftn- ne^de bonté , ç£* d'expérience : Et s'en rtfio'Uyt , pour le fecours que le [aincl Siège en doit ejperer. ALV ILLVSTRISS. ET REVERENDISS. SÏG. MIO OflferuanduT il Sig. Cardinale dcl Pcrronc, IlluftrifT. &c ReuerendiiT. Sig. mio OfTcruandiff. A Santità di Noftro Signore , che hà pcr princi- pal fine , metterc in quefto facro Gollegio , fog- getti,pcr dottrina, perbontà,&: per efpcrientia dellecofedelmonio.infign^hà promoiïb que- fta maceinaV. S. IlIuftrilT. alla dignità dcl Car- dinalaco , con contento grande del facro Collé- gien & mio particolare. Perb corne vcro fcruirore di V. S . Illuft. &C comebuon Cardinale , vengo con quefta mia, à congratulai mené feco con ogni affeeto, conofcendo hauerne grande occa- fione per caufe publiche &: priuate , amando io le virtù & meri- ti fuoi, &c honorando con quai maggiore ofleruanza che fia pof- fibilc,laperfonadi V.S Illuftriflima, dalla quale fpera quefta fanta Sedc ajuti grandi in benefitio délia Chriftianità, &Rcli- gioneCatholica. Quefta mia allcgrezzavieneancoaccrefciota, dalla fperanza che io hb hora , di potere più feruire V.S. Illuftr. che non hb fatco péril pafTato, con mettcre in opéra quella vo- lontàche non le ho potuta moftrare pcr mancamento d'occa- fionc : Cofi trouera in effetto fe ella ficompiaceràcomandar- mi, fi corne nelafupplicocon ogni afFetco, &c corne sàdi poter fare con ogni confidenza. Bacio humilmente le mani à V. Siç. IlluftrilT. & per fine le prego dal Signor Iddio , ogni profperica. DiRomaJi^.Giugno, 1604. D. V- S. Illvstriss. et Reverendiss. Himilifiimo feruitore. Il Cardinal diFirenzc. ET NEGOTIATIONS, ARGVMENT. Cejîe lettre luy ejï efcrite de la mai» propre dece tresllluftre Cdrdi- ntl^neueudu Pape Clément VI II. & contient entre autres chofe s ^ qu'il peut bie/l croire que lesp< ines qu'il a prtfes a l'aduancement de la Religion Catholique , & conut rfwn des hérétiques , ont ejlé agréables à Dieu , puis qudainftiré fa Sainâete , Cr le Roy , de faire en quelque façon comme à ïenuy p9ur l'honerer. ALL' ILLVSTRISSIMO ET REVERENDISS. SIG. mio Ofleruandifîimo, il Sig. Cardinale del Perrone. IlluftriiT.&ReucrcndirT. Sig. mioOiîeruandiflîmo. VbbcncredcreV. S.Illuftriflima, chele fuefati- chefpefe per la Religion Catholica, e perlacon- uerfionc dell' anime, fiano ftate grate à Dio, poi chehàinfpirato duifigranPrincipi,commelaSan- titàdel Papa,N. Sig.elaMaefta del Re Chriftia- nilfimo, à fare incertomodoàgara, per honorarladi maniera ch'ellaè (rata farta quefta mattina, da S. Beatirudine , Cardina- le : e quel che Ci deue anco ftimare , è con molto applaufo di tut- ti , e particolar contento délia Santità fua , laquale per il gran concerto che tiene di lei , û perfuade d'haucr fatta cofa accettif- fima per il feruitio di Dio, di quefta fanta Sede , e délia Religio- nc Catholica, poi che taie & il grandignità , vieneefTereàlei fpronc di aggiungere qualche cofafingolare, al molto che hà giàfattopereftirpare 1 herefie incotefto Regno,& promouere la mera fanta Religione. Io poi nonpoflo dire il contento che ncfento> perche talirifpetti del fenrtio di Dio , menesforze- rcbbono,quando nonfoiTepaiTatatràlei&me, Tamicitiach'é palTara, dopo ch'io la conobbi & cominciaiadamirare le fue virtù e bontà. Mi perfuado che cio ella creda facilmente , &: che firicordidi quellochepafso trànoi à Lionc Onde per fpedire prefto quefto Corriero , non mi ftendero piu oltre in parole,co- me cofa fuperflua , mà l'aflïcuraro folo délia continuatione délia mia volontà & oflferuanza verfo di lei. Et baciandolc le Nn iij . v i%6 LES AMBASSADES mani , fb fine. Di Roma , Ii 9. di Giugno , 1604. Di V. S. Illuftriff. & ReuerendifE Humilifsimo feruitore. II Cardinale Aldobrandino. A R G V M E N T. Vlllujlrifsime Cardinal Borghefe, fucceffeurde Léon XI.au Pontifi- cat & nommé Paul V. dit que cejîe aclion du Pape, a causé y ne merueil- kufi ail ' greffe à toute Rome , pour la ccgnoifjance que chacun 4 de [es infinis mérites. ALL' ILLVSTRISS. ET REVERENDISS. SIG. MIO OfTeruand. il Sig. Cardinale del Perrone. Illuftriff. & Reuerendiff. S ig. mio Offeruandiff 3^fi£||Ë 'Apromotionedi Voftra SignoriailluftriflTima, alla dignira del Cardinalato , hà rallegrato vniuerfal- mente tuttala Corte, per Iacognitione , chefitie- ^^^^ nedelUinfinicimeriti fuoi. Onde iochenonho ce- dutoadalcuno, in fentire contento di quefta gracia fattale da N. Signore , ho voîuto anco fôdisfare al dcbiro mio , co'l rapprefentareà V.Signor. illuftrifïima, quefto miofentimen- to , co'l mezo délia prefente. La fupplico pero à riceuere î'oBitio bcnignamente , e riputandomi fuo deuotiffimo fer- uitore , à comandarmi fempre , con ogni confidcnza. Et à V. Sign. illuftriffima , bacio per fine , humiliflimamcnce la mano. DiRoma, li p. di Giugno, 1604. D. V. S. Illuftriff. & ReuerendifT. Humilifstmù feruitore. Il Cardinale Borghefc. A R G V M E N T. VaUegreffe rejfentie de fa promotion , correspondante propor*. tioanee a Jon mérite. ET NEGOTIATI0N5.Liu.ir. ALL'ILLVSTRISS. ET REVEREND ÏSSI MO Sign. Mio CiTeruandiiïîmo , il Sig. Cardinale del Perrene. Illuftriff & Reuerendiff. Sig. mio Ôfferuandiff. 'Allegrezza, chcio fento, per la promotione di Voftra Signoria illuftrriflima,al CardinaIato,è ta- lc à punto, quale fi conueniua al defidcrio, che 10 haueuodivederla efîaltatainluogo, chefolTc proportionato al merito fuo. Cndeme ne congra- tulofeco di viuocuore, &: lafupplicoà riccuerequeft'offitio, in fegno délia vera feruitù mia, che à lei per fempre dedico prô- tiflîma,aiTicurandolache non hauràil piùcerto&deuotofer- uitore,di me, corne potrà vedere dalli eftecti , quando fi degna- rà comandarmi. Et per fine, à Voftra SignoriaiIluftrilTîma>baci» humiliiTimamente le mani , pregandole dal Sign. Dio , ogni inaggiorcontento. Di Roma,li9. di Giugno. 1604. D. V. S. Illuftriff. & Reuerendiff. Htimïlifîimo & deuotiÇsimofcruitore. Il Cardinale Tofchi. ARGVMENT. Le Cardinal Mont ait e, neueu du Pape Sixte V.fe refwuït que défor- mait no/fre Cardinal aura champ plm ample défaire profiter le talent de doCirinetque Dieu luy adonné. ALL' ILLVSTRISS. ET REVERENDISS. SIG. Mio. Offeruand.il Sig. Cardinale del Perrone. Illuftriff. & Reuerendiff. S ig. mio Offeruandiff. ESfendo V. S. Illuftiiflima , ftata hoggi da n. S . collocata nel - Sacro Collegio, haucrà larghiffimo campo d'eflercitar tut- tauia più frutuoiamente il fuo grande talenco,per feruilio dclla Religionc €actolica,e di quefta Sanca Sede,ncl Regno di Fran- i88 LES AMBASSADES cia: dichepeib io vcngo à congratularmene , quanto debbo, conlei,laquale refta ch'in tutcc l'occafioni, ficompiacciaho- norarmi de' fuoi comandamcnti ; afficurandofi , chc cofi faro pronto d'cflcguirli, corne per fine bacio à V. S. MuftriiT. humi- liflimamcnte le mani, e pregoil Signorelddio chc le concéda ogni félicita. Di Roma, alli 9. di Giugno, 1604. D. V. S. IHuftriff.-& Rcucrcndiff. Humiliffimo [eruitore. Il Cardinale Montalto. A R G V M E N T. Contentement infiny de [a nouuclle dignité. ALL' ILLVSTRlSS. ET REVERENDISS. SIG.MlO OITeruandiflimo^lSign. Cardinale del Perrone. IlluftrifT. & RcuerendifT. Sign.mio OflcruandifT A Santitàdi N.Signorehàhonorato queftamatttina, delCardinalato^oltifoggçtci.con grandi Aima con- folatione dicutto il noftro ordine, ma particolarmente coninfinitocontentomio,laperionadi V.S. Illuft conlaqua- le me ne rallegro,con quell'afFetto chc sb non hà bifogno preflb dileid'akra efprefîione,dicendolechefi corne io non hô cedu- to fin qui,ad alcuno , in rare ftima de fuoi meriti , cofi procurar© perrauuenire,diauanzare ognialtro in ofleruarla,& feruir la conforme al debito mio. Et lebacio humiliffimamentelemani. riRoma, li9.diGiugno,i6o4. D V.S. IUuftriff. &ReuerendifT. Humihfsitno feruitore. Il Cardinale Farncfe. ARGVMENT. Son aflumption vtiU « ÏEgife, 1 AU ET NEGOTIATIONS, Liv. n. z%9 . • . luuf wcrr AV ILLVSTRISSIMO Y REVERENDISSIMO S. Cardenal de Perron, mi S. Illuftriflimo y Reuercndillimo Segnor. N el Confiftorio de oy,hà hechofu San&itadcrca- cion de Cardenales , y nombrado à V. S. I. que para mi ha fido de infinito contento , afli per hauer Ce am- pleadotambienel Capelo,en V. S. Illuft. comopor- que con cl harà mucho feruicio à Dios, y bien à fu Iglefia. Sup- plicio à V. S. IlluftrifTî. me fauorefca mandando memuehas cofas enqueleferuia. Y àN. Sig guarde tu Illuftrifïimay Re- uerendiffima perfona , con la felicidad y defeanfo que puede. Roma, 9. di Iunio, 160^ D. V. S. IlIuftruT. y Reucrendifl*. HumiltfîitHû feruidor. El Cardenal. Auila, A R G V M E N T. Qu'il fe doit vcfioutr^ non tant de fa dignité, que de ïauoir receue d'y ne commune approbation. ALL' ILLVSTRISSIMO ET REVERENDISSIMO SignorinioofTeruandiffimo,Il Sigii. Cardinale del perrone. Illuftriflimo Se Rcucrendiffimo Signor mio ofTer- uandiflrmo. g^^^L 0ftr0 ignore hà honorato quefto Collegio, dell* ^JSjgra perfona di V. S. Illuft. con tanta fodisfartione vni- ïi|ëK^ uerfale,checon infinité lodi viene eclebraca quciY tjsjSffi-Sr attione. Peroella fi deuerallegrarc, nontanto délia promouonefuaal Cardinalaro,ciocdel gradocminented'ho- 2.QO LES AMBASSADES norc; quanto dcl tcftimono chc di commune confenfbriporra da tutci la virtù fua : laqiaale bcnchc habbiainfiniti amiratori, d'altro mcrito,chc non fon' ip,pcrqucfto non dcuo lafciar di ve- nir con gî altri , à rapprefentar l'affctto mio à V. S. Illuft . laquai fupplico riuerentementcàriceucrinbuongradoquciVofKcio, eraflegnarmi nel numéro de' più deuoti fuoiferuitori. Et qui t?aciandolehumilmentelamano,prego Diochelongamcsitela confcrui felice. Di Roma^ 9. de Giugno, 1604. D. V. S. ILL. ET RE 7. V \ Humiliffimo feruitore k 1 Franc. Cardin. S. Clément. ARGVMENT. La Compâgnie des Cardinaux , ornée far fan exaltation. ALL' ILLVSTRISSIMO ET REVERENDISSIMO Sig. mio ofleruandifl. il Sig. Cardinale del Pcrronc. îlluftriflimo & Reucrendiflîmo Sig. mio Oucr- uandiflimo. ^ÈÈé^"? Oftro Signorejqucftamattinahàpromoflb Vo- §^>^j ^ lira Signoria illuftrirtima al Cardinalat©. Onde ^fcSSSS % Per e^cr c^'gn^c^ dlouuca al mcrîco parcicolarc del ^PSvK ^ valorfuo,&ornamcntoalnoftroCollcgio,veg<> à rallegrarmenc con Voftra Signoria îlluftriflima, fi corne faccio contuttol'animo. iddio con quefta allegrezza, le concéda ognialtra félicita, & mi diagratiadi poterlaferuire quanto prima prefentialmente : fupplicando in tanto V.S. illu- ftriflim^àcomandarmi. Et humilmentclebacio le mani. Di Roma , il di 9. di Giugno , 1 604. D,V.S. IL L. ET RE V. Humiliffimo feruitore. Il Cardinale dal Monte. ET NEGOTIATLONS.Liv.ii. i9i ARGVMENT. Tres-prudenterefolution du Pape> V admettant au Cardinalat. ALL ILLVSTRISSIMO ET REVERENDISSiMO Signor mio ofleruandiflimo , Il Sign. Cardinale dclPerronc. Illuftriffimo & Reucrendifluno Sig. mio Ofïcr- * uandiflîmo. Agrandezzadellcvirtù ,&de'mcritidiV S. il- luftriflîma,rioerica &LoiTeruatadamecontinua- mente j f à chc io non mi fia punto marauighaco délia prudentiflfimarifQlutionediN. S. inpro- mouerla nel Conciftorio di queftamattina, al Cardinalato , dcl quai fia ficura V. S. illuft chc ho prefo quel contento, che puoirnaginarmaggiore, emenc rallegro feco , con ogni vero afïetto , & per la occafionc che ha- uera tanto più,di arTaticarfiàgloriadi Dio,& in fer uitio délia fanta Sedc, Se perlacommodicàmaggior chenafceancoàme, diteftificarlc la fcruicùmia, délia quale fupplico V. S. illuftr.à far prououa co' 1 comandarmi , certa di trouarla fempre fincerif- fimae pronta3cosi inferuiciodi coteftaChriftianifsimaCorona comcfuoparticolare. Ethumilifsimamenteà V. S. illuft. bacio le mani,& prego S. D. Maeftàlaconferuilongamcnccfelice* Di Roma, li 9. di Giugno, 1604. D. V. S. IL L. ET REV. Hùmiltffimo feruitove, . il Cardinale Bianchetci. ARGVMENT. le Collège des Cardinaux grandement confolcde fa promotion. ■ O o ij LES AM BASSADES ALL' ILLVSTRISSIMO ET REVERENDISSIMO Signorraio oflcruandiffimo, Il Sign. Cardinale dcl Perrone. IlluftrhT. & Reucrcndifl*. Sig. mio ofleruandifT. O n 1 hauer la Santità di N, Signore , promofla V. S. Iliuftriflima alla dignicà del Cardinalato , hà manifeftato li moki meriti &: virtu fuc, cdatto occaûone à tutto il Sacro Collegio, &àquefta Corte , di fentirne quclla maggiore confolationc &c piaccre , ch' hanno tutti li buoni ncl vedete la virtù premiata: Mà io di quefto honore . Se accrefeimento di V. S. Iliuftriflima, mi rallegro feco, con tanto afFetto,quanto fon tenuto per qucl- la particolare volontà& ofleruanza, ch' hoportatafemprcalla perfonadiV. S. Iliuftriflima, &c alla fuabontà, &lafupplicoà gradirc quefto mio douuto offitio,& infieme valerfi dcl pronto & viuo mio defideriodiferuirIa;chcmencfaràfommagratia. Con che oaciando à V. 5. Iliuftriflima, humiliflîmamente la niano , le prego dal Signorc, continua falute & félicita. Di Roma, liç.di Giugno,i6o4. D,V. S. ILL. ET RE V. Sia feliciflimamente l'honore hauuto, & fia corne io fpero , feala à meritarc fempre più per la Religionc Cat- tolica, &: per la Chiefa Santa :& V.S. Iliuftriflima, che sa da che la conobbi qua , quanto la ftimo &c amo, com- prendera il contento che ne ho : & me le raccordo. Humilifjîmo feruitore. Il Cardinale Parauicino. A R G V M E N T. Principale refiom fiance àc fon exaltation, pour le feruice qu'il peut ten- drcangtfe. ET NEGOTIATIONS. Liv. n. in ALL* ILLVSTRISSIMO ET REVERENDISSIMO Signormio ofïcruandiflimo , Il Signorc Cardinale del Pcrronc. Illuftriffimo & Reuerendiflîmo Sig. mio offeruandiffimo. Rà i foggctti, ch'é piaciuto allabenignitàdi N. Signorc, d'inalzarc alla dignità del Cardinalato, 10 mi fono rallegraro principalmente délia pro- mocionc di V. S. illuftriflîma, fiperlaftimache faccio del merico fuo.comc per la fuma opinione, che tengo,che debba hora la Chicfa S. riceucr compito fcruirio dalla virtù dilci , &dalfuovalore. Menecongratulo dunque fcco, quanco piùpofïb, per tutti qucfti rifpctti ,& le orfero in- terne vnaprontifliraavolontàdifcmpre feruirla; laqualefemi farà gratia di eflercitarccolcomandarmi , Ci corne la fupplico, procurero che conofca da gli efFetti , la ofleruanza &: larFettio- ncûngolare,cheio le porto. Con che faccio à V. S. illuftrnT. humilifsimamente riucrenza. Di Roma , li 9. di Giugno, 1604. D V. S. ILL. ET REV. Humiliffimo feruitore Il Cardinale Vifcontc. ARGVMENT. Son esleâion au Cardinalat , caufe de ioyeaîa Court Romaine, ALU ILLVSTRÏSSIMO ET REVERENDISSIMO Sig. mio oflferuandifl. il Sig. Cardinale del Pcrronc. îlluftriiT. teReuerendiff. Sig. mio OfferuandifT. LA dignità del Cardinalato , collocata dalla Santità di N. Signore , ncllapcrfona di V. S. illuftrifsima.hàdato giuftat O o iij LES AMBASSADES caggione di allegrezza à tucta quefta Corte , che fin dal tempo ch' el!a quïdicde faggio délie fue virtù , defidcro di vcderla bo- norata con quefta teftimonianza dclfuo molto valore. 10 dal mio canto , in quefto dcfidcrio fon certo d'cflere paflato innan- zi ad ogn' altro, & perônondeuocedereadalcuno, nell' allc- grczza quale èftata caufach'io mifiamofloàfarglenefedeper mczzo di quefta , con laquale infieme la fupplico à riceuerc be - nignamente quefta dimoftratione dei mio particolare affeto verfo di lei-, aisicurando fi chc non t cofa ch' io defideri piïi , che potere con qualche effettodiferuitùi, verfo la perfonadi V. S. îlluftrifsima.far conofcçrc quanco fia grande la miadiuotionc Se olîcruanza, verfo la Maefta del Re, dallaqualc veggo quant© fia amara & ftimata la perfona diV.S. illuftrifsima,àcui per fine fo humilifsima riuerenza ,& defidcro daDiOjfeliceftat©. Di Roma,li9. di Giugno,i6o4. D. V. S. 1LL. ET RE V. Humiliflmo feruitore. IlCard.d'Acquauiua, A R G V M E N T. Que de long-temps ce If honneur luy ett cieu. AI,L' ILLVSTRISSIMO ET REVERENDISSIMO Signormioonreruandiû'imo>Il Sign. Cardinale del perronc. llluftriflimo &c Rcucrcndiflîmo Signor mio offer- uandifEmo. El Conciflorio di quefta martina^ piaciuto a N. S. honorare la perfona v. s. illuftrifsima,conladi- gnità del Cardinalato, douutale, tempofa,per li fuoi molti meriti : Elettione , certo , feguira con al- legrezza particolare di tutto il facro Collcgio , alqualc fi aggre- ga foggetto ditanto valore, &ottimequalïtà. McneraHcgro ET NEGOTIATIONS. Liv. n. 1*5 côn v. s. illuftnflf. per nfpctco di fc ftcfla,quanto me fia ralleo-ra- to per l'acquifto fateo dal Collcgio 5 & pregola effieacemence à fauorirmi co'l comandarmi in tucro qucllo me giudicaràbuono fcruirla,chc me farà caparra,me habbia dato luogo nella fua gra- cia , allaqualc mi racomando affettuofamente. Et humilment- le bacio le mani , pregandolc da Dio, continua t'rïidtà. £)i Roma, U9. de Giugno, 1604. D. V. S. ILL. ET RE V. Huwilifjîmo firuitore. Il Cardinale Cefi. A R G V M E N T. Vteu remercié de fes vertus recompeufees. A LU ILLVSTRISSIMO ET REVERENDISSIMO Sig.mio Ofleruandiff. il Sig. Cardinale dcl Perrone. llluftrifsimo 6V: Reucrcndirsimo Sig. mio Oflcr- uandifsimo. Ingratio il Sig.Iddio.chequcftamattinahàprc- miato le tante virtù e meriti di v. s. illuft. con la di- gnità del Cardinalato. Et io corne tanto feruitoro iuo , ne fento quel contéto che deuo> c mi rallegro con tutto il cuore, con v. s. illuft. afsicurâdola che Ci corne rhofempreofteruata per le rare qualitàfue,cosi la fer- uiroancorainognioccafione. Frà tanto, di tutto il cuore prego il Sig. Iddio,chccontinuidi profperarla , di bcn'in meglio. Et humilifsimamente baciandoîe le mani ,fo fine. DiRoma, lis», diGiugno, 1^04. D. Y. S. ILL. ET RE V. Humilifs'mo feruitore. Il Cardinale Giuftiniano. %96 , LES AMBASSADES ARGVMENT. Nôautl office de c*MOtyff*nce de fd merhee promotion, ALL' ÏLLVSTWSSIMÔ ET REVER EN DISS1MO Sig. mio OffcrUandiff. il Sig. Cardinale de\ Perronc. Illuftriff. & ReucrcndiflT. Sig. mio. OfleruandhT. E neviene dordinediN. Signore, à portar labcrrettaCardinalitiaà V. S illuftrifsima* il Signore AlefTandro Strozzi ,Cameriero fegreto di S. Santit^laqual occafioncmi fa rinouar conlei , quel guftochepuo perfua- derfi ch'io habbi lenrito de la fua promotio- ne, poiche'faanco quant' iol habbi proeù- rata,&defiderata. il chedouendole rapprefentar viuamente,. il medefimo Signore Strozzi , in voce, lapregoàcredcrli tut- to quelle le dira fop'a di cib ,poicherimettendomiioallafua relatione.non mi ftenderbinaltrojcheinbafciarlelemani, & pregarle daDio,ogni maggior profperità & côcenro. DiRoma, U 16. di Giugno, 1604.. D V. S ILL ET REV. ÏÏumihfflmo fer tu fore, rl Cardinale Aldobrandino, ARGVMENT. Les preuues données Je [on excellent efêritjcnfiient yn chacun en defm wminuel de /on adudncemem* ALL' ET NEGOTIATIONS.Liu.il. *5>7 ALL'ILLVSTRISS. ET REVERENDISS. SIG. MîO OiTeruandiflf il Sig. Cardinale dcl Pcrronc. IlluflriiT. Se ReuerendifT. Sig. mio OflcruandifE Oftra Signoria illuflr iTîma , hà dato fempre cofi buons aggio dcl fuo valore c bontà , che lia tenu- to ciafeuno in defiderio continuo di vedere nella per- fonafua, la dignitàdel Cardinalato. Ilcheetiendo feguitohora , con vniuerfale allegrezza, &con p-ienacomen- dationc de fuoimerici, porge à me occafione di rallegrarme- ncconvoftrafignoriailluftriffima, di tuteocuore, fiperquefti rifpecci, corne per il defiderio , che ho hauuco fempre d'ogni fua grandezza, &c clTaltationc DioN.S. concéda à voftrafignorïa illuftrrtîima , molti anni di vita,accib poflagodere queftadi- gnità, con quella concentezzache lei ftefla defidera. Nel refto, f appia ch'io le viuo feruitore dcuotiffimo >. & che non potrô ri- Ceuermaggiorfauoredalei , chedi clTer' fauorito di qualchc fuo comandamento: diche fupplicandonelapiùchepofïb,rne leracomando ingratia , &c humiliiTamamence le bacioic manu Di Capua,ildn6. de Giugno, 1604. ^ D. V.S. Illvstriss. et Revep endiss, Humhfîimo feruitore. Il Cardinale Bcllarmino. ARGVMENT. le Reu.rcnd Pere sXnfelme Monopoli , Religieux très- deuat , de lOrdre des Capucins , ejïoit Prédicateur du Cardinal ~Aldobrandwy durant fa Légation , four traitter la paix de Sauoye , lequel recognoif- fantl\xccUenccde [on tfy-it, obtint du Pape Clément Vlll.fon on- cle, qutl fujiauecnojlre Car dinde sic ut a cefle digniïé : dont illuy eferit ce mot de coniouyfjance } accompagnée de loiianges tres-celebres , & d'y- neaffeftion particulière en [on endroit. 15Î LES AMBASSADES ALL' ILLVSTRISS. ET REVERENDISS. SIG, Mio. Ofleruand. il Sig. Cardinale dcl Perrone. Illuftrifl". &c ReucrendifT. Sig. mio Ofleruandifl". L merito fingolare di V. S. illuftriiîima , cra debi* camolco tempo fa,ladignità dellaquales'ècom- piaciuto hora N. Signore,di honorar la fua perfo* na : &c è obligo délia mia oflTeruanza verfo di lei, ch'io le fignifichi con la prcfente, il parcicolare gufto che ne lento, concorrendo con gli altri à riconofccre ncl- la promotioncdi V. S.illuitrifTimajbenefitionotabileallaSan- ta Chiefa, fodisfatcione vniuerfale di tutta la Corte,&: aumentû d'honoré al Sacro Collegio, nel quale efTendo rcftatoferuito N. Signorc,di porrcancora me, fc bcncdi merito moltoinfe- riorc, deuo offerire , come fb con quelle righe, à V. S. illuftrif- fimajamiaferuitù.qual'ellafi fia, &fupplicarla chcinquefta fualontananzadaRoma, voglia elTercitarlain'ognifuaoccor- renza, ficufa che non potrà farmi , ne più accctta , ne più fingo- lar gratia. Etio tràtanto, le baciohumiliflimamcntclamano« Da Roma, li 16. di Giugno 1604. D. V. S. Iliuftriff. & ReucrendiC HumiUfsimo feruitore* Fr. AnfelrnodaMonop. Cardin. ARGVMENT. Von rejpottd a [es remerciements de coaiMtJJ'ance t aaec demorj/frd* tx$n de refëctl & d'amitié. ALL' ILLVSTRISS. ET REVERENDISS. SIG. MIO OfTeruand. il Sig. 'Cardinale dcl Perrone. IlIuftriiT. & ReucrendhT. Sig. mio OfTeruandifl. LEamoreuoliiîîme rifpofte fattcdaV.S. illuftriflïma , alla lettera , ch'io le fcrifli, per dar le labuonanuoua fua pro- ET NEGOTIATIONS.Liu.ii. 299 motioncal Cardinalato, mihanno talmcncc rinouato il gufto ch'io ne hb fentito , che non mi fono potuto contenerc di non replicar le con quefta mia , & dirlc con effa> ch'io fono ftatOj&farbfcmpre tanco fuo amico& feruitore , che fpero ch'cllafiapercôferuarmiramorechemi rapprefenta di portar- mi , &c che mi corrifponderàà qucllo ch' 10 porto à Ici , &al merico & valor fno., anzine fono cofï certo , che quando non nehaueffilc promefTeche à Voftre fijnotia iliufhifTima épia- ciutodi farmene con le fudetee fue lettere, mencafficurarei foloconlafolafincerità & bontà dell' animo fuo. Diomifac ciagratiach'iopoflapreftoabbracciarla & leruirla di prefentia, corne eftremamente defidero Et co 1 fine , le bacio humiliiïi- mimentelemani. DiRoma, li iz. di Iuglio,i6o4. D.V.S. Illuftriff U Reuerendill. Hurmhfiimo feruitore. U Cardinale Aldobrandino. ARGVMENT. Les pr< mkres a fiions de grâces a noftre Sainft Pere , pour fa pro- motion au Cardinalat* SANCTISSIMO A C BEATISSIMO DOMI- noN. D. Clementi VIII. Vniuerfalis Ecclefia: Papa:. Nde ordiar ? Beatimme Pater , Quid dicam > quo me vertam?Mens ftupet>lingua hasret , manus tor- pet, nec vlla mei pars fuum officium facit. Ah, A h, Ah, Domine(inquitProphcta)ncfcioloqui. Tan- tis me veftra Béatitude beneficiis cumulauit, op- preffit, obruit,vtnecoculos adillamtollcrc,necyoccm emic- tere,nccdigitorum articulosmouerepoflîm.Erumpam tamen, & balbu tiéti licèt ore reftificabor,neminé efleeorû quos vnquâ V- S. ad facri Cardina-latus honoremeuexit,qui maiorequàrn ego afFe&u , V. Bcat.infebeneuolentiam comple&atur, colac &adoret. Eoquefecuriùs idaffirmabo, quoneminem eflequi paucioribus mericis inftru&us , tantum munws à V. Beatitudi- 3oo LES AMBASSADES neadeptus fit, ingénue profiteor. Debueram certèeo ipfo tem- porisavticulo.quomihiprimumilliusbenencii nuntium allatu eft, in gratiaruma&ionestotummeprofundere, &: V.Beacitu- dini animi mei fenfum &:gratitudinem fcftinantibusliterisfi- gnificare: fed continuit me fubrufticus quidam pudor,cùm co» gitarem nondecere vt V*. Beat, quam femper quafi numen ter- reftrc,fufpexi,epifl:olis meis alloqui&violare auderem,antc- quamipfa Bréuifuo Apoftolico mihiosaperiret, & filentij ac metus fimul vincula folueret. Id auté cùm fperarem propediem futurum , contigic vt tardius ad me inDiœcefi meacommo- rantcm.V. Bcat.Cubicularius D.Alexander Strozzius,obcau- fas nonnu/las V.S.gratifïimas futuras,perueniret. Hoc vt vcftra San&itas mihi ignofeat, illûdque potiùs pudori ac fummas erga ipfamobferuantia?,quàm ftupiditatiaut tarditatiafcribat,fup- pliciter obfecro ôc oro. Veniet,Deo afpirante, tenipus, cum ce- leritateobfequij, hancmorameloquijcompenfabo,&: ad exe- qucndamandataSedisApoftolicÇjvbicunque V.B. iuflerit,non curram,fcd volabo. Intereapedibusfuis obuolutusacfupplex, ipfamobteftor, vtquicquidfenfus,afFe&us, gratitudinis ani- mus dcuincliflimus , deuotifïimus , deditiffimus, capere & pr#- ftare poteft,id fibi V. b. 'a me polliceatur &c expedet,atque infi- mam feruitutem meam , quam illi vt ab initio, fie in perpctuum do,dedico,confecro,acceptamhabeat;fibique perfuadeat me omneminduftriam, vrni,vitamdenique ipfam,pro Scdis Apo- ftolico honorc&VBeat.famulatu.quotiefcunque res poftu- labit,vltro impenfurum.Hoc pluribus verbis illi proteftarer, ni- fiea in reditum D.Alex Strozzii Cubiculariifui, differrem, pet quem ampliores gratias v. Bde tanta in me collocata gratia fum a&urus. Seruet V Beatitudinem Dcus Opt.Max. inmultosan- nos, vt Ecclefia Catholicatanto lumine Ù. columinc diu frua- tur. Lutctiae Parifiorum, die z8. Iulii,anno 1604. BEATlTVDINïS V E S-T R JE HftmïUimm & àeuotifsimm fcruus. I. Cardinalis Perronius. ET NEGOTIATIONS. Lîu.n. A R G V M E N T. Continuant à le remercier des offices qu'il a receus de luy , ilh- fuffUt vouloir accompagner de fa çretetlion & bicnueillunce accofflumce, U lettre qu'il efent a fa Sainâc.é. A MONSEIGNEVR L'I L L V S TR IS S 1 M E & Reuerendi {finie Cardinal Aldobrandin. a Rome. Onseignevr Il lvstrissime, Comme les offices que i'ay receus de V. Seigneurie illuflriflime , furpaflenteout mé- rite: aufli furpalTent-ils toutes a&ions de gra- 1 ces. Les paroles font trop débiles remercie- ' ments, pour de fi grandes obligations. Il faut que la langue fe taife , & que les fci uices par- lent. Et pour ce, iefupplie tres-humblement voftre Seigneurie illuftriilime, m'en donner l'occafion, parl'honneur de vosco- mandements, attendant lefquels,iereuereray ccftefaueur,auec l'affection Se le filence. Ce pendant, i'ay pris la hardiefle d'eferi- revn mot d'action de grâces àfaSain&eté, que ie vous fupplic accompagner de voftre protection &c bienucillancc accouftu- mee: n'ayant ofé me hazarder tant, que deprefumer deluyef- criredeuant le Bref qu'il luy a pieu m'enuoyer :maism'aianc ouuert la bouche , & donne la licence de mettre la main à la plu- me pour ceftcffed , vous adioufterez tant, s'il vous plaift , aux obligations précédentes que vous auez acquifes fur moy, que de luy en faire mes tres-humbles exeufes : & ie prieray Dieu, Monfeigneur illuftriflîme , qu'il vous donne autant d'heur, qu'eft obligé de vous en defirer, Voflre tres-humble , tres-ajfetliotinc & tres-obïtgé fcruiteur, I. Cardinal dv Perron. Pp iij L ES AMBASSADES A R G V M E N T. Ce pieux (fp do$e Cardinal l'auoir préconisé auConfifloirc de fa pro* motion y aucc toutes les fortes de louages deué's à fon meruc& *[aycr- fu: dont il luy rendle> s.Cïions de grâces dignes d'vm- jiejîrottte & parti- culière obligation. o ÀMPLISSIMO ET ERVDITISSIMO CARDINAL! Baronio , L Cardiiialis Perronius, S. Vgiunt me verba, Cardinalis ampliflfime , quibus. mentem meam explicare poflîm. Vox faucibus hasret.-torpentartus. Tôt &tantis beneficiisme tibi iam ar&è deuin&um, ar&iflîmè deuinxifti, vc ad referendam jgratiam omnino impar fim. Fun&us es enim , non folùm amici potentiflirni , fed pacroni diferciflimi erga me oAîcio, & caufam meam in amplimmo Car- dinalium cribunali , & coràm fummo Ecclefiar Poncifice ita egifti , vt clientem tuum , non modo protegeres , fed ctiam immenfis laudum cumulis ornares & onerares. Ad hjectotus ftupeo , nec quid dicam autagam habeo/ Sola: mihj occurrunt preecs , ad quas me conuertam , Deique benignitatem fupplex orem acque exorem., vc quac mihi défunt , (eu verba , feu opé- ra, ad gratitudinem meam fign ficandam , ca illc ipfe gratia fualfupplcat, proque tôt & tantis in me à tua illufrrimma Domi- nationccollatisbcneficiis , tibi ampliflimam mercedem ,&in hoc&infuturofeculo rependat. Hoc agere nupquamccfTa- bo,dumvitafuperftcs,dumfpiritus hos regetartus. Pluribus id tibi proteflarer, nifi praîfens prsefentem alloqui , ac dulciffi- xno vifutuo&fuaiiimmisfermonibus tuis frui breuifpcrarcm. Quodmihi vt concédât Deus, omnibus votisexpeto, méque clientem tuum addi&iiïîmum, tibi patrono meocolcndiiTimos iemper&plurimùmcommcndo. ValCjô&prasfidium, &dul- cc decus meum. Lutcciae Parifiorum , 16. Augufti. 1604. i.lluflri/fimae& RcucrendiflimaE Dominationistua?, Humillimui fcruux, I, Cardinalis Perronius» ET KtGOTI ATÏO N'S.Lio.n. 50$ ARGVMENT. jCynnt rcccu diuerfes cotigrttuUttons de fa part , il luy rend rn fécond remcrciemcnr. A MONSEIGNEVR L'ILLVSTRISSIME ET REVE- «ndiflTimc Cardinal Parauicino. A Rome. Onseicnevr Illvstrissime, Comme les faueurs que ie receu de vous, eftant à Rome, furent extrordinaires : auiïi ont efte çxcrordinaires les tcfmoignages qu'il vous a pieu me donner, de la ioyç de ma promotion au Cardinalat. Car vous ne vous eftes pas contenté de m'honorer d'v- nede vos lettres, mais aucz daigne redoubler cefte courtoifie en mon endroit, & me gratifier de deux diuerfes congratula- tions. le m'en reffents tellement vo (Ire obligé , Monfeigneur 11- luftriAime, qu'il ne refte partie en monamc, auec laquelle iê ne vous rende toutes les très humbles grâces , que ie puis rn'i- maginct. le vous en ay défia remercié vne autresfois , par vné lettre precedenteà cefte-cy: mais cedeuoirneme ferïïbloitpas fuffirc.pour rcfpondrc tout d'vn coup à deux telles obligations: ains la courtoifie ayat efté double, i'ay eftimé en deuoi r aulîî re- doubler le remerciement. Cefte féconde lettre donc fupplcera àceft office, & vous dira ,MonfeigneurllIuftri{fimc, queienc me promets rien de plus cher & de plus doux, au voyage que ie me prépare de faire en bref à R orne, que l'honneur de voftrc a- mitié &C devoftre conferuation. Vous me la departiftes Ci libéra- lement , au premier feiour que i'y fis , que ie ne doute point que vous n'ayez agréable de me la continuer: Et moy ie mettray tant de peine de la mériter par toutes fortes de très- humbles fer- uices, que vous ne m'en iugerez point indigne. le vous fupplie- ray m'en faire naiftre les occafions,cn me fauorifant de l'hôneur de vos commandernens. le les reccuray auec toute humilité ,& le* executeray auec toute fidélité, comme cftant, Monfeigneur illufttiflirae, Vodre tres-humUc & très- obligé fer uiteur. I. Cardinal î> v Perron, 3o4 LES AMBASSADES ARGVMENT. iîîuy fait offre dss voeux de f a très- humble ftruitude, pourrecognoif> fitnce des grâces & faneurs qu'il récent de luy. estant a Rome , & de Chomejlc lettre de congratulation qùil a eu agréable luy enuotcr. A MONSEIGNEVR L'ILLVSTRISSIME ET REVE- rendiflîmc Cardinal Iuftinian. a Rome, MQnseignevr Illvstrissime, le reccus tant de grâces &: de faueurs de vous, eftantà Rome,& ay receunagueres tant d'hon- neur, de la congratulaciô qu'il vousa pieu me faire , de ma promotion à la dignité de Cardinal, que ie ferois coulpable d'vnc extrefme ingratitude, fi ie ne vous en rcmercioisauec toutes les parties de mon ame. Ce mot donc fera pour m'aquiterde ceft office, & vous faire offre des vœux de mattcs-humbleferuitudc> aucc proteftation que ien'auray iamais rien de plus cher, que l'exécution de vos commande* ments. Vous me ferez, fil vous plaifl: , l'honneur dénie les dé- partir auflï volontiers que ie les reccuray : & ie vousconfirme- ray par la promptitude de mon obeïlfance, que ie fuis, & veux demeurer perpétuellement, MONSÏIGNÏ VR lUVSTRlSSIMÏ, Vojlre très -humble & tres-djfeflioxne ferttiteur, I. Cardinal dv Perron* ARGVMENT. îlluy infiNu'èU ioyequtla reffentie d'auoir ejlé honore aucc l»y , du Cardinalat. A MONSEIGNEVR LE CARDINAL Serafin. A Rome, M Onseignevr , Vous pouuez iuger par l'cxtrefme defir que i'ay toufiours eu de voftre promotion, parla gloire ET NE G OUATIONS. Liv. u. 3oj gloire que iccroyois qu'elle apporteroit a noftre ration, par l'amitié particulière que vous m'auez toufiours portée , & par l'cftimc incomparable que i'ay toufiours faite de vos mérites; combien ic m'en fuis rcfioùy : Et encore d'autanr p!us, qu'ayant le bon-heur d'entrer auec vous au mefmc temps,en cefte facree Compagnie, il m'afcmblc que tous les ornemens que vous y apportiez , me deuenoient, 6c pour le droit de noftrc ancienne amitié , &: pour l'vnité de noftre patrie , & pour la conion&ion de nos affections au feruice d'vn mefmc maiftre, en quelque forte communs. le ne nveftendray donc point en paroles fuper- fiuës , pour vous repref enter vnechofe, dont ic vous croyeftrc alTcz afleuré. Seulement vousprotefteray-iequclefeulmoyen que vous auez en main, d'accroiftrclaioye que i'ay receuëde voftrc dignité , eft de me fauorifer de l'honneur de vos commâ- démens. le les reccuray auec toutle refped que doit, Monfeigneur, Voftre tres-humhle feruiteur. I. Cardinal dv Perron. ARGVMENT. // correspond à U comouyfjance de leur commune promotion, AMONSEIGNEVR L'I LL VSTRISSIME ET Reucrendiflime Cardinal Sanefio. À Rome. Onseignevr II lvstrissi mî, Comme il vous a pieu me tefmoigner: par vne tres.-honnefte lettre r la ioye que vous auez receuë de ma promotion à la dignité de Cardinal : Audi vous doy-ie déclarer le contentement que ie reffens 'frp^jPffifêyfè. en mon amc , de ce que V. S. Illuftrifl a elle etlcue a cette mefme dignité. Car eftant lié d'amitié auec Monfieur le Marquis voftre frere, pour laxognoiflance quei'ay 3o 6 LES AMBASSADES eue de fes mérites cftant en Sauoye,&: pour vne infinité de bons offices que i'ay reccus de luy ; ie ne puis que ic ne participe co- rne vn de Tes feruiteurs, à' la ioye qu'il a de voir vos vertus reco- penfees. ic m'eftime d'ailleurs bien-heureux d'auoir efté ho- nore aucc V. S . illuftrhT de la mefme qualité , efperant que ceft honneur commun, nous cftreindradauantagc vous aucc moy, s'il vous plaift,par les Faueurs que ie me promets de voftre cour- toifie,&: moy auec vous, par toutes fortes de feruices que ic vous rendray toutes les fois que vous m'honorerez de vos com- mandemens. Prenez maintenant, ievous fupplie, cette créan- ce de mes paroles , en attendant que ic vous en puifle faire voie les effets , auec autant daffc&ion que vous fçauriez fouhait- ter, Monfcigncur ilIuftrhTime , de Voftre tres-humble t & tres-affctlionaf feruiteur. I. Cardinal dv Perron. ARGVMENT. Les Seigneurs ^Anciens, Gonfalonier de la République de Lacques, chargent MonfieurBmhelemy Cenamy » de luy baifer les mains en leur not & luy reprefenter le contentement qu'ils reflentent ,de [on affociatifin au ftcrè Collège des Cardinaux . ALL* ILLVSTRISSIMO ET REVERENDISS1M0 Signormio oiTcruandiiïimo , Il Signorc Cardinale del Perrone. Illuftriffimo & Reuerendifllmo Sig. mio ofleruandiffimo. Artolomeo Cenami , gcnttlhuomo di quefta Repu- blica,che darà la preienteàV.Signoriailluftrifltma, hà ordine da noi , di baciar le mani in nome noftro rapprcfcntarlc il gufto chc fentiamo délia fua promotione al fa- cto Collegiode' àardinali.Preghiamo per cio V. Sig, illuftriff. f ET NECOT1ATIONS. Liv] n. 307 yecferlo & vdirlo volemicri , & crcdcrgliin quel chelediràda noftra parte. Dicherimcttendociàlui , reftiamo condefiderio diferuireV. Signoriailluftriflîma,& diognifuaprofperità. Di Luccaalfciç. diGiugno,i6o4. D. V. S. Illvst. & Rêver. sA$ettiotMù[Çimi feruiicrii Gli Antiani & ") dcllaRep. GiviFREDi Rapondi. GonfalonieroJ di Lucca. ARGVMJNT. îîfouhahtepouuùirrecogHoi/ïrrparferuices ^lafaueurdeleur congra- tulation. AVX TRES-ILLVSTRES ET TRES-EXCELLENS s Seigneurs , les Seigneurs Anciens , &c Gonfalonier de la Republique de Lucques. Res-illuftres & Tres-Excellens Seigneurs, La lettre qu'il vous a pieu me faire l'honneur de m'eferire , pour la conioùifTance de ma promotion au Cardinalat m'a cfté extrêmement chère, tant pour le refpeft de ceux de la part defquels elle vc~ noit , c'eft à dire, de vous , Très illuftres &Tres-Excellcns Sei- gneurs, qui nvauez daigné obliger de la faucur de voftre côgra- tulation ; que pour le regard de celuy qui me l'a rendue , qui efb M'Cenamy , gentil-homme de voftre République, lequel &c rr.our Tes mérites & pour plufieurs offices que i'ay receus de îuy3 atoufiourseftcmonamy trcs-parçiculier. il vous pourra, Très- _ illuftres Se Tres-Excellens Seigneurs, tefmoigner auec com- bien d'affection & de gratitude, i'ay refTenty cette courtoifie ve- nue de Seigneurs, que i'ay en telle cftime &: reuerence : & com- bien ie defire deJa pouuoir recognoiftre par feruiecs , &■ enuers l'tftat gênerai de voftre République, &,enucrs chacune deves' 5oS LES AMBASSADES perfonncs en particulier. Et pource ic vous fupplie adioufter foy à Ton tefmoignage , & auoir agréable que ic le confirme par ce mot de lettre, & vous afleurc que ic fuis, Trcs-Illuftres & Très-Excellents Seigneurs, Vofïre tres-uffeûionnè feruiteur. I. Cardinal dv Perron. ARGVMENT. tl efpere que itns peu JeUurs l'mportumtè de fes lettres cefferâ, pour eftre fur le point de partira fin de s'aller rendre auprès de fa Sain- Ûeté. A MONSEIGNEVR L'I LL VSTRIS SIME ET Rcuerendiflime Cardinal Aldobrandin. A Rome. Onseignevr Illvstrissime, Commcles obligations que ie vous ay, font infinies : auflî en doiucnt eftrc les rc- mercicmens infinis. Et partantil ne faut point quevous trouuicz eftrangc,$'il vous plaift , fi à toutes les occafions ie vous im- portune de mes lettres. Il cft vray que cefte importunité ceflera bien toft , Dieu aydant: Car i'efpcre , dans le mois de Nouembre,mc rendre au- près de fa Sain&cté, &: de voftrc Seigneurie Illuftciiïime ,fui- uant le commandement que i'ay reccu du Roy , &: conuertir les entretiens des lettres, en l'honneur & la douceur de voftrc con- uerfation , & vous offrir de viuc voix, les vœus & les hom mages demacres-arïe&ionneefcruitude. Cependant entre-cy &que ceft honneur ra'arriue , vous me permettrez de vous en ren ou- uellcr les gages &: hoftages , par cefte bien-humble lettre , & vous aflfeurer que ie fuis , à l'cfgal des obligations que vous ET NEGOTIATIONS.Liv.il. s* Jiucz acquifes fur moy , c'eft à dire infiniment* Monfeigncur Illuftriflimc , Vtfîre très-humble & très -obligé & très*- a fftff tonné feruiteur. I. Cardinal dv Perron. ARGVMENT. Il redouhle ft refiouijfancc ttuec luy , de leur conion&ionen mefmc dignité. A MONSEIGNEVR LE CARDINAL S £ R A F I N. A Rome. ïî($§)}f£ ONS Z IGNEVR, S^^fe Encore que ie vous aye défia eferit vne autrefois, ^mttfê pour vous remercier de la congratulation qu'il vous a pieu me faire , de ma promotion au Cardinalat : Neantmojns ie n'eftime pas qu'vne feule lettre doiue fuffire pour m'acquiter de deux offices , aufquels ie fuis ficftroittement obligé. Car que puis-ie moins faire , que de deftinervnc lettre à part, pour me conioùir auec vous , de voftre tantvniuerfcllcmentdcfiree 6c attendue promotion , & vnc autre pour vous remercier delà ioye qu'il vous a pieu me tefmoigner de la mienne ? Ce fera donc pour fupplecr à ce double deuoir , que ie redoubleray la licence que ie prens de vous eferire; Et pour vousaffeurer que la grâce que i'ay receuë de fa Sain&etc, m'a efté d'autant plus agréable , quelle m'a fait l'honneur de me conioindre de dignité auec la petfonne du monde , à laquelle i'eftois le plus conioint d'affedion &: de feruicude. Vous m'obligerez tant s'il vous plaift , que de le croire , & ie feray en forte que vous aurez fuiet de le croire, lors que vous aurez agréa- ble de me départir vos comirundcmsns. Car ie les execute- 04 »J jfg LES A MB AS S AD ES ray , aucc tant d'arîe&ion & de promptitude , que Vous cognoï* ftrez que ie fuis, Monfeigneur> Vcflre très -humble feruitewr, . I. Card. dy Perron» A R G V M E N T. Il luy donne aduis de [on proche partement ypour S acheminera Rome: fâ* luy confirme la fatisfaclion qu'a le Roy , de [es feruicer far de /<*. A MONSIEVR. DE B E T H V N E,. Confeillcr du RoyJcnfonConfeild'Eftat}& Ton AmbalTadeur. a Rome, ;fj||i|ff Onfieur , ic fuis fi nouucllement arrriué en ccfîé iSîffïlfli Court , que ie ne vous en puis pas encore mander S§*$f5|- beaucoup de nouuelles , finon que le Roy me def- pefche , pour vous aller trouuer au pluftoft. Cela , comme d'vn cofté , il me refiouitpouri'efpcrance que i'ayde vous voir en bref, Se de vous remercier en prefence& par paroles, des fignalez offices que i'ay receus de vous : Auffi m'attrifte t'il de l'autre , pour le peu de loifir & de moyen qu'il me laifTe, de vous en remercier parles effets; m'oftant la commodité de vous feruir quelque rcmpSjdefolicitcur auprès duRoy deMonfieur voftre frère, ie n'obmettray pourtant auant mon partemenr, qui doit cftre dans dix ou douze iours,&en parrant , de leur ramemeuoir à l'vn & l'autre, ce que ie leur ay défia ramenreu par plufieurs fois, afçauoir combien il importe que vos méri- tes & feruices foient recogneus. Et àcela,la difpofition eft telle en l'efprit de fa Maieu:é,& enceluy deMonfieur voftre frerc, que icn'ay regret, finon den'auoirle tempsdcmet'ouucraux occafionsquifepôurroncprcfëntcr dei'cffecluerjafin.d'y auoir. ET NEGOTIATIONS. Liv. n.' fit quelque parc On vous rappelle au printemps prochain , à cefte intention :& s'il s'offre entre-cy& là, chofe digne de vous, ie croy fans doute , que vous trouuercz qu'elle vous attendra, pour vous receuoir aucc rétribution du contentement que le Roy a de vos feruices , qui eft grand , comme outre les tcfmoi- gnages que i'enay eus de la propre bouche de fa Maiefté, Mon- fieur de Villcroy m'en afTeura hier fort particulièrement. Ce- pendant fi eftant par delà , la folicitation de mes lettres peut aucunement fuppleer le défaut de celle de mes paroles , ie n'auray point de cefle , ny auprès de fa Maiefté, ny auprès de Monfieur voftre frerc , que ie n'en voyercffetaccomply. Et fur cefte affeurance , vous ayant & à Madame , très- affectionné- ment baifé les mains, ie prieray Dieu, Monfieur , vous auoir en fa fainetc garde, De Fontainebleau, ce 2.$. Voarctres-Aff<{\io»nécr'tres-ob\igè dcSeptemb.1604. feruiteur. I. Card. dv Perron: ARGVMENT. fi U remercie ie [es remerciemensl A MADAME DE BETHVNE. a Rome. JVAVE Adame , Les remerciemens dcfquels il vous plaift jfâMfir v^cr cn mon cn^r0'c 1 f°nc nouuelles obligations. JgX^fi Vous auez daigne imputer à faueur , ce dont ie me fuis acquité par deuoir > afçauoir les actions de grâces que ie vous auois rendues , à Monfieur l'AmbafTadcur &: à vous. Cefte courtoific mérite encore vn nouueau remerciement : A cela ie dedie cefte lettre , Se vous fupplie la prendre pour vn gage de l'affection &C du defir, quei'ay dcconu*rtirmcs paroles en feruices. Ce fera pat tout où il vous plaira , à Monfieur rAmba(Tadeur&àvQUs,mîiugcr digne de ce bon-heur. Vou« fi* LES AMBASSADES me ferez l'honneur de le croire , & de me tenir, Madame , pour De Fontainebleau , ce 10. Voflre tres-affetlionnécr obligé Septcmb. 1604. ferutteur. I. Cardinal dv Perron. ADVERTISSEMENT. Dans vne lialTc de papiers qu'vne mauuaife cote & la lon- gueur du temps, auoient fait comme négligeras pièces fuiuan- tes s'y (ont trouuees , que l'on a penfë deuoir eftre mifes au iour. L'ordre & le rang n'y eft pas bien obfcrué : mais le défaut en fera aifément fuppleè par le plailîr &: le contentement de les voir. ARGVMENT. Lt premier e de ces pièces poflpofees t ferai* pr~ fente lettre que Mon- fieur d'OfJxt , depuis Cardinal ^e/crit de Rome au Roy ylor s du retour de noftre Preht y pour célébrer fes louanges fes feruices. AV R*OY HENRY LE GRAND. I R I, Monfîeur d Eureux, qui s'en retourne ver» voftreMâiefté, vous rendra conte de toutes les chofes de deçà , tant pafïees depuis fa ve- nue, que prefentes. E t partant , ie n'entre- prendray de vous en rie dire pour ceûe heu- re, ïl laifle vn grand regret defoyàtoutc xcefte Court pour les rares qualitez que Dieu a mifes en luy, co- jgneuës de voflre Maieftélong-tempsy a. Outre la prudence,. £deliré,zele & bon heur qu'il a porté au feruice de voftrc Maic- a encore par fon fçauoir , fait honneur à noftre nation , en toutes les compagnies des grands ôi fçauans perfonnages où 1 î s'eft ET NEGOTIATIONS.Liu.u. ^ s'efltrouué. Auflîa-t'ilfaitvnegrande &: honorable dcfpenfe,. receuant& appcllant ordinairement à fa table tout ce qu'il y a eu déplus dode &polyà Rome. Et pour mon regard, de plu- Ceurs faucurs & honneurs,qu'il a pieu à voftre Maicfté me faire, ieluy fuis principalement obligé, pour m'auoir affociéen vnfi grand affaire , auee vnfi.grand perfonnage,- duquel ieconfefTe auoir beaucoup appris»non feulement en matière de feiences &c lettres, mais aufli d'affaires, A tant ie prie Dieu,qu il vous doinc,, S I RE,en parfaire fanté, tres-Iongue Zc tres-heureufe vie. De Rome, ce 28. Voûre tres-humble , # tres-dcwt fuiet Mars, 159;. ejr feruitcur. A. d'Os s a t. A R G V M E N' T.: %Ayàm a fan rétour d'Italie publié & célèbre les louanges de fon *Altif- fc i& fittisfait aux adions de grâces , des faucurs ejutl en auoit recettes* elle t'affe ure que recueilli nr ; non desfuesUes oh des fleurs , mais desfruiâs din/tdoux & en fi grande quantité de fa courtoifie , fon deJîr.eÇÏ d'autant plut grand de f employer k fon feruice & honneur^ quejl exceffif celuj qu'il a laifj yniuerjcllcment par de là, de luy-mefrne. Al MOLTO ÏLLVSTRE ET REVEREND. MONS. il Sign. Vefcouo di Eureux. Molto Illuftre &: Reuerend. Monf, E in alcun tempo o luogo,io hb fattoà V.S.dimo- fttatione alcuna dciraffettionatifsima ftimache io le porto , fi corne non ho dubbio, d'hauer la fe- minatainterrcnoc'hàeccellente virtù diprodur- re,cofii ringratiamenti c'hella me n'hà voluto rendere,tardi o per tempo,con la fua gratiofifsima lettera,come - veri tcftimonii délia corrifpondenza del fuo amore verfo dei- miojfonoanzi che no,fruitti gratifsimi,chcio ne raccoglio:' màaggiugncndoeifipoi, gli officiidUodechclla và fpargendo f 3i4 LES AMBASSADES per tutto , in honor mio, quanto più Ci deuon pregiare,vfcencl0 dafoggecto dicofifingolar bontà &: valorc, tanto meno deuo io dubitar délia fcrtilicà del fuo tcrreno,poiche il feme del mio affetco , ne va cauando, non frcndi ne fiori, ma frutti cofi dolci, 6>C in canca copia:La onde facendofi il merito di V . S. apprefTo di me, fempre rnaggiore,vorrei anche maggiormente certificarla di quanco io mi Tenta tenuco allaamoreuolezza fua : ma per ho- ra mancandomi gli erTetci , gradifea le parole,cio è,le grati'e che io glicnerendo&habbiafîrma ficurrezza che fia cofi grande il defiderio mio d'impiegarmi à femitio &: honor fuo , corne è fta- toeccefsiuo quclloch'ellahà lafciatovniuerfalmentequà,diie fteflfa, allaqualeprego Diochedoni ogniprofperica. Dell' Anv brogianaji 4.diNouembre,i596. sAl feruitio dt V . Il Qrand DucadiTofcana.' ARGVMENT. ofpres U Conférence de Fontainebleau , le Pape i'honûredeceBref de congratulation. VENER ABILI FRATRI, IACOBO EPISCOPO Ebroiccnfi, Clcmens Papa V i n. EnerabilisFrater,falutem&: Apoftolicâ bcnedi&io- nem. Magnus Domtnus , & magna virtus eius , qui feruosfuosprofldeiCatholicae veritare, fan&ozelo pugnanres,diuinifui numinis praefidio femper tuc- »tur, & eos, qui in felici contentionis iludio , errores , &: fal- «{itatem propugnant , deiieit, & confondit, & implet facieoi j^coium ignominia , vc quarrant , bac faltem falucari confufio- ne permoti , raomen eius , &: ab itinere fempiterni intentus, ad viam falutis conuertantur. Vidimn* fumma cum volu- *'ptate , [itéras fraternitatis tuse , quas ad dile&um filium no- »ftrumPetrura j Cardinalem Aldobrandinum.noftrum fecun- „4ùm carnem nepotem, décima Maii Parifits dedifti , quibus ET NEGOTIATIONS.Liu.il. 515 diligentcr exponis qua: a&a cranc inter te,&: Heflifium , ho-« minera nobilem quidern,fed à Catholica Rcligionc alienum,^ de locis fan&orum Patram ab eo corruptis , &: falso addu- c"tis : agnouimûfque in eo perfpe&am piecatem , & pruden- tiam carifllmi in Chrifto filii noftri Henrici Francorum Ré- gis Chriftianiffimi, qui nihil fibi de Rcligione ailumers, ac palàm profclTus nihil fe in ea dubirationis habere ,eiûfque rei omne iudicium ad nos , atque ad hanc fanetam Sedem, in qua immeriti pr«efidcmus ,pertinere ,id folùm in eo congref- fu agi voluic , vtrùm ex ipfa fola librorum infpectione , ap- parerec locos Patrum , vt eu aflerebas , ab eodem Pleflïfja corruptos,ac falso produ&os fuifTe. Quod tàm manifelte à te,vc feribis, comprobatum eu , vt Rex Chriftianiffimus fi- lius nefter , Se caeteri , qui aderant , oculis perfpicerenc , ac nul- lus eidem tergiuerfandi locus relinqueretur ,ac plane ita falfitar tis conuiceretur,vtabiis etiam, qui eius partes fequebantur, fententia contra eumpalim pronuntiaretur. Deo gratias egi- mus, qui veritas & lux eft,&: qui mendacmm&tenebras nunc(e ctiamprofl gauir. Vtinamillecrroresfuos agnofeat & detefte- tur,& mulri fatana: mfidiis fcducti.tanta rei euidentia , tanquâ .\cC £bmno.expergefa&i,aliquando intelligant,quibus ridât, & qui-« bus alterna an imae fuçfalutecredant,atqi ieaiuftaindignatione perculfi, falfos magiftros déférât, Se rcuertantur ad vnam fancta Catholicam & Apoftolicâ Ecclefiam , qux fola eft columna, & fîrmamentum veritatis : quodeertè fumma Dei clementia, fu- turum confidimus.Te quoque,frater, prçclarè,vt foies, pro Do- mo Dei adnitente,cui ob infigné hanc acîionem gratulamur,&: pro noftro erga fraternitatem tuam amore , hanc tibi animi no- ftri lastitiâ.per literas fignificarc voluimus, vttantoalacnùs cau- fam veritatisjpfo Deo iuuantc,tueri pergas : atque vt id frater- nitatituœ.ad Deigloriam,& multarumanimarum vtilitatem profperèfelicitérqucfempereueniat, nos tibi Apoftolicambe- nediclionem noftram,toto affedu impartimur.Datum Romç, apudfanctum Petrum,fub Annulo Pifcaroris, die 2,6. Mail. Anno Jjubilei i^oo.PontificacusNoftriAnnoNono. c« Silvivs Antonianvs Gard. " - ARGVMENT. f* ~ Cette lettre efi vu tres-doâe (p tres-elegant epitomedela Confièrent »>ce de Fontainebleau , que Monfeigneurle Chancelier de Bellicure luy ad- dreffe > fur la publication du faux difcours de la mefme Conférence : dans la tiffure de laquelle esl compris, qu'il n'y a viande fi faine, ny remède fifa- lutaire,quine puiffe nuire À quelqùvn ; & rien de fi inconfiant , que leiw gementdes hommes. Que les play es font profitables , qui fereçoiuent pour paruenir a la cognoifjance de Dieu. Qttil ne faut pour conferuer quelque humaine réputation, s'oppofer a ce que l'on ejîime eftre de la vérité' de l'g- ttangile. Quel' Efcriture défendant ejïroittement de mefdire du f rince du peuple , il efi Sautant moins tolerable de luy imputer chofe faufje & con- tinuée. Outre vne infinité' d'autres riches & remarquables fentences% pleines de pieté & d'érudition Chrétienne. [A MONSIEVR L'EVESQVE D'EVREVX, Premier Aumofnier du Roy , 6c Confeiller au „ Confeil ô"e ftat de fa Majefté. Onsievr, Gomme il n'y a viande fi faine , ie diray remède fi falubre au corps , qui ne puuTe nuire à quclqu'vn s'il en vfe mal à propos , le mefj meic diray des a&ions des hommes, tant foient clic? confiderecs : Il fc trouue toufiours des efpries qui afleurent , encore que peut eftre ils ne le croyent pas , qu'il y a quelque chofe à redire. La Conférence de Fontainebleau, fur le defty qui vous fut porté de la part de Monfieur du pleflîs, lcnousenfeigne fi clairement, que ie me confirme en l'opinion que i'ay eue dés long* temps, que de toutes les incertitudes que nous voyons en ce monde, il n'y a rien de plus incertain , que le iugement des hommes. Vous joiiy (fiez du repos de vos cftu- desenvoftremaifon de Condé, quand la nouuelle de ccdefïy vous fut portée , & ie me tr ouuois au plus fort des affaires de ma charge quand l'aduis m'en fut donné. MonfieurleNoncedefa . Saindetcmc vinttrcuuerleiourfuiuant, pour mercmonftrer "qu'en façon du monde on nedeuoit fourTrir que l'on entraften >Mifpute des points qui font refolus par le Côcile: Que fi le Roy »lc permectoit , il y auroit à craindre que l'on n'entraft en £T NEGOTIATIONS.Liu.il. 5i7 opinion , que le Roy fuft en douce de la Confeflîon & pro-c< fcflîon de foy qu'il a iurec &: fignee. On a fçeu ce que fur ce fait , Monfieur de Bourges & Monfieur de Troyc en di- rent au Roy, eftantau Bois de Vincennes. Monfieur l'E-" uefque de Paris déclara defe trouuer en peine, queceftedif- putc fc fift en Ton Dioccfe. Monfieur le Cardinal de Gondy mercmonftra l'importance de ce fait. le n'eu à faire autre ref- ponfe, fi ce n'eft que ie mettrois peine dctoutcequidefpen- droit demoy, à ce qu'il ne fe fift rien qui fuft mal à propos. Le Roy eftant de retour du Bois de Vicennes,me fit ceft hôneur de me dire ce qui pour ce regard,eftoit paflé audit Bois de Vicénes, & qu'il trouuoit bon que l'on fçeuft la vérité de ceft affairecqu'il vouloir que ie fçeufle quelle eftoit en ccla,larefolution de Mr du Pleflis, qui peu après me vint trouuer en mon logis, &: me fît quelque plainte de certains mots contenus envoftre refponfe, C'eft tout ce que pour lors ie recueilly de luy. Depuis , voyant le Roy auparauant qu'il s'acheminaft à Fontainebleau , il me dit qu'il vouloit que i'y alIafTe , que vous vous y trouuericz, comme auflîferoit Monfieur duPlefsis. le vous vy audit Fon- tainebleau, a monarriueefa Majefté me demanda fi ien'auoisft pas aduerty Monfieur du plefsis d'y venir , fuiuant la charge* qu'elle m'en auoit donnée. le refpondy que ie n'auois pasre tt cueilly > de ce qu'elle m au oit dit , lors qu'elle partit de Paris, qu'elle m'euft doue ce comandement. Deux ou trois iours après furuint Mr du Plcfïïs,qui dit au Roy qu'il eftoit venu à Fontai- nebleau , incertain fi Monfieur d'Eureux vouloit pourfuiure Ja Conference.dont l'ô auoit parléà Paris , qui eftoit la caufe qu'il n'y auoit point fait porter de liures.mais qu'il n'auoitvoulu fail- lir de feprefenter à fa M aiefté, afin que fon abfcnce ne donnaft point d'auantage à ceux qui s'en voudroict preualoir à fon pré- judice.Depuis il me vint voir en mon logis , & me bailla vnc re- queftcjqu'iladdrcflbitau Roy, contenant à quelles conditions il fc vouloit foumettrcàceftcConferencc.Monauis fut, qu'elle vous fuft comuniquee. Vous priftes la peine de me venir voir, & confideraftes cefterequefte,& le rapport que ie vous fis,de ce quei'auois recueilly du dire de Monfieur du Pleffis. Voftreref (( ponfefut,queneluypouuiczaccorderce qu'il demandoit que<{ luy baillaflîcz par écrit les cinq céts fauftetez, dot vous promet- tiez faire apparoir en la Conférence : dautant qu'il iroit autant* , Rr iij 3ïS LES AMBASSADES de temps à les tranfcrire,auec les raifons pour iuftifier voftre di- 're^u'en auiez mis à écrire voftre liure.Depuis,Mofieur du Plef« "fis me bailla vneautrcrequefteaddrcffeeau Roy, peu différence »àc la premiere,fi ce n'eft qu'il adioufta,qu'il fc contenteroie que lefiiicces prétendues faulfecez fuflenc baillées entre les mains de deux notables perfonnages , qui auoient efté nommez pour iu- ges. Voftre refus fut fondé fur les mefmes raifons qu'auiez dic- tes, pour refponfe à fa première requefte. Monfieur duPlefsis perfifta en fa demande3&: dit que fi on laluy refufoic , il ne pou- uoit auoir autre opinion, fi ce n'eft qu'on luy vouloic vferde ftip^rcheric; & que s'eftanc trouuez en vn fi grand nombre, cinq ou fix paflages , où peut cftre il fe trouueroit quelque chofe à mordre, qu'on romproic la Conférence ; & au grand preiudicc de fa Religion, on feroit le mefmc iugement des autres. Qu'eftanc le Roy, Catholique , il eftoit comme con- traint de defauorîfer fa caufe . pour contenter les Catholi- ques. Audi que le lieu où fe feroit la Conférence feroit plein Z de Princes , Seigneurs , Gentils hommes , & autre fi grand ''nombre de Catholiques , que l'on n'efcouteroic pas Ces rai- *>Cons , &c fe feroit des rapports de ce qu'il auroit refpondu , tout ^contraires à ce qu'il auroit dit. a quoy ie refpÔdy, qu'il n'y auoic pas vne perfonnc au monde plus libre que le Roy : Que fa Ma- jefté , comme cous nous , a vne ame à fauuer : Que la cognoif- fanec de la vérité nous meinc au chemin de faluc : Ec que les vns& Iesaucrcsnepouuons dire que fa Majefté euft aucun in- tereft encefaic,finon de f'efclaircir de la vericé. QuancauxPrin* ces Se aucres Catholi q-ucs,qui fe trouuero'ient en cefteCôferen- çe.lc nombre ne luy pouuoicapporcer aucun preiudice : car ce qui y fcroicdic,feroicefcric&fignéde parc & d'aucre : Ec fi l'on faifoic quelque rapporc concraireàlaverite , la fauflecé feroit conuaincuë, par ce qui fe trouueroit figné de part & d'autre. Sur ce,nous vouspriafmes de vouloir aduifer au contentemeneque pouuicz donnera Monfieur du PlelTis. a quoy vousrefpondi- ftes, que pour luy cefmoigner que vouliez vfer debonnefoy, &c ' luy oïter le foupçon où il eftoie encré,qu'apres auoir côferé cinq "ou fix partages, cefte Conférence fe pourroicropreau preiudice Jîde fa repucation: que vous offriez de propofer prefenremée cin- quante paflages de fon liure , que vérifieriez en moins de deux ^heures eftrefaux,& les 4. cents cinqu are reftants, en neuf iours ET NEGOTIATIONS. Liiur. 3i9 fuiuantsrvous obligeant de ne parrir de F6tainebleau,quen'cuf '< fiez fatisfait à voftre promefie. Nefeftant Monfieurdu Pleftis£f concerné de ceft offre, Meilleurs deRofny> PrefidentdeThou,(< pithou,Mart!n,Cafaubo &c mcy,nonsretirarmesàpart,pouren t délibérer. Ce fait, iedy à Monfieurdu Pleflis, quelefdits Sieurs fufnommczcftoient d 'aduis,cômeauflicftoit lemicrijque vous vous eftiez mis à la raifon,&: qu'il ne dcuoit refufer voftre offre. Ce ncâcmoins il perfi fta de ne pou uoir accepter la Confei ence, fi cen'eftoitaux conditions contenues en fa dernière requefte. Ic luy dy qu'il y deuoit pefer: car i'efti mois que le Roy voudroic fçauoirla veriréde ccit affaire : Qu'il deuoit délirer que cela fe fift pluftoft en fa prefence qu'en fon abfence:Si en chofes fi faill- ites &: facrecs5il auoit eferic cotre la vérité, cela luy tourneroit à très- grand blafme : S'il eftimoit d'auoir eferit la vérité , il feroit tort à fa Religion de ne le fouftenir. S ur ce.il fe retira à part auec McfiuursdeRofhy &Cafaubon, & en fin ne nous fit autre ief- ponie, finon, qu'il ne fe pouuoit départir de fa demande. Sur ce, icmeretiray cnmon logis, &c de tout ce iourien'oùy parler de>riezconuaincrelafauffeté:queencela,ce n'eftoitàluy à vous donner laloy. Etapres vneaffez longue difpute, vous diftes en fin, qu'acceptiez l'offre de Mofieur du Pleffis,eftiez preft de ve- nir à la Conference.il cftoit lors plus de dix heures du macin,& pout eftre l'heure tarde , la Cofercnce fut remife à I'aprefdinec. Vous fçauez mieux que nul autre comme le tout y pafTa. Le xoy commanda de propofer à la compagnie , pour quelle oc- eafion l'on y eftoit aflfemblé , &ce qu'il defifoit eftre obferué en cefte Conférence. Ce que ie fis en peu de paroles. Mcf- lîeurs les Prefidcnts de Thou Se deFrefnes Canaye , Monfieut Pithou,Monfieur Martin, Moniteur Cafaubon, perfonnages de très excellent fçauoir , èc dont la probité cft cogneue &c louée d'vn chacun , furent députez &: afsis pouriuges. Aueç : eux ie conferay de ce qui fut par vous propofé , & refpondu par ^Monfieur du Plefsis : Nousleufmes&: confiderafmesdiligem- 3>ment les pafTages, dont départ & d'autre eftiez en différent. Ic a,recueilly les opinions , & ce que ie prononçay , fut paraduis commun & fans qu'entre nous il y euft aucune diuerfité d'o- pinions. îcntendsqueMr du Pleffis fait courir vnliure,fe plai- gnant de quelque rigueur , que i'ay pluftoft eue danslccaur, que dans la bouche : Dieu iugera du cœur, & ie me remets au- iugement d'vne fi digne afsiftance , & de ce que.ic dy,& de la fa- çon que i'yay procédé. Iefçayaffezque l'aigreur eft le cocraire aelanegotiation:& fi en cela i'ay fait faute ,c'cft cotre ma epu- ftume,&: contre ma volonté. L'intereftfeul que i'ay peuauoir en ce fait,eft que la vérité fe fçache. Monfieur duPlefsis y a pareil intereft, &luy&:moy«rcndrons vniourcontcà Dieu de nos a- ftiôs. 1 1 ne faut pas refifter à l'efprit. Qui niera Iefus Chrift, c'eft adiré fa parole, Iefus Chrift le niera deuant Dieu fon Perc. îl n'y a point de plus grand pèche , ne plus irrcmifsiblequeceluy qui efl contre le faind Efprit Voulons-nous pour conferuer quelque reputatio entre les homes, nous oppofer à ce quenous p fçauons eftre de la vérité del'Euangilc? Serons nous fi mifera- *'bles Ôc abandonnez de la grâce de Dieu, que de vouloir boucher «nosaureilles à ceuxquinous veulent &pcuuentmôftrer la vé- rité del'Euangile de noflre Seigneur Iefus ChriftrI'ay meilleure opinion ET NEGOTIATIONS. L»v. n. 311 1 opinion de la fynecrité de Monficur duPlcffis qu'il fevueillc« tant cfloigner du bon chemin , que de prendre de fi mauuaifes(< refolucions. S'il a fenty quelque douleur pour s'eftre trouué foiblc en cette difpute, ie le prie defeconfolerenla refponfe* que i'ay Faite à vn hônefte homme qui eft de la mefme R eligion que luy ; Que fi Caluin & Pierre Martyr fc fullent trouuez en fa place, le mefme leur en fuftarriué pour eftrelacaufe qu'il fou- ftenoit, trop mauuaife. ie prie Monfieur du Pleins de ne fc con- crifter point, voulant cfperer'que Dieu, qui l'adoùé de cat d'au- tresperfe£tiôs, lui fera vn iour la grâce de cegnoiftre fa venté. Si maintenant il fent quelque douleur en Ton coeur, pour n'auoir peu refpondre aux obiecîions que luy auez faites , qu il fe con- sole que vous luy auez ouucrt le chemin de recognoiftre la vc- tité}& que les playes font faines qui fe reçoiuent pour paruenir à la vraye cognoiflance de Dieu. Ceft toute la refponfe queie veux faire au contenu du liurc deMofieur du Ple(fis,où l'on m'a dit qu'il méfie quelque chofe que le Roy luy a déclaré que fontf intereft le contraignoic de vous fauorifer en cefte Conférence. a le ne puis parler de ce qui a efté dit en mon sbfence, mais ie iure£c deuantDicu, que le Roy ne m'a rien déclaré de femblable. Le iour mefme que ladite Conférence fut tenue, Mr du Perron vo- fhe frère , me vint voir fur les dix heures du foir, & me fit enten- dre le mefeontentement que le Roy auoit du fils du Mr du Plef- fis, qui auoit dit que fa Maiefté pour complaire au Pape, auoit voulu facrifier Thonncur de fonpere. le fus très marryquece ieune gentil- home euft donné ce mefeontentement à fon Roy, &: priay Monfieur le Prefident de Freines Canaye,dercmon- ftrer au perc le preiudicc qu'vn tel propos pourroit apporter à l'vn&: à l'autre, fi par fa prudence il n'y eftoitpourueu: Qucl'Ef» criture nous deffend expieflemét,de mefdire du Prince du peu- ple: moins eftil tolcrable que le fuiet luy impute chofe qui n'eft pas vraye. Que ie n'auois peu preuoir lefucccz que prendroic cefte Conférence , pour n'auoir oneques auparauât cefte apref- dince , veu feulement la couuerturc de (on liure. Si ie n'auois veu lacouuerture, moins fçauois ie ce qu'il contenoit. Si moy qui fuis plus obligé à la lc&ure que n'eft le Roy , ne fçauois s'il ce qu'eftiez refol a défaire, pour fatisfaireà j?voftre promefle, Se donner contentement à Mr du pleflisiic ma* day Mr Mercier , choify de fa part pour eferire les refolutions "de ladite Conférence; auquel ic fis entendre ce que m'auiez re- "monftré pourenaduertir Monfieur du pleflis. Cequ'ilmc rap- porta de fa part.fut qu'il fe trouuoit plus mal que le iout d'hier, Se que pour le prefent , il luy feroit impoflible de vacquer à vne telle a&iomqu'il alloit à Paris d où il ne partiroit fans me voir. Se me dire defesnouuelles Toutesfois la vérité eft, queienel'ay veu , ny aucun de fa part à mon retour à paris :aufliicn'ay pas eftimé , qu'il fuft à propos que ie l'enuoyafle vifiter , ne voulant faire chofe qui (peut eftre) luy euft defpleu. C'cft lapureverite de ce qui eft pafle deuant moy au faid de cefte Cofcrence.Dieu qui me îugera, fçait mon cœur, qui n'ay rien plus en grade reco- mandation,que de conferuer le repos Se la patience entre les fu- iets de fa Maicfté. Moins eft-il tolerable que Monfieur du pleflis attribue au Roy ,1e malheur qui luy eft adueuu. 11 n'yahomme de fam iugemét , qui fe puiffe perfuader que fa Maiefté qui nous "a acquis par fon fang , par fa valeur Sz par fa prudence, l'hcureu- »>fe paix dont & dedans Se dehors le Royaume nous iouyflbns, ,,nc tienne la balance droitte,à Tobferuation de fes Edits ; ou aye ET NE G OTI ATI ON S. Liv. ir. m voulu pour complaire au pape , facrifier lareputation de Mon-" ficurdu rlcflîs. Ccn'eft pas le Roy qui l'en a requis, c'eftluy qui.< afuppliélc Roy auec toute inftance, d'accorder ccfteConferé- cc. Sa Maicftc ne l'a pas faict pour complaire au Pape, qui ne' pouuoit fçauoir lors qu'elle a efté tenue , quelle eftoit en cela fa volôté Et s'il en faloitiuger par côiectures,on pouuoit craindre que fa Sain&eté ne l'approuuaft attendu la grande inftance que faifoit Monfieur l'Euefque de Modene Ton Nonce, pour l'cm-* pefcher. En ce f i£t nous ne pouuos finon loiier la pieté du Roy, qui a voulu informer fa confcicnce de la venté ou faufletc d'vn Iiure compofé pour renucifer les principaux fondemens delà Religion Catholique, dont il fait profeflion. Ne fera- il pas loifible à celuy qui a permis à ceux de la Religion prétendue re- formée, laliberté de leur Religion, d'ouïi & s'informer de la vé- rité des points , dontdefpendlefalutdefoname&dccellede ces fuiets? N'ayant pas en main le hure de Monfieur du Plefiîs/ ie neferay refponfc à ce qu'il peut auoir dit, pour iuftifier ce à<6 quoy , lors de ladite Conférence il nepuftfatisfaire. Si le Iiure" me tombe entre les mains, ie le confidereray; promettant deuat Dieu, que feiemmét ie ne refifteray iamais à la vérité. Côtinuez- moy,s'il vous plaift, en voftrefouucnance,& me tenez pour celuy qui eft & fera toufiours, Monfieur, De Roiiane, le 3.iour Vottre bien-hamUe & tres-affettiùnrjè de Juillet 1600. a yoiM faire fer uke, BeLLIEVRI; ARG VMENT. Par les mains t? vti nouueau Nence) il reçoit ce Bfefàa Pape , plein de- Vsffcftton de fa Sainôetéenuers luy. VENERABILI FRATRI IACOBO EPISCOPO Ebroicenfi, Clemcns papa vin. VEnerabilisfrater,falutem&Apoft:olicam bencdi&ioncnv^ Hacrct in corde noftro memona fraternitatis tuç?&:patcr- * S C ij 3i4 LES AMBASSADES nus illc amor, quo ce Romxprarfentcm, merito complexifu- ''mus , nullo temporis , aut loci interuallo tepefeit : nuneautem ''eiufdeni amoris teftes , placuitadtclitcrasdare,cùmad Chri- >>{tianiflîmum Regcm , Se filmm noftrum in Chrifto eariflimum, nouum ordinariumNuntium mittercmus,inlocû Venerabilis fratris spifeopi Mutinenfis, prxftantis Antiftitis, inquonihil erat quod defideraremus , fed eiusinualetudocoegitnosdare illi fucceflorem hune Vencrabilem fratrem innocentium, Epif- coputn Camerinenfem,à nobis ipfis creatû, ob fpe&ata vhx in- tegritatem,eruditionem,&: fidemsqui Romx loco in primis no- bilinatus,cum familial fplendoreChriftianam pietatemeoniû- xit,cuius luce multo effedus eft fplcndidior.Quareconfîdimus, illum,&: fuo muneri &defidcrio noftro,Dci iuuantc gratia,prç- clarè cflfe fatisfa&urum.Nunc enim maxime ardenteroptamus, pofteâquehzecpaxfaluberrimadiuinitus nobis efteoncefla, vc Venerabiles fratres noftri Pra^fules Francise, in partem folicitu- dinis noftrae vocati, manum ad aracrum fortiter admoucant , Se »agrum Domini omni cum diligencia colanc, vt benedicente do- ,,mino, frudfcus religionis, diuini cukus, Ecclefiafticar difcipli- n«e,& deuotionis fidelis populi,vbcrrimos ferant,& falutariaSa- cri Tridencini Concilij Décréta in mores inducantor, vt in om- ni fan&itate,8i iuftitia Paftorum,& décore Domus Domini, Se animarumfpiritualibuslucris,glorificeturPatcrmifericordiarû, &: Dcus tonus confolationis- Quas quidem ad res non ceflamus ex noftro Paftorali officio , cofdem Francise Archicpifcopos , Se. rpifeopos fratres noftros adhortari,&incendere.Sed fraternitas tua magno Dei zelo incéfa, ftimulis noftri s non indiget : feimus enim quantis labore , opéra , fedulitate, Catholicâ Religionern propagare, Ranimas à Satané faucibus eripereftudeas. Age igi- tur quod agis, Deo Se nobis benedicentibus , vt multos etia tuo cxemplo, Se ardore, ad conumilem imitationempermoueas. Nuntio vero noftro Apoftolico, fidem in omnibus cumulatam à te haberi volumus, vt concordibusanimis, mutuifquc vbi 5,vfusvenerit,admmcntis,ambo Dei glorias feruiatis. Datum 5>Romae ,apudfan£tos Apoftolos, fubAnnulo Pifcatoris, die iy. 3,Maij. 1601, Pontificatus Noftri Anno Decimo. Silvivs Antonianvs Card, ET NEGOTIATIONS. Liv. n. ^ ARGVMENT. Sa S ùnftc te l'honore de ce Bref, envoyant vu Nonce extraordinaire pour fe contouir de lanatjjancede Monfeigneurle V au fin. VENERABILI FRATRI IACOBO EP^COPO Ebroiccnfi, Clemens Papa vu i. Enerabilis Frater, fa!utem& Apoftolicambene- di&ionem. Tam illuftria fu'ntdiuinas clementise'* bénéficia ergaRegnum iftudamplifômun^&er fc ga Chriftianifîîmum Rcgem Henricum, filium<< noftrum in Chrifto cariflîmùm, vt non tam ver- 1 bis amplificanda,quàm omni gratiarumaâionc&gratulatio- ne fine ex corde innmo profequcnda.Quod cùm bonos oranes, tum nos in primis, Frater, facere oportec , qui Principe Delphi- no, fingulari Dei munerenato, Regnum Franciae mulcis bonis cumulari , fed Catholicx potimmùm Religionis firmitate,&: incremento ftabiliri, Dco auxiliante , fumma cum voluptacc perfpicimus. Naraquc hoc vno folido Catholicjerideirunda- mento,cxtcrx fœlicitates , vc fraternitas tua nouic , innituntur. Dco igitur omnipotenti iterû & fa:pius, imo femper gratias im-« mortales agamu^eûmque humiliter oremus , vt donû fuum, &« opus fuum quod operatus cft,ipfc pcrficiat,&: confirmée, vt hoc(C gaudiura Regno Francir, totique Chriftianaî Reipublicar per- , pctuum fit: quod te pro tua pietatc,&: fccifle)& facere, non du- bitamus. Intereaadnoftramfingularemlaetitiam teftificandam, & vt Rcgi&Reginse filiis noftris cariflimis,tam optatam primo- geniti filij natiuicatem gratulemur , mittimus noftrû extraordi- nariû Apoftolicum Nuntium, hune dile&um fîlium Magiftrum Maffxum Barberinum , vtriufquc fignaturas noftrae Referçnda- rium, &: Caméra: noftrû Apoftolicar Clcricum Prarfidentem , Prarlatum noftrum domefticum , quem ob fpe&atamfidcm ,& multaanimiornamentaplurimùmamamus. Is fraternitati tuae has noftras ltterasreddct,teftesamorisintenoftri,dcqueno- me confirme de plus en plus à demeurer éternellement, M N S I E V R, De Lyon, ce 13. VoÛre humble & tres-ohlivifruiteur. deNoucmb.1604. I. Cardinal dv Perho». ET N E GOTI ATIONS. Liu.rr. ARGVMENT. 7/ luy donne aduit de fon arriuee a Lyon , de quelques riftes qu'il a fuites. A MONSIEVR DE VILLERGY, CONSEILLER & Secrétaire d'Eftat. En Court. Onsievr j Ce mot fera feulement pour vous donner aduis de mon arriuec en cette ville de Lyon , où ie me rendy la veille delà faind Mar- tin , n'aiât peu, à caufe de mon carrofle , faire plus grande diligence, l'y ay paffé la fefte , &c feiourné les deux ioursïuiuants, pour donnerordre aux affaires de mon voiage. l'en parts ce iourd'huy , & en pofte iufqu'à Thurin, pour arrefter le moins, & eftre le moins cogneu que ie pourray furl'Eftatdc Monfieur de Sauoye. Et de Thurin ie prendray, Dieu aidant, le Po , & continuëray le refte de mon chemin le plus diligemment qui me fera poflible. Le feiour que i'ay fait icym'a cauféle biend'auoir le loifir de vifiter , & auec grand contentcment,Madamede Mandclot , &c Mefdamoifelles vos petites filles , qui fe portent très bien Dieu mercy. Ic leur fouhaitte&àvous, Monfieur , toute continuation deprofpe- rite, comme eftant, Monfieur, De Lyon, ce if. Vojlre tres-affeflionné & obligé ferukeurl Noucmb.1604. I. Cardinal du Perron. ARGVMENT. Il prend la pofte à Lyon : entre a Thurin , fe faifm appeller l'Euefi que de Louuiers , qui eft yne villede [on Euefche. Quelques François lereCognoiffent. i>on *AltejJe en efiaduerlie , qui le va trouuer ou il eft logé. L'honneur qu'il en reçoit. Elle aime les Jciencer. Il vif te le fainil Suaire ;e{l yifité de ïjfmbafiadeur d'Ejjiagne» dont il fe reuenche par dmoir de çaurtoific, T t ij 33* LES AMBASSADES A MONSIEVR DE VILLEROY , CONSEILLER & Sceretairc d'Mftat. En Coure. O n s i e v r, Ceftc lettre fera pour vous rendre conte du progrés de mon voyage, depuis Lyoiufquesenceftevillede Thu- rin, qui a efté très heureux, grâces à Dieu, le party de Lyon en porte , auec dix c hc- uaux, &c habillé de noir, afin deftre moins de têps,& moins cogneuparles chemins» &arriuayicy auant hier aufoir, qui cftoit lcvingtiefme de ce mois, fans eftre rcmarqué-dc perfonne de ceux de la ville , &: me faifant appellera la porte, rEuefque de Louuiers. De manière que mavenuëaeftc du tout inopinée, l'heur ayant voulu pour moy, que le paquet , que le fieur de la Rochette , premier l'rcfi- dentdeChambcry . auoitdépefché par la porte au Duc, pour l'aducrtir de ma venue ,arriua vnc heure après moy. Cela m'a exentéde toutes les GCremonics de l'entrée , qu'il meurt fallu fairc,&:rcccuoir,auec beaucoup d'incommodité. Il ertvray que- comme iepalTois par deffus les rcrnpars de la ville, icfu reco- gneu de quelques François , qui peu après ma venuë.en donnè- rent l'aduis à Monficur d'Albigny ,& luy au Duc , qui cftoit hors de la ville , en vn parc qu'il a icy auprès. Cela fut caufe que pen- dâtquei'cnuoyois par vn coftévRGentilhôme,versMonficur de Roncas, pour prier Ton Altefle quei'eufïelc bien de la voir, fans me faire autrement cognoiftre , pour éuiter beaucoup do cérémonies , que lafaçon en laquelle i'eftois venu , ne me fem- bloit pas pouuoir biencomporrcnelle vint par l'autre , me trou- uerau logis de la porte, où i'eftois defeendu^ accompagnée de toute la NoblcfTe qpieftoitallec auecellc au parc, àc m'cnlc- ua, & mit dans foncarrolTe , m'oftant tout moyen de me pou- uoir plus celer & diffimuler. De ce pas, ellcmamenaau logis du Marquis de Lans,fonneueu, où elle demeura long-temps auecmoy , monftranteftrc courroucée contre le Prcfidenc de laRochettCjdecc qu'il n'auoit vféde plus de diligence àl'ad- uertir, & s'excufànt de ce que pour l'auoir furprife Se preuenuë, ic ne luy auois donné loifir de me faire tapiflTer & apprefter logis tnfon Palais, qui eftoit tout tendu de dueil.Ieluy prcfcntayles ET NEGOTIATIONS.Liuii. |$ lettres & recommandations de fa Maiefté, qu'elle fie monfrre derecéuoirauec beaucoup d'honneur & de contentement)m'ê'- querant fort de (es nouuelles,&:delaReyne,&:de Monfieur le Daufin. Le lendemain, qui fut hier Je feiournay en cefte ville, tant pour ne partir point vn iour de Dimanche, chofe que peut eftre on euft prife en mauuaife part, que pour attendre vne par- tiedemon train, quei'auois laifle derrière, aucclcqueleftoit vn laquais de Monfieur de Mantouë, que l'on m'auoit recomman- dé à Lyon, me pi iant qu'il vint fous mon efeorte, pour pouuoir apporter feurement quelques bagues, à Madame la Duchefle de Mantouc, que la IApresles peines & difficulté?^' i4. eflnççudu Pape, auec vue merueillcufe d:inonfiration (Farnour &< bienueillance , & larmes de ioye de la prospérité fpintuellc- & temporelle du Roy : dont il nobrnet de donner aciuu A fa Maiejlè , Cr de l'honneur quiluy a ejlê 'déféré à fon entrée iCrfecrette) Crfolemnelle. AV ROY HENRY LE GRAND. I R E, Le peu de loifir que i'ay eu depuis monarriuceen ccfte ville, àcaufe du temps qu'il m a fallu emploicr à taue mon entrée ôc mes vifitcs^ affilier durant ces feftes aux Chapelles ET N! G OT IATIONS. Liv. m. ?57 Chapelles du Pape, & autres lieux & exercices dedeuotion; me difpcnfera, s'il vous plajft , de vous efcrirevne plus longue lettre. Ce fera pour la première occafion qui fe prefentera, & après auoir acheué ces compliments , que ie m'acquiteray de ce dcuoir , & rendray conte exad &: particulier à voftre Ma efté , de tout te progrez de mon voyage. Cependant ie me contenteray de luy dire que ie fuis arriué icy fain &c fauf grâces à Dieu , & ay eftéreceudu Pape auec de grandes caref- fes , &C vnc merucilleufe demonftration d'amour &: bien- ucillance enuefs voftrc Maiefté : ayant fa Sainfteté efpandu plufieurs larmes de ioyc , fur le récit que ie luy ay fait, de la prof- perte fpirituelle& temporelle de voftre perfonne & de tout voftre Royaume. Le Cardinal Aldobrandin nem'apasmon- ftré moins d'alaigrelTe de ma venue , pour l'affection qu'il tcf- moigne auoir à voftre feruice , laquelle ie reprefenteray vne au- trefois à voftre Maiefté , par vn plus long difeours. Monfieur l'AmbalTadeur qui a acquis vne merueillcufe réputation & bien- ucillancc en cefte Court & en toute l'Italie , voulut prendrela peine de venir au deuant de moy auec plufieurs O cntilsbom- mes François &c Italiens , iafques à neuf lieues d'icy. Er il pleut à Monfieur le Cardinal de Ioyeufe accompagné de Mei- lleurs les Cardinaux de Giury , dcSourdis,& Serafin, me venir rencontrer à ponte-mole, qui cft demie lieue hors de la ville , ôc m'amenci à fon logis où il m'a carefTé &: feftoyé influes à main- tenant , attendant que i'aye acheué mes vifites auec tout le foin & la magnificence du plus grand Cardinal , & plus affe- ctionne au feruice de voftre Maiefté, que la France ayt produit depuis long-temps. Le troifiefme iour après mou arnucefe- cretre en cefte ville , i'y fis mon entrée folemnelle en laquelle Monfieur le Cardinal Aldobrandin, auec toutes Ces créatures, &: plufieurs autres Cardinaux,me firent l'honneur de m'accom- paguer. Monfieur le Cardinal de Bufalo n'y fut point, à caufe d'vn catharre qui l'auoit faify : mais il fupplee bien tous les iours cederTaut , par les honorables relations qu'il fait de voftre Ma- iefté , laquelle a plus de feruiteursicy,quepoflible clic ne croni le prie Dieu , SIRE , luy en vouloir accroiftre le nombre, & la cet> Vu 33* LES AMBASSADES ferucr longuement fie heureufement. D. V. M. De Rome , ce 17. Le tres-humble , é> tres-obeyffant [met Decemb.1604. çrfcrutteur. I. Cardinal dv Perron. ARGVMENT. il s* excuse de ne luy auoir peu faire cette lettre plm longue ; &*luy punie l'honorable iugement de [on ^£lte[jede Florence , enfafaueur, A MONSIEVR DE VILLEROY, Confciller &c Secrétaire d'Eftat. En Court. Onlleur.Les continuelles & exceflïues occupations que i'ay eues depuis mon arriuce en ce lieu , tant pour mon entrée & mes vifites , que pour les Chapelles , &c autres exercices de d:uotioru,où il m'a fallu affilier nui& & iour durant ccsffftcs; m'onternpefché d'acheuervne petite deferi- ptio que levons vouloisenuoyer, du cours de mon voyage, & m'ont cotraint de la remettre à vne autre fois. Pourceftc heure donc , ic vous diray feulement que i'ay veu &; entretenu fort à loifîr Mde Grand )uc,q uimam inftrcauoir vne mcrueilleufe fatisfa&ion de voftre perfonne &C de vos çonfeils , me di fant par pluficurs fois, en prefence de M j dame laGrand D ucheflfc &c du Caualicr Vinta , que vous eftiez le plus fa^s Se le plus grand homme d'Eitacdu mode le luy parhv de l affure de Mrle Car- dinal Aldobrandin, à quoy ielelaiflTayaflTczdifpofé: mais auec des difeours qui font de plus Ion g recit,&: lont ic vous entrëtié- dray vne autre fois. Cependant i'ay fait entendre fort particu- lièrement à Mjnfieur le Cardinal Aldobrandin ,1e foin que le Roy Se vous auiez eu de me recommander ccft affaire , dont il a monitré fe fentir fort oblige, &c croyque vous vous en apper- ceurez. Et fur ce, ieprie Dieu, ET NEGOTIATIONS. Liv. iii. 339 Monficur , vous au oir en fa faincte & digne garde. De Rome, ce 17. Vcfire très -a/fi tlionnc Deccmb. 1604. Jtruueur. I. Cardinal dv Perron. ARGVMENT. Il luy fait fçauoir [on heureufe arrivée À Rome, & les faneurs ( fon carrofle, oùeftoient pluficurs Seigneurs defa Court ;& de ce pas me conduifit iufques fur la riuc du l'èjCcft à dirc,cnuiron vn quart de lieuë hors de la ville. Par tout lequel progrez, ie îu- geay, non feulement qu'il ne voulcitpoint commencera s'ou- urir le premier,mais mefme que s'il auoit quelque chofeà trait- ter auec V. Maicfté,il ne defiroit pas que ce fuft par mon moye, craignant polfible, que s'il s'en dcfcoùuroitamoy qui venois vers l'Italie, il nem'arriuaft d'en parler à Rome, fuft par àetfcin ou autrement. le ne laifTay pasneantmoins d'apprendre qu'il n'eft pas fort content des Espagnols , tant à caufe des difficultés &: longueurs qu'ils luy font, au recouurement des parties qui luy (ont accordées , & du defTein qu'il void qu'ils ont d'empié- ter peu à peu fur luy ; que pour le naturel defoncfprit, quife promettant auoir alfez d'alliance & de mérite pour efperer les faueurs du Roy d'Efpagne par luy mefme ,fefafche d'eftrecon- trainr de les rechercher par l'entremife du Duc de TElme , le- quel luy tient la bride fort haute. Auffipcu cft-il content du Pape & du Cardinal Aldobrandin : Et cela en partie pour le reiîentiment qu'il fçait qu'ils ont des plaintes qu'il a faites de la negotiation de Sauoye; Et en partie à caufe du refus qu'il a re- ceu du chapeau pour Don Alfonfe , frète du Marquis de Lans fon ncueu : au moyen dequoy , il ne fc peut empefeher d'en monftrer vne fort mauuaifefatisfac>ion , & de fe liguer ouuer- tementauec les Cardinaux , qu'il croit leur eftre contraires, &: de loiier & exalter quafi publiquement faction duCatdinalFar» nefe. De Thurin ie m'embarquay fur le PÔ,penfanr pourfuiurc mon voysge plus diligément rmaisles brouillas s'y efleuercntfi grands& auec tel péril, que ie fu confeillé de démarquer àCazal &c continuer mon chemin par carrofles iufq ues à Bouiongne. a Cazal ie vy le Duc de Mantouë,qui me confirma les mefeonten- temens que le Duc de Sauoye auoit des Efpagnols : èc me dit que fi la Reyne d'Efpagneaccouchoitd'vn fils, &c que le maria- ge de la féconde fille du Duc de Sauoye,auec le Prince de Man- touë reuflit,il porteroit ledit Duc de Sauoye au feruice de V. M. &pour ceft erfee traitteroit l'alliance de la fille aifneedudtt ET NEGOTIATIONS. Liy.iiï; 34? Duc de Sauoye aucc le filsdu graradDuc Etadiouftaque les Efpag'nols luy auoienc voulu donner vne pcnfion ce 14 00. efeus .qu'il auoitrcfufee : Qu'ils l'aubientauflî prié de permet- tre que quelques parties de leurs troupes hiuernaflcnt cefte an- née en fon pais de Montferrat: dequoy il les auoit cfconduis.ne voulant point les accouftumer à prendre pied chezluy : Etque toutesfois &C quantes que voftre Maicfté le defircroit, &c qu'il en ferait temps, il porteroit fes Eftats & fa vie,& celle de fes en- fans.au feruice de voftredite Maicfté. De Cazal ie vins à Parme, où ie trouuay le Duc quim'attcndoitfortloinhorsdelaville, auec toute faNoblefle&vn grand nombrede carro{Tes,&: me mena en fon Valais , auquel il me traitta très magnifiquement î Et le lendemain me vint conduire auec toute faCourt, vn quart de lieue hors de la ville. le luy prefentay à l'entrée , les leteres de V Maicfté , Icfquelles il receutauec mille louages de voftredite M aieftc,&: autant d'a&ions de grâces de l'honneur qu'elle luy faifoit: Et m'y rendit la refponfe que ie vous enuoye De Parme, ie vins à Modene, où i'arriuay incogneu: Mais peu après le Car- dinal d'Eft & le Duc de Modene en eftans aducrtis.me vindrent prcndreàrhoftellerie.&mcmenerentau 1 alns,oaiefureceu auec toutes les careftes &: dcmonftrations daffr&ion enuers voftre Maieftc, qui fe peuuent imaginer, le les entretins fore long-temps d'elle , & leur reprefentay , &c fpecialement au C ar- dinal d'Eft, l'affe&ion qu'elle leur portoit , l'amit c qui auoit toujours efte' entre la Couronne de France & leur maifon , le but où tendoient les deflTeins des bfpagnols , qui cftoit fous ombre d'vne petite prouifion, de les rendre cfclaues ,&: em- piéter peu à peu , fur leur liberté : & qu'ils auoicntalTezcon- ncu,par la négligence dont ils auoient vfé a faire celîcr les entre- prifes des Lucquois, fur l'Eftat de la Carfignagne , apparte- nant audit Duc de Modene, que leur deiTein n'eftoit pas de les aggrandir, mais au contraire de les abbaifTer &c diminuer. A près tous lefquels proposée Cardinal d' Eft fe lafchaà me dire que ia- mais le feu Cardinal d'Eft n'auoitefté plusFraçois, qu'il vouloit eftre &: eftoit: Etle Ducyadioufta qu'il n'auoit pas l'affc&ion moindre que so frère , encore que pour certains refpe&s , que i& pouuois imaginer, il fuft contraint de la diflimuler : mais qu'en teps & lieu, il la feroit paroiftre. De Modene, ie paffay par Bou- l«gnc,& vins à Florence, où le Grand D uc te la grâd D uchefle, 344 LES AMBASSADES qui eftoientàl'Ambrofiâii*', fe rendirent le lendemain de mon arriuee. le leur prefentay les lettres.offres &: recommandations de voftre Maicfté ; lefquelles ils receurent auec grand refpcct Se contentement , &c me chargèrent de luy en rendre mille actions de grâces. Cela fait, i'entray en propos auec le Grand Duc, des affaires de Rome,lefquellcs il me fie au commencement fort dé- plorées, & plus ( voulant poffible me préparer au foin &à la pa- tience) que grâces à Dieu, ie ne les ay trouuees fur le lieu. Car il me ditquedepuis que voftreMaieftéauoitrenonce'auMarqui- fatdc Saluues,touteritalie deuenoitvifiblementefclauc. Que le Côte de Fuente plantoit des forterenes,fur les yeux, non feu- lement des Grifons, mais auffi des Vénitiens > & ne faifoit point de difficulté de dire , que maintenant il fe mocquoit de la Fran- ce : Que tous les Princes d' Italie fentoient bié qu'il leur mettoit peu à peu le ioug fur le col ; & ncantmoins n'ofoient faire fem- blant de s'en apperceuoir , voyant que les portes d'Italie cftoict fermées les paffages du fecours bouchez: Qu'à Rome mef- me les Cardinaux plus affectionnez à la France,&plus ialoux de la liberté du fain&Siege,auoientfuiuy la fortune duMarquifat: Que le Cardinal Aldobrandin,entreautres,queIquc demoftra- tion qu'il nous fift , eftoit tout porté U refolu à fe lier auec les Efpagnols (chofe qui toutesfois ne me sebla pas s'accorder trop auec d'autres propos qu'il me tint puis après, comme V. Maic- fté le pourra remarquer par la fuitte de cefte lcttre)&: que les ap- parences dontil nous paiîToit.n'eftoicnt que pour leur eau fer de la ialoufie , & les aiguillonner à le rechercher & à luy donner fa- tisfa&ion fur le fait du Cardinal Farnefc &c que fi toft qu'il au- roit obtenu qu'ils changeaient l' Ambafladeur qu'ils ont main- tenant àRomc,ayant efté gratifié par eux en ceft article, il fe ran- geroic rout à fait à fuiurc leur party. Ncantmoins il me loua grandement, Monfieur de Bethune Ambalfadeur de V.Maie- ftéi & me dit quepourletcmps&Iafaifonoù il eftoit arriué à Rome, il ne fcpouuoit pas mieux faire , que ce qu'il auoitfait: Que lors qu'il y eftoit venu, le crédit de la France eftoit entière- ment par terre : Qu'il l'auoitreleué par fplendeur de defpenfe, dextérité de negotiation, &: ciuilité de couerfation , autant que l'eftat du tëps le pouuoit porter: Qu'il auoit eu à côbattre deux Arnbaflfadeurs d'Efpagne,l'vn après l'autre, tous deux fort riches •& dont le dernicî auoit cent mille efeus de rente 5 te qui outre l'entretien ET NEGOTIATIONS.Liu.m, 54* l'entretien de leur Ambaffadc, qui eft de douze mille efeus d'e- ftat ordinaire, fix mille efeus de pcnfion, & fix mille efeus pour les affaires extrordinaires, auoient eu cent mille cCcusa^ucocfi co/fà.durant leurs AmbafTades: Et que pour eclanenntmoins, ny en la fuitte, ny en la magnificence, il n'auoit rien biffé obfcurcir dulùftrc& de la dignité de fa charge i 5c en 1 habileté & dexté- rité de negotier,les auoit grandement partez .Et en fomme,quc roftre Maicfté fe pouuoit affeurer, qu'il n'y auoit eu de cent ans auparauanc, Caualier en fa place , qu i y euft fi heureufement $c honorablement reufn, comme luy . Ce furent Ces propres paro- les, enprefencc de la Grand DuchefTe, &: du Caualier Vinta II me loua auffi grandement larefolution que voftre Maieftéauoit prife,d'cnuoyerlcs Cardinaux François à Rome, & d'y faire acqueft de Cardinaux Italiens. Mais enfomme ,fa conclufion fut toufiours , qu'ily auoit trop de différées, entre ce que voftre Maicfté fc fut peu promettre de l'Italie , lors qu'elle euft eu le Marquifat&: ce qu'elle s'en pouuoir promettre ivuintcnant.Sur- quoy Iuy ayant reprefenté, que le palTage d'Italie n'eftoit point tellement clos à voftre Maiefté, qu'il ne luy reftaftencore moyen defecourir Ces amis, en leur befoin : &: que celuy des Effilles &c de Caftcl Dclfin, ne luy pouuoiét cftre oftezEt qu'au refte,vo- ftre Maicfté auoit retire vn grand auantage du recouurement de la BrefTe,& du Beugé,& Veromé:dautant que non feulemec ce pays là luy couuroit&afTcuroit Lyon qui auparauanteftoit frontière, mais mcfme qu*cn temps de guerre,il fermoit l'entrée de la France & des pays bas au* Efpagnols. 11 me répliqua que Je pafTage des E Ailles n'eftoit bon que pour cinq ou fix mois de l'année, & que quand vn Roy de France pafToitouenuoioit vn armée en Italie , il luy falloit cftre afTeuré de retraitte propre pour toutes les faifons, & de lieu où il peuft tenir fon artillerie &fes munitions enfeureté. Et que quant à Lyon, la meilleure frontière pour le couurir , cftoit le Marquifat, auquel voftre Maicfté n'euft fecu mettre fi peu de troupes, qu'elles n'euffenc toufiours tenu le duc de àauoyc en cfchec , & ne luy euffent fait tcuoqucr fes forces, pour la feurcté du Piedmont. Etquantau pafTage pour la France Se la Flandre , que les Efpagnols f cftants par leur négociation ouucrr celuy de Suiflc, ils n'auoicntplus que faire de fefoucier du pais delà BrcfTc: Cutre ce que voftre Maicfté logeant vne bonne garnifon dans le Marquifat, ou y Xx ■ H6 LES AMBASSADES faifantdefoisàautredefcendrc quelques troupes, elleforçoît le Roy d'Efpagne à tenir le Duché de M*lan plein de gens de guerre, &en ce faifant, ou abandonner la Flandre &c lalaifTer en proie, ou s'obliger à tenir l'vn &: lautre pays armé. Ce qui luy feroic non feulement d'excefliuc defpenfc, mais mefme impoflî- ble,n aiant ny alTez d'hommes pour fournir à l'vn & à l'autre , ny ne pouuant d'ordinaire le Duché de Milan , porter le logement de plus de trois mille hommes de guerre , fans foule &fo uleuc- ment des peuples, lors qu ils fefentiroienten cftat de pouuoir eftre fecourus. le m'enhard/ de luy refpondreque c'eftoient maintenant chofes hors de remède , &parconfequenthorsde confeil,lertediondu Marquifatn'eftât plus en la main de voftre Maiefté. il reparcit qu'il y auoit remède à toutes chofes,&: que fi voftre Maiefté vouloitfc refondre de recouurer le Marquifat, en remettant la recompenfe qu'elleauoitcuëau lieu, ilfepro- mettoitdetrOLiuerlesmoiens d'en venir à bout. Et là delTus, me fit vneouuertured'vne negotiation, pour l'acheminement de laquelle il me dit que les Vénitiens & luy feroient vn prefent dedeux ou trois cent mille efeus au Cardinal Aldobrandin : & que ceftui là l'cntreprenant,ib'aiTeuroitbien d'en venir à bout: Et que pour voftre Maiefté, il ne falloit point qu'elle craignift les defpcnfes del entretien du Marquifat, pourccquelu> & les Vénitiens &: autres Princes d'Italie, mettroient volontiers vnc taille fur eux , non feulement pour paicr les garnifons ordi- naires que voftre Maiefté y entretiendroit , mais mefme pour y faire defeendre de fois à autre des troupes extrordinaires, lors que lesEfpagnols voudroiét faire les mauuais.Sur cela, ie iugeay que quelque choie qu'il m'euft dit auparauat,il ne tenoit pas en- core le Cardinal Aldobrandm , pour fi refolu à feietter & lier auec la fortune d'Efpagne qu'il mel'auoit figure. Et pourtant, ie pris là deiTm I'occafion de l'exhorter à fc reconcilier aucc luy, &luyreprefentay qu'il feroit chofe très agréable à voftre Ma- iefté. a quoy après m'auoir apporté plufieurs obftacles que ic luy refolu tous fur l'heure mefme , dot l'vn des principaux eftoit la crainte qu'il auoit de perdre le Cardinal Montalte,en acqué- rant Aldobrandin , il monftra en fin de fe laifter perfuader &rme dirablolument qu'il le feroit, mais qu'il ne falloit pas que l'on creuft qu'il y euft aucune mteruention de V. M.dautant que fi lesEfpagnols en cuentoient quelquechofe, ils remuëroienc ET NEGOTI ATIO NS. Liu.m. 547 le ciel & la terre pourtrauerfer cette reconciliation: Adiouftant que pour le regard du Pape , il fçauoit bien qu'il eftoic bon Fia- çois,& qu'il ne defiroit point fa ruine , ainsauoit moftre d'auoir foin de l'empefcher, lors qu'après la paix de Sauoye, il auoit di- uerty l'armée d'EfpagnCjquieftoitcni'Eftatde Mila3deluy cou- rir sus , & l'auoic fait fortir de l'Italie. Il me difeourut auffi de pluûeurs autres chofes concernantes lcferuice de V. M. comme particulièrement , du foin qu'elle deuoit auoirde conferuer affilier le Cardinal Delfin,tant pour laffcdion qu'il porcoit aux affaires de la France , que pour ce que c'eftoit le*plus feur &c commode inftrument , par lequel voftre Maiefté peuft difpofer le Cardinal Aldobrandin, à faire ce qu'elle defireroit : dautanc que It Cardinal Aldobrandin auoic vne grande confiance en luy, en partie à caufe de fa fuffifanec, & en partie à caufe qu'il gouuernoitla negotiation de fon argent, qui eftoirenlaban- queà Venife. Ce qui me fembla derechef ne faccorder pas trop auec ce qu'il m'auoit touche, de l'vnion du Cardinal Aldobran- din & des Efpagnols , & me fit penfer que ces paroles là luy auoient pluftoft cfté fuggerees, par la paffio & artifice d'aucuns de fes feruiteurs, qui n'auoient peu obtenir du pape ce qu'ils pretcndoient,qu'autrement. Il me parla femblablemét du Car- dinal d'Eft, & me dit qu'il luy auoit cnuoié demander confèil, le iour de deuant } fil accepteront la penfion qu'il auoit entendu qu'il plaifoit à voftre Majefté luy defigner. A quoyil m'affeura luy auoir refpondu, qu'il la deuoit prendre fans difficulté. le re- cogneu auffi par les interrogations qu'il me fit , des moiens, debtes &c appointements de Monfieur de Guifc, & par quel- ques difeours que i'auois eus auec l'Ambaffadeur qu'ilcenoita wodene , que fon intention eftoit de trakeer le mariage de Monfieur de Guife , auec la fille du Duc de Modene , pour le porter par ce moien tout à fait , au feruice de voftre Maiefté. Il me parla fort,outre cela,de l'eftat des Galères de voftre Maiefté, & de l'vtilité qu'elles pouuoient apporter à fes affaires de deçà: Et me dit que voftre Maiefté les deuroit enuoier en Italie, qué- rir les foies Se autres chofes neceffaires pour le commerce: &: qu'en ce faifant , outre la commodité qu'elle apporteroità fon Roiaume, d'y faire venir les eftoffes à meilleur marché, & la ré- putation que la vcueplus fréquente de fes Galeres,luy dôneroit cnltalie, elle ofteroic toutd'vn coup , cent mille efeus derertte 34* LES AMBASSADES auDucdeSauoye. Toutes lefquelleschofcs, i'cftimeroisœu- ure fupcrfluë, de les reprefenter à voftrc Maiclté , qui en peut cftrc trop mieux informée d'ailleurs : n'eftoit quil mefemble qu vn homme nouice aux affaires comme moy, doit faire re- lation raefme des cho'esfupcrfluës, de peur d'obmectre les ne- ceffaires. Leiour de monpartement. après plufieurscareflcsflÉ prefents,& encre autres d'vne tapilTcric de haute lice,& de quel- ques hardes & étoffes , propres à habiller vn nouueau Cardinal, que la Grand DuchefTe me donna : le Grand Oucaucccouce fa Court , rne vint accompagner fort loin hors de Florence. De Florence finalement le feiziefme de Décembre iemeren- dy à Rome, où i'arri uai incogneu ,en la compagnie de Monûeur l'AmoaiTadeur qui eftoit venu au deuant de moy,iufques à neuf lieues d'ici , & de Meilleurs les Cardinaux de Ioyeufe & de Giury, de Sourdis & Serafin, qui nïattcndoient demie lieuë hors de la ville. Et dés le iourmefmc, Monfieur l'Ambaffa- deur me mena baifer les pieds de fa àiain&eté , qui mereceuc aucc mille faueurs & applaudiiTements , & nous tcfmoigna auec des yeux pleins de larmes de toic , vnc incroyable affection enuers voftrc M aiefté. l'allay voir auffi immédiatement après le Cardinal Aldobrandin, auquel ic prefentay les lettres Cof- fres de voftre Maiefté , &en furecueilly auec toutes fortes do carcfTcs & de dcmonftration d'affection enuers elle. Le lende- main ie garday la chambre , n'eftant point «la coufl urne que les nouueaux Cardinaux facent , ni reçoiuent aucune vifite, finon apres leur entrée publique. Neantmoins contre celle loy , le Cardinal Delfin , l'Ambaffadeur d'£fpagne & celui de Tofcane ne lailTcrent pas de me venir vt fi ter: Et les au très Cardi- naux fcnuoiercntexcufcr à moy de ce que les loixdcla Coure, les empefehoient de me pouuoir rendre ceft office. Le dix nui- étiefme dcDccembre ie fis mon entrée folemnelle.accompagné du Cardinal Aldobrandin , & de la plufpart des créatures d u Pa- pe^ de plufîcurs autres Cardinaux : Et au difner fû feftoié par le Cardinal Aldobrandin,qui nous traitta , m l'Ambaffadeur ÔC moijfortfomptucufement.Au fortirdûqucl feftin nousallafmes voirmondit Sieur l'AmbafTadeur & moy ,1a S>gnora Olimpia, fqcurdu Cardinal Aldobrandin, qui ne nous remplit les oreilles d'autre chofe, qae des proteftations de l'intention que le Car- dinal Aldobrandin & elle , 8c fes enfant s , auoient de fe îettcr en ET NEGOTIATIONS.Liu.in. }<9 la protection de V.m. & Tiurc fous fon ombre. Le lendemain fc memisàfairc mesvifitcs de cérémonie, & commençay par le Cardinal Aldobrandin^auqucl ie rapportay le commandement que voftre Maiefté m'auoic fait.detraitter ,cnnafTantpar Flo- rence ,1a reconciliation de luy & du Grand duc,&: lesdiffiruL tczquei'y auois trouuees, & larefponfc quei'en au ois finale- ment c brenuë: Dont il monftra reflTenttr vne grande obi igation enuers voftre Maiefté. a quoy le bon heu' aioufta en<.ore,qu'au mefme temps que ic fortois de chez luy, I'a mbaiTadcur de Tof- cane yentroit, pour le prier delà part du Gr-mdDuc , paflfer parHorence , au voyage qu'il va faire le mois prochain , à Ra- ucnne,pour y prendre poffcflion de fon a reheuefehé. Et depuis le Cardinal dal Monte principal confident du Grâd Duc,a traic- té Ci ouuertcment la reconciliation du Cardinal Aldobrandin.fie du Cardinal Montaltc, qu'on les void à celle heure ordinaire- ment tous trois enfemble , en vn mefme carrolTe , par les châps & par la ville: Ce qui luy a fait iuger que rinterceflio n de voftre Maieftc auoit opéré 11 eft vray que ce ne fut pas fans me faireau commencemcnt,demerucilleufcsdoIeâccsdu Grand duc Car premièrement, il me dit qu'il auoit eu fa ruine entre les mains,& que quand il rcuintde Sauoye , le Conte dcFuentcs l'auoitaf- feurc qu'il auoit charge expreno de fon mailtre, de fc ictter aucc fon armée fur les Eftats du Grand Duc, fi le Pape le vouloit co- fcniir, & cela fans attendre nouueau commandement d'Efpa- gne : & que le Pape & luy l'auoient empefehé. Secondement, il le plaignit que le Grand Duc en l'affaire du Cardinal Farnefc, feftoit entièrement bandé contre le rape& contre luy, &auoic manifeftement fomcnté,& conforté la paflîo & le party du Duc de Pat me, & du Cardinal Farnefe : &adiouftadc plus, qu'il auoit folicité les Cardinaux Efpagnols &: les fiens defeioindre enfemble «pour s'oppofer à la grandeur de la maifon Aldobran- dinc & mefme leur auoit promis de porter en ce cas , les Cardi- naux François à s'm nir auec eux. Ce qu il fembloit ne dire pas du tout fans fondement, dautant que Monfîeur le Cardinal de loyeufe me conta peu après, que les Cardinaux Efpagnols fai- foient courir le bruit, qu'il falloir que les François &: eux,s'vnif- fent enfemble- pour deliurer le Pape & le fainct Siège, de la cap- tiuite du Cardinal Aldobrandin. Puis finalement ilmcditqu'it auoit eu nouuelles d'Efpagnc que le Orand duc faifoit de gran- Xx iij 350 LES AMBASSADES des menées , par fon AmbafTadeur , pour fc raccommoder auec les Efpagnols Sur toutes lcfquelles plaintes, i'apportay ce que îe peu d'induftrie,pour éloigner ces impreflîons de fon cfpritr, & l'affeuray que le Grand duc marchoitdroittement auec voftrc Maiefté, &n'auoitrientantà contre cœur, que la domination des E fpagnols, ny rien tant à cœur , que la profperiré des affaires de France,& la liberté des Eftats d'Italie: Voire qu'vne des eau* fes, au contraire, qui m'auoit plus donné de peine à traitter fa reconciliation auec le Grand Duc, eftoit l'imprcflion que queU ques vns des feruitcurs de fon AltefTc , luy auoient donnée , qu'il inclinoit enticrementau party d'Efpagne, & que toutes les dé- mon ftrations qu'il faifoit aux François, n'eftoientquc pour dô- ner martel & ialoufie aux Efpagnols:Ce que i'auois ofté de l'ef- prit du Grand Diic,par commandement exprès de voftrc Maie- fté. Sur cela, il repartit que c'eftoit à Rome, que la liberté des Eftatsd'lraiie.fe deuoit traitter:& partant, que le Grand Duc deuoit procurer d'y auoir des amis , & les maintenir vnis , auec ceux dont l'intention eftoit bonne, & non pas y mettre le dif- cord & la diuifion. Et quant a la realité de fes procédures, me fît mille nouuclles proteftations de fafyncerité & affection au fer- uicede voftre Maiefté.Mais,nyde reprefenter particulièrement à voftre. ditte Maieftc , ce qui fe paffa lors entre luy & moy,pour ce regard , nyde luy raconter comme il communiqua peu de sours après, àMonfieurlc Cardmal de Ioyeufe,& aux autres créatures de voftrc Maicfté ,&à MonheurrAmbafTadeur &à xnoy , Tauis qu'il auoit eu des lettres que le Roy d'Efpagne é- criuoit au Duc de Parme, pour le faire venir de nouueau ta Ro- me, rendrefoumiftion Se contentement à faSaindetéj&nous demanda confeillà-deiTus,de la façon dont il auoit àfc gouucr- ner en cefte occurrence ; Ce fontehofes , que ie ne puis entre- prendre pour maintenant tains fuis forcé de les remettre, auec tout ce qui s'eftenfuiuy depuis, à l'autre ordinaire,tant pour ce quci'efpcre entre-cy &là, auoir plus de loiHr de pénétrer au fonds, de la vérité des affaires ; que dautantque les deux iours d'hier &d'auionrd huy,quei'auois dérobez à mes vifites,pour écrire à voftrc Maiefté^Vontcfté rauis:celuy d'hier par le com- mandement que le Papem'enuoya faire , de me trouucren la Congrégation de laStampe,oùilnva mis : &celuyd'auiour. 'i'Iîuyjparl'aiBftanceque le Sieur dç Marqucmonc m'apric'ebe ET NEGOTIATIONS,Liu.ih: J5î rendreà la difpute qu'il a faietc, pour fa réception à la *ote, où il areiiflicn prefenec detoutle Collège , fort heureufemenr. Seulementalfeureray ie voftre Maicfte, que les demonftrations que le Cardinal Aldobrandmfait de l'afîe&ionner, font telles, qu'il ne peut éuiter , ou de luy rendre de tres-grands offices , ou de tomber en vne extrême honte: Et c'eft vn efprit fort coura- geux &c defireux d'honneur, &: qui difficilement voudroit ache- ter le martel & la ialoufic des Efpagnols,par vne vergongne. Ce pendant,ie prie Dieu, SIRE, vouloir conferuec yoftrc-dittc Maicfte, trcs-longuc- ment U heureufement. D. V. M. rc Rome, ce 12. Letres-humhle f^tres^oheïffant fuiet . Ianuier, 1605. & jeruiteur. I. Cardinal dv Perron. ARGVMENT. ^Afndenefire point repris de ptrefje par fa Maieftl, il luy efcritvtte longue lettre : & y ne courte , en tout cas tpeur ne luy donner point d'im» pmumtê, AV ROY HENRY LE GRAND. ' IRE, I'écry deux lettres à voftre Maiefte: L'vnefort courte pour ne luy donner point d importunité: L'autre fort longuc,afin de n'eftre point repris par elle,deparefTe. Si dans la longue il y a quelques points, qui méritent d'eftreveus par voftre Maicfte , Monfieur de Villcroy m'obligera tant , que deles luy faire voir tfinon , il efpargnera à voftre Maicfté la peine de lire des chofes fuper- fluës , &à moy le blafmedeles auoir écrites. Ce pendant, ic prie Dieu, SIRE, la conferuer très longuement & heureufemenc D. V M. De Rome, ce 1 1. Le tres-humble & tres-ebe'ifjant fuiet & feruiteur. Ianuier, i*oj. I. Cardinal dv Pbrron. LES AMBASSADES ARGVMENT, le Roy prend plus de plaifir à fa longue lettre , qu'a lit courte, il efl ex* horté de luy eferire le pltu amplement qu'il poum* A MONSEI GNEVR LE CARDINAL, du Perron. )y WrM^ Vous fçaurez par lettre du Roy qu'il aveu vos deux ^^mX lettres, le contentement qu'il ena receu, &: Ces inten- » *^POT* tions fur icclles, Ce que îay donc à vous dire , eft "qu'il a pris plus deplaifir à la longue, qu'à la courte^en laquelle »iln'a rien trouué de fuperflu 8c inutile. l'adiouftcray qu'il me jjfcmble que vous deuez continuer à lui eferire le plus ample- ment que vous pourrez. Il a voulu vous ramentcuoir aufii vo- **ftre liure , mais ceft d'abondance d'afFc&ion qu'il vous porte, & "pour l'cfpcrance qu'il a , qu'il fera vtile au public. le vous remer- Jjciedutefmoignage que vousauez rendu à fa Maiefté, du bon ,,dcuoirqucMonlîeurdeMarquemontafaitcnfadifpnte : Car l'aimant comme ie fay , ie cuide auoir part à fa gloire & bonne fortune. Les lettres du Roy vous apprendront tout ce que ie "pourroisadioufter à la prefente. I'efpargneray donemamau- sjuaifcefcriture ,& après vous auoir prefencé mes bien- humbles ^recommandations, ieprieray Dieu,, Monfeigneur, qu'il vous confer ue en bonne fanté. De Paris, le. S. de Voflre tres-humble feruiteur. Feur.iôoj. DxnEvfvills, A R G V ME NT. Des caufes font retenu tteferire à fou ^Uefje , depuis {on- srriuie. la mémoire qu'il a des grâces érf tueurs quelle luy a départies : Et quel' qucjûffaeJ faits fuiuant [on intention* A MON-, ET N E CTO TIATIONS. Liv. m. 353 A MO NSEIGNEVR LE GRAND DVG de Tofcane. Onseignevu, le me fentirois coulpable d'vne extrê- me ingratitude,d'auoir différé filong-téps d'eferire à voftrc Xltcfle, depuis mon arri- uee en cefte ville deRome, fi ie n'en auois cfté retenu par deux caufes aucunement légitimes L'vne la multitude des occupa- tions , qui m'ont tellement afTiegé tout ce premiei mois , tant en vifites , Chapelles , Confiftoires & Con- grégations , que ic n'ay eu encore vne feule heure de loifir pour vacquer aux affaires du monde , &: traitter ou apprendre chofe digne de vous en rendre conte par mes lettres: L'autre le delay que mes amis ont fait iufqucs icy , de me pouruoir d'vn Secré- taire Italien , pour n'en auoir encore peu trouuer qui mécon- tentait en cefte charge. Car combien que par le paiîfe l'aye pris la hardicrTe d'eferire àvoftre AltelTe en François : Neantmoins maintenant que ie fuis cftably à Rome, il m'a femblé que ce m'e- ftoit honte de ne luy eferire point en fa langue. Ettoutesfois i'y fuis encore fi peu inftruit, que ien'oferoismehcizarderde mettre la main à laplumc, pour luy faire voir vnftyle plein de fautes &: d'incongtuitez jGommefcroitlemien > Ftprincipale- ment en vne occafion.ou il ne s'agiit point de luy mander rien de fecret, auquel cas elle me pardonneroit &: permettroit de luy eferire , foit en François , foitenmauuais Italien ,pour ne con- fier point les chofes d'importance à d'autres: mais feulement de luy rendre les grâces très- humbles que icluy doy, de tant de ca- reflTcs &c faucurs,que i'ay receuës de fa bonté , lefquellesil me femble que c'eit inciuilité, de les luy rendre en vne autre tanguer qu'en la ficnne;&facrilege de les prophaner par leserreurs d'vne p-lume ignorante & mal apprife en Italien comme la mienne, Toutesfois voyantquecedelay tiroiten plus de longueur que ic n'auoispenfé , i'ay mieux ayme' tomber en l'vn de ces incon- ueniens. que de différer dauantage à m'acquiter de ce deuoir, &: à vous dire , Monfeigneur , que la mémoire des grâces & faueurs que voftre Alteffc m'a faites , eft demeurée tellement imprimée 3f4 LES AMBASSADES en mon ame , qu'elle n'en fera iamais effacée, par aucune ef- pece d'oubliance,ny d'ingratitude. l'en ay rendu conte tres- particulier au Roy , par vne lettre fort ample, du douziefme de ce mois ; &c l'ay aduerty des honneurs , confeils,enfeignemens, & prefens que i'ay receus de voftre Alteffe , & de Madame la grand Ducheffe : afin que fa Maiefté en charge l'obligation fur elle,&m'ayde à la fupporter. Mais au mefme temps que ie faifoiscefte d^fpeche ,'il m'eft venu vn nouuel aduis de delà les monts , que voftre Alteffc m'auoit encore tant obligé de ce coftélà, par les bons &aduantageux tefmoignages qu'il luya- uoit pieu rendre de moy en la Court de France , depuis que ie fuispaffé par Florence, queienay ny plume ,ny langue, ny pa- roles fuffifantes, pour exprimer le reffentiment que i'en con- çoyenmoname. Il faudra queie me tourne à prier Dieu» qu'- il me face la grâce de letefmoigncrà voftre Alteffe, par l'exé- cution de fes commandemens. l'y ay dcfia commencé en faifant&dedeça&dedelàjlesoffi es que vous m'auiezcom- mandez,&nommémentpour Monfieurle Cardinal Delûn,dot ie croy que l'inftanccfera fuiuie d'effet. De cela &: de toutes les autres chofes , concernant les points qu'il a pieu à voftre a1- teflfe me communiquer -, ie luy en reprefenteray ce que i'en auray appris , lors que i'auray receu le chiffre qu'elle eut a- greable m'eftre donné de fa part. Cependant ie prieray Dieu, MonseignevrjU conferuer longuement Se heureu- fement. D. V. A. De Rome, ce 13. Ianuicr, 1605. Le tres-humbit, tres~etffe#i9H»è &* très- oblige feruiteur. I. Cardinal dv Perron,' ET NEGOTIATIONS. Liv. ni. 335 A R G V M È N T. W'ayant eu leloifirde y aquer plujîofl à aucune affaire qui meritaft de luy tflre écrite , il n'a Uifjc pourtant de donner ad.ns au Roy ydcs hon- neurs , confeils eyprefens , qutl a receus de leurs >yf tejfes3au fermée def- quelles il fe [eut encore tellement lie & obligé, par les nouueaux aduan- taocux teftnoignages qu'il leur a pieu rendre de luy en France , qu'il rix plume , ny langue fuff fin te pour ï exprimer. A MADAME LA GRAND DVCHESSE de Tofcane. A D A m e , Le peu de loifir que i'ay eu depuis mo ariuee en cefte ville, de vacquer à aucune affaire qui meritaft d'eftre efenre à Monfeigneur le grand Duc & à vous, m'a fait différer derendreàfon Alteffe & à la voftre,cedeuoiriufquesà main- tenant, le n'ay laiffé pourrant de donner aduis ires particulier au Roy , des honneurs . confeils , enfeignemens, faneurs, caref- fes&prefens , que i'ay receus de vos Alteffes: afin que ma dé- bile fortune , ne pouuant atteindreàlarecognoiflfancc de tant de grâces, fa Maiefté enchargerobligationfurelle,& m'ayde àlafuppoiter&: à m'exempter d'ingratitude. I'ay auffifait,& là &: icy tous les offices qui rn'ontefté commandez &c recomman- dez par vos Alteffes, &: nommément pour M onfieur le Cardi- nal Dclfin , dont ie croy que l'inftance n'aura point efté fans ef- fet Si toft que ie feray hors des premières occupatios de mes vu fîtes , qui m'ont ofté iufqu'icy tout le temps que ic pouuois em- ployer aux affaires plus ferieufes,&: que i'auray eu le loifir de me recognoiftre; ie ne failliray de me rendre foigneux d'informer vos Alteffcs , de tout ce que ic penferay cftre démon deuoir&de leur contentement. Cependant ie prendray la hardielîe de les remercier de nouueau , du vin François qu'il leur a pieu m'en- uoyer,dont toutesfois le fruit retournera à elles. Car en aydanc à conferuer ma fanté, elles ayderontà feconferucrla fantédu plus affe&ioné & obligé de tous leurs feruit<*urs;&:qui outre les autres hes,fe fent encore tellemét eftrcint à leur feruice , par h$ y y h 3j6 LES AMBASSADES nouueaux &aduantageuxtefmoignagcs que i'ay fçcu qu'il leur a pieu rendre de moy en France , depuis mon pauage par Flo- rence, que ie n'ay ny plume ny ligue fuffifante pour l'exprimer, le prie à Dieu me faire la grâce de le tefmoigncr auec les effets, en vous faifant voir par l'exécution des commandemens de mo- feigneur le Grand Duc, Se des voftres, que ie fuis. Madame, D. V. A. De Rome, ce i j. Veftre tres-bumble% tr es- oblige & très- Ianuier,i6oc. affiftionnéferutteur, I. Cardinal dv Pbrrok. ARGVMENT. Son JÛtejfe reftoni auec vue courtoifie indicible , à la lettre qttillvjr 4 eferite. ALL* ILLVSTRISS. ET REVERENDISS. Monfig. mio Colcndiflf II Sig. Gard del Perrone. Roma. IlluftrifT Se Reuerendiff. Monfig. mio ColendifT. O fon ranto ben' informât© Se ficuro délia corte- fiffima bontà di V.S. llluftrilfima , Se délia corrif- pondenza dcl fuo amore verfo i'afTettionatiffi- ma offeruanza , chc porto à lei , con afliduo defi- derio di fcruirla , che per quai fi voglia tardanza del fuo fenuermi , non farà mai da me reuoeata in dubbio ; oltre che anche so beniffi no , quali fieno le occupation! délia Cortc di Roma,& particolarmente di V. S. Illuftriu" fi che non fi pigli pena di ciô, Se non faccia mai meco feufe: che quand' anche fuf- fino cofe vrgenti,& fuor di complimenti, Se che non fopportaf- fmo dilatione}m'afIlcuro che V.S. Illuftriflima, lafcei ebbe quai ET NEGOTIATIONS. Liv.m. #7 Ci voglia alcra cofa; pcr fcriuermi , fi corne anch' io , quando ha- uero fuori di ccrimonie, à feruirla , non farà impcdimcnto niflfu- no . che mi ricenga , amandola io , & ftimandola veramente di coorc. Ne mi ringracij V. S. ItluftriflStna, di teftimonianze ch* iofacciadelfuofingolarilïimo merito perche, oltre chc le foti douucc, conuien piu tofto ch' ella mi fcufi , s'clle non agguagiia- no it merieo fuo. Et quanco allo fcriucrmi in Italiano , io mi contentero ch'clla mi fcriuaindcctalingualcaliana .nclmodo ch' ellami parlaua ; chc non folo l'intendeuo molto bene,mà mi pareua ch' ella poflcde/TelapropriccàdidetcalinguaafFacto: & fopra cucto, la nonfifcordiconTamarmiilcomandarmi. Et le bacio con ogni maggior arTetto , le mani. Di Liuorno , li y . di Feb.iôoy. D. V. S. IlluftrnT.&RcuercadifT. lAffettïonatifiimo feruitore. Il Gran Duca di Tofcana. ARGVMENT. Les traittemem qutl a receus à Florence^ appeUexdebiles parfon j(t- tejje , qui attribue à fa magnanimité , qutl les ayt reprefentexjt* Roy , (£« Vajjeure qu'en volonté & defade lefermr , le Grand Duc & eHe ne cèdent a aucun. ALL* ILLVSTRISS. ET REVERENDISS. MONS. mio Colendiff. Il Sig. Card. dcl Perrone. Roma. l&j^wjffl&Râ molti fcgni, ch'îo ho vedutofempre délia be- MÏr *(S^rugnanatura^i V. S. Illuftriflima , ilmaggioremi wjÊE\ par chc fia , che ella mofta d'haaere ftimaco per ■Hg) Jyjf grandi , quci deboli tractamenci chc le furono fat ti qUa> &r cnc conlamifura délia magnanimità fua.ella gli habbia rapprefentaci inFrancia,fino al Ré. Poflo ben'af&crrureàV. S. IlluftEilfima,che involoncà Se dcfidcno & Y y iij 31* LFS' AMBASSADES feruirla, il gran Duca,&io,noncediamoàni{Tuno.&chenoiri farcmmo ingegnati di moftrarlemaggiormente ilnoftroparti- colare affetto vcrfo di lei , fe ella haueiïe voluto lafciarfi goderc &feruirequàdanoi, vn pocopiùlungamente. Mààqucllochc . s'èmancatoin prefcnza,fuppliremo pcr l'auuenirc, anche in af- fenza, ogni volta che V. S. IlluftrifT. vorrà valerii di noi & délie cofe noftre :I1 che ella debbe fempre fare con ogni cô fidente au- torità .11 gran Duca hà hauutomoltoguftonelfentirlalettera che V. S. 111. hàfcritta à me^onofeendo con quanta affettionc ella gli corre(pondc,& la memoria che tiene délie cofe fuc. E t Ci corne S. Altezza anciuede & fperache V.S. llluftriflf. con l'emi- nenza dcl iuo valore, habbia daaccrefcer ogni giorno più.lalc- gadel fuotaiento in cotefta Cortc : cosi fa molco capicale del fauor fuo, $c fene promette abondamentc.Etiohauero fempre pa^ticolar contento.ch'ellami diaoccafionedipotcrla feruire, &: le baccio la'mano. Da Pifa, alli n. di Febbraio , 160;. D. V. S. Illuftriff. & ReuerendifT. %Affetîionxiifima per feruirla. Chrcft. G.Duch.diTofc. A R G V M E N T. Sa Sa'wftetéle met de trou Congrégations, obferuationenfaifanttjr recevae [es l'ifites. Propos du Cardinal Baroniw , ejrfon affuftton enuers le Roy. Procédure inaccoutumée du Cardinal Mcmalti. Les effet j du Cardi- nal ^Aldobrandtn conformes a fes paroles , Froide teceptwn du Cardi- nal Conti a Thurin. Conieûures recueillies du moyen recherché par le Duc, pour traitterauecle Roy. Le courage deplufuurs abba;uyparlede- latfjement du Marquifat de Saluffes. Venuoy k Rome des Cardinaux Fran- co'ps) refiouit lesfermteurs de fa Maiejlc. AV ROY HENRY LE GRAND. SIRE, Depuis ma dernière lettre , eferite du douziefme de ce ET NEGOTIATIONS. Liv. m. ^9 mois , par laquelle ie vous rendy conte de tout le cours de mon voyage, îufques à mon entrée folemnelle en cette ville de R.o- mc , l'ay efter fi furprii & accablé de toutes fortes d occupations, que ien'ay encore prefques eu aucun loifir de me recognoiftre. Car outre le téps qu'il m'a fallu employer âmes vifites ceremo- nialcs,a£hues 6c paffiues.qui ne furent acheuees qu'hier au foir, Se auant la fin defquclles , ie ne pouuois , fans vne recherche trop affectée , voir en priué ny le Pape, ny le Cardinal Aldo- brandin, ny aucun autre; fa Saincteté m'a mis de trois Congré- gations, afçauoir de celle de 1 Imprefïîon des liures , de celle des affaires d'Angleterre , &c de celle où fetraitte la difpure d'entre les Pères lefuitcs,&lcs lacobins Cequifurucnant,auec lamul- titudedes Chapelles &: Confiftoires . qui fe font rencontrez au comencemëc de cefte année; m'a tellemêt fait prolôger l'exécu- tion &c receptiô defdittes vifites, que ic n'ay eu nul loifir iufques icy,dc pouuoir vacquer à d'autres affaires. Et pourtant ne pour- ray-ie pas m'acquiter en cefte lettre, de lapromefTe quei'auois faite à V. M de m'informer & l'informer de plufieurs autres particularitcz.Seulcmentluy diray-ie,qu en faifant&rcceuant mefdites vifites , i'ay recogneu vnc grande difpofition en la plufpart du Collège , cnuers voftrc Maicftc,& nommément en toutes les créatures duPape & du Cardinal Aldobrâdin. Ce qui me confirme fort, en l'opinion que ledit Cardinal marche de bon pied , en voftrc endroit- Mais fur tous le Cardinal Baro - nius,qui eft le Confefteur duPape Se qui tient laclef des fecrets de faconfcicncc ,m'a fait paroiftre tant darTe&ion à l'endroit de voftrc Maieftc, queie penferois commettre vnc grande in- gratitude , que de la luy celer. Car non feulement lors que ic le fu voir , il me reprefenta combien il auoit recogneu par la le- cture des hiftoircs, que le Siège Apoftolique auoit toufiours reccu d'offices & de fecours de la France; combien au contrai- re, il recognoifToit par l'expérience du temps prefent , que les Efpagnols auoient d ambition d'entreprendre fur la liberré du Pape Se du facré Collège; Se me demanda par plufieurs fois }u V. Maiefté ayant quitté le Marquifat de Salufles,n'auoit pas en- core d'autres partages parlefquels elle peuft ou venir elle mef- me ou cnuoycr des forces quand il en feroic befoi n pour fecou- rir l'Italie : Mais encore m'eftât venu voir chez Mofieur le Car- dinal de Ioycufc, où eftoit en mon antichambre , le pourtrait 360 LES AMBASSADES de voftre Maiefté, il s'efcria ,parplufieursfoisenprcfencede toute l'affiftance, Viuc le Roy, Vme le Roy, Viue le Roy. Tous les autres Cardinaux pareillement, que i'ay vificez ou qui m'ont vifité, m'ont monftré vne grande «ftime &reucrence,enuers Voftre Maiefté; ôc m'oat fait paroiftre de prendre vn extrême plaifir , à entendre par ma bouche ,tant les bonnes procédu- res de voftre Maiefté , au fait de la Religion , que le bon eftat de fon Royaume , pour le regard des affaires temporelles , & la prudence & félicité aueclefquelles elle les gouuerne. Enquoy ic penfc n'auoir rien oublié de tout ce peu que Dieu m'a donné d'induftrie&: d'éloquence Le Cardinal Montalte, entte au- tres , qui n'a accouftumé de rendre les vifites d'ordinaire qu'vn mois après les auoir receuës, me rendit la mienne incontinent après auoirefté Yificé de moy aucc tant d'impatience, que l'on trouua cela en luy vne ebofe nouuelle & inufitee. Ce que i'e- ftime eftre vn effet du foin que iauoistefmoigné, par le com- mandement de voftre Maiefté en paiTant a Florence , de lare- conciliation du Cardinal Aldobrandin , & de luy S & du reften- timent que le Grand Duc luy en auoit fait auoir. Etquantau Cardinal Aldobradin,ie n'ay rien recogneu en toutes fes a&iôs, ny en celles de tous ceux qui luy appartiennent, qui démente rien de l'afleurance que Monfieur l'Ambaffadeur vous a donnée de fa part : Au contraire , & par la mauuaife intelligence quieft entre luy, te les Cardinaux qui tiennent le party d'Efpagne, co- rne entre autres , le Cardinal de fain&e Cécile; & par les plaintes qu'ils font , que c'eft luy qui nous aattirez icy , tout ce que nous fommes de Cardinaux François, pour nous oppofer au party d'Efpagne: &: parle defir qu'il monftre auoir de la recociliatior» du Grand Duc: 8c par la prattique qu'il fait auec le Cardinal Delfin & l' AmbafTadeur de Vcnife, pour procurer que le Pape, les Vénitiens & le Grand Duc, entrent en ligue deffenfîuc con- tre les pretenfions des Efpagnols: & par le defir qu'il monftre auoir, que diuers Cardinaux tant de fes créatures que d'autres, prennent deV. Maicftc,& s'obligent à elle: &: par les pratiques qu'il fait auec.1' Ambafladeur de Sauoye, que le Duc de Sauoye fedefparte des Efpagnols, & fe conioigne auec voftre Maiefté^ Ilfembleapparoiftreque fes effets font conformes à fes paro- les. A quoy i'adioufteray ce que i'ay defiareprefente à voftre Maiefté, par ma dernière lettre; Que c'eft vn efprit, comme il ET NEGOTI AT ION S. Lu.ur. 55i la monftrc au faic de. Farnefe,fort hardy & refolu & ennemy des dcireins bas & timides > tel que feroit celuy de rendre le faind Siège & l'Italie, efclaues;& amy des defTcins généreux &: hafar- deux , tel que (croit celuy de le mettre en liberté. Ce qui le fait, entreautreschofes particulièrement affeclionner au Pape ,1c- qn.'l eftant de fa nature. craintif défaillir, & par confequée dif- ficile a fe refoudre, eft tres-ayfe derenconter vnefprir, quiluy aide à fedeterminer enfes irrefolutions , &àfe fortifier en Ces refolutions. Et de cela , l'AmbafTadeur de Florence m'en a conté Vnehiftoire fort cxpreife, qui eft que ledit Ambaifadeur , après le fuccesde Ferrareeftac allé trouuerfuSain&eté, pour s'en con- iouïr auec elle. & aiant méfié cefte coniouilîance de p'ufieurs louanges du Cardinal Aldobrandin,le Pape luy refpondit : 1 1 eft vray , ileft tel que vous me le dites, mais il a encore vne partie, qcevous auezoubliee , qui eft,quec'eft vn efpritforthardy &c fort refolu. Ce que ieme fuis licentic d'eferire à voflre Maiefté, pour ce que fur la cognoiflance des complexions des hommes, on peur aucunement fonder celles de leurs intentions II part auiourdhuy oudemain, pour s'enaller àfon Archeuefchéde Raucnne, d'où le Grand Duc l'a fait prier de pafTerpar chez luy, àfon retour. Et de cela,ilaeftétres aife:mais jla defiré que le Grand Ducredoublaft encore ceft office, tant afin qu'il euft plus de fuiet d y obtempérer, ne fcmblant point que ce fuft vn compliment que le grad duc euft fait par manière d'acquit , que pour engager le Grand Duc par ce redoublement d'inftance, alereccuoirp!usconuenablement& honorablement, que pof- fiblela reiîouucnance des chofes paiTces ne luy euft fait efpc» rer. l'en aytraitté auec l'AmbafTadeur de Tofcane , qui m'a dit que fon Airelle le fera , & que fi toft qi e ledit Cardinal A Ido- brandin fera arriué à Râuenne elle enuoiera vn Gentil homme vers luy, pour le vifiter & honorer de fa part. Nous attédons icy le Cardinal Conti dans deux ou trois iours, quia a pafTé par Thurin .dontiecroy qu'il n'eft pas party trop content. Le Duc quieftoità Verfcil, ne fe trouuapointàfon arnuee , ains vint à Thurin deux ioursapres , encore qu'il f'y fuft peutrouuer,cn aiant efteaduerty long-temps auparauant, &celaàcequei'ay fçcu,pour n'auoir point occafion de le loger en fon Palais, à cau- fe qu'il ne m'y auoit point logé lors que i'y eftoispafté,donttou- îesfoiS fay appris cjue depuis il auoit eu regret. Cela fit que lç 56t LES AMBASSADES Cardinal Contiluy tint vnpeu les gardes hautes; &r comme ils furent enfcmble en la chambre, dit au Duc, Seyons-nous? 5cz vn de fes gems, Apportez vne chaire à Ton AlteiTe.Ce que le duc luy rendic bien toft : C ar fans Te vouloir a (loir , il fe couurit pre« mier que le Cardinal .& ce par deux foisdiuerfes ;& puisfou- dain fe retira, ôdes autres iours fuiuants fe pafferent en cérémo- nies, alfcz froides. I'ayaufli appris, que ledit Ducauoit eu re- gret de nés eftre ouucttàmoy,lorsquei'y paiTay. Et de fait, le Cardinal Aldobrandin , ayant demandé icy à fon Ambafladeur, qui luy parloit d'vn moyen propre pour pouuoir traitterauec voftre Maiefté pourquoyilnelauoitfaitpar moy, ledit Ambaf- fadeurluy arefpondu , que fon AlteiTcattendoit queie parlafte le premier. Ce que pour mon regard, outre la deffenfe quei'a- uois de voftre Maiefté, de commencer le premier ,ic n'ay point regretde n'auoir pointfait: Car delà, îlén eftaduenu, qu'il s*eft mis à vouloir tenter vne autre voye , comme Monfieur de Bethune, AmbafTadeur de V m. luy fera entendre, parjaquelle il s'engage à parler le premicr,&: ferend, non le recherche , mais le recherchât: De forte que quoy qu'il reulTifle de cefte affaire, il fe fpar fon moien,&: du Ducde Mantouëeuft qi>ad elle voudroit les portes de l'Italie - qui font lePiedmom&Ic Montferrat,ouuertcs, il fe verroit d'eftrangts changements en Italie , voire mefme fans que voftre Maiefté fe remuait. Car comme d'vn cofté, le dclailTement du Marquifat de Saluffe aabbatule courage de plufieurs en cefte Court, & en tout l'Italie :auffi a t'il enflé les Efpagnols de tant de prefomprion que les infolences dont ils vfent , ouurent les yeux à ceux qui ont quelque ialoufie de leurliberté , pour leur faire voir le deflein qu'ils ont d'occuper toute cefte Prouince : de forte que les plus affoupis cornmcaccnt à fe vouloir efucilier, & à i £T NEGOTIATIONS. Liu m. 3,plaift,aueclaprefente, mes bien-humbles recommandations. ^Priant Dieu, Monseignevr, qu'il vous donne en fante t beurcu- fe & longue vie. De Paris, le 2*3. de V prêtres-humble feruiteur, Feur.iôoj. Denevfville, A R G V M E N T. €eÇlvntres>honneJïe ejr Courtois remerciement de ce Seigneur. A MONSEIGNEVR LE CARDINAL du Perron. a Rome, i-Tl f Onseignevu, " J[VI *c me Promettois bien , que les affeurances qu'il vous » auoitpleume donner de voftrebonne grâce, pafTantà, j, Villeroy, feroient fuiuies des effets , eftant trop afTeuré de la fin- ^centéde voftre bon naturel, le vous en remercie très- humble- E T GOTIATIONS, Liù.uf. tfj mînt.&particulieremenrdc ceux que vous m auez voulu ren-8 LES AMBASSADES Csefareo,de me donner aduis del'^nrreueuc &rreconciliatio du Cardinal Fatm-fe Se djpluy, Jdnt l'effet s'eft enfuiuy incontinec ap es, par lcietoar du Ordinal Farnefc ,en cefte vi le De leur rccocjliation,à tour le moins, V. M tirera cef mt, qu'elle pourra iuger par ta . "ontimution ou interruption des offices du Cardi- nal Al lohraiidi , fi l'accroiflemenr duzele qu'il amunftié'cn- uers V". M. depuis les derniers traittczde M1 D mbaffaderrauec luy, a efté pour donner martelaux Efpagnols, ôc lesengagerà faire que le Cardinal Farnefe &£ le D ne de Parme , fe mffent en deuoir de le rechercher; ou bien s'ilèffc procédé d'vne vraye 5c fincere affe&ion. Comment que ce foit , cefte reconciliation a anticipe l'efperance de plufieurs qui ne croy oient pas qu'el- le fe deuft faire/ans nouuelle recharge du Roy d'Efpagne , ayat à ce qu'on tient le Duc de Patmc refpondu aux lettres dudii Roy, qu'il defîroir vn plus exprès efclairciffement de l'intention de fa Maiefté , fur les circoajtances particulières de ceft affaire: Et neantmoins , pendanc qu'on eftoit en cefte attente il a preue- nu le coup, &s'cft feruy de I'occafiô qui luy eftoit ofFerte du paf* fage du Cardinal Conti pour mefuager la grâce du Pape, &c monftrer qu'il faifoie de fon gré ce qu'il preuoyoït deuoir eftrs contraint de faire par force. Et cela, aucuns l'eftimcnt plus ad- uantageux pour les affaires de V M. que filachofeeuft acheué de fe terminer par l'entremife des h fpagnols , lefqucls pour faire cefte féconde 5c plus preffante recharge, euffent poffiblc exigé du Cardinal Aidobrandin de plus grandes promeffes & condi- tions d'engagement Quoy qu'il en foit,ie croy que voftre Ma- iefté prendra aduis de continuer & augmenter de plus en plusj, , fes eareffes &r. tefmoignages d'amitié, entiers ledit Cardinal Ai- dobrandin , lequel s'il procède fincerement ^nuei s elle, ne luy peut eftre finon extrêmement vtile , non feulement pour les af- faires de R orne mais mefme pour celles de toute l'Italie. C ar les proiets qu'il monftre d'auoir,nefont autres que de faire &: affer- mir vne ligue entre le Pape,les Vénitiens & le Grand Duc,&lcs autres Princes d'Italie qu'il y pourra attirer , pourauecl'appuy de V. M. refifter aux entreprifes des h fpagnols, fur la liberté co- munedu S.Siege&desautresPotentats d'Italie. Et cela no feu- lement ie le fçay de fa bouche , par les propos qu'il m'en a tenus, , mais mefme par ceux que le Cardinal Delfin en a tenus à . Mr l'AmbaiTadeur , & lefquels ie croy quilauraefcricsà V. M. ET NEGOTIATIONS. Liv. m. 369 Carcommc le Cardinal Aldobrandin eut fait fonder &tenter les Vénitiens par le Cardinal Deifln , d'entrer en cefte ligue, & que le Cardinal Delfin luy rapporta que les Vénitiens fai- foientquelque difficulté fur les moiens de l'eftablir & affeu- rer. 11 luy répliqua que s'ils auoient fon courage , qu'elle Ce- toit faitte dans quinze iours. Et quand les demonftrations d'affection, que le Cardinal Aldobrandin fait à voftre Majefté, ne feroient qu'en apparence , elles ne lailTetont pas pendant qu'elles continueront, de luy eftre grandement vtiles.Car l'opi- nion eftant imprimée en la plufpart des efprits de cefte Court, tant par les tcfmoignages exteneurs que le Pape &: le Cardinal Aldobrandin en donnent , que par les peintes que les Efpa- gnols 6c leurs partifans en font , que fa Sain&eté & ledit Cardi- nal Aldobrandin fauorifent les affaires de voftre Maiefté , 8c ont agréable qu'elle traittc,foitauec leurs créatures, foit auec les au- tres pour les engager & obliger , plufieurs y preftent & prefte- renx beaucoup plus volontiers l'oreille. Et fi voftre Maiefté peutfeulement auoir demie douzaine de Cardinaux 2 ffidez&: obligez, par acceptation de penfions,ou autres biensfjits, com- me il y ena défia pour le moins quatre qui en font fort ausnr. Cela , auec les cinq Cardinaux François qu'elle a à Rome , ôc ceux qui de longue main font affectionnez à voftre Maiefté ceux que par dextérité de negotiation Se efperance d intereûs, on y pourra engager , & ceux qui par inimitié de leurs com- pagnons, ou compétence &cnuie de les exclure, f'yjoindrôtr Elle fera aflTeuree de l'exclufion , & eftant afleureede l'exclu- fion , fera toufiours aufli forte en cefte Court , qu'aucun au* tre: d'autant que quand oneftaffeuré de l'exclufion , nul autre re peut auoir l'rnclufion , fans le gré ôc confentement de ce- luy qui a l'exclufion. Le principal cft, qu'il plaife à voftre Maiefté continuer, comme elle fait, de monftrcr d'affectionner lesaffai- rcs de Rome, & y vouloir tenir & agrandir vn party , 8c pouffer en auant ceux qui s'y ioindront. Car ce qui a iufqu'icy le plus defauorifé les affaires de voftre Maiefté, aeftél'opinion qui y a pris pied, depuis plufieurs années qu'elle auoit abandon- né le foin des affaires de Rome& d'Italie : Pour la confirmation de taqueile les Efpagnols n'ont pas oublié de fe feruir du pretey- tedelaremife du Marquifatde SalufTes : Et encore mefmeau- jcurd'huy3ils font courre le bruit, que la venue des Cardinaux Aai 570 LES AMBASSADES François à Rome , n'eft qu'vnc leuee de bouclier , faite non de l'inftinâ propre de voftre Maiefté,mais par la recherche du iJapc & du Cardinal Aldobrandin, fur l'incident des affaires de Far- ncCci&c que voftre Maiefté après leur auoir donné ce conten- tement, les rappellera ou laifTera retourner en France: de forte que c'eft vne glace ; fur laquelle nul de ceux qui prétendent au Pontificat , ne doit faire aucun fondement. Le Cardinal Bufa- lo , qui cotinuë à rendre à voftre Maiefté toutes fortes d'offices &c de feruices , &: qui a receu vn extrême contentement , du gré qu'il a appris de Moniieur l'AmbaiTadeur, que voftre Maiefté luycnfçayt;mevintvoirilyatroisiours&: me rebactit fort ce point h&c après pluficurs propos des moyens de reftablir l'au- thorité de voftre Maiefté en cefte Court, me demanda s'il n'y auroit point d expédient , pour faire que le DucdeSauoycre- mift l'efchange du Marquifat de Saluftes pour la Breflfe : adiou- ftant que quant à luy il ne tenoic pas cela pour chofe impoflible, dautant qu'il auoitfçeu que ledit Duc s'en fentoic fort greué. a quoy ic luy refpondy que ie n'en auois rien recogneu , lors que i'eftois paffé par Thurin : dautant que n'ayant eu aucun com- mandemêt de voftre Maiefté, d'entrer en propos d affaires auec luy, ie m'eftois abftenu de m'y engager. L'AmbaiTadeur duDuc me vint voir au(H il y a deux iours , qui me conta qu'il aaoit tou- jours efte contraire aux confeils de ceux qui auoient voulu mettrefon Maiftre en mauuais mefnage auec voftre Maiefté; Se luy auoit reprefenté &: par le difeours des hiftoires & par celuy de la raifon, qu'il ne pouuoit auoir aucune amitié fi v tilc, ny au- cune inimitié Ci ruineufe que celle de la France-. & que contre la France, toutes les autres prote&ions ne luy pouuoientferuirj &: qu'auec la France , toutes les autres oppofitions ne luy pou- uoient nuire : Ët que maintenant fon Maiftre commençoit par expérience propre à le reflentir&: à l'apperecuoir, le me con- tétay d'approuuer la vérité de fon difeours , fans entrer en aucu- ne plus feerctte particularité auec luy,dautant que ie fçauois les propos qu'il auoit eus fur le mcfme fuiet , auec Monfieur l'Am- baiTadeur: Auquel remettant de vous en eferire plus au long ,ie finiray cefte lettre , après auoir dit à voftre Maiefté , que le Pape m'a colloque en trois Congrégations, dedcuxdefquellcs l'ay cftimé cftre de mondeuoir, de rendre conte à voftre Maiefté: LVneeft celle de Auxiliis,en laquelle fetraitte la difpute d'entre ET NE G OTIA TIONS. Liv m. 57i les Pères Iefuitcs M leslacobins. Surquoy outre l'intercft du différent, de la Religion,-voftre Maiefté pourra iugcr,par les ad- uis qu'elle aura d'Efpagne,s'ii n'y aura point quelque raifon d'E- ftat . qui face qu'-Mi folicite de delà fi viucment contre lefdits Pcrcs iefu:tcs. L'autre eft la Congrégation des affaires d'Angle- terre, en laquelle le Pape ayant propofé, auec demonftrarion de le defirer , s''l deuoit enuoycr quelque perfonne particulière pour conuier le Roy d'Angleterre à efeouter en matière de Re- ligion 5 1'av pris auec plufieurs autres la partie afKrmatiue , tant pour ce que ie la crois cftre demondeuoir,quepourcequeie voyois que les Efpagnols embrafToient la negatiue: Et d'ailleurs ^ue ie penfois ne pouuoir donner vn meilleur gage de la vraye & lînccrc affection de voftre Maiefté, au fait de la Religion , que de monftier qu'elle defiroit vne telle conuerfion; ny mieux monftier qu'elle la defiroit, que de monftrer que fes créatu- res la procuroient. Cela Se ce qu'il plaira à voftre Maiefté me r'eferire fur ce luiet , ie la fupplieray auoir agréable qu'il foie tenu le plus fecret qu'il ferapoflîble. Car outre ce que le Pape a menacé de fon indignation , ceux qui rcueleroicnt ce qui y feroit dit, ce rapport m'ofteroit le moyen de pouuoir eftred'o- rcfnauaut vtile au feruice de voftre Maiefté. l'adioufteray que fur la clofture de cefte lettre, le Cardinal Bandini m'cftvenu voir, qui après plufieurs difeours que nous auonseus cesiours palTcz cnfcmble , &: que nous auons renouuellez, auiourd'huy, m'a fait mille pioteftations de feruice à V.M. Dequoy ie l'ay alTeure que ie donnerois aduis à voftredite Maiefté , laquelleie fupplieDieu, SIRE,la conferuer longuement & heureufement en toute- fortes de ptofperitez fpirituelles & temporelles. D. V. M. De Rome, ce 7. Feurier,itfoj. Le tres-humhle , & tres-cbejfftnt fuiet feruheur. I. Cardinal dv Perron., Axa ij LES AMBASSÀD ES A R G V M E NT. Remerciement ducontenu en tdcttre qui ejlenUpAge 340. ReUtiên promi/e , defiree du Roy. Et reformation demandée de quelques Bulles. A MONSEIGN EVR LE CARDINAL du Perron. A Rome. Onseignevr, le vous doy,&àlabonté deMonfieurle Grand Duc, le contentement que vous auez pris la peine de m'eferire , qu'il vous a dit auoir de m y & de mes lettres: Car ie fçay ma portée ,& ne m'y trom- pe pas : Mais c'eftainfi que vous faites valoir le talent de voftre amitié. le vousenremercie donedetres bon cœur, comme ie fay du bon office que vous m'auez rendu enuers Monfieurle Cardinal Aldobrandin: Car vous m'auez fait très grand plaifir, tantiefuisialouxdéfabienueillance : Vous priant de l'aiTeuter que fi ie pouuois faire fortir de ma boutique quelque eftoffe qui luyfufl: agréable » il en foiroitferuy de tres-bon cœur, comme fera de mon fils, quand il fera par delà ,finonaufli agréable- ment & à fon contentement qu'il merite,au moins fincerement fiJellement,ainfi quei'ay prislahardiefledeluyefcrire. Au "furplus , fi nous né receuons bien toft la relation que vous nous auez promife par vos deux dernières lettres; croyez que le R oy parlera bien à vous , en vous aceufant du peché de pareiTe. Il m'a commandé vous l'efcrire priuément, comme à fon ferui- teur intrinfeque qu'il affe&ionne, &cognoiftiufques en l'âme. Et dautant que ie me promets que vous l'aurez contenté par le prochain ordinaire, ie m'abftiendray de vous prier &c confeil- ler d'y fatisfaire par les fubfequcns. Aidez nous cependant, s'il vous plaift, à faire reformer les Bulles de nos bénéfices C5fi- ftoriaux ,afin queledroi&denominatioacquisà nos Roys par le Concordat, y foit reprefenté aux termes anciens, lefqucls "n'ont efté changez , que depuis nos guerres ciuiles. Et fur ec ET NEGOTIATIONS. Liv.nr. fft vous prefcnteray mes bien humbles recommandationF,en priât Dieu, Monfcigncur , qu'il vous conferue longuement en parf-it- te (ance. De Paris, \ci6. iour Vcjlrebien humble fermteur, de Ianuier, i6oj. De Nevfvillb. ARGVMENT. Opinion non libre du Cardiuald'^uiU. MaUdteda PapeChment VI 1 1 . Bbnne intention de Vénitiens. AV ROY HENRY LE GRAND. I R E, Vne fleure de dix ou douze iours , qui m'a prcfque coufiours tenu au li6b, depuis le par- lement du dernier ordinaire, mcmpefchc* ra de faire long difeours à voftre Maicfté. Seulement adioufteray ie a l'aduis que ie lu/ donnay , du fait de la Congrégation d'Angleterre , que le lendemain qu'elle fut tenue la dernière fois , le Cardinal d'Auila tfpagnol , qui s'eftoit fort oppofé au deffein que le Pape monftroit auoir , d'enuoyer vers le Roy d'Angleterre, & qui m'auoit somme pris à partie là deflus; me dit cftant affis auprès de moy au Confiftoirc , que i'auois eu rai- fon , &: que s'il euft eu fon opinion libre , il euft donné vn vœu fcmblable au mien. Ce que à l'heure mefme ie dy à Monfieur le Cardinal del Bufalo,qui cftoit affis de l'autre cofte de moy,p<.ur le luy faire remarquer ; Et n'eufle oublié file Pape euft efte de- puis enfante , deleluyreprefenterafln de luy'faire voir comme ils s'efforcent de permader au Roy d'Angleterre, que c'eft vo- ftre Maiefté , qui desfauorifc fes affaires en cefte Court ; au lieu que ce font eux qui fous main les trauerfent &: perfecutent. I'ad- ioufteray aufft à ceft article , que le Grand Duc m'a mande que les Seigneurs Vénitiens délirent grandement l'affaire , dont i'ay Axa iij 374 ^ LES AMBASSADES efcrit à voftrc Maiefté, pour le regard du Marquifat de SalufTes, & qu'ils I'ayderont en toutes les meilleures manières qu'ils fe pourrontimaginer. Ce fontles propres termesde fa lettre. Le refte des affaires de cefte Court.demcurc en fufpcns fur l'incer- titude du fuccez de la maladie du Pape, laquelle a eftéextreme, & telle qu'on ne fçayt encore prcfquc , qu'en efpercr. S'il en arriue autrement que félon noftre defir, ce me fera vnc grande confolation , que mon indifpofition m'ayt pris de fi bonne heu- re qu'elle commence ( comme elle faic , grâces à Dieu ) à me laifïer , au temps que voftreMaicfté pourra tirer quelque vtilité duferuice de Tes créatures. le prie Dieu, S R E, la mai ntenir longuement & heureufement , en tou- tes fortes de profperitczfpirituellcs Atemporelles. DeV. M. De Rome , ce 2,3. Le trcs-hun>bL é" • trei-obeyfjant Feurier. 160$. fuiet & feruitair. I. Cardinal dv Perron. ARGVMENT. Incertitude du fuceex^de la maladie du Pape : & aStion de grâces , tP office receu. A MONSIEVR DE VILLEROY, Confciller & Secrétaire d'Eftat. En Court. .fSsBïf Onfieur , Vous n'aurez pas long difeours de moy~ •SEP^I Pour ce^encure Vne fleure qui depuis dix ou douze filM^ iours m'a tenu au lit, m'en feruir%, s'il vous plaift,d'ex- eufe. Le principal point que ie vous efcrirayeft, que grâces à Dieu , ic commence à en fortir , &: à me porter mieux. Le refte des nouuelles , qui font toutes attachées à l'incertitude du fuccez 4e la maladie du Pape, M'iAmbanadeur vous le* rc- ET NEGOTI ATIONS. Liv.in. p% ptefcntera Seulement vous rcmercieray-ie en particulier , de l'office que i'ay fçeu par Monfieur de Marqucmont , qu'il vous a pieu me rendre auprès du Roy. le prendray toute 'a peine qu'il me fera pofliblc, de n'en demeurer point ingrat , finon en voftre endroit; de vous , Monfieur qui cftcseflcuc par deflus la por- tée de mes feruiecs , pour le moins de Monfieur voftre fîls , que i'auray l'honneur de feruir &atïîfter en cefte Court. le le vous promers à l'vn Se àl'autre,3uec toute lafîdelité que vous pou- uez defircr, Monfieur, de De Rome, ce 13. Feurier,iéor. Vojire tres-ttffcftiorinê feruittur. I. Card. dv Perron. • ARGVMENT. Obligation de l'iffue maniée d'vtte affaire importante: Etpreuuedu hou naturel , & de l'excellent iugement du Roy. A MONSIEVR LE^CHANG ELIER. de Bellieure. MOnfieur, Entre plufîeurs grandes Se importantes obligations que ie vous ay, celle dont vousauez daigné me fauorifer par vos dernières lettres, en me mandant le fuccez de l'affaire qui vous concernoit, eft vne des principales. Car outre la nouuellc afTeurance qu- elle ma apportée , qu'il vous plaift apperceuoir, Se auoir agréa- ble 1 affection , ou pluftoft pafïion que i'ay atout cequieft: de voftre feruice Se contentement; elle m'a encore mis l'efprit en vn grand repos , voyant que le tout , grâces à Dieu, s'eft pafTé auec voftre gré Se fatisfa&ion. le l'en loue de tout mon cœur, &lefuppplic vouloir continuer d'accompagner iufques au plus long cours de la vie des hommes , voftre vertu , d'autant d'heur qu'elle mérite. La. crainte que l'on auoic eue icy , de l'ifluli 37* LES AMBASSADES de ccfte ncgotiation,me fait îuget que l'on y reccura auec grand j applaudilfement, la prcuue que le Roy a donnée de Ton bon na- \ tuiel Se de fon excellent iugement, en rnonftrantd'vncofté de ' vouloir auec toute sô auchorité Se tous fes ornemens,conferucr vne perfonne, qui par le pafle luy a efte fi vtile , & pour l'aduenir luy peut eftre envoie fi neceiTaire;& tefmoignantdcl'autre,qu'- elledefire queccluy quelle vous defigne pour fuccefleur, face fes efTays en cette chai ge fous vous ,afin que chacun cognoiffe que côme elle feftime fcul digne de vous imiter , aulîi elle veus eftime feul digne de luy feruir de patron & d'exemple ;& veut enter ce qu'elle fe promet de fa vertu & fuffifance , fur le tige & îa racine de la voftre. I'endonneray conteàfaSaincteté,quc ie m'aflfeure reeeuoirceftenouuelleauecplaiiir : comme aufl» fera Mr le Cardinal de Florence , qui s'entretient & m'entretiet tous les iours de la douce mémoire de voftre conuerfation;& mille autres amis & feruiteurs, que vousauezencefteCourr, entre lefquels ie cederay de mérite & de fortune à plufieurs,. mais d'obligation de d'affection, à nul. le vous fupphe tres-in- ftamment de le croire, 6c de me tenir, Monfieur ,pour De Rome, ce 15. Vojire plus humble & obligé Feurier, 1604. /truite*». I. Cardinal dv Perron; A R G V M E N T. // fe cenkuit auec Mênfieur le Chancelier d'à prefenr, de fi promotion ttla charge de Garde de Seaux de France.. A MONSIEVR DE SILLE RY, GARDE des Seaux de France. ïïV^JoTjS Onfîeur, Ien'aypeu ny voulu donner plus longue tre- Jiw^lr uc> ^anouue^C{lue i ay receuë de voftre promotion liÙtèisS à. la charge de Garde des Seaux , fans vous en eferire ce mot de congratulation. L'cftime ^uc i'ay toujours faite,de vo- ET NEGOTI ATIO NS. Liu.ni. 577 ftre mérite, &de l'amitié qu'il vous a pieu dés mes ieunes ans, me cefmoigner , ne rae pouuoit permettre fînon de me refioiiir de toutccquiconcerne voftrcbien , honneur & auancemenr. Maisl'aduis que i'ay eu que celas'eft patte aucc le gré Se conten- tement de Monfieur le Chancelier, & en faifant alliance entre luv& vous , m'a rendu cette nouuelie encore beaucoup plus agréable, tant pour l'honneur qu'il m'a toujours fait de m'ai- mer, que pour celuy que toute la Frâcc doit a fa vénérable vieil- lelfc , & à Ces mérites & feruices Comme aufli ie ne doute point, que Ton contentement en cette occafîon, ne free vne bonne part du vottre. le prie Dieu le continuer longues années, à l'honneur de fa diuinite, au bié du feruice du Roy & du Royau- me, &: au fou h ait, Monfieur, de De Rome, ce 23, Vofire tres-*ffeflionné (eruitew. Feurier, i6o;. I. Cardinal dv Perron. A R G V M E N T, titwuellc in -'pince de la-mort du P.ipe. Brigue des Efpagnoh. Et rr/- htc « rccchoir, cCrn tduu de Monfieur le Grand Duc. AV ROY HENRY LE GRAND. IRE, La nouuelie inopinée de la mort du Pape, de la guerifon duquel on auoit eu plufieurs efperan- ces ces derniers iours, méfait efenre ce mocen hatte à vottre Maiefté , par le Courrier de Mon- fieur. 1 Ambattadeur , afin de luy dire que grâces à Dieu , i'ay re- Cpuud t ma fanté affez à temps , pour luy faire feruice en cette occafîon. Les Efpagnols ont remué ces iours palTez , le Ciel ÔZ la terre, pour préparer les vœux à l'efle&ion du Cardinal de Co- rne : mais aiantsrecogneu que le party de vottre Maietté, &de ceux qui luy adhéreront en cette exclufioncft tropfort , pour leurper nettre d'en venir aifément à bout} ils commencent à Ce icKCEfuiicxclufion de ceax qu'ils penfenc deuoir ettreagrea- Bbb 37S LES AMBASSADES. blesà voftre Maiefté , & entre autres, des Cardinaux de Flo- rence, te Baronius. Nous n'oublierons aucune chofe denoftrc deuoir, fous la bonne &fageconduitte de Monfieurle Cardi- nal de Ioyeufe, pour faire qu'en cette cle&ion, Dieu foie feruy, & voftre Maiefté contente, ^hiant à l'auis de Monfieur le Grand Duc , pour Saluffes , ie nel'auois pas eftimé fi aifé àfairc rcLiflir, queicmcperfuadaflfed'en deuoir rendre conte,auec beaucoup dchafte,à voftre Maieftc : Neantmoins, pour ne croire point mon iugement en telles affaires, ie penfay eftrc de mon deuoir, de le luy reprefenter. Ceft chofe, dont line traitta point auec moy , par manière d'acquit , mais le plus ferieufement qu'il pût, & auec tant de paflion , m'en ayant fait encore depuis plu- fieurs recharges , que ie croy que rien ne luy tient plus au cœur, & qu'il ne penfe point pouuoir,par autre moyen, eftablir au* cunc feureté, fous la protection de voftre Maiefté , pour Ces Eftats , &: pour ceux de fes amys , en Italie. Et peut cftre que la demonftration de concéder , en ce cas , quelque chofe de for» defir, Se de ceux qu'ily veut embarquer auec luy, feroit vn moyen propre pour l'engager , luy &eux,à entreprendre des ligues, negotiations & dépenfes , lcfquelles , encore qu'elles n'arriuaffent pas au but qu'il prétend , neantmoins produi- roient des effets vtilcs pour le feruice de voftre Maiefté , &: ce- la, fans qu'elle fcmélaft de rien, ains feulement les laiffant fai- re, comme de chofe commode à eux ,& non à elle. Mais ce difeours pafTe la portée de mon iugement, &: de mon expé- rience, en matière d'affaires. Le refte des nouuelles de cefte Court, & particulièrement pour le fait du Cardinal d'Eft, ie rcmettray àMonfieur l'Ambafladeur, le foin de l'efcrirt à vo- ftre Maiefté. Et ce pendant, fupplieray Dieu, S I R E, la conferucr en toute forte de profperité. D. V. M. De Rome , ce î. Le tres-hunibh & trct'(jbeïj]*ntfuict Mars, i6q$. & feruiteur. I. Cardinal i>y PjrronJ ET NEGOTIATIONS.Liu.in. 575» ARGVMENT. Le Pape riuant encore m tour , contre l'aduU donne de fa mort : Le Cardinal >Àldobraiidin afjemble [es Créatures. Les propos qu'il leur tient ; Et ceux d'entre luy nofire Cardinal. * AV ROY HENRY LEGRAND, IRE, Depuis l'autre lettre eferite, qui fut hier au foir fort tard, le Pape, contre lauis qui nous auoit efté donne, a encore vefeu auiourd'huy: Et ce matin le Cardinal Aldobrandina enuoyé quérir toutes fes créatures > pour les informer 'de l'cfbt où îleftoit , & leur offrir de le leur fai- re voir. Chacun l'a remercié de ceft office, Se de la peine qu'il auoit prife auprès de fa Saindleté , pour eiTayer de luy aidera rccouurer fa lamé: Et toutes luy ontprotefté fs:uice&: gratitu- de. Sur quoy reprenant la parole , il a rcfpondu qu'il n'entroit point encore lors auec eux , en traitté d'aucunes autres affai- res , pour ce qu'il ta v fembloit que le Pape viuant, c'euft efte chofe malfeante 6c précipitée. Seulement les prioit-ilfi l'on faifoit courir quelques bruits impertinents , de fes defleins, qu'ils n'en creuffent , fmon ce qu'ils enorroientdc fa propre bouche. Qucs'ilplaifoità Dieudifpofer denoftre Sainct Père, il feroit voir qu'il n'eftoit en cette occafion , meu d'aucuns inte- rcfts,& que fiiufques alors , il auoit eu quelques penfees,ils mourroient touts auqcquesle pape. Mais qu'en l'élection d'vn futur fucceffeur ,iln'auroit autre but, quelefcruicc de Dieu, & la liberté du Siège Apoftolique. Lequel mot ne pouuoitfi- non donner droit dans lcsyeuxdes ifpagnols : Car s'il eoildit, grandcur,authorité, dignité : cela pouuoit eftrc fuietà interpre- tatiommais le mot de liberté, aiantvne manifefte relatio&op- pohtion auxmotsdecaptiuité & de feruitude, il ne pouuoit re- garder que les Efpagnols , & non les François, qui ne font, ny en volonté ny en condition, dcpouuoir rendre le Sainft Siè- ge cfclauc. Or eftoie cela , prcfque la mcfme proreftatien, Bbb ij 3$o LES AMBASSADES qu'il m'auoit faitte il y a vn mois, lors qu'il partie pour Rauen- ne : afçauoir, que quand nulleautre inclination neleporteroic au feruice de voftre Majefté . la feule confideration d'auoir efte agrandy par le Sainâ: Siège, &deiouïr de foixante mille efeus de rente du bien de FEglife , l'empefcheroir d'eftre umaisfi laf- che , que de confentir àccux qui voudtoient me ttre le loug fur le col de lEglife : Et que lors qu'il verroit pour l'efle&ion de quelqu'vn au Papat, tous les interefts du monde d'vncofté,5£ de l'autre, la perfonne d'vnhommc, quipeuft maintenir lali- berté &authorité du Siège Apoftolique, &:refiftcr àceux qui la voudroient opprimer , il courroit toufiours à ceftuy Là. Et pour ce , comme nous fortions les vns après les autres de fa chambre, pour monterencelledu Pape, ie luy ay dicen paf- fant auprès de luy , queiej.epriois&fommois dcfereffouucnir de la parole qu'il venoit ac proférer , &: delà proteftation qu'il m'auoit faitte fur ce mefme propos , il y a vn mois , &: que cefte action fer oit la plus glorieufe couronne qu'il fe pourroit mettre furlatefte. A cela , il m'a refpondu qu'il f en fouuicndroit, &£ lemaintiendroit. Et depuisencorc , comme nous partions de la chambre du pape, i'ay différé à fortir le dernier, pourauoir la commodité de luy rabattre la mefme chofe , prenant mon prétexte, ifur la charge que ie luy ay dit, que Monfieur le Car- dinal deloyeufe m'auoit donnée, de luy offrir Ton feruice. A quoy i'ay conjoint les affeurances que voftre Maiefté m'auoit commandé luyrenouueller, de fon amitié, & les témoignages de la confiance qu'elle auoit en luy: &r, luyay reprefenté que Maiefté n'auoit autre deffein, ny ambition & intereft, enceft affaire, finon que l'on miftau Papat, vnperfonnage qui fuftde preud'hommie &C de, fuffifance telle , qu'il peuft maintenir l'honneur , la liberté &c Pauthorité du Saind Siège : Et que luy- mefme nepouuoit, qu'il ne fuft vny en ce deffein, auec voftre Maiefté , luy eftant chofe trop importante à fon honneur, d'empefeher que le Papat , au forcir de fa maifon &: par ma- nière de dire de fes mains, ne tombait par fon entremife pro- pre , en ruine &: feruitude. Qu'outre le refpe£t de la gloire de Dieu , & de fon honneur particulier , il deuoit encore fc reprefenter, qu'il ne luy falloit plus fonger déformais à fon agrandiffement,maisàfaconferuation: Et que cela, il le pou- uoit efperer affeurément f'il mettoit vn homme de bien au ET NEGOTIATIONS. Liu. m. Papatrdautar.t que roue homme de bien i'eroit plein de gra- ticu -t , & ne cui..c[ tiroir iamais à trahir & ruiner ecluy qui auroit moiennc (on aduancement : Là où vn homme corru- ptible &: intereflé , quelques promenés &c demonftrations de dépendance &: fuie&ion qu'il luy fift,tourneroittoufiours ià où fes interdis le porteroient , &: quand ils feroienc con- iointsauec la ruine dudit Cardinal , feroit le premier à la fa- crifier. Il m'a refpondu qu'il cognoiiïoit que toutes ces cho- fes eftoient très vrayes , & que pour celle caufe , il eftoic pane iufque> à déclarer fa refolution , es termes que i'a-uo isN ouïs , & ne fçauoit s'il auoit bien fait- Dcquoy ie iuy ay dit qu'il ne deuoit nullement douter : dautant que s'il pouuoic venir à bout de ce qu'il auoit propofé , il obtiendroic 1 hon- neur d'eftre eftimé le protecteur de laliberté du Sainct Siège, &: par cefte feule action , fermeroit la bouche aux enuieux de la grandeur , & fe monftrer oit digne de toute la fortune qu'il auoit eue. Et que quand mefme, par l'obftacle de quelques autres , après lauoir propofé &reiTâié, îlendemeureroit exclus, ce que toutesfoisic ne croiois point, toujours il auroit fait pa- roiftre la generofité de fon intention, &c de fon courage :ec que cela eftoit l'auantage des honneftes delTeins , que lors mefme que les effets n'en reùffifloient pas , la gloire de les auoir procurez, ne laiflbit pas dedemeurer à ceux qui les entrepre- noient. Puis cela fait , il s'eft mis à me parler de la bonne intelli- gence,qui deuoiteftre cntrcluy& nous, laquelle ieluyay pro- mife ,dela part de Monfieur le Cardinal de Ioyeufe » & de tous nous autres, &m'adit que fi nous cftions bien vnis , nous ferions quelque chofede bon' ç'ont efté fes propres mots ) Ad- iouftat que ie fçauois bie,que fes anceftres auoiét toufiours eflc François, & qu'il ne pouuoiteftre autre. Voila ce qui s'eftpaf- fé auiourdhuy entre lu\ &: moy. Nous verrons maintenant, par l'expérience, fi fes effets feront conformes à fes paroles. Ce pendant, i'ay cftirnéd'en deuoir donner auisàvoftre Maicfté^ à laquelle i'auois écrit , par le dernier ordinaire , que le Grand Duc m'auoit mandé encore depuis peu, que les Seigneurs Vé- nitiens defiroient fort l'affaire du Marquifat de Salufles , Se qu'ils l'aideroientdetout leurpouuoir : Mais ie Groy que ceft extrodinaire le preuiendra- Monfieur le Cardinal de Ioyeufe me vient défaire que le Papeeft mort fur laminuit,e'cftà di- Bbb iij 3Si LES AMBASSADES rc , il y a ênuiron vnc heure. Demain au matin nous nous af- fcmblcrons , afin de voir ce qui fera vtile pour le feruice de Dieu ôc de voftre Maiefté , laquelle ic prie la diuine bonté, SIR E,confcruer en toute profpcrité 5c félicite. D.V.M. De Rome, ce 3^ le tres-hunrble & tres-obe'iffant fuiet Mars, 1 6 o j . & ferutteur. I. Cardinal du Perron. ARGVMENT. Vrepiration four entrer auCenclaue. Exclufion afjeuree de quelque» Cardinaux. Inclufion d'aucuns autres. Plaifant Çlratageme des Efy*- gnols , contre le Cardinal Baroniws % &lahonte quils enrecotuent . Con- fiance du Pape 4M Cardinal S. Marcello. Conditions du Cardinal S. Cle- menx. lAffemblee che^ Monjteurle Cardinal Mdobrandtn. Ce qui s'y traitte. Qoafultation des [euh Cardinaux FrançOu , & de Mon fie ur l'^fmbaffadeur. Leur délibération. Le Cardinal Camerin, appelle Na- uarrijle. Proportion du CarJinxljfpautua. Ceinte du Cardinal J(U dobrandia. Procédure aux affaires d'^ngletene , approuuee , ^com- ment le Roy s* en peutpreualoir, AV ROY HENRY LE G R AN D. ^^^^Ê mort ^u PaPe &fpend icy les penfements da 3ililviSc toutes les autres arTaires,cxceptc de celles du Concla^ ne. nous y entrerons Lundy prochain , Dieu aidant. Cepen- dant ic diray à voftre Maiefté , que pour le dehors des ersatures du Cardinal Aldobrandin , nous faifons cftat d'eftre afleurez de l'cxclufion du Cardinal de Come,&: penfons auoirlamcfme certitude de celle des Cardinaux) Afcoli te Montelparo :& pour îe dedans, croyons cflre afteurcz del'exclufiondu Cardi- JET NEGOTIATIONS.Liu.iir; 5Sj nalBianchctti. quanta l'incluhon, les trois principaux d'entre les créatures d'Aldobrandin, que l'on met auiourdhuy fur le ta- pis.lont Baronius, S. Marcel Se S. Clemenc. Du Cardinal Baro- nius, ic n'en diray autre chofeà V. Maiefté , finon que Mccredy au matin, les Efpagnols voyants la partie Françoife,fi forte pour luy , qu'ils fe défioient d'y pouuoir relifter , s'auife- renc de luy iouèr vn plaifant ftratageme > qui fut , que le Cardi- nal de Corne prefenta en la Congrégation, des lettres du Vice- royde Sicile > addrcfTees au Collège des Cardinaux , pour les prier d intercéder enuers le Pape , à ce qu'il flft raifon au Roy d'F.fpagnc&: à Ces Miniftres ,des liures du Cardinal Baronius, parlefquelsilauoitattaquéfaMaieftcCatholiquc&fcs officiers, fur le fait de leurs procédures aux affaires Ecclefiaftiques du Royaume de Sicile ,& en auoit parle'durement & licentieufc- ment ; Et accompagnées de la copie d'vne autre lettre fort lon- gue, qu'il difoitauoir eferite au Pape, fur le mefmcfuiet. Mais la minerctournatellcment contre eux, quefi c'eufteftélorsle temps de l'élection du Pape , le Cardinal Baronius eftoit Pape, tout à l'heure mefme. Car outre ce qu'il fedefenditaucc vne merucilleufe confiance Se vigueur, & monftra que ce qu'il en a- uoitfait,auoiteftépourIa deféfe delà liberté del'fglifc Se pour la manutention de la vérité, pour laquelle il eftoit preft de fouf- frir le martyre, voire le defiroit, comme leplus glorieux prix qu'il pcuftrcceuoi^dequarate années de labeur, qu'il auoitem- ploiees en lacopofition de fes liures. Outre cela, dy ie,lors qu'o vint à s equerir, où eftoit l'original de ces lettres eferites au Pa- pc,ilnefctrouuaqueperfonneeneuftouy parlent leCardinal de Corne, eftatenquis qui luy auoit donné ce paquet, il dit que ç'auoit eftcvn nommé Argencc , l'vn des Secrétaires du Pape dernier mort • Argcnceappcllé , rcfpondit qu'il ne içauoitque c'eftoit,&n'cn auoit pointoiiy parler. Demaniere quetoutcla tragédie des Efpagnols fe couertit en vne farce, qui leur couuric le vifage de honte Se de côfufion , chacun croiant que c'eftoient lettres forgées à Rome, pour mettre fur le front du Cardinal Baronius, cefte exception , que comme partial Se ennemy dé- clare du Roy d'Efpagnc, iln'cftoitpas propre à eftre pere com- mun, ny par confequent à eftre Pape. Quant au Cardinal Saind Mat cel,le Grâd Duc me dit en partant Se depuis nous l'a fait dire icy.par le Chcuauer Vinta,qu'il eftoit fort Efpagnol Mais com- 3.S4 LES AMBASSADES mes'eftvenuà examiner la chofe de près , nous auons trouuc qu'il en parloic plus pourfon intereft propre , que pour ecluy de voftre Maiefté. Car aiant efté refpondu audic Vinta, par Monfieur l'AmbalTideur , que pour ce qui eftoit de l'intereft; de voftre Majefté , vos Miniftres qui eftoicnt icy fur le lieu , en pouuoient eftre auflibieninformez, que le Grand Duc. qui ne voioit les affaires de Rome, que par les yeux d'aucruy : Sa répli- que a efté, que vos feruiccurs ne deuoienr pas feulemet regarder àneporcerpoint au Papat vn home qui fuftennemy de voftre Maielé. mais au (ïî à n'y mettre point vn homme qui fuftenne- my du crâd duc ; voire mcfme deuoicnteftre en quelque façon plusfoigne /. pour ce regard , de l'intereft du Grand Duc, que deceluy de voftre Maiefté: dautant que voftre ditte Maiefté auoit vn meilleur bouclier, &: eftoitplus loin des coups. Defor- te qu'il femble que les aduertiiTements que le Grand Duc nous en a donnez, viennent autant de la défiance qu'il a dudit Cardi • nal S Marcel, pour fon particulier, & de la confiance &liaifon, qu'il fçait eftre entre ledit Cardinal Saincl Marcel , & le Cardi- nal Aldobrandin, auec lequel il n'a pas eu Ioifir d'acheuer defc reconcilier,qued'aucuneautrechofe. a quoy i'adioufte enco- re que feu Monfieur le Cardinal d'Oftat a lai fie icy vn tres- bon témoignages de deporternents du Cardinal SaincT: Marccls en toutes les affaires qui ont concerné voftre Maiefté, & nom- mément au fait du mariage de voftre ditte Maiefté , & delà difpenfe de Monfieur de Bar: Et outre cela , qu'il n'eft pas à croircquele Pape aiant confié & configné particulièrement audit Cardinal Sainit Marcel , entre tous autres, la recherche des moyens de faire reùlïir les chofes agréables à voftre Ma- iefté , & ledit Cardinal SaincT: Marcel aiant efté iufques auiourd'huy , le feul ôc vnique confeil du Cardinal Aldo- brandin , qui en ces derniers temps n'a pas trop conten- té les Efpagnols : les Efpagnols puilfenc eftre fort fatisfaits de luy. Quant au Cardinal SamÔt Clément, il eft fuict du duc de Mantouë, &aeftéautresfois homme de guerre, &avneteftc dure& ferree,c'eft à dire.propre à n'endurer pa . les vfurpations, que les Efpagnols font icy i fur la liberté du Sainft iiege & de ï Italie, t c le Cardinal Delfin, qui l'a cogneu& fréquenté fami- lièrement deuant le Cardmalat,nous a dit qu'il portoit lors fort impatiemment l'infolence des Efpagnols : & qu'il luy a ouy demander ET NEGOTIATIONS.Liv.nl. 38f demander plufieurs fois, s'il ne viendroit jamais vn Pape, qui dcliuràftl Eglifc dclcur tyrannie. Ce que l'on obiecle contre luv , c'eft qu'il a vn neueu qi'ia conduit vn regimentpourles Efpagnols en Flandre, &: qui tircappointement du Roy d'Ef- pagne. Mais à cela, le Cardinal Aldobrandin nousarefpondti, que quant au voyage de Flandre, îly auoiteftétres maltrairtc pai les Efpagnols , & en eftoit rcuenu fans auoir reccu ny paye- ment ny aucune raifon desdcfpcnfes qu'il auoitfaittes , à leuer & mener ledit régiment; & fur cela s'eftait irrité chez luy: Et que ce que maintenant tl tiroir appointement du Roy d'Efpa- gne , c'eftoit ledit Cardinal Aldobrandin qui en eftoit caufe, par ce qu'ayant veu que le Duc de M antouë le perfecutoit , à caufe de la prife que le Cardinal fainc~V_ Clément fon oncle auoit eue" auec luy , pour les pretenfions des droits de l'Eglife , fur le faic de leurs confins > il auoit prié le Comte de Fuentes, de le retirer & prendre en fa protection & fauuegarde. l'ay reprefenté ces chofes à voftrc Maiefté, pour feruir de fondementà vn autre difeours, qui eft que le Cardinal Aldobrandin ayant fçeu,ou feint de fçauoir, que les Efpagnols & autres qui nous defiroienc diuifer , failoient courir le bruitque nousne marcherions pas d'vnmsfme pied auec luy ,en toutes fes créatures & que nous donnerions l'exclu (ion àfain&Marcel &à.fain£t. Clemcnr,nous pria de nous afîemblcr Moiificur le Cardinal de Ioyeufe &c moy , au logis de mondit Sieur le Cardinal de Ioyeufe ; Et nous y citant venu trouuer, nous dit qu'ilauoit entendu que nous voulions donner 1 exclufion a laplufpart defes fuiets: Qu'il n'en auoit que cinq Papablcs , Baronius , Bianehetti , Tofco , fain£t Marcel, & faind Clément : Que deBellarmin,leCollcgene laveur point, craignant qu'il ne metre le Papat , après luy en- tre les mains des lefuites , comme il fut autresfois , entre celles des Bénédictions : Qu'à Bianehetti , nous eftions dena refo- lus de luy donner l'exclufion , & luy de la confentir:Que fi nous luy oftions encore fainct Clément &fainc~t Marcel, il ne luy en refteroit plus que deux : defquels s'il venoit à eftre exclus, com- me il fcroit bien plus facile aux Efpagnols, de leur faire batterie contre eux deux feuls, que contre tous les quatre enfemble;il n'auroit plus rien en main, dequoy fe pouuoir ayder. Et partant que nous ferions le jeu des Efpagnols, fi nous demeurions en ce- tte refolucion. Surquoy luy ayant eftérefpondu par nous, que Ccc $6 LES AMBASSADES nous n'auions rienrefoludetel,&que voftre Maiefté ne nous auoit commandé de faire aucune exclufion, ny à l'vn ny à l'au- tre 3 II ne fe contenta pas de cela, mais voulut tirer atieurance de nous, que nousirons indifféremment auec luy, à ceux là, fi l'occafion s'en prefentoit , auffi bien qu'à Baronius; Se qu'il nous engageoit fa parole &c fon honneur , que l'vn Se l'autre de ceux là,& nommément le Cardinal faind Marcel feroit Frâ- çois,&fuiuroit,voirepafferoit encore en ccftcaffc&ton, le Pape Clément. Nous luy refpondifmes , que nous endefirionscon- fulterauec les autres Cardinaux François, & auec Monfieur l'Ambafladeur : daucant que nous nous eftions promis les vns aux autres, de ne refoudre rien, finon d'vn commun accord. La confultation faitec , Monfieur le Cardinal de ioyeufe, Se nous auec luy , fu foies d'aduis de ne nous feparer en aucune for- te du Cardinal Aldobrandin , pour plufieurs raifons. La pre- mière, que nous n'auons point recen de commandement de voiîre Matedé, delcur faire l'exclufion. Lafeconde, qu'y ayant deux parcys en cette Court : l'vn des Cardinaux tfpagnols, Se des mal-contens d'Aldobrandio , qui leur adhèrent , dont les chefs font , Farnefc, Sforce, Montalte, Sfondrat , Se Aquauiua, que l'on appelle le party Efpagnol : l'autre d'Aldobrandin Se des créatures de voftre Maiefté que l'on appelle le party François ; Nous ne nous pouuonsdiuifer d'auec luy, fans don- ner vn grand aduantage aux autres: dautant quenoftre vnion en fait demeurer plufieurs ioints à noftre party , pour le voir fort qui f en retireroient s'il eftoit diuifé. Car encore que luy à parc, Se nous Se nos amis a parc, puiflions bien beaucoup pour î'exclufion : Neantmoins , ny luy feparément, ny nous feparé- ment, nepouuonsfairevnPape. Latroifiefme,queSain£tM^|* cel a plufieurs exceptions Se difficultez , eftant hay dclapluf- parc du Collège, duquel il eft tenu pour fuperbe Se dédaigneux, &: que tant plus il eft cher Se confident au Cardinal Aldobran- din, &: tant plus les fufdits maleontents, quifontconiurezàla ruine d Aldobrandin, s'opiniaftreront à ne le vouloir point, Se plufieurs des créatures mefmcs du Cardinal Aldobrandin , y fe- ront les reftifs: Auquel cas, ilferatoufiours beaucoup meilleur que I'exclufion s'en forms par d'autres que par nous, afin de co- feruer l'vnion du Cardinal Aldobrandin, pour les autres fuiets' que voftre Maiefté aura agréables. La quatriefmc, que non feu. ET NEGOTI ATIO NS. L; v. m. 3S7 lemencce fera vn moien pour faire moins délirer aux Efpagnols ledit Sain& Marcel , que de voir que les François Raccordent aucc Aldobrandinà le vouloir : mais aufîî que ce feravn expé- dient , pour faire que le Grand Duc, qui n'incline pas fort a Ba- ronius, pour ce qu'il l'eftime trop grand defenfeur de la iunfdi- ctionEcdefiaftique :& les autres qui le fuient, àcaufed'Aldo- brandin ,aillentàluy,pour éuiterSaind Marcel, La cinquième, pour ce qu'en tout cas, quand ainft feroit qu'il euft à rciïflîr, il cft toujours meilleur , pour les affaires &c la réputation de voftre Maiefté , qu'elle ay t eu part en cefte élection , qu'autrement i ô£ que l'ô croie que le pape fc foit fait auec elle,&: parelle,que fans elle, ou malgré elle. La fixiefme , qu'en ce faifant, nous auons acheué d aiTeurcr,tant l'exclufion de Corne , que celle de Bian- chetti, qui eftoitle plus dangereux & le plus proche du Papat, de tous. Car les Efpagnols fuiTent courus à luy , à caufe qu'il eft Efpagnol déclaré & forcené. -Et Montalte quil'ayme ,& auec luy le Grand Duc, &parconfequent le Cardinal dal Monte, s'yfuflcnt ioints : De manière que le Cardinal Aldobrandin s y lafehant, commeà vne defes créatures ,1a chofe eftoic fai tte. E t outre cela, auons obtenu que le Cardinal Aldobrandin, eftai.c contraint de fortir defes créatures , iraà Florence, Se après Flo- rence , à Cameiin , quiefl: vn Cardinal fiferme Si fi affectionné pour la France, que dés deuant que voftre Maiefté fuit Catho- lique, il luy fut reproché en plein Gonfiftoirc,qu'il eftoit Nauar- riltc. Nousnc hilTeronspas neantmoins , de faire laguerrea loe.I : non que nous n'eftimions bien qu'il aytbonne intention en gênerai , poiK ce qui eft: du feruicc de voftre Maiefté , y. ^aiu encorede iouren iour , conuié par les affronts publics, que les tfpagnols & leurs adhérents , s'efforcent de iuy faire; comme denouueau par l'article que leCardinal Aquauiua a pro- poféauiourd'huy , d'obliger les Papes futurs, de ne donner ia- mais plus le Carmclingat , à leurs neueus: Toutesfois les inre- refts qu'il a de mettre le Papat és mains de fainft Marcel , nous font craindre qu'il ne procède pas fincerement, à l'endroit du Cardinal Baionius. Car outre ce que la chofe qu'on dit qui lcgreuelc plus, cft la reuifion des contes de l'adminiftrat ion du Papat, depuis tant d'années &: nommément des deniers defti- nezpourlaHongriCjlaqucllcayant efté maniée conieinteméc suce luy, par $am& Marcel > qui eftoit tout fon confeil , Uns Ccc ij 3S8 LES AMBASSADES paut rien craindre de ce cofté-là. Outre cela ,dy-ie, ny luyny le Caualier Clément, ne peuucnt attendre, de laconfeiencedu Cardinal Baronius, les aduantages qu'ils peuuent attendre, do celle de faind Marcel. Et pourtant, on iuge qu'il n'y a chofe qu'il ne face , afin de l'efleuer à cefte dignité. L'Atnbafladcur d'Efpagne,&: les Efpagnols qui fonticy difficilement aux ter- mes où font les affaires, l'y fauoriferont. Maiscequifcpour- roit craindre , s'il falloir entrer en quelque deffiance , feroit que comme nous ferions encrez au Conclaue, il ne vint vn Courrier d Efpagne , qui apportait commandement exprès aux Efpa- gnols , d'aller à Saind Marcel. Ce quinepourroitauoirefte' practiqué , fans nouueaux engagem^ns 6c nouuelles promef- ies &c capitulations , lcfquelles la brieruetc du temps auroicà peinedonnéloifir detraiteer. Nous aurons l'œil ouuert, pour y veiller, &: ne nous confier qu'en nous deffianc. Quant aux af- faires du Roy d'Angleterre , donc il a pieu à voftrc Maieftéme parler par fa dernière lettre ; la façon dont i'yay procédé ,aeftc approuuce, & la voye que les Efpagnols ont tenue, a eftéblaf- mec : Et croy que voftre Maieftcmefme, s'en pourra preualoie enuers ledit Roy d'Angleterre , &: luy faire voircomme en def- fauorifant icy fes affaires , ils monftrent que les reliques de leurs ambitions &: prétentions fur fon Eftat , ne font pas encore c- fteintes. Car qui les peut empefeher de defîrcr, ce que par confeience ils font obligez de defirer, (mon > l'cfpcrance de con- tinuer à fomenter la hayne des Catholiques du pays,contrc luy, par la diuerfité de la Religion , & fc feruir en temps &i lieu , de ce prétexte , comme d'vn inftrumenc de rébellion , pour les exciter à entreprendre fur fon Eftat ? Mais il eft temps de ccfTér d'importuner voftrc Maicftc. Ce qui me refte, eft de fupplicr Dieu, SIRE, qu'il la vueille conferuer longuement & heureufe- ment, en toute forte de profperitc. De V. M. De Rome , ce il. s Ictres-humhle&treS'obeyfjmH M a r s . 1 6 o y . fuiet & feruiteur. I. Cardinal dv Perron. ET NEGOTIATIONS. Liv.tu. 38s> ARGVMENT. Il dit que le tefmoignage que ce Seigneur luy a rendu , que le Roy n'd- itolt point eu la longueur de [es lettres de [agréable , luy aferuy de f au f con- duit , four celle dont tl Accompagne cejle-cy , pour /« autres où Us af- faires luy Sembleront defrer quil Seflende. A MONSIEVR DE VILLEROY, Confciller & Secrétaire d'Eftat. En Court. Onficur,Parmy les affaires & occupations, dont nous S^wS f°mmc$ maintenant accablez , i'ay defrobe auiour- S^Nss d'huy , ce que i'ay peu de loifir pour eferire au Roy vnc lettre que ic vous cnuoye , éc l'ay accompagnée de ce mot,pouc tous fupplier de me conferuer l'honneur de vos bonnes grâces. Le tcfmoignage qu'il vous a pieu me rendre , que fa Maieftc n'auoit point eu la longueur de mes lettres defagreable , m'a feruy de faufeonduit , pour cefte- cy , & pour les autres , où les affaires me fcmbleront defirer que ic m'eftendc. le craignois d'auoir failly les autres fois , en abuCant du loifir de fa Maiefté: mais pais qu'auec le pardon du paffé, vous me donnez encore la difpenfe pour raduenir.ienapprehendcray plus de commettre erreur , fous vn fi bon garant, ains me gouuerneray félon voftr© confeil, U ccfaifant, Monûcux , pricray Dieu vous auoir en fafain&e garde , De Rome , ce 1 r. VoJIre tres-tffcQionnè Mars, i$o j. feruitcur. I. Cà&D. DV P ERB.OK. Ccc iï) 390 LES AMBASSADES A R G V M E N T. C< Jl U relation qu'il fait au Roy , tant en fou nom que des dut r\ s Caf- dinaux François -t duConclaue, auquel fat leur moyen (*r indujlrie , (Jr contre les ofpofiuons & preteftations à haute voix , des Minières du Roy d'£{p*gne , le Cardinal de Florence ejlejleué au Pontificat. En laquelle il tufere les chofcs requifes t pour ne diminuer point le fruit de ce fie vitloiresi L'acquifiiiotJ de quelques Cardinaux yauferuice de fa Maieffc i Les ccm- portemensdu Cardinal à* EH : Vnt dtfjention entre les partifans Espa- gnols i Et comb en vn Pape courageux yé* affeftionné à la liberté publique , peut en tout temps , reprimer les yfurp.ttionsqu ils font infenfiblcmente» Italie, AV ROY HENRY LE GRAND. I R E, Nousefcriuifmes Vendredy au foir , pre- mier de ce mois à voftrc Maiefté, la promo- tion qui venoit d'eftre faite , de la perfonne de Monheur le Cardinal de Florence , au Pontificat. Succez d'autant plus glorieux à voftre Maiefté, que comme elle defiroie cefuiet, fur tous autres, le R oy d'Efpagne I'excluoit au premier chef, voire aucc tant d'inftance, que fes Minières nefe peurenc empefcherdeleproteftcràhaute voix dans le Conclauc,mef. me depuis qu'ils virent fon efle&ion toute afTeuree. Mainte- nant nous prenons la hardiefle de reprefenter à voftre Maiefté, Acs cliofes que nous eftimos neceflaires, pour ne diminuer poinc le fruit de cefte victoire, par faute de la pourfuiurcainfi qu'elle mérite. Or de celles là , la première félon noftre aduis, doit eftre de cultiucr en l'cfprit du Pape, le plus promptement & par les plus grands fignes de refiouy fiance qu'il fera polîible , l'aflè- &ion que l'inclination précédente de fa Sain&ctc, & l'obligatiô nouucilc qu'il croit auoir à V. Maieftë.y ont imprimée. Car cô- me le Pape parte vne bienueillancenomparcilleà voftre Ma- ieilé recognoi/l luy eftrc fouuerainemcnc obligé , nous ET NEGOTI ATIONS. Liv m. 39* lyantcîitpar diucrfcs fois, que les François auoient vaincu, que les François l'auoient fait Pape, qu'il rencit le Pontificat, de voftre Maieftc: aufli fe promet -il que voftre-dite Maieftére- ceura vne merueilleufe ioye de Ton efle&ion; voire iufques là, qu'vn de Tes plus grands plaifirs , eft de fe reprefenter le conten- tement qu'elle en aura, & d'entretenir vos feruiteurf,fur ce pro- posât pourtant eft-il très neceflaire que voftreMaiefté corref- ponde,mefme en demonftrati^jm externes , a fon cfperance, de peur que le dcfplaifir de fe voir à ce commencement, defeh-eu d vne partie de ce qu'il s'en eft promis, ne refroidifle quelque chofe,de la chaleur de fon arTe&ion. a ceftefindonc,SiRE , le premier point, dont nous foliciterons V. Maiefté, & qui luy ap- portera double vtilité , fera de faire paroiftre non feulement en fa pcrfonne&cn fa Court , mais mefmcen tout fon Royaume, les plus grands tefmoignages de ioy c&d'allegreiTc de ce fuccez, qu'elle fe pourra imaginer. Car outrece qucle Pape, quiavn cfprit fort noble 5c fort amoureux d'honneur, s'en fentira extrê- mement touché ; l'efclat & le luftre de cefte refiouyifance pu- blique , feruira encore à faire retentir es autres Prouinces , l'ad- uantage de V. M . Se a y dcsfauorifer les deifeins des Efpagnols, lefquels ayansaccouftume de traffiquer du crédit &: delà répu- tation de leurs affaires, &c de fe preualoir du bon fuccez de leurs negotiations en Italie, pour entretenir & fomenter leurs parti* Se leurs ligues , en Flandre , en Suifîe , & en Angleterre -, & de s'ayder réciproquement du bruit de leurs profperitez en Flan- dre ,en SuuTe , &cn Angleterre, pour accroiftre & fortifier leur authorité en Italie; trouueront déformais d'autant moins de facilite en leurs prattiques,que les affaires deRome,quidon- nentpeu à peu le branle îtoutes celles de deçà les monts, com- menceront de leur cftre moins profperes &fauorables. Et ne faut point que voftre Maiefté craigne que cela l'oblige à faire rien de femblable pour les autres Papes ny que les fuccefTcurs de ceftui cy ,ayent occafion de s'offenfer qu'elle n'vfc point de pa- reils refmoignages en leur endroit: par ce que ceftui- cy a vne qualité particulière, qui eft d'eftre parent de Monfeigncurle Daufîn,& de porter le mcfmcnom, &lesmefmesarmcsdela Reyne. Au moyen dequoy les demonftrations qui fe feront pour luy, ne pourront eftre tirées en aucun exemple pour les antres Le fécond point, après ccftui-là, dont nous fupplieronf 39t LES. AMBASSADES V. Maiefté, fera de refpondre aux lettres qucfaSain&ctcluy ef« crit,le plus affe&ionnément & promptement qu'elle pourra 5 &: ce,par ce propreCourrier,ou autre perfonne depefcheeàu me f- me temps. \.e$. point fera de députer au pluiToft,vn Prince, ou autre Seigneur approchant de cette qualité ,pour venir rendre l'obédience- eftimant que tant plus ceft office fera fait prompte- ment,&par perfonne d'eminente qualitéj&tant plus le Pape Ju- gera qu'il procède d'vne grande fource d'an°cûion& d'eftime en fon endroit. Le quatriefme&clcrnier point finalemenr, fera de remettre fus , aux premiers iours , la pourfuitte du Baptefme de MÔfcigneur leDaufln lequel ne pouuoitvcnir plus à propos, que maintenant. Car il femble que la bonne fortu ne de V . Ma- iefté, qui conuertift tous les accidens qui Juy arriuent en prof- peritez , l'ay t fait différer exprès , afin de referucr ceft honneur, au Pape prefcnt}& que Monfeigneur le Dauflnayt le bon-heur de l'aiioir pour parrin,&: pour parent tout enfemblc. Et de fait, fa Saintteté commence defiaà s'en glorifier, Se attribuer cerc- tardement,à vne bénédiction fpcciale de Dieu, qui a voulu faire tombervnetellca£tion,autempsdefon [ ontificat. Enquoyfî voftre Maiefté vfc de diligence, le delay qui eftinteruenu iuf- ques icy ,luy fera encore vnnouueau moyen d'obliger le Pape, en luy faifant recognoiftre vn plus particulier tefmoignage d'af- fection,;* l'endroit de faSaincteté. Que fi quant &: quant, Voftre Maiefté a agréable de demander que la commiîïionen feit con- tinuée au Cardinal Vifconti, elle fera ceuure digne de fa gratitu- de. Car c'eft vntres-bon, très fage&trcs courageux C ardinal, & qui sert mcruetlleufemcnt bien porté ,en tout ce qui a regar- dé le feruice de V. M. laquelle par cefte faueur, l'obligera à pro- céder encore toufiours de bië en mieux :Et]d'ai] leurs, ne def- plaira point à fa Saincteté . dautant que c'eft vn de ceux qui ont le plus affectionné & procuré fon efte&io. Et cela fera dit,SIR E pour ce qui concerne la perfonne du Pape. Reftent les autres affaires delaCourtdeRomc, furie propos dcfquellcs, nous nous enhardirons dcreprcfcntcrà V M. que Dieu luy ayant cnuoyc, pour le peu de teps qu'il y a qu'elle employé sô foin &fes moyes à ceft effet, vn fuecez fi heureux & fî inefperé , il seble qu'il luy ouure icy la porte dorefnauanc,à toutes fortes d'efperaces iu ftes & licites. Ce que nous ne diios point feulcmec pour les faueurs que voftre Maiefté peut attendre de ec Pontificat, mais pour l'apparcn- ET NEGOTIATIONS. Liu.trz. 39? l'apparence qu'il y a, qu'aux autres efle&ions elle aura encore la rocfme part, qu'en celle- cy, s'il luy plaift bien cultiuer & mefna- ger l'occafion , que le cours des affaires prefence* luy mec entre les mains. Car outre le nombre des feruiceurs qu'elle a défia icv, tanede ceuxqu'elley aenuoiez,quede ceuxqu'cllc y a acquis, les parafants &:pen{ionnaires du Roy d'Efpagne ,felonten ce- lle dernière action, tellement laiflez emporter contre l'inten- tion de luy & de Tes MÏniftres, que fon 'Protecteur &c fen Am- bafîadeur.enfont prefque venus auec eux à vncrupturemani- fefte, aceufants lesvns de trahifoni & menaçants les autres de leur faire cafTer leurs penfions : iufques à n'efpargner pas mcfme les principaux & plus puiflants de leurs confidents, comme Far- ne(e5Montalte,Sfondrat,Sforce,Aquauiua &: autres femblables tcftes.Dc forte que fi voftre Maiefté prend le téps à propos, fur l'occafion de ce dtuorce, &fur la perte de réputation que les Efpagnolsonrfuitteen ce Conclaue , & fur l'opinion qu'on a conceuc, que la faction d'Efpagne ne tientplus la clefdu Ponti- ficat , &qucpouryparucnir, il vaut mieux déformais fuiure le party François, queî'ftfpagnol, &c fur la faueur que le Pape m 5= lire à la France, àc fur la haine comune, qui fe va de plus en plus defcouurantcontre les Efpagnols , par la libertédecenouueau Pontificat. Il luy fera facile de s'acquérir tant de Cardinaux, qu'elle pourra longuement continuer & augmenter l'authori- tc, dont elle a commencé à fe mettre en poiîeïlion. Or de cela nous attendrons par le retour de ce Courrier, les commande- ments plusamplesde voftre Maiefté. Cepcndant,nous luy diros que de ce qu'il luy auoitdefia pieu enuoier par deçà, pourceft effet nousauonsefté d'auis &é obliger &;arrefter quelques-vns deceux que nous recognoiflions les plus difpofezau feruicede voftre Maieftè, &: entre autres deux, dont voftre Majeftéferaad- ucrtiedcviuevoix , par Ivn de nous, tous deux créatures de Wonralte,&penfionnairesdu Roy d'tfpagne .mais ncatmoins fouz main,afTe£tionnez à la France , lefquels depuis la fortie du Conclaue fe font déclarez, en acceptât les penfiens qui leur ont cfté offertes de la part de voftre Vlaiefté. Ce qui monftre bien le changemet de la face & de l'eftat des affaires : Car l'vn des deux, eft furie rôle de ceux qui vontau Papat. Nousauonseftcauf- lî d'aduis d'cmbrafTer l'efperance qu'on nous a donnée y d'enga- jctleCardinalpamphile, qui eflvn Cardinal Papable,&: d'âge Ddd 394 LES AMBASSADES & dauthoritc, pour en attirer plufieurs, par fon exemple. Le Cardinal del Bufalo a femblablemct promis de receuoir la grâ- ce de V. M. Se a demandé feulement temps d'attendre ce que lf pape,à ce commencement fera pour luy , afin que la libéralité d< voftre Maiefté ne refferre point les mains de faSaindteté. C eux là, SIRE ,auec les Cardinaux Delfin & Beuilaqua , qui ont pa- reillement accepté la mefme grâce ;&:auec les cinq Cardinaux François que voftre Maiefté a en celle Court,feront onze;auf- quels fi l'on en pouuoit encore adioufter neuf ou dix, ellcferoit affeuree , ne defiranc, comme elle ne fait, que les chofes iuftes, d'auoir d'elle mefme toufiourslcxclufioni&auec la bienueil- lance de fes autres amis, l'induftric de fes feruiteurs &: les diflen- fions qui fe pourroient mettre entre ceux qui luy feroienteon- traires;fe rendroit aifément maiftrefle de linclufion. Voila, SIRE, pour ce qui cftdtfgeneral des Cardinaux. Quant à l'af- faire particulière du Cardinal d'Eft, nous nous rrouuons fort empefchezde l'aduisquenousendeuons donerà V. Maiefté. Il a fait fonder quelques- vns de nous, depuis la rupture du Con- clauc, pour voir Ci l'on voudroit reprendre les premières erres de traitterauccluy.quieftoit.qu'onluy auoit offert fîx mille efeus de penfion , fur quoy il en demanderoit dix mille, & la Compro- te&ion des affaires de France : Mais il s'eft gouuernc de telle forte en cefte action , que nous n'ofons plus rien remuer , pour fon regard, fans nouueau commandement de V. M. Car ayanc donné de longue main,tant d'efperances de fc ranger au feruice de voftre Maiefté.fi toft qu'il auroit pourucu à quelques fiennes affaires- & cependant promis, Ci l'occafion d'vnConcIauc fe pre- fentoit , d'y feruir voftreditc Maiefté: Et ayant encore peu aupa- rauantccftui-cy,affeuréceuxqui ncgotioientauec luy ,que vo- ftre Maiefté verroit de quel pied il marcheroit à fon feruice , & félon cela, le traitteroit; Lors que s'eft venu àleitreindre &à lepreffer ,ilne s'eft rien trouué en fes effets de conforme à fes paroles : Ains commeilaeftéfohcitéparnous,defcioindreà î'eflection du Cardinal Baronjus, il a refufé de le faire,allcguanc que fi à cefte heure , qu'ù n'eftoir point encore déclaré pour V. Maiefté, il venoità donner fon vœu à vn fuict exclus par le Roy d'Efpagne , il ruincroit les affaires defon frère. Et comme nous l'auons enquis , fi hors la perfonne de Baronius, il ne viendront pasv l'indu fion des autres fuicts, que voftre Maiefté affc&ion- ET KEGOTI ATI ON S. Liv.in. 595 neroit; fa refponfe aefté ,quefi le R oy d'Efpagnedeclaroitne les vouloir point, il n'y pourrok pas venir. Et comme nous luy auonsfînalemét demandé, fi pour le moins aux exclu fions, il ne feruiroit pas V. M. & au cas qu'elle euft quelques fuiets def- agrcables , s'il ne luy aideroit pas à les empefeher ; nous n'en a- uons fçeu tirer autre chofefinon que fi c'eftoient fuiets que le Roy d'tfpagncàffeclrionnaft , il ne s'y pourroitpâS oppofer , de peur de ruiner les affaires de fon frère , pendant qu'il n'eftoit point encore déclaré pour V.Maiefté Mais qu'après lcConcla- ue, il acheueroit de ttaitter auec V. Maiefté lors fe décla- reront pour elle. Ces comportemens , S . RE , font que nous ne fçauons quel aduis en donner à voftre Maiefté. Seulement luy dirons nous,que nous n'eftimons nullement a proposée luy of- frir fuiet de mcttrele pied, ny en la Protection, ny en la Côpro- tection Car outre ce que c'eft vn homme fi lié auec les intertfts de fon frere , qu'il tournera toufîours la conduitte des affaires de V. M. là où l'vtihté de celles de fon frere le portera d'ail- leurs , que c'eft vn cfprit qui a fi peu de refolution & de defpen- dâcedefoy mefme, qu'il fera toufîours plus capable d'eftre me- ne par autruy.que de mener les autres.cÔme il a paru en ce Con- claue où Aquauiua a fait de luy tout ce qu'il a voulujll y a enco- re ccft inconucnient,quepourlaialoufiedel'Efl:atdeFerrare, iamaisaucû Papeneluy permectradeprédretant foitpeu d'au- thoritc de ce Collège. Refte le fait du Cardinal Aldobrandin, pour le regard duquel, noftrc opinion eft bien que V. M. doit acheuer de le gaigner &c obliger tout à fait à elle: par ce qu'auec ce qu'il a de créatures confidentes , &: ce que V. Maiefté en a de fon chef, & en peut en bref acquérir d'autres ; &: ce que le Pape en fera, qui pour la plufpart feront affectionnées à la France; l'inclufion fera toute affeuree à voftredireMaiefté. Mais pour ce que la création du Pape eft interuenué depuis les lettres qu'il a pieu à V. M.nousefcrirefur ce fuiet, nous n'auonsofé entrer en aucune particularité auec luy , iufquesàce que nous en ayons receu nouueaux commandemens de voftre Maiefté. Cependâc Bous cfperos qu il acheuerade fc ranger d'autant plus volôtiers auferuicede V. Maiefté, qu'en l'eflection de ce nouueau Pape, il a cruellement irrite les Efpagnols, y ayant efté pouffé par les feruiteurs de V. Maiefté , vn peu pluftoft & poffiblc vn peu plus outre, qu'il ne penfoit. Quoy qu'il en foit, voftre Maiefté a vn Dvd ij 396 LES AMBASSADES beau champ, s'il eft bien cultiué,pour acquérir vne merucilleu- fe authorité en cefte Court. Chofe quineluy eft pointa mépri- fer:Caren temps de paix, vnPape courageux & affectionné à la liberté publiquc,agrandpouuoir, pourreprimcrles vfurpa- tionsquclGS Efpagnols fontinfenfiblementenceftc prouince, oùilfemble qu'Us veulent conftituerle centre de leur préten- due Monarchie:Eten temps de gucrre,les ligues qui fepeuuenc faire Tous vn Pape de cefte qualité ,auec les autres Pontcntats d'Italie, font capables de mettre les Efpagnols en telle ialoufie, voire en tel péril de leurs Eftats, gardez auec de petites garni- rons, &c contre le gré &c la volonté des peuples, qu'ils feront contraints, pour les conferuer,de rcuoquertoutcc qu'ils cm- ploycnt ailleurs, d'hommes &C de finances. Mais c'eft chofe que voftre Maiefté cognoift trop mieux que nous : Et pour ce, re- mettant à fa prudence , le rcftc de ce quife peut difcourir là def- fus,nous finirons par prier Dieu, SIRE, quilla conferuc longuement & heureufement , pour le bien de fon Royaume &c de toute la Chrefticnté. De R orne, ce 8 Auril. 1605. D. V. M. &c. ARGVMENT. Il repre fente particulièrement au Roy, les ejlranges de portements des Cardinaux lï^SâZIÊËjfc Pontificat , de noftrc bon Pape. l'en remercie Dieu, de tout mon cœur , & le tiens pour le plus ^rand heur qui pouuoitaduenir à ce Royaume. Ienediray pas pour les entre- pi ifes que la France pourroit faire contre l'Efpagnc, car le Pa- pe, comme nous le cognoiflbns , ne fauorifera iamais riendin- iufte: Mais ie fçay que le Roy fait tel conte & eftime de fa preu- d'hommie , que fi quelqu'vn Ievouloit induire à chofe illicite, contre l Efpagnol ou autre Princc,querauthoïitédefaSaincT:e- tépourroit plus fur fon efprit.quelesmauuais delTeinsde ceux qui nous voudroient mettre en guerre. Il a commandé qu'après le Te Dfwwjchanté pour remercier Dieu , l'artillerie fut tirée, & que l'on face des feux de ioye. C'cftchofe qui ne fe fouloit pas wfaire: mais la Rcynefa femme cft parente de fa Sain&eté , Se la ^France a plus d'inclination & d'arfe&ion à ce Pape, qu'elle aveu &cogneu, qu'àautrequiayteftédepuis'miileans. On remar- que en cela la confequence. Ccneferoit pasmauuaifc confe- quence , fi après ce Pape , on en élifoit vn autre , qui fuft parent de la Reyne de France , &: qui euft fi bien mérité de ce Royau - me, comme a mérité fa Sain&eté , que nos peuples ontveu& aymé,&reueré fa vertu. Quand il vint en France , la mémoire du pape Sixte eftoitodieufe,àcaufe des troubles^: remuëmets quiyauindrent,aueclamortdufeuRoy. Lesdeportementsde ' ce Pape, en ce Royaume, ont efté fi iuftes&: fi faincts, qu'il cf- 5Jfaça l'aigreur qui reftoit en nos efprits,&: retournant à Rome^é- »porta toute afleurance delà deuotion Se affection de nos peu- ples enuers lefainft Siège. C'cft, Monfcigneur,cc que i'eferiray ET NEGOCIATIONS. Liu nr. 39$ maintenant pour rcfponfe à deux de vos lettres, vous remerciât très humblement de lafouuenance qu'il vous a pleuauoirde mov, me faifantpart d'vne fi bonne nouuclle, pour le bien& repos de la Chrétienté , &: fpccialement de la France. Monfeigneur,ic vous baife très- humblement les mains, &prie Dieu de vous donner très longue & très contente vie. De Paris, le 10. Vojîre très-humble^- tres-aff. fiiontsé Auril, i'oy. firuitêur. Bellievre. A R G V M E N T. Les propres mots du Pj/><', pour demondrer fon ajfeclion enuers le Roy. Et fan ob/ivoftre Maicfté demeurcàtoutle moins allez forte, pour l'exclufion- Ileft aufliarriué vn petit defgouft entre Monfieur le Cardinal de Ioyeufe, & Monlieur lcCardinal Aldobradin , à caufe d'vne grâce que ledit Cardinal Aldobran- din auoit demandée à fa Sain&eté, qui eftoit de tenir lefcau de la Congrégation des Eucfques:chofe qui portoit preiudice à l'authorité de Mofieur le Cardinal de Ioyeufe, qui en eft le chef; Mais le tout s'efteompofé, grâces à Dieu heureufement , &cï l'aduantage de mondit Sieur le Cardinal de Ioyeufe. Cepen- dant le crédit & l'authorité de voftreMaiefté, vacroiffanede iour en iour à Rome; &: fes Cardinaux & fon A rnbaflade ur,font plus carelTez Se courtifez que ïamais : &c tous les François , tel- lement chéris , aimez & rcuerez , que c'eft merueille. Chofo à quoy,outre le crédit que voftreMaiefté a eu en cefte cfl e&ion, fert encore grandement, la façon dont le Pape fe comporte: Car il donne vne telle fatisfa&ion à tout le monde, Se imprime en l'efpritdechacnn.vnefiheureufeefperancedefon Pontifi- cat, que le peuple bénit publiquement ceux qui ont aide'à l'y efleuer. On luy a fait auiourd'huy vne folcmnité,accompagncc de plus de pompe, defuitte,S£d'applaudifTement, que de mé- moire d'homme on ay t iamais fait à aucun Pape. Les Florentins entre autres,y ont excellé, ayant érigé au bout du Pont S. Ange, vn arc triomphant fort fuperbe , au front duquel eftoit cefte in» feripeion: Leoni XL Florentino , Pontifici Optimo Maximo: Florentini ad Significandam LiETITIAM , FlDEM, ET AnI Ml AlACR.I1 AT E M* Et aux quatre bifcs , quatre ftatues , auec ces quatre mots, L r- berautas, Magkanimitas, Magnificenti A' Ecaude» ET NEGOTIATIONS. liv.in. 4°} dans des deux coftez , deux grands tableaux de peinture , cha- cun de quinze ou vingt pieds de haut: en l'vn defqueis voftre Maiefté eftoit peinte debout , rbut de Ton long ; & le Pape lors qu'il eftoit Cardinal , vis à vis d'elle, tout debout , & auec Ton bonnet de Cardinal en la main , pour reprefenter fa Léga- tion en France : Et de l'autre cofté , fa Sainfteté eftoit aufti peinte debout , la mitre en la tefte '■> & voftrc Maiefté pareil- lement rout debout visa vis d'elle , iurant la paix : & toutes les figures fort relîemblantes &z recognoiftablcs. Mais il ne faut pas s'endormir fur ces premières profperitez : Car les Efpa- gnols feront à ce coup tous leurs efforts , pour auoir leurjeuen- che, 6c nous créer au premier Conclaue, vnPape de leur facliô, & deccux quenous auons particulicrementexclus,& nommé- ment Biachetti , lequel au cas que lcsEipagnols fc rallient auec Aldobrandin , il leur fera plus facile de faire qu'aucun autre. Chofe que fi voftre Maiefté leur la ifle exécuter , & après auoir eu tant d'aduantage fur eux, leur permet de reprendre le deffus, ilncluy faut plus parler d'eftablir de party à Rome. Car alors tout lemonde croira que ce que vos {bruiteurs font par deçà, ne font que chaleurs & impetuofitezFrançoifes,qui n'ont point de durée. Se fur lefquelles on ne peut afteurer aucun fondement. Mais aufti , fi V. Maiefté tient ferme, & qu'après ce Pape il luy arriuc d'en faire vn autre î tous ceux qui ptetendront déformais au Papat, Se tous leurs adherens, fe ietteront entre fes bras, Se n'y aura Cardinal au College,qui ne vueille defpendre d plie. Et à cela outre les pratiques qu'elle pourracontinuer durât cePô- tificat,auec les Cardinaux défia créés, feruira grandement l'in- ftanec qu'elle fera fous main par fes Ambafladeurs ; que le Pape ne fe cotente pas de créer des Cardinaux Fran çois,à fa nomina- tion (car en cela il ne la pourra pas beaucoup plus gratifier , que le Roy d'Efpagne ) Mais que les Cardinaux Italiens qu'il fera, foient pris du nombre de fes confidens. A quoy ie croy qu'elle trouuera fa Sain&eté fort difpofee.il y a encore vnc autre chofe qui fe patte, laquelle redodera à fon aduantage; c'eft que pape a député vne Congrégation de Cardinaux , pour faire vne Bulle, par laquelle il veut cafter & abolir la voyc de creér les papes par adoration publique, quieft la feule voye,qui a efté fuiuie depuis- vn grâd nombre de conclaucs ; &Z veut que l'on ne les créeplus, finon par bulletins fecrets, où chaque vœu puiffeeftre donné, 404 LES AMBASSADES fans qu'on fçache qui le donne. Ec à cefte entreprife,confcntent volontiers les ennemis du Cardinal Aldobrandin , croyans que ce fera vn moyen pour l'empefcher de tenir Tes créatures efcla- ues , &C les mener ou il luy plaira : Mais encore plus volontiers, y confentent les ennemis des Efpagnols , dautant qu'alors cha- cun donnera Ton vœu , félon fa confcience ou fon inclination, & non feulementleur tyrannie. Auquel cas, non feulement tous les gens de bien, mais mefme en gênerai, prefque tous les eflifans, leur feront contraires. Car laplufpartdeceuxqui par crainte ou par intereft, les fauorifent extérieurement, n'appré- hendent eux-mefmes , rien plus que leur agrandiflement : Et lors que la voye leur fera ouuuerte , de Içpouuoirempcfcher, fans eftre dcfcouuerts, feront des premiers à la trauerfer, com- me nous l'auons a(Tez recogneu en ce dernier Conclaue , où le Cardinal Farnefe nous manda, à Monfieur le Cardinal de Ioy- eufe,qui m'auoit fait l'honneur de venir en ma chambre, & à moy | que nous nous haftaiïions de faire efclorre la brigue pour le Cardinal de Florence, fi nous defirions qu'il fuft Pape ,par ce queles Efpagnols auoient eu le vent , que l'on le vouloi t propo- ferx&queiicen'eftoitfaitdans demie heure, ny luy, nyles au- tres de dehors le party d' Aldobrandin, qui nous auoient afleuré d'y venir, ne le pourroient plus faire , pour ce qu'ils fçauoicnt queles Efpagnols auoient charge du Roy d' Efpagne.de l'exclu- re; Se neantmoins ne leur auoient point encore lignifié cefte co- miflion , d mtant qu'on les auoit toujours tenus en efchec , fur la pourfuitte du Cardinal Baronius: Mais que fi cefte commiC fion venoit à leureftre fignificc deuant qu'ils fe fufTent déclarez pour Florence , il n'eftoit plus en leur pouuoir de s'y ietter. D'où il fe recognoift aftez .queceuxmefmequidefpendcntle plus en apparence du Roy d'Efpagne, ne défirent pas fort, fous- main, le fauorifer en l'efle&ion des Papes, de peur deluy donner trop de pied fur la liberté du faincl: Siège & de l'Italie , en met- tant au Pontificat, des Papes qui foient fes efclaucs. Cepen dant le Cardinal Bellarmin m'a dit que les Efpagnols n'ont pas laiflc d'eferire à Naples, que c'eftoic eux qui auoient fait ce Pape : & que ce que le Roy d'Efpagne n'auoit pas monftré de le fauo- rifer auparauant, eftoit afin de n'empefeher point fon cuc&ion, {£ ne faire point que les François luy fufTent contraires : &C qu'- il ne luy auoit painc donné de pe niions , ny de bénéfices , mais ET NEGOTIATIONS. Liv; m. 4oy qu'il Iuy gardoic vne bonne Abbaye. Tant ils eftiment im- porter à lafeureté de leurs affaires , que leurs peuples necroyet pas qu'il y aye au faind Siège vn Papecontraire aux defTeins du Roy d'Efpagne:& tant ils font effrontez&: impudents en leurs artifices. Car icy , ils tiennent bien en fecrctvn autre langage, qui cft de s'en defpcfchcr, s'ils peuuent , te le faire empoifon- ner, comme Monfieur le Cardinal de Ioyeufc l'a fçeu de quel- qucs-vn#, qui affermoient l'auoiroiiy de leur bouche : Et fur fa relation, i'en ay fait donner aduis à fa Sainteté. lufques là s'eftend la crainte , qu'vn bon Pape leur peut donner en Italie, laquelle feroit encore bien plus grande, s'il cftoit plus ieune& d'aage & de complexion> d'entreprendre dauantage. Mais ce qu'ils ne pourront craindre de luy , ils le craindront d'vn fuccef- fcur,s'i:eft fait de mefme main. Cependant encore nedoutay- ic point , que celte création n'apporte vne grandealteratio,aux cfprits des Princes d'Italie , refroidiifant &diucrtiflant les vns, du party des Efpagnols;& efchaufFant & encourageant les au- tres , à celuy de V. Maiefté : Se nommément les Vénitiens Sz le Grand Duc : Mais fur tout le Grand Duc ,qui ne fe pouuoit af- feurer du feu Pape, tant pourlapaflîonqu'illefçauoitauoirà liberté de Florence, que pour la ialoufie qu'il auoit , des traittez qu'il croyoit que le Comte de Fuentcs auoit faits , auec le Car- dinal Aldobrandin , pour le ruiner. Iene doute point auffî , que cefte nouuelle création ne face de grands mouuemés en l'efpric du Duc de Sauoye : fur le propos duquel ie diray à voftrcMaie- fté , que le Cardinal Sforce , qui eft vn de fes plus grands confi- dcns,& tellemcnc lie d'amitié auec luy,qu'il luy a mis fon neueu entre les mains, pour eftre nourry auec les liens > me pria peu après le Conclauc,de faire (çauoir à voftrc Maiefté.la façon dot il s'eftoit gouuerne' en l'eflcdion du Cardinal de Florence , au Papat: &: me donna à entendre d'ailleurs, par fes difcours,que ce qu'il s'eftoit rangé auec les Efpagnols, defqucls ie l'auois vea autresfois fialiené.n'auoit pas efté pour affe&ion qu'il leur por- taft , mais pour ce que voyant, difoit- il, les portes de l'Italie fer- mées, par la reddition du Marquifat; il croyoit que voftre Ma- iefté en eufl: abandonné tout le foin. Depuis il a remis fus en- core vne partie des mefmes propos , à Monfieur l' Ambaflfadeur; • &yaadioufté,qucle Duc de Sauoye ne tenoit qu'à vn filet, & ^iic V. Maiefté l'auroic aifémentàfon feruice, délie vouloir» E £ c iy *o6 les ambassades Mais ceftchofc que voftre Maiefté fçaura mieux de Moniîeur l'AmbalTadeur. Quant àl'efchange donc m'auoit parlé le Car- dinal del Bufalo , ie croy que cela venoic du Cardinal Aldo- brandin, auec lequel auanticconclaue, l'AmbaiTadcur de Sa- uoye negotioit fore fouuent. Quoy qu'il en foie , ie ne doute point que cefte nouuelle création du pape n'aide fort à faire accoucher l'cfprit du Duc de Sauoyc , de quelque bonne refo- lution .s'il l'a conceuë: Et ne doute point non plus que s'il fc porte au feruice de voftre Maiefté > Se que la profperité des affaires de voftredite Maiefté , continue à Rome;ilneIuy fort aifé par réputation , ligues Se negotiations Se fans defptnfe d'hommes ny de finances, de troubler fort celles du Roy d'Ef- pagne en Italie : n'ayant lors V. M. qu à fe tenir à la feneftre,& à regarder Se attendre les occafiions que le temps luy produira aflez fréquentes , Se auec alTez d'aftîftance pour ceft cffct,quand elle fera en eftat d'en pouuoir vfer , Se principalement ficlle monftre de n'y vouloir conftituer aucune domination pour foy, mais feulement d'y vouloir reftituer la liberté des autre*, le prie Dieu, SIRE, qu'en tous fes defTeins, il l'accompagne de la mefmo félicité qu'il a fait iufques à prefenc. De V. M. De Rome, ce Auril.itfoj, Le tres-humble & tres-oley fiant fuiet & feruiteur. I. Cardinal dy Perron. A R G V M E N T. Mort defplorable du Pape Léon Xt. La douleur en reçoivent le s François. Vallegreffe qu'en font les Efpagnols. Difficulté^ naiflre au prochain Conclaue. Le Cardinal Mdobrandm fiupçonnê. %îonfieurleCar~ dinal de Gondy fouhaittè. Exemple d'y» Cardinal de U matfon de Beur- bon* Poids de L' ynion de fa voeux nationnaux. ET NEG0TIATI0N5. LivIiii. 407 AV ROY HENRY LE GRAND. IRE, L'inconftance des affaires humaines ne nous a pas permis de îouir long temps du concentcmcnc que nous auions receu,xle rendre feruice à V. M. en la création du Pa- pe Léon XI. Car il cft pafféauiourd'huyà vne vie plus heureufe , furies huicl: heures du matin , ayant cfté malade quelques iours auparauant d'vne pleurcfie,qui lui arr iua de s'eftre cfchauffé&refroidy puis après, le iourqu'ilpritpofleiTîondcS. Ieandc Latran- Vosferuitcurs en reçoiuent vne incroyable douleur , &c les^Efpagnols en font vne allegrcffc nompareille. Ce qui nous reftecftl'efpoir&le defir deferuir fidellement Se induftrieufcment V. M. en ce pro- chain Conclauc. Il eft vray que ce n'eft pas fan* beaucoup de crainte , d'y crouuer les chofes trop plus difficiles: Car les Espa- gnols remueront le ciel &c la terre, pour auoir leur reuenche à ce coup, & rclcucr leur reputatiô:& ceux de leurs partifans,qui en ce dernier a&c.Ieur ont ioiié à la faufle compagnie, n'oferotpas leur faire deux fois tout de fuitte,le mefme tour; ains effay eront de rabillcr, par la plus grande fatisfa&ion qu'ils leur pourront donner en celle occafion , le mefeontentement qu'ils leur onc donc en la précédente. Et d'ailleurs le Cardinal Aldobrandin, que IcJEfpagnols sot fort afpres àregaigner,&qui séblen'auoic pas eu tout le gouft,du comencement de ce Papat, qu'il euft peu, cfpercrfclaiiTcrapolîiblc, déformais plus difficilement mener à nos confeils &: à nos defirs : combien qu'aux propos qu'il a te- nus auiourd'huy , il ay t monftré de fe vouloir colerucr plus vny auec nous, que iamaisftipulant&demandantpareillementde nous, vne vnion réciproque &:fcmblable à la précédente. Et pourtant fommes nous d'aduis de fupplier V. Maieftc,de faire à quelque prix que ce foit,quc Monfieur le Cardinal deGôdy luy rende encore ce feruice en Italie, de s'acheminer iufquesicy, pour le befoin que nousauonsdefaperfonne, en ce prochain Conclauc. C'eftchofedequoy fon aage nous dilTuaderoit, fila faifon Se le chemin n'y eftoit fauorable , pouuat venir de Paris à Lyenenliccicrc,& de Lyo iufques icy,par cauj Ec fi nous n'auios 4oS LES AMBASSADES l'exemple d'vn Cardinal de la maifon de Eojrbon,quifc cranf- porta icy , dit-on , à l'aage de foixante & dix-huiâ ans , pour vn Conclaue. L'expérience de la ncccfïitc que nous en auons eue en ceftc dernière occafion, & les inftances, que les parti- fans de voftre Maiefté , & nommément le Cardinal Aldobran- din, nous ont faittes par pluficurs-fois dedans le Conclaue, de^a fupplier qu'elle Tenu oyaft en toute diligence} & le poids que nous fçauons que l'vnion de fîx vœux nationnaux , a en toutes les propofitions qui s'y font , ioint à la cognoiffanec que nous auons de fa fuffifance , &: du crédit & de la réputa- tion i que fon adion&ion apportera aux affaires de voftre Ma- icfté ; nous fait entrer plus librement en cefte requefte , qui luy fera poftible defagreable , mais honorable 6c gloricufe ; laquelle voftre Maiefté prendra, s'il luy plaift, en bonne part, comme aufli labreueté de ceftc lettre, caufec en partie, par le partement prefTé de ce Courrier en partie, par vnefaignec que l'on me vient de donner , au bout de quelque légère purga- tion que i'ay prife pour me rendreplus propre le refte de ceftc année, à feruir voftre Maiefté. le prie Dicu> SIRE , m'en faire la grâce, &c vous conferuer le comble des tiennes. D. V. M. De Rome, ce 2.7. Auril^éoj. le très- humble , ér trcs-cbey{fourla création du Vafe Xf on X I. pins il ï en acquiert de gloire (jr de louange. ET NEGOTIATIONS. Liu.ui. 409 A MONS EIGNEVR LE CARDINAL du Perron. a Rome, MOnseignevr, La lettre de conioiiiflance qu'il vous a pieu m'eferire , fur la création de feu noftre Saindt Pere le pape Léon XI. ne m'a efté rendue qu'vn iour dcuantrarriucederaduisdefondecés:tel- lement qu'en mefme temps i'ayeuoccafiondeioye &dcdef- plaifir :1c dernier a bien furpalTé le premier : Si le mien a cfté grand, tant pour l'intereft gênerai , que pourle particulier qui vous touche, & par confequent , à tout ce qui eft à vous, ie vous afleure que les plus Grands en ont auffi eu bonne part. Ce que vous auiezefcriticy fur celle occafïon, y aefté très bien receu, commetoutee qui vient de vous nepeuteftre autrement: Se d'autant plus, qu'on y a remarqué que vous en auez voulu don- ner tout l'honneur & la gloire à autruy,fans en rien referuer pour vous , qui vous elles véritablement trompé en ce deflein, Cartâtplus vous vouseneftes voulu éloigner, & plus on vous en a approché. Ce font des effets de voftre modeftie ordinaire. Nous vous tenons à prefent au Conclaue , fur la fin duquel, on fait îcy de diuers difeours , & s'aflTeure- t'on bien , que fi vous ne faittes à ce coup tout ce que vous voudrez, vous ferez au moins ce que vous pourrez. De quelque coftéquele vent tourne, ie lie trouue pas par mes Ephemerides , que voftre retour icy fe prépare fort. Perfonncn'y a tant d'intereft: quemoy, aufli ne m'en puis-ic taire. Ce pendant, Monfeigncur, ie prie Dieu pour vofrrc grandeur &:accroiuement de fanté, d'honneur ,& de bonne fortune, puis que chacun recognoifl allez , que pour ce qui eftdu mérite, vous y auez fumTamment pourueu,&de bonneheure. Mâdamcde Pomcufe vous remercie tres-hum- blement , &c eft grandement glorieufe de l'agréable accejnatiô, qu'il vous a pieu faire du Côperage. Etpourmon particulier, iegarderay toutema vie la fouuenancc viuc &: entière, de tant d'honneur que ie reçoy àvoftrc occafionr&cotinuëray à me van- ter par tout, que ie fuis & veux éternellement élire recogneu^ MONSEIGNEVR, pour AParis.lcn. Voftre tres-humble & obligé fetuireur. May,i6oy. Pvget Pomevse. Fff 410 LES AMBASSADES >> . . A R G V M E N T. Le Jîyle & U contexture de cède lettre , tnonfire affe^quclle ne ftrr de U plume de noflrc Cardinal : ^fufît riefi-elle produitte encejle quduc: (tins comme appartenait k Mo*Jii-urle Qardinal de loyeufe qnt s'y eslcndi pour defcnre au Roy toutes les tir confiance s & particularitcx^aduenuis au fut de la création du Pape LeonXf. Et cela , de tour a autre , & pdi- flwftementy quelle peut feruir d'hijloire fort ample , de cejh digne & me" morable aÛton. AV ROY HENRY LE GRAND. IRE, Le Pape mourut leleudy ttoificfme de Mars, enuiron la minuit, le le fy fçauoir incontinent à Meffieurs les Cardinaux François , & à Monfieur deBethune voftre Ambaflfadeur, lequel iepriay "de fe rendre le Vendredy fumant, au Contient de la Trinité du Mont; afin d'auoir plus de moien de luy parler, fanseftrede* {tourné: où ripus eftants rendus ledit iourdebon matin ic luy monftrayles lettres que voftre Maieftém'auoit enuoieesaMar- feille, fur le fujet du Siège vacant , & luy baillay le paquet , dans lequel cftoientles lettres que voftre Maieftéluy efcriuoit, & à tous les Cardinaux, en vnc femblable occafion. Et dautant que nous iugcafmes l'eftat de celle Court cftre tel, qu'il eftoit necef- faire que les intentions de voftre Maiefté fulTcnt tenues fecret- tes, & que nous auions quelque fuiet de craindre vn contraire effet fi elles eftoient communiquées à tous les Cardinaux Fran- çois; Nousfufmesdaduis qu'il n'eftoit point de voftre feruice, dcleur monftrerlefdittes lettres, àtous indifféremment .mais bien en tout euenement , de les porter au Conclaue. Etdautantque nousauions prefTcnty, durant lamaladiedu Pape, queles Efpagnols , Montalto, Sain&e Cécile, &r autres "mal affectionnez à Aldobrandin , comme Sforza , Aquauiua & »Santi Quarro.f'vnifToientensêble^our f oppoferaux defTeins j,dudit Aldobrandin : ie iugeay que nous ne pou uions mieux fai- ET NEGOTÏATÎ.ONS. Liu.Tir. 4ti rc,qucdcnous ioindre auec luy , par ce que Ton feul party eftoit<( au double plus fort, que celuy decous les autres i &c que nous voions ceux qui luy eftoient côtraires, defirer tous les fuiets que V.M.rcietcoit & nevouloit point ceux qui vous eftoient les plus" agréables C'eft pourquoy ie me refolu d'aller trouuer le me fine matin ledit Aldobrandin , & luy dy que ie venois luy confirmer de nouueau les aflTeurances que 1 AimbaiTadeui de voftre Maicfté&moy, luy auioos données , de voftte bonne volonté en Ton endroit, de laquelle nous eftions prefts, encefteocca- fion, de luy tefmoigner les effets, & y eflions mçfme portez auec plus d'ardeur que du viuant du Pape: Se en auions d au- tant plus de moiens, que vos commandements, en 1 affaire qui fe prefentoit, eftoient fort généraux , voftre Maicfté ne defit anc tant feulement que dauorr vn Pape, qui fuft fage & homme de bien > pour cognoiftre &: vouloir ce qui eftoit du bien & de la li* berté du S. Siège , & qui euft auffi du courage & de la valeur, pour s'oppofer aux deffeins de ceux quis'efforçoientàroppri mer,& qu'elle feroit bien aife que toutes ces qualitez fe rencon- traitent en vnfuietqui aimaft fa perfonne & fa maifon, comme» elle les cheriffoii. Et pourgaigner dauantage ce crédit enuers ledit Cardinal Aldobrandin, ie luy dy que parmy fes créatures il s'en trouueroit de tels :& par ainfi qu'il n'auroitqu'àen choifir quelqu'vne, & faire tout ce qui luy feroit poffible, afin qu'elle peuft reiïllir. Surquoyapresm'auoir amplement remerc é, il me fit aufliplu- ficurs offres de fon cofté, Se donna toutes fortes d'affeurances de vouloir feruir voftie Maieft é , en cefte occafion. Etparccqueieiugeois eftrc necefïaire denousaffeurerauat toute autre chofe , de n'auoir point pour Pape quelqu'vn de ceux que voftre Maiefté reietroit: le me refolu de tenir ceft or- dre en ma negotiation : fçauoir eft, de m'affeurer pluftoft de nos exclufions, & après trauailler à faire tomber le fort fur celuy qui vous feroit le plus agréable. le dy^au Cardinal , qu'il n'im- portoit pas tant à voftre feruice,d'auoir tel Pape que vous pour- riez defirer. pourueu qu'il fuft bon & fagecomme de n'en auoir pas vn,qui fe fuft monftré partial par le paffé, de qui continuant, { { vous donnaft fuiet de mcfcontentemet.Surquoy m'aiant répon-( du que nous nous laiiTaffions plus particulièrement entendre là- «ïeflus. le luy dy librement, que voftre m. nevouloit point du*' F f f ij 4ii LES AMBASSADES Cardinal de Como, pour les raifons que luy-mefme fçauoic, "Cequeic fy,par ce qu'on nous auoitdit qu'il eftoit difpofé à >>le fauorifer : &C il ne me le nia point, ou pour le moins, qu il ne ,,le rejetteroit pas Et le prenant fur cela, de nous dire clairement fon intentionjil me dit qu'il ne fc vouloit point déclarer contre Como, afin de pouuoir par ce moyen tenir Montalto en crain- te & le faire venir à quelque chofe de ce qu'il defiroit. i e luy re- pliquayques'ilne tenoit qu'à faire peur à Montalto, nous l'ai- derions volontiers à la luy faire, pourucu qu'il nous aflcurafl: qu'il nenous en auiendroit point de mal:Ge qu'il mepromit,& m'en donna fa parole. le pourfuiuy encore, pour le faire ouurir & déclarer fur les fujetsqui luy plaifoient le moins:Ce qu'il fit, & recogneu par fon difeours, qu'il ne vouloit point, ny Afcoli, ny Montelpaio,ny aucune autre créature de Montalto. mais que s'il eftoit contraint de venir à quelqu'vne d'icelles, celle qui luy feroit moins defagrcable, eftoit Camerino. le luy dy que pour le regard d'Afcoli,& de MonteIparo,nous le feruirions:& me ré- jjjoiiy de recognoiftre que par ce moyen nous eftions quafi af- ,,feurezdenos excluions. Ce qui meficd'autanrplus refoudreà m'vnirauecluy,parce quec'eftoit, corne i'ay déjà dit, ceàquoy nousdeuions tafeher premièrement , que de nous éclaircirde tous ceux que voftre Majefté ne vouloit point C'cft pourquoy ie me rcfoluaufTi de fonder ledit Cardinal fur le faitdeBian- chetti:maisil vallamerueilleufcmentrctenu,medifantqu il ne pouuoitpas manquer à vne de fes créatures. Iefy entendre tout ce difeours àMonfieurrAmbanradeur>8£ f u dauis qu'allant vok ledit Cardinal il le prefTaft fur ledit Bia- chetti,plus que ic n'auois fait, & l'afleuraft que par ce mo^ en if feroit feruy de nous plus librement. Ce qu'ayant fait,ledit Car- dinal s'aduança de luy dirc,qu'ilne fcpouuoit déclarer ouuer- tcment,contre ledit Bianchetti '.mais que quand il en feroit be- foin,ilmettroit en liberté quelques vnes de fes créatures, pour luy aller contre. Au partir de chez le Cardinal Aldobrandin,ic fu voir le Cardi- nal 6 force, qui eftoit arriué le iourauparauanr, lequel me te- "moigna vne tres-mauuaife volonté à l'endroit dudit Aldobran- »din,defirant quele Collège des ( ardinaux calTaft quelques co- mpagnies de Corfes.que le iir Aldobrandin auoit fait venir en ce-' lté ville,pcu de iours auant lamort du Pape ; & que Martio Cm- ET NEGOTIATIONS. Lio.-.i. 415 lonna n'euft point la charge des armes, comme ledit Aldobran- dmdefiroit. Ilmemonftraaum* du refroidiflement à l'endroit'» du Cardinal de Florence, proucnantàmon auis , de ce qu'il de » fcfpcroit qu'il peuft reûflïr,eftantslcs Efpagnols,comme ilmeJ} difoit,mal faci^faics de luy. L'apres-difnee^ousallafmes à la première Congrégation gé- nérale de tous les Cardinaux, où les féaux furent rompus, &: les fupplicarions qu'on appelle de la Daterie , apportées , &c quel- ques officiers créés Et d'autât qu'il y a vnc ancienne cérémonie, parlaquelleau premier Confiftoire, où les Cardinaux fetrou- uent, eftants arriuezà Rome,le Pape leur ferme la bouche,c eft à dire, la faculté d'auoir voix>ny en confiftoire ny en la congre* gation,&en l'autred 'apres,illaleur ouureùlauint qu'au dernier confiftoire que le feu Pape tint, il ferma la bouche au Cardinal conti, aj ouftant aux paroles qu'onauoitaccouftumé de dire en cefte cérémonie, que ledit cardinal n'auroit pointdc voix au conclaue, en l'élection du Pape, s'il auenoit que Dieu difpofaft , defaperfonne. Tellement que fa mort eftant immédiatement»» fur uenué après cefteaction,& la bouche n'ayant pointefté ou-,, uerte audit Conti, perfonne ne doutoit qu'il ne futpriué delà faculté de donner fa voix^en l'élection du Pape.Toutesfois il fie grande inftanec au contraires après auoir long- temps parlé en ladite congregation,ilconclud qu'ayant bien faiteftudierceft affaire à de grandsperfonnages,il trouuoit qu'on ne luy pouuoic dénier la voix au conclaue,par iuftice, laquelle il demandoit au collège : &lajuTa aller quelques paroles, comme de menace de protefter de nullité de l'élection du Pape, fi on ne luy accordoit. LeDoyendu coll-ge, quieft auflî partial d'Efpagne, comme ledit conti fe monftroït; dit qu'il falloir commettre la caufe à trois cardinaux Jefquels il nomma & choifit ceux qu'il iugea dcuoir eftre les plus fauorablcs. Il fut en fin refolu que le cardi- nal Iuftinian & tous les cardinaux , qui ontefté autresfois Au- diteurs de Rote,qui fontau nombre de fept,eftudicroicnt cefte queftion &feroicnt rapport de ce qu'ils en auroicnttrouué,au ^ collège, pourlaiuger. >j On remarqua aux vceus des cardinaux , que Baronius donna^ le fien, fi libre pour la negatiue,en prefenec dudit conti, difant qu'il falloit faire grand cas des dernières paroles que le Pape'* auoit prononcées en confiftoire, qu'on dcuoit croire eftre ' Fff iij 4*4 LES AMBASSADES comme vne prophecie,qu'vn chacun iugeabien qu'il n'afpiroit 5,poincàeltrePapc. j> Le Samedy cinquième,^ paffa en vifices de Cardinaux,qui me ,,vindrenc voir , pour dccouurir où ieccndois,& encres aucres,ie recogneu le Cardinal del Bufalo, eftre porcéà Bianchctci. Le Dimanche fixiefmc,apres difner,nous nous aflfcmblafmes tous les Cardinaux François, chez te Cardinal Serafin,qui auoit la goutte , où nous refolufmesdenous tenir bien ioints &c vnis enfemble,&: que pas vn ne lafeheroie de Ton cofté aucune paro- le d'inclufion , ny d'exclufion , que du commun confentemenc de cous: de nousroidir àTexclulion de Como,& à celle de Bian- checci,fur coûtes, comme la plus difficile , fans nous en dccou- urir couces fois , Se après cela , faire cous nos efforcs , pour auoir Pape, le Cardinal de Florence, ou Baronius. L'AmbaflTadeur d'Elpagnemevincvoirau foir ,mc proteftant quefon Roy n'auoicenceftca&ion,aucuneaffe&ion particuliè- re , &n'auoitdeuant les yeux, que ce qui eftoie du bien & de la liberté du faind Siège. Iel'alTeuray que voftreMaiefté auoic la mefme incencion:ce qui me faifoic efperer de voiries François, , & les Efpagnols, vnis enfemble. yy Apres luy vincle Cardinal Santi Quacro.qui me déclara le de- ,,fir qu'il auoit , de s'affeurer que le Cardinal Bianchccti nefuft ^pointPape : & ce pour plufieurs bonnes raifons qu'il me dit auoir en confcience:mais qu'il neccnceroicpasde l'empefcher, s'il n'y voyoic de rapparence:qu'à ces fins il defiroic fçauoir mon incencion. Ienelaluy voulu pointdeclarer du toai : mais ie luy dy bien, que s'il auoic quelque moyen de l'empefcher, nous pen- serions à le feruir. Il me die que hors lescreacures d'Aldobran- din,ilfe promeccoic crois ou quacre voeux: qu'auec nous cinq, trois Vénitiens, ce feroic douze ou treize: qu'il verroit s'il en trouueroit d'autres en celle difpofuion , mepriant de fairele mefme de mon cofté ce que ieluy promis. Le Lundy fepticfme , S force me vint voir l'aprcs-difnee : & dautantquelcbruiteftoitdefia fort grand par toute la ville, que les affaires du Cardinal Baronius alloient bien , il me dit qu'il en auoit l'exclufionfi certaine, qu'il ne daigneroity fongcr,ad.- "iouftant à cela, que fur l'heure mefme qu'il me parloir, il fe ^traittoit d'vn affaire dïmportancc,duqueinous orrions parler » Bicq toft arjres,Monficurle Cardinal du perron vint en mor ET NEGOTÎATIONS. Liv.iti. 4Ç logis, & furie point que iecommcnçois d'entrer en propos auec»y feruiroic volontiers. Le Mardy huitième , après la Congrégation générale, en la- uelle l'AmbalTadcur d'Èfpagne parla , comme les AmbafTa- eursdesRoysontaccouflumé enfemblablcs occafions , &fic fa harangue en Efpagnol , le Cardinal Delfin me dit qu'il auoic charge d'à ldobrandin de me parler. Surquoy, luy difantqueie croiois qu'il eftoit demeuré bien content de nous, il me refpon- dit qu'au contraire il en eftoit tres-mal fatisfait.par ce que nous ne luy auions donné aucune refolution fur l'affaire dont il nous auoit parlé, laquelle il vouloir auoir ce foirmefme, afindc fc refoudreapres defoncofté, de ccqu'ilauroitàfairc. Sur cela, Monfieur le Cardinal du Perron, Monfieur i'iAmbaf- fadeur Se moy nous affemblafmes : Et après auoir confideré qu'encore que nous nous fuffions déclarez de n'auoir point def- - agréables les fufdits Cajdinaux S. Marcel, & S. Clément, il y J>auoitneantmoinsapparence que pas vn d'eux ne pourroiteftre >,Pape, par ce qu'outre les plus anciens Cardinaux , qui n"en vou- voient point ouïr parler, il y en auoit encore plufieurs parmy les créatures d' Aldobrandin qui les rcietcoient,& que (ï nous mef- contentions en cela ledit Aldobrandin, il nous pourroit peut cftre mettre Bianchetti en barbe , ou prendre auec nous vnc querelled'Allemand.&s'vnirauccles Efpagnols : Nous nous refolufmes d'aller voir les autres Cardinaux François, pouren- sendre leur opinion : Mais quant à nous , nous fufmesd'aduis fur l'heure i qu'il ne luy falloir point donner de mefeontente- ment. l'ai lay voir incontinent les Cardinaux de Giury & Scrafin, qui furent de mefme opinion , Se m'en donnèrent la parole : ce que ne fît point coutesfois le Cardinal de Sourdis. f excufantfur ce qu'il ne cognoiffoit pas S. Clément, &:n'auoit pas bonne opi- nion de S. Marcel : Et qu'en tout cas , ilnefcvouloitpoinrde- ^clarer que dans le Côc laue, &: après auoir oiiy la Meffc du faincl: Efprit. le le priay d'y bien penfer, mais ic ne l'en preffay point *'dauantage, pareequeie n'eftois pas trop marry qu'il euft pris »cefte refolution , cftimant que cela nous pourroit feruir , & jjqu'Aldobrandin ne nous l'imputcroit. ET NEGOTIATIONS. Liv.m. 4i7 ît par ce que Monfieur l'Ambaffadeur & moy auions pro-t{ mis au Cardinal Dclfln , de l'aller voir à fix heures dufoir, nous nous refolufmes d y aller cn'enibîei&priafmesleCardinaldu" Perron, qui fe trouua aucc nous, parce que nous eftions allez { tous trois vifiter le Cardinal d'Eft >d'y vouloirveniraueenous, pouroùyrla refponfc que nous luy feriôsrQui fut que nous prie- rions le Cardinal Aldobrandin de nousexeufer , fi nou3 luy di- fions auec quelque reffentiment, qu'il pouuoif procéder auec nous d'autre façon qu'il n'auoit fait, fe plaignant de ce que nous nous laiflios entendre à l'exclu fion des perfonnes qui luy cftoiét les plus agréables i car c'eftoic vne chofe qu'on neluy auoit ia- mais peu dire auec verité:Que moins encore nous deuoit-il me- nacer de faire fes affaires ailleurs, veu que V. Maiefté n'auoit pas comme luy , de fi grands interefts & pafïionsàquiferoit Pape, qui nous peuflent faire changer la refolution que nous auions prife: par ce que quiconque fera Pape , aura plus de befoin de de vofhefaueur ,que vousdelafiennc : QueccneftoiEpasaufTict ce qui nous mouuoit àluy faire bonne refponfe,maisbien !ecô-(< mandement que vous nous auiez fait,delefauorifer&:feriHr en tout ce que nous pourrions. C'eft pourquoy nous vd i 5s luy'* donner cefte parole pour quatre denous,n'y ayant peufaireen- corc refoudre le Cardinal de Sourdis , de n'exclure point les deux Cardinaux fufdits. Ce que nous faifions à la charge & condition touresfois , & non autrement > qu'après auoir fait fes efforts pour les faire reùfîir , il viendroit auec toutes fes créatures au Cardinal de Florence, quieftoitnoftrcbut&fin principale. Le Mercrcdy neufiefmc, le Doyen des Cardinaux fît lire à la Congrégation vne lettre en Efpagnol ,que le Duc de Feria, Viceroy de Sicile cfcriuoitau facré Collège, par laquelle il luy mandoit qu'il luy enuoyoit la copie d'vne lettre qu'il cfcriuoic ï\i Pape , n'ayant point encore fçeu fa mort, pour fe plaindre du Cardinal Baroniqs , fur ce qu'il auoit eferit dans fes Annales, touchant la Monarchie de Sicile; & piioit fa Saincteté d'y vou- loir donner ordre , & le facré Collège de faire ce!t office en.uerç elle. Sur cela , le Cardinal B.aronius fe leua , & fit vne tres-belle( 4 Apologie fur ces eferits, commençant par leveifctduPfeau-^ me , Deys Uudcm meâm ne cjuafieru, ,fans qu'il falloit bien auoir efgard voirement au Royd'Efpa- >>gne i mais quauflî s'agiflbit-il icy delarcputati od'vn Cardinal, „qui patiflToit pour la iuftice , pour TEglife &C pour auoir obey au Pape,duquel on vouloit lacérer la mémoire, eftant à grad peine enfeuely. Dirent de plus, qu'il falloit fçauoir qui auoit baille eefte lettre. Le Doyen dit , que ç'auoit efté vn Secrétaire du Pape, nomme Argcntio : Onle fie venir, ilfouftintdcùanttous qu'il n'auoit iamais reçeu ny baillé laditelettre: A quoy ledit Doyen nefçeutqucrefpondre. Ce qui luy fuft vne grande co- fafion en celte aflTemblee , laquelle cogneut que ce n eftoit qu'- vne grande impofturc forgée, pour nuire à ce Cardinal, de qui la pratique eftoit bien auant. Quelques- vns creurenequ Aldobra- din,qui ne fe trouua point en cefte Congrégation y trempoic, ÔC en eftoit d'accordauec le cardinal de Com:,&lcs Efpagnols. D'autres auoient opinion que cela venoit des amis dcBaroniu tt pour le rendre par ce moyen plus recommandable : mais ny l'vn ny l'autre n'eftoie pas vray femblable. En fin on videncefte ''Congrégation , vne grande diuifion de volontez Se tefmoigna- »gcs d'cfprits aigris,mefmcs en l'ededlion de quelques menus of- >,ficiers duconclauCjComrneMedecinjChirurgienôcCôfcflTcurs^ ET NEGOTIATIONS. Liv.'ni. - 415, quienfircraindrcàplufieurs,vnmauuaisfuccez. Sur cefte af- < faire, & ccftcbellc lettre du Viceroy de Sicile ,iecreu quec'e-t< ftoit la l'affaire d'importance que le Cardinal SforcenVauoit dit qui le dcuoir refoudre. La Congrégation eftant finie , le Cardinal Delfin nous fit entendre qu'il auoit rapporté ce quenous luy au ions dit, au car- dinal Aldobrandin, lequel en eftoit demeuré fort content &c nous aueuroit que nous n'aurions, ny como,ny Bianchetti: mais que pour fon particulier, il ne pouuoit ny ne vouloitfe decla^- rerouucrtement, contre ledit Bianchetti: Qu'il nouspromet- toic auffi , qu'après auoir efTay é quelques- vnes de fes créatures, il vicndroit auec toutesellcsau Cardinal de Florence, auquel ledit Delfin me pria de rendre pour luy bon tefmoignage. l'allay voir l'aprcf-difnee le Cardinal de Florence, &luy racontay bien au long, tout ce que nous auions traitté& capi- tulé pour luy auec ledit Aldobrandin , & les raifons qui nous auoient efmeu à le contenter en S„ Marcel & S Clément > ce que nous auions fait, ne voyant point fuiet de craindre qu'au- cun d'eux peuftreuffir pour auoir plus d'au thoritéenuers le-« dit Aldobrandin, pour le faire venir où nous voudrions, qui e- a ftoit à fa perfonne, laquelle voftre Maiefté defiroit pardeffus^ tous. le luy tefmoignay auffi , comme ledit Cardinal Delfin marchoit de fort bon pied en fon endroit. Le Cardinal Iuftinian me vint voir ce iourmefme, feplai- ganc de la violence d'Aldobrandin, quînoncontentdelapro- rnelTe qu'il luy auoit faite, d'exclure tous ceux qu'il ne voudroit pas , defiroit encore de plus , qu'il «'obligeait à tous ceux qui luy eftoient agteables : ce qu'il luy r»efufa. Le Cardinal Santi-Quatro me vint voir après ,pourfçauoir ce que i'auois appris pour 1s regard de Bianchetti. le luy dy que nos affaires alloient mal de ce cofté là ,fi Aldobrandin ne nous aidoit ; que pour ce, ie le priois de faire quelque chofe pour luy; comme auffi pour fon refpeft , ie ferois le femblable : ce que ie difois ,pour voir fi ie le pourrois tirera Baronius, qui eftoit le feul Cardinal , duquel nous voulions qu'on parJaft alors II s'en retira neantmoins, difant qu'en plufieurs autres chofes > & dans" ks créatures d'Aldobrandin , & hors d'iccllcs il luy pourroit co-< * plaire : Et me dit encore fur cela , qu'il luy eftoit venu vnc pen-{, ïcc en la tcftc>qui eftoit, que nous deuions traitter de faire vrv * jpo LES AMBASSADES , Pape agreableaux François, Efpagnols & à tous,s'iI fe pouuoit: "comme fi nous auions quelqu'vn qui nous dcfplcuft, qu'ils nous y ,en aflfeuraflenc Se que nous en fiffions de mcfme en leur endroit; & qu'en ce cas nous conuinflions d'vn tiers agréable a tous. Ic vy fort bien que cela ne venoit pas de luy , comme il difoit: mais que c'eftoit vn artifice des Efpagnols , pour vne de deux fins , ou pour gafter l'affaire dcBaronius,duqucl lesEfpagnols ne voy oiêt pas bien l'exclufion afleurce ; ou pour nous defunir d'auccle Cardinal Aldobrandinrqui futcaufequei'entcndy fort peu ace qu'il me propofoit. LeCardinal Aquauiua me vint voir aprcs,&me dit que nous pourrions, peut eftre,auoir entendu qu'il cftoit plus vny que de couftume , auec les Efpagnols, que cela n'eftoit pas neantmoins: mais qu'il fe falloit ioindre plufieursenfemble pour s'oppofer à Aldobrandin , qui eftoit fon principal but , auquel mefme tendoit le confeil qu'il me donna , de prendre garde à ne nous "engager de parole à qui que ce fuft: par ce qu'en cefaifant, nous > 7 aurions plus d'honneur, Se en ferions plus recherchez, &pour- rions faire vn meilleur coup,&: obliger d'auantage celuy qui fe- roit Pape. En quoy il difoit vray , Se l'aurions fait , fi nous n'éuf- fions defiré d'au oir Pexclufion plus aiTcurec, de ceux que nous ne voulions point, Se acquérir d'autant plus de moyen de fa- uorifer celuy que nous defirions le plus. Le Cardinal Vifconti me vint voit après, qui me montra fur la lifte des Cardinaux , que pourueu qu Aldobrandin y allait de bon pied , il ne manquoit que deux voix à Baronius, pour eftrepape. Le leudy dixicfme, ie n'aUay_point à la Congrégation , où l'on ne fît que diftribuer les chambres du Conclaue. luftinian me vint voir apref difner, pour defcouurirdemoy, fi nous al- lions à l'cxclufion de Bianchctti : Çe que ie ne luy voulu point déclarer. Le Yendrcdy onzicfmc, on leueen la Congrégation géné- rale , les articles drcfTez par quelques Cardinaux, qui peu de iours auparauant auoient efté députez à cela , comme c'eft la couftume, pour eftre fignez par tous les Cardinaux; afin que ce- " luy qui feroit Pape,fuft obligé a lesobferucr.il y auoit entre au- tres choies, Que le pape procurcroit la guerre contre les Turcsc » Qui\ acheucroit dans vn an,d' vnc faço ou d'autre ; l'affaire de *u- ET NEGOTIATlONS. Liv.nr. 411 *//ij>:Qu'il doneroitauxCardinaux pauures, moye de viure,felo({ leur grade; Qu'il abfou droit les Cardinaux de tous crimes, quel- ques atroces &: énormes qu'ils culTent perpétrez, le fu d'aduis'der à celle qu'il defiroic le plus, comme à la plus aifeepar ce q u'- iln'auoicplus àdefircrd'eftreaccrcu par vn pape, mais feulemée d'eftre fauorablemcnt conferué: Que pour tout cela le cardinal Baronius me fembloit le plus à propos. Il me pria de le confeiller s'il deuou tenir de le faire pape cefte nuic\ mefme : par ce que d'vn cofté , il en craignoit l'ilTuc : & de l'autre , il auoit regret de perdre la belle occafion qui fe prefemoit: carenfaifanc noftre conte, nous auions trouué que nous eftions enuiron quarante vœux, & n'en falloir que quarante Se vn , pour faire le pape. le m'exeufay de luy donner feulconfeil , en vne chofe de fi grande importance. 11 me pria d'aller à la chambre de Vifconti oùe- ltant,ilnous dit qu'il feroit ce que tous deux luy confcillerions. Surquoy Vifconti ne fçeutauiTi luy donner autre confeil, finon „q»'il falloir s'efclaircir de deux ou trois vecux , hors de fes créa- heures , fçauoir eft, Pinclli , Iuftinian & Monti;& de trois ou qua- tre dans icelles , qui eftoit Bianchetti, Borghcfe, Arigon, & "Monopoli: &qu'on fe refoudroitapres/eloncc quiauroiteAé trouué. Bandini eftanc furuenu fur ce propos, Vifconti dit en fa pre- fenec à Aldobrandin, que fi Baronius auoit tant de difficultés, qu'il en ttouueroit bien de plus grandes en fes autres créatures. Mais Bandini dit qu'il ne le croyoit pas , & qu'il en fçauoit , à la- quelle Montalto &c les Efpagnols iroient fort volontiers. le vy fort bien qu'il entendoit le cardinal Bianchetti: Etioignâc ce que Iuftinian m'auoit dit , que fi Aldobrandin leurvouloic lailTer le choix d'vne de fes créatures, qu'ils s'y accorderaient; ie me confîrmay en cefte créance, & me refolu tout incontinent d'aller aucc le Cardinal du perron, trouucrDelfinenquinous auions defpofé, comme i'ay dit cy-delTus, nos promeiTes réci- proques ,&c de luy dire franchement, que fi Aldobrandin fe vou- loir feruir de nous , il falloir ref< lurnent qu'il nous afTeuraftde l'cxclufion de Bianchetti. en rvncdeccsdcux façons , ou en r nous indiquant autant de fuiets, qui nouseftoientneceflaires 3>pour iccllc, ou en donnant à tous trois , fa parole & fa foy , qu'il "s'oppoferoit audit Bianchetti, fufquc» à fe déclarer luy mefme> ?>s'il ea eftoit befoin. Ilnousafleuradcluy direàbonefcient. Montalto ET NEGOTIATIONS. Iium. Ai\ Montako me parla cefte après difnée, & me die afiez defdaï-c< gneufement qu'il ne croioit pas que nous fiflions lexclufion à toutes fes créatures, comme on luy aupitrapporté, par ce qu'on /çauoit bien que voftre Maiefté auoit des "obligations au Papc'c Sixte, & qu'il feftoitaum* tôufiours tres-bien comporté enuers la France. le luy refpondv que ien'auois aucune cognoiflance de ces obligations, qu'auftî n'eftoit ce pas cela qui nous empef- choitdelcs exclure : mais bien qu'aiant luy fait fou'uent dire à: voftre Maiefté, qu'il cQtoit Ton feruiteur, vous feriez bien aife de lefauonfer : Et pour luy en dire la vérité , la plus importante &c principale raifon eftoit, qu'il y auoit parmy Tes créatures, des fu - iets que voftre Maiefté iugeoit bons &c dignes d'eftre Papes , & aufquels elle vouloir beaucoup de bien. L'alTembléequ^ nous auions faitte chez Vifconti l'apref dif- nee, donna telle fraieur à nos adifcrfaires , croiantsafTeurémerit que cefte nuit nous deuians faire Baronius pape,que la piuf- part d'eux dormirent * ellus, & entre autres, le pauure Cardinal cTa» uila tout vieux & malade qu'il eftoit. Sur le foir bien tard, le Cardinal Delfîn me vint dire que !e;f Cardinal Aldobrandin fe contentou de nous donner parole le lendemain à tous trois, d'empefeherque Bianchetti ne fuit' point Pape. (f Le Mecredy feizicfme , le Cardinal du Perron &: moy liants rencontré led:t Aldobrandin il nous leconfitma. Toutleiour fepaflTaen vifites iufquesau foir, que ledit Dclhnme pria de ve- nir auecle Cardinal du perron en fa. chambre . où le Cardinal Aldobrandin nousattendoit , pour nous faire folemnellement lapromelf^ que nous defirions : fur laquelle neantmoins quand ce fut au fait & au prendre il nous fie de très- grandes difficultez. it pour ce, il nous luy fallut pat 1er à bonefcient, iufquesàluy dire que nous ferions contraints d'auoir recours ailleurs, & que en ce faifant , il nous faudroit obliger à des chofes qui nous cm • pefcheroicnt de le feruir comme nous defirions. En fin il nous promit & nous toucha dans la main, qu'il empcfchci oitledit Bianchetti d'eftre Pape, à quelque prix que ce fuft . îufques àfe déclarer foy mefme, s'il eftoit befoin : pourueu que nous iuraf-(( fions de le tenir fecret , & de luy laifTer gouuerner ceft afFaire,<{ parles meilleurs moyens qu'il aduiferoit. •Leleud dix-feptiefme, le Cardinal de Sainéte Cecile,eftant.' celle qu'iiauoit dans le Conclaue : à quoy nous refiftafmes,auec toute lafacliond'Aldobrandin, fur le prétexte d'vne Bulle qui } le de fend oit ,maisencfïec, pourle contraindre parcemoyen, de forcir du Conclaue, comme il fît, après auoir demandé fon congé. Dequoy tous fesconfederez luy fçeurent fort mauuais gré, &: luy- mefme fut marry de ce que ledit congé luy fut fi faci- lement octroyé , &c ne v oulut fortir de tout ce iour-là. Le Cardinal Sancti-Quatro me vint voir, pour fçauoir ce que i'auoisfait, pour le regard de Bianchccti,&: encore que l'en euflè rexclufionbienaflTeureeJcluydyneantmoins que ceft affaire alloic mal,&: que ic n'auois peu rien tirer duCardinal Aldobran- din-.cequeiefy pourle perfuader qu'il f en pouuoicdeiiurer,ve- nant à Baronius: maisie n'y peu gaigner autre chofe. Bien coft après qu'il fut forty , Aldobrandin entra dans mi chambre, où il trouuales Cardinaux de Giury &: du Perron. Il nousmonftra eftre le plus trauaillé du monde, de ce qu'on luy faifoit faire des chofes contre fon gré, fe plaignant de Vifconti, qui l'auoit comme cotraint déparier à Montalto pour Baronius, efperant qu'il le gagneroit : mais que luy en ayant parlé à re- gret, ilenauoitauflTi rapporté vne mauuaifc lefponfe : dequoy })il eftoit infiniment affligé. le fa voir le Cardinal Baronius en fa chambre , à qui ie n'auois "iamais ofé parler de fon affaire , tant s'en faut qu il mendiaft les vœux , 6c qu'il 0 ay daft à eftrc pape , comme plufieurs autres • luy difant neantmoins, que i'eftois fore feandalifé de ce que le Car- dinal de Sain&e Cécile, qui faifoit prôfeffio d'eftrt fi deuot, luy eftoit contraire. Il me refpondit que ledit Sain&e Cécile elioic trop interefTéauec les Efpagnols, &c qu'il auou plusd'efgardàce qui eftoit de fon particulier, qu'à l'honcur de Dieu-puis fe tour- nant vers vn tableau de la Vierge Marie, ilmcditqueceferoit celle là qui feroit fa part en ceft affaire. LeVendredy i8.fc paffa fans faire chofe d'importance. I'allay voir le Cardinal de Florence, &luy fy entendre bien au long la bonne volonté que V. M. luy portoit &c comme elle le defiroie fur tous autres ne nous ayant iamais rien commandé , auec plus "d'inftance, que dctrauailler & denous roidirdu toutàcela. Il »m'afTeura qu'il le croioit ainfi , & me demanda en confidence , fi >,iene fçauois point corne le Grand Duc alloic en fon endroit, & ET NEGOTIA TIONS. Liu.Trr. 41J mecoiuradeluy en dire la vérité, fc luy dy qucieny aueisrcco (( gneu que du bië,encore qu'en môameie creuffe autrement. 11 Se fît? Jir après àmcdirecequ'ilferoiteftât Pape, & entre autres chofes il me dit qu'il viuroi t auec fplcndeur , & auroit vn parti-*' culier foin que les Eglifesfuflent bien tenues, &rne fetoit que fort peu de Cardinaux , mais qu'ils feroienr fort honora- bles:^ s'il faifoic aucremenc, que ie luy reprochant auec pa- Iples aigres. Le Satnedy dix-nenflerme ,1e Cardinal du Perron me dit que le Cardinal Gallo luyauoit faitvn long difeours ; difant qu'en ccConclaue, les Françoisn'acqueroicnc poinc de réputation: " qu'on voyoit les Efpagnolsfe remuer àbon efcienr, & faire par- ler d'eux :& au contraire, les François n'eftrequ'adherents du Cardinal Aldobrandin. le nefupoincd'auis,nenplusqueluy, que pour tout cela nous changeaflions de deflein , puis que fans nous remuer, nous auions nos exclufions toutes aflfeurees, &c v que faifant autrement , nous pourrions ruiner pluftoft: quefcr-*bon qu'il faidaft le mieux qu'il pou-.roit. Apres cela parlantde plufieurschofes qu'il falloit faire, il me die qu'il vouloir tenir tous les vnis &: confederez de l'autre bande en perpétuelle peine, Se leur vouloir donner tous les foirs des alarmes , fe voulant feruir d'vne chofe qu'il auoit oùy dire à voftre Majefté , qui eftoit que vous auiez gaigné plus de places en trauaillant ceux de dedans , par alarmes conti- nuelles, que par force de dehors: Se nous conta aufïi que l'au- tre iourparlantà Montalto, il f eftoit feruy d'vne autre chofe qu'il vous auoit ouy dire : car comme il le pria de vouloir faire quelque chofe pour tous eux , il luy refpondit ce que voftre Ma- ieftéauoitrcfpondu au Pape Clément, le priant de faire quel- que chofe pour la Ligue : n'en vouloir rien faire , mais bien pour les particuliers de la Ligue , qu'il luy recommanderoit. 5> Le Lundy vingt- vniefme.le Cardinal dalMonte me vint voir »l'apref-difnee, & me dit auec grande émotion, comme la pratti- ,,quede faind Marcel alloit fort auant, &c que parainfi il falloit quenouspenfaflionsài'empefcher. Ieluy refpondy qu'il ne s'a- bufaft point d'efpcrer rien de nous en cela , & que ie ne luy vou- lois point celer, que voftre Maieftén auoitiamais eu quebon- nerelation dudit Saind Marcel, tant par vos AmbafTadeurs que par le feu Cardinal d'.Oflat , qui vous auoit tefmoigné comme il s'élit bien porté lors qu'il s'eftoit traitté de voftre abfolution, &ae la déclaration delà nullité de voftre mariage, &: en l'affai- re du Marquifat de SalufTes. Ce qu'oiant il fortit quafihorsde foy, & mediteniurant, s'il feroit dit que par noftrc moicnlc Grand D uc vift Pape, vn fi grand ennemy que celuy là.Ie mon- ftray eftre fort eftonné de ce qu'il difoit, veu que tant luy que le Chaualier Vinta, m'auoient ditauparauant que le Grand Duc ne reiettoit point ledit Saind Marcel, tant ils vfoient de diflimu- lation auec nous .- quevoiant à cefte heure tout le contraire il m'excuferoitfi ieluy difois que s'il aduenoit en cela du mal au Grand Duc, ill'auoit bien mérité, veu qu'il n'auoitiamaistrait- ,;té de fes affaires qu'auec les Efpagnols, s'eftat vny auec eux, iuf- 'jqucsàempefcher &perfecuter vn fuietque voftre Maieftéeuil „cu fi agréable, comme eftoit Baronius. Que voiant cela, nous ET NEGOTI ATIO NS. Liu.ui. 42* auionsefté contraints de penfer ànous , nos affaires eftantsenefperances. La féconde penfee que ie communiquay audit Delfin , eftoit ^démettre enconfijeration audit Aldobrandin s'il ne luy feroit point vtile, qu'après auoir choifi celuy qui luy feroit le plus agréable hors de fes créatures , lequel fans doute recognoi- ftroit luy en auoir la principale obligation , il luy tefmoignaft encore que la prière de voftre Maiefté auoit grandement feruy à luy faire prendre cefte refolution ; afin que de Ià.voftre Maiefté euft fuietd'efcrireà fon AmbalTadeur, qu'il fift entendre à celuy qui feroit Pape, qu'outre les obligations que vous auiezà la mé- moire du Pape Clément, vous en auiez encore tantau Cardi- nal Aldobrandin de vousauoiraideàlefaire Pape, qu'il vouloir, bien luy faire fçauoir , que les faueurs ou défaueurs qu'il rece- uroit de luy,vous les recognoiftriez corne faittes àvoftre propre perfonne. Cequeie difois ayant toufiours ma péfee tournée fur le Cardinal de Florence, &: afin de luy doner d'autât plus de fuiet ; de recognoiftre l'obligation qu'il en auroir à voftre Maiefté. Le- ndit Cardinal Delfin monftra d'approuuer fort ce difeours : mais , ,il me dit qu'il croioit n'eftre pas encore temps de le faire enten- dre à Aldobrandin. au partir de là, le Cardinal Pallote me vint prendre, & après diuers propos &plufieucsplaintcs de lalongueur du. conclauç, ET NEGOTI AT'Ï O'NS. Liu.'tx. 4# de laquelleil donnoit le blafme à Aldobrandin , &que ic lcu hors de fes créatures : mais que ic croyois qu'au faire & au prendre , ils n'en feroient pas tous d'accord. Il m'afTeura quefi , Se qu'ils m'en donneroienc tous la parole , &c fouferiroient à cela, s'il en eftoit befoin. le luy dy que s'il m'en faifoit donner l'afleuran. ce par tous fes confederez, ie le propoferois à Aldobrandin, & luy parlcrois , peut eftre , d*autre façon que ie n'auois encore" fait , qui eftoit de luy dire qu'il fe deuoit defabufer dcl 'efperan- « ce depouuoir faire Pape quelqu'vne defes créatures , eftanct bien affeuré que hors d'icelles , il ne pouuoic venir qu'au Car- . dinal de Florence. Incontinent après, ledit cardinal de Florence me vint voir, le luy fy entendre tout le difeours quei'auois faitàDelfln, SC ccquem'auoitdit Pallotte , afin de fçauoirs'il approuuoirque ie parlafTe au Cardinal Aldobrandin, en la façon que i'ay dit. lime diten eftre fort content, & m'en fit de grands remercie- ments, recognoifTant, comme il <îifoit , que fi ceft affaire luy reuffiffoit heureufement , il en auroit l'obligation principale àvoftre Maiefté, Le Cardinal Como me vint voir bien toft après, par ce que co- rne i'.vy dit cy deffus, Aldobrandin auoit mis en auât fa pratique: & après no9 eftre donez de réciproques tefmoignagcs de noftre affe£tion,il me dit que nous eftions en vn lieu,ou ie luy en pou« uois tcfmoigncr les effets , & qu'il defiroit eftre efclaircy de ce qu il en pouuoit attendre, par ce que les bruits eftoient au con-<* traire. Ic fu long temps à me contenir , pour ne le fafchcr point>mcnté le commencement de la Ligue : Que le pape Sixte auoit s, dit depuis pub'iquemét,que luy &c le Cardinal de Sens, auoienc mis le feu & la guerre en F:ance:Que les Miniftres de voftre Maiefté, qui ont efté depuis en cefte Court.auoient tefmoigné qu'il s'eftoit monftré trop partial &c paflîoné pour l'Efpagnc. ïlrefpondit là deiTus, que tous ceux-là auoient grand befoin que Dieu leur pardonnait qu'il auoit touiours efté très af- fectionné aux affaires de France plus que Cardinal du Col- lège, &c me demanda fi iene lecroyois pasatnfi.Ieluy refpondy que ievoulois croire ce qu'il medifoit. Il me pria de luy direû* i'auois commandement exprès de voftre Maiefté, d'aller contre luy. leluydy que corne voftre Maiefté ne nommoit point ceux qu'elle defiroiteftre papes, qu'aulfieftoit-clle fi iufte &c raifon- nable , qu'elle ne nous commandoit point expreffément de lie faire contre quelqu'vn. Il me répliqua, s'il feroit poffibîe que 3»n'ayant point ce commandement ( lequel ie ne voulu point ,,auouer pour tout ce qui pourroitauenir) & ayant la bonne opi- 3)nion,queiedifoisauoirdeluy,iepreferanre les mauvais offices qu'on luy auoit faits , à ce que ie fçauois eftre de la vérité , & qu'il defiroit bien eftre efclaircy de ce qu'il s'en pouuoit pro- mettre. Me voyant fi preffé.iedy que nous eftions cinq Cardi- naux François qui ne refoluionsrien , les vns fans les autres, & qu'ilme pourroit faire entendre quand il feroittemps de le fer- uir, que l'en parlerois à ces Meilleurs, ôc luy ferions fçauoir la refolution que nous aurions prifeenfemble. Il pourfuiuit en- core, &me demanda fi en leur parlant, ie luy ferois bon offi. ce. le l'afîeuray queie leur diroistoutie bien que ie fçaurois deluy. Le Cardinal Afcoli me vint voir après, lequel n'entra point en femblables difeours , pour fon regard. Si bien fit le Cardinal Montelparo, qui vint incontinent après & me demanda s'il eftoitvray que voftre Maiefté fuft mal- content de luy , comme onluyauoitrapporté.Iel'aftcuray bienamplement,qu'elic n'en 3>auoitiamais reccu de mefeontentement , & quil le pouuoit iu- 5>gerluy mefme.puis qu'il fçauoit bien n'auoir iamais eu aucun j>,affaircenmain, qui touchait voftre Maiefté &c (on Royamc, au- quel il ne fe fuft bien comporté, il me dit qu'il eftoit bien fer- ukeur ET NEGO TIATION S, Liv. m. 433 tuteur du Roy d'Efpagne , parce que le Roy fon perc , luy auoit:< fait mille grâces : mais qu'il ne croyoit pas que cela luy deuftc< preiudicier, veu qu'il eftoit bien vny , comme nousfçauions,u aueclc Grand Duc, lequel ne vouloitauirc queluy. Apres l'a- uoir affeuré que cela ne luy pourroitaucunemétnuirc5ilme die qu on luy obic&oit encore , qu'il ne s'èntendoit point aux affai- res du monde : mais qu'à cela il refpondit, que s'il n'en euft eu beaucoup de cognoifTancc, vne fi grande Religion comme la Tienne, qui eft defaincl Auguftin ,neluy auroitpoint donné les premières charges de l'Ordre , comme de Prieur, Prouincial, & General: ny mefme n'auroitefté Le&eurfi long temps, en toutes fortes de feiences. le luy dy que fon argument eftoitin- faillible. I'allay voir après le Cardinal Aldobrandin , & luy fis enten- dre ce que Pallottem'auoit dit, fçauoir qu'il me feroit donner la parole par tous fes conf ederez , de lailTcr le choix audit Aldo- brandin, de tel Cardinal qu'il voudioit, hors de fes créatures:" &: pris fur cela occafion de luy faire le difeours , fur lequel i'a-« uois demandé confeil à Dclfin, touchant les difficultez qu'il ré (S contreroit en toutes fcfdites creatures;du peu d'obligation qu'il acquerroic fur celuy qui feroit Pape, s'il ne s'y refoluoit qu'à tou- te extrémité. le luyreprcfentay encore particulièrement, com- bicceparty luy feroit honorable &aiTeuré,{ipallottefatisfaifoit àla promette qu'il m'auoit faite : &: partant que ie le confeillois de ne différer plus à s'y refoudre. Sur cela, ie le vy fort penfif,& en grande peine , comme vn homme qui fc fafche de defmor- dre de l'opinion qu'il a prife,&:fe retirer d'vne p aflion fï violente commecftoitlafienne, d'auoir vnede fes créatures. C'eftpour- quay ie ne luy dy rien de l'autre partie du difeours que i'auois faitàDelfin, touchant la part qu'il dcuoit donner à voftre Ma- iefté en cefte affaire, ne cognoifTant pas bien , comme il auoir pris ce que ieluy auois dit. Ncantmoins ledit Cardinal Delfin me vint dir« vne heure après, que ledit Aldobrâdin auoit penfé au difeours que ie luy auois fait , & qu'il auoit depuis enuoyé. parler à Florence. Le Mercrcdy vingt- troifiefme, le Cardinal pallotte me dit^ qu' Aldobrandin luy auoit fait entendre , que quelques vns luye{ auoient rapporté qu'il parloitmaldeluy : Que fur cela, il luy auoit rcfpondu n'auoir parlé quamoy:& luy raconta tout le^ 434 LES AMBASSADES r propos qu'il m'auoit tenu .auquel Aldobrandin auoitmonftrc >'ne prendre point plaifir : &: me dit que ficela eftoit, il ne s'en j>mcfleroit plus, me priant de le faire fçauoir. le luy dy qu'il auoic >}gafté tout l'affaire : Que fans doute Aldobrandin ne prendroic point plaifir à fortir hors de fes créatures :& que s'il m'en parloic il faudroit que moy mcfme luy cofeillafle de ne le faire point:ô£ que par ainfi , le ne luy pourrois demander s'il auroit agréable qu'on continuait cefte pratique,puis que ie ne l'oferois conieil- lierdy entendre. Neantmoins, ledit PallottcmeprelTaplus de dix fois.d'en fçauoir fa volôté.Ce qui me fit douter qu'il n'auoic pas trouué les chofes en l'eftat qu'il pcnfoit,& qu'il defiroit pou- uoirtrouuer que!queexcufe,pours'en retirer. Toutesfoisieluy dy que puis qu'il le vouloir ainfi ie luy en parlerois: ce que ie fy: Mais ie confeillay Aldobrandin de trouuer bon que ie refpodif- fe de fa part , qu'il auoit fort rcietté ce party; ne me fcmblant pas raifonnable qu'il y entendift , iufques à ce qu'on luy euft mis en main la chofe toute affeurce : ce qu'il approuua. le fus neant- ' moinsconfîrmé au deflein de cotinuer cefte pratique parVifcô- ' ci,&T Arigon, deux fort habiles Cardinaux , qui me dirent que Ci » Aldobrandin ne prenoit ce party viftement , qu'il ne feroit rien „de ce qu'il voudroit; qui fut caufe que ie voulu reparler audic Pallotte,&: luy dire qu'Aldobrandinne prenoit à defplaifîr qu'il continuait. Mais i'appcrceu par quelques conie&ures, qu'il ne ' trouuoitpas Montalco,fidifpofé à cela-, qu'il m'auoit dit, corne ie m'en eftois défia doute . & fus puis après alTeuré par Aldobrâ- din. C'eft pourquoy nous fufmes d'aduis de nous roidir fur Ba- ronius plus que iamais,& les laitier venir fans mettre encore en auant Floréce. Dcquoy Aldobrandin fut bien aife, pour n'eftre point prefle àfe refoudre de fe retirer de la penfee ci cfperance de S Marcel. Le foir, les Cardinaux Aldobrandin , Delfîn & moy , nous aflfemblafmes chez le Cardinal Cefi,5£nousrefolufmesd'eflV yerfinous pourrions faire quelque coup, pour le Cardinal Se- rafîn:& pcnfafmes qu'il nous pourroitreùfïlr, en priant qucl- qucsGardinaux , hors les créatures d* Aldobrandin, de luy vou- loir donner leur vœu, le lendemain au Scrutin ; feulement pour "luy faire ccft honneur , comme les Cardinaux ont accouftumé > 'de fc rendre de tels ofïï ces:& auions refolu.s'il y en euft eu queU 3)quenobrcJdc luy en faire donner par plufieurs des cre acures du. ET NEGOTIATIONS. Liv. nr. 4;ç dit AUobrandin , ou nous referuer encore quelques- vi s dcs Cependant la prattiquc de Como , qu'Aldobrandin nous *>auoit dit auoir mife en auant , feulement pour diuifcr les autres, alloit toujours continuant. Sur le foir , Aldobrandin me vint demander confeil fur deux chofes; L'vnc s'il ne deuoitpasdireàMontalto, qui trauailloic à faire l'exclu fion de routes fes créatures ; que puis qu'il le traie- toit ainfi , il la feroit aufll à toutes les Tiennes : L'autre s'il de- uoit traitter l'affaire de Como , auec Saincle Cécile, Como J'en ayant prié auec grande inftance. Sur la première , ie luy refpondy qu'il me fembloit qu'il ne deuoit pas luy-mefme , dire cela à Montalco , par ce qu ils fe pourroient aigrir les vns contre les autres : mais que ie ne trouuerois point mauuais , qu il le luy fîfl: entendre par vn tiers. Sur la féconde , ie luy dy que la chofe meritoit qu'on y penfaft, par ce que ie craignois que Sain- c~teCecile,fi habile comme il eft , ou ildefcouuriroit incontinec fon artifice, lequel il difoit ne tendre qu'à les defunir , ou qu'il le mettrbix , peut eftre , en tels termes , qu'il s'engageroit trop auant. Eeencore que ie ne doutaffe point de fa foy ,Ti refolu-ie pourtant , de communiquer ce qui le traittoit de Como , aux "Cardinaux François , afin de prendre garde & pouruoir à ce qui »>pourroit aduenir. Le Samedy vingt- fixiefme, ierecogneu par le difeours d'A- quauiua Se de Santi- Quatro,qu'ils trouuoient difficulté en l'af- faire du Cardinal de Florence, ne pouuans faire refoudre tous leurs confederez, à donner l'efleétion libre a Aldobrandin ; & i'y en voyois encore du codé du cardinal Aldobrandin , par ce qu'il eftoit tou fiours aheurté fur Saind Marcel Cejqui me fit conseil- ler à Floréce,de faire tout ce qu'il pourroit ,afin qu'on attendift encore de parler de fon affaire : car ie craignois qu'on ne le vou- luft gafter: Ce qu'eftant> ie voyois que nous citions réduits à de- meurer vn an dans le conclaue, ou à tomber en quelque fuict extrauagant. Aldobrandin me fit dire par Delfin , que nous n'euffionsau- ?>cunc apprehenfion qu'il nous mâquaft de foy en l'affaire de Co- ),mo , encore qu'il ne parlafl: point à nous , de tout ce iour là : car 5)ce n'eftoit que pour faire la peur plus grande. l'appris qu' Aldobrandm,contre mon confei^eftoit allé par- • ET NEGOTIATIONS. Liv.m. 437 1er à Sain&c Cécile Se qu'enrre autres chofes ledit Sain&c Cé- cile luy auoit dit clairement, qu'il ne penfaft plus à S Marcel, &u que luy mcfme fc feroit chef de l'exclufion. Dequoy ie fus bien" aife : car ie ne defirois rien tant que de voir Aldobrandin hors def< ceftcefperance, durant laquelle i'apprehendois infiniment que ' les Efpagnols ne penetrallent le traitté que nous faifions pour Florcncs, Se qu'ils ne luy fiflTent 1 cxclufion. le fçeu auflî , comme Aldobrandinauoit parlé au Cardinal d'Auila , lequel fe plaignit à luy , de voir tous les iours tant de vœux eftre donnez à vn ennemy du Roy d'Efpagne , comme e- ftoit le Cardinal Baronius : Se qu'Aldobrandin (è plaignant de fon cofté, des exclufions qu il faifoit à Ce* créatures , & à mô ad- ois le requérant de quelque chofe;ledit d'Auila luy auoit refpô- du , qu'il luy en rendroit refponfe dans deux iours, Se luy en de- clareroit vn autre, que lcRoy d'Efpagne ne vouloit non plus que Baronius. le creu que c'eftoit Florence, Se craigny qu'Aldo- &c entre autres , pour eftrc ledit Camerino pure créature de Montalto , n'eftânt auparauant qu'vnpetic Chanoine detrente "efeus de rente : luy au contraire ,perfonne née fort noblement: 5>quil feroit fait auec générale fatisfaction de tous les Roys& *iPrincesChreftiens,quiledefiroicnt,&lefquel£.ledit Aldobrâ* ET NEGOTIATIONS. Livinr. 439 din pourroir obliger, par ce moyen: qu'il n'auoit point de pa-<4 rents qui ne fuuent riches: bref qu'on ncpouuoitattendrcde luy , que toutes chofes grandes & honorables. Le Cardinal Delfin me vint voir après, & me dit qu'Aldo-** brandin me prioit de parler comme de moy raefme,àMontalto, J & luy offrir de porter parole audic Aldobrandin , pour quelqu'- vne de fes créatures- le luy dy franchement, que fi iccroyois que ce fuft à bon efcient > ic le ferois volontiers; mais que ie croyoïs bien , qu'il ne vouloir qu'en mettre en auat quelqu'vne, pourpuisaprcsla ruiner. C'eft pourquoy ic le priay de m'ex- cufer.fi ie ncme voulois pointmefler décela. Il meditqucî'a- uois grande raifon, &c que c'eftoit la vcrité,qu'Aldobrandin n'a- uoic eu aucre dcflein,afin que par ce moyenMontalto n'efperaft plus de fes cicatures , Se vint plus volontiers à quelqu'autre. Il me prefla encore de parler à Mocalco,pour lui accroiftre la peur de como:cc que ie ne voulu faire non plus.n'eftant point de mo humeur , de coopérer à vne fiction fi grofllere &c laquelle ie fça- uois que lcditMontalco auoit défia defcouuerte. l'auois eu mcC-(< me peine de participer à ce qui s'eftoit paffé là deffus. Le Cardinal d'Eft ayant oiiy parler de l'affaire de Como,memc fembloit que tes Efpagnols Iuy eftans encore contraires, Se Montait© peu refolu d'y venir, & ne fçachant pas fî toutes les créatures d' Aldobrandin , y eftoient bien portées, 6c voyant îuy mefmc, n'eftre pas encore hors d'efperance de pouuoir faire rcùffir quelqu'vn des Gens; ce feroit mettre en trop grand dan^ ger ledit Florence, de le tenter les chofes eftans en cefteftat: ÔC partant, qu'il eftoit necenaire d'attendre encore: ce qu'ils iu« gèrent aufli. A ldobrandin me pavla bien - toft après , & me demandacon- fcil , Ci ayant fçeu que ceux de la fa&ion contrai re,faifoient tous les iours des Congrégations, qu'à l'heure mefmc qu'il me par- loit, ils eftoient enfemblc , pour faire l'exclufion à fes créatu- res î il ne deuoit point faire demcfme , pour exclure celles de Montalto. le Iuy dy que ien'eftois point d'aduis qu'il fîft des af- séblees : mais bien qu'il entendift en particulier les opinions de toutes fefdites créatures fur ce fuiet. Il me demanda après , 8c au Cardinal Delfinquifuruintfurce propos, fi nous ne îuy con- seillions pas de faire à bon efeient îaditte exclufion, à toutes les ^'créatures de Montalto. Ledit Delfin Iuy refpondit qu'il n'e- 3>ftoit pas d'auisqu il la leur fîft ouuertement , puis qu'en efTe£t il en eftoit affeuré, &: qu'il feroit bienaifede leur pouuoir dire en tout temps, que quelques occafions qu'on Iuy en euft don- nées , il ne les auoit point voulu exclure, le fu de mcfme aduis, mais j'adiouftay qu'il n'y auoit point de danger de leur faire fça- uoir par vn tiers qu'ils couroient cefte forrune , par ce que rant qu'ils feroient en efperance du contraire, ils prolongeaient le Conclaue , & trauerferoient les defleins dudit Aldobrandin •. ce que iedifois, afin qu'on ne vint point à l'exclufion ouuertede pluficurs d'entre eux , à qui ie ne defkois pas qu'on fîft ce tor t : mais que pluftoft eux-mefmes s'en retitafTent. Le foir nous nous aflemblafmes, les Cardinaux Vifconti, Del- fin, & moy , &C après auoir long-temps difeouru furlcftarde »nos affaires , nous refolufmes qu'il eftoit bon de faire vn dernier ^effort ,afîn que ceux de l'autre bande s'accordafTent plus facile- ment , à donner l'efïe&ion libre à A ldobrandin de tel fuiet qu'il ^ïoudroitjhors de fès créatures : 6c que cela eûant,nous deu ions jerfuadei ET NEGOTIATIONS. Liv.m. 441 perfuader audit Aldobrandin, de fe rcfoudrc à accepter ccpar-fc ty. &quc pour furmontcr les difficultez, que les autres pour-t roient faite, à le lu>r offrir, pour la crainte qu'ils auroicnt , qu'il ncfift choix de quelque fuiet , qui leur fuft des agréable , corn 1 ' me eftoit Como,à Montalto, & Veronc,aux Efpagnols ; falloit que ie parla(Tc à l'oreille à Montalto & Auila, & leur donnaf- fe la parole, qu'ils n'auroient ny l'vn , ny l'autre. Le Mardy vingt- ncufîerme , le Cardinal Aldobrandin par'a à moy le matin, Se meditdeuxchofes : L'vne,qu'ilauoitrecogneu qu'ontrompoit le Cardinal de Florence : L'autre t que fi vjucl- qu vn des aduerfaires me parloir du party fouuentesfois dit que ie les y confirmaiTc-.mais que ie fille qu'ils vinffent parler à luy,&: qu illesefcoutcroit , aucc quelques conditions : ce qui me fie croirequefur cela il vouloit fonder quelqu'autre deffein. LeCardinal Sanci- Quatro me vint voir peu après, &: ie luy parlay conformément à la rcfolution pnfelefoir, auecVifcon- ty & Delfin.fur le fuiet du Cardinal de Florence: ce qu'il moftra grandementapprouuer,& enbien efperer; ôcm'aiTeura qu'ily alloit trauailler,fur 1 heure mefmc. Vn peu après , rencontrant Sforce , il me dit en paiTant , que4< les Efpagnols fuilent venus àFlorencc^i Aldobrandin fc fuft" refoluàtcmps: qui me fit craindre que fon affaire ne fuft gafté,c< & ie m'en affligea}' beaucoup. Ce foir , il vint vne grande émotion par le Conclaue , dont ie fuauertyde deux endroits , coup fur coup, fondée fur ce qu'on difoit qu'Aldobrandin auoit piomis au Cardinal d'Auila, d'ac- cepter telle de fes créatures , que luy & fes confederez vou- droientchoifir,&adiou£oit- on, qu'il s'eftoit relolu a Bian- chetti. Et comme i'eftois fur le point de fortirdema chambre, pour aller voir quel bruit c'efloit , ledit Aldobrandin y entra toutefmcu, accompagné de quelques Cardinaux des fiens qui l'eftoieat encore plus contre luy , par ce qu'ils ne vouloienc Bianchctti, non plus que nous. Il me pria cfenuoier chercher le Cardinal Borromeo , ce que ie fy : lequel eftantarnué, le- dit A ldobrandin nous pria bien-fort de ne croire point ce qu'on difoitdeluy, nousaflfeurantn'auoirriendità Auila de femb!a-<{ ble. Surquoy nous rcfolufmes qu'il lcdeuoitaller trouucr fur^ l'heure, accompagné de deux de fes créatures , & luy parler clai- rement: ce qu'il fit , mais il ne prit que Bandini auec luy : ce quif c K k k LES AMBASSADES me depleut [I'alîay cependant faire entendre aux Cardinaux «François ce qui fcpaflbitafindenousrcfoudrejencas qu'il nous ,,vouluft manquer de parole &dc foyàtrauaillerà cefteexclufio 5)de Bianchetti , laquelle nous euft bien reufïî. Comme i'y allois, ierencontrayBandini, qui me dit qu'Auila auoit confeffé à Al- dobrandin, qu'il ne luyauoitiamais tenu tels difcours : neant- moins à fix pas de là , ie trouuay Aquauiua & S force , qui me di- rent tout au contraire , Sz qu'Auila auoit grand tort de Tende- dire ,& de fait, ils s'en allèrent auec quelques autres trouuer le- dit Auila ,& luy firent reproche de cequ'il n'auoitoféfouftenir à Aldobrandin ce qu'il leur auoitdit, &C qu'il y alloit grande- ment de fon honneur. Dcquoy le bon homme d'Aiiila futfief- meu, qu'il feleua de fon lit, où il eftoit défia couché, &enfor- tant de fa chambre tout tranfporté de cholere, 5c horsdefoy, il rencontra Aldobrandin , & luy dit qu'il i'auoit furpris, &: qu'il importoit grandement à fon honneur, defouftenir ce qu'il luy auoit dit,eftre véritable : qu'ils eftoient tous deux Prcftres, r mais qu'il eftoit né Caualier : & qu'il luy fouftiendroit , mefmc "en ftoccade s'il eftoit befoin, qu'il luy auoit donné l'efledio fuf- » dite, fans en exclure>ny Biâchetti, ny Tofco. Le Cardinal Aldo- ^brandinrefpondit, que qui diroit qu'il auoit donné cefte éle- ction, ne diroit pas la vérité. Surcela , Auila dit en réitérant plu- fieurs chofes contre l'honneur d' Aldobrandin, luy difantmef- medes iniurcs , iufques à dire ; Ejic hombre fwxjo y md najade, tnerece que lefeandtdos buffetones. Nous rcfolufmcs en fin, après auoir prou contefté &C crié dedans la chambre de Borromeo, où ledit Aldobrandin m'auoit prié de venir, qu'il falloit accom- moder ceft affaire dés le foir mefme: & que ledit Aldobrandin aduoiieroit qu'il auoit dit â Auila, qu'il auifaft fi toute fafa&ion feroit d'accord en vne de fes créatures, que pour luy .iln'en ex* ceptoitpas vne : que mefmc Bianchetti & Tofco furent nom- mez : ôiquefurl'aifeurancc qu'il luy endonncroitiltraitteroit auec elles: & qu'Auila auoit entendu par ce propos , qu'il 1 uy en lailToitl'eflc&ion libre: ce qui n'eftoir pas pourtant, nylefens »des paroles , ny l'intention d'Aldobrandin : neantmoins ledit a Auila ne voulut oiïyr parler ce foir d'aucun accord. s, Le Mercrcdy trcntiefme au matin ils s'accordèrent , & refo- lurent qu'il ne fe parleroit plus de cela* Le Cardinal Baronius eut trente-deux voix, ETNEGOTlATI0NS.Liu.nl'. 44* Aldobrandin me demanda £i i'cftoismal content de luy, furet ce qui s'eftoie paffé le foir auparauant. le luy dy que ieneme l'en attendois les effers véritables, &: tels qu'il m'auoit toufiours promis :queft ic le priois de m'en donner de nouueau fes promettes : ce qu'il &c, & me pria de faire auec Vifconti , qu'il ne forFenfut point de ce qui s'eftoit paffé. Vn Cardinal de mes amis de l'autre bande, me dit qu'il falloir fcrcfoudrcàneconfenfir point, qu'on fift Pape vnieunc Car- dinal: &: le preffant de me dire , dequiilfedoutoit, il mecon- fcffaquec'eftoitde Borghefcàqui il croyoit queplufieurs des feurs iroient, &c qu'il auoit eu vncinftru&ion des Efpagnols, qu'ils le defiroient grandement, &C quafi fur tous. Ievy le Cardinal de Florence pour lu}T parler de fon affaire, Se luydireenquel eftatil eftoit, &C aduifer ce qu'il faudroit faire. Il me priade voir Aquauiua qui me vint trouuer , &: nous en difcourufmes long-remps enfcmble , fans nous en pouuoir bien refoudre , par ce qu'il difoir ne pouuoir faire accor-** der toute fa troupe , de donner le choix à Aldobrandin , du « quel nous auionsfouucnt parlé, & auquel i'auois toufiours in- pour faccager Se piller l'EglifeN.D. de Lorctte. Il y auoit trois femaines qucccfc aduisauoitefté donné au Collège, qui n'en auoit tenuaurre conteque de faire que le Cardinal Gallo, Protecteur duditlicu, mandaft au Gouuerneur d'y prendre garde. Tellement que iepuisdire, que de toutes les impertinences queie vy iamaisen ma vie , celle là eftoit la plus folemnelle : Aufti tous les Cardi- naux decefte faction en eurent tres-grande honte, nepouuats trouuerdes paroles fufHfantes pour l'exeufer &c les autres fen mocquoient bic-fort. lladioufta qu'il apportoit vne lettreque;C le Roy d 'Efpagnem'efcriuoir,qui fut oubliée l'autre iour,quad(( il bai latoutes les autres, ^ui fut vn autre impertinence. Apres cela,lc Cardinal d'Eft me vint trouuer- & me dit qu'on" KkIc iij LES AMBASSADES ^faifoitlaprattiquedeSaind Clément, quicftoitfonennemy, 'qu'il f'afTeuroic que voftrc Majefté ne voudroit qu'il ne fuft fer- "uy en cela de nous , dequoy il me prioit. leluy rcfpondy que ic »m'efmerueilloisdedeux chofesdeluy: L'vne dequoy il parloir de ce que perfonne autre que luy ne parloic : L'autre de ce qu'il efperoit, n'ayant voulu fe déclarer icy pour voftre Majc(té,com- me il auoit toujours promis, &c f eftant nen feulement vny auec les Efpagnols, mais encore fait tout le pis qu'il auoit peu, con- tre vnfuiet, que vous defirieztant, comme le Car dfhal Baro- nius: que pour luy qui n'auoit parlé de cela qu'après trois femair nés du Conclaue, nous vouîuffions fi ernellement ofFenfer Al- dobrandin, qui monftroit à voftre Majefté tant de bonne vo- lonté,& qui eftoi t fi puiiTant^ auoit vn fi grand moien de la luy tefmoigner: queneantmoins, en ce qui fepourroitie leferui- rois. Il fenallademoy, fort pique, &ie reftay forteftonné de fapretenfion , ÔC feandalifé de fa procédure, qui ne fut pas plus prudente à l'endroit des autres qu il rechercha, de tous lefqucls vquafi ilfutrefufé. j, I'allay de là faire entendre le tout au Cardinal Aldobrandin, )}lequei après m'auoir remercié de la refponfe que ie luyauois faitte, me conta comme Borromeo &c Sforcel'eftoient venus prier de ne faire point l'exclufion de Sauli, & d'arrefter le Car- dinal Cefi, qui y trauailloit • comme auffi ledit Sauli luy-mef- mc,ren auoit prié peu deuant, &c qu'il leur auoit refpondu qu'il ne la feroit point faire, mais qu'il auoit grande occaîion de i'of- fenfer de ce qu'on la faifoit à Saindt Clément , duquel il ne par- loit point: Etletrouuay fi émeu , qu'il n'eftoit pas poffible de plus, bien qu'il me dift que Môtalto venoic de luy mander qu il ne la feroit point. Le Vendrcdy premier d'Auril, incontinent après le Scrutin, ie pris le Cardinal Aldobrandin : & quoy que le Cardinal Del- finm'euftdeftourné de traitter encore de l'affaire de Florence, fiefteequeieme refolude luy en parler a bonefeient, &eflà- yet de l'y faire refoudre: & luy dy comme il auoit peucognoi- ftre iufques icy, noftre affe&ion, confiance & fidélité, à le feruir >;k tous fes interefts : que ie proteftois de vouloir continuer: Mais „quc fur l'aiTeurance qu'il m'auoit toufiours donnée , de vouloir le Cardinal de Florence , ie luy voulois bien dire,comc il y auoic "trois tours- que quelques Cardinaux de l'autre party, mepref- £ T NEGOTIATIONS. Liu m. 444 foient de luy faire fçauoir que fil le vouloir , il n'y auoit poinc dc<( doute qu'il ne luy rcùtfifbque ie les auois coufiours ieiettez,dc- firant de ne luy porter parole, que ie ne viffe grande réputation pourluy, comme en luy faifant l'offre fouucntesfoh dittesà:'' beaucoup plus de fcureté,afçauoir, qu ils s'aiTeuraflent de tout leur party: Mais qu'après auoit bien penfe à l'affaire, ie trouuois quepour fa réputation }cllenepouuoiteftrcplus grande, puis que c'eftoit luy quilechoififîbir, & de qui feul delpcndoit ccft arïaire:que pour lafeureté , elle eftoit fi grande, qu il n'en falloic douter, puis qu'ils contoient fept ou huit voix,plus qu'il n'en cftoitbefoimqu'ilss'offroicntà m en donner paiole ,fi ie la luy voulois porter: que toutesfois ,ie ne l'auois pas voulu accepter, fans fçauoir s'il le trouueroit bon:Mais ce qui me donnoit fuiet de luy parler d'autre faço que ie n'auois fait , eftoit que ie reco- gnoilïoisque le retar démet pourroit nuire à laffaire5parce qu'o cômençoit àcn pénétrer quelque chofe,&r que quelque Côcla- uifte mefme en auoit parlé &: que fi cela s'éuetoit,le bruit pour- roit bieapporterdu preiudiccauditaffaire.il me demada}pcur- quoy cela nuiroir,&: quel preiudicepouuoic apporter le retarde- met. Le luy dy que ce feroit que les Efpagnols fe declarcroiér,&:Cf trauailleroient àfonexdufion;&: que ceux quieftoienten bônecC volonté,fe pourroient changer,ou fe retircr,pour le refpcâ; def- ce dits Efpagnols:làoùs'il vouloit dés cette heure prendre leur pa- role;ils auroient cette bonne exeufe , de ne la pouuoir rétracter: que par ainfi,il auifaft de ne laiffer perdre ceft affaire. Se voyant prefie de cette façon, il ne me nia point qu'il ne fuft encore en efperance de faire reùffir vnc de fes créatures : mais il me dit qu'il falloir tenir cette prattique en pied , & en parler au Cardi- nal Saindt George : ce qu'il frroit. Surce.ielelaifTay en inten- tion de le laiffer encore vniour ou deux à paffer fes fantaifies: mais me refoluant de hafter laditte prattique , plus qu'il ne pen- foir.apresauoirpris la paroledetous ccsMeflîeurs. Ledit Aldo- brandin m'aiantlailîé, il fe mit à parler au Cardinal Dclfîn, qui me vinr voir l'aprcs-difnee , & me dit qu' Aldobrandin luy auoit fait entendre tout ce que ic luy auois dit, 6V que ce propos auoit" fait grand effet, &qu'ils'cftoitrefolu de parlera faind George. « Ncâcmoins,ilm'allaaueccelameflercertains autres propos,de l'efperâce que ledit Aldobrandinauoit encore de fes créatures, «que lcfquçlks il me parla ducârdinalTofco,d'vne façôqui me Kick iiij LES AMBASSADES fcmbla , fi ie ne me trompe , qu'il le defiroit.I'eu d'autres vifices, "qui furent caufe que ie ne forty de ma chambre, qu'enuiron les >'cinq heures : & m'civallanc à la Chappele , ie trouuay qu'A ldo- ,,brandin fe promenoir aucc Florence, & l'entrctenoit publique- ment: ce que voyant, iepenfay tomber de mon haut, confide- rantle peu dedifpofition ,en quoy ic l'auois laifféle matin.de prendre fi foudain vne bonne refolution , pour luy $ croyant d'autre cofté , que ncla prenant pas , il donnoit en cela vn fuict ires grand à ceux qui ne le vouloient point , de luy faire fon exclufion. Cefte confideration.auec ce que ie voyois qu'en ce- tte Chapelle eftoient les Cardinaux, Montalto , Sain&c Ceci- le,Farnefc, Sforce,&dal Monte, qui ne s'émouuoient point, pourtrauaillër à cefte exclu fion, me fit penfer qu'il falloit ioiier à quitte ou à double, & fe refoudre entièrement, ou de le faire Pape, ce foir,ou de le perdre du tout, par ce que l'affaire s'eftanc réduit en ceft eftat,l'attéte feulement de trois heures, le ruinoic afTeurément,parceque i'eu auisque fur ceft entretien en pu- blic, oncomniençoitdefiaàs'émouuoir par le Conclauc: qui futcaufe que i'allaydire tout cela à Delfin,& le fommay de • viftement faire refoudre Aldobrandin à paffer outre, tout fur "l'heure, n'y ayant plus de moyen d'attendre. Eteftant fi preffé »demoy, il fitl'office. Et après queledit Delfinluy eutparlc, ie „pris aufli ledit A.ldobrandin,& appellay encore le Cardinal du Perron , & ! uy d v franchement, qu'après le propos du matin , ic n'auois pas délibère de le preffer de quelques iours,mais que puis que par fon entretien auec Florence , il l'auoit mis en eftat d'eftre ruiné dans vne heure, comme ie luy dyque ielcfçauois afleuréroent; il falloit qu'il ferefoluft de faire ce que ie fçauois bien qu'il defiroit. Sur cela, il fe fafcha, &medic qu'il ne s'y pouuoit refoudre, auec cefte hafte : Qujl falloit qu'il parlait premièrement à fes créatures, Se principalement^ S. George: qu'il defiroit qu'en telles occafions , les Cardinaux Deti&del Bufalo , quieftoienthors du Conclaue,rcuinffent : & qu'outre cela, ie mettrois ce fuict en dangcr,& qu'il le fçauoit- le luy dy qu'il ne perdit point de parlera fes créatures, ny à S. George: qu'il pouuoit cnuoycr quérir viftement, les Cardinaux Deti Se "del Bufalo:&que pourle péril qu'il y auoit,enattendantplus "long -temps, il falloit paffet outre, & que s'il auoit a fc perdre, »qu'on le perdift fur l'heure, par ce qu'il le feroit encore plus ET NEGOTIATIONS. Lrv.nr. 4# dans deux heures, te que ic prenoiseela furmoy. leluy rcpJi- quay cclamefmc par pluficurs fois , & qu'il valoir mieux \ce( voir périt à l'heure, qu'au lendemain , que fa perte feroirplus affeuree. En fin , il cogneur par mon difcours> que s'ilne le fai- & du nom du Pa- pe Clament, Se qui fuft pour deftruire les reliques de fa famille. Ains au contraire , qu'il s'affeuroic que fi voftre Maiefté euft eftéaduertiedeceschofes ,quellen'euftiamais confentyàfon inclufion. Et partant, qu'il nousprioit, en ce cas, de faire ce qu'il eftoitaffeuré que voftre Maiefté feroit, fielleeftoic furies lieux : &c principalement fçachant qu'vnc des principales four- ces de l'inimitié qui auoit efté entre le Pape Clément & luy, eftoicvenuëdece que ledit Cardinal Sauli f eftoitoppoféà la bénédiction de voftre Maiefté, lors que fes affaires f'eftoienc traittées à Rome. Cela. SIRE, auec les remonftranccs , pres- que de tous ceux qui fontaffedTionnez icy au feruice de voftre Maiefté, fur cefte rupture, nous mettent en vne extrême pei- ne. Car ils nous reprefenuent que ledic Cardinal Sauli a tou- jours efté partifan &C pëlîonnaire des Efpagnois.IIs nous difenc qu'il a toufiours efté l'oracle, le confeil,&: le principal confident de tous les Ambaffadeurs d'Efpagne. Us nous allèguent qu'il a voulu exclure V. M. non feulement du Royaume , entant qu'en luy eftoit, mais aufli.de 1 Eglife. Us nousremonftrcntquele Roy d'Efpagne tient fes parents, liez èc obligez d'vn million d'or de debtes. Ils adiouftent qu'il eft poflTedéd'vnhomme.qui le domine abfolument, qui a toufiours efté entièrement Efpa- gnol Us nous remettent au refte deuant lesyeux , que le Roy d'Efpagne, fon Amba(Tadeur,&: tous fes Miniftres le défirent^ demâdentcn premier chef, voire iufquesalaiflet Corne, & tous les autres, derrière : Qujh font les brigues, & vont mendier ouucrtement les voix pour luy : offrants Duchcz.' Contez , Marquifatsàdiuerfes perfonnes,& cent mille efeus.en particu- lier, au Caualicr Cleméc,pour gaignerle Cardinal Aldobradin. Us nous rapporter que les Efpagnols proteftent ne vouloir que luy feul,& (c valent & glorifient qu'ils l'aurot aft'eurémet, & re- couurirot en cefte électio , 1 honeur qu'ils ont perdu en celle du Cardinal de Florcce. Il nous prient de cofiderer que s'il ne reiïf- , fit poim,nous perdrons le Cardinal Aldobradin3&: tout fon par- ty,en l'of&nfant, &: luy laillànt vn perpétuel vlcerc dâs le cœur, i d'auoir f ET NEGOTIATIONS. Liu m. 447 d'auoir voulu eftre autheurs de fa ruine : Et ques'il reu(Tir,nous le perdrons encore beaucoup plus , luy&tous les Tiens, en le donnaneen proycà vn homme, qui ne cherche qu aledeftrui- re,& qui en aboliflant le party d'Aldobrandin, abolira fans dou- te, tout le party devoftreM. dedans Rome ; qui efl: principa- lement & quafi vniquementjfouftenudcceluy d'Aldobrandin. Que celle élection, outre cela,rompt le col, a tous les autres fu- jets,quevoftreMajeftédefire,auantSauli,lefque!s,ny en ce co- claue,ny en aucun autre ne peuuet iamais plus reuflîr ayant per- du le party d'Aldobrandin,foit par mécontentemét, foit par dif- fipation:Dc forte que la gloire que voftreMajeftécommençoic àauoir acquife à Rome, &l par toute l'Italie , voire par toute la Chrefticnté,de faire les Papes; qui ne pouuoit eftre continuée, finon en faifant quelqu'v^ou exclus,ou non defiré, en premier chcf,parlcs Efpagnols;tombc par terre, a cela ils ioignentenco-: re,que le parry d'Aldobrandin ayât efte iufques icy vny auec vo- ftrc Ma efté,& voftrc Majefté ayant fait profeflîon de chérir la mémoire de fon oncle, &: protéger les reliques de fa famille; la fortune d'Aldobrandin ne peut eftre ruinée, pendat qu'il fe por- te bien auec voftrc Majcfté:fans offenfer l'honneur de voftre Maieflé:ny fa ruine eftre effeftuéc, finonjparvoycs &rconfe- quences pernicieufes au feruice de voftrc M ajefté. Caria première chofe qu'ils difent que Sauli ,s'ileft Pape, fera pour ruiner Aldobrandin ,fera derompre,àl'inftancedesEfpagnols, la Bulle du nombre des Cardinaux .-afin de contrepefer, dans le v Collège, l'authorité d'Aldobrandin, & de créer vne nouuelîc troupe de Cardinaux, lefquels les faifant, ou de fes parents,ou de fes compatriotes.il les fera fans doute cfçlaues du Roy d'Ef- pagne:& les faifant ennemis d'Aldobrandin,& de la mémoire du Pape Clement.il faudra qu'illes face cotraires à v oftre Maiefté, qui a iufques icy monftré de vouloir témoigner toute forte de gratitude à la mémoire du Pape Clement.Ec la conclufion de la ruine d'Aldobrandin fera, qu'ayant abbatule chef de ce party, quel authoritc d'Aldobrandin tenoit vny enfemble contre les Efpagnols IcsEfpagnols recucillentles pièces du bris de ce nau- frage. N'ayac pas, la bréueté du Papat de Leô Xl.dôncaflezde loifiràvos feruiteurs, d'acheuer d'éclorrc , informer à part le party de voftre Majefté. A quoy fepeut encore ajoufter, que le Cardinal Aldobrandin , qui demande , non feulement à LES AMBASSAD ES toutes fcs créatures ( dont pluficurs au fait de Sauli, ontefté gaignees par lesEfpagnols ) pour vnique gratitude &: reco- gnoilTance, mais à tous fes amis , pour vnique grâce, l'exclu- fiondeSaali; fe voyant abandonné des François, Se defefperé pofliblc,de pouuoir par autre voye exclure Sauli : fera con- traint de fe ietter tout à fait entre les bras des Efpagnols , Se leur aider à faire hors celiuy-là , vn Pape tel qu'il leur plaira , Se où nous n'aurons autre part, quela honte de l'auoir exclus, Se nel'auoirpeuempcfcher: Et cela , non feulement en ce Con- claue , mais en tous les fubfequents. Voila , S 1 R E , les per- plcxirezefquclles nous nous trouuons, fur le fait de confer- ucr l'amitié Se protection d'Àldobrandin , ou de fauorifer Se promouuoir l'eflcdio deSauli, lequel ne peut cftre Pape, Ci nous François,nc nous ioignons en fa perfonne , aucc les Efpagnols» Dieu nous face la grâce d'en fortirau contentement devoftre Maicftc > Se à moy en particulier, SIRE, celle d'eftre, Se demeurer touilours. D.V.M. De Rome, ce 3^ Le tns-humble & tre:-obeiffant fuict Mars,i6oj. & feruiteur. I. Cardinal du Perron. A R G V M E N T. Son indifpo fv ion l'empefche d'écrire au Roy cequis'tjl paffe le tour âel'achiuemcnt du Conclaue. Monfieur le Cardinal de Ioyeufe a agréa- ble s'en charger. Gloire * fa Matejlè , delà création du nouue au Pape. Conditions de là perfonne de fa SawÛetc : Son extraction : fa naifjance, fon âge : fes parents. Le Cardinal Tofco recogneu Pape durent feptou huit heures , par trente-huiOt Cardinaux. Grand tumulte au Conclaue. Jtefponfe du Cardinal Montalto , a la proportion du Cardinal ^fldobran- din. fis vont txouuer les Cardinaux François. Le Cardinal Montalto leur remet fon -vœu, rjr ceux de fes créatures. Le tape ejltu. Sa gratitude,» Les filtres honorables yti leur font donnez^ ET NEGOTIATIONj. Liu.iii. 441 AV ROY HENRY LE GRAND. I R F, Monfieur lé Cardinal de Ioyeufe , & Monfieurl'Ambailadeur auoient hier dé - liré que ie prifle la charge de vous eferire par ce Courrier ,1'hiftoirc dece qui fe paf- ia le iourde l'acheuement duConclaue: mais les ayants priez de m'en exeufer , à caufequei'cn fuis forty fortindifpofé; il a pieu à mondit Sieur le Cardinal de Ioyeufe , fe charger de ce loin duquel il f acquittera trop mieux que moy , &c m'endef- charger. Et pour ce, fans entrer au récit des particularitezdc cefte tournée, il me fufRia de dire en gênerai, à voftre Maie- fté, que nous auons , grâces à Dieu, vn extrêmement bon Pape, Se en la création duquel voftre Maiefté a la principale, voire prefque la totale gloire. Car quant aux conditions de fa perfon^ ne , c eft vn homme qui a vefeu iufqu'icy , d'vne vie pure, inno- cente &: irreprehenfiblc , &: qui eft de race de gens de pareille nature : &c au refte , accompagné de prudence , doctrine & expérience conuenableà fa dignité. Vnechofe remarque t'on en luy , c'eft qu'il a cfté Nonce en Efpagne , & eftant pau- urc Prélat , a reccu de là vne penfion , pour luy aider à fou- ftenir fa qualité > au tepsqueV. m. n'eftendoit point encore fes gratificatios fur cefte Court. M ais il y a beaucoup d'autres cho- fes en luy, qui cotrebalancent celle là. La première, qu'il eft de maisô Frâçoife,&: fils d'v n pere Gentil-home Siénois, qui fuiuit le party & les armes deFrace cotre l'Empereur Charles le Quint, & cotre les Efpâgnols: & lors que Siéne fut prife fur lcsFraçois, en fortitauee toute fa famille, & fe retira à Romclaiflant maisô, biés &c patrie pour ne demeurer point fous le ioug desEfpagnols & leurs adherets. Auquel exil,nafquit de luy à Rome le Pape qui eft maintenât. La 2,. qu'il eft no feulement créature du pape Clemcnt,mais l'vne de fes plus chères creaturcs:&à cefte occa- fio n,a cfté fait par luy,lors qu'il viuoit fon Vicaire en l'E pifeopat de Rome. Au moien dequoy aiantefté fort conioint d'amitié & d'obligation auec luy > & participant de fes intentions ,& de la cognoiflance de l'affection qu'il portoit à la France , il a plus grande occafîon qu'aucun autre del'enfuiure & imiter en ccft LES AMBASSADES article. La troifiefme,qu'ilaefté employé aufaic du mariage à c V. Maiefté, Se autres fîenncs affaires, où on luy rend tcfmoign a- ge de s'eftre bien porte : ce qui l'engage à en délirer & procurer l'heureux fuccez. La quatriefme.quc feu Monfieur le Cardinal d'Offat dcfira que ce fuft luy quifuftenuoyé Légat vers voftre Maiefté lors des affaires de Sauoye:& de plufieurs autres, que le Pape luy auoit nommez, deuant que de fe refoudie à Aldobran- din, fit efle&ion de ceftuy-là : comme le Cardinal Iuftinian, qui m'eft venu auiourd'huy remercier du falut que leCardinal Môt- alto Se luy , auoient receu en ce Conclauc , des feruiteurs de V. M. me l'a reconfirme. Lacinquiefme,qu'auantcefte occafion, &: fous la vie des deux derniers Papes , il a fait rechercher vos Miniftrcs,de luy procurer l'amitié & les bonnes grâces de V .M. fe monftrant grandement defireux d'obtenir fa bienueillance. La fixiefme qu'il eft fort icunc , afçauoir aagé feulement de cin- quante-trois , ou cinquante-quatre ans » & de fi faine Se vigou- reufe complexion , qu'il n a iufques icy iamais eu aucune mala- die. A l'occafion dequoy, fe pouuant promettre d'exercer vn long Pontificat, il eft à croire qu'il aura foin de coferuer la liber- té Se authorité du S.Siege.à laquelle celle de l'Italie eft coiointc le plus qu'il luy fera poffible; Se ne fera pas comme ceux qui pe- fants n'auoir que deux ou trois ans à viure, fe foucient feuicméc de faire , durant ce temps-là , pour leur maifon , Se n'apprehen- dentpointlaferuirude,en laquelle le fainft Siège peut tomber puis après , comme chofe qu'ils eftimentdeuoirarriuer , non de leur temps, mais de celuy deleurs fuccelîcurs,aufquelsils en laifTcnt le foin Se le péril tout enfemble. a quoy fe peut encore aioufter, qu'il n'a aucuns parents, qui ayent , ny leurs perfonnes ny leurs biens, en la iurifdi&ion du Roy d'Efpagnc , ainsa fes deux frères, qui font extrêmement gens de bien,& defaincte &innocente vie, demeurants icy ,àRome, &îereftede (es pa- rents à Sicne, fous la domination du Grand Duc. Voila ce qui eft pour les conditions defaperfonne : Et quant à celles de fa création , ierepeteray qu'il en doitla principale, voire prcfque l'entière obligationà voftre Maiefté. Car outre ce que les Car- dinaux François pour vn accident que Monfieur le Cardinal de Ioyeufc vous reprefentera, Se pour les raifons qu'il y adiouftera, opérèrent, de l'exclufion du Cardinal Tofco, qui fans lcurrefi- ftancc,cftoit indubitablement r ape,ayant efté fept ou huit heu- res ET NEGOTIATIONS.Liv.in. 449 rcs durant , affis &c recogneu pour Pape, de crente kuift Cardi- naux, dans la Chapelle de Sixte. Le (eau quelcfdits Cardinaux François appofercntà l'efle&ion de ceftuy cy ,fuc caufe de le fai- re entièrement Pape. Car le Cardinal M6talte,qui pourreuen- che de l'obligation qu'il auoit aux François , defquels il cfti- moiuenir le falut de (on honneur &: de fa fortune , à caufe de ce que ie diray cy-apres, leur auoit promis defe configner entière- ment, luy &c toutes fes créatures entre leurs mains, poureflire telle créature d'Aldobrandin qu'il luy plairoit; ayant rcfpôdu, Air la propofition que le Cardinal Aldobrandin luy fit de Bor- ghefe qui cftoit leur amW commun, qu'il eftoit content d'y aller, pourueu que les François l'enflent pour agrcable:&: le Cardinal Aldobrandin fur cefte refponfe, eftant venu trouuer Monfieur le Cardinal de loyeufe , aucc lequel i'eftois &c s'eftant ietté à ge- noux deuantluy ,pour lcconiurer parlamemoire du Pape clé- ment, &detoute l'affection qu'ilauoirportccàlaFrance,d'a- uoir agréable l'efleclion du Cardinal Borghcfe : &c Montalte d'autre cofté , eftant venu en perfonne remettre fon voeu , te ceux de toutes fes créatures entre les mains de Mondit fieur le Cardinal de loyeufe &: des Cardinaux François; &: neantmoins luy ayant reprefenté , que s'ils l'auoient agréable, ildefireroit fort Borghefe ; Monfieur le Cardinal de loyeufe leur refpondk àl'vn Se à 'l'autre au nom de tous les François, qu'il J'auoit tres- agreable, & qu'il leur accordoit. Etl'urcelaleCardinalBorghe- fe fut fait Pape, fans que les Efpagnols y euflent aucune part,ny mefme le feeuffent. Car comme la chofearriua inopinément/a caufe que perfonne en tout ce Coclaue n'auoit penfé à Borghe- fe , pour fa trop grande ieuneife au regard des autres fuiets ; dés que le Cardinal Aldobrandin eut eu cefte refponfe de Montalte, jl vint trouuer incontinent Monfieur le Cardinal de loyeufe, fans en communiquer rien aux Efpagnols, ny à Auila Protecteur d'Efpagne , qui àcefteoccafioncrioit , Où va t'on ? où vat'on? Seulement dit- il en parlanta Borghcfe , ie m'en vay vous faire •Pape, car Montalte en eft d'accord , fi les François le veulenr-&: ie m'en vay intercéder cnuers lcsFrançois Jefquels icm'affcure pourl'amourdemoy ,1e voudront. En cefte action , Sire, V, M. a acquis plufieurs obligations: La première fur le Pape , qui en monftre grande recognoiflanee : Car outre les propos qu'il bey[]ciHî May, l6o J. fuiet &[eruitenr. I. Cardinal, dv Perron; LlI i; LES AMBASSADES ARGVMENT. QuilamtsleRoydeFranceeapofjefsiondecyierdes Pdf es. le con- tentement qu'en a fa Maiejlé : Et [on intention de luy conférer entièrement fes principales affaires. A MONSEIGNEVR LE CARDINAL du Perron. A Rome. Onseignevr, • Vous auez mis le Roy &: la France, en pofleflion de créer des Papes , puis que vous auez eu l'honneur d'a- uoirfait le dernier, comme le premier, lenepuisvousexpri- ' mer ny reprefenter le contentement qu'en a fa Maiefté,parricu- Mierement celuy qu'il a de voru~cor)Clult:ce, à laquelle elle fait efoat auflî.de remettre Se confier entieremët cy-apres fes prin ci- palcs affaires. En quoy vous ferez feruy de mon fiisauec toute candeur Se fîneerité. 11 doit partir la femainc pioChainc , pour s'acheminer par ces chaleurs: fa M aiefte l'ayant ainfioi donne, fur ce que Mr de Bethune a eferit qu'il doit partir de Rome au »retouraece Courrier: loint qu'elle permet à Mr le Cardinal de ,,Ioyeufe de reuenir par deçà quand il voudra. Ce fera donc à vousà qui ie le recommanderay entierement,&:qu'il fe dcuouc- "ra aufïi du tout , ainfi qu'il vous déclarera quand il fera auprès de vous i & ic prie Dieu, Monsëignevr, qu'il vous conferue en bonne fanté, me recommandant humblement à vos bonnes grâces. De Paris, le 3. de Juin, 1605. Vofire bien-humble feruiteur. De Nevevilli. ET NEGOTIATIONS.Liv.nl. 45i ARGVMENT. Il fie refit de la conuerfiatton de ce S eigneur , non fi :ulc ment auec ÏE" gltfe, mus auec luy- ntrfme, pour quelque confiât rat ion. A MONSIEVR LE CONTE DE LAVAL. Onfieur , Le partemcntpreiîé de ce Courrier , qui s'en va porter au Roy , les nouvelles de l'expédition de no- Le Conclauc , me fait rendre vne brefue refponfeà vu^ gi .i.ide obligation , qui eft celle de la peine qu'il vous a pieu prendre de m'eferire , & m'aduertir de voftre conucrfion à la foy Catholique, le vous diray donc, Monfieur , que ie remer- cie infiniment Dieu , de la grâce qu'il vous a faite pour ce re- gard; & vous , de celle que vous m'auez faite de m'en donner aduis ■ Et me refioùy, non feulement auec l'Eglife , du gain qu'- e!L*afait ,dercceuoiren fon giron vn Seigneur de tellcqualité que vous & doue de tant de dons d'efprit , de corps & de fortu- ne : mais aufli auec moy-mefme, que mon frère aytefté fi heuv reux, de vous rendre en cela, quelque feruice. le l'en aimeray mieux toute ma vie,pendanc laquelle ic demeureray perpétuel- lement. Monfieur, De Rome, ce 18. May,itfoy. r Voftre tres-affieâionné fieruiteuv. Cardinal dv Perron. ARGVMENT. Monfieur le Cardinal de Toyeufe addrefje au Roy le difeours dont il A Méfie parlé cy-d uan -y de la nevotiAtton des deux derniers tours au ConcU- se. En quoyjonr à remarquer lesfiages confiais généreux deportement quily inreret de aojire Cardinal, aafiquels il dt; le croire auoire fié tou- ché & in(pirc de Dieu. ^ £xl ÎJj LES AMBASSADES A V RO Y HENRY LE GRAND.1 IRE, Monfieur le Cardinal du Perron, Mon- fieur Ta mbauadeur &c moy, auons efté d'ad* uis de dcfpcfcher ce Courrier à V. M. enco- re que par vn autre , elle ait efté aduertie de la création de ce Pape ; non feulement par ce qu'en iccllc fe font paflecs deschofes fi notables &: extraordinaires, qu'elles méritent bien que vous les fçachiez promptcment;tnais principalement par ce que V. M. y a tant de part , que i'ofe bien dire qu'encore qu'elle n'ait pas eu cefte fois , le fuiec qu'elle defiroit fur tous autres, comme cl le eut enl'autrc Conclauc, par ce qu'il nous a efté impoflïblc(co- mc elle entendra plus particulièrement par vne entière relation que i'efpere dreflTer de tout ce qui s'eft negotie' dans ledit Con- clauc) fieft-ce qucIenom,& l'authoritédc V.Maieftéabien eu fans comparaifon, plus d'efelac & d'eminence en ccftui-ey, qu'elle n'euft en l'autre, comme elle iugera par le difeours de ce qui fc pafTa Lundy , feiziefme de May , & le iour de la créa- tion du pape : remettant à vous faire fçauoir le refte vne autre ''fois. *» Ce iour-là donc, Sire , le Cardinal Aldobrandin nous fit ,,entendrc,que s'eftant refolu de n'aller à aucune des créatures du Cardinal Montalto , & voyant la plufpart , & les meilleurs des fiennes exclufes i il eftoit refolu de tenter ce iour-là, défaire Pape le Cardinal Tofco; & defiroit fçauoir fi nouseneftions contens. le luy dy que i'en parlerois anx Cardinaux François, & luy en rendrois après la refponfe. T^ous nous afifemblafmes , Se après auoir bien difeouru fut ccft affaire , nous eufmes beaucoup de peine à nous y refoudre, par ce que ledit Cardinal eftoit eftimé homme qui n'auoit point mené vne vie fort exemplaire , prompt à la colère , & accouftu- mc à dire des paroles peu honneftes,& à d'autres habitudes mal- feantes.non feulement à vn chef del'Eglife , mais au Ai à quel- ''que perfonne que ce foie, qui reffent tant foit peu vne honne- »>ftc &: libérale nourriture: & en fin tel que nous n'en cfperions >,quepcu d'auancement pour le bien de l'Êglifc, & peut-eftre du ET NEGOTIATIONS. Liv. m. 4t* Teprochc &: du deshonneur à tout le CoJlcgedes Cardinaux. Ncantmoins voyant le peu d'çfpcrance que nous auions d'ail-'» leurs, d'auoirvn fuiet qui nous deuft beaucoup plaire , laerninte,, de tomber en quelquvn des exclus par voftre Maieftc , le defir^ de ne dcfplairc au Cardinal  ldobrandin , & finalement l'opi- nion que nous auions , que celt homme ferou bien incliné aux affaires de voftre jV1 aiefté, pluftoft qu'autrement; nous nous re- folufmes d'aiT urer le Cardinal Aldobrandin,quenous confen.- tionsà cefte efledion, Cependant que nous lui nTmes cefte refponfe,nous trouuaf- mes les affaires fort aduaneces: car il auoit défia parlé a Montal- to,quiauoitaiTemblé fes créatures ,& ne pouuoit refoudre d al- ler à ce fuiet.par ce qu'il l'abhorroit & craignoit grandement, Se ne pouuoit rien faire au contraire , n'ayant point nombre de Cardinaux fuffifant k fcnexclufion, par ce que Sainfte Cécile, & les autres quiauoientfaitligueauec luy,fuiuant labône cou- flumedcs ligues, ayantefté prattiquéd'vn cofté,par Aldobran- din, & d'autre par les Efpagnols, l'auoit abandonné. En cefte incertitude, la rumeur eftoit dans le Conclaue,&le Cardinal Aldobrandin aflemble fes créatures, & leur fait enten- dre fa refolu tien. Nous autres Cardinaux François, faisons vn'* eorps à part > &: nous tenions à quatre ou cinq pas d'eux , pour monftrcr que nous nous vniilions auec eux. Ledit Cardinal Al- dobrandin ayant acheué de parler àfes créatures , nous partons tous cnfemble , & eftans arnuez deuant la chambre du Cardinal Montalto, il enrra dans icelle pour le prier &coniurcr défère- (oudre II demanda vn peu de téps.-neantmoins la foule - le bruit & le tumulte, s'accroilîant & en vn lieu bien eftroit, comme ce- luy où nous eftions , les deux-dits Cardinaux fc prirent par la main.s'acheminans à laChapelle,où l'on deuoit faire l'efle&ion, Nous autres François fuiuions, nous foucians fore peu , de nous, aduancer , ny d'auoir grande part en cefte eflectioa. Sur cela, fe prefente le grand Baronius (il fe peut,ce me fenv blc, appelicr tel en cefte action) lequel ayant toufiours protefté à Aldobrandin, qu'il n'iroit iamais à l'adoration de ce fuiet,que le derniendit tout haut à cefte grande troupe confufc,qu'il vou- ' loit que les paroles qu'ilalloit dire, fufTentfçeucspar lapofteri- > té; & vfa de ces mots du Pfeaume, ^cnbamuf h au lieu de venir en laChapellc des , eflcdions , emmeneœnt le Cardinal Tofco , en l'autre : & quel- > ques vns vferent de violence, en y traifnant ceux qui n'y vou- voient point aller, & en retenât d'autres qui auoientefte empor- tez, par la foule, contre leur volonté". w Nous fufmes bien près de demie heure,d5s la ChapellePau- ET NEGOTIATIONS.'-Liv. m. 4<5 line, fi eftourdis, que nous ne fçauions ny pourquoy nous eftios là,ny ce que nous y fnfions:&: nous eftansvn peu recogneus/C on commença à dire quenouseftions là nombre fuffifant po >rtc faire l'exclufion de Tofco. le leur dy qu'ils fe trompoiency ,voulansfortir de cefte Chapelle, on nousprie&coniuredenebougcrpoint; &moy, concinuant à vouloir fortir,&: m'efforçant d'ouurirla porte , il y eut deux ou trois Cardinaux, lefqucls en pleurant, me faifirent fort bien au corps , & m'empefeherent , auec gran- de violence, de paflTcr plus auant. le ne continua'/ point a faire plus grande inftance , &C me contentay de faire plufieurs grands figues de Croix, pour leur monftrer i'eftonnement & l'admi- ration , en quoy i'eftois , de voir vne fi extraordinaire procédu- re, en perfonnes de telle qualité. Nous nous afleons froide-{f ment , & au bout de demie heure, le Cardinal Aldobrandin entre dans cefte ChappcIIe,auecgtandeefmotion, fc plaignât" àMontalto, de ce qu'on retcnoitlàplufieurs Cardinaux ^on-" tre leur volonté. Montalto fe ptaignit de mefmeàluy ,dccc qu'on en faifoit autant en l'autre Chapelle. 11 viennent aux pa- roles, entre eux, & s'cfrhaufFercnt grandement l'vn& l'autre. Sur cela, le Cardinal Aldobrandin dit qu'il ne falloit point faire le Pape en cefte confufion; Qu'il fe contentoit, fi on le trouuoit bon, qu'on fe fift des promefles réciproques , de ne traitter rien, d"vn coftény d'autre, iufqu'au lendemain après le Scrutin. Ils s'en contencerent:raais il aduint que l'vn ne fe voulut pas fier de l'autre. Surquoy le Cardinal Sauli propofa qu'il falloit donner la parole de l'vn & de l'autre cofté , au Cardinal de loyeufe , Se qu'on fe flcroit en luy : qu'il eftoit né Gentilhomme, & n'y vou- droit,point manquer. Ils en furent contens &: me touchèrent | tous deux en la main. Sur cela, Monficut le Cardinal du Perron , eftant infpiré, comme ie croy,de Dieu , par ce que de cecy, defpendit après le fuccez de l'affaire, fe mit à leur dire qu'ils aduifaffent bien, à la parole qu'ils donnoicnt:que pour nous, nous la maintiendrions^ conftamment , iufques à nousjdcclarer contre celuy qui la rom-(i proit, quand bien ce feroitenfaucurdu Cardinal Baronio :vcrs lequel Aldobrandin s'eftant tourné, &: luy demandant s'il eftoit LES AMBASSADES pas content de ce que nous auions traittc cniemb!e;le bon Car- dinal ne le voulut pas efcoutcr, proteftant toufiours qu'il ne dc- "mandoit autre chofe , finon qu'il propofaft vn homme de bien, »dcfquels il auoit bon nombre parmy fes créatures :&Iuymoh- ftra le Cardinal Bellarmin, difant qu'il eftoit preft de (eicctcr à fes pieds. Apres cela , le Cardinal Aldobrandin s'en va parler à fes créatures, en l'autre Chapelle: en reuenantbien-toft après, il me dit qu'ils eftoientd aduis défaire vn Papeceiour-là. Icluy refpondy que c'eftoit contre fa parole. Il me répliqua qu'il nou* auoit donné parole feulement, de faire tout ce qu'il pourr oit, pour le faire approuuer aux fiens : mais qu'eux ne le voulant il ne pouuoit s'en feparer. Sur cela , l'appelle le Cardinal Montalto, & le prie d'ouyr ce que medifoit'Aldobrandin,&:demedire s'il vouloir aufli fe départir de fa parole, afin que ie fafle libre & defeharge de la mienne ,cnuers les vns& les autres. Le Cardi- nal Montalto monftras'en foucier fort peu ;&i'euiTe cfté bien aife certes d'en eftredeliuré, ne fçachant comme reufliroittou* >,teccftcmeflce j> Monfieur le Cardinal du Perron, ayant,commei3ay dit cy- ^defTus , promis expreiTément que nous irions contrôle premier qui manqueroit ; & iugeant bien en faconfeience , que Aldo- btandin manquoitde foncoftc,&: Dieu l'infpirant.fc refolutà luy dire, auec fort grande liberté &c fort genereufement , que félon ce qu'il auoit entendu & compris, il iugeoiten foname, qu' Aldobrandin rompoit la parole qu'il auoit donnée : que pour nous, quoy que ce fuft,nous n'y manquerions iamais l'ayât donnée en face de la Clirefticnté, & que nous ne ferions rien, iufques au lendemain. Cela eftant palTc , le Cardinal Montalto vînt à nous, auec très grande fubmifllon& humilité, contre fa couftume , nous priant que nous euffions pitié de luy, & nous remonftrant que nous auions en noftre main, fes biens, fa fortune, &fa viemcf- me: qu'il auoit toufiours efté voftre feruiteur, & vous feroit defonnais tres-obligé, s'il nous plaifoit ne l'abandonner point, • en vne fi grande neceflîté. 9y Tous les autres Cardinaux , qui eftoient en la mefme Chà- »pelle vindrent en pleurant, nous dire que leur conferuation & ^Icurruine, eftoit entre nos mains : qu'ils eftoient les plus anciens» ET NEGOTIATîONS. Liv.rir. 4r4 Cardinaux du Collège, &c par confequcncauoienc rendu plus* de feruice «su S. Siège: qu'ils auoient feruy voftreMaieftc en fon{C abfolution, &c en tous les autres affaires, quis'eftoient prefentez pour voftre feruice, auec grande aflfe&i on: que vous auiezre-*' commandé beaucoup d'eux pour cftre Pape: que les Cardinaux Baronio , Bellarmin , Camerin & Sauli , eftoient en cette com- pagnie: que nous enflions pitié d'eux,& ne les menaflîons point à la boucherie. Le Cardinal Iuftinian , outre cela vint en pleurant amère- ment, nous dire de la parc du Cardinal Montalto, que fi nous nous roulions feruir de luv il nous afleurcroit , non feulemét de toutes nos cxclufions , mais qu'outre cela , il viendroit à toutes les créatures d'Aldobrandin , &àtellequ'ilnousplairoitchoi- fir >fe départant luy &c les Tiens, de fa liberté pour la mettre en- tre nos mains, & en difpofcr comme il nous plairoic. Sur cela, le Cardinal Delfin , qui portoit grandemét Tofco, me vint demander en quel eftac,&:difpofition nous eftionsen fon endroit. le luy dy que nous eftions partys pour le faire Papc.&n'auions point changé de delTein mais que nous eftions" depoûtaires des paroles & de la foy donnée. Il me demanda Ci(i nous voulions promettre abfoluement, de ne changer point de^ volonté îufqu'au lendemain matin , par ce que les Cardinaux , qui eftoient en l'autre chapelle , s'eftoient refolus d'y faire por- ter leurs lits, corne plufieurs auoient défia fait pour y coucher, & n'intermettre point l'acte de l'adoration qu'ils auoient com- mence, le luy rcfpondy que ie ne pouuois luy donner cette af- fcurance,veu les grands accidens qui eftoient arriuez , & pou- uoient furuenir, iufques au lendemain , & le miferable eftat où fetrouuoient ceux auec lefqucls nous nous eftions fortuicemet rencontrez. Nous nous affcmblafmes après , pour voir ce que nous au- rions à refoudre. Monfieur le cardinal de Giury dit qu'on fe deuoit tenir à la neutralité iufqu'au lendemain, craignant,com- mcildifoit, de perdre le cardinal xldobrandin. Mais Monfieur le cardinal du Perron dit qu'ordinairement telles forces de cofeils, eftoient les pires & plus pernicieux, en telles occafiôs" & difficulccz d'affaires. le dy qu'il me le fembloit , parce que \c« cardinal Montalto , pendant cefte nuid, s'afTeureroit d'ailleurs*, &que nous aurions perdu l'occafiô de i'obligcr& faire profit des i LES AMBASSADES grandes offres qu'il nous faifoic, & fi quand nous voudrions, "nous ne pourrions pas le lendemain, faire le Pape. >> Monfieur le Cardinal du Perron dit très bien&cxcellétncnt, „fur cela, que par les confiderations fufdittes&aulfi par ce qu'il eftoic auenu que les Cardinaux Efpagnols eftoient en 1 autre Chappelle,quis'attribuoienc l'honneur défaire le Pape ,&:le Cardinal d' au il a ne ceiGfoit de crier. Eflo es cl folo , que el Rey mi Sennorquieretejr nmgunotro: Se quele Cardinal de Sain£te Céci- le , nous eftoit venu parler , comme nous menaçant, & qu'on faifoit encrer le Cardinal Madruzzo, partifan d'Efpagne , dans le Çoclaue.où pour fa maladie il n'eftoit encore encré, à la veuë de toute Rome , comme fi c'eftoit eux feuls,qui faifoient le Pa- pe: & qu'encore que le fort nous euft portez Se retenus dans ce • fte Chapelle, que neantmoins,on diroit que nous ne ferions ve- nus en cefte élection , qu'après les autres, & n'y acqn Trions que fort peu d honneunFinalement confiderant que ledit Cardinal Tofco eftoit vnfuiet fore peu recommandabic,l'élcc\iondu~ 3>quel , repugnoit à laconfciencc des plus hommes de 'bien du ?, Collège. Il conclud que nous deuions obliger Montalto, Se ac- cepter les offres qu'il nous faifoit, & nous déclarer à l'exclufton du Cardinal Tofco. Meilleurs les Cardinaux de G'mry , & Serafin, furent de mef- meauis, Se moy plus que tous eux, eftimant cefte opinion tres- prudente , Se très genereufe. I'adiouftay feulement , qu'il failloir tafeherde ne perdre pointle Cardinal Aldobrandin , Sc- faire qu'il crouuaftbonnenoftrerefolucion,y eftant porté par tant de raifons, Se principalement par celle là, qu'ayant acquis îous ces vœux à noftre difpofition.nous aurions plus de moyen de luy faire feruice , à tel autre qu'il voudrait de fes Créatures. Nous iugeafmes tous, Monfieur le Cardinal du Perron, le plus capable de tous autres, à luy faire goufter cefte refolution : Et nous ne nous trompafmes point t carilfçcut fi dextrement Se Ci dignement faire ceft Office, qu'il nous vint dire qu'il ne s'en of- fenferoit point, àfon aui$,mais qu'il y vouloit vnpeu penfer. ^Ce qu'ayant fait , il nous vint dire que puis que nous eftions re- folus à cela, il s'en contentoit : toutesfois qu'il defireroit bien, ?>que nous fliTions que Montalto nous promit de ne tenter, ny ?>faue prattique,pour aucune de fes créatures : laquelle codition 4>bous iugeafmes cftte trop inique :&e pour aller pl us meurGméc, ' " en ET NEGOTIATIONS.Liv.iii. 4T en vneaffaire de relie importance, nous fufmes d'aduis d'enten ce drcles opinions des Cardinaux Borromco &: Baronio , laqiielle(e ic leur demanday feparémenc , & leur propofay nos doutes d'vn({ collé Se d'autre : En fin, ils me confeillercnt de pafTer outre. le voulu encoreparler au Cardinal Aldobrandin , &L Iuy faire tou- cher au doigt combien noftre refolutioneftoitaduantageufe, pour fon feruicc, outre que nous eftions contraints de la prédre pourceluy de voftreMaiefté. le luy misauffienconfideration qu'il nous la falloir faire promptement, par ccqueievoyoisle Cardinal dc-Sain&c Cécile, & autres quiparloientauee Mon- calto , & en tiroient , peut cftre , quelque compofuion , à noftre defaduatage. le luy reprefentay encore,qu'il ne deuoit point en- trer en aucune apprehenfion,par ce qu'il auoit toufiours les m ef- files feurctez. 11 me dit qu'il le trouuoit fort bon, & que i'alIaiTc promptement conclurre ceft affaire. le luy confeillay de faire fcmblant de ne l'auoir point agréable , pour ne donner mefeon- tentementà aucun de Ces créatures. Cependant Monfieur le Cardinal du Perron &Tmoy , allaf- mes acheuer ceft affaire auec Montalto, & fut la conclufion tel- le; Qu'il fcruiroitvoftre Maieftéen toutes fes exclufions : qu'il iroit auec toutes fes créatures , en celle d' Aldobrandin qu'il" nous plairoitchoifir;& au temps &c à l'ordre qu'il nous plairoit.,f le luy fy particulièrement promettre qu'il viendroit àSaindbre , &: me vint dire, auec grand halte , que fi nous voulions Je cardinal Bor- ghefeefloit pape ; 6c qu'il s'eftoit retiré de la prateique defaind clément» pour ne faire point dcfplaifiràtanrdcgens, qui en demeureroient offcnfez, &: particulièrement le Duc de Parme, >9ôc le cardinal Farnefe, auec lefquels il defiroitfe réconcilier : »>que tout le monde auoit fort agréable ledit cardinal Borghefe* & Montalto plus que tous ks autres ; mais qu'il luy auoit dit ne pouuoir rien faire fans noftre volonté , de laquelle defpen- doit la fienne. le luy dyquecefuiecmepîaifoitfort,n)aisque ie defirois bien auant que de m'y refoudre ; parler auec les Car- dinaux François. Sur cela , il fe mità genoux , & nous fupplia au nom de Dieu, &c pour l'amour de luy ,& par tous les ferui- ces qu'il auoitrcndus à voftrcMaicfté,&par la mémoire du pape élément, de ne luy donner point d'empefehement. le luy ref- pondy que ie n'y voyois point de difficulté : mais que ie ne vou- lois rien faire , fans en parler aufdits Cardinaux. Monficur le cardinal duPerron fut prefent à tout cecy :Fen- uoyay prier les autres devenir. No* allafmcs vers la chapelle,où ^les autres cardinaux eftoient tous affemblez. le rencontray le cardinal Montalto , auec tous les fiens,qui s'eftoit acheminé ' vers ma chambre , pour faire feulement ce que nous trou ueriôs "bon, come il y eftoic obligé. Nous nous rctirafmcs dans colle de ET NE 6 0TI ATI ONS, Liv. Ht. 4^6 îorromco, qui eftoit plus proche , où le Cardinal Aldobrandin'* vinc,en nous prcfTantauec grande violence de nous refoudre. volonté de Dieu , pour empefcher que le faind Siège, n'ayt cftc remply d'autre perfonne, afin de le referuer à luy à qui Dieu i'auoitdeftinc , pour le bien &c feruice de fon Eglife. le fuis obligé auiîi , de tefmoigncr à voftrc Maiefté , comme les Cardi- naux Ces fuiets, fe font tres-bien comportez en cefte action. Quant à Monficur lcCardinaldu Perron ,ie feroistortàla vérité', &: contre voftre feruice, fi ie ne vous tefmoignois corne fa prudence , & grand courage, & l'authoritc que fa réputation luy a iuftement acquife , ont efté la principale caufe de l'hon- neur que la part de voftre Maiefté , en cefte Court , a fi heureu- fement acquis en ce Conclaue &c en l'autre. I'oubliois de dire à voftre Maiefté , que les Efpagnols n'ont non feulement aucune )}part en la création de ce Pape, mais auffi qu'il eftoit fait ,auant qu'ils en fulTcnt aduerris; & lors qu'on commençoit à fe mou- ^uoirjpourlcmeneràla Chapelle, on vid le Cardinal d'Auila, «'informant qui eftoit ccîuy qu'on vouloir faire Pape. Sur ce, ic prieray Dieu vous "donner. SrRE,&c. De Rome, ce 19 May;i6oj. ARGVMENT. Xc frondant à vue de [es lettres , il luy mande Clnareufeyffue du Condaue. A MONSIEVR LE BARON DE S A LAGNAC, Confeiller du Roy , en fon confeil d'Eftac, &c fou Ambafladeur, a conftantinopîe. Onfieur , le vous ay beaucoup d'obligation, ên foin qu il vous a pieu prendre de m'cfcrire,&:de me ccfmoigner que la diftance deslieux,n'empefche point le commerce & les effets de voftre amitié.en monendroit le n'eu (Te fa il I y de refpondre pluftoft Àyos lettrcs,n'cuft cfté qui: ieles reccu fur lepoint que nous en- trions ET NEGOTIATIONS. Liu.in. 4y7 trions au, Conclaue, donc nous ne femmes fortis que Mardy dernier. Nousyauonî, grâces à Dieu, fait vn bon pape, & qui aura, comme iefpere,gi and foin des affaires de la Chreftiencé. Les François ont eu la principalcparten fa création. Ileftieu- nc, Se aura temps, félonies apparences humaineSjde pouuoir faire de grandes chofes. le vous donneray aduis de deçà, de fes deportements, comme ie vous prie continuer à m'aduifer de de- là, des nouuelles du pais & des voftres , lefquelles ie prie Dieu, Monfieur , eftre toujours auffi bonnes,que les defîre, De Rome, ce 21. VoJ?retres-ctjf. Otmnr.e fcru'ucur, May, 1605. î. Cardinal du Perron. A R G V M E N T. 7/ îuy déduit en peu de mots les adii>xr,t(t£c: obtenu} en ht création du n&uucitu Pape, A MONSIEVR D E FRESNES CÀNAYE, CON- fciller du Roy , en fon Confeil d'Eftat, & fon AmbafTadeur. AVenife. Onsievr, Ce mot qui viendra vn peu tard, fera pour vous aduertir , non que nous auons vn Pape, car vous l'auez défia fçeu d'ailleurs , mais que nous auons vn extrêmement bon Pape, & cres- affe&ionné à la France , qui eft le Cardinal Borg- hefe. Son pere eftoit de faction Françoife, &: -ayant fuiuy le par- \ v/Sc les armes de France, lors que Siéne, qui eftoit fa parrie, fut prifeparles Efpagnols> fe réfugia à Rome, ou eft ne ce Pape icy dequel eftant Cardinal a toufiours efté emploie- , $C s'eft tres- bien porté aux affaires de France. De forte que feu Monfieurle Cardinal d'Offatauoitpriéle Pape de l'enuoier Légat vers le Roy, du temps des affaires de Sauoye. Il a en vne penfion d'EÊ pagne : mais il la reccut , par l'aduis du Pape Ciment , qui defi- ! rant&dcffeignant qu'il fuftvniour Pape , pour l'affection qu'il fçauoit» qu'il auoità la France, & au bien gênerai de toute la Mmri j| r - r . t- LtS AMBASSADES Chre(tienté,voulut par ce moyen, luy reconcilier les Efpagnols afin qu'ils ne s'oppofaflfent point à fotf élection, au refte,les Frâ- çois l'ont fait pape, ayant non feulement exclus celuy qui autre- ment l'euft efte, mais mefmcappofé le feau à fon élection. Car l'arbitrage de fa création ayant efté remis entre les mains des François, parles Cardinaux Montalte &c Aldobiandin, qui s'e- ftoient accordez enfemble de le faire Pape, files François,auf- quels ils auoienr donné la parole, vn quart d'heure auparauant, l'vn & l'autre, de ne faire que celuy que les François voudroiéc, l'auoient agréable ; Les François approuuerent fon élection, & fur leur confentement , il fut fait Pape. Ce qu'il recognoift* tellement, qu'il auoùeque Dieu luy aenuoyé lePapat parles mains des François,&: a eferitau Roy, pour l'en remercier, C'eft vn Ange, que le Saincl: Efprit a mis au faincl: Siège, dont toute la Chr eftienté>&: particulièrement la France, receura vnc incroya- ble édification, Dieu aidant, lequel ie prie. Monfieur, vous auoir en fa faincle & digne garde. De Rome, ce il. Vojîre très- ajf( clionné feruiteur. May,i6oy. I. Cardinal dv Pbrron. ARGVMENT. VHifloire récitée au Vape des offices que les Cardinaux Françoù luy ont rendu* en fa promotion. Les caufes qui ont meule Roy à vouloir qu'ils Vy feruiffent. Que facilement fa Saitcletê peut entretenir l'amitié de ft Maieftê. Les Rcys de France , protecleurs &* rejlaurateurs des Papes, Bon augure du pontificat. Traitte%jenouucVie%. Et continuation de re- cognoiflance de pluficurs Cardinaux. AV ROY HENRY LE GRAND. IRE, Il n'eft rien furuenu dcnouueau en cefte Court^ depuis nos dernières lettres , qui mérite d'eftre I efcrità voftre Maicfté. Le pape continué touiours à luy monftrer beaucoup daffe&ion, te à fe fentit fort obligé, des offices que fes Miniftres luy ont rendus. La der- ET N E G O T I A T I O N S. Liu m. 4y8; niercaudiencc que j'eu de luy , icluy cnrecitay rhiltoire,aurc toutes fes circonftances,lefquellcsil mctefmoigna eftrecrcs- aife de fçauoir , & me die qu'il ne les auoit point encore ouyes fi particulièrement , & que d'autant plus , en demeuroit-il obligé à voftre Maiefté. leluyreprefentay lescaufesqui auoient meu voftre Maiefté, à vouloir que nous le feruiflions en celle oc- cafion» afçauoir,la réputation de fa probité précédente , laco- gnoiflance quevoftre Maieftéauoit, qu'ileftoit né d'vnpere, qui auoit grandement affectionné les François ,& fouffèrtplu- fieurs perfecutionspourle partydela France, &: laconûdera- tiÔ qu'il eftoit créature du Pape Clément, voire vne defes plus chères créatures , & auoit efte employé par luy en plufieurs affaires importantes à voftre Maiefté, où il s'eftoit comporté tres-dignement: lefquelleschofcsdonnoientfuiet à voftre Ma- iefté, &: à fon Royaume, d'cfperer toutes fortes de bons offices de luy , &: luy deuoienc aufli faire cfperer réciproquement, de voftre Maicfté , toute correfpondancc d'affection & d'af- fiftance. Il me répliqua que tout cela eftoit vrav. Et lors ie m'enhardy de m'eftendre , fur la facilité qu'il auroit, àconfer. uer& entretenir les bonnes grâces & l'amitié deV. M. de la- quelle les defirs n'eftants, finonde maintenir & agrandir l'au- thorité du Siège Apoftolique, il ne pouuoit qu'ils ne fe rencon- traient au ce ceux de fa Saincteté, qui auoit d'autant plus d'in- tereft à ce foin,qu'eftant encore fort ieune,elle deuoit craindre de voir de fon temps ce qu'vn Pape plus âgé , euft creu ne pou- uoirarriuer, que du temps de fes fucceffeurs rafçauoir, la ferui- tude du fain£t Siège, coniointe neceiTairemeint aucc celle de l'I- talie Que les armes des predecelfeurs de voftre M n'auoient ia- maispaffe en cefte Prouince, pour opprimer, perfecurer, & captiuer les Papes , comme auoient fait celles des autres Princes.mais feulement pour les fecourir , reftituer & agrandir: Exemple que voftre Maiefté enfuiuroit toufiours d autant plus volontiers que ce que fes predeceffeurs auoient fait par j feule deuotion,ellc fefentoit obligée de lefaire par deuotion,& pargratitude. Ilmcmonftra de prendregrand plaifir à.ces dif- cours,& y prefta fort attentiuemét i'oreille:& à la fin de l'audiç- :eme fit beaucoup d'honncur.fe leuant de fachaire & mevenar induire iufqucs àla porte de fa chambre. Et depuis, ilfeft M M ci ij LES AMBASSADES comporté de telle forte en plufieurs de Ces actions , qu'il donne grande occafion aux François de bien cfperer de Ton Pontifi- cat. Carilaeftably le Cardinal Pamphile, qui eft très- anSr£ti5- né feruitcur de voftre Majefté , Ton Vicaire , 5c a fait le Seigneur Robert Vbaldini,neueu du feu Pape Léon, le plus paflionné François , qui foit en toute l'Italie , hc duquel i'auois défia eferic à voftre Majefté, fonMaiftrc de chambre. II a aufli promis à Monfieur l'AmbafTadeur, fur vnaduis que Iuy &moyauions eu, que/le Cardinal Sfondrat briguoit laVice-prote&iondes affaires d'Angleterre &:d'EfcofÏ2 , de nelaluy mettre point en- tre les mains, au refte , il a vne belle feur, mariée à fon frerc aifné, femme d'âge & d'entendement, & qui a toufiours eu le foin de toute la famille, qui le gouuerne fort , voire plus qu'aucune au- tre perfonne, qui approche de Iuy. Celle-là eft de la maifon de fain&e Croix, maifon affectionnée à la France de tout temps, &c nièce du Cardinal de fain&e Groix. Elle dit haut &: clair, qu'elle a toufiours efté Françoife , & qu'elle le fera toufiours , &c qu'elle veut que l'on fçachc,qu'elle fe déclare telle. Voila ce qui eft pour le regard de la perfonne du Pape , fur le fait de laquelle, ie diray encore à voftre m. que la penfion qu'il a eue d'Efpagne, a efté, comme l'on nous en aaffeurez, auccleconfentement te comandement du feu Pape Clément, lequel ayant deffeigné de l'eflcuer quelque iour après Iuy >au Pontificat , parlcmoiendu Cardinal Aldobrandin, auoit voulu qu'il laprift, afin que les Efpagnolsentclcas,neluy fuffent point contraires. Quant à la difpofition des Cardinaux, nous auons receu les lettres, qu'il a pieu à voftre Maiefté nous écrire fur le fait du cardinal Sauli , &c du Cardinal Aldobrandin , defquelles nous nous feruirons , félon que nous l'eftimerons à propos .pour guérir l'cfprit du Cardinal Aldobrandin, qui auoit efté fort trauaillé &vlceré deceft affaire i& fur l'opinion defc voir abandonné par les François, auoit vn peu auant l'entrée du ConcIaue,dc- pefchévncourrieràParme, pour fe raccommoder tout à fait, parlemoien du Du^auecle Cardinal Farncfe, &confequem- ment auec l'Ambaffadeur d'Efpagne, qui auoit efté compris en la mefme querelle. Ncantmoins, la créance que nous auons toufiours eflayé de Iuy conferuer , que cefte inclusion venoit de ce que voftre M.n'auoit pas efté aduertie dcl'eftatoùfetrou- uoient lors les affaires , l'a aucunemetfait tenir bndc en main:& ET NEGOTIATIONS.Liu.ni. 4>-g ics négociations queMofieurl'Ambafladeury aaiouftees,depuis lafortic du Conlaue,ont,cefemblc,achcuéde le remettre com- me ledit Sieur Ambafladeur,quienatraittc fort patticuliere- ment auec luy , le pourra reprefenter de viue voix à V. M aiefté. Ecs'il y refte encore quelque chofe,& que nous croyons qu'il foitneceflaircd'y employer le dernier tefmoignageque V.wa- iefté nous a donné de Ton intention, nous le ferons- Et principa- lement, n'y ayant plus d'apparence que Sauli,cn aucun autre Conclauc, puiffe reùflir Pape, Car encore qu' Aldobrandin , au commencement.cn euft vne extrême peur,voyant queles Fran- çois, defquels la feparation efbranloit le crédit &: l'authorité de fon party,y alloient j neantmoins il fçeut fi bien pratiquer & re- gaigner celles de fes créatures , qui auoient efté débauchées, ou qui vacilloient,qu'il luy fit l'exclufion ouuertc,auec vingt-huict vceux déclarez, fans fix autres, dont il eftoitaffeuréfecretremét. au demeurant,ledit Cardinal Aldobrandin a toufiours monftré depuis la mort du Pape Clément, iufquesau dernier Concla- ue,depouiTerfortàla roiiejCnuers l'Ambaffadeur deSauoyc., qui eft grandement fon amy, pour foliciterl'vnion de fon Mai- ftre, auecvoftrc M aiefté, laquelle fi elle reùffit , il fe verra yn. fubit& merueilleux changement en toutes les affaires d'Italie, &: plus grand poflible, que V. Maiefté , de là où elle cft , ne fçau- roit croire, &c qui fera d'indicible importance pour les affaires de Flandre. Cela femblceftrevnrefte des inftru&ions du Pape Clément : Car nous auons affeurement recogneu depuis fa mort, que fon intention eftoit de faire vne ligue defenfiuc, en- tre luy & les Princes d'Italie, contre les Efpagnols , fitoftque 1 le Cardinal Aldobradinferoit retourné de Rauenne. Ec le Sieur : ?aulin,D2taire, qui par fon commandement enauoitdrefféles ! mémoires, & lequel il pretendoic faire Cardinal, &l'enuoycr 1 Légat en la Romagne, pour fous prétexte de celle Légation, .[ traitter laditte ligue auec le Grand Duc & ies Vénitiens, l'a ! mcfme reconfirmé à Môfieur le Cardinal de loyeufe. On remet - | auffi fus le traitté de l'alliance du Duc de Sauoie , & du Grand Duc aucclequel Grâd Duc,lcCardinal Aldobrandin defiie pa- reillement fe raccommoder. Le Cardinal Montalce continue fcmblablemcnt à fe recognoiftre fortoblige entiers V.M.&T m'a pric,outrela lettre qu'il luy enaefcrite.de l'enaffeorer^ de luy tefmoigncr qu'il n'eft point Efpagnol, Toutes fes créatures, M m m iij LES AMBASSADES à exemple, feconfeffent grandement tenues à Voftre Maie- fté &; à fes Miniftres : Etles Cardinaux^IuftinianjCameri^GaU lo, Pâlot & autres, m'en font venus céans remercier expreffe- ment. Le Cardinal Sainct Clément aufli nous pria l'autre iour, Monfieur le Cardinal de Ioyeufe&inoy, de certifier voftre Ma- iefté , qu'il efpandra fa vie & Ton fang pour elle, & qu'il portera toufiours au cœur &C fur le front l'obligation qu'il luy a , de l'of- fice que fes Miniftres luy ontfait, laquelleeft d'autant plus gra- de, que comme fe vint à l'effet , les Efpagnols l'abandonnèrent,1 en faucur de Sfondrat & des autres, qui luy auoient fait l'exclu. - fion, &C n'y eut que les François feulsqui marchaient de bon pied pour luy. Décela il monftre d'eftre tellement obligé à vo- ftre Maiefté, qu'il protefte ne pouuoir payer cefte obligation di- gnement, que par le feul prix de fa vie : Non-plus que moy, cel- le dont mon frère m'a eferit, qu'il a pieu de nouueau à voftre Maiefté m'honorer , en me reconfirmant les promettes qu'elle m'auoitfaittcs^uantmonpartement.MonfieurrAmbaiTadeui: a obtenu la difpenfe, dont il a pieu à voftre Maiefté nous efenre, pour Monficurle Prince de Conty , & Madamoifelle de Guifc, ô£l'enuoye à voftre Maiefté. IeprieDieu, SIR E, qu'il la maintienne longuement &heureufemenc,pour le bien de toute la Cbf cftienté. d.v.nï. DcRomc, ce 3. le trâs-hvmble & tres-oheïffmt (uiét Iuin, 1 6 o j . & feruiteur. I. Cardinal dv Perron.' ARGVMENT. llejl remercié d'yne j "aueur fromife & tduerty de quelques affaires des Grifons & de Flaudre. . A MONSEIGNETR LE CARDINAL DV Perron. A Rome. MOnseignevr, le vous rends grâces trcs-humblcs delafaueurqu* ET N E G O T I A T I O N S. Lm.nr. 460- vousplaift me permettre, parlavoftre du quatriefmc , pour le Pcre Cordelier d'Auignon , mentionné en ma précédente. 1 ef- percquc ne le trouuercz indigne de vos bonnes grâces , fi luy faittes l'honneur de le vouloir cognoiftre. Quantàcefafchcux* affaire Grifcn , le Roy m'écrit du vingt-cinquicfmc May , qu'il attendra voir ce que les Cantons proteftam refoudront , furies rcmonftrances que lcfdits Grifons leur font , contre la refolu- tion de Bade, deuanc que faire refponfe à l'inftance qu'ils luy fontdelesfecourir , de les deliurer de la feruitude Efpagnole. rcftimequ'ilfoitcnlamaindefa Saindcté, de po; ter celle Re- publique, à tout ce qu'elle voudra: & fi elle ne t'en veut méfier, iln'cftraifonnable que fa Maieftéfe forrnalife feule, pourvue entreprifefiefloignee de fes confins. Onm'efcritde Bruxelles, que le Conte ManaiTé,a pris vne petite place à cinq lieues d'An^ ucrs,nommc en langage du pays Vuorde , qui eft la clef du pays de Vaux, l'ayant fuprife depourueue de viures &: munitions. De là,il faifoit femblant, de vouloir aller affieger Hochftrate.Nous fçaurons par le premier , fi ce fera vne feinteou tout de bon. Le. Marquis Spinola , fe donne l'honneur del'auoir empefché d'af- fieger Anucrs. Ien'ay point encored'auis, quele premier Vizir, foitfortyde Conftantinoplc. Ievous tiendray aduerty detous, ce quei'cncntendray,&;demeurcray toute ma vie, Monfeigneur, De Venife,cci2. Vofire hkn-humble & tres-affefiiouné Iuin,i6oj. feruiteur. De Fresnes Canayx ARGVMENT. Acheminement en France de Monfieur r*Ambaf]adevr. Les regrets quillaijfedeluy. Ses excellentes qualité1^ L'honneur qutlreçoit du Pa- pe, des Cardinaux ,&dela Noble fie Romaine , à fon départ. Lettres dit Ttoj%monJirees & expliquées a (a Saihtleté. Les Efijagmls defoufte^ i\He. Trois grandes mortifications quelle leur donne. M Mm iiij -LES AMBASSADES AV ROY HENRY LE GRAND. I^^^^B^fej 11 y eut hier huict îours que Monfieur l'A m- ^a^a ayant par fes Miniftres,efté caufe de fa promotion : & qu'il en conferueroit vne telle mémoire .qu'il égateroit,voirepaiîeroit]e Pape Clemcnt,&: le Pape Léon, en affection enuersclle.De manière quenousauôs,gracesà Dieu, toute occafion d'en bien efperer. Les Efpagnols, au contraire, commencent à en conceuoir de mauuais augure, s'en eftant dé- ia l'Ambaffadeur d'Efpagnc plaint à plufieurs fort ouuerte- ment; &:luy eftantefchappéde dire; qu'il ne fçauoit de qui,en tout le Collège ,1e Roy d'Efpagnc euft peu attendre pis , que de ceftuy-cy3tant dés l'entrée de fon Pontificat, il leur auoit do- né de dégouft. Car outre ceux que i'auois déia écrit à voftrc Ma-' icft c, par mes dernières lcttres,d'auoir pris le Cardinal Pamphi- le, pour fon Vicaire , & le Seigneur Vbaldini , pour fon Maiftre de Chambre, &: le Seigneur Pierre Strozzi , pour Secrétaire des Brefs, tous perfonnages extrêmement affectionnez au fer- uicc de voftre Maiefté ; & vn Médecin , prefenté de ma main; Il leur a donné trois autres grandes mortifications : La pre- mière, que l'Amb^Tadeur d'Efpagnc luy faifant ces iourspaf- fez , plufieurs offres de Fiefs & Eftats, au Royaume de Na- plcs, pour fes frères; il luy a répondu que Dieu ne l'auoit pas mis au S- Siège pour vendre le Pontificat:&adit àd'autres,que fi les Efpagnols penfoient qu'il fc deuft rendre leur efclaue,ils fetrômpoient fort. Lafeconde, qu'il aexcommunié le Regent de Pont, Prcfident duConfeil de Naples ,&Chef de l'Eftat, & delà iufticc dudit Royaume. Ccfthomme,du viuant du Pa- pe Clément, auoit fait vne cntreprifefurlaiurifdi&ion dcl'E- gUfe , touchant certain mariage i & auoit enuoyé en galère vn LES AMBASSADES Kot aîre Ecclefiaflique , qui auoitrefufé de luy en mettre les in- formations entre les mains ;&c depuis , lors que le, Cardinal Ba- ronius publia (on efent, contre les vfurpations,que le Royd'Ef- pagne fait fur i'authorité Ecclefiaffciquc en Sicile, auoit auflk Condamné aux galères le Libraire qui le vendoit à Napl :s. Le. PapeCIemznt s attaquant à la première deces actions décerna vn moniroire contre ledit RCgent. Mais comme il alloit fort re- tenu en coûtes chofes,le terme du monitoire eftant expiré, il laifloit couler les affaires en lôgueur , pour voir ce que le temps apporteroit Depuis, le pape Léon eftant venuau pontificat,, auoit promis aux Efpagnols, par le moyen defonneueu Alexan- dre de Medicis, qui demeuroit à Naples, &: duquel le fils du Ré- gent de l'ont auoit efpoufé lafiile,derabfoudre. Maintenant que ce Pape icy aeftéejeu, la première action par laquelle il a voulu cftrencr&: fignaierfon Pontificat, a efté de décerner & déclarer cefte excommunication. De cela,les Efpagnols en font extrêmement irritez & e (tonnez, augurants que s'il commence àjo lier auec eux, de ces coups là, il fera homme auec letemps pouren faire bien d'autres LetroifiémedégoufLqu'ilspntre- ceu de luy, eft qu'il a mis les affaires des traitiez auec les Princes, entte lesmainsdu Cardinal Vaîcnti , quilesauoitdutemps du Pape Clément , fous le Cardinal Aldobrandin. L' AmbaiTadeur d'Efpagnes'en eft derechef plaint, fort ouucrtemcnt,&: a pro- tefté qu'il ne vouloit point aller traitter auec luy ,dautant qu'il fçauoit bien que tout ce qu'il luy confieroit de fecrct,feroit communiquéaux ennemisdefon Maiftre (ainfi qualifie- t'il le-. Cardinal Aldobrâdin.)Cc qui en irritant lefdits Cardinaux Al- dobrandin & Valenti , fertiles engager plus eftroirtcment au feruice deV.M. Voila,SIRE,ceque ie luy puis cfcrire,pour ce- fte heure, des affaires de cefte Court, excepté que Pcrfonius, Icfuitte Anglois , me vint trouuer l'autre iour, te me parla.fort lôg temps des affaires d'Angleterrc.Surquoy,il ne remporta au- tre refponfe de moy :finon que c'eftoient chofes,dont ic n'auois de delà, aucune information,ny aucune charge. Quant aux frè- res du Pape , ie n'ay point encore eu la commodité de les voir: mais ie ne failliray,Dieu aidant, en bref d'exécuter enners eux les commandements de voftre Maiefté.dans laquelle iefuis, SIRE, De Rome,cc l£. Voflre tres-humhle & obeyffatitfujet & {(ruiteur. Iuin, itfoj. I. Cardinal du Perron. ET NEG OUATIONS. Lia.ni, ARGVMENT. La vena ï de Mon fie ur d'jflincoHrt attendue parle Pape t& toute U Court , en très- bonne intention. Sa SainCïeté entretenue de [es louables fjp honorable s conditions : Et affeurance de tout feruice à de firer. A MONSIEVR DE VILLEROY , CONSEILLER & Secrétaire d'Eftat, En Court. O n s i e v r, le me fuis acquité du comman- dement quelc Roy m'a fait, par Ces dernières lettres , de reprefenter au Pape le contente^ ment qu'il a eu de Ton élection, & en ay rap- porté les plus fauorablcs paroles quei'eufïe peu délirer, comme vous verrez par les lettres que i'cnay eferit à fa Maiefté. ce qui m'em- pefchera de vous importuner,cn vous le répétant. Aurcfte,le Pa- pe 5c toutefa Court , attend icy en tres-bonne intention , la ve- nue de Monfieur d'Alincourt,dcs louables &: honorables condi- rions, duquel l'entretins hier fort long-temps fa Sainteté, le Iuy rendray par deçà , tout le feruice qu'il fe pourra promettre demafoible capacité; reputant à beaucoup de bon- heur, de m'acquiter enuersluy , d'vnc partie de celuy queie vous dois, puis que ma bonne fortune ne me prefente point l'occafion de le vous rendre à vous mcfme. Vous me ferez celle faueur de le croire, & de continuer à me tenir, Monfieur,pour De Rome, ce 1 4. Vojlre tres-affettionné fruit eur. Iuin, 1605. I. Cardinal dv Perron. ARGVMENT. luy ayant raconte cmbienglorieufement (jr honorablement , Monfieur de Bethune ejloitparty de Rome les auantages * receuoir , de [on co«- Jètl dux affaires <£ Italie , il luytefmoigne l'inclination du Pape en [on en- droit^ luy recommande pour quelque confier ut ton , un perfennage de U Religion prétendue reformée. LES AMBASSADES A MONSIEVR LE MARQVIS DE ROSNY, CON- seîller uv Roy en son Conseil d'Eftat, Superintendantdes Finances, & Grand ; Maiftre de l'Artillerie de France. En Court. MOnsievr, Monficur voftre frère eft party de Rome, le plus glorieux &c honoré Ambaffadcur qui en partit iamais, tant pour la conduitte, que pour lefuccésdcfa negotiation. Le Pape luy a fait mille hôncurs, &c commandé qu'il fuft traic- zç careffé, Se feftoyé extraordinairement par toutes les terres de l'Eglife: E t bref, il n'y a bouche en cefte Court qui ne refonne defes louanges. renefcrylesparcicularitezauRoy,auec toute l'affe&ion queic puis&doy : mais qui eft encore furmontee de Ja vérité. C'eft vn cfprit,dont vous pouuez tirer beaucoup d'af- fiftance. Car autant qu'il fembloit par deçà doux &: timide aux affaires, auant qu'il y rVftexperimcnté:autanteft-il hardy &af- feuré auxehofes où il a fait prouifion d'expérience. Et fi vous auez agréable d'employer voftre crédit, pour le faire auoir parc au confeil des affaires d'Italie: outre ce qu'elles fen porteronc beaucoup mieux , n'y ayant eu de long-temps homme en Fran- ce, qui en ayt eu vne fi parfaitte inftruétion; ce ne fera point chofe inutile à l'agrandiffement & affermi ffement de voftre au- thoritc. Le Pape me tefmoignahier , qu'il vouloir continuer la mefmcaff,'â:ioncn voftre endroit qu'auoit eue le PapcClemét: èc qu'il vouloir que fon Nonce continuaft la mcfme intelligen- ceauec vous, qu'y auoiteuë Monfieurle Cardinal del Bufalo,ô£ qu'il luy efcrii oit pour ceft effet. Et de moy,puis que les feruices que ie vous doy rendre, font pour cefte heure terminez dans l'enceinte des murailles de Rome ; ie ne faiUiray à vous tefmoi- gnerparces petits deuoirs, combien ie me fens obligé des fa- ucurs que iereçoy journellement de vous. Aurcfte,Monfieur, il y a icy vn nommé Lafîn , que le Pvoy a fait conftituer prifon» nier en la tour de None , où il eft auec beaucoup d'incom- modité. Il defire que fa Maiefté luy face cefte grâce , de commander qu'il foit mené en France , pour luy dreffer fon procès, &le faire punir fil eft coulpable , ou deliurer , fil eft innocent. Il eft de la Religion prétendue reformée, & a efte autresfois ET NEGOTI ATI O NS. Liu.ïn. 465 autresfois de mes amis , & le feruice du Roy fauf , ie luy dcfîrc- rois faire tout plaifir. Et pour ce , ie me fenriray fort obligé, qu a ma recommandation vous en difiez vn mot à faMaieftc. Cela fera vn nouueau comble d'obligation , que vous adioufterez pour la bonne mefure, par defTus les autres ; & i'en demeureray, Monfieur, De Rome, cei4. Vojlre tres-*ffcCïiottnc(? obligé Iuin, 1(305. feruitcur. I. Cardinal dv Perron» A R G VMENT, Equipée de ï \Jmb.i ffadeur d'Efyagne. Vn commandement du Roy, tou- chant le Cardinal Sauli} communiqué diferettement au Cardinal Mdo* brandin ; Et d'où rftott procedee en partie , leur inimitié. Effet de la con- tinuation d'vniony des Cardinaux François auec luy. Son authorité. Tef- moignage de fonaffctlion * l'endroit de Monfieur le Cardinalde Gtury. Va^ion du Pape aux affaires d'Angleterre. Circonfte&ion a y obferuer, preueuepar le Roy. Rapport de deux Anglois , À U louange de [a Maie- Jlé. Vtilité des lettres eferites par la Reyne , a»x beUes-feurs de fa Sain- éieté. ^fmbajjadeur de Suifje, à Rome > pour F obédience ; Et quelque fin* ne intention , defcouuerte fubtilement. Celuy deSaueye , trompeur ou trompé. Vn nouueau Nonce en Tofcane. Btutt delayenué du Duc de Sejje. AV ROY HENRY LE GRAND. IRE, Il ne s'eft rien pafle en cefte Court depuis le par- tementde Monfieur leCardinalde loyeufe, qui fut Ieudy dernier , digne d'eftre eferit à voftrc Maiefté. Le pape continue toujours de mon- ftrervne tres-grande arTe&ion enuers voftreperfonne, &vo- ftre Royaume, l'en entretiens amplement voftrc Maicfté par mes dernières lettres. Cela fera caufe que ien'vferay point iey de redite. Seulement repeteray-ie à voftrc Maiefté, ce que ie luy auois eferit du Cardinal Valent! ; afcauoir , que LES AMBASSADES rAmbafTadeur d'Efpagne faifoit difficulté de traittcrauccluy, poureftre dcfpcndanc du Cardinal Aldobrandin : difant qu'il communiqucroit toutes les affaires de Ton Maiftre à fes enne- mis. Etàcelai'adiouftcray, que le Pape l'a crouué fort cftrangc, & a répliqué que les Nonces du fainct Siège en Efpagne, n'a- uoient iamais fait difficulté de traitter auec ceux que le Roy d'Efpagne leur auoit propofez. Ncantmoins , on m'a afleu- ré encore aujourd'huy , que ledit Ambaiïadeur continue' en la mefmc défiance, te qu'au forcir de la dernière audience, il ne vouluc.pointnegotier auec le Cardinal Valenti, maisf'ad- drcffaau Cardinal Arigone. l'cnfçaurayen bref plus particu- lièrement la vérité, te endonneray aduisà voftre Maiefté.. Ce pendant , cefte équipée de rAmbafTadeur d'Efpagne a efté eftimee de tout le monde , fort imprudente , &: ne peut qu'outre fes autres effets, elle ne férue fort à cftreindre la bon- ne intelligence que voftre Maiefté defire entretenir auec le Car- dinal Aldobrandin, auquelï'ay rapporté ce qu'il auoit pleuà voftre Maiefté me mander , pour le fait du Cardinal Sauli , y v- fantdetouteladifcretion quim'a eftépoffible, &Iuy commu- niquant le commandement de voftre Maiefté en fecret, te auec ferment de n'en dire rien à perfonne , afin que nul n'en puifTc reccuoir aucun dégouft, te neantmoins qu'il enfçachelegrc qu'il doità voftre Majefté. Il m'a fait paroiftre def en fentir ex- trêmement obligé, adjouftant qu vnc partie de leur inimitié cftoit procedée de l'affcclion que fon oncle auoit portée à voftre Maiefté , te de celle que le Cardinal Sauli auoit por- tée aux Efpagnols j te que fil auoit de fon cofté quelque intérêt! de ne le vouloir point pour Pape , voftre Maiefté du fîcn, n'auoit pas grand fuiet de le defîrer : dautant que celuy de Ces nepueux ,qui doit hériter de toute fa fortune,eft cou- fin germain du Marquis S pinola, Capitaine gênerai des armées du Roy d'Efpagne en Flandre. Ce qui nous auoit efté ample- ment reprefenté dés deuant le Conclaue : te ioint auec les autres caufes , ne nous auoit pas donne beaucoup d'occa- fïon, d'afFe&ionner fon eflection. Quoy qu'il enfoit, iecroy que ce dernier empiaftre , appliqué fi à propos , par voftre M. aura ou guery du tout , ou fort medicamente , la playe que cefte premierepourfuitte auoit faitte en so cfprit. Il a néan- moins faitvn peu de difficulté de f égager par aucune acceptait ET NEGÔTÎATIONS. Liv. ni. 454 de pétition ,colorantfon exeufe du pretextequecela pourreie apportera quelques vnes de l'es créatures, de fe diftraire deluy: mais auec afleurance toutesfois de feiuir voftre Maiefté aufli aftwrtionnement ôc plus vtilement, que fi cela eftoit. La ve- nue de Monfieur d'Alincourt nous fera, ou demeurer dans les limites , ou pafler plus auant , félon le commandement de vo- ftre Maiefté. Ce pendant , la continuation d'vnion, que l'on void icy eftre entre ledit Cardinal Aldobrandin , & les Cardi- naux François, continue d'apporter vn puilîant crédit en cefte Court, aux affaires de voftre Maiefté. Car outre la grande au- thorité qu'il a auprès du Pape, lequel non obftant tous les mau- uais offices , que les Efpagnols ont cflayé de luy faire , cn- uers fa Saincteté , fait plus de chofes en fa faueur, que pour tout le relie du Collège enfemble , & monftrc vne mcrueil- leufe inclination à affe&ionner & imiter la mémoire du Pape Clément: Outre cela, dy-ie, le nombre de fes créatures eft à grand, -que l'vnion d'aucun autre party ne fe peutmettreen ba- lance aueclafienne. Et bien que voftre Maiefté, fort prudem- ment, nous comande d'entretenir l'amitié de Montalte, «tant- moins, tant pour les raifons reprefentecs en 1* lettre de voftre Maiefté , que pour l'inefgahté du nombre de fes créatures , l'v- nion d'Aldobrandin doit tenir lieu de principal , & celle de Montalte dacceflbire. Au refte , SIRE, ledit Cardinal Al- dobrandin a vfc ces iours paflez d'vn grand tefmoignage d af- fection , à l'endroit de Monfieur le Cardinal de Giury , luy offrant , voire le preiîant de l'aflifter d'argent & de commo- ditez , pour luy aider à fubfifter en cefte Court , en laquel- le les moyens qu'il a de luy mefme , & ceux que voftre Ma- iefté luy donne , ne peuuent fuffire , pour fupporter la def- penfc qu'il luy faut faire, encore qu'elle foie fort modérée. Il l'a neantmoinsrefufc, aimant mieux patir, & viurc comme il fait , fort incommodement , que de prendre d'autre main que de cellede voftre Maiefté. On luy auoit aufli confeilléde demander au Pape la penfion quele fainct Siège aaccouftumc de donner aux Cardinaux pauures, & le propos mefme en auoit cfté mis en auant : Mais i'ay eu crainte que cela ne retournait au prciudicc du crédité de la réputation des affaires de voftre M. laquelle on ne iugera pas pouuoir faire beaucoup pour les créa- tures des autres, fi les fienncsfont contraintes de tirer fecours LES AMBASSADES d'ailleurs. Te laiflfcray ce propos, S I R E,pour retourner àccluy du Pape, & dire à voftre Maîcftè, qu'auiourd'huy vnc de Tes plu* grandes pafTios,efl: celle des affaires d'Angleterre, dcfqucl- lesayantefté cy-deuant Vice- protecteur, il a vn foin particu- lier. Or en cela, a beaucoup feruy à voftre Maiefté, auprès de luy, l'afTeclion qu'il a veuë que vos Miniftres y ontmonftree, du temps du Pape Cernent, iugeant qu'elle venoit du commâ- dement exprés de voftre Maiefté. Comme auflî d'autre cofté,la tiédeur & négligence des Efpignols , îefquels on luy a reprefen- tc n'auoir eu en leur paix, aucun foin des Catholiques; luy a fait dauantage eftimer l'intention de voftre ditte Maiefté. Mais afin qu'il recogneuft quele zele de vo ftre Maiefté eftoit acecompa- gnéde prudence &: de iugement; ieluy ay monftré l'article des lettres , qu'il auoit pieu à v oftre Maiefté m'eferire fur ce fuiet, parlefqucllesellcme mandoit qu'elle craignoit queLendzay n'excedaft les bornes de fa commifiion que l'on netrouuaft pasparef?ct,enlefpritdu Roy d'Angleterre, ce qu'il en pro- mcttoit,& que voftre Maiefté defireit extrêmement Ja perfe- ction doo^ Don œuure:mais que c'eftoic vn affaire fort épineux, &: où il falloir procéder aucc beaucoup decirconfpedion ,tanc pour ne mettre point Vauthorité du fainct Siegcencompromis, que pour n'empirer pointles affairesdes Catholiques, au liew de les amender ; & en les penfant confoler,lcur attirer vne nou- uelIeperfecutionfurlarefte.Ce c^uele Pape ayant veu premiè- rement prédit par voftre Maiefté , &: puis confirmé par le fuc- cés , il ne fe peut dire combien il a loué voftre Maiefté , &: com- bien il a tefmoigné que fes confeils eftoientfams &: prudents. Hier, Fcrfonius Iefuitc, auquel ie prefteplus volontiers mes oreilles , que ma langue , me vint trouuer , & me dit que le Co- lonne/ Standlay luy auoit efcrit,à luy & aux autres Anglois, qui font en cefte ville,qu'il eftoit party d'auec voftre M aiefté,fi con- tent &fatisfait defonzelc ,&:defes bonnes intentions, pour l'auancement delà Religion catholique , en Angleterre, qu'il croyoit qu'elle feule procedoitauec fyncericé, au fait de l'hon- neur de Dieu;&: tous les autres,par interefts Et vn autre Anglois nommé Delco t, quife ditfcruiteur &penfionnaire de voftre Maiefté?&: fur lequel i'attésrefponfed'clle,pourfçauoir quelle foy ie lu/ dois adioufter 5 me confirma les mefmes paroles, i'ef- fayeray de les faire retentir aux oreilles de faSam&eté >& ce pendant ET NEGOTIATIONS. Liv.iu. 465 pendant m'aideray difcrccccmcm des aucrcs aduis, dont il a pieu à voftre Maieftc , accompagner fes Icccrcs : & monllrcray de m'en condouloir auec les Elpagnols , pour remplacer certai- nes fautes nouuelles de France, doncl'AmbaiTadeurd'Efpa- gne auoic faic fcmblanc , en prefence de plufieurs Cardinaux, de fe venir condouloir auec Monficur le Cardinal de Ioyeufe,le iourde Ton parcemenc. La Rey ne, de la groilcflc de laquelle , nous rendons grâces à Dieu , a beaucoup fait pour le feruice de voftre Maiefté , d'eferire aux belks-fœurs du Pape, desquelles ic remeteray l'enrrecien, à Madame d'Alincourc , qui pourra mieux, & plus dignement que perfonne du monde, conferucr- leur praccique & leur amicié. leudy prochain TAmbalTadeur de SuiiTe,quieft venuicy pour rendre l'obédience, baifera les pieds à fa Sain&ccé. l'euiTe ForcdefiréqueM'de Coroartin, Ambal- fadeur de voftre Maieftc, nous euftaduercis de fes qualicez, &: s'il cft partifan de voftre Maiefté , ou du Roy d'Efpagnc , afin dclcpouuoir ,fcloncela, rendre croyable ou fufpccl: à faSain- fteté,touchant les autres affaires, dont i ! pourra traiter auec elle fous prétexte de fa congraculacion. le luy auois eferir pour l'ad- uercir des nouuelles de deçà , qui importoienc par delà , au fer- uice de V. Maiefté, &: le prier réciproquement, dem'aduerrir des nouuelles de delà, qui pouuoient importer par deçà : Mais i'ay peur que mes leccres ne foient pas venues entre fes mains. Auiourd'huy i'ay faic ce que i'ay peu , pourdcfcouurir quelque chofe,des intentions dudic Ambaiïadeur de SuifTe, ayant en - uoyc fous main , df s gens che^ luy , qui ont communiqué auec quelques vns des fiens, dcfquels ils m'ont rapporté auoir appris, qu'il cftoitparcy dés le temps duPape Léon pour luy venir ren- dre l'obédience: mais qu'ayant entendu à Milan , les nouuelles de fa mort , il s'en eftoit allé à Thurin, pour attendre nouueau commandement de fes Supérieurs :& qu'entre les autres chofes qu'ilauoitàtraicteraucclc Pape.il luy deuoit faire des plaintes,, de la part des Cantons Catholiques,de la préférence que V Ma- iefte auoic faite, des Cantons Proteftans, à eux, pour le paye- ment de leurs debtes , & inciter fa Sainteté à en faire inftance à V. M . Si cela eft vray ou faux , i'eflayeray de le defcouurir plus à plein cy-apres , & d'y apporter le remède que i'eftimeray neeek faire. Monfieur le Baron de Salagnac a eferit icy , à Monfieur le Catdinal de Sourdis , pour reprefenter au Pape, les moyens Nnii LES AMBASSADES qu'il y a d'eftablir vne maifon de Iefuites à Conftantinoplei Voftre Maicfté me fera, s'il luy plaift, fçauoir ladeflus fa vo- lonté, afin que ie la fuiuc de point en point. Quantau fait de la controuerfe d'entre les Percs Iefuites 6c les Iacobins , le Pape eft délibéré d'en remettre fus la pourfuittc:&ie luy ay reprefenté le defir que voftre Maicfté auoit, qu'elle fe termi- nait , afin de fermer la bouche aux ennemis de l'Eglife , qui triomphent de cefte diuifion. Dequoy il m'a loiié extrême- ment voftre Maiefté , me difant qac c'eftoit vn foin digne d vn Prince vrayement pieux & Catholique. Quant au faic du Duc de Sauoye ,fon Ambaffadeur eft , ou fort trompeur , ou fort trompé > ou il referue quelque chofe de plus , à traitter auec Monfieur de Bethune, que ce que voftre Maiefté en a peu rc- cognoiftre , iufques icy. Car il monftre de ne refpirer rien, que I vnion de fon Maiftre auec voftre Maiefté , &: n'abhorrer rien que fa liaifon auec les Efpagnols:fur le fait defquels il a par- lé mcfmeaflcz librement au Pape; luy difant qu'en tous autres points, il leur peut faire tant de grâces qu'il luy plaira: mais qu'en deux feuls , il ne leur doit laiiTer rien emporter , afçauoir fur le fait de la Iurifdidion Ecclefiaftique,&fur celuy de la li- berté d'Italie. Le Pape enuoyc l'Euefquc de Toicellcs, qui fut en France , auec le Cardinal de Florence , &: qui eft grand feruiteur de voftre Maicfté , Nonce auprès du Grand Duc. On bruit auflî , que le Duc de SclTc vient en cefte Court , pour rendre l'obédience d'Efpagne; &c d'icy doitaller à Milan , pour fuccederau Comte de Fuentes, que l'on dit s'en retourner en Efpagnc : mais il n'y en a encore rien d'alTeuré. Cependant ie prie Dieu, SIRE, qu'il la vucillc conferuer longuement & heureu- fement. D. V. M. De Rome, ce 18. Iuin,i6oj. Letres-humble & tres-oheyflant fuiet & feruiteur. I. Cardinal dv Perron.1 ET NEGOTIATIONS. Liv. m. 4$6 ARGVMENT. il fe refwuyt o"v« bien aduenu à U France-, & mcnïtrc d'eftre en feine de i' ' inàityjitim de ce Seigneur. A MONSIEVR DE VILLEROY, CONSEILLER du Roy en Ton Confeil d'Eftat. En Court. Onfieur , commclcs nouuelies qu'il vous a pieu me mander , de la groflefTe delà Reyne , m'ont infiniment refioùy; aufli celles que vous m'auez eferites , de vo- ftre indifpofition , m'ont mis en extref- me peine. Dieu vueilie vousen deliurer bien-toft. Cependant i'attends icy en grande deuotion Monfieur d'AÎincourt; refclu de le feruir , Se le Roy , en fa perfonne,auec toute l'af- fection , diligence & fidélité' qui me fera poflîble. le vous prie d'en afleurer fa Maicfté , & prendre entière confiance, & au refte me conferucr l'honacur de vos bennes grâces y &la t qualité, Monfieur, de PeRome,cci8 Iuin,i$oy. Vtjlre bie*-*ffeftmnê fermteur, 1. Càkdinai DV PeK.R,ON» I Nnd ïj LES AMBASSADES ARGVMENT. sAuec quelle fomptuofiti & magnificence , le Pape a fait desfrayer honorer Monfieur de Bethune fur les terres detEgltfe. Celle dont il or- donne ejlre vf< k Carriuee dcMonfuur d'sAlwcourt. Ce quenoflreCardinal y contribué' auprès de fa Sainéleté. Memorre enuoyé de Florence j Et le- çon précédente , pour ne le pratiquer. Condition réputée grief ue par les Efrignols , pour l'abolition du Regent de Pont. Pourquoi le Cardinal Vtfconti deuient leur part if an. *Aduis douteux touchant le Comte de Eucntes. Infiance de V j£mbaf\adeur cTEfyagne , à ecluy de Lucques : Bruide quelques Galères d'Efpagne en Leuant. Grands préparatifs a Quitta Vecchta ,pour la réception de Monfieur r*Ambaffadeur>& foin re- marquable de fa Satniïetê. AV ROY HENRY LE GRAND. SIRE, Depuis le partement de Monfieur de Bethunc Ambaf- fadeur de voftrc Maiefté , Se peu après de Monfieur le Cardinal de Ioyeufc , toutes les nouuelles de Rome font ta- ries ,& attendent pour reprendre leur premier cours, la ve- nue de Monfieur d'Alincourt. Le Pape continue toufiours, la mefmc affe&ion , qu'il a monftree au commencement de fon Pontificat , enuers voftre Maiefté. Il a fait desfrayer Monfieur de Bethunc , par toutes les terres de l'Eglife > auec plus de magnificence , qu'aucun Ambauadeur qui ayt iamais elle en Italie. Car encore que le Pape Clément , en confidera- tion de la longue Ambaflade , que le Duc de Seflcauoit exer- cée en cefte Court , le fift traitter lors qu'il s'en retourna : Toutesfois , ny en la fplcndeur , ny en l'eftenduë , ce ne fut rien qui approchaft de ce que ceftuy-cy y a fait faire à Monfieur de Bcthune: dautant que le Pape Clément ne fit traitter le Duc de ScfTe , que iufques à Ciuità Vecchia : là où ce Pape icy a fait feftoyer Monfieur de Bethunc , auec mcfme fplendeur, que fi c'euft efté fa perfonne propre, par toutes les terres de l'Eglife , & plus de neuf ou dix iournecs durant. II fc refoule audl de faire encore chofes inufitees , à l'endroit de Monfieur ET NEGOTIATIONS. Lrv. m. 467 lors que i'en ay confulté , îe n'ay pas trouuc ceux à qui l'en ay parlé, beaucou p daduis de le tenter: car ils ne penfoicnt pas que le Pape en vouluft venir, iufques à fe déclarer fîouucrtcmct, m'alléguas que cela n'auoit iamais câeprattiqué par aucun pape, à aucun AmbaïTadeur; it que eff que le Pape N n n iij 1 " . 'ÈÉÉËr 'à LES AMBASSADES Clément auoit fait au Marquis de Villencs, ne luyauoit point cfté fait , comme à Ambafladeur , ny par vn cnuoy exprez: Et d'ailleurs , que cefte inftanec euft cfté bonne à faire , au temps du Pape Clément ; mais non pas au temps de ceftuy-cy: dautant que fi le Pape Clcmct auoit voulu faire quelques chofe extraordinaire pour vn Ambaflfadeur qu'il defiroit gratifier en particulier , a caufe de l'alliance qu'il auoit auec fa maifon ; cela ne pouuoit pas obliger fes fucceifeurs , à fe mettre fur le dos la mefme charge pour l'aducnir. Nonobftant toutes ces raifons, ie fu d'aduisdevoirccquclehazaid&labonnefortunedeV. M. porceroit, Se à ma dernière audience en lafchay vn mot obli- quemét, au Pape fur le prétexte de le remercier des carences qu'- il auoit fait faire à Monficur de Bethune , & de le prier de me prefter vne de fes littieres , pour Madame d'xlincourt : lequel mot.nc me fut pas fi toft forty de la bouche, qu'il lcrclcua à bon efeient , &: me dit qu'il vouloit enuoycr au deuant de Monficur d' Alincourt , pour le receuoir, traitter & carrefTcr à Ciuità Vcc- chia,auec tout l'accueil qui luy feroit pofTiblc. Et fur ce que i'ad- iouftay que les Efpagnolsauroientmoinsoccafîond'en entrer en ialoufic , dautant que le Pape Clément auoit fait quelque chofe approchant de cela à l'endroit du Marquis de V illenes : il me refpondit qu'il ncfefoucioitpasdecequelcsEfpagnolsen penferoicnt,& qu'il vouloit bic qu'cux& tous lesautres,apprif- fent par ces dcmonftrations publiques , combien il afFedliônoit & honoroit V. M . Cependant les apprefts que fa Saindcté faic faire , pour aller recueillir Monfieurd'Alincourt, duiour delà future arriuec duquel nous ne fommes point encore afTcurez; rcmpliiîcnttous les Romains , de mcrucille &c de difeours, & tous les Efpagnols, demartel&defoupçon , lefquels vont do iour en iour, croiflans leurs murmures & leurs mefeontente- mens contre fa Sain&ctc. SufIc propos dequoy ,ie diray à voftrc Maicfté, que l'on m'a enuoyé de Florence vnmemoire en chif- fre, contenant ces paroles : Di Spagna , da buono «more , vïene au* tiifato , cbe non penfano ad altro , cbe À far ptrltar dal P*pa, qualchedana- tiuo di penfionideUe Qomende , b d' Altra iutrata , fe non perfet aîmeno pet ifratelli , onepoti : (g* fin cbe il Papa n$n pijrli d* loro /ftanno co**clofiat del non h tuer in lui , qucIU parte che yorrebbono , con fre domwiê. Il Papa l buomo dx bene , neffumo crede cbe li Spaçnuoli Ph*k* bittuo a predominve. Con lutte cib, i Francexj hâucrebbom é offert- ET NEGOCIATIONS. Uy. m. 468 re 4tiche loto , quanto prima , o per hauerlo vgulap.eme afftttior/aio, o perfurlo t«nto ptît , aftenerfi dal pigltar a'alcti. Et al Jauio , po- che parole i-pamo. Mi i. dt Luglio , 1605. Mais ayant fçeu la fage refponfc , que le Pape fît à l'Ambaffadeur d'Efpagne, la première fois qu'il luy en parla, laquelle i'ay défia efcriteàvo- ftre Maiefté , afçauoir que Dieu ne l'auoit pas mis au SaincT: Siège, pour vendre le Pontificat, i'ay ci eu qu'elle nousdeuoic feruir de leçon, pour nenousmettrepointen pciildereceuoir le mefme langage : Et principalement iufques à ce que nous euffions charge particulière , de voftre Maiefté, pour ce regard. Quant au reftedes affaires, elles font toufiours au mefme eftat. Les fcfpagnols font fort après , à foheiter l'abfolution du Regét de Pont. Le Pape offre de l'accorder, àcondition que luy & fes fucceffeurs ,& le Confeil d'Efpagne, pour eux,renoncent à tou- tes leurs prétentions fur laiurifdiclion Ecclefiaftique. Chofe qui leur eft plus griefue que la mefme excommunication, tant ils font ialoux , que l'authoritc que le Pape y pourroit prendre ne renouuellaft en cefte Court, le defir de remettre fus les an- ciennes prétentions du Siège Apoftolique fur ce Royaume ,ti proche feudataire del'iïglifc. Le Cardinal Valenti nonobftant lesplaintes de l'Ambaffadeur d'Efpagne , eft toufiours continué enlachargedetraitterauecles Princes : &aufortir de 1 audien- ce que i'eu defaSain&eté,ily eut Vcndredy huicl iours iele fus trouuer en cefte qualité, après auoirneantmoins fondé l'inten- tion du Pape, là delTus, pour ne faire rien mal à propos: donc le Cardinal xdobrandin amôftré de fe fentir grandeméc obligé. Pour le fait du reftedes affaires de cefte Court.Monfieur de Be- thune en eft party fi inftruit,que d'envouloir represeter quelque chofe, à voftre Maiefté, ce feroitentreprifc téméraire &fupcr- I fluë. Seulementluy diray-ic,pour cequepoffibleauantfonar- t| riucc, elle pourroit eftre preuenuë des prières de quelques- vns: que plufieurs font icy ambitieux delà comiflion du Baptefme de M onfeigneur le Dauphin : s'eftant leCardinal Vifconci , du- quel nous auions eferit pat le palTé, à voftre Maiefté , comporte de forte , qu'cllen'y doit plus penfer. Car comme il vid que les François,au commencement dufecondConclaue,monftroienc 1 de fc ioindre auec les. Efpagnols , pour faire Sauli, duquel il eft proche parent, Pape: il conceut de là vn fi grand defir ,Sc ■ yne û grande cfperance de le faire reùllir , mefme malgré Aldo* Nnii iiij LES A M BASSADES brandin, en gaignanc & defbauchant quelques vnes de fes crea^ tures;qu'il fe mita faire ouuertemét la brigue parmy elles ,pour cefl effet. Dequoy Aldobrandin eftant venu aux plaintes,repro- ches & ruptures manifeftes,auec luy>&: luy,fcntantauoir offen- fé griefuement Aldobradin, duquel il eftoit créature, & ne pou- uoitplusefperer d'appuy de fa part; Il s'eft finalement refolu de fe ietter encre les bras des Efpagnols, pour le porter & fauorifer contre Aldobrandin, &: d accepter vne penfio qu'il auoit refufee d'eux autresfois,laquellc ils luy ont payée auec tous les arréra- ges e(cheus,dcpuisl heure de la première offre. La deiîus,diuers cardinaux ont commence à penferàlacommiflionduBaptef- mc de Monfcigneur leDaufînrdes conditions defquels Monfieur l'Ambalîadeur, qui s'en retourne citant pleinement informe, voftrc Maieftê pourra mieux iuger par fes difeours que par les miens , à quoy ellefe doit refoudre.Sculement ne fera- t'il plus à propos que par aucune de fes lettres , elle face inftance au pape pour le cardinal Vifconti. Quant aux comportemens dcl' Am- baffidcur dcSuifte.dont i'auois eferit par l'autre ordinaire, à V. Maiefté , ie n'en ay peu defcouurir rien de certain , fin on qu'il fe monftre fort affe&ionné au oomti:deFucntcs , & aux affaires des Efpagnols, contre les Grifons. Au refte , on m'a donné aduis, lequel ie donne à voftrc Maiefté , fans le luy cautionner, & pour le prix qu'il m'a cou fté; que ledit Cote de Fuentes auoit fait faire pouf cent cinquante raille efeus de faufife monnoye, marquée au coin de France, laquelle il deuoitcnuoyer diftri- bucren Prouence, &à Lyon On m'a dit aufftque l'AmbaiTa- deur d't.fpagnc auoit fait inftance aux AmbafTadeursde Luc- ques , venus icy pour rendre l'obédience a fa Sainteté , de con- tribuer cinquante mille efeus en argent, & vingt mille efeus en matériaux, pour aider à fortifier Ponto longone ; leur reprefen- tant que ce que le Roy d'Efpagnc en faifoit, eftoit pour leur c5- modité , &C afin de les protéger contre le Grand Duc. Mais ie croy qu'ils n'y contribueront que des paroles. Le refte des nou- uellcs de la Gazette de cefte court, confifte principalement, aux difeours que l'on fait de l'armée nauale de trente cinq ou quarante Galères, que le Roy d'Efpagne monftre de vouloir cn- uoyer en Leuant , fous la conduitte du fils du prince Doria: & aux bruits des mifercs de la Hongrie , aufquellesic prie Dieu donner quelque fecours, & continuer , ET NEGOTIATIONS. Lrv.rn. 45* SIR E , La profperité des affaires de voftre Maieftc. le Pape a fait partir ce matin , quatre-vingt mulet s, pour al- ler au dtu.tnr de Monfteur d'^fiwcourt , h Ciuità Vecchia ,porter les meublesgrprouifions necefjaires pour le recemm Et a ordonne que les meubles de fa Saintfe'è reuiennent par mer , & que lefdits mulets demeurent fan se h irge, pour apporter les meubles de Mo- fieur d '^flincourt , de Ctuiià Vecchia icy , afin que s'il y a quelque perd des Corftircs Turcs, à courir par eau depuis Ciuîta Vecchia tvfques a Romct comme il y en a quelque s f ou > dautxnt que les Ga- lères & autres grands vatffeaux,nepeuucnt entrer dans Cembou- cheure du Tybre, ny abborder aupres'Se [oient ceux de fa Sainte» té,& non ceux de Monfieur âC jilincourt qui le-courent-. Et outre cela y que Monfteur d? \Almcourt les puifje auêir icy à point wm~ méafonaniuee. D. V. M. De Rome,ce 11. de Letres-humble t&tres-obeyffant fttiet IuilJeC,l6oy, & feruiteur. I. Cardinal dv Perron. ARGVMENT. Il dit que le dtfcours qu'il addrefje au Roy , des honneurs que le Pape a commande eftre faits à Monfteur à Aùtcourt , a fon desbarquementt l'em- pefche de les luy reprefenter eu particulier. A MONSIEVR DE VIL LEROY, Confeiller & Secrétaire d'F.ftat. En Court. Onfieur , L'attente en laquelle nous fommesicy ,dc U venue de Monûeur d'AUncourt , tient toute cefto Court, en fufpcns. Le Pape ordonne de grands pré- parants, pour cniivjyer au deuant de luy, le reccuoir àCiuitâ Vecchia, ayant fait partir ce matin o&aate mulets, pour poï- LES AMBASSADES ter les meubles &: prouifions nceeflfaires à ccft effet. Le dis- cours que i'en fay au Roy , m empefehera de vous le reprefen- ter, &: me fera contenter de prier de croire , Monfieur,que tout le feruice que iepourray rendre à Monficurd Alincourt, & à vous, en fa perfonne , ie le feray de tout mon cœur & de par cille affection, que ic fuis & feray toujours , Monficur, De R orne , ce 13. Vofire très - affehhnne Iuillctjitfoj. feruiteur. ï. Cardinal dv Perron. ARGVMENT. Le Vape enuoyant vn Nonce en Bjpagne}quiluy cfloit exttemtrrent tbcrt cr s 'embarquant furies Galères de France ^retournantes de Cmua Vecchia , k Marfeih -t Mejîiturs les Cardinaux François prièrent en com- mun , ce Seigneur , de fmre rendre ce feruice «ft 3 ainé}eie,cjue par -k ne oh deux d'ellesM fou acheuide conduire iufq^esàBarcelonn( i@r Je chargent de faire trouuer ceffe atlion bonne À f* Mau Jlc '. A MONSIEVR LE COMTE DE IOIGNY, General des Galères de fa Maicftc, A Marfeiilc. Onfieur , Ayant fçeu que Monfieur Meîino, Nonce de noftrc fainct pere , en Efpagnc, s'em- barque fur les Galères de France , qui s'en re- tournent de Ciuità Vecchia , pour le rendre auec ellesàMarfeille, & defireroit que le Roy & vous luy fiffiez cette grâce , qu'vne ou deox d'elles le peuffent acheuer de conduire iufques à Barcclonne : Nous nous fommes tant alTeurez de la bonne volonté de fa Maiefté , cnuers fa Sain- teté, que nous nous fommes refelus de vous cfcriic cemoî ET NEGOTI A TÏONS. Ufl'Utl 470 en commun pour vous prier de coucc noftre- affc&ion , de vouloir faire rendre ce feruicc ,à fa Sain&eté , par les Galè- res de fa Maiefté. C'eft vn perfonnage , qui oucre le mérite particulier , qui le recommande de luy- mcfme,eft extrême- ment cher à fa Sainteté, laquelle oblige deiour en iour telle- ment les Miniftres de fa Maiefté , ayant fait au parlement do Monileur de Bcthune,& àlarnuecdcMonfieurd'Alincourt, Ambaflfadeur de faditte Maiefté , chofes que iamais les Papes n'ont faittes à aucuns autres Ambaffadeurs , venus pour la refidence : que nous ne doutons point que fa Maiefté , la- quelle quand bien cela n'auroit point efte, ne laiffcroit pas, de defirer de luy complaire en toutes chofes , ne redouble grande- ment ( cela cftant ) le defir de la gratifier Or ne peut elle trouucr vne plus facile occafion , ny moyen plus prompt Se plus à propos , pour fc rcuencher d'vne partie des carefles & faueurs , que fa Sain&eté fait à fes Miniftres, queceftui- cy. Et pour cefte caufe , le temps ne nous permettant pas, de dcfpcfcher exprès , pour ccft effet, vers fa Maiefté >& fça- chant combien elle aura cher , de donner ce contentement au Pape, à fon naturel aduenement au Pontificat , & combien elle auroit de regret que l'on en euft laiffé perdre l'occafion: Nous nous fommes difpenfez de vous eferire ce mot , pour Vous en prier , comme nous faifons de toute noftre affection: & pour vous alTcurer que nous prendrons fur nous , la char- ge de faire trouucr cefte adtion bonne ,à fa Maiefté. N'eftant donc la prefente à autre fin , nous la conclurons par la réité- ration de cefte ptiere , conjointe auec celle que nous faifons à Dieu, Monficar, qu'il yous ayt en fafain&c garde» De Rome, ce 19^ luillcc, i6o;. ~ LES AMBASSADES ARGVMENT. Monfieur T sAmbafjadeur retenu a Savonne,par la contrarie t è du -vent, ^fppareilmufitk aCtuitayecchiapourle receuoir. Délibération du Pape fur ce que lu y touche nojire Cardinal , pour de plut en plut ï bon on r. *Ad un au Roy , de la lettre a Mon/leur le General des Galères. Dcfjeindefa Sainteté yrompu pour les jicy nés. Elle fait [on neucu Cardtnal. office^ pourcersgard : Et prétexte de vifue tbien que dcjfendue. AV ROY HENRY LE GRAND. I R E, Cccy fera feulement , pour dire à voftre Maiefté, que nous fommesdeioureniour, attendant la venue de Monfieur d'Alincourt, qui arriua le quatorziefme de ce mois , à Sauonne, comme nous l'auons veu par fes lettres ; 8c depuis y aefte retenu quelques iours, à caufe de la contrariété du vent, ainfi qu'il nous aefte rapportéparle Courrier de Gcncs. Il y a 1 5. iours , que le Pape tieteentpetfonnes, quatre vingts cheuaux. quatre vingrsmu- lets,trois carroflfes 8c deuxlittiere$,à Ciuità Vecchia,pour le re- cevoir : & y fait enuoyer tous les foirs,nouucllesprouiilons de Rome , comme fi chaque iour, il luy faifoit faire autant de fc- ftins. Cequireuientàvncexccfîîuedefpenfe : Et ce quicftle plus important , c'eft que prefque tous ceux que le Pape y tient , tombent malades, eftantccft air-là , fi périlleux en cet- te faifon, queperfonne n'y ofc feiourner plus d'vn iour, fans grand hazard de la vie Ceft honneur qui n'auoit iamais efte fait à aucun Ambaffadcur ,cft encore augmenté par ces cir- conftanecs > & le fera de plus , par la délibération que fa Sain- teté fait, d'enuoyer vn de fesparensau deuantde Monfieur d'Alincourt, lors qu'il arriua en cefte ville. Car bien que JVn des fils de lean Francefco Aldobrandin , afçauoir le frè- re du General de l'Eglife , allait au deuant du Marquis de yillenesjcc ne futny comme parentdu feu Pape, ny comme ETNEGOTIATIONS.Liv.iii. 47X enuoyc de fa parc, ny comme à vn Ambafladeur, mais comme frerc de la DucheflTc de Parme tSe allié dudic Marquis de Vil- lenes.Ôc comme prié dece faire par le Cardinal Farnefe,beau- frerc de ladice DuchefTe , lequel receuoit ledit Marquis. Et bien que fon autre frère , qui eft maintenant Cardinal , fuft au deuant de Monfieur de Luxembourg, ce futcommeàAm- baflfadeur d'obédience , aufquels on fait entrée folcmnellc,&: non comme à Ambafladeur de refidence, aufquels on n'en fait point. Neantmoins nreftant hazardé Lundy dernier , d'en toucher vn mot au Pape , pour tenter srtl fc lafeheroit iuf- ques-là , il embrafla û afreàionnémcnt,r«uuerturequeieluy en fis , que ie ne l'eu pas piuftoft dit, qu'il ne l'eu ftrefolu ,Se auec tant de demonftration de vouloir honorer voftre Maie- fté» par toutes voyes ordinaires Se extraordinaires , que i'en dc- meuray rauy Se confus. Cela a efté caufe qu'ayant confulcc tucc Mcflieurs les cardinaux de Giury Se Séraphin , d'vn defir que i'auois fçeu qu'auoit Monfieur Mclino,Nonce de faSain&e- téen Efpagne, qui s'en vaiufques à Marfeillcs, auec les Galè- res de voftte Maiefté', qu'vne ou deux d'elles acheuaflent de le conduire iufqucs à Barccllonne: Nous nous fommes enhar- dis d'efcriie tous trois , à Monfieur le General , pour le prier de gratifier le Pape en fa perfonne, de cefte faueur : Et auons pris laffeurance de luy promettre que voftre Maiefté le trouucroit bon. Ledit fieur Mclino eft homme de beaucoup de méri- te, Se fort cher à fa Sain&cté , Se comme m'a afleuré Mon- fieur le Cardinal Scrafîn , qui le cognoift fort, tres-bon Fran- çois : Et voftre Maiefté ne pouuoit trouuer vnc plus prompte, ny plus opportune occaûon , pour fc reuencher des cour- toifiesquelcPapefaità fesMiniftres. Aurefte, Sire ,lahafte 6c le partement inopiné de ce Courrier , Se la prefence de Monfieur le cardinal Baronius , qui m'a fait l'honneur dedif* ner auiourd'huy céans , Se qui baife par cefte lettre , mille fois les mains à voftre Maiefté , me la feront finir ifans luy ef- crire autres particularités , finon qu'à ma dernière audience, ayant fçeu que pour fauuer les frais exceflftfs , que le Pape fait à fes Galères , il auoit deliberc'de les bailler à prix fait , que l'on appelle icy in accenfo , à quelques Gcncuois, dautant qu'- il n'y a point de gens furl'Eftat de l'Eglife , propres à cefte entteptife » Se que les Efpagnols eftoient après , à les faire LES AMBASSADES prendre par le ncucu de Doria, ou autres leurs partifanssle me difpenfay de luy dire vn mot, Se fis en forte que ce coup a efté rompu. Sa Saindeté fit Lundy , le Seigneur Simon Caf- farelli fon neueu , Cardinal , après plufieurs grandes inftan- ces que le Cardinal Aldobrandin luy en auoit faictes ; vou- lant qu'il fe nommaft le Cardinal Borghefe. 1'eufTe defiré que Monfieur d'Alincourt euft efté icy , pour iuy faire celle prière, de la part de voftre Maiefté , afin d'obliger ledit Car- dinal : mais voyant qu'il ne pouuoiteftre venu à temps, pour ccft effet , ie m'enhardy de dire au Pape , que i'auois beaucoup de regret , que l'incommodité dè la mer l'cmpefchoit d'eftre icy, auant cefte occafion pour faire cefte prière , au nom de voftre Maiefté , à fa Sainctcré , m'aflfeurant qu'il en auroitcu commmandement fort exprès - & que pour moy en fon abfen- ce, ic m'enhardiflois de la luy faire,fçachant que c'eftoit le defir & 1 intention de voftre Maiefté. Dcquoy il monftraauoir con- tentement. Sa Sainctcté deffendit en plein confiftoite» qu'au- cun cardinal n'allaft vifiter fondit neueu , auant qu'il les euft tous vifitez. Nonobftant quoy , ie ne laiffay pas de l'aller vifi- ter désleiourmefmc , m'exeufant que i'y allois ,non comme cardinal , mais comme fuppleant l'abfencede Monfieurl Am- baffadeur , & de la part de voftre Maiefté pour me conioùir en fon nom , auec ledit cardinal : qui de cela & de l'office que i'a- uois fait auec le Pape, fe fentic fort obligé; & me dit qu'ilfe t eputetoit toute fa vie , créature de voftre Maiefté , à laquelle ic prie Dieu, Sire, vouloir donner tout l'heur & contentement , que les gens de bien de celle court , luy défirent* D. V. M. De Rome, ce ir. Iuillct,ie*oj. Le tres.h0mhle,& tres-oleyffantfmet fer un sur. L Gard, py Pe**.oiï; ET NEGOTIATIONS.Xit.iii. 471 ARGVMENT. Que de mémoire d'homme , aucun autre sAmhafjadeurna receu Thon- ncur d'vn Pape , qui fera fait par fa Satnfleté >à MonÇicur $ j£lmcou?t : Et que le mandement du Comte de Fuentes , enuoyc a Gènes , importera davantage que fin autheur n'apenÇé. AMONSIEVR DE FR ESN ES CANAYE, Confeillcr du Roy , en Ton Çonfeil d'Eftat, &: fen Ambafladcur. A Venue. Onfieur, L'attente en laquelle nous fom- mes, de la venue deMonfieur d'Alincourc, fufpend icy toutes fortes de nouuelles. Il y a quinze iours , que le Pape tient cent trente perfonnes , quatre vingts cheuaux Se autant de mulets , à Ciuità Vecchia, pour le receuoir & traitter , auec toute lamagmhcence qui fera poflîble. Et peut-on dire, que de mé- moire d'homme , aucun autre Ambaffadeur n'a receu l'honneur d'vn Pape , qui fera fait par fa Saindeté,à Monfieur d'Alincourt. C'cft vn grand tefmoignage de l'affe&ion qu'elle porte à fa Maiefté;& lequel ioint auec plufieurs autres, nous en afleurc entièrement. Au furplus vous pouuez auoir appris le beau mandement que le comte deFuentes aenuoyé à Gènes pour les fiefs qu'il prétend dcfpcndrc du Duché de Milan ; 8C croy que cefte adion ne femblera pas moins cftrange en vos quartiers , qu elle a donné d'eibahififement en ce lieu , pour voir commencer vne entreprife fi peu approuuee de tout le monde , & laquelle en fin fc réduira en fumtc , & peut- :ftre importera dauantage que fon autheur n'a penfe. C'eft le ugement qu'vn chacun en fait par deçà , attendu les perfon- îcs à qui l'on s'addrcflTe. Cependant ie me recommande à LES AMBASSADES ! vos bonnes grâces , &: fuis toufiours, Monficur, De Rome r ce 2j. Voflre très - a ffc {lionne Iuillctjléof. feruiteur. ï. Cardinal dv Perron, ARGVMENT. Conformément audeprdt*Papey tlluj de figne precifement l'heure le tour de Carriuee de Monfieur l'^Ambaffadeur; pour U quel par mej me moyen , il fuppliefa Sainteté de l'audience accoutumée cnfembldle ce* eafion. ALLA SANTITA DI N. SIGNORE. Eatissimo Padre, ElTendofi voftra Santiià, degnata dirmi cheff compiaceua , per honorarc fua Maeftà çhnftinia- niflîma,dimandaraIcunodcfuoiparenti,air in- concro dcl Signore Ambafciatore,e di comandar- mi ch'io l'informafti del tempo certo del fuo arriuo ; Ho prefo ardirc di far fapere à V. Bcatitudine, che hoggi, fenz* alcro, aile vinti tre hore, giongera qui ,dettoSignor AmbafciatorCjfe- condo me l'hà-fcricto per vn corrierc ch'io glihaueuofpcdito queftanotte, fopravn auuifo contrario venuto hierfera; E t in- terne di fupplicar V. Bcatitudine, accib detto Signer Ambaf- ciatore, porta conl'audienza baciarle,qucfta fera, i fantiflîmi jjiedi^lliqualiiohumiliffimamentcm'inchinov D. V. SANTITA. Roma, addi 17. di bamiliftimo é> denitifpm* Luglio, i<5oy. ferf4°- 1. Cardinale del Perronc. A R G V; ET NEGOTIATIONS. Liv.iii. 473 ARGVMENT. Deux des neueuxdu Pape ,-vontvne lieue au dcuantde Mr l'jfmhaf* ftdeur, parle commandement defafainfteté. te grand nombre de Cardin M taxtDucs &* Seigneurs Rom tins y qt*i le vont rencontrer. L'honneur qu 'il reçoit i [on audience > depuis. Citation du Contrde Fuentes 3defa- frouuec-Et deféfes du Roy d'Ef]>a*ne}pour les forts de Nouare & Soncino, AV ROY HENRY LE GR AN D. IRE, La récente venue de Monficur d'Alincourf, Ambaftadeur de V. M. en ce lieu , m'empefehera de luy faire, pour le prefent, autre difeours , finon deluy dire en bref, queiamais Ambaiîadeur,non pas mefme ceux d'obediéce,aufquels on fait entrée folenelIc,cc qu'on ne fait point aux Ambaffadeurs de rcfidenccine fu t receu auec tant d'honneur, qu'il l'a efté en cefte Court. Le Pape le fi t receuoir &: traitter a fon debarquemcnt,à Ciuità vecchia, ou i! auoiteftcdefia attendu par la famille defaSain&eté, dix fepe iours entiers;$: depuis encore, à Santa Scuera;auec toute la ma- gnificence, & auec toutes les formalitez de tirements d'artille- rie, &: autres femblables marques d'honeur^qui fe font peu ima- giner. A fon arriuec en cefte ville, fa Sainctcté l'enuoya recueil- lir, vne lie 11 ë au deuant, par Ces deux ncueux, l'vn fils defafeur, &: l'autre,mary de la fille de fa feur,qui l'accompagnèrent depuis là, iufques en fa chambre. Et Madame l'Ambafladrice futaufïi rencotree par deux Duche(Tes,i'vnc la Ducheiîe Sforcc, te l'au- ;re la Duchcflc d'Aqua-fparta, &: l'AmbaiTadricede Boulon- ne,&: plufieurs autres Dames , qui l'allerent prendre hors de la ville, en vn lieu où la collation l'attendoit,&la menèrent iuf- îues chez elle. Il auoit z so entrée aux portes de cefte ville, qua- rt Cardinaux, afçauoir, les trois François, &lc Cardinal Del- în,&: les deux neucux du Pape >&vne quantité infinie de Pre* its, Seigneurs &c Gentilshommes Romains, & plus de deux ents carrofles ordinaires,à fa fuitte, qui l'accompagnercnt,dc- uis près d'vne licuë hersde la ville, iufques à fon logis, &plus Ooo LES AMBASSADES de cinquante carrofles de campagne, attellees chacun de Cix chcuaux.dont vne grande partie l'eftoicnt allées renconter, iufquesà vne iourneed'icy ,n'eftant refté vne feule carrofle de campagne, dedans Rome, qui n'euftefté enuoyce audeuanc de luy. Chofe qui ne s'eftoit ïamais veuë : Car pour la plus grande Se célèbre entrée qui ayt onc efté faitte, il n'y a point de mémoire qu on ayt remarqué plus de quinze ou feize carrofles de campagne enfcmble. Et quand le Marquis de Villenes, Am« bafladeur d'Efpagne,arriuaen cefteville, encore qu il fuft ex- trêmement ambitieux de ceftaparat,&:queleCardinal Farnefe, le Ducdeparme &:tous les Efpagnols,euflentfaitàfoninftan- ce, vnmois durant , tous leurs efforts , pour luy préparer la plus grandefuitte, qu'ils pouuoientfil n'arriua pasàauoirvn ticisdu nôbre des catroffes &de la fuitte,queMonfieur d'Alincourta eu à Ton auencméc;& cela (ans qu'on ayt eu vn demy iour de temps, poury penfer.Carm'ayantauerty qu'il s'eftoit refolu dedemeu-: rer vn iour a Bracciano, ie fu d'auis qu'il vint icy, fans feiourner a Bracciano ,finon vne feule nuit, afin qu'on ne pei:fa(t point qu'if s'arreftaft là , pour attendre qu'on luy appreftaft aucun apparat. Le Pape, contre fa couftume , dilay.i fon fouper &: fon coucher, iufques à dix heures de foir, l'attendant quatre heu- res entières pour luy donner l'audience. Mais la prefTe des co- ches qui allèrent au deuant de luy ,pour le rencontrer & le nom* bredes haraguesde réception , qui luy furent faittes à chaque pas, n'y ayant prefque vn fcul Cardinal, qui n'enuoyafl: pout cefteffetau deuantdeluV; & la difficulté de pafler par les rues, à caufe de la foule du peuple,&: de la multitude des carrofles-, le firent arriucrfi tard, que nous fufmcs contraints de fnpplierfa Sain&eté de n'attendre point dauantage,& de remettre cefto grâce au lendemain, qui fut hier fur les quatre heures après mi- dy, au quel teps fa Saindeté la luy donna, la plus fauorablequi futiamais, le preflant infinies fois de fe couurir; ce que les Papes ne font iamais aux Ambafladeurs;&: luv faifant mille pro* teftations,dci'enuie qu'il auoit de feruir V.M. de laquelle il ne parla prefque iamais, finonauec ces m -»ts . de la feruic , & de luy faire feruice.lcfquels encore qu'ils foient frequëc parmy les Ita- liens, font neantmoins fort rares en la bouche des Papes. Il de- meura extrememét fatisfait de Monfieur i'Ambafladeur,qui luy fit vne très-belle harangue, & fort bien conceuë, &: non moins ET NEGOTIATIONS. Liu.iii. 474 bien prononcée, au fortir de l'audience , & après auoir vifité le Cardinal Borghefe.lcquelefcrità V.Maiefté,nous enuoyafmes vers les frères du Pape , les auertir que Monfieur 1', nfit «dladeur lesalloitvifitcr.Ils refuferent,parvn honneur exccflifj.effcevifi- te;& firent refponfc que Monfieur l'Ambalîadeur ne ies trou- ueroic point chez eux, & qu'ils luy feroienc fermer la porte, &c qu'ils auoient commandement exprès du Tape de ne receuoir point fa vifite , mais de l'aller vifiter les premiers, & fitoft qu'il icroit de retour delavifite du Pape, c'eftàdire,eneftatde pou- uoireftrcvifité.Chofequiprocedoitd vnrefpeftexcrordinaire: Car ils n'ont pointrefuféaucunesautres vifites,ny des Ambaf- fadeurs, ny mefme des Cardinaux, qui les ont tous, ou prcfque tous , vifitez les premiers. Et défait à ladefeentede Monteca- ual , nous les rencontrafmes , auec vne grande file de carrofTes, qui venoient au logis de MonfieurrAmbaiTadeur:&: peuapres, arriuerentles belles feurs du Pape, pour vifiter Madame l'Am- bafladrice, laquelle ils trouucrentaccompagnee de l'AmbaiTa- drice de Sauoye, quU'eftoit venu vifiter , peu auparauant. Ces honneurs fi extrordinaires, dcfquels, & de toutes leurs circon- flances, ie décriray plus particulièrement l'hiftoirc à voftre Ma- iefté parle retour du Courrier Baptifte , monftre combien l'e* ftatdes affaires de voftre Maiefte' cft autre en celle Court, que lors que Monfieur de Bethune yarriua: & le changement des affaires de V m depuis ce temps- là, monftrc euidemment l'inr duftrie,funifance & félicité, auec laquelle Monfieur de Be- thune l'y a feruie, ayant laiffe les affaires de voftrc M aiefté en vn citât fi différent de celuy auquclil lesauoit trouuees. Car lors à peine quelque prière &c recherche qu'en fift Mr le Cardinal d'Oilatjfe pût il trouuer vnfcul Prélat, qui vouluft l'accompa- gner àaller au deuant de luy ; ny vn feul Cardinal qui vouiuft preftervncarroiTe de campagne, pour aider àfaller rencontrer. Etàcefte fois, tous les Cardinaux , Ambaffadeurs, Prélats, Sei- gneurs Romains &c autres , ont combattu à qui feroit plusde demonftrations publiques & decouuertcs , d'honorer fa per- fonne , & celle de fon AmbafiTadeur , lequel confelTe qu'il ne croioit pas, &c que voftre Maiefté ne croit pas auoir la centieftne partie du crédit qu'elle a à Rome, lequel retentit tellement par toutlerefte de l'Italie , que les Geneuois, ayants fçeu les ap- prefts quelcPapefaifoit,pour honorer Mrd'Alincourt,ontefté LES AMBASSADES excitez à vouloir auffi, en ce cas,s'acquicter de quelque part de leur deuoir. Ce credi t, S I R E , fi bien fomenté,& cultiue.fous l'Ambalïade de Monfieurde Bethune, qui alaiffc icyvn grand regret & vne grande mémoire de luy, iraoncino,&: de celuy de Nouarc. l'aiou- fteray quele Nonce refident auprès de la perfonne de voftre Maiefté,luyfaiticy , de très- bons offices, auprès du Pape. le l'ay fçeu, 8c par perfonne qui a veulesauis qu'il luy donne, 8c parles propres difeours du Pape, qui m'a dir qu'il receuoit tous les iours, tant de nouuelles des bons déportements de voftre Maiefté, qu'il aucit mille occafions d'en rendre grâces à Dieuj &C en ay remercié le Cardinal Aldobrandin, duquelileft dépen- dant.Les autres particulantez des affaires de V .M.ie les remet- tray au premier Courrier. Etce pendant,prieray Dieu, S I R E,laconferuer longuement Sdieureufement. De V. M. De Rome, ce i$. Le en s -humble (y tres-obcïjjant fttiet& Iuin,i6o5. feruiteur. I. Cardinal dv Perron» ; À R G V M E N T.~ r Maxime de nofire Cardinal. Qù 'à des gratifications extraordinaires^ conuient rendre des gratitudes extraordinaires : Et en quelle occafionil 1 confetlle de la pratiquer. Ses difeours auec le Papejurdiuers importants j fuiets.LetraittèduRegent de Pent, contraire au bruit que les Espagnols \ en faifoient courir. sAduertiffements d» Cardinal aldobrandin. Biens- fait s de fa Sain&té à quelques Qardinanx. Contention entre le Sénat de Fribourg}& les chartreux de la Part-Dieu. Gouuerneur d'Ancone, chaf se ; Et pourquoy. ET NEGOTIATIONS. Liv. m. 47j AV ROY HENRY LE GRAND. SIRE, VoftreMaieftéauravcu parles dernières lettres queie lu y ay eferites , 1 honorable réception qui fut faitte , par commandement du pape , à m onfieur d Alincourt fon AmbaÎTa- deur,râc à Ciuità Vecchia & à Santa Scuera,qu'en cette vilie de Rome i à vne lieue de laquelle , les neueux de fa Sainâxté l'alle- rent recontrer 5c l'amenèrent a fon logis , accompagné de qua- tre Cardinaux , 5c d'infinis Prélats , Seigneurs 5c Gentils- hom- mes Romains, & de plus de cinquante carrofîes de campagne,&: de plus de deux cents carrolTes ordinaires. Elle aura aufîi veu comme Madame l'Ambafladrice y futconduitteparlaDuchef- feSforce,&laDuchefTed'Aqua fpatta, &par plufieurs autres Dames , qui i'cltoient allées attendre vn quart de lieuë hors de la ville : Et comme lelendemain de larriueede Mri'ÀmbafTa- deur,Monfieur le Cardinal de Giury & moy, le menafmes baifer en fecret, les pieds de fa Sainteté , n'ayant peu s'acquitter de ce deuoir le iour mefme , encore que le Pape l'attendift iniques à deux heures de nuict , à caufe de la foule du peuple 5c des car- rolTes , qui l'arrefterent par les chemins , trois ou quatre heures plus qu'il ne penfoit. Elle aura veu derechef, comme au retour de fon audience fecrette, les frères de faSain&eténc voulans pas permettre qu'il les allaft voir les premiers, les vindrentvi- fitcr en vifitc folemnclle 5c publique, fuiuisd'vn grand nom- bre de coches 5c carrolTes îôc comme au mefme temps leurs I femmes vindrent vifiter Madame rAmbaiTadrice,auec pareil- le folcmnité. A cela donc i'adioufteray ,qu'eftans les frères de fa Sain£tetc prefts de fortir du logis de Mri'AmbaiTadeur, ie fus cfaduis qu'il les allaft conduire iufques àleurcarrofle , contre l'opinion de tous les autres confcillers, qui difoient, les vns que. cela ne fe deuoit point faire& que ce n'eftoit point la couftume, te que l' Ambafladeur d'tfpagne ( ce que toutesfois nous auons fçeu depuis eftrc faux ) ne l'auoit point fait : les autres qu'il fal- loir que Monfieut le Cardinal de Giury, qui eftoitauû*ien la chambre de Mr l' Ambafladcur, partift auec-eux '■> &c que MÔMieur l'Amballadeur, fous prétexte de l'aller conduire, les meneroiï . Ooo iij LES AMBASSADES îufqn^ç à l^wrCaroflc. I'opinUft-i ay Iç vwiicrairC.Sc fuufllua qu'- il leur falloir faire l'honneur que nous leur voulions faire à de- couuert,& fans le voiler du refped d'aucun autre ; Et dy tout haut, à ceux qui s'y oppofoient, Qu'à des gratifications extraor- dinaires, il conuenoit rendre des gratitudes extraordinaires: Et que puis que le Pape &fes frères >fortoient hors des bornes de la couftume,pour nous obliger,nous pouuios bic fortir hors des bornes de la couftume , pour lerecognoiftre : Et que quanta l' AmbalTadcur d'Efpagne , il ne nous importoit quoy qu'il eufl: fait: dautâc que s'il l'auoit fait , nous eftios beaucoup plus tenus de le faire, qui auiôs receu plus de carefTes de faSainctetés&quc s'il ne l'auoit point fait, nous eftions bié aifes que l'exêplc d'am- plifier l'honneur des frères defa Saincteté, començaft par nous. Cefte refolution rapportée comme elle auoit efté prononcée, obligea tellement les frères du Pape>&; faSain&eté mcfme,que le Ieudy 4 . de ce mois , le Cardinal Borghefe , fans attendre que Monfieur l' Ambaffadcur l'euft vifité, finon en priué,& au fortir de l'audience fecrette du Pape ; & fans attendre mcfme qu'il eufteu l'audience publique de fa Saindtetéjlc vint vifiterfolem- nellement , par commandement exprez de faditte Sain&eté, contre la couftume , non feulement des neueux des Papcs,mais I mcfme de tousles Cardinaux, qui ne vifitent iamais les Ambaf- I fadeurs publiquemét, qu'ils n'ayent efté les premiers vifitez par eux , en cefte forte. Le lendemain qui fut le Vendredy cinquief- I me de ce mois, M onfieur l'AmbafTadeur alla à l'audience folcm- j nelle de fa Sain&eté , aflifté d'vnc grande fuitte de NoblcfTe & 1 de carroffes, mais qui euft encore efté beaucoup plus grande, fi c'euft efté le Lundy ou Mardy enfuiuans, comme ie Teufle bien defiré. Car la rencontre de l'audience de l'AmbafTadeur de Ve- nife, quiefeheoitaumefineiour, &c la concurrence d'vnefefte qui s'y trouua, à l'occafion de laquelle les Daines de Rome a- uoient occupé la plus grade partie des carroffes, pour s'aller pro- mener, en diminuèrent quelque chofe.Neâtmoins encore eut- il plus de quatre vingts carroffes, &: vne infinie quantité de No- blefTeFrâçoife & B.omaine,auec la liurce de fes pagcs&eftafiers qu'il faifoit fortbon voir. Et cefte audience là, ie ne fus poinc d'aduis que Mrlc Cardinal de Giury , &moy ,1'accompagnaf- fions, par ce quci'eftimay qu'il eftoit plus honorable pour luy, & plus commode pour le- Pape , afin de fe pouuoir ouurir libre- ET NEGOTIATIONS. Liv. m. 476 Wcnt. qu'il y allait fcul ; & d'ailleurs que i'auois fçeu que cela ne fefaifoic point aux autres Ambaffadeurs , ft concernants les Cardinaux , de les auoir prefentez, lapremierefoiS en audien- ce fecrere, à fa Saindete Au moyen dequoy , i'interpreray que ce que Monficui le Cardinal deloyeufe enauoit fait , à l'endroit de Monfieur de Sillery, ç'auoit efté pour ce que Mon- fîeur de Sillery eftoit logé chez luy , lors de fa première au- dience publique ; & que ce que Monfieur le Cardinal d'Of- fatenam itfaità l'endroit de Monfieur de Bechune, c'auoitefte regardant à i'adion de Monfieur le Cardinal de Ioycufe , Se non à la caufe. Cela fut bien pris de fa Saindeté , qui en traicta beau- coup plus priuément auec luy, &: luy vfa de toutes les carefTes, &: ds tous les tefmoignages datïedion enuers voftreMaiefté, qui fepeuuentimagincr,luy disat par plufieurs fois, qu'il ne tié- droitqu'à V. M.& a fes Miriiftres , qu'ils n'cufTcnt d'elle, tout ce qu'rl en pourroient defirerjqu'il feroit,no feulemét pere comun (qui eftoit ce que Mrd'Alincourt luy auoit represetc que V M. fepromettoit de fa Sté.)mais mefmc, qu il feroit quel que chofe de plus, à l'endroitde V. M. & qu'ilneferoitiamaisricpourau- cun autre Prince , qu'il n'euft premièrement comencé par elle: & quac à fes ftercs,qu'il vouloir qu'ils fulTent feruiteur de V. M. & qu'ils eftotenc y (Tus demaiso affedtonee àlaFrace3&que s'ils eftoientautres illesdefauouëroit. au fortir de cefte audience, i'enuoyay auertirMrrAmbafladeur,que i'eftois d'au is qu'il allaft vifiterfolemnellemcnt les frères de fa Saindete : Mesraifonse- ftoient, quec'eftoient perfonnesfortpriuilcgiecs,&:quieftoien: quafi vnc mcfme chofeauccle Pape, &outrecela qui l'auoient- grandement obligé ; & d'ailleurs que cefte vifite ainfi faitte , au fortit de l'audience du pape , feroiteftimee comme vnade con- tinu, &: comme vne mefme vifite , auec celle du Pape • au moyë dequoy les Catdinaux ne s'en pourroient offenfer : là où s'il dif- feroit ceft office, aptes auoir vifite publiquement les Cardi- naux, ce feroit vne recognoilTance froide & tardiue : Mais ceux qui cftoient auec luy , furent d'opinion contraire,alleguaas que ce feroit faire tort aux Cardinaux, Se qu'ils s'en orfenferoient.Ie perfiftay neantmoins , & repliquay par ceux que i'yenuoyay, que ce neferoient pas les Cardinaux, qui nous eftoientaffedio- nez,qui s'en orTenfcroient ; & que quant aux autres , nousne 4cuions point mettre en balance;le {oin de leur complaire, auec O 00 iiij LES AMBASSADES ccluy de gratifier le Pape , &: les frères de fa Sainteté. En fin l ceux qui auoient efte de contraire aduis, changèrent la nuit > de confeilj&reuindrentàmon opinion.de fortequcMri'Ambafla- deur y fupplca le lendemain, éc les vifita pubhqucméc, s'excusât Cnucrs eux,dc ne l'auoir fait le iour preredenc, fur ce qu'il eftoit défia tard, lors qu'il forcit de l'audience du l'ape. Ilsreceurcnc cecomplimentauecgrandhonneur,apparat&i folemnicé. Etle iour d'après, i'eftimay à propos qu'il allaft vifiter leCardinal Al- dobrandin ,fans interpofer aucune autre vilice, encre celle des frères du Paps & la Tienne : mais en priuc,dautanc que les vifites publiques des Cardinaux, fcdoiuent commencer par celle du Doyen, il s'en fentic fore gracifié,&le tefmoigna par mille offres decourtoifie,enuers la perfonnede Mrl' Ambafladeur, &par milleproteftationsd'afTedion&dezcleau feruiccdeV. M. Le Lundy cnfuiuant , qui fut le huidiefme de ce mois , i'eu vne au- dience du Pape , où il me confirma toutes les mefmeschofes qu'il auoit dittes a Mr l'AmbafTadeur , & me monftra d'auoir vne grande fatisfadion de fa perfonne & de fon entretien,com- me V. M. le verra par les lectres que fa Saindeté luy eferic. Ce que ie ne me concencay pas, de fçauoir de fa bouche proprc,mais le voulu aulïi entendre de celle de fon Maiftrc de chambre, qui m'en rendit le mefme tefmoignage. Le preeexee de cefte mien- ne audiecc extraordinaire , fut pour faire rapport à fa Saindeté, de quelques commiflions qu'elle m'auoit données, touchant l'impreflion des liures de la Bibliothèque Vacicane, &c touchât ladifpuccdesIacobins&: des lefuites: mais la vrayecaufe en ef- fet, fut pour vn aduis que i'auois eu de Florence, que le Dac de Sauoy c auoit donné charge à Roncas fon Secrétaire , qui arriua le mefme iouricy,dcfc plaindre à fa Saindeté, de certaines cn- treprifes, que Mr de Lefdiguiere deuoit auoir, ou faites , ou fa- uorifees.furquelques-vnes de fes places. Autres difoient d'autres raifons de fa venuë,afçauoir que c'eftoit afin de demSder le cha- peau pour le filsaifncdu Duc de Sauoye.auquel le Roy d'Efpa- gne vouloit donner l'Archeuefché de Lifbonne , attendant que le fécond fuft en aage,que l'aifné luy peuft remettre l'vn &: l'au- tre entre les mains. Mais ayant eu ceft aduis de lieu plus affeurc, i'eftimay que i'y deuois faire fondemcnt:&pour ce me refolu de preuenir fa Saindeté, deuant que Roncas &c l'AmbafTadeur de Sauoy e eu (Tent parlé à elle.Ce qui arriua fi à tomps,que comme ET NE GOTI ATIONS. Liv.ih; 477 ic fortois de l'audience, ic les renconcray prefts à y entrer. A près doncauoir rendu conte à fa Saindecé, des commiffions qu'elle m'auoit données , ic changay de propos, & luy dy que Monfieur dcFrefnes, AmbaflTadeurdevoftrcMaieftéà Venire}m'auoitef- cric que le Comte de Fuentesrefufoitd'obeyrau commande- ment que L-Roy d'Efpagne luy auoit fait, de ceflTer la fabrique des forts contre les Grifons & les Vénitiens , fous couleur d'vnc entreprife qu'il alleguoir auoir efté faite par trois cens François, fur Bsllinzonc dont il difoit qu'il en tenoit cent cinquante pru_ fonniers : Pour réfutation de laquelle calomnie, Monficurdc Frefncsaaoït requis les Seigneurs Venities, dclefommer de les faire chaftier comme les perturbateurs du repos public;& auoic offert fi cela fe trouuoit vray,d'eftre le cent cinquace&: vniefme: Et craignant que les mefmes impoftures ne fulîent venues aux oreilles de fa Sain£teté,m'auoit prié de luy faire le récit de sô of- fre. Sa Sain&etc'mc refpodit qu'elle l'auoit défia fçeu, mais que cela s'eftoit tourne en rifce,&; que ç'auoient efté, ou fi&ions, ou terreurs paniques des tfpagnols , qui auoient» difoient-ils , pris l'alarme d'vn certain nôbrc de Bergeis , qu'ils penfoient de loin, eftre Soldats De là,commc par incidét,ie pafiay à l'autre point, &: luy dy que i'auois entédu que le Duc de Sauoye vouloit faire pareilles plaintes à fa Sain£tcté,fur vn certain bruit qu'il femoit, que Monfieur de Lefdiguiere auoit cflTayé de furprendre quel- ques, vnes de fes places : Sa Sain&eté me refpondit qu'elle en a- uoit eu aduis de (on Nonce, qui luy auoit eferit que les refusiez du Marquifat de Saluffes , s'eftans alliez auec aucun de Gencue, auoient eifayé de fe faifir de quelques places duDuc de Sauoye, &qucMonfieurde Lefdiguiere leur preftoitl'efpaule. le luydy qu'il pouuoit bien cftrc , que Moafieur de Sauoye euft fait don- ner ceft aduis à fon Nonce, afin de l'enubyer à fa Sain&eté , fuft ou pour couurir quelques bruits qui couroientd'vne entrepri- fe que les Efpagnols auoient faitte fur Beziers ,Narbonne, & autres villes du Lâguedoc ; ou fuit pour obtenir de fa Sain&cté, fous ce prétexte, la prologation des decimes,qui luy auoiét efté accordees,lc iour parte par le S. Siège. Il mcrefpondit en fe fou- riant , qu'il en pouuoit bien eftre quelque chofe. Ierephquay que ic croy ois en fomme , que ceftoit vn artifice , & qu'il n'y a- uoit nulle apparence que V. M. me vouluft faire des entreprifes couuetces,contrc le Duc de Sauoy e ,du quel elle auoit pris, il n'y LES AMBASSADES a que quatre ans,prefque tout le païs à force ouuerte; & qu'il ne luy eftoit point fi redoutable, que quand elle luy defireroit faire la guerre, elle ne la luy fift en Lyon3&: non en Renard Et là def- fus ie me mis à luy defpeindre la diuerfité des procédures de vo- ftre Maiefté , &c de fes predeceffeurs , d'auec celles de Monficur de Sauoye : Ec pour ceft effet , commençay par l'accord, que les François firent auec le feu Duc, de luy rendre fes places, lors qu'il auroit vn fils du mariage de Madame Marguerite; &: luy reprefentay comme ils auoient obfcrué fidelleméc leur promef- fe ,& les luy auoient rendues àlanaiflance du Duc,quieftau- iourd'huy: Etaprcs.cômele Roy Henry III. rcuenant de Polo- gne,tuy auoit encore reftitué,ou pour mieux dire,donnéPigne~ roi 6c Sauillan : 6c quelc Duc d'auiourd'huy}au contrairc,pour recompenfe de cefteobligation , lors qu'il auoitveu le Roy en peinesau lieu de ic mettre en deuoir de le fecourir,come fon pa- rent & bien-fai£Veur, luy auoit fu- pris 6c enlcué le Marquilat de Salulïes: 6c que depuis venant vers V. M. pourtraitter delare- ftitution ou recompenfe dudit Marquifat, au lieu d'y procéder auec fidélité 6c fincerité , il s'eftoit appliquéa prattiquer 6c fub- orner les fuiets de V. Maiefté,&: nommémëtle Marefchal de Bi- ron,pour confpirer nonfeulement contre fa Couronne, mais mefmecôtrefa vie: Ec ne s'eftoit point defide decefte pourfuic- te,pour la grâce que V. M. luy auoit nouuellemetfaitte, de luy accorder la paix,&: luy rendre fi franchement & libéralement la plus grand part de fon Eftat . A quoy recognoiflant que fa Sain- teté monftroitdadioufterfoy , ieie pris l'occafiondem eiien- dre tout demefme,furlesprattiquesdesEfpagnols , &luy dy que ce n'efteit pas chofe particuliereau Ducde Sauoye,mais commune àtous les ennemis de V. M.deprocederauecellede eefte forte -}&z qu'au mcfmetéps qu'elle auoit enuoyé le Maref- chal de Biron,en Flandres pour iurer la paix auec l'Archiduc, les tfpagnols auoient commencé de le tenter &: corrompre , par offres d'Eftats ,&: de mariages, pour coniurer contre la Couron* ne,& la perfonne de V. Maiefté : &c que ce qui eftoit encore plus eftrange en celte action , eftoit qu'eux, qui faifoient fi grande profelfion d'eftre purs de toute contagion 6c côfederation d'he- retiques, auoient traittc&negotiéaueccuxdevoftre Royau- me , &rccherché particulièrement le Duc de Bouillon ; pour le faire efleuer aumefmc cemj^contre V» M. & que dernieretne ET NEGOTI ATIONS, Liv.nr. 478 encore, fans reuererlabenedi&iondu S. Siège, efpandue fur la perfonne de voftrc-dite Maiefté, Se fur le contrat de fon maria- ge, ils auoienc fait de nouuelles pratiques , parmy vosfuiets, contre la vie de voftre- dite Maiefté, Se delà Reyne, &c de Mon- feigneur le Daufin. a cela fa Sain&eté me refpondit que ce n'e- ftoit pas le Roy d*Efpagne,qui eftoit autheur de telles entrepri • fes, mais que c'eftoienc de mauuais Se pernicieux Miniftres qu'il auoit, quifaifoientcesprattiques,àfondefceu.Icluy repliquay queielccroyois, mais que ny V. Maiefté, ny fes Miniftres, n'a- uoienciamais rien machiné de tel , à l'endroit d'aucunPrince. Il .me refpondir que voftre Maiefté eftoit trop genereufe,& fes Mi- niftres nourris en trop bonne efcholc , &tous les François en gênerai , trop courageux , pour vfer de telles procédures. Et de là , me coulant aux affaires d'Angleterre,ie luy remis deuant les yeux , combien les Efpagnols , qu'il vouloient eftre tenus pour feuls protecteurs de Religion Catholique, enauoient eu peu defoinenleurpaixauec les Anglois ,n'y ayant iarnaisfaitaucu- ncinftance pour les Catholiques; Se combien peu ils en auoienc encore maintenant , les abandonnants Se laiflants en proye, aux perfecutions du Roy d'Angleterre , fans s'interpofer en aucune forte, pour eux : au lieu qu'au contraire , voftre Maiefté leut fai- foit de iour en iour , tous les offices qu'il luy eftoit poffible , Se par fes lettres Se par fon AmbafTadeur. A cela il prit vn extrême plaifir. Ce que voyant, ie luy cxpofay ce que voftreMaiefté m'a- uoit commandé de luy dire atçauoir qu'elle auoit nouuclie- ment effacé de l'efprit du Roy d'Angleterre, l'opinion qu'on y auoit imprimée, que fa Sain&eté vouloit procéder enuers luy par rigueur Se feuerité , laquelle opinion voftre Maiefté efti- moit eftre tres-nuifiblc aux affaires des Catholiques de ce païs là , Se croyoit que le feul moyen , pour amender , ou a tout le moins, pourn'empirerpointlcur condition, eftoit la patience & l'obeiflance. Il s'en fentit grandement obligé , Se me dit qu 'il enremercioit voftre Maiefté, de tout fon cœur , Se qu'il la prioi: de continuer ces offices , Se d'affeurer ledit Roy , qu'il n'vfcroit enuers luy, que de douceur Se bienueillancc , Se qu'au refte il me donnoitfa parole, que pour les affaires d'Angleterre, il ne fe gouuerneroit , que par le feul confeil Se entremife de vo- ftre Maiefté , de laquelle il trouuoit , en ce cas , la prudence plus grande, ôdarTeft ion plu s fincere , que d'aucun autre Prince. ) LES AMBASSADES ïe me refioiiy de cefte refo!ution,&:eftimay la dcuoir entretenir & culciucr , tant pour ce que ie iugeois que la communication, qu'il faudroit que fa Saindeté euft auec voftre Maicfté,pour ce deiTein , qui eft aaiourd'huy la principale de Tes pallions , ferui- roit à eftreindre d'autant plus l'vnion>prattique& intelligen- ce de laditte Saindeté, &: de voftre Maiefté, que pour ce que îeconîiderois que file maniement de cet affaire tomboit entre les mains des Efpagnols , ils pourroientàTaduenture, fous pré- texte de ce traitté, mettre en croupe quelque autre negotiation pernicieufe &c dommageable au feruice de voftre Maiefté^ Et aufïi d'ailleurs , que ie fçauois que la chofe eft tenue par deçà, pour fi perdue Se déplorée , que quand il arriuera quelque bien- tout le gré en fera fçeu à voftre Maiefté , & quandils'y trouue- ra mille longueurs , trauerfes &c difficutez . perlbnne ne fera deceu de fon efpoir.Celafaiticluyparîay de l'erfonius, duquel il me réitéra la mefme affeurance qu'il auoit donnée à Monlîeur I'AmbaiTadeur , trois iours auparauant,afçauoir qu'il le feroit fortir de Rome. Delà, ie defeendy à la citation du Comte de Fuentes , dont l'auois tenu vn long propos , il y a près d'vn mois à fa Saindetef , fur l'aduis quei'enauoiscu de Florence, & fur la prière que le Grand Duc m'auoit faitte,de luy en parler com- me de moy • mefme , &c de luy remonftrer le trouble, que cela apporteroit à la Chrefticnté , auiourd'huy que les Turcs 8c les Hérétiques qui leur adheroient , eftoient prefque aux portes de l'Italie. Ayant donc repris de nouueau ce propos, ie luy dy , comme le reffentiment que fa Saindeté , &c le Grand Duc, &autres Princes, en auoientmonftré, auoit con- traint le Comte de Fuentes , de la- defaduoiier, félon la cou- ftume des Efpagnols.c'eftàdire, des pei formes fuperbes &: ti- mides toutcnfemble, qui eftoit de brauer quand on leur ce- doit , & de céder quand on les brauoit. Il me refpondit qu'il eftoit vray , &: que fur ce que ie luy en auois reprefente la pre- mière fois, il leur en auoit eferit, de fi bon encre qu'il croyoit quecelaauoitoperéquelque chofe. Et à la vérité , S 1 RE^ pour le moins a t'il opéré , quele Grand Duc, à qui ie fy fçauoir promptement la façon dont fa Saindeté l'auoit pris , & comme elle y vouloir procéder , s'enhardit de parler vn peu plus Kaut , que poffible il n'euft fait, & de déclarer par fon Agent, au Comte de Fueutcs, que s'il continuoic telles entreprifes , ET NEGOTi AtlONS. Liu.m. il ne luy manqueroit point d'amis & de parents >qui l'aideroicnt àdcfendre fa jurifdiction > pour la confcruation de laquelle il emploieroic iufquesà vn fcul poulce^ ce qu'il auroit de crédit,, demoiens& de vie. La venue de Mofieur d'Alincourtà Gènes, femblaauffi auoir rendulesGeneuois,encore plus hardis à mon- ftrer lercfîentiment de cette brauade, laquelle conjointe auec les comman Jcmccs, que l'on tient que le Roy d'Efpagne a faits au Conte de Fuences, de Te départir de la ccnflruclion de Tes forts.il ne fe peut dire combien elle a apporté de déchet aucre- ditdes Efpagnolsen Italic,&combienellea imprimé d'opinion, que pour les faire defifter, ilfurEc de monftrer de leur vouloir refifter. Quant au traitté du Regent de Pont , ie n'en parlay point à fa Sain&eté, n'y n'auois point efte d'auis que Monfieur l'Ambafîadeur luy en parlait , dautant qu'il feft pafle auec l'honneur &l'auantage du Pape , quelque bruit que les Efpa- gnols en ayent voulu faire courir. Car ilafallu qu'il ay t deman- de l'abfolution pure &: fimple, enprefenccdu Nonce deNa- ples &c de plufieurs notables affiftancs, & confeflfé d'auoir en- couru l'excommunication, & commis attentat contre la jurifdi- ftion Ecclcfiaftique. Chofeque les Efpagnoîs n'auoient iamais voulu permettre, fous les autres Papes : au contraire, lors que le Pape Clément eut fait décerner fon monicoire contre luy, le confeil de Naples, par ordre , comme l'on dit, de celuy d'Ef- pagne,luy fit faire defenfe , fur peine de crime de leze M. de de- mander ab(olution, daurant quela demande de l'abfolution prefuppofoitla confeflTiondu delit;5d laconfcfliondu délit, la renonciation à la iurifdiclion , laquelle ils prétendent au Royau- me de Naples, fur toutes les caufes mixtes. Et pour ce,auoient- ils négocié auecle Pape Léon XI. allie dudit Regent, qu'illuy donnaft vneabfolution conditionnée, & à cautcle, c'eft à dire, i fans qu'il recogneuft en auoir befoin, & fans qu'il la demandait. \ Mais ce Papeicy ,eftant inftaléau fainâ: Siège, ne voulut pas fuiure la mefmc trace :ains après l'expiration du monitoire,fit prononcer l'excommunication contre luy au lieu d'vneab- folution à cautele , & fans qu'il la requift , a voulu qu'il deman- dais l'abfolution purc& fimple, au Nonce de Naples, en pre- fence d'affcmblee notable , & confeflaft auoir encouru ex- communication, & promift de ne commettre plus pareils at- tentats :& que ie confeil de Naples paiTaft inftrumentpublic3 LES AMBASSADES par lequel il f obligeai pour luy , & pour Ces fucceffeurs , queîx- maisplus ils n'y retourneroienc. Cela, les Efpagnols l'ont trou- ué fort dan, nommément de ce Pape: Mais la crainte de venir à plus grandes ruptures , & s'enuelopper en plus fafcheufes diffi- culcez, les afaitpaffer outre, l'en ay fçeu l'hiftoire, tant par let- tres que i'ayveuës de Naples, que de labouche propredu Car- dinal Aldobrandin , duquel le Nonce de Naples eft parent &C créature. Ce propos , S l R E , me porteraà vous en reprefenter vn autre du mefme Cardinal Aldobradin, qui eft qu'au dernier Confiftoire, il me prit àpart, &me dit qu'il falloir que nous euffions l'œil aux frères de fa Sainteté ; & que pour la perfonne du Pape .elle eftoitfi bien difpoféc en uers voftreMaiefté, qu'il n'en falloir efperer que tout bien : Mais que fouuent les parents des Papes leur changeoient les cartes en la main, &leurfai- foient faire le contraire de leur intention : & qu'il auoit eu aduis d'Ëfpagne&de Naples, que les Efpagnols ayant trouué le Pa- pe plusduraufaitduRegentde Pont, &c en plufieurs autres oc- cafions',qu'ils ne penfoient,s'eftoient tournez à auoir leurre- cours à gaigner lesfiercsdefa Sainc"tcté:&quepourceft effet, T AmbaiTadeur d'Efpagne leur auoit fait de nouueau degran- des offres: & qu'ils iettoient principalement les yeux fur lepuif- né , qui eftoit homme plusaifé à prendre par les interefts. Ec Dimanche dernier l'eftant allé voir, pour conférer derechef, de ce mefme fuict , & m'informant de luy , quelle offre il feroit dauis deleurfaire , & par quelles perfonnes, il meditqueiuf- qu'icy, il n'auoit point fçeu que l'A mbaffadeurd Efpagncfuft defeendu à aucune offre fpeciale, mais feulement s'eftoittenu aux offres générales d' E ftats, d'appointements ôc de commodi - tez: Et que Monfieuil'Ambaffadeur,pour le commencement, pouuoit demeurer fur les mefmes termes : &: que cependant,il penferoit aux offres fpeciales, & aux perfonnes par lesquelles on les pourroit faire fonder. Neantmoins , il meJafcha quelque chofe de l'Ordre du fainft Efprit, auecvne annexe de penfion, pour en accompagner la dignité. Chofe laquelle combié qu'el- le fuit de grande réputation en celle Court,pour n auoir encore eftecflargieàaucuneftranger : toutesfoisic ne fçay s'ils fevou- droient engager fi auant que de l'accepter: mais l'effay n'en peue nuire , & principalement fi on cfuenteque les Efpagnols les v^ieillcnt obliger de pareille dignité. Le bruit qui court, que ET N E G O T I A T I O N 5. Lîu.ni. 4*1 le Pape doic enuoyer le ieune en tfpagne , pour foîiciter ic Roy d'Efpagne de fecourir 1'Empcteur , qui prefle extrê- mement fa Saincteté, nousa fait auoir dauantage d'efgard aux paroles du Cardinal Aldobrandin , & en donner plus prem- ptement aduis à voftre Majefté, laquelle pourra, fur cefta ouuercurc, prendre tel autre expédient qu'il luy plaira ,&nous faire 1 honneur de nous le mander. lime die aufli, qu'il pen- foit venir chez moy le iour mefme , pour m'aduertir que rAmbaffadeur d'Efpagne , Se le Cardinal Farnefc faifoient tous leurs efforts , de mettre la Secretairerie d'Eftat fous le Car- dinal Borghefe , entre les mains de l'Euefque de CafTan tf- pagne! paflionné ; Se m'aduiferde faireoffice pour y remédier: Mais que depuis , il auoit fçeu que le Pape s'y eftoit très bien porté, Se n'y auoit voulu col'entir en aucuneforte. Aucuns tien- nent que l'on y place Lanfranco, qui auoit efté pour ce mefme effet au Cardinal faincl George, fous le Pape Clément VIII. nuis plus dépendant d' Aldobrandin, que de fainét George quec'cft Aldobrandin qui l'y porte. Autres difent que les Efpa- gnols mefmes font fur le point de regaigner AldobiâdimEt l'ay appris de fa propre bouche, qu'ils l'auoient folicité d'acheter l'Eltat do Grauine,au Royaume dé Naples ; & luy auoient offert de le luy faire recouurer : Mais il m'a afTeuré qu'il n'y a point voulu entendre. Et à la vérité, iufquesicy , nous pouuons dire qu'il a marché de très bon pied , au feruice de voftre Maiefté , Se cfperons qu il le fera encore à l'aduenir, corne il le promet, aucc mille ferments. Et de cela, vne des principales cautions que nous en pui(Tions auoir eft l'eftroitte amitié Se intelligence de luy Se du Cardinal Delfin, quiefl tout fou entretien, & tout fon confeil, Se lequel eft fi déclaré pour le feruice de voftre Ma- iefté , qu'il en fait profeiTion plus ouuerte , que s'il eftoit François luy- mefme. ChofedontV. M. ne doit pas tenir peu deconte: Car auec le Cardinal Aldobrandin, elle a vn grand Se puiflantparty dansle Collège; & fans luy ne peut faire eftatd'y auoir rien d'afTeuré:daurantque les autres font fi intereiTezauec les Lfpagnols , ou pour le refpeft d'eux , ou pour celuy de leurs parents , que quelque bonne volonté qu'ils portent à voftre Maiefté, ils n'oferoient la déclarer ounertemit. Il con- tinue outre cela, a auoir toufiours grand crédit auprès du Pape, qui en fa confideration adcfiafaitdubien prcfque à toutes Ces LES AMBASSADES dernières créatures, ayant donné PEuefché d'Oruietce, au Car- dinal Smncli 3 , l'Euefché de Faence au Cardinal Valcnti , au- quel le Cardinal Borglufe va fucccder en la Secretairerie -.rE- uefchéd'Auerfa, au Cardinal Spinelli , vnc Abbaye, & vne. Com nmderie de quatre mille,efcusderente,au Cardinal Bu- falo,d-ux nailleefcus d'or de pcnfion fur l' Archeuefché de Tre- nvfe,au Cardinal Delfim&ainfià plufieurs autres. Qjâtau fur- plus des affaires, ie diray à voftre Majefté-^qu'ayât eu aduis qu'il fit craittoit icy deux différents, où i'ay creu qu'elle pouuoit auoir intereft: Yvn du procès des Chanoines de Verdun, auec leur Doyen : l'autre de la contention du Sénat de Fribourg , auec les Chartreux de la Part- Dieu } fituez au melme Canton y l'en par- la/ au Pape, & les fis remettre après la venue de Moniteur l'Am- bafïadcur , encore qu'ils fuffent défia furie point d'élire iugez. Du premier , Monfieur l'Ambafiadeur m'a dit que voftre Maie- 0:6 en eft amplement informée, du fécond , le fait eft que leSe- nzz de Fribourg defirant donner quelque recraitte à l*£ucf- quede Lofanne,dechafféde fon Siège par ceux de Berne > &: ûtablir vn Efpicopat au territoire de Fribourg :chofe que l'on cftime deuoir eftre de grande vtilité aux Catholiques de ce païs là, qui n'ont.aucun Euefché en toute laSuiffe, fit prier le Pape Clément, de vouloir affe&er la maifon de la Part-Dieu, à l'if pifeo par de Lofanne , en confideration qu'il n'yauoit que quatre Religieux, que l'on pourroit faire trâfporter en vn autre Chartreufe du mefme Canton , laquelle n'eft qu'à deux lieues delà Etde.nouueau encore, le mefme Senaten a fait fupplier&: pour fuiure très inftamment ce Pape icy .parle dernier Ambaf- fadeur de Suifte, qui cft venu luy rendre l'obédience , offrant de baftir vnemaifon Epifcopaleà 1 Euefque dans Fribourg, & luy appliquer outre cela , certain autre reuenu. Le General des Chartreux au contraire, maeferit , pour me prier de m'y oppo? fer, alléguant que c'eftoit chofeoù V. Mauoit intereft, pour ©ftre vnc maifon dépendante de l'Ordre des Chartreux , dont le chef eft fituéen France. Surceftecontention, i'ay fait différer l'affaire iufques après la venue de Mofieur l'Ambaffadeur, nô en intention de l'interrôpre ( car il y a apparence que c'eft vne bone œuure) mais afin que Ci V.M. pour quelque confideration , doit eftre couiec de rêpefcher,elle ait loifir?&le moié de le faire:Que fi au cotrairc^lle l'a agréable, ce-.foic e!le,& non la force d'vn de- crer, ET NEGOTIATIONS. Liv.III. 479 cret, qui y faceconfentirle General des Chartreux, &quienac- quierei'obligation,&furlePape , qui monftre de le délirer gran- dement , Se fur le particulier des Catholiques de SuifTe , Si. fur tout le gênerai de la Chrétienté. Ce pendant , ie fuppiieray tres-hum- blement , voftre dicte Majefté , lors qu'elle en traittera aucc fa Sain&eté, delà remercier de lafaueur qu'elle y a apportée, com« me aufîî de Iuy rend re grâces fort particulières , de l'honneur qu'el- le a fait faire à Monfieur de Berhune, àfon partement, quia efté accompagné de tant de foin, que pour cequ'vn certain Gouuer- neurd'Ancône, partifan des Efpagnols , y manqua, elleluy a fait, dire qu'il fcpouuoit bien mettre l'efprit en repos, & qu'il neferoît iamais employé en aucune charge , fon Pontificat : Et pareille- ment ,1a remercier des carefles qu'elle-a voulu eftre faittes,à i'ar- rkiée de Monfieur d'Alincourt , nouuel Ambafladeur de voftre Majefté Tqui ont efté telles, qu'ilya centans qu'Ambafladcur ne futreceuàRome, fihonnorablement. Elleluy enuoya hier deux Brefs, lvn pour les Archeuefques Se Euefquesde voftre Royau- me , afin de les falùer à fon nouuel auenement au Pontificat , & les -exhorter de mettre peine d'apporter quelque reformation aux mœurs, & à la vie, de leur Clergé; & l'autre pour voftre Majefté, afin de la prier de les y aider &fauorifer. le croy que voftre Ma- jefté aura contentement de les voir, Et fur cefte efperance3 ie clorray ma lettre , par prier Dieu, SIRE, qu'il la conferue longuement Se heureufement. D. V. M. De Rome , ce îj, Le tres-humble & tres'obeijjantfvjet Aouft , 1 6 05, & feruiteur. I. Cardinal dv Perron,' ARGVMENT. •3?» fartant de France , il le pria de redoubler , /// Çepêuuoitjourtàntour de luy y i% amitié qu il port oit à Monfieur de Pom"ufe , duquel ayant appris que depuis y il luy auoit rendu infinis téfmoignages de bien- ueilUnce ■ il luy en vfe d'vn honnefte & familier remer ciment. Ppp •4*o LES AMBASSADES A MONSIEVR LE MARQVIS DE ROSNY, Confeiller du Roy, en Ton Confeil d'Eftat, Superintendant des Finances, Se grand Maiftre de l'Artillerie, de France. En Cour. Onsievr, Vous me chargez tous les iourSjdetat. ^ de nouuelles obligations , qu'il faut que vous vous , preniez à vous-mefme , de l importunité que vous , receuez de nies remerciments. Tantoll: vous rte fa- uorifez en ma perfonne propre , tantoft en celle de mon frere,tantoft en celle de mes amis. De quelque cofté que ie me - tourne,toufiours grâces, toufiours faueurs. Monlleur de Pomeufe mra auerty que depuis mon partement,vous luy auez rendu infinis tefmoignagesde voflrebienueillance.il croid qu'outre faconfide- ration propre,la prière que ie vous fis en partant , de redoubler,s'il fe pouuoit,pour l'amour de moy,l'aminé que vous luy portiez,a en • core aidé à augmenter les eflfe&s de voItreafFc&ion en Ton endroit., le me glorifie de celte créances comme ie participe à l'obligation, des plaifirs qu'il a receus de vous, il me femblequeie dpy aufli con- tribuer aux remerciments qu'il vous en doit. le vous fupphe doncîv Monfieur,penfer que les grâces que vous luy auez faittes , me font communes,& que ie les refTens comme faittes à moy-mefme , tant l'amitié qu'il me porte,Scle feruice que tous deux vous auons voue, nous rend vnis,ou pour mieux dire,vne mefme chofe.Si vous eftiez' en païs de breuiaire , ie vous eferirois des nouuelles de Rome , &c des bons Se grands amis que vous y auez: Mais ayant fçeu que vous' eftes àTafTemblée de Chaftelleraut , où l'Office fe dit àlvfage de Genéue , iedifFereray ce deuoir , iufques après voftre retour à \x- Cour, auquel temps, ie vous en entretiendray amplement : Et ce pendant, demeureray, MûNSIEVR, DeRome,cei3, Aou{t,i6of, Vvflre très - ajfciïiônné à' oblige feruiteur. Cardinal dv Perron. £T NEGOTIATIONS. Liv.III. '481 AkGVMENT. Illuy mAnde !e\(ingtdier plaifr, que le Pape a prùj la letfure â'vne de fis lettre Sy&dc que Icju autre de M onfîcur de Beaumont s AmbaJJaàeur pour le Roy en Angleterre. A MONS1EVR DE F R E S N ES CANAYE, C O N- leiller du Royj€n Ton Confeil d'Efta-c,& Ton Ambaiïadeur. A Venife. MOnsievr, le communiqua-/ , auant-hier', voftrc lettre>au Pape,qui fut très- aife d'entendre de vos nou- ueJleSj&i monftrafe reffouuenir fortparticulieremët, delà communication 8c de l'amitié , qui auoit eftéSc ■eft, entre la Sainteté, Se vous; me parlant de voftreperfonne, auec beaucoup de louanges, &: detcfmoignages d'afFe£tion. le luy ay aufîî communiqué la lettre de Monlieur de Beaumont,raccompa- gnant du récit des vertus,qui illultrent l'efpritdont die eltlortie. il prit vn fmgulier plailii à la lecture de l'vne Se del'autre,& fît grand cas,desprudcnrscon!^ils&auisde Monlieur de Beaumont:fur lef- quels il me demanda le loilir de délibérer, Se me commanda de vous remercier tous deux,de ce bon zele, Se de vous prier de le cô- tinuer : ieluy prefentay aulTi la lettre de cebonperfonnage,dont vous me faifiez mention , ôtlaluylailTay , pour la lire Se méditera loifir. Ce que i'appi endray de celte refolution , ie ne failliray de le vous faire fçauoir,afin d'en auertir Moniteur de Beaumont auquel ce pendant,vouspoutrez donner auis de cequi s'eltpalTéj&m'inlî- nuer,s'il vous plailt,en fes bonnes graces,que i,eltimeinfiniment;8£ aux voftrcs , que iefaluè de mes bien-humbles recommandations, & prie Dieu, M o n s 1 e v RjVous auoir en fa fain&e Se digne gardé. De Romc,ce 20. V ojlretres-ajfetiionnê Aoult,i6o$. feruiteur. T. Cardinal dv Perron, LES A M B AS S A DES A RG V ME NT. Auufe de deux congrégations , & dvnwyage , il écrit feulement a fa. M aie fié ^ touchant quelqu es breuets & argent , que Monfieur le Car- dinal de loyeufe luy auoit lai/fez, -, ejr le bruit delà re/olution d'vn nombre de Cardinaux. AV ROY HENRY LE GRAND. IRE, Deux congrégations , qui Te font rencontrées fur le point de la defpefche de ce Courrier , aufquelles le Pape m'a commandé d'alîifter,&: vn voyage que Mon- fieur l'Ambaffadeur ma prié de faire, pour le feruicede voftre Majeftéjmedifpenferontdeluy efcrireriende Tes affaires, pour çefte heure s'eftant mondit Sieur l' Ambaffadeur , chargé de s'a- quiterdece deuoir, pour l'vn&: pour l'autre, &c de reprefenter à voftreMajefté, tous lespoints dont nousauons conféré. Seule- ment diray-ie à voftre Majefté, que par le premier ordinaire, ie îuy rendray conte des -breuets &c argent, que Monfieur le Car- dinal de loyeufe m'auoit laiffez entre les mains, 8c remetrrayle refte , entre celles de Monfieur l'Ambaffadeur, fitoft qu'il aura acheué fes vifites , qui fera dans vn iour ou deux ; diligence extra- ordinaire, &ino-uyë en celle faifon : car perfonnene penfoit qu'il les deuft acheuer en moins de deux mois. On luy auoit au com- mencement, rapporté que fur le bruit de la vifite du Cardinal Borguefe , & du Cardinal Gallo , ils s'eftoit fait vne congrégation & confpiration , entre vn nombre de Cardinaux, qui s'elroien't "donnez la parole, qu'aucun d'eux ne le vifiteroit , qu'il n'euft elle vifité par luy ,1e premier : auquel cas, fi la chofeeuft cfté véritable, mon aduis eftoit qu'il vfaft du commandement , que le Pape luy auoit fait , de demeurer douze ou quinze iours chez luy , deuant quefe mettre à commencer les vifites des Cardinaux , afin de sac- couftumer peu à peu , à l'air de Rome, pendant lequel temps , nous eufîions fait qu'vne douzaine de nos amis , euffent rompu cette Sfrrigue, Se le fuffent venus vifiter. Mais me voulant auparauanr, bien informer de la vérité du fait , ie'trouuay que cela n'eftoit . f Qiaî, Et pourtant, il fe refelut à faire les vifites du Collège , incon- ET NEGOTI ATIONS LiV. m. 48j rinent après celle du Pape & de fes ncueux , & y a procédé fi dili- gemment , qu'il eneft prefques à bout. Si toft qu'elles feront finies, ie luy confi gneray le relie des breuets & de l'argent de voflre Ma- jeité:Etfurcela,luy &moy,attendronsles nouueaux commande, ments.qu'il vous plaira nous faire,apres auoir oùy les auis de Mon - fieur le Cardinal de Ioyeufe , &: de Monfkurde Bethune. Etce- pendant ie prieray Dieu, SIRE,qu'il vous conferue longuement & heureufement. D.V.M. De Rome,ce Z3. Le tres-humhle & tus obeyjfant Çuiet Aouft,i6o$. & feruiteur. I. Caxeinal dv Perron. ARGVMENT. Il éclairât deux ou trots points , concernant le Cardinal Borgkefe , auec lequel par fa vigilance ^ Mon fieurt Ambajfadeur efl le premier , qui trattte auec luy .comme ayant la charge des affaires des Trimes. A MONSIEVR DE VILLEROY , CONSEIL- 1er & Secrétaire d'Eflat, En Cour. Oks iev r , I'auois bierecogneu ce qu'il vous a pieu me remarquer en la lettre que le Roy m'a eferité, afçauoir, que la difficulté que faifoit l'AmbaiTadcui d'Efpagne> de traitter auccle Cardinal Valenti , etfoit peur mettre le Pape en neccflité de faire vn de fes parents , Cardinal ; eftimant par ce moyen, que ledit Cardinal luy auroit l'obligation de fa pro- motion^ ne confidei at pas,qu'outre l'cfFenfe qu'il faifoit au Car- dinal Aldobrandin , &au Cardinal Valenti, le Pape ne poui:oit trouuer cette procedurcfinon fort inciuile & indiferette. Et pour- tant,afinqueleRoy euft auffî fa part du gré de cefte picmotiomie me refolu depreutnirfa Saircteté , & Jtfy dire que Mcnfieur d'A- lincourt anoit cemmandement expies de fa Majefté, deîafupplier de donner le Chapcau,au Cardinal Borghefe;& que iem'aflèurois que leplusgrâd defplaifi^quilreceuoit de l'inccmmcdité dutéps, qui l'ai refloit par les chemins , eftoit qu'elle l'in pcfchoit de faire ceftoffice,aLflî-tcfrqucfa Majeftél'auoit defîré. Depuis. Monficur l'AmbaiTadcui e fiant arriué icy,ielepiiay decôfiimer lesmefmes chofes,àfakinfteté;&Iuy tefinoignerle commandement exprès* Ppp iij |?4 ES AMBASSADES ■ qu'il auoit eu du Roy.de luy faire cefte prière : Etlefoir dedeuarrt la première audience .publique , de mondit fieur l'AmbafTadeur, i'enuoyay chez le Cardinal Borghefe»dire à fon Maiftre de cham- bre,qui eû fort de mes amis, que ii le priois qu'il me mandaft, fi au- cun A mbalTideurn'auoic poinc encore commencé à traider d'af- faires,auecJe Cardinal.Borghefe,par ce que non feulement, fi cela auoit efté commencé, nous defirions continuer , mais que s'il n*a- uoit point efté commencé.nous defirions commencer , & en faire les premiers , l'ouuerture au Pape, il me manda que l'on n'auoic ■point encore comniencé,& que fi nous fai fions cefte pointe,&com' mencions les premiers, à en parler au Paf e , &àob:enir de'.uy, cette licence ;, nous obligerions grandement le Cardinal Bor- ghefe. Sur cela , i'enuoyay vers Monfieur l'Ambafiadeur , le ■prier qti a la fin de fon audience, il ne faiiliftpas de fupplierle Pape, detrouuer bon qu'il allaft trai£terauecle Cardinal Borghefe. Ce qui reufiit fi heureufement,que le Cardinal Borghete s'en relTentic incroyablement obligé. Mais ces deux dernières particularitez-là, ie ne les ay point voulu efcrire au Roy , par ce qucleschofes qui concernent la négociation del'Ambafiade , iljfaut qu'elles foienc attribuées à Monfieur l'Ambaifadeur feul: &: fans qu'on voye qu'il y ayt de la fuggeftion d'aucun autre. le le feruiray en toutes occa- iîons,auec la meime affecl:ion,que ie vous ay promife,&: en recom- penfe de Iaquelle,ie vous prie me tenir, Mo nsi e vR,pour De Rome.ce 23. Voftc trcs-affec~ïionnc .Aouft,ï6a$. _ (eruiteur. I. Cardinal dv Perron. ARGVMENT. il communique au P aperce qu'il a pieu à fa Maie/lé luy efcrire des affaires et' Angleterre ,dr de la difpute des Ptres lacobms & le fuit es. Ce que fa Sainc7ete luy en dit, & luy commande. Diuifion entre les Catholi- ques Anglais: Moyenspropofezpour l 'appât fer: Difficultés contraires: Et le remède à y apporter. Achapt mis en auantydela Principauté d'O- r ange s. Deuis auecle Cardinal Aldobrandin. Eftre aimédvn homme de bien fuppofe infailliblement preud'hommie .L'vniqn du Duc de Sa- uoye,auecle Roy ,tres-vtile pour la liberté du Sainc~tSiege,&de l'Ita- lie. F ijîte & office du Cardinal Delfin. Recherche du Pere Ctgaldcaufe ET NEGOTIATIONS Liv. III. 4Sf en après de la reconciliation du Cardinal Aldobrandin , & du Gêne- ra/des lefuttes. Voyage à Fra/cati.Excu/e du Cardinal M ontalte^au Roy d'Efpagne.Prtfe auecle Cardinal Conti , & rai/ons de la prolon- gation des places,aux hérétiques. Nonciature de SauoycMiguéc, Que pour entretenir la paix entre les Prtnces Chrefltens^ les Nonces datt- pres d'eux >n en doiuent eftre partiaux .Le Duc de Mantou'é, à Home. Conieclures dereuocation de l 'Âmhjfadeur d' 'Efpagne:Et dégou^re- ceu de luy,par{a Saincleté.Rsnras, ait bruit commun ,party malcon- tent d'elle,. AV ROY HENRY LE GRAND. IRE, le fuppléeray par cefte leure,à la briéueté de celle que ie vous efcriuy par l'autre ordinaire.Mardy vingt-troi- fiefrne du moispafTe, i eu vne audience du Pape, en la- quelle iecômuniquay à fa Sain£tetc, ce qu'il auoit pku à V. M.m'efcrire de fon auis,touchant les affaires d'Angleterre , &c laditputedes Pères Iacobins, & Iefuites. Il prit l'vn &cl autre con- feil,en fort bonne part>&: remercia par plufieurs-fois, V.M.des of- fices qu'elle luy auoit faitSjd'erFacer de l'cfprit du Roy d'Angleter- re,les finiftres impiefïions5qu'on luy auoit données , de ion inten- tion : Et quant au fait de la dilpute, monftra d'approuuer fort l'opi- nion de V.M.qui eftoit d'eflayer de la terminer par voy e d'accord; & me commandatju'en la première congrégation , qui fe tiendroit fur ce fuiet,i'en mifie quelque chofe en auant , Se viiîes'ily auroic moyen de pouuoir prendre ceft expédient. le luy communiquay au(Ti3fur le propos des affaires d'Angleterre,deux lettres ; qui m'a- I noient efté enuoyées de Venife,l'vne de Monfieurde Beaumont,à Monfieur de Frefnes:&: l'autre de Monfieurde Frefnes,àmoy5 ac- compagnées d vn troifiefme,qu'vn certain Docteur d'Angleterre cfcriuoit,parleur addieiTt, à fa Sainteté. Le but defdites lettres» eftoit d'efteindre la diuifion,qui eft entre les Catholiques A nglois, les vns obcïiîants à rArçhipreftre , gouuerné par les Ieluites; & les autres appellants de la puifTance mal adminiftrée dudit Archiprcfrrc : Se leur auis commun^ pour la fuppreiïion de ce d if- ferent, eftoit d'eftablir quelque nombre d'Euefques,aufquels,ny les appellants , ny les lefuites , nepourroient faire difficulté d'obeïr. le luy leu volontiers ces lettres , pour ce qu'elles eftoient eferites auec beaucoup de prudence, £c de diferetioni Se monftroient lé 4M LES AMBASSADES foimque les feruiteurs de V.M.ont,de l'auancemcnt de la Religidn Catholique,en cette Prouince- là,Sc nommémét, pour ce que celle du Preftre Anglois , autresfoiscogneuicy, de fa Sain&eté, eftoit toute pleine de louanges, des defportements de V. M. au fait de la Religion,&:deblafmesdcceux desEfpagnols ; Etaufliquemoy- mefme auois fait cefte ouuerture auPape,dés le commencement de fon Pontificat, l'eftimant vtile , non feulement pour le bien de l'E- glife,mais encore pour le feruice de V.M. dautantqueleparty des Iefuices,en cepaïs-là,dépenddc Perfonius, & antres inftrumcts de la faction d'Efpagne. Sa Sain&cté me rcfponditque le Pape Clé- ment auoit toujours fait difficulté d'entendre à ceft expédient, craignant que cela n'excitait vne plus grande perfecution,en An- gleterre,contre les Catholiques. le luy reliquay,au contraire, que celaferoit pour ladiminuer,dautât que tous les hérétiques en gene- ral,eftoient beaucoup moins animez contre le nom des Euefques, que contre le nodesIefuires,lefquels ils croyoiét fe mefler trop p'us derEftat,& delà vie des -Princes.que le refte de l'ordre Ecclcfiafti- que:voiremcfme>quelenomd Euefque, eftoit encore demeuré en quelque reuerece, parmy eux:Et qu'au lieu qu'ils rejettoient & ab- horroient le tiltre de Preftre,à caufe qu'ils tenoient , qu'il n'y auoit point de facrifice en la Religion Chreftienne; ils honoroient & af- fe&oient celuy d'Euefque.Et partant, qu'ils feroient beaucoup plus retenus,enleurperfecutions, contre les Euefques , que contre les fimples Preftres,&: notamment,contre les Iefuites. A quoy i'aiou- ftay que n'y ayant point d'Euefques en Angleterre, il ne fe pouuoit faire de Preftres, furies lieux; ains falloir quexeux qui vouloient eltre promeus à Tordre de Preftnfe,le vinfent prendre deçà la mer: Dontrefultoient deux notables inconuenients : l'vnque celaem- pefchoit la multiplication des perlonnes Ecclefîaftiques,en Angle- terre^ cauic des frais, périls, & incômoditez , qu'il leur falloir fouf- frir , en palTant &c repayant la mer : L'autre , que ceftecom- munication, qu'ils vënoient prendre icy,auec les étrangers, les rendoit puis après fufpe&s àlcurs compatriotes , comme ayans efté corrôpus,& fubornez,de ceux par lefquels , ou auec l'aide defquels> ils auoient receu les Ordres: Et par ainuvque te voyois beaucoup de bien,en l'auis qui eftoit propofé,&n'y trouuoisqu'vne feule incom-, modite* , qui eftoit que les Euefques Proteftants d'Angleterre dont plufieursfauorifoientcouuerrement,laReligionCatholique,alIait- t ez,poflïble,de lefperâce d'eftre confirmez par les Catholiques,eft ET NE&OTI ATIO NS. IrvC IIÏ. 4g? leur dignité, perdraient celt efpoir , lors qu'ils verroient que fa Sain&etéen conftituëroit d'autres, en leur place. Mais que le re- mède qui fe pourroit apporter à cela , feroit d'en mettre feulement, au lieu de ceux qui font mariez,lefquels font def-ja hors d'efpoir de pouuoir conferuer en la Religion Catholique, leurs Euefchez,&: leurs femmes , tout enfernble. Sa Sain&eté prit le temps d'y penfer: au bout duquel , félon le commandement que iereceuray de voftre Majefté , ie continuèïay , ou abandonneray , cefte pourfuittt. De là , nous tombafmes fur plufieurs autres propos , entre lefquels , fa Saincteté me parla du fait d'Oranges , dont elle auoit def-japrié Monfieurle Cardinal de Ioyeufe,d'elcrire à voftre Majefté. Ieltfy reïteray les mefmes afleurances, que voftre Majefté auoit com- mandera Monficuri'Ambailadeur , de luy donner. Etfur ces entre .- faittes, elle m'enchargeafort deprier voftre Majefté, defa parc» que pour le moins , durant celle expédition, les fujets du Comté d'Auignon, nefufîent point foulez &c trauaillezdu logement des gçnsdeguerre. Ce que ie luy promis d'accomplir parla première occafion. Elle me ditaufli, &c l'auoit défia dit à Monfîeur l'Am- balfadeur, & long- temps auparauant, luy 5c moy l'auionsfçeu, d'ail- leurs^ auions concerté ce que nous aurios à refpondre fur cefte af- faire; que le Vicelegat d'Auignô , luy auoit fait tenir quelques paro- les, d'achetter ledit Oranges,mifes en auant, corne il fembloit, de la p u r du Sieur de Blacon : Mais qu'à cela , ny à aucune autre chofe de rebelle n'y entendroit iamais, qu'elle ne fuît alTeurée que ce fuft l'in- tention, &lcvouloir de voftre Majefté. le luy refpondy, corne auoit fait Monfîeur l' A mbaiîadeur auparauant , que nous defirerions que ceftacqueft tombait en la maind'vnde fes frères: croyant que fa Sainteté , & fes frères , s'ils venoient à le fçauoir , ne fe fentiroie"nt pas moins obligez dVne telle refponle, laquelle cependant, trou- | ueroit par deçà beaucoup plus d'obftacles , Se de difficultez : Et ajouftay que quant à l'intention de voftre Majefté, il ne falloit point ' dourer qu'elle n'euft aggreable, &c n'afTecfcionnaft tout ce quipou- uoit apporter contentement à fa Saincteté: mais que la chofe ne def- pendoitpas entièrement de la nue &fimple volonté de voftre Ma- jefté , dautant que les habitans d'Oranges , qui eftoient de Religion contraire, prendroient incontinent l'alarme, de ne pouuoir eftre conferuez fous fa Saincteté, en leur liberté : Au moyen dequoy, les hérétiques de France, comme liez & alfociez auec eux, ne le jar, dei. oient iamais de remuer pôc altérer fous ce prétexte la paix <ÎJH» 3 LES AMBASSADE & tranquilité publique.Gequefa Sain&etérecogneuteftrede gran- de confideration. Peu après, ie fu voir le Cardinal Aldobrandin, pour luy renouueller lesaiTeurances , qwc V. M. m'auoit comman- dé de luy donner de fa part. Ce que ie fis, auec les plus expreffes paroles, que ie peu , luy reprefentant que V. Majefté ne defîroit riendauantage,-quele moyen d'effectuer en fa perfonne, la grati- tude des obligations, qu'elle eftimoit deuoirà la mémoire de Ton oncle. Il merefponditqu'ilauoittoufioursefté,& feroit, très af- fectionné feruiteur de voftre Majefté , Se que fon ambition , de luy Se de toute fa maifon , eftoit de viurefous le nom Se la protection de voftre Couronne , Se qu'il rendoit infinies grâces à voftre Majefté de ce qu'il luy plaifoit la luy promettrez defpartir fi fauorablement. le luy repliquay que voftre Majefté ne fe contentoit pas de ces offres générales , mais defîroit auoir quelque occafion particulière, pour luy fefmoigner fon affection ; Se qu'ayant efté auertie qu'il n'auoit pas trouué à propos, d'accepter les marques de fa bonne vo- lonté, en forme de penfion, elle defîroit fçauoir quelle autre voye il auroit aggireable , pour en receuoir la preuue , Se les effets : Et que s'il luy plaifoit s'en ouurir à moy , ie m affeurois que ie ferois vn fer- mée tres-cher «à V. M. de le luy reprefenter. Il me refponditque d'offre déterminée de penfion , il ne fe fouuenoit point , qu'il luy eneuft efté faitte aucune, depuis la mort du Pape Clément comme auiîîilmefemble ,quelorsqueMonfieurde Bethuneluyen parla, ilfutd'aduisden demeurer furies termes généraux, dautant que voftre Majefté n'auoit point exprimé difertement, fa dernière re- folution, touchant la îbmme : Mais que quand, Monfîeur deBe- thune luy en auroit fait quelque offre precife , la méfme confidera- tion, qui l'auoit conuiédeluy rendre, fur les offres générales, la refponfeqn'il luy auoit rendue, l'auroit auffi conuié de la luy ren- dre fur les fpeciales ; afcauoir , queplufieurs de fes créatures , qui le fuiuoient encore , moitié gré , moitié force , pendant qu'il n'eftoit point engagé , par intereftd'vtilité, auec aucun Prince, &pouuoic roufiours couurir fes intentions , en la concurrence des defirs de V. M. du voile de la liberté du fiege Apoftolique, prendroientec prétexte, pour fefcparer de luy , s'ils levoyoient lié auec quelque Prince, par dépendance dinterefts de commodité : Neantmoins, «ju'iinerefufoit pointles grâces de voftre Majefté, mais differoit d'accepter les effets de fa bien -ucillance, à vn autre temps. Là déf- ais, ieluyreïteray cequeieluyauoisdcfiapropofédésle temps du ET NEGOTIATIONS. £ï£ III. 4g9 Pape Clément, Se leluy auois répété plufieurs fois depuis, afçauoir quecequ'ilnepourroit accepter, en fa perfonne, il lcpourroiten celle de fes nepueux : 8c que ce ne luy feroit point , parauenture , vn mauuais confeil , d'en eftablirausc le temps , quelqu'vn en France: Que là , il y auoit des fiefs du domaine engagez , lefquels ie croyois que V. M. permettroit volontiers, qu'il defgageaft au nomdel'vn d'eux : & qu'en cela voftre Majefté luy pouuoit faire vne gratifica- tion , qui l'incommoderoitpeu , & neantmois , luy feroit de grande importance , afçauoir , de les luy engiger de nouueau , pour les luy rendre aftkirez , & luy donner quittance du furplus de la fomme de l'engagement : En quoy faifant, ilacqueroitplus , pour cent mille efeus , en Fiance , qu'il nefçauroit faire pour quatre cents mille , en Italie , où fes acquefts ne luy reuiennent qu'à deux pour cent: Et qu'au refte,ilfetrouueroit,poflible, des fiefs de cefte qualité, és Prouinces voifines de Lyon : auquel cas, il en receuroit prefque aulTi commodément lereuenu , que s'ils eftoient deçà les monts: Outre ce que plaçant vn de fes neueux, en voftre Royaume, V. M. auroit moyen de l'auancer par mariages , offices, penfions &: autres fembl;ibles grâces : Et d'ailleurs, que pour luy mefme, ilpourroic auec le temps, arriuer des faifons telles en Italie, que les acquefts qu'il auroit faits dans le païs de vofti-e Majefté , où défia le Cardinal Sain& George auoit la Légation d'Auignon , ne luy feroiempoiat vncmauuaiferetraitte, ayant autres fois la France feruy d'vnbon port à plufieurs Cardinaux Italiens, durant les perfecutions qui leur auoient efté m eu es en Italie. Il me monftra de prendre vn ex- trême gouft , à toutes ces paroles , Se me dit que fes neueux eftoient encore îeunes , mais qu'il prioit V. M . de luy conferucr cefte bonne volonté , pour en vfer en temps &: lieu : Et qu'vn îour , il feroit tres- aifedeconfigner la perfonne, &z la fortune de l'vn d'eux, entre les mains de voftre Maj efté j&cl'enuoyer en France, viure &c s'habi- tuer fous elle ( ce que ie fupplie voftre Majefté, de tenir tres-fecret) & que cependant , il m'afteuroit que non feulement il n'accepteroit aucune penfion, des Efpagnols, mais mefme, qu'il n'acquerroit rien qui fut en leur iurifdittion i qu'il auoit acquis ce qu'il auoit peu trou- uer à acquérir, dans les terres de l'Eglife, &c que hors les terres de l'Eglife , il n'y auoit rien voifin de Rome , qu'il euft peu recouurer, fans toucher aux fiefs des Efpagnols, que dans l'Eftat du Grand Duc- Mais a^ue le grand Duc l'auoit traitté de telle forte , qu'il luy ç>7 4*6 LES AMBASSADES auoit oftétout defir. Et là-deflus, il fe mit à me difcourir fort au * long , des deportements du Grand Duc , en fon endroit ; Se me dit qu'il ne fçauoit où il auoit les yeux , luy qui en fecret , monftroit de haïr tant les Efpagnols, de ne voir pas, qu il faifoitleur ieu , en le perfecutanc , Se prenant à partie , commeil faifoit : dautant qu'il n'y auoit point de doute , que fi auec les autres grands partifans , que les Efpagnols auoient défia dans le Collège, comme Farnefe, Mon- taîte,Sforce, Aquauia, Sfondrat, Se autres- femblables teltes,ilfe îoignoit encore à leur fa&ion > ils nefuffent maiftre s du Collège, & de toute Rome ; Se confequemment > en chemin de deuenir aifémét après , maiftres de toute l'Italie. Ce propos finy , ie luy en entamay vndu Cardinal Deti, dont la caufe fut, que nous auions eÛé auer- tis qu'il eftoit mal content de luy : Si que fur ce-bruit , les Efpagnoi s le folicitoiânt , Se luy faifoient des offres , pour l'attirer à leur party. Or nous confeilloit-on de les preuenir, &d'eflàyer de l'engager ks premiers, par traitté de penfion, q,u autre intereft. Ce que ie n'eftimay pas à ^propos de faire , que premièrement , nous n'en cumins fondé l'intention du Cardinal Aldobrandin, de peur que fi nous entreprenions cefte affaire, à fondefeeu, il nepenfaft que nous luy voulufTions desbaucher fes créatures.. A cefte occafion donc ,ie me refolu de luy en parler auparauant , Se luy dis que nous auions entendu que ledit Cardinal Deti auoit quelque méconten- tement de luy >Sc que les Efpagnols; fur ce fondement, eftoienc après à le gaigner , 6c que s'il le trouuoit à propos , nous eiTayerionsi de les preuenir , Se de l'engager par quelque gratification . En quoy. faifant , non feulement nous empefeherions les Efpagnols de le tirer à eux , mais mefme ie tiendrions toufiours joint auec luy ; eftac: fintention de voftre Majefté, que fes partifans Se créatures, ayent la mémoire du Pape Clément, *: le bien dudit Cardinal Aldobran- din , en aufîî grande recommandation , que fon propre feruice:: mais que nous ne Fauions point voulu faire , fans le luy communi- quer. Ilmerefpondit quilnous remercioit tres-affe£tionnemenr,, decefoin&decerefpeft; & que s'il fe voyoit defèfperéde lepou- uoirrecouurer , il nous en auertiroit, afinq*u'il tombait pluftoftem aos maîns, que desEfpignols: Mais que iufques alors ,il n'en eftoit point encore horsd tfpoir : Et partant, que nous l'obligerions de différer iufques à ce qu il nous auertift qu'il en fiift temps, dautant- que s'il fefentoit recherché de nous , il en la charge delà Secretairerie , &: que ce Pape icy, a mis auprès du Cardinal Borguefe , pour lemefme effet. Orfufmes-nousfolicitez, lorsqu'on l'y voulut mettre, de nous y oppofer, écdeTy trauerfer: dequoy ie ne fu aucunement d'auis, rant pour ce qu'il y eftok porté par le Cardinal Aldobrandin, & que ceux qui nous pouffoient à faire l'office contraire , encore qu'ils fuMent feruitcurs de voftre Majefté, eftoient confidents de perfon- nesennemiesd'AIdobrandin, quepoureeque nousne nous poll- uions déclarer ouuertement , contre luy , dautant qu'il auoit efté miniftredu Pape Clément, & defpendant d'Aldobrandin : & de ie choquer àdemy , s'il venoit à reufîîr , c'eftok en faire vn ennemy de voftre Majefté; au lieu qu'il proteftoitd'eftreferuiteur de voftre ditte Majefté, & de fes feruitcurs , èc particulièrement de Mon-» iieur de Villeroy. le ne laiftay pas neantmoins, de penfer en deuoir dire vn mot au Cardinal Aldobrandin , afin qu'il feeuft que la con- fiance que nous auions en luy, eftok fi grande, que pour fon ref- pc& , nous auions fermé les oreilles aux défiances qu'on nous auoit. voulu donner, de Lanfranc,& aux moyens qu'on nous auoit of- fert, de le trauerfer ; nous affeurant que luy > qui nous auoit auifez,. pour empefchei -que l'Euefque de CafTano, comme mal affe&ionné à voftre Majefté, n'euft la charge de la Secretairerie, ne voudroit paseftrecaufe d'y faire entrer vn autre, qui fut tel. llmerefpon- ditpremieicment , qu'il y auoit grande différence entre lafaçon, dont on propofoit d y faire entrer l'tuefque de CafTano, &: celle dont ceftui-cy y entroit: dautanfqu'on y vouloit faire entrer l'Euef- que de Taftano, comme maiftre &r ordinateur de la Secretairerieî Jà où ceftui cy y entre comme fimple clerc , pour exécuter , &non pour ordonner, Ec fecondement , qu'encore qu'il euft quelque affeftion,& obligation particulière à Martion Colona , neant- moin< il n'eftoit en gênerai, aucunement amy des Efpagnols. le me comentay decefterefponfe,me fouuenant d'vne autre, que fit le fieur Tiiam, Secrétaire François du Cardinal Sain Ct George , au Secrétaire de Monficur 4e Bethune,lôrs que 1 arnuay icy. *> furie Q^q.q il] 49> LES A MB À S SÀDES tefmoignagequeieluy auois demandé, d-e l'affection d'vn Secré- taire Italien , qu'on me voviloit donner ; qui fut , qu'il auoit efté amy intime de Monfieur Lomelin ,Se qu'il eftoit recommandé par Lanfranc , qui eftoit plus François , que les François mefmes. Cela côiointauecce qu'eftant du temps du Pape Clemët,fousle Cardinal S . George, qui inclinoit lors plus aux Espagnols, il defpêdoit neant- moins du Cardinal Aldobrandin , acheua de m'en ofter tout fcru- pule. Car quant à la condition d'eftre Parmefan, il y a plus dePar- mefans affectionnez à la France , Se memoratifs des obligations du Roy Henry fécond, &:qui auec le changement d-e l'affection de leur Prince, n'ont point changé la leur; que d'autres. Orque ce- ftui-cyfoitdecenombre,ilfemble qu'il en a donné quelque preu- ue , en ce qu'en la querelle du Cardinal Aldobrandin , il afuiuy fon party contre le Cardinal Famcfe , & le Duc de Parme. Delà , il me iettafur le propos du paffagede Monfieur de Bethune, par Thurin, Se me dit qu'il auoit regret , que cefte veué' n'auoit apporté plus de fruit, comme les promettes du Duc deSauoye,en auoient donné l'efperance ; mais que pour cela, il n'eftoit pas d'auis que voftre Ma- jefté exclud le Duc de Sauoye , de tout efpoir de fepouuoir reilnir auec elle: qu'il recognoiftbit de grandes difHcultez en l'affaire, pour ce que voftre Majefté auoit beaucoup de iuftes défiances , Se le Duc de Sauoy beaucoup d'iniuftes prétentions Se efperan- ces: mais qu'il falloit remédier aux des - fiances de voftre Ma- jefté , par ne la recercher de fe fier , que fur bons gages, Se en bail- lant chofe pour chofe : Se aux efperances du Duc de Sauoy e, en retranchant la fuperfluitédefes prétentions, & enluy faifantre- cognoiftreque le fruit de cefte vnion tournoit plus à fon auantage, qu'à celuy de voftre Majefté. Que quant à luy , il defiroit extremé- men t, que cefte affaire peuft reiïftïr , comme eftant tres-vtile pour laliberté , non feulement du fainct Siège , mais de toute l'Italie : Et que pour fon particulier , s'il y pouuoit eftre bon en quelque chofe, il y feruiroit fort affe&ionnement, officiellement , voftre Majefté ayantà cfperer toute faneur Se protection d'elle Se n'attendant , ny ne pouuant rien attendre du Duc de Sauoye. Ces propos , auec au- tres femblables , qu'il m'auoit tenus , plufieurs iours auparauant,me firent iuger qu'il auroit fort aggreable d'eftre l'entremetteur de cefte negotiation. Ce que i'eulfe eferit long-temps y a, à voftre Majefté, n'eftoit que ie voyois les affaires en fî bonne main, file Duc de Sauoye fuit voulu entrer enrecherhes raifonnablcs , qu'il ne fe pouuoit délirer mieux ,afçauoir, en celle de Monfieur de ET NEGOTIATIONS. Lrv. Ifl. \n Buthune. Mais ayant entendu qu'il n'auoit pas fçcu , ou voulu vfer de celle occaiion, i'ay penfé eftrc de mon dcuoir , de repre- fenter à voftre Majefté , les propos que le Cardinal Aldobran- din m'auoit tenus fur ce fujet : defquels il ma femblé auoir recueilly que quant à la fecretefTe de l'affaire , il pourra eftre traitic icy plus fecrettement, qu'en lieu du monde, n'ayant point l'Ambafladeui' de voftre Majefté , Se celuy de Sauoye, à s'entreuoir pour ccft effet : mais feulement celuy de Sauoye, à voir le Cardinal Aldo- brandin , &: le Cardinal Aldobrandin , celuy de voftre Majeftc : Et que quant à la recherche ,1e Duc de Sauoye fera toujours recher- chant , Si voftre Majefté recherchée , lors qu'elle confentira à pie- fter l'oreille aux proportions , que le Cardinal Aldobrandin luy fera de fa part : Et que quant à l'auantage des conditions , le Cardinal Aldobrandin aura plus de pouuoir de tirer du Duc de Sauoye , des offres raifonnables , Se plus de crédit pour fe faire auouër &z authorifer, après les auoir propofées , qu'aucun de fes Miniftres : Et quequantaudefîrde faire reù/îlr l'affaire , il en aura toufiours plus qu'aucun des negotiateursdu Duc de Sauoye, tant pour !e zele qu'il monftre auoir à la liberté d'Italie , Se pour la haine qu'il porte aux Efpagnols , qui- le perfecutent iournellement; qu'aufli poftible , pourl'enuie de reparer vnpeu le mal qu'on luy impute d auoir fait aux affaires de deçà , fous prétexte de la confer- \iariondelapaix,en fauorifant& procurant la defertiondu Mar- quifatdeSalulTes. Le lendemain, afin de le mainrenir de plusen plus, en la bonne intention, en laquelle ie l'auois lailTé enuers voftre Majefté , i'allay trouuer le Cardinal Delfin , qui eft fon plus fecret & principal confident, en matière d'affaires d'Eftat , ôckiy expofay le defir que voftre Majefté auoit , de tefmoigner fon affection au Cardinal -Aldobrandin ; & luy dy que pour ceft effet, elle m'a- uoit commandé de recognoiftre comment elle le pourroit gra- tifier , Se que i'en auois défia parlé audit Cardinal Aldobran- din : mais que iene meftois pas contenté de cela , ains l'auois auffi voulu prier de faire le mefme office , &: d'effayer de defccuurir deluy,enquoy il aimeroit mieux que voftre Majefté l'obligeait, croyant qu'il s'en ouuriroit plus librement à luy ,qu a moy, ny à au- cun autresE>eux ou trois iours après , il me vint voir , Se médit qu'il auoit fait l'office que i'auois déliré de luy , Se que le Car- dinal Aldobrandin luy auoit monilé d'eftre merueilleufemenc content de voftre Majefté 3 Se qu'il auoit oiiy les propos 4 Se que s'il fe pouuoit , il le feroit ; & que quand mefme rl ne fe pourroit pas -, fi nous le défilions, il le feroit, Se qu'il preten doit femonftrerferuiteur déclaré, &: decouuert, de voftre Ma jeflé , 8e ne vouloit point eftre, comme Iofeph d' Arimathie > difciple fecret, pour la crainte des Iuifs. Depuis encore , la femaine paffee»lors\ qu'il partit pour alier à Frafcati, il dità Monfieur l'Ambafladeur, en fe licentiam de lu y , que fi luy& moy, l'y voulions aller voir, que nous y ferions les très bien venus. le nefu point d'auis de refufer ceft offre, pour ce que c'eftoit vn moyen de l'engager toufiours d'autant plus, àfedeclarer lié d'intelligence, Se de conuerfation, t auec les feruiccurs de voftre Majefté : mais ie defiray fentir de luy auparauant , fi c'eftoient feulement paroles de courtoifie , ou fi c'eftoit qu'à boivefcient il euft ce voyage pour aggreable ; & le prier de conuderer, fi cela n'exciteroit point quelque ombrage , qui peuft eftre pernicieux à fes affaires. Il me répéta derechef, qu'il youloit marcher la tefte ieuéc , au feruice de voftre Majeftë, & qu'il necraignoit point , ain-s defiroir que tout te monde fçetiftla feruitude , qu il auoit auec elle , Se la conuerfation , Se familiarité, •qu'il auoit auec fes Miniftres. Et le lendemain encore , me fit dire parle Cardinal Dclfin , querïulrefpe&nenous retint, de luy faire ceft honneur , à la veuè de quiconque en voudroit parler. &: que nous y ferions les plus que très defirez , Se tres-bien venus. Toutes ces confédérations , S IRE , me donnent efperance que voftre Majefté pourra faire beaucoup d'eftat , de l'affection du ET NE G OTI AT IONS. Uv. ÏIV. j^j 'Cardinal Aldobrandin , Se fans qu'il luy foit befoin, delong-temps, d'entrer en de grands frais , pour l'entretenir. Chofe que ieftime cftrede merueilleufe importance , pour le feruice de voftre Ma- jefté laquelle ne fe peut alteurer d'auoir aucun party formé&de- claré à Rome , finon entant qu'Aldobrandin demeure vny aucc elle. CarquantàMontalte, la froide &; maigre réception, qu'iU faicte à Monfieur l'Ambafladeur , èc la façon dont il s'eft porté depuis le dernier Conclaue, doiucnt exclure voftre Majefté, de toute efpsrance d'en tirer iamais aucun feruice public & defcouuerr, Qu'ainfi foit, non feulemct ilaefcrit au Roy ;d'Efpagne,p>ours excu- fer de ce qu'il auoit fait, touchant le Cardinal Baronius , maismef- mcil a allégué en fes lettres, le Cardinal d'Auila, pour tefmoin qu'à l'heure propre qu'il alloit a Baronius, il lauoit enueyéauenir kpi^il ne craignift point , &r que ce qu'il en faifoit , n'eftoit point pour faire le Cardinal Baronius, Pape , mais feulement pour diuertit l'élection de Tofco. De cela , on m'aofïert de me faire voir l'origi- nal de la lettre propre , qui a eflé renuoyée icy , par le moyen , com- me ie croy , de la Comtcflè de Lcmos. Et défait , depuis cefte fàtis- faction donnée par Monulre , au Roy d'Efpagne , fon frère a eftè" cree Prince de Venafre,au Royaume de Naples & ne fe nomme maintenant plus , le Marquis Perctri , mais le Prince Peretti : qui eft encore vnnouueau lien , pour rempefeher de le pouuoir déclarer pour le feruice de voftre Majefté. Car quant à fes créatures , encore qu'il y en ait queLques-vns , dont nous ferions fortafleurez , s'ils ve> noient au Papat : néanmoins pendant qu'ils font Cardinaux , il ne faut pas cfperer qu'ils facent autre chofe , que ce que fera Montaltee pour ne perdre poitu l'efperance d eftre portez de luy , au Pon- 1 tificat. Voila ce qui s eft pafle de principal, depuis le tempseorc par le commencement de ma lettre , iufques à la réception du I dernier paquet de voftre Majefté , -qui fut Ieudy , premier iour Idece mois : à l'ouuerture duquel, nous confultafmes , Monfieur \ l'Ambaftadeur 8c moy , fur le fait de la prolongation des Ailles» idont voftre Majefté nous efcriuoit ; &: fufmcs d'auis que dés le pro- ichain iour d'audience , -qui cftoit le lendemain , il en donnaft. auis à faSain&eté, afin qu'elle n'en fuft point preuenuc par d'au- tres. Ce qui me rendit plus hardyà l'y exciter > fut que preuoyant bien d'vn cofté , que voftie Majefté trouueroit encore , pour ceûe heure , beaucoup de difficultcz au recouurement de fes ... Rrr H 498 LES AMBASSADES places , & de l'autre , recognoiffant que lesEfpagnols fe difpofoienf de faire leur profit de cette prolongation, fi elle arriuoit , &: de l'im- puter à la volonté, &: non à la neceflïté des affaires devoftre Ma- jefté y le m'eftois efforcé , plus de deux mois auparauant , de pre-- prcrlesefprits du Pape, 8c de tout le Collège, à y conceuoirde grandes dirricuïtez à enefperer encore pour celte fois, pende fuccés: voire mefme , en auois eu vn iour , vne efpece de prife auec le Cardinal Conti , qui m'en piquotoit ; 8c eftois venu iufques a-luy dire , que voftre Majefté auoit acquis , & à bon droit, vne fi grande réputation de prudence, entre tous les Princes de la Chré- tienté, qu'elle fçauoit mieux qu'aucun autre, iugercV rechercher cequieftoit vtilepour Jebiendefon Royaume: Se qu'il n'y auoic perfonne , à qui l'affaire dela*veddition de (es places, importait tant,- qu'à elle , & à Monfeigneur le Daufin , fort fils : 8c que la plus-parc deceuxquimonftroientdeladeiirer , ne ladefiroicntquc parpre* texte, 8z pour ioiiir du trouble, qu'ils cfperoienten deuoir reu/Tir?. ii voftre Majefté fentreprenoit à contre-temps; Là où,elleladc- i!roiuàbonefcient,maisnc la defiroit pas galter&: reculer, enja précipitant :ains lalaifTer venir à maturité 5c opportunité. Et par- tant , que tout ce qui fe pourroit faire , pour ceft effet , excepté d 'en* trer en vne gurre ciuile , dont le Royaume efloit trop fraifehemenc ibrty , V. Majefté le feroit: mais que d'efmouuoir vne guerre inte- iline , pour les auoir, c'eftoit le chemin de ne les auoir pas , ains d'en' relafcher encore d'autres ^comme il s'eftoit veu en tous les traittez' faits par le feu Roy ; là où il auoit toujours fallu qu'à la fin de cha- que rupture, il leur eult donné plus déplaces defeureté, qu'ils n'en- auoient auparauant: dautantquepar la guerre ciuile, les Hérétiques saccroiffoientdeforce&departy, en France, plufieurs des Ca- tholiques fe rangeants auec eux, Se les Princes de dehors mefme, leJ* fomentans.- cequieftoit de Catholiques, feparez des Hérétiques,, fe diuifants encore entre eux , les vns contie l'Eftat, les autres pour fEftat : Làoùpar la paix,rherehe fe fonâoh, confumoit, &de- ftruifoit d'elle mefme , pardant fon ardeur , Ces chefs , fa difeipline, & fes intelligences. Sur Tes fondements donc, guei'auois cômencé déjetter, il y auoit défia long-temps, en l'efpritduPape, & vicia plus-part du Collèges nous refôïufmes Monfieur l'Amba/iadeur, &"moy, qui! en donneroit lauis, fansremife , a la Sain&é : mais qu'il la'mo'iliroitj&prepareroit auparauant -pnr le récit des mar- ques eVaffcÉticn & de gratitude en ion endroit , dont les lettres de ET NE GOTIAT 10 NS. Liv: m. 499 voftreMaieftéeftoient pleines: &entreautres chofes, parlarefo- imion ,qu 'elleefcriuoitauoirprifed'cnuoyer icy MonfieurdeNe- uers, laquelle iefçauois, comme aufli ilarriua, deuoir eftre extrê- mement aggreable a fa Saincleté. Etdautant queie voyois que les paroles, dont voftre Majefté vfoit, pour exprimer Tes refTentiments enuersfa Sainfteté , eftoient fi bien Se induftrieufemcnt couchées, Se fi lignifiantes, énergiques Se éloquentes» qui ne fe pouuoitrien de mieux; ie fu d'auisqueMonfieurrAmbaifadeurluymonftmfl: le propre texte des lettres de voftre Majefté , aux lieux où elle par- loit d'elle. Cequifucceda fi heureufement, que fa Sainte, en les oyant Se voyant lire Se interpréter, fe fondit Se détrempa toute, en affection Se bienueillance entiers voftre Majefté, & ne fe put tenir d'en déclarer fon contentement, au Cardinal Borghefe,&*à plufieurs autres. A la (bitte de ces préparatifs , Monfieur l'Ambaf- ladeur attacha le difeours de la prolongation des places, Se l'accom- pagna des raifons, qui au oient meu voftre Majefté, à les laiffcr en- core pour quelque temps. Ce qu'il fit il à propos , & auec tant de dextérité , comme toutes les autreschofes qu'il a entreprifes iufques iey , que le Pape en demeura tres-fatisrair , Se approuva grandement la prudence de voftre Majefté.- A quoy neferuit pas peu , la procé- dure que Monfieur de Bethune a tenue en cefte Court , Se la repu- ration qu'il y a laiflee , de n auoir iamais mis en auant , que propos, véritables , laquelle opère encore tant maintenant , que l'on aioufte plus de foy aux fimples paroles des Minùftrcs de V. Majefté , qu'aux ferments des autres. Lundy dernier, ie fu à l'audience du Pape*, pour quelques commiftions, qu'il m'auoit données , Se aufli pour m'acquitter du commandement que voftre Majeftém'auoit fait, de le remercier des carcfFes, dont fa S ain&eté auoitvfé a l'endroit de Me/fieurs vos AmbafTadeirrs : là où ieluy reïteray les mefmes cho- fes, que Monfieur l'AmbafTadeur luy auoitdittes, Scelles queie peu imaginer de moy-mefme, fur la prolongation desplaces: Se luy reprefentay que V. Majefté preuoyant l'orage d'vrie ligue, quife rramoit, : par les menées du Marefchal de Bouillon , entre les héré- tiques d'Allemagne Se de Hongrie , Se ceux de France Se d'Angle- terre , dont on vouloit faue le Roy d'Angleterre , chef, Se à laquel- le , plufieurs Catholiques , Se dehors Se dedans le Royaume , pré- voient aide fous main,pourpouuoirietter leur filé en eautroub!e:& eftant aduei tie des terreurs , quonauondcnnées, à cefte fin, aux peuples des villes hérétiques» qu'elle les Youloit perfecuter, fous R- r r uj 5oo LES AMBASSADES ombre de la faneur , qu'elle monftroit aux Iefuites , 8c de-I'eflroittc vnion , qu'elle procuroic d'auoir auec le S. Siège: & fçachant qu'on les-auok incitez à luy dem.indcr , outre la prolongation des villes, plnfieurs autres conditions déraifonnables , pour luy forger vne querelle d'Allemad, 8c auoit fujet de prendre les armes; Elle s'eftoit refoluë dedifliper cefte nuée, Seau lieu dehuiétou dix ans, de pro- longation, qu'ils exigeoient, comme il les auoient eus l'autre fois, leur en accorder quatre : pendant 1 efquels , leur party acheuerok de fe diflbudre ; leurs chefs, corne ils failoienc tous les iours , ou mour- foient,ou feconuertiroient ; voftre Majefté fe fortifieroit, 8c Mon- feigneurleDaufincroiftroit. Aquoy i'aiouftay ce que voftre Ma- jefté cfcrkiok, du bon deuoir que Monfieur de Rofny y auoit fait, lime confirma ce qu'il auoit dit à Monfieur rAmbafTadcur,afçauoir quTlnepouuoit , finon app routier grandemenr en cela, la prudence de voftre Majefté . & qu'il auoit vne telle confiance de fon affection, 8c de fon zele au bien de la Religion Catholique: qu'il eftoit afleurc que lors qu'il feroit temps de fairece qu'elle auoit diffère , elle le fe- roit. Et quant à Monfieur de Rofny , il fut tres-aife d'entendre la fa- çon, dont il s'y eft comporté , pour la grande cftime qu'il fait deluv, non moindre que celle qu'en faifoitle Pape Clément, &: pour l'a- mour particulier, qu'il porte à Monfieur de Bethune, Apres cela, ie luy parlay de laNonciaturedeSauoye, cnlaqu:lle i'auois fçeu,il y a quelque temps, que le Cardinal Farnefe vouloit faire entrer à toute force, vn nommé Simonet© , Efpagnol pailîonné; & que le Cardinal Aldobrâdin s'y oppofoit, tant qu'il pouuoir,&: la briguoit pour vn appellé le Sieur Cofto,hôme bien affe&ionné à voftre Ma- jefté. Meu donc deceftaduis, ie pris la hardieffede luy dire que i'auois recogneu qu'vndes plus grands defirs de fa Saincteté , eftoit de conferuer la paix entre les Princes Chreftiens , pbur lequel effet vndes meilleurs moyens eftoit de tenir auprès d'eux , des Nonces non partiaux , 8c qui ne defpendiflent que d'elle : Mais que fi cela eftoitrequis ésCourtsdes autres Princes,il eftoit encore plusne- ccfïaireen la court du duc de Sauoye,qu'en celle d'aucun autre:dau- tant qu'il eftoit fitué fur les confins des Eftats de voftre Majefté,&: deceuxdu Royd'Efpagne; &nedeuoiteftreimbu que deiuftes&i équitables confeils, pour fe maintenir en vnion, 8c bonne intelligé- ce,auecfesvoifins. Il merefpohdit que pour la NonciattiredeSa- uoye,s'ilypouruoyoit, il eftoit engagé de parole, de la bailler à Simonexo, te que le Cardinal Farnsl'e la luy auoit demandée pour ET tfECOTTATIONS. LU III. 50/ iuy, dés le foir mcfme de fa creation;&: le lendemain leluy auoic amené, pour l'en remercier : Maisquece qu'il pouuoit faire en cela, eftoit d'y biffer celuy qui y eftoit,&: ne l'en rappeller poinr. le de- meuray fatisfaitdecefte refponfe,tant pour ce que le Cardinal Al- dobrandin nous deuroit l'obligation , d'auoir exclus celuy qu'il en vouloir débouter, &r d'y auoir maintenu celuy qui y eftoit , qui efl vn homme dépendant deluy, afçauoir,lePerePaul,Thcatin,que voftre Majefté vit & oiiit prefcher à Lyon que pour ce que le mef- inePerePaul, maintenant Euefque , fe fendra obligé à nous, d'y auoir efté continué , & que nous l'ayons préféré à vn autre. Quant au refte des nouuelles delà Court de Rome ; cefte lettre eft délia û longue , que ce feroit en faire vn liure , que de les y vouloir ajoufter. Le Duc de Mantouë a efté icy, Se alogé chez le Cardinal Montalte, où excepté la vifite qu'il a faitte du Pape, il n'a vifité,ny efté vifité. de perfonne , finon du Cardinal Borghcfe , & du Cardinal Monti, & des frères de fa Saincteté ; Monfieur l'Ambafladeur l'ayant veu en vn lieu tiers, mais comme par forme de rencontre. On tient qu'il a recommande l'Euefque de Mantouë , pour le Cardinalat. L'Am- baiîadeur d'Lfpagneeft fur ie point cTeftre reuoqué , & enuoyé, félon aucuns, Viceroy en Sicile. Ce que l'on iuge par autres con- jectures , mais particulièrement , par ce que depuis peu de temps en ça , il fait couftume dedeclamer contre la Court de Rome, Se die qu'il n'y eft pas bon , Se qu'elle ne luy eft pas bonne , damant qu'il y faut des gens difîimulez, 6c qu'il eft tout plein de fincerité. Il s'eft paffé ces i ours vn affaire entre le Pape Se luy, qui a donné vn grand defgouftdeluy , à faSaintteté ; pour vne vacation de mille cinq cens efeus de bénéfices, qu'il a extorquée d'entre les mains d'vn des alliez du Pape, prétendant fur vne refponfe indifférente, en auoir eu lapremiere parole de fa Sain «frété. La commifTign , quiauo:t efté donnée au Viceroy de Naples , pour l'obédience , a efté depuis , re- mife en'fcn option : qui eft vncômencementdereuocation,pourla faire tôber entre les mains du Duc de SeiTe,duquel on parle diuerfe- mét:Car les vnspenfent qu'après auoir rëdiil'obediëce, il demeure- ra Ambalfadeur refidét,arin de reparer, par fa diferetiô Se modeftie, cequccel'ui-cyauroir gaftc*par cÔditionscontraires;ayatslesEfpa- çnols recogn ;u que les chofes dot ils auoict blâmé leDuc deSeife,&: pour lefquel les ils Fau oient elefauoriféà fon retour en Efpag. & luy auoient reproche qu'il aïK irefte Ambaffadeur,nondu Roy d'^fpa- gne,maiiduPape;afçauoir,faprudéceA counoifie;sôtplusvtiles en R ri iiij pi LES AMBASSADES. cefte Court , que leurs gloire, brauades,&: infolenres. Les autres croyent, q'au fortir de l'obédience, on l'enuoyera à Milan, au lieu du Comte de Fuentes , lequel pour fon honneur ,ne veut point dé- faire les chofes qu'il a faittes ; & le Roy d'efpagne , pour la nece%é de fes affaires , eft contraint décommander 8c procurer , qu'elles foient défaittes : combien que les Gazettes difent que le Viceroy de Naples,celuy de Sicile ;& le Comte de Fuentes, font confirmez «pour trois cents ans , en leurs Gouuernements. L'AmbafTadeur d'Efpagne a enuoyé en Efpagne , Mancino , lequel fous prétexte de feruir le Cardinal Doria , de Conclauifte, fert de Conclauifte gage, au Roy d'Efpagne; afin de remettre fur le Cardinal d'Auila, la faute de ce qui eft arriué en ces deux derniers Conclaues, pour n'auoir pas voulu fe gouuerner, fuiuant les aduis dudit Ambafladeur, ny croire Mancino , qu'il luy iuoit donné pour confeil. Ledit Ambalîadeur -fe plaint encore fort , du Çardinal Farnefe , & delà façon dont il fe comporta , au premier Conclaue , pour le faict du Pape Léon , luy reprochant qu'il luy auoit manqué, non feulement comme à fon :amy particulier, &c parent, &qui s'eftoit engagé pour luy, enla quereilequ'il auoit eue contre Aldobrandin.Le bruit eft, que Ron- cas eft party mal content du Pape, pour ce qu'il n'a pas voulu accor- der le Chapeau, & la.prouiïion de l'Archeuefché deLisbône , au fils aifnédefon M âiftre; à condition de les remettre puis après , entre les mains du fécond , lors qu'il fera âge. Le voyage d'vn des frères du Pape en Efpagne , eft ou rompu , ou fort refroidy . Le Roy d'Ef- pagne fait à cette heure , de plus grands efforts , que iamais, pour recouurer ce qu'il penfe auoir perdu de crédit, -aux deux dernière Conclaues. Le Cardinal Borghefe eft entré en la charge du Cardi- nal Valenti , &c continue toufiours , à faire grande profefïion de fer- uitude , à l'endroit de V. Majefté. Monfieur l'Ambalfadeur luy en eferit les particularitez , 8c les chofes que nous auoris eftimées eftw vtiles , pour le confirmer en cefte volonté. I'auois remis à cefte def- .psfebe, de rendre^onteà voftre Majefté, des brauets&: de l'argent que Monfieur le Cardinal de Ioyeufe m'auoit lailîez : mais la hafte de terminer cefte ennuyeufe lettre, me fera différera vne autre fois, ,bc prier par mefme moyen voftre Majelté , de trouuer bon que do- rénavant ie luy efcriuc moins amplement defes affaires, tant par cequ'ilmefembie eftre démon deuoir , derefigner h principale partie de ce foin, à Monfieur i'Ambaiïàdeur , que pour cequele Pape me donne plufieurs commuions , ayant efté de puis trois ET NEGOTÏATIONS.. Liv. IIÏ. saj iouçs,occupc en cinq,tant Congrégations, qu'audiences > que pour ce qu'au fli,voftre Maiefté m'a commandé de finir mon liure ,à J'acheuement duquel il eft déformais temps que ic mettent main» Cependant, ie prie Dieu , SIRE, la confcmer longuement & heureufement, D.V.M. A Rome, ce 7. Litres -humble & tres-ahetjfant fliet Septembre, 160^ &fermteur. î. Cardinal dv Perron, ARGVMENT. Il rendante exaff au Royjes Breuets ejr de t argent qui luy ont efle laif- ÇcZéfAf Monfieurle Cardinaldt Ioy:ufe:efcritâfa Maie/le la plainte dn J 'a pe, touchant Lafin\& exalte les feruices de l' Archeuefque d'Vrbmi qu'il dit parler autant somme [a modcfliefe taift. AV ROY HENRY LE GRAND. tfjgglRE, I'aucis remis à cette defpefche,le foin de rendre conte à "^"^ voftre Maiefté , des breuets &: de l'argent, qui m'auoitefté îaifle par Monfieurle Cardinal de Ioy eufe. Pour le fait donc des breuets, i'en ay mis vn de mille cinq cens efeus fur l'Archeuefché d'Auch, entre les mains du Cardinal Gallo, fuiuant l'intention que mondit Sieur le Cardinal de Ioyeiifc,,& Monfieur de Bethune, luy en auoient donnée. Pour le fait de l'argent, peu après le partenient idemondic SieurleCardinaldc Ioyeufe,le Cardinal Beuilaquafe IdifpoCint pour faire vn voyage en ion Gouuernement , me fit prier de luy acheuer de payer l'année, dont Monfieur de Bethune , ily a ûx ou fept mois, luy auoit auar,c4 la première demie année , me re- Sff 3o4 LES AMBASSADES prefentant qu'il ne reuiendroit de plufieurs mxà$i à&ônie ; Se que cela luy ayderoir à acheuer de nettoyer quelques debtes , auint Ton jiartemellt.îccreun'y deuoir point apporter d^ d fficultc, pour pki- lieurscaufes, mais entre autres , pourceque,peuauant que Mon- fieur de Beth.ine s'en allaft, le Cardinal Vifconti'auoit effayé de le diuf rtir de la penfian de voftre Maiefté , Se l'aupic follicité d'en re- Ceuoir delà part dès Efpagnols: luy alléguant que voihe Maiefté n'offroitfespenliimsaux Cardinaux, que pour les engager, & qu'a- près le premier terme, ils n'en auroient iamais rien: d'autant qu'a- ies tirer des Benenujrs , ils rc.ncontreroient mille reilftances, ob- itacles&-dirBculrcz ; Se à lesauoirdcs Miniitres de voftre Maiefté, ils trouueroient faute de fonds, dés le fécond payement. Cela fut caufe que ieme reibîu de luy fournir l'autre demie année, montant fept cens cinquante efeus, lefqucls i'eftimay luy deuoir fournir en fept cens cinquante elcusd'or, Se fans rabbatre les changes, pour ce qifainlrauoirfair Monfieur de Bethunclors du premier payement:- Seulement les luy fy- ie fournir en doubles piftolets d'Italie , où il y auoit vn foui de mpins.tie perte par efeu , donr il reuint douze ou treize e feu s de.bon, à vo Are Maiefté s qui furent peu après donnez àyn Courrier , que l'on cnuoya en diligence , a Ciwkà vecchij porter la defpefchepourle Nonce d'Efpagne. Depuis, lé Caïdinaj Gallome fit parler pour le payement delà fiènne.tnquoy, dés de- uant que Monlieur i'Ambaiïadeur arriuaft , le penfay ne le d-e- uoir , ny pouuoir traitter autrement , que le Cardinal Beuila- qua -, fansduy donner quelque couleur de mefeontenrement. Et pour ce , ie luy promis que ie luy en auancerois demie année, Se luy fournirois l'autre , à Noël, l'en dirfc*ray neantmoins l'exécution , iufques après la venue de Monfieur l'Ambanadeufij afin que s'il fe trouuoitàfonaduenement , quelque autre defpen- fe plus preflee» npusla peuflions préférer : mais depuis, m'ayant fait fommer delà prcmeiTe que ie luy auoisfaitte , iay efté d'aduis, auec le cojtifeil de Monfieur l'AmbaiTadeur , de l'accomplir , Si continuer encore à luy confirmer ma parole , pour Iè terme de Noël: fi toutesfois,voftre Ma^fté n'en ordonneautrement, parla rcfponfe qu'il luy plaira de me faire.Lereftcdc ce qui me demeure- raentreles mains , ces parties acquittées, Se lad efpenfed'vn nom- mé Lafiniprifonnier en la tour de None,qu'il'm'a fallu payer , pour les crieries des officiers du Pape , quidemandoient leur payement, dé fon logis,de fa nourriture 3 de fa garde, dé deux mois , deuant le ET NEGOTI ATIONS. Liv. HT. 505 jprtement de Môficur deBethune,&: de tout le temps qui eftcfcheti depuis, & pour quelques habits qu'il luy a fallu deliucen ie le remet- trav entre les mains de Monfieur rAmbaflàdeur. Et ce pendant, pour le regard dudit Lafïti,fupplieray voftre Maiefté , nous com- mander ce qu'il luy plaira en eftre fait. Car le Pape m'en a parlé pat plulieurs fois , fe plaignant de fon long fejour en Ces priions, Se allé- guant qu il infectoit les autres prifonniers, par fa conuerfation , Se me demandant s'il feroit point mieux , pour éuiter ceft inconueniét, qu'il le fît mettre aux priions de l'Inquisition. Aquoy iene penfay point eftre à propos de prefter confentement , craignant que ceux de la Religion prétendue reformée , en priflent l'alarme - & femaf- -fenc le bruit, que voftre Maiefté l'euft fait mettre , fous main, à i'in- touifition. Il plaira donc, à voftre Maiefté , nous mander fa volonté Iàdeiîus, Quatau fait des autres defpences,Mcfieur l'Anmafladeur luy en efçritplusaulong.Cela fera caufe que i enc m'eftédray point ■auantage", fmon que teluy dirayque fi elledefire conferuer fon crédit icVî il eftneceflairc , fur toutes chofes,ciue ce peu, qui a com- mencé d'eftre deftinc Se diftribué aux Cardinaux, qui ont défia pris, foit continué d'eftrè bien payé ; 5c qu'à ce commencement d'année, & deuant, le fonds en foit icy , afin que le manquement , qui arriue- roit en ceux-là , ne nous face perdre tout crédit Se moyen de traitter aucc les autres, l'y ajoufteray encore, qu'outre lespenfions des Cardinaux , il v a des perfonnes de moindre qualité , aufquelles les gratifications, bien que plus petites , ne font pas moins nécessai- res-les vnes , pour élire puiftantes auprès des frères Se neueuxdu Pape: les autres , pour eftre feruitcurs vtiles, &: p.ifTionncz de voftre Maiefté, entre lefquels , pourceftefecondequalicé, ienedouteray point de mettre au ptemier rang, Monfieur Y Archeuefquc d' Vi bin, duquel les fermées, & fous l'AmbalTade de Monfieur de Bethune, &fous celle de Monfieur d'Alincourt , parlent autant , comme fa modeftie fe taift. A ceftui-1à , pour eftrc perfonne fort qualifiée • Se eminente en dignité Se commodité ; fi voftre Maiefté le traitte par fimple gratification pecunaire, elle ne'pourra , qu'elle ne donne autant , voire , fi les chofes fe traittent auec proportion , beau- coup pins , qu'à Monfieur Camay an , à qui elle donne mille efeus : Ft d'accouftumer les Italiens , qui n'ont autre qualité, que de Prélats , à receuoir des penfioas de mille efeus j outre la charge , que cela apporte à voftre Maiefté, les Cardinaux en iemeurét offencez ,penfants quel'on ne gatde point de proportion Sff ij <$ u LUS" A M B A S S A DES entre les autres , Se eux. Et partant , s'il plaifoit à voftre Maiefté, luy donner des lettres de naturalitc, s'il ne les a, &vn breuct de Con- feiller en vofhe Priué Confeihles fix cens efeus de gages, qu'elle luy pounoit faire ciilli ibner par an, fous ce pretexte,luy feroient fort ho- norables: Et il ne feroit point de tort à celle qualité. L'affiftance de fix ou lept heures , qu'il m'a fallu rendre ce matin, à la Congréga- tion pour ta di! pute des Pères Iacobins,&: Iefuites; &vne autre pa- reille,qusil m'y faucha rendre encore demain , Se le temps qui m'eft requis, pour examiner les matières qui s'y doiuenttraitrer , &: la dili- gence cb vloniieur 1 Ambafladeurjm'empefcheront de prolonger cefte lettre , d'autre chofe , finon d'vne bien humble prière à Dieu , . v 5 1 #i E , qu'il couferue voftrc Maieftç , en tout heur &c profpe- Le Cardinal S ainBe Cécile m * prié de rament euoir à Voftre M aieflé, la promefje quelle luy duoitfciitie , de luy enuoyer qiKiaue chofe des R^elir.ues du bien- heureux S. 'Denis , & . vneefpinede la Couronne d'efpines^ui efl a la fainfîe Lha- pelle> & la fupplier tres-humblcment > delà Vouloir aceem^ flir. De Rome , ce 10. teîrts^oumhle & trcs-olcïjja'iit [ii)et •Septemb.i^cr, &fcrnitcur, I. Cardinal dy Perron, A il G V M E N T. 3 IJttjf confîme fmc'mllement , le grand en dit que de iour m ictur ni*. Acquérant Mwft.enr ÏAmbaJJadear. ET -NiiGOTI Aïi ONS. L,v. fit 307 A MONSIEVR DE VIL LEROY , CONSEILLER & S ccreraire d'Eftat. En Cour. Onsievr, Deux Congrégations, quimcfont venues fur les bras, au point du partement de ce Courrier,iointes à la diligence de K4onfieur l' Am- baiTadeur,medifpenferontd'efcrireauRoy , & à vous, finonfort luccintement. il continue tou- jours, de bien en mieux, & va acquérant grand creditaupresduPape,&:defonneueu,&:du Car- dinal A ldobrandin , qui font les principaux piliers,fur lefqucls doit eftre appuyé l'heureux fuccés de fon Ambaflade. le l'y ieruiray aufli fidellement, que ie vous l'ay promis , &: fur celle proteftation, priera y Dieu , M onsievr, vous auorr en fafaincte «Se fauorab'e garde. De Rome , ce 2.0. V offre ires-affectionné fertùteur. Septembre, 16c $. I. Careinal dy Puroh, A R G V M EN T..' Sleft*nt coHioiiy de fon heure ufeyffiïè de t afflmblce de Cbâfîelleraut; illuy expofe tè contentement que le Pape a monftrédien aucir, fjr U per/eue- ranec de Caffettion du Cardinal À ldobrandin , en fon endroit , ejr de Monfïeurde Eetbune, de la fuffifante & flonjfante réputation duquel? il adiouffe ce que le Roy, & Lhy-mefme^ do tuent ejperer, Sff in LES AMBASSADES MONSIEVR LE MARQVI8 DE R O S N Y, Confcillcr du Roy , en fon Confeil d'Eftat, Superinten- dant des Finances, & grand Maiftre de rAniiîerie de France. En Court. f|f§^i|ffl[ Ons ie vr , Ce mot fera , pour me réjouir aueevous, I^^^B devoftre recour de l'affemblce de Chaftellcraut , .Se de l'heureux luccés, quevousy auez eu. Le Roy nous a ef- crit,auec quelle affection, prudence & félicité, vousfy aue-z feruy, Se le contentement qu'il en a recec. I'ay communiqué ce tefmoi- gnage au Pape,qui a monftré d'en eftre fort aife , Se nommément, pour la grande cltime qu'il fait de voftre perfonne , non moindre que celle qu'en faifoit le Pape Clément. Ce que i'ay reprefenté à fa Maiefté,par ma dernière defpefchc. Le Cardinal Aldobrandin con- tinue aufli toufiours,eri fa mefme affeâ:ion,en voftre endroit , •& de Monfieur de Bethune , duquel la réputation fleurift tellement en celte Court,quc fon nom ne fort point de la bouche du Pape, Se de tout le College.On nous aeferit par deçà, que le Roy luy a fait mil- le careffes , Se que Monfieur de Villcroy luy a rendu beaucoup de bons offices. Mais i'efpere que voftre venue fera celle qui acheucra ■d'eftablir Ton crédit, & fon authorité, aux affaires, Se nommément en celles d'Italie.Ce fera chofe fort vtile au Roy,tant pour les bons confeils qu'il luy donnera , à caufe de la paifaitte cognoitfance qu'il a,de l'eftat de cefte Court,que pour l'opinion Se efperance, que l'on conceurapardcçà>des bonnes intentions, &::proccduiesdefâ Ma- iefté,pour le regard de cefte Prouince, lors qu'on fçaura,que les af- faires qui la concernent, auront àpalTerpar l'aauisd'vne perfonne, qui y eft tant aymee-& eftimée.Et pour vous, Monfieur, ce vousfe- ra toufiours vn grand aduantage , quand il vous faudra faire quel- que voyagedek Court,d'auoir en voftre abfence, nupresdu Roy> Se dans les affaires, vn autre vous-mefmCi Se duquel la fumYance va du pair auec la fidélité. Son Démon , qui cede au voftre, 6e vous porte, Se par merite,& par nature,lc refpect qu'il doit, ne vous auoit pas encore polTible/iufquesicyjlaifrérecognoiftre combien il vaut, Se en courage,&en intelligence, au regard des autres : Mais cefte dernière occafion en a efclaircy toute la Chrefticncé, par les preu- ET NE G OTI AT IONS. Liv. \îl 509 lies qu'il en a données fur ce fameux théâtre de Rome , où les plus habiles louent &: admirent fon habileté, vigueur, & dextérité. Et pour ce,entre les grâces que Dieu vous a faittes, ie réputé pour vne des plus grandes, l'heureux fuccés,qu'il luy a donné en fa Légation» qui vous peut fournir de moyen de l'cfleuer , & mettre fans- contradi&ion y & fans enuie , en lieu où il puifil feruir à appuyer j &c confolider3la grandeur de vous & des voftres. Monfieur l'Am- baflàdeur qui eft à prefent,par vne lettre qu'il eferit à Monfieur de Villeroy , luy atteftc,que l'admirable changement, qui eft interuenu icy,aux affaires du Roy, & le crédit que fa Maiefté y a acquis, &lcs honneurs qu'il y a rCceusluy mefmc,fontdeusàIafumYancc , auec laquelle Monfieur de Bechune y a negotié. le la vy hier , par occafion , chez luy , Se- fans qu'il penfaft que ie la deufTc voir. Et ce qu'il tefmoigne par efcrk tout le monde le crie icy , de viue voix. le lay reprefenté , par plufieurs lettres, à fa Maie fté ; mais ie ne le fçaurois auoir fait il fouuent , ny auec tant d "in fiance , comme il y en a de fubiet. Vous prendrez neant- moinsjcepeu deferuieequeie vous rends en fa perfonne , ne poll- uant efhe fi heureux, que de vous feruir en la voftre propre , auec laquelle ie vous le rends : & me continuerez l'honneur de vos bon* nés grâces , pour recognoiiïancc defqueïïes , ie fuis & feray- éter- nellement,. MONSIEVR »■ De Rome , ceao. Septembre, iéo;. Vèjîre ttts-AfftBionvt & 'çblig(S fernittw. L. Cardinal: dv Perron:. v 5«o LES AMBASSADES ARGVMENT. 1 1 prend pour fu jet principal , la bonne odeur de fin nom , en la bouche du Pape, & des Cardinaux : l \ftime & la créance \ (jti il s'e/r acijuife dans Rome yatte/lcepar Monfieur t ' Ambaffadeur ,à Monfieur de Villeroy: & vne honorable recognoijfance des offices qù il reçoit de luy , en tou- tes occafion s. A MONSIEVR DE BETHVNE , CONSEIL- 1er du Roy. ,en fon Confeil d'Eftat , Se Lieutenant pour fa Majefté en Bretagne. O n s i e v r > le vous efery cefte .lettre , en incertitude elle vous rrouuera encoreà la Cour, où fi elle vous trou- uera défia party , comme on nous mande de delà , pour voftre voyage de Bretaigne. Le fujet en fera, pour vous dire,que voftre reputatiô va floriflant de plus en plus,en celle Cour, où voftre nom ne fort point de la bouche du Pape, Sedz tout le Col- lège , comme ie l'efcry , par vne lettre fort exprelTe , à Monfieur le Marquis de Rofny > Se le fupplic de fe feruir de cefte occafion , pour vous mettre aux lieux, où vos fermées, Se mérites , vous appel- lent , Se où vous pouuez cftre vtile à appuyer , Se confolider fa grandeur. Monfieur d'Alincourt a tellement recogneu le crédit, que vous auez acquis icy , qu'il a attefté à Monfieur de Villeroy , en vne lettre que i'ay veuepar occafion; que l'admirable changement, qui eftinteruenu icy, aux affaires du Roy, Se l'honneur que luy- mefme y areceuà fon arriuée, font deus entièrement,:! b prudencej dextérité Se félicité de voftre negotiatien. Iel'ay reprefentt à Mon- fieur de Rofny eftant d'autant plusaifede ce témoignage rendu à Monfieur de Villeroy , de la bouche de Monfieur d'Alincourt, que iel'auois rendu en ces mefmes termes, par plufieurs lettres à faMa- jefté. Au refte, Monfieur, ie ne vous remercie point, des bons of- fices que mon frère m'eferit, que vous me faittespar delà , Se auprès du Roy ,&: en toutes occafions. Car toute ma vie ne deuant eftre qu'vn perpétuel remercimet des obligations que i'ay à Monfieur voftre frère, Se à vous: ce feroit trop peu de chofe, que d'y employer vn fueillet de papier. Seulement vousdiray-ie, que ces offices-là ne feront point femez en vne ame ingrate Se infructueufe , fi vous vous ET NEG OTI ATIONS. Liv.îlî. 5u vous vous contentez,non des effets, mais des defirs , &:desefTais de f( • i s faire feruicc. I'ay donné vos lettres à Monfieur le Cardinal Aldobrandin, qui ne refpirerien , que l'honneur Se affection qu'il vous porte.II eft allé à Frafcati: A Ton retour, ie l'entretiendray plus p imailierement.de toutes les chofes qui vous concernent, &: vous en m:mderay>à la première occafion, toutes nouuelles. I'écryau Roy, pour Monfieur l'Archeuefque d' Vrbin.Ie croy que les lettres vous feront communiquées:Et pour ce,ie ne vous en feray point d t reditte.Ie luy écry auffi du fait de Lafin,pourfçauoir fa volonté : le vous prie vous rendre moyenneur, qu'elle foit, qu'il pui (Te for tir d'icy -.car le Pape s'ennuye fort , de le tenir fi long- temps en fes pri- fons,&: m'en a parlé en forme de plainte, par plufieurs Fois , medi- i fant qu'on luy rapportott , qu'il gaftoit & infectoit , par fes propos, \ les autres prifonniersiSc me monftrant d auoir enuie de le faire met- \ tre'aux priions de l'Inqulikion, pour éuiter ceft-inconuenient. A i tant,ie finiray cette letcre,par prier Dieu, MoNsi^vr, qu'il vous comble de plus en plus, de toute profperité. De Rome, ce i o. V offre très -affectionne feruiteur. Septemb. 160/. I. Cardinal dv Perron. ARGVMENT. I s' agifld'vne gratification, laquelle il fupplte le Roy vouloir approuver, commefaitte opportunément &beureufement : Et baïf êtres humble- ment les mains x fa Maiepéjela fat is faction-, quelle luy a témoignée auoir de fes feruiecs, i la venue de Monfieur l" Ambajfadeur. AV ROY HENRY LE GRAND. IRE, Ien'écrirayquecemotfeul , à voftre Majefté, par l'occafion d'vn Courrier exuordinaire , qui s'eft ren- contrée pour luy dire que Monfieur l'AmbaflTadeur , &z moy, ayants efté d'auis de nous difpenfcr, en vne grad- ation 4c laquelle il vous écrit , nous vous fupplions très -humble- ent , auoir noilre délibération pour aggrsable , laquelle nous Ttt 5U LES AMBASSADES n'euHîons pas prifc , Tans auoirpremkremenc attendu là-defTus le commandement de voftreMajefté, fi nous n'euflionseftéprelfez du temps. Mais ce qui s'eft fait fort opportunément & heureufe- ment,à cefte heuic,ne fe fuft poflible iamais fait, ou pour le moins, fi à propos,!! nous euflîons différé tant foit peu. Et à cela mefme ,ie croy que nous nous refoudrons demain, d'ajoufter vne autre grau- fication,afçauoir,de l'auance de la demie année,pour rendre la grâ- ce de voflre Majefté , accomplie de tout point. La diligence de Monficur rAmbaiTadeur,à vous reprefenter ceft affaire , lequel il acheuahier , iour defonaudiance , de négocier fort dextremenr, m'empefehera de m'y e (tendre dauantage. Seulement baiferay-ie tres-humblement les nnins à voftre Majefté, de la fatisfa&ion, qu'il luy a pieu me témoigner auoir euë,des feruices que ie me fuis effayé de luy rendre,à h venue de Monfieur l'AmbaiTadeuriEt fupplieray ; Dieu, SIRE, qu'il la comble de plus en plus,de fes fain&es bénédictions,. I D. V.M. De Rome,ce 24. Le tr es -humble & très -oheijjant f /jet \ Septemb.1605. &femitcur, I. Cardinal dv Perron. | A R G VMENT, Ejhme de YemercimMsyliu qtte d offices rendus, A MONSIEVR DE VILLERGY , CONSEIL:' 1er Se Secretaired'Eftat, En Cour. Onsievr, le vous ay défia remercié , par vne lettre , que i'ay donnée à Monfieur de Mainte- non , des honneftes remerciments , qu'il vous auoit pieu me faire, du feruice , que ieme fuis elfayé de rendre à Monfieur d'Alincourt. C'eft J chofe qui n'eftok pas digne que vous priflïez cette peine: Et le moindre de vos remerciments, vaut mieux que tout ET NEGOTï ATIONS. Lïï.llE jîj ce que i ay fait. Mon regrec cft , que mes forces n'ont elle efgales à mondffir;m.iiçi'efpcre,aux autres occafions,fuppléer ce quia man- qué en cefte-cy , Se vous tefmoigner , par toutes fortes de preuues, que ie fuis,& feray toufiours,conirne ie vous l'ay protefté, Monsie VR, De Romcce 2.4 1 Vofretres-affecTionné feruiteur. Septemb.1605. t Cardinal dv Perron. ARGVMENT. Inuoy de Courrier, demonflrè necrjfaire. Il folicite le Tape , de rem» ployer les deniers du Châfleau Saintf Ange. Ses raifons.pour les cenfî- àerations jtant fpirituelles , que temporelles. Cardinaux informes a fon auù . Efpagnols preuenns en offres acceptées. Exhortation inutile du Cardinal S auli, au Cardinal Borgheje. Tenfîons fournies , & à payer. Traits dœuures,veus en graine & enfemence, & non en épy & en moijfon- Siècle du déluge, imaginé. Frat tiques manifeslées à fa, Saincietc. AV ROY HENRY LE GRAND. IRE, le n'eftime pas, que le voyage du Courrier Baptifte , ait efté entièrement inutile. Car pour le moins , a-t'il feruy à émpefcher que nous n'ayons engagé V. Majefté, en de plus gran- des offres Se dépenfes , que nous n'auons fait. Auflîne le depefchafmes-nous pas , fans auoic onguemerrt confulté auparauant , fi nous vous le deuions en- toyer : mais d'vn cofté , les auis qui nous eftoienc donnez de outes parts , des gratifications que les Efpagnols preparoient, >our obliger les frères du Pape; & les initances que le Cardinal Udobrandin nous faifoit , de les preuenir par quelques offres; tous faifoient craindre que fi nous nous y rendions négligents, 5h ^ LES AMBASSADES V. Maj efté ne nous aceufaft d auoir biffé empiéter cefte occafion, aux Efpagnols :Et de l'autre, nous n'oiîons nous bazarder d'obliger voftre ditte Majefté, à aucune nouuelledépenfe, fans auoir fçeu premièrement, ii,&iufques oiuellel'aiHoit aggreable.Or de remet- tre cela aux Courriers ordinaires , nous n'en euflîons peu auoir ref- ponfe, à temps : Car mefme, celle qu'il vous a pteu nous rendre, fur la dépelche de Baptifte,eft venue fort tard , èc plufieursiours après 1'aniuée du Courrier , quia apporté les breuets des gratifications, que le Roy d'Efpagneprefentoit aux frères de fa Sain&eté.Mais ce que V. Majefté ne nous le renuoya pas , auec la mefme diligence, . que nous le luy auions enuoyé,nous a feruy d'vne fufEfante répon- fe.Car delà , nous auons inféré que l'intention de voftre- ditte Ma- jeftéyn'eftoit pas, que nous nous auançaffions de l'engager en telles offres. Au moyen dequoy, le voyage duditBaptille a toujours ap- porté beaucoup plus d'épargne, que de dépenfe,à voftre Majefté. Auxautresoccalions,nous ferons plus retenus. Quant à 1 Ordredn- Sainct Efprit,cequenousen touchafmes à voftre • Maj efté , ne tut pas pour y faire grand fondement , fçachant que lachofe eftoir ac- compagnée de plufîeursdifïicultez : mais afin de luy reprefenterce quele Cardinal Aldobrandin nous auoitpropofé,&r. remettre à elle, le choix de cefte gratification,ou de telle autre > qu'il luy fembleroit eftre à propos. Nous ne bifferons pas neantmoins, de nous y con- duire, félon le commandement de voftre Majefté , & leur faire fça. uoirobliquement,& par perfonnesinterpofées, l'intention qu'elle a, de les gratifier,mefme en ce cas, lors que les préparations neceffai- res y auront efté apportées .Ce pendant,entre cy & là , ie cominue- ray à pout fuiure vne affaire , que i'ay mife en auant , laquelle fi elle reuftîtjne les obligera pas moins , que toute autre gratification, qui leur pourra eftre faitte. C'eft que dés il y a plufieurs mois,i'ay com- mencé àfoliciterle Pape , de remployer les deniers du ChafteauS. Ange , à l'acquit des reuenus del'Eglife, qui auoient efté engagez, pour mettre cefte fomrnecnfemble. Mesiaifons font , pour le re- gard des confédérations temporelles, quele Papat eft tellement hy- potequé,en partie, pour la leuée du threfoi ,& en partie, pour les dé- .penfes que le Pane Clément a efté contraint de faire contre les Turcs , Se en l'expédition de Ferrare , qu'il ne refte prefque pas au Papcdequoy viure la moitié de Tannée. Que cesdeniers^ là, d'ail- leurs,font deniers morts & fteriles, qui ne j apportent aucun profit, -&iaeferuentque de donner fuj et à TEmpereur, d'importuner tous ET NEG OTI ATION S. Liv. IIî. 515 les iours,fa Sain&etc, de nouueaux fecours , pour les employer ik. mefnagerauflîmal , <]ut lcaj/itccdcms : La ou, les intercfts, fur la conftitution defquelsilscnt eftépris, luccent , Se epuifent le plus clair reuenu de rEftatdel'Eglife; des feuls fruits duquel , s'il eltoit acquitté, le Pape, fans toucher au principal, pourroit faire plufieurs belles actions,pour la reftauration des lettres , conuerfïon des héré- tiques,&: millions vers les infïdelles, dont fa bonne volonté eftfru- ftrée tous les jours par faute de commodité. Que la conferuation au refte,decethrefor, comme elle eftinfructueufe &: dommageable, i en temps tranquille, elle eft perilleufe Sz ruineufe , en temps turbu- lent ;cftant choie certaine, que s'il arriuoit quelque guerre en Italie, Iles armées courroient de toutes parts, au fac de Rome», pour l'efpe- ranccdeceftcproye,- &que les propres foldats , qui en auroientla garde,feroicnt les premiers à la vendre, pour en auoir leur part : &c ijue cela mefme.feroit polTible caufe vn iour,de faire prendre le Pa- 3e prifonnier,pour l'obliger àfedeliurer par cefte rançon. Carde iirc quelareferuede ce fonds, foit necefiaire , pour la défenfede eftatEcclefîailique : outre ce que les Papes ne doiuent point faire ■ftac de fe conl eruer par leurs propres threfors , & par leurs propres rmesimais fautquecefoientles Princes Chieftiens , qui les garen- tftènt ou de l inuafion des infïdelles , ou de l'oppreiTîon des autres 'rinces Chieftiens, comme les Roys de France l'ont fait par tant de ois:Outrecela,dy ie, quand mefmes les Papes feroient contraints t'en venir à cefte extremité;ce fonds feroit entre- cy & là, trop plus itilcment&feurement gardé dans le reuenude l'EftatEcclefiafti- >je,dont ils pourraient toujours tirerle mefmefecours, en fer ga- rant de nouueau, que dans vnetour,& dans vn coffre , dont il ne utqu'vn PapepolTedé par ceux qui couurent leur ambition, du tjetexte des entreprîtes contre les hérétiques , ou infïdelles , pour y heuer de tirer Se diflîper ce qui y refte , Se en ce faifant , priuer le 1 linèt Siège de tout efpoir de fe releuer iamais plus, des debres où Jiîft conftitué. Ce que les pouifuittes desEfpagnols , feus le Pape 1 xtc.pour luy faire efpandre ce threfor,en leur entreprife d'Angle- 1| re.& iouslePape Grégoire quatorziefme, pour luy en faire con- ■nmer vn million &dcmy,en leur guerre de France; ne vérifient ■ e trop clairement. Et finalement , pour venir aux conllderations «rituelles, ceft chofe qui fcmble efue de mauuais exemple , Se ca- wt>le, s'il n'y eft pourueu , d'attirer quelque malheur fur 1 Eftat Ec- tifiaftique,c]uele S. Siège, dont les threfors anciennement eftoknc Tct iij LES AMBASSADES les pauurcs, & qui doit montrer aux autres Princes , le chemin de n'eitablir point fa finance, autfthreiors de la terre, mais en Dieu feu!,monltre de la mettre en lor, ôc en l'argent. Car quant aux fer- ments qui ont efté faits , de ne toucher point à ces deniers , finon pour certaines caufes exprimées dans les Bulles du Pape Sixte; ils fe doiuent interpréter , de n'y toucher point, pour les dépendre & confumer :mais non pas^de n'y toucher point,pour les remettre d'où ils ont efté pris,5c les employer en l'acquit du fonds de l'Eglife. Et quant à la crainte qu'on pourra auoir, que les Papes futurs , ne les rengagent de nouueaujes mefmes Bulles & exactions de ferments, dont on a vfé,pour garderies Papes précédents, dedifpofer de ce threfbr,pourront eftreemployées,pour empefcherlesfubfequents, de rengager les reuenus, qui en auront efté dégagez. Et à ceft auis, i'ay , ou amené, outrouué^onformes, vn bon nombre de Cardi- naux^ entre autres,le Cardinal Serafin,le Cardinal Bellarmin , &C le Cardinal Baromus,lequel m'a afleuré qu'il prendra volontiers la , charge d'en faire la harangue dans le Confiftoire-.Et i'en ay donné j parole au Pape,de fa part.Or ces confîderations, SIRE, outre le bic qu'elles peuuent apporter aux affaires du Saincl: Siège , qui a vn ex- $ tremebefoin de cefecours, font encore, pour obliger grandement J les frères de fa Sain&eté,laquelle,cela eftant,pourra,fans toucher au I fonds de l'Eglife,&: fans impofernouuelles charges , Se donner oc- 1 cafion de crier,aux fujets de l'Eftat Eccleiiaftiquejeur faire du bien, I des feuls fruits de fon reuenu ordinaire , acquittez par ce remplace- 1 ment.Etpartant,ficelareù(îît,commeiecroy qu'il fera,ie ne doute I point, qu'ils ne fçachent vn îingulicr gré à ceux qui en auront efte' . les promoteurs.Quant au Cardinal Borghefe,Mon(ieurrAmbalTa- I deur écrit Ci amplement à voftre Maj efté, ce qui s'eft palTc pour fon j regardjquecelam'empefcherad'enfaireautrerepetition.Seuleméi i dira y - je à voftrc Majefté , que voyant qu'elle auoit dejadeftiné & affe&écefte partie, à obliger quelques Cardinaux , &iugeant quel l'acqueft de ceftui-là feul , luy eftoit plus vtile.que celuy dvnc dou : zaine d'autres , Scqu'auecluy & le Cardinal Aldobrandin , ellef(|j peut rendre maiftretfe de toute cefte Court ; nous n'auons pas efti M mé deuoirlaifTer perdre l'occafion, qui feprefentoit, laquelle nou fj n'euflfions iamais recouuerte lia propos. Car nous ne preuinfmell prefque de rien,les EfpagnoIs,qui receurent leur courrier , & fîren J leurs offres, trois iours après que les noftres eurent efté acceptée.' ) jUchofeeftilfecrctte , queperfonnenelefcait : EtlePape de/ir i ET NEGOTÎATIONS. Liv. HT. jt7 fur toute autre grâce , qu'elle foit conferuée , auec le mefme fi- lcnce:car cela le rendroit fujec à plufieurs calomnies, & l'obligeroit à vfer de pareille demonitration entiers d autres. Et pour ce, voitre Majefté donnera ordre , s'il luy plaift , qu'il ne s'en éuente rien par delà, afin que le progrés en foit auiïî heureux , que le commence- ment , auquel fa Sainteté, certes, a tefmoigné vnemerueilleufe affection enuers voitre Majefté , partant par deiïus plufieurs confi- derations,qtii fembloient la deuoir retenir. Et ne faut point eftimer queç'ayteltéla commodité de fon neueu, qui l'ayt conuiéàcela: CarilnefepafTemois, qu'il ne puifîeen tel genre de gratifications, faire dauantage pour luy , s'il veut^ayant deja donné àdiuerfes per~ fonnes , plus de cent mille efeus de rente,en bénéfices , depuis qu'il eftau Papat. Le Cardinal Sauli,au dernier Confiftoire, prit le Car- dinal Borghefe à part , & employa toutes les remonftrances Se exhortations, qu'il pût, pour le perfuader à accepter des Efpa- gnols , la pe.ifion qu'ils luy offroient : mais nous auions deja ;aignéledeuant. Vn Cardinal, qui efloit derrière eux, & les )yoit > l'a rapporté à Monfieur le Cardinal Serafin, qui nous en i fait le recit,à Monfieur l'AmbafTadeur , & à moy. Ce qui nous a ncore d'autant plus confirmez en la refolution, que nous auions I irife , d'accompagner le breuet de voitre Majefté , afin de rendre » grâce plus complette,. de l'auance de la première demie année, 'ourceft effet donc, i'ay mis entre les mains de Monfieur l' Ambaf- ;| tdeur, fept cents doublons, &c cent efeus fol, qui me reftoient J e 1371. doublons,&: cinq cens efeus an foleihque Monfieur le Car- :. final deloyeufe m'auoit lailTez. A quoy nous auons adjoufté le 1 pplcment, iufques à la fomme de deux mille efeus en or, que : dus auons empruntez d'vn Banquier,fous nos noms priuez,Mcn- z ::urrAmba{Tadeur,ôcmoy,afin qu'il lespeufi: fournir, en deliurant breuet, comme il fit. Cela fera caufequelapromefle que nous ions faitte,luy &moy,au Cardinal Galîo, de luy côfigner à Nocl7 féconde demie année defapenfion, ne pourra eftre effectuée fur [le partie. Car ayant plis de 3 2,42* efeus en or, à quoy reuenoiçla nme qui m'auoit eflé laiffce par Monfieur le Cardinal de Ioyeuff > o. efeus en or , pour la féconde demie armée de la r/enfion du ruinai Bcuilaqua, &: 750. autres efeusen or, pour la première où nous croyons que fa Majefté n'a efté engagée , finon plus vtilement & heureufement,que nous n'euflions oie efperer. En ce qui fera du furplus defes commandements, nousnous contiendrons dans les bornes de fon intention, &: neferons rien , fansl'auoirmeuremcnt confulté 8c délibéré enfemble.Pour dequoy auoir plus de commo- dité , &neantmoins , pouuoir vaquer au commandement quele Roy m'a fait,d'acheuermonliure,ieme fuis venu loger auprès de Monfieur l'Ambaiîadeur,en vn logis alTez eftroit pour ma famille, mais auquel i'en joindray deux ou trois autres:ôc au reite,fupporte- ray toutes les incommodirez quei'en pourray receuoir , pour cefte feule commoditéjd'eftre fon voifm,&: luy pouuoir rendre,& à vous en fa perfonneje feruice que ie vous ay promis,en qualité, MûNsuyr, de DeRome5ce4 Oc"l'ob.i6o$. Vojfre tres-affeeltonnêjeruitcur. I. Cardinal r>v Perron, ET NEG OTI ATIONS. Liv. III. ARGVMENT. Le Pape farinant à ee Seigneur ; il luy adâreffe d vne élégante façon , U lettre de fa Sainteté y & luy témoigne t'e/?ime quelle fait 'dt '(es ver- tus y&fin defir^ue Dieu y ena^oujle vne , four comble & couronne des autres. A MONSIEVRLE MARQVIS DE ROSNY, Confeiller du Roy.enfon Confeil d'Eftat, Superintendant des Finances, & grand Maiftre de l'Artillerie de France. En Cour, Onsievr, Le Pape vousécriuant,fiiemevou* lois mettre en eftecT: de vous écrire , ce feroit com- me û vne petite cftoille vouloit Iuirîo là où luiiie Soleii. Et pourtant , ce mot ne fera pas vne lettre, mais feulement vne addrelFe delà lettre du Pape, laquelle ieme promets que vous receurezauee la mefme affe&iô, que fa Saintteté vous fenuoye , qui efttres-grande, Raccompa- gnée d'vnefinguliereeftime de vos vertus, dont la renommée ne r efonne pas moins icy , qu'en France. Il délire que Dieu y en ajoufte vne. pour comble & couronne de toutes les autres:Etmoy, le le deûre,auec d'autant plus de fujet,que les offices que i'ay reçeus de vous.m'ont rendu pour iamais, MONSIEVR, De Rome,ce 4. Fe/tre tres~ajfetfionné&tres~obligé O âo b. \ 60 5. Çeruiteur. LCardinal dv Perron. Vuu i) LES AMBASSADES ARGVMENT. il recognoift luy c^re grandement obligé & dit scftre ejfayéde le faire pa- rot/Ire à l'endroit de M onfieurfon frère jar vn Bref fort fauorable, que le Pape luy écrit , qk 'il fouhaitte eftre auffi 'plein d'effet , comme d'af- feclio». A MONSIEVR DE BETHVNE , CONSEIL 1er du Roy, en fon Confeil d'Eftat , & Lieutenant pour fa Majeflé en Bretagne. En Cour. OnsievRj le ne vous fçaurois faire aucuns r merciments , dignes des offices que mon frère m'c crit , que vous me rendez tous les iours auprès d Roy. il faut que vous vous preniez de monlilence, à vous mefme,qui m'obligez par delfus la portée de mes paroles.! e ne laiiTe pas pourtant,d'en garder l'impreflion , gra - née en mon cœur , pour efTayer de la faire paroiflreen voftre en- droit,quandl'occafion s'en prefentera: attendant quoy » ie me fuis elfayé de la faire paroiftre à l'endroit de Monficur voftre frère, par vn Bref fort fauorable,quele Pape luy efcrit,& que ie vous enuoye, le defire qu'il foit aufli plein d'effet, comme d'affection. Vous me manderez, s'il vous plaift,de quelle façon il l'aura receu,afin que i'en piulfe rendre conte à fa Sainteté. Quant aux nouuelles de cefte Cour,Ia confiance que i'ay,que toutes les lettres que Monfieurd'A- îincourt,&: moy,efcriuonsau Roy, vous font communiquées , me difpenfe de les vous repeter. Seulement vous diray-je , pour le re- gard des miennes,que le defir que i ay d'employer cefl hyuer, à l'a- cheuement de mon liure,&: n'en eftre point diuerty, par la commu- nication qu'il faut que MoniîeinlAmbAiadaur, & moy, ayons en- femble,m'a fait refoudre à prendre vn logis, voifin du voftre eue tenoit le Conte Altemps , 8c y enjoindre deux ou trois aiitrrs des plus proches ,pour le logement de ma famille. Si Dieu m [ait la grâce de l acheuer,Monlieur voftre frère, & vous, en aurez j ,pre- Diieies nouuelles. Ce pendant,ie prieray Diaij, qu'il benifll les iet- ET NEGOTI ATIONS. Ltv. II L ja3 très de fa Sainteté, en Ton endroit, félon vos defn s & les noûres;Ec vous tienne, M ons ie vr > en fa perpétuelle protection &fauuegarde. De Rome,ce 4 . Vcjlre tres-affeciionnë & obligé Oftob.Kîoj. Jeruiteur. I. Cardinal dv Perron. ARGVMENT. ' \ ' " Supputation de quelques deniers . Protections du Cardinal Aldolran - din. Ztle&modeftieâe £ ArcheueÇque étVrbin. Tenfion des Espa- gnols , pluftoft données pour ejjayer de n'en auoir point les acceptans, contraires, que pour efperance de les gdigner. Notable auis,pour le fer- uice de (a M aiejlé. L e Pape tndiciblement fat 'ùj 'ait du f nn quelle a et* des Catholiques £ Angleterre. AV ROY HENRY LE GRAND. IRE, L'eftat qu'il a pieu à voflre Majeflé , denuoyer à Monfieur l'AmbafTadeur , ne me mettoit en refte ( les trois mille cfcus d'or en or,qui ont efté fournis aux Car- dinaux Delfin , &c Beuilaqua, pour le payement entier de leurs pcnfions de cette année,preconrez) que de fept mille deux cents liures:EtieIuy en aydeliuré,ou en quittances, ou en argent iContant,fept mille cinq cents foixante,afçauoir, fept cents cinquan- te efeus d'or en or,envne quittance du Cardinal Gallo : centein. quante cfcus d'or en or, en quittances des gardes, & autres crédi- teurs de Lafin:& quinze-cem5 efeus d'or en or, confinants en fept cents doublons , cent efeus au foleil , que ieluy aya&uellcmens confignez. Toutes lefquelles fommes enfemble , au prix de foixan- :e trois fols,que valent auiourd'huy, les cfcus d'or à Rome, font fept mille cinq cents foixante liurcs,qui font bien à la vérité, en cfpeces, *es deux mille quatre cents efeus, que Monfieur le Cardinal de lo- yeufe difoit par fa lettre3rcfter descinq mille quatre cents cfcus d'or, sfquels il auoit conueity les fix mille efeus de monnoye , qu'il auoic V u u iij j*4 LES AMBASSADES ^ reccus del'Efpargnermais en valeur , elles reuiennentà trois cents foixanteliuresdauantage : Et encore penfay-je eftre en reftede quelque peu plus, comme iecroy m'en eftre chargé , par le re- cepifîé que i'en baillay lors , lequel s'il plaift à voftre Majefté commander m'eftre renuoyé pour ma décharge , ie fup- pléeray le peu qui s'y pourra crouuer de plus. Seulement auer- :iray-je voftre Majefté que des trois mille efeus employez pour les Cardinaux Delfin , Se Beuilaqua, les fept cents cinquante ef- eus, payez pour la dernière demie année de Beuilaqua,ont efté pris par moy , fur ce que Monfieur le Cardinal de Ioyeufe m'auoit iaiffé; Se délivrez depuis le partement de mondit Sieur le Cardinal de Ioyeufe, Se de Monfieur de Bethune, bien que fuiuant leur in- tention. Au moyen dequoy , il les faut déduire fur lerecepirfç queie baillay , en receuant les deniers de Monfieur le Cardinal de Ioyeufe. Quant à la diftribution du relie defdits deniers , Se autres gratifications , portées par l'eftat de voftre Majefté , Monfieur J'Ambaffadeur s 'eft chargé de vous en écrire : Se particulière- fnentjdecequis'eft pafle , pourlefait du Cardinal Atdobrandin. Cequim'empefcherad'en rebattre rien icy,à voftre Majefté. l'y ajoufteray feulement , que files proteftations de ne vouloir eftre ïamais Efpagnol, ny d'affection , ny d'obligation, ains de you!o: toujours eftre François , Se dépendant de voftre Majefté , faitte auec les plus exprés ferments que l'on feauroit imaginer , peuuc afteurer voftre Majefté,de l'intention de quelqu'vn , elle doit eftr âffeurée de celle du Cardinal Aldobrandin. Quant à l' Archeuef qued'Vrbin; comme d'vncofté, il fefentindiciblement obligé d h grâce de voftre Majefté-.aufll de l'autre cofté, eft-il fi modefte fi zélé au bien des affaires de voftre Majefté , qu'il ne defire point accepter l'amplification de prouifton, qu'elle luy adeftinée, ains la fupplie auoir aggreable , qu'il fe contente de deux mille francs affectez à l'eftat du Confeil , pour ne rendre point les grâces de voftre Majefté, enuers les autres, ou de pareille , ou de moindre qualité que luy, excefllues Se difproportionnées. Etmefme il eft d'auisqu:: les mille efeus, que voftre Majefté donne à Monfieur Cam.iyan,luy foit donnez fous deuxdiuers noms, afçauoir, cinq cents efeus fous le nom de voftre Majefté , Se cinq cents efeus fou* le nom de la Royne,de la maifon de laquelle,il eft ancien feruiteur: afin que s'il plaift à voftre Majefté, outre les Cardinaux , obliger quelques autres Prélats, ou perfonnes particulières, elle lepuifie ÊT NEGOTIATIONS. hiï, III. faire , fans charger par trop Tes finances , & donner fil jet aux Cardinaux, d'en prendre ombrage, & jalouiîe. Car il yaplu- fieurs perfonnes, quipeuuent eftretres-vttlesauferuice de voftre Majefté , lefqnelles fe fendront fort obligées , les vnes de crois cents,les autres de deux cents, les autres de cent, les autres mefme. de cinquante efcus , par an , fi voftrc Majefté difpenfe fes grâ- ces proportionnément : Là où elles ne pourroient pas en faire tel cftat, fi voftrc Majefté donne des penfions de mille efcus , aux fimples Prélats. Pour exemple dequoy, peuuent eftre alléguées les deux penfions, que le Roy d'Efpagne a enuoyées nôuuelle- ment,fvne au fieur Vbaldini , Maiftre de chambre du Pape , & neueu du feu Pape Léon , de cinq cents efcus de monnoye , à dix lulespieccqui ne font gueres plus de quatre cents efcus de France-, &: l'autre au fienr Pietro Strozzi , Secrétaire des Brefs.de 300. de monnoye d'Italie, qui ne font que 250. efcus de Fiance, Jefquelles il leur a neantmoins pluftoû données , pour cflàyer de ne lesauoir point contraires, que pour efperance de les gai- gner* Mais en fomme , i'allegue cela , pour monftrer que les gratifications des grands Princes , font eftimées 'icy â autant pour l'ambition , que pour l'vtilité. Et s'il plaifoit à voftrc Majefté créer quelques petites marques d'honneur , auxquelles il y euft feulement , comme il y a icy aux Cauelcrars de Lo- rerte , vne prouifion de cinq efcus de monnoye , par moys, annexée , qui ne reuiendroit qu'à cinquante efcus de France, par an ; il s'en trouueroit pluficurs , en la maifon du Pape , Se Principaux Cardinaux , qui s'en tiendroient grandement hono- rez: & cela tourneroit à fort peu de dépenie, 8c à beaucoup de "eruice , à voftre Majefté. Quant aux points , dont il vous moit pieu m'ecrire par l'autre ordinaire , pour le regar d des >i flaires d'Angleterre , & du Cardinal Conti ; ie n'y fëpôn'dy ien à voftre Majefté , par le dernier courrier , ny ne luy en lirayrien par ceftui-cy : pour ce que Mon fleur l'AmbalTadeur s chargea dés lors, de vous faire entendrele contentement., ou? fa ■aincbetéauoiteu , des offices que voftre Majefté auoit faits aux Catholiques d'Angleterre; & que pour la Vkc-jMpteûiôJJ n auoit fté aucunement penfé au Cardinal Conti. Celte mefme difgcnc c e Monfieur l'AmbalTadcur, me fera au/fi abftenir de toucher 1 .'en V.M. de- ce qu'ellcnous a commande parla dcttfcèrçdépefçfcië, jttf LES AMBASSADES ' & me fera finir eefte lettre , par mes tres-humbles prières à Dieu, qu'il luyplaife. S IRE, la conferuer longuement i$c heureufement, entoure fan-té & profperité. D.V. M. De Rome,ce 18. le très -humble & tm-ûbcïjptnt fuiet O&ob.itfoj. ejrferuiteur. I. Cardinal dv Perron- AUGVMENT, Au defir de ce Seigneur , qus Mon/îcur l' Ambaffadeur défera/? à fen Cen- feiï, ilrefpond auecvne ires-honnefîc modifie. A MONSIEVR DE VILLEROY , CONSEIL- ler 8>c Secrétaire d'Eftat. En Cour, Onsuvr, Vous me faittes trop d'honneur, dedefirer que Monlieur l'AmbafTadeur défère quelque chofe à mon confeil. D'eftre confeiilé de moy >il n'en a iamais eu beloin : car il a trop de iugement,&: fort d'vne trop bonne efcole. D'e- ftre informé de moy, de l'eftat desaffairesde celle Cour , poflible l'aura-t'ii peu eftre,au com- mencement, en quelquechofe, à caufedulfeiourquei'y auois fait, auant fon arriuée-.mais maintenant il en a tant de cognoiiîànce, que ce qu'il luy plaift en conférer auec moy,eit plus pour m'honorer,qne pour s'en inftruire.Et partant,au lieu del'obliger,en m acquittant du deuoirqueieluy rendsic'ell: luy qui m'oblige,en l'acceptant , & en monftram d'en faire conte ;$c vous fur tout , Monfieur , qui le con- uiez à m'honoier de celte communication, à laquelle (lie con- tribue peu de fuffilançe,pour le moins i'y apporteray toujours beau • coup d'affc&ion au feruice du Roy,au voitre & au lien , pour vouî confirmer ET NEGOTIATION S. Li v. III. con fîrnier par les effets JapromefTe que ic vous ay faute de parole, cf eftre.ôc vouloir demeurer toufiours, Mons ie vr > De Rome,ce 1 8. Vojht tres-ajettionni O&ob.itfoj, feruiteur. l\ Cardinal dv Perron, ARG VMENT. li le prie faire [es exeufes au Roy t de ne luy auoir point 'écrit par t erdf- naire, K MONSIEVR DE V ILLEROY , CONSEIL- 1er &l Secrétaire d'Eftat.En Cour. Onsievr, Deux Capelies , efquelles il ma fallu xuiourd huy afllfter, &vnfeftin fait entre les deux,par le Cardinal Borghefe , qui m'a oc- cupé le temps que iepenlois employer à écrire au Roy 5 medifpenferont pour celle heure, de rendrecedeuoiràfaMajefté : lequel d'ailleurs, feraabondamment fuppleé , par la diligence de Gonfleur l' Ambaifadcur : Et ce petit mot de lettre feruira pour ous prier d'en faire, s'il vousplaift, mes exeufes, qui feront aug- iencées,par vn grand reu jne,dont ie fuis trauaillé. Demain nous lions, Monfieur l'AmbalTadeur & moy, voir le Cardinal Aldo- 1 randin , à Frafcati. Par le premier courrier , nous vous mande- pns des nouuelles de noilre voyage : &:ce pendant, iedemeu- :ray# loNSlEVR» S >e Rome,ce 1. de Vojlre tres-ajjfèftionni Nouemb.iôoy. feruiteur. LCardïnal dv Perron, Xxx LES AMBASSADES ARGVMENT. Il letietit informé de U rê$onfed*Roji>* quelques particuUritez, d'Art* gleterre. A MONSIEVR DE FR ES NES CANAYE, Confeiller du Roy,en fon Confeil d'Eftat,^ fon Ambaffàdeiir. A Venife. OnsievRj l'ay différé deux ou trois ordinaires/ à vous écrire,& rendre refponfe , fur ce que Mon- teur de Beaumont vous auoic fait entendre, 8£ vous à moy , de l'cftat des affaires des Catholiques- d'Angleterre : non pas pour ce que ie recogneuflc- que voftreauis ne fuft tres-àpropos,fur ce fujet,& que pour obuier" aux incidents, quipouuoientarriuer , ie n'eftimaffe y deuoir eftre a pporté le remède que vous auez conceu,& iugé propre,, pour ceft effet: Car dés le temps mefmcque t'en veccu voftre lettre, ie corn» muniquay auPape,ce qui y eftoit contenu:Mais iene defiray point paffer outre,ny en faire plus d'inftance,quc ie ne fçeufte auparauât,. fi le Roy l'auroit aggreable. Ce qui a fort bien reiïfîî : Car en ayant écrit à fa Majefté,elle m'a mandé qu'elle trouuoit les raifonsque ie luy auoisreprefemées , fur la lettre de Monfîeur de Beaumont &c furla voftre, tres-pertinentes : mais qu'elle n'eftimoitpas , quele temps fuft propre à celle heure, pour rem lier rien en cefte affaire» rant à caufe qu'elle auoit fait tel office de nouueau, que l'Archipre- -jflre5&: ceux qui appellent de fon authorité,s*eftoient reconciliez & du tout réunis ; que pour ce que les conditions defdits Catholiques d'Angleterre,n'eftoient point encore en eftat,que l'on y peuft faire vn tel changement,fans péril de les empirer. le n'ay eu cefte ref- ponfe delà Majeflé,que par le dernier ordinaire,qui m'aempefché de vous donner pluftoft auis de ce qui s'eftoit paffé,pour ce regard, n'ayant rien d'ailleurs,qui méritait vous eftre éerit,fmon que ie fuis &: feray toujours. MoKSIEVRi De Rome,ce u. Vêjfreafeiï Honnê feruiteur'. ,Nouemb.i6oy. LCardinaj. dv Pekron. ET NEGOTI ATIONS. Liv. M ARGVMENT. M 'oyen de faire £ autant plut reluire la libéralité du Roy , en Udi/frttu* tion des penpons . Exemple de celles d'Efpagne. Expédient pour les gratifications fecrettes. Proportion du Cardinal Aldobrandin, Ref- ponfè. Prière du Cardinal Saine! George . Intercefîion du Cardinal Bandini. Frife de pojfeflio» de Saincl le ah de Latran. *AV ROY HENRY LE GRAND. IRE, I'enuoye à voftre Majefté , l'eftat de la dilrribiuion qui a efté faitte cette année,tantpar les rn.ùns de Mon- iteur de Bechune,que par les miennes, de l'argent que Monfîcurle Cardinal de Ioyeufe apporta. Monfièur l'Ambafiadeur s'eft chargé de vous cnuoyerceluy despenfions» qui reftent à payer,pour la fin de cefte année,& pour le courant de la prochaine. Sur quoy partant,ie n'ay à dire autre chofe à voftre Majefté, finon que la refoiutton qu'elle a prife , de mettre les pen- iîons des Cardinaux à cinq mille francs.paroiftra fort,dautant que ce feront deux mille efeus à cinquante fols pièce, qui eft le prix que valent icy les efeus d'argent. Mais le moyen de faire reluire cefte liberalité,fera,ou de leur faire tenir leurs fommes à Lyon,entre les mains d'vn Banquier,quileur en refponde,afm qu'ils portent le dé- chet des quatre lois pour efeu. Se du change, qui importe dix pour cent : Ou fi voftre Majefté les leur veut faire tenir icy, de porter elle-mefme ce defchet.Car de les payer par les mains de fon Am. fcafladeur,& leur rabbattre le change ; il femblera moins honora- ble^ puis leurs partiesleur eftants fournies par voftre Majcfté,en cefte villejils ne feront eftat de receuoir de voftre Majefté > que ce ! qu'ils toucheront a&uellement,qui ne feroit que dixhuift cents,ou dixhuid cents vingt efeus d'argët :là où leur eftants fournies à Ly o, ils feront eftatjde receuoir deux mille efeus d'argent,de V.M.& im- puterôt le déchet &rabbais de la valeur des mônoyes.àlafculc cô- dition du chage & du port: laquelle ils fupporteront fort volôtiers, leurs parties eftants côfignéçs ejitre les mains d'vn Banquier depu- Xxx ij flb LES AMBASSADES té pour cet effet , par voftre Majefté , à Lyon : dautant que cette incommodité fera recornpenféed'vncaurre commodité, qui fera- defepouuoir faire icyauancer, par les Banquiers de celte ville, leurs fommes , quand il leur plaira , furl'aneurance d'en eftre rem- bourfez par le Banquier depofitaire de voltre Majefté, à Lyon. Et puis , l'exemple des pendons d'Efpagne ,y eft. Car quand le Roy d'Efpagne fait tenir icy , la penfion à quelques Cardinaux , par les mains de fon Ambaftadeur, comme il le fait aucunesfois ; pour la première année , il la leur fait tenir > fans aucun- déchet & rabbaisr pour le change, chargeant fes coffres de celte perte: Mais les autres années , puis après , lors qu'ils les prennent en Efpagne, par l'en- tremife des Banquiers , ils portent eux-mefmes , la pene du chan- ge , qui renient, à eaufe de la longueur & difficulté du voyage, à neuf ou dix pour cent. Et les Cardinaux Gallo & Beuilaqua, m'ont monftré, non feulement de fe contenter, ainsde délirer d'eftre' traittez de celte forte, U d'auoir trcs-aggreable, cela eftant , de porter la tare du change. Mais il faudrait que l'argent fuit touj ours à point nommé, entre les mains du Banquier depofnairede voftre Majefté , à Lyon , afin qu'il n'y euft faute d'vn feul iour, après le: tenneaftigné par voltre Majefté, pour leur payement. Ce queie n'entends pas eftre dit pour le Cardinal Borghefe, auquel iufques à tant-que le Pape &: luy , ayentaggreable que la gratifieation que V. M. iuy fait, fe fçache, ou iufquesà tant qu'il fe deconurepar autre voye ; il fera neceflaire que voltre Majefté luy face deliurer ce qu'elle luy donne , par fon Ambaftadeur , & fans déchet du change & de îa valeur des monnoyes. Auftîpcu eft ce mon in- tention de le dire , pour les autres gratifications, que voftre Ma- jefté voudra eftre tenues fecretres : combien que quand les chofes feroient bien eftablies à Lyon ,ilfera aufti facile à Monfieurl'Am- bafi~;deur,de donner des billets en fecret,à ceux auec qui il traitrera, addrelTantsau Banquier dépositaire de Lyon, pour fournir, fous1 Je nom de perfonnes tierces, les fommes portées par lefdits billets, à tels Banquiers de Rome, qu'ils voudront ; que de leur déliurer fecrettement , leurs parties à cux-mefmes. Car d'auoir icy vn Banquier depofitaire de voftre Majefté : outre ce qu'il faudralors, on que voftre Majefté porte le déchet du change, ou que fes gra- tifications femblcnt eftropiées; on fçaura touftours, cela eftant, iuiqûcsà vn efeu près, le gros de la fornme, que voftre Majefté dépendu pour fes hberaUtcz, encefte Cour, lequelil n'eft pas à ET NEGOTIATICWS. Liv. III. 53z propos que l'on fçache. Car n'eftant point fçeu exactement, on en croira toufiours , dix fois dauantage. Voila quant à l'eftat des penfions. Pour le regard des nouuelles de celte Cour , Monfieur l'AmbafTadeur a pris fur foy le foin d'en écrire à voftreMajelté. Ce qui me fera contenter deluy dire, que nous allafmes peu après la fefte de la Tounain£ts,luy & moy,viliter le Cardinal Aldobran- din,à Frafcati,où il nous traitta,auec toutes les carefïes,& magnifi- cences^ auec toutes les proteltations d'arTe&ion &c refolution au feruicede voftre Ma jefté,dontilfepûtauifer. Il nous ditaufTi, en- tre antres chofes , que depuis qu'il s'eftoitlaiffé entendre à l'Am- bafTadeur de Sauoye , de l'honneur que voftre Majeflé luy auoic fait, d'auoir aggrcablc qu'il s'entremifi: des affaires de voftre-ditte Majcftc,& de Ion Alteflejils auoient refolu, luy & ledit AmbafFa- deur de Sauoycde dépefeher vn courrier vers fonAltene,pour l'a- vertir que ledit Cardinal Aldobrandin fe deliberoit de faire , dans peu de temps,vn voyage à Rauenne, afin que fi ledit Duc vouloir vfer de fon moyen , pour trai&er quelqu'autre chofe , auec les Mi- nières de volïre Majelté,ille fifl auantfonpartement. Ce quime fait fouuenir de reprefenter vn autre'propos à voftre Majeftc , que le Cardinal Aldobrandin m'auoittenu,quelquesioursaiiparauant: qui eft,que Y on luy auoit éctit,dc France , que V. M . vouloit recou- urer le Marquifat de Sallunes5par échange de la Breffe & qu'elle auoitditàquclqu'vn; Si le Duc de Sauoye veut que ie face cela , il feut qu'il me rende mon Marquifat qu'il ne fçauoicfi l'intention du Duc de Sauoye fcroit d'y entendre. A quoy, ignorant s'il difoit ccla,pour me fonder,ou autrement,ie in enhardy de répondre que ie croyois difncilemcnt,que voftre Majefté euft ce defir , tant par ce qu'outre FvtHité que la BrelTe luy apportoit,pour clolture & feu- reté de fon Royaume, & pour lmterdiûion du palTagcauxEftran- gers il fembloit qu'elle fuit engagée, parfa réputation, à maintenir ce choix,pour monftrer de I'auoir fait par vtilité &c élection, & non par nece/ïîté : que pour ce qu'ayant elté recherchée de quelques Princes d'Italie, d'auoir aggreable que celte pratique fe remift fiïsji r auois appris d'elle, que ce n'eftoit pas chofe qu'elle defiraft , fi elle ne voyoit qu'il y euft vn notable auantage, pour le Bien public, &ù pour lefalutdefcsamis.- luy eftant quant à elle, le party qu'elle auoit pris, beaucoup plus vtile,pour fon particulier. I'ay voulu don- ner auisde celte propofition,&: de celle réponfe, à volhe Majefté, afin que fi i'ay fait faute,il luy plaife m'en auertir, pour m'exciterà X xx iij #i LES AMBASSADES Iarep.uxr.MonfieurrAmba{Tadeurauraauflî écrit amplement à voftre Majefté,par les ordinaires .precedents,du fait d'Auignon. A ce doncqu'il luy en aura rcprefenté , ie n'y aj oufteray autre chofe, finon que le Cardinal fain& George me pria fort l'autre iour, que voftre Majeftén'yfauorifaftpoint Frangipane; me difant qu après auoir exclus Gizeliere,commedefpendant d'Efpagne , duquel né- anmoins il feconftituoitpleige à voftre Majefté; y en admettre vn autre de pareille condition , c'eftoit faire tomber la desfaueur, particulièrement fur luy. Outre ce que ie croy que ledict Frangi- pane , neft pas fort des amis du Cardinal Aldobrandin, nydes ilensue laffeuray quevoftre Majefté auroit toufiours grand efgard, à ne fauorifer point ceux , qu'elle fçauroit luy eûre defaggreables. Le lendemain', le Cardinal Bandini enuoya prier Monfîeur l' Ana- bafudeur, *ôc moy, lî le Pape faifoitparler à voftre Majefté , d'vn nommé del Bufa!o,coufin du Cardinal del Bufalo , qui eftoit lors abfent.de la fupplier,pour l'amour dudk Cardinal del Bufalo , de Yy fauorifer. Ce que nous luy promifmes d'eferire à voftre Ma- jcfteM'afteurafmesque toutes les occafionsquiluy feroientprefen- tëes,de fauorifer ledit Cardinal del Bufalo, ou lesfiens, ellelefe- roit toujours, plus que très -volontiers. Le reftedesnouuelles de cefte Cour , Monfieuri'Ambafîàdeur les luy mandera , qui va toufiours , grâces à Dieu, de bien tfn mieux. Il y eut Dimanche hui& iours.qu'il accompagna à cheuaUe Pape , à la prife de poftef- ûon de fain& Iean de Latran, où il parut fort , ayant les deux Or- dres de voftre Majefté, &:eftant pare Il magnifiquement, &auec tant defclat,que toute Rome auoit plus les yeux fur luy, que fur 1 e Pape.Dieu vueille quele fuccés de fa Légation, foit aufli heureux, par proportion , que le commencement, & maintienne voftre Majeft.ç, SIRE,cntoutefante',profperîté Se félicite. ï oublie is à dire à voftre lî aie {te Rentre les anciens & * ffeffionnez, feruiteurs , quelle a en cefte Ceur^ly en a vn nommé » le fieur Àrnolfai, gui après Monfieur l1 Archeuefqued'Vrbin , me fcmhit tenir le premier rang à mériter quelque marque de recâgnotfancc , de voHn-diite Ma- ET NEGOTIATIONS. Lif. III. ùJfc.Monficurde Bt thune IccognoiJlfortpArthuliertmerK , & tn poumexAffement informer vojkt M aifjté. D. V.M. DeRomcce 15. Le tres-humble & tre:-ohîJfantfu]et Nouemb.iécj... &Jemteur, I.Cardikal or psx.ft.dK. ARGVMENI il remet fur vne Congrégation , & fur U venue inopinée de Monftcm tt Duc de Nemours fa caufe de ce peu de lignes.. AV ROY HENRY LE GRAND, IRE, Vne Congrégation de dix heures entie-- res3où il me fallut hier aflifter,pour la dif- pute des Pères Iacobins , & fefuites ï Se î'arriuée inopmëe de Monlieur de Ne- mours, lequels s'eftant venu loger fous la prote&ion de voftre Majeftë, 6c au Palais de Monfieur fon AmbafTadeur » il m'a femble' que ie me deupis rendre foliciteur auprès de fa Sain £etc , pour le faire receuoirauec tout l'honneur quiferoitpoflîble : Excuferont, s'il luy plaifr,la briefuete de celte lettre,& feront que ie remettray au prochain ordinaire3à luy eferi* replus au long,de celte particularité,^ de diuerfes autres. Seule- ment luy diray-ie,quefes affaires vont icy, tous les iours , debie^ en mieux,graces à Dieu, lequel iepric, SIR E, conferuer vote Majefté, longuement Se heureufement," D.V.M. De Rome,ce dernier Le tres-humlk & irts-ûbeïjfânt fik& Ncuemb. ltfoy. drjeruitcur, I. Gardinai e>y 554 LES AMBASSADES A RGVMENT. Confiâtrations , qui t ont fait incliner au remplacement des deniers du Chasleau Saine? Ange. Le Cardinal Delfin , emporté d affection. Billet \de Florence. Ambajfadeurs des Gcneuois à Rome. Menace du Cardinal d Attila, Leur me/contentement des E/pagxcls , accreupar deux accidents, Ils efperenten la protection du Roy ,qui leur eft large- ment prontife, C on fui François » necejaire à Gènes ,en ce [le occafion, DiJJcntion entre le Pape & les Vénitiens. Procédure ày oh(eruer, Lettrrde M on/leur le Marquis de RofnyJfaSainclet'e. Demon/îra- tion de hxtrefme contentement quelle en fecoit . Capacité de î A bbc de S eue. Supplication pour Mon/leur le Cardinal Sera/jn. AV ROY HENRY LE GRAND. IRE, I'ay veucc qu'ila pieu à voftreMajefté me répondre fkp le' fait des deniers du Chafteau Sainct Ange: A quoy ie me conformeray entiè- rement', commeàvnconfeil, queierecognois trop plus prudent, que le mien. Aufll luoit-ce elle mon vnique delTein, quand ie pris lahar- dielTe d'en écrire à voftre Majelté,de recourir à elle,côme à l'ora- cle; &receuoir Ton iugement fur mon aduis,pour le continuer , ou abandonner,felon qu'elle iapprouueroit,ou reprouueroit. Seule- ment iuy diray-ie , pour m'exeufer d'auoir appellé ces deniers-là, morts U fteriles ; que ie ne les auois pas baptifez de ce nom , pour le regard des Princes feculjers, qui peuuent défendre eux mefmes,. leurs Eftats Se leurs chrefors:mais pour le regard du Pape^duquel la condition eft telle, que ny il ne fe peut défendre par fes propres ar- mes, nyil ne peut manquer d'eftre défendu par celles d'autruyj pour Tintereft que tous les Princes Chreftiensontàfa conferua* tion. Car quantàlafeurcté de la garde de ceft argent, arprincipa». lement5arriuant quelque trouble en Italie , il eft facile de coniettu- rer quelle elle peut eitrcdel'eitat de la ville de Rome, qui , outre qu'e!Ien'a,ny pQi'te,ny eloftures , qui la défendent contre les for- ces de dchors:ain$ eft ouuerte §c expofée de toutes parcs , comme yn village. ET NEGOTIATIONS. Lrv. lit, fjj vn vilî*ge,auxincur lions de ceux qui tiennent iacampagne;Oiètre cela,dy-ie,ellecftfmettcà fréquents interrègnes, 8c fieges vacants, pendant lefquels , pour les mécontentements qui reftcnt contre ceux qui ont gouuerné fous les derniers Pontificats,-elle a beaucoup depeinc à s'empefcher de le laccagerelle-mefme.Et panant, quel- que aiTeurance qu'il puillc y auoir en lagracedecethrefor, pen- dant que les Papes viue«t : laquelle toutesfois n'eft pas telle , que Piccolomini n'ayt bien eu autresfois,en temps de paix, la hardiefie d entreprendre de l'enleucr,aucc douze, ou quinze cents hommes,, par vne intelligence qu'il auoit dans le Chafteau : ce qu'il euft exé- cuté, file Grand Duc, qui en eut le vent, n'en euft faitauertir le Pa- pe Grégoire XI V. Pour le moins eft-il certain , quependant lesin- terregncsSc vacations de Sièges, il n'y a rien de plus maiaffeuré. Car alo:s,quiconque fera capable devenir à Rome,auec deux mille hommes de dehors , pourra faire eftai de fe rendre mailtre de la- ville 8c du Conclaue. Et de cela , nous n'auons pas efté fans alarme, és deux derniers Sièges vacantsjefquels vne des confi Jeraùons qui a le plus aidé à auancer les eftections des Papes,a efté la crainte que l'on auoit,ii les chofes fe tiroient en Iongueur,que les Ef paçnols ne firent defeendre dans Rome , pour ceft efFer, deux ou trois mille Ihommes, de Gaette, 8c autres proches confins du Royaume de Napics. Soupçon d'autant plus vray-femblable , que peu dciours après la mort du Pape Clément , leurs partilans auoient faitpro- pofer,fous prétexte de la haine du Cardinal Aldobrandin, que l'on □ftaft de Rome les mille Corfes , que ledit Cardinal Aldobrandin y auoit introduits-^ que l'on y fîftveniren leur lieu, 2.000. E(pa* gnols,ou Napolitains, de Gaette,pour la garde de la ville &c du C6 • |:Iaue«Maiscc que les Elpgnols n'ont point tenté, durant cesder- j îiers interrègnes, pour n'en auoir point eu de prétexte, à eaufe de la . ?aix de l'Italie;il n'y a point de doute que s'il fe prefentoit vn Con- nue,pendant lequel, il y euft ou arriuaft quelque trouble deçà les noms, ils ne l'cntreprilTent 8c ne l'efFeftuaiTent. Car alors, ce leur eroit chofe fpecieufe , de dire qu'ils fe feroient a fleurez de Rome, j^duthrefor Apoftolique, pour empefeher que les perturbateurs ie la tranquillité de ritalie,ne s'en faifi(Tcnt,&: n'abufafTent des de- | ùers de l'Eglife^contre le repos public : &: de protefter que leur Att- ention feroit feulement , de les employer pour la défenfcduS. •iege,&:delapaixdelaProuince, auec force belles promeuves au Conclaue, 8c au Pape futur, de les remplacer en aflignations fur le Y y y 55S LES AMBASSADES Royaume de Naples,ou ailleurs. Et n'eft à penfer quelafortereffe' du Chafteaufain& Ange, leur apportai!: aucun obftacleà cedel- iein.Car quand elle feroit aufli bonne,commc elle eft mauuaife , ir leur feroit toujours facile de s'enaffeurer parprattiques & intelli- gences prccedentes,à caufe du moyen que le voifinagedu Royau- me de Naples, leur fournift , de donner rctraitteôc recompenfe commode,aux gardes de la place.Cesconfiderations,SIRE,join- tes à l'incommodité & necefïité des affaires du Pape toutes enga- gées, par les extrêmes defpenfcs de fon predecefleur; m'auoient fait incliner a fauorifer le remplacement des deniers du chafteau fainc"b Ange , en l'acquit 5c dégagement du reuenu du Siège Apo- âolique : Et cela, d'autant plus volontiers , qu'il eft trop plus facile d'empefeher à l'auenir, les Papes , de créer nouuellcs debtes fur le fonds de l'Eglife , que de lesempefeher de mettre les mains à ce * hi cfor. Car quand on aura fait vne Ioy,qu'il ne foitplus licite aux Papes futuiSjdeles engager de leur propre authorité,&: que les Pa- pe sfublcquents , en tel cas , ne feront point tenus d'acquitter les debtes des prececlëts;il ne le trouuera plus de créanciers, qui vueil- Icnt rien auancer.-I'obmets à dire qu'en cefaifant , ilmefembloic toucher vne corde fort aggreableau Pape, Se obliger grandement fes freres,& le Cardinal Borghefe^qui s'eft lafcfoé kifqucs a me dire qu'il n y auoit rien, en quoy il peut eftre tant gratifié, qu'en la pro- tection de ceft affaire.. Neantmoins, depuis la réception des lettres de voftre Majefté, ie me fuis refolu de m'y conformer enticremet: .^principalement , ayant efté faittevnepropofition à Monlieur l'A mbailadeur,à l'exécution de laquelle,!! elle fepouuoir autant ef- perer,que defirer,la referue de ces deniers feroit fort vtile. Quant au fait du Cardinal Aldobrandin , i'auois bien toujours iugé , & mefme I'auois tefmoigné par mes lettres , à voftre Majefté , que l'affection du Cardinal Delrin lemportoit vn peu trop auant , & luy faifoit fe promettre de la refolution du Cardinal Aldobrandin, pour le regardée fon neucu , plus que ie n'auois recueilly que l'on s'en peuft promettre pour le prefent.Toutesfois,nousne lai/ferons pas,M0nfieur rAmbafladeur &moy,lors quel'eftat des terres,que voftre Majefté nous doit enuoyer,fera arriué , d'y fane tout ce qui fera en noftrepouuouv Le Grand Duc me fit tenir, ilyaquelqucs îours,vn billet , furie fait dudit Cardinal Aldobrandin , quci'cn- uoye à voftre Majefté,auquel neantmoins,ie penfe qu'illé trompe- poulie regard du Duc de SeffcCar toute ceft e Cour croidaifeurc ET NECOTIATIONS. Liv. III. f37 mcnt,qu'il ne viendra point:Et les Efpagnols font fort après Aldo- brandin,pour luy dorer celte pillule: mais elle luy fera toufiours de mauuais gouft,par ce que,quoy que face le Marquis de Villenes,ils ne feront iafnais, finon ennemis tres-irreconciliables. Quant au relie des nouuclles de celle Cour,Monfteur l'AmbafTadcur en en- tretiendra voftre Majefté. Il s'eft très- bien porté enuers les Ambaf- fadeurs de Gènes, quifonticy, les ayant fait accompagner à leur entrée, par toute la NobleueFrançoifc, & les ayant vifîtez lèpre - mier.Cc que depuis, l' AmbafTadeur d'Efpagne , & les autres après luy , ont fait par émulation. Au moyen dequoy,ils ont attribué tou - te cefte obligation^ celuy de vofte Ma)efté.Chofe qui a tellement piqué le Cardinal d' A uiia, qu'il s'eft lafché à dire tout haut, qu'ils le payeront. Ielesay fait continuellement afllfter par vne partie de. ma famille , fous la conduitee dVn Secrétaire Geneuois , quei'ay, quidefpendoitde feu Monfieur Lomelin. Ils font profdîionou- uerte, eux &c toute la NoblelTeGeneuoife, quieft aueceux , de monftrer de grands foupçons &c mefeontentemers des Efpagnols, lcfqueJs ont efté accreus nouuellement,par deux accidents : ÎVn a eftejadcfcente que quelques Galères, chargées de gens deguer- re,ont voulu faireà Sauonne;chofe que leGouuerneur de Sauonnc a refufée de fourTrir,& les a menacées de les mettre à fonds , û elles nefe retiioient-l'autre a efté,vn traitté qu'ils ont defcouuert , que le Comte de Fuentesauoit entre-pris auec les Carretti, anciens Sei- gneurs deSauonne,pourleur faire transférer leurs droits,en la per- Concda Roy d'Efpagne. Cela joint aux autres procédures du Côte de Fuentes,les a tellement animez, qu'ils ne font que déclamer co- tre l'ambition im modérée des Efpagnols, & prefeher le fecours,8£ la protection qu'ils efperentde voftre Majefté , laquelle Monfieur 1 AmbalTadeur, &moy,leur auonspromife le plus largement qu'il nous a cité pofîible. De manière que Ci après leur retour à Gènes, voftre-ditte Majefté y veut, félon les mémoires de l'Archeuefque d'Vrbin.eftablir vn Conful François, pour fous prétexte de négo- cier les affaires des Prouençaux,aueclcs Geneuois,cultiuer cefte ie- mence de mutation ; il y a apparence qu'il s'y pourra faire quelque :hangemét dïmportâce,pour les affaires d'Italie, lefquelles cômen- :êt à fe brouiller tellement,dans les efprits des homes, qu'il fera dif- ficile qu'elles durer long-tcps,fans orage. Monfieur T AmbalTadeur lura auerty V.M.de la difTcnfiô qui eft arriuée entre k Pape, &: les vrenitics,pourvne cntreprife.que faSaincteté pretcd auoir efté fake Yyy ij j58 LES AMBASSADES mrlaiurifdi&ionEcclefiaftique : Ce qui m'empefchcradeluy en vfer de redkte.il me femble qu'en ceft afFaire,qui eft pour produire de grands troubles en Italie,nous nous deuons gouuerner de forte, en conferua'nt le crédit de voftre Majcfté, tout entier, en l'efpiit de fa Sain&cté,&: ne luy laifïànt conceuoir aucun foupçon de vouloir vfer de partialne>ou heurter à ce premier commencement , contre Ton intentiomque nous refermons à voftre-ditte Majeftc,le lieu de fepouuoir rendre, quand il en fera temps , médiatrice entre les par- ties :Lefquelles, lois que la pîayefe fera vn peu refroidie, &leur aura donné le loifii d'apprehender les mouuements,qui en peuuent naiftreytiendront à beaucoup d'obligation , que la chofefe termine par quelque expédient : &. toutesfois feront défia paffées fi auant, qu'il ne fera plus de l'honneur, ny des vns,ny des autres,dc s'y por- ter d'e ux-mefmes:ainsfaudraqu'vn tiers y interuienne, pour fe ren- dre compofitcur de ce différent ,& par confequent , arbitre & mo- dérateur du plus grand affaire, qui foitarriué de plufieurs iours, en Italie. Chofe que voftre Majeiïefeule,pourra faire, aticc dignité &c authorité.Neantmoins nous nous afilmblerons,MeiTieurs lesCar- dinauxdeGiury,&Serafin , & Monfieur l'Ambafladeur & mey» pour en confulter plus meurcment , attendant que nous puifiîons receuoir fes commandementsyfur cefte Occurrence.Quant à la let- tre de Monfieur de Rofny , de laquelle il a pieu à V. M. me faire mander.qu'elledefiroitqueielatinfefccrette ; Sa Sainteté m'a promis que nul ne la vcrra,ny n'en aura copie , ny mefmenefçaura qu'elle luy ay t efte efcritte.Et pour mon particulier, ie fupplie tres- humblement voftre Majefté,de croire que de mon c©ftc,iln'en ar- riuera point de faute. I'ay le filcnce,pour ceregard , en trop grande recommandation , recognoiflant combien il importe que telles chofes foiént tenues fecrettes. Et lors mefme que le Pape luy eferi- uit,ie fus fi fci upultux,qucie n'en communiquay rien à perfonne,ny ne l'ecriuy pas mefme à voftre Majefté,ne feachant fi Monfi eur de Rofny voudroit qu'elle l'apprift d'aucun autre,prem ier que de 1 uy, Bicnattefteray-je à vofire-ditte Majcfté , qu'vn des plus grands contentemens, queiecroyquele Pape aytreceus depuis fon Pon- tificat a efté la lecture de cefte lettre. Chofe quiredonde touj ours à raccroiflement de fon affettion enuers voftre Majefté. Car il me la fit lire &r. interpréter > voire la leut luy-mefme auec moy , par trois fois : me difant à tout propos , que Monfieur de Rofny l'obligeoit trop, qu'il luy faifoit trop d honneur, qu'il ne fe pcuuoit Yoirvnc ET NEG OTIATIQN S. Lj v. III. w lettre mieux faitte-ny pour les conceptions, ny pour les paroles, ny pourlagrauité & dignité delà manière décrire: Et que s'il n'y euil point eu l'intereft qu'il y auoit,pour fes louanges qui y eftoïent nie- llées, il euftditabfolument, que c'eltoit vue des plus belles lettres, qu'il euitiamaisleuès.Ce qu'il reconfirma depuis, prefque en mef- mes termes , à MonfieurrAmbalTadf ur. le lailîéray ce propos, Si RE, pour palTerà vn autre,[quielt queMonfieuiTAmbr.lTadeur m'a fair l'honneur de me communiquer quelques points , des cho- fes qu'il m'a dit,que vofire Majeftéluya elcrites, parfesdernicres Iettres:&: entre autres, de la harangue de l'Obediencc,furle fujet de laquelle,il m'a parlé d'vn nommé le Sieur Abbé de Scue, dont on auoit lait quelque relation à vofire Majefté, &m'aconuiéd cnel- eiirc mon aduisà voltre-dittc Majefté. A celle rin donc, encore que i'euffe quelque cognoilTancedudit fleurie Séue , qui mefem- blc homme de tres-bon iugement, 8c fort capable de cède charge: ncantmoins,pource que Moniteur le Cardinal Serafin lecognoift beaucoup plus particulièrement , que moy ; i'ay penfé endeuoir conférer auec luy.Ce que i'ay fait,& la refponfe quei'en ay receuè, a efté qu'il lecognoiftfort, & clt tres-informé de l'a fuffilance &: capacité , & qu'ilaiTeure V. M. qu'il s'en acquitera dignement &: neureufement. Celle mention de Monfieur le Cardinal Serafïn, SIRE,meramentoit vne prière qn'il m'a fakte, qui eftdefupplier V.M. de vouloir auoiraggreable qu'il foit d'orefnauantafîîgné de ce qu'il luy plaift luy donner,lur la recepte générale de Lyon. dau- tant qu'il ne peut tirer les deniers, de où il a fes aflîgnations,iinon auec grande longueur, & perte déplus de quinze pour cent,pour les changes, & frais de la pourfuitte: Ce qui ne luy arriueroit pas à Ly ô , où ily a desamis &: des feruiteurs.Son mérite, & l'incommodité où il eft réduit, me donnent la hardi elle de faire cefterequcfïe pour |Iuy,laqucllei'accompagnerayd'vne très- humble prière à Dieu, iSIRE, qu'il luy plaife conferuer V. M, entout comble d'heur & profpcnté. D.V.M. De Romc,ce 14. Lctres-humlUé tru-okà'ffant fiiet Decemb.iécj. & ferutttur. I. Cardinal dv Pirron, Y y y iij Ho LES AMBASSADES A R G V M E N T, lit ajfeure du fdence ob férue au fat de la lettre de Monfîeur le Marquis de Rofny : luy fpecife h iùye que le Pape en a reffentie , & combien Monfieurï Ambtflaâeurya détoure» tour , gaignantpied aux bon- nes grâces de fa SaincletL A MONSI-EVRDE VIL LEROY , CONSEÏL- lcr 8c Secrétaire d'Eltat. En Cour. OnsievRj î'ay obferué ce que vous m'aura ef- crit,du filenceque le Roy defire eitre gardé au faic de la lettre de Mr. de Rofny , laquelle le Pape m'a prorais que pei forme ne verra,ny n'en oirra parler: Et pour mon particulier . il n'enarriuera aucune faute de mon coflé.Ce refped,&: l'incertitude où i'eftois , fi Mon. ficur de Rofny voudroit que le Roy le fçeuit d'autre part, que de la llennejinauoit fait abftenir d'en donner mefmeauîs au Roy. En fomme,lachofe,pour Je regard du Pape,a frbien reiifTi , qu'ilne fe pouuoit mieux:Car il en a receu vn contentement indicible , com - me vous verrez parla lettre que i'en écry àfaMijefté , &nes'eft peu tenir des'en conjouyr aucc MonfîeurTAmbaiTadeur,qui gai- gnepieddeioureniour, en fes bonnes grâces. Toute Romccft fort contente de luy,St croy que vous receurez entière confoiation defon AmbaiTadei&poffiblefe prefentera-t'il bien toit des occa- fions de la rendre fignalée : Car il femble que l'Italie ne puirîe plus Supporter fon repos. le ne luy manqueray point,non de confeil,car leiieneft meilleur que le mien, mais de compagnie & d'afîiftance, pour le fortifier &aider,àrexecution de fes bonnes refolutionsjte- nant pour vn grand bien, de pouuoir feruir le Roy , &c vous , en fa perfonne.Et fur ce,ie prie Dieu, MonsievRi vous conferuer au/fi longucment,que le defire, De Romcce 14. Voftre tres-affetfionné Dccemb.iSoç. feruiteur. J Cardinal dy Perrok. ET NEGOTIATIONS. Liv. III. ARGVMENT. llluy réfère les honorahles termes de fa Saincfete , en U recept/ox dt U lettre de M on/leur le Marquis de Rofny , & après quelque: aci.ons de grâces Juj recommande CAbhc Arnolf/u. A MONSIEVR DE BETHVNE , CONSEIL- ler du Roy,enfon Confeil d'Eftat , &c Lieutenant pour fa Wajefté en Bretagne. En Coiir. O fï s m v r , La lettre de Kfûhfîsnr voftre frè- re, a fait des merueillesrcomme au/fi, elle eftort extrêmement bien faitte. L c Pape y a pris vn des plu s grands plaifirs , que ic cfoy qu'il ait re- ceus, depuis fon Pontificat.il me la fit lire,& in- terpréter, voire la leut luy-mefmeauec moy, par trois fois,& à chaque période, il s'efpandoit en louanges, des belles conceptions, Se paroles, qui y eftoient con- tenues,6c de la dignité,auec laquelle elles eftoient exprimées ; me difant^queMonfieur voftrefrcrel'auoit trop obligé , &c Iuyauofc fait trop d'honneur, &: que n'eitoit cefte confiderajtion , qui le rcn~ doit intereiTcJ&: recufable, au iugement de fa lettre» il diroit que ce (croit vne des plus belles lettres,qu'il euit iamais veucs. Il adioufta que fans la prière que ieluy fis,par commandement du Roy, de ne la monftra\ny n'en parler à perfonne , il en euft remercie mondic lïeurvoftrefrcre,par vn autreBref exprès: Mais qu'il renremercie- roit, par fes a&ions, en priant Dieu de tout Ion cœur, piemiere- ment,pour fon bien fpirituel, & puis après, pour fon bien tempo- rel, lime ditauiïi, qu'il vous vouloir eferire, Se que n'euft efte la mefm£iaifon,afçauoir,le defir de tenir la refponfe , que Monfieur voftrc frère luyauoit faitte, fecrette, il vous euft prié dans voftre Bref,de l'en remercier , & luytefmoigner le contentement qu il lauoit receu , de celte action : Mais que voftre Bref, ayant à eftie veu , il n'y pouuoit inférer ces chofes , qui deuo- tyent demeurer cachées. 11 me dit , outre cela , qu'il eferi- juétt à Monlieur le Nonce , fur le fujet dont m'auoit parle ' Archeuefque d'V rbin,& dont i'auois,il y a quelques moys, i.ôme c vous écriuy , traittè auec fa Sainttecc.'; Ce que ic ne penfoi* pas, LES AMBASSADES qu'il deuft taire, iufqucs à l'autre ordinaireunaisayam prié ledit Ar- cheuelque d' Vrbin,de voir en la Secretairerie , en quels termes les chofeseûoicnt,iltrouua que le Pape s'en eftoit défia fouuenu , &c l'auoic commandé de luy-mefme : De fortequeie croy que vous aurez l'vn & l'autre,par cefi ordinaire. Au refte , Monfieur.ie ne fçaurois comment vous remercier , des remerciements qu'il vous plaid me rendre. Car ne les ayant en aucune forte meritez,ie ne les puis receuoir pour remerciinents : ains les prens pour nouuelles obligations , defquelles ie fuis tenu de vous rendre,comme ie fay, nouuelles actions de grâces. Ce pendant ie vous recommande, tant que ie puis, Monfieur Arnofini,qui eft de vos plus afFe&ionncz feruiteurs , &vn des plus bonnettes hommes , de tout le party du Roy, à Rome,qui après rArcheuefqued'Vrbin,mefembledeuoir précéder en recognoifTancctous les autres Italiens. I'efcriuy ,il y a quelque temps, au Roy,en fa faueur ; le vous fupplie,par le feruice qu'il vous a voijéJ&: par Tamitié que vous me portez, & luy portez, fortifier ma recommandation , de la voftre > autant qu'il vous fera poflible,&:iedemeoray déplus en plus, Monsie y R, DeRome,cei4. Vtfrttres-affetfiennéé oblige j Decemb.1605. (èruiteur. L Cardinal dv Perron. A R G V M E N T. . Il fe ramentoit aux bonnes grâces de ce Seigneur , à prefent Secrétaire d'E/tat. A MONSIEVR PHELYPEAVX, CONSEIL* 1er du Roy,en Ton Confeil d'Eftat, de Trcforicr ^le fon Efpargne. En Cour. Monsis yju ET NEGOTIATIONS. Liv. III. w O n s i e v r\ mon Tuteur, le ne prétends poinr, que cefte lettre tienne lieu de recommandation, pour aucune chofe qui me concerne : ce feroit faire tort au foin que vous auez toufiourseu, de voftre pupiilcque devouloir vous importuner de femblablespriercs.Mon intention eft feulement* •de me ramenteuoit,par ce mot d'efcrït, en vos bonnes grâces , Se vous prier de me les continuer/telles que ie les ay pofiedées , auant tnô efloignemct.C'eft xhofe que ie me promets de voftre bô natu- rcl,auqueli'auray cefte obligation,comme de tant de fignalez offi- ccs,que vous m'auez voulu départir -, pour recognoiflance dequoy* ie n'auray iamais contentement , queie ne vous aye afteuré par ef~ tet,queiefuis, MoNSIEVR, DeRome,cci4. Decemb.1605, Vêftr* très -afeSlionne p u fille & Jeruiteur, IXàrdinal dv Perron. ARG VMENT. Retour des ^imbaffadeurs de Gènes jnal [attifait s eUs Espagnols , & très- fatti faits des (eruiteurs dit Roy. M agnaminitè d'un Sénateur Geneuoù fuiu'te à t infant de tous les autres : Et la réponfe faitt* en kurnom^tt Comte de Fventes. AV ROY HENRY LE GRAND. IRE, Monfieur l'Ambaûadeur rendra conte à voftre Ma- jefté,de ce qui s'eft pafiTé iufques icy, pour le regard des Vénitiens: Ce qui m'empefehera de luy en faire aucune reditte.il luyreprefenteraauflî, la mauuaife fatisfacliô, uec laquelle les Ambaifrdeurs de Gènes s'en vont, des defporte- Z zz '544 LES AMBASSADES ments des Efpagnols; & le contentement qu'ils remportent de V. Maj efté,& de fes feruiteurs. l'y aioufteray feulement,pour mon- trer iufques où eft pafle la défîanccque leur a caufée l'entreprife du Comte de Fuentes;que le Sieur Rauaftiheri, qui fut celuy des A ra- baiTadeurs,quiportalaparolepourleSenat, deuantlePape, m'e- ftant, outre la viiite publique, venu voir le foir en particulier , m'a dit que de quatre cents vingt fix perfonnes, qui afîifterent à ladeli- beration,qui fe tint pour ceft effet,auConfeil de Genesùl n'y en eue vn feul , qui ne conduit à coucher pluftoft de toute la fortune de la Republrque,que de permettre aux Efpagnols, de rien empiéter fur leur Eftat: Et qu'entre les premiers qui parlerent,il y eut vn des plus honorables Senateurs,quidit qu'il auoit crente mille efeus de rente* dans les Eftats du Roy d'Efpagne,& que hors cela , il ne luy reftoic pas mille efeus par an,à defpendre1 : mais qu'il aymoit mieux de- meurer auec milleefcus de reuenu,& outre cela,employ er fon fang; 8c fa vie,quc de confentir à voir tomber fa Republique, fous la fer- uitude des Efpagnols : Et qu'après luy, tous les autres opinèrent de mefme.il me dit auflï , que fors quête Comte de Fuentesfe voulut exeufer au Sénat de Gènes , de celte entreprife , alléguant que ç'a- uoitefté le Magiftrat extraordinaire de Milan, qui auoit decerné>8£ fait publier ce decret,fansfon fçeu ; larefponfe qui luy fut fait te par l'ordonnance duSenat,futtelIe:Que puis que le Magiftrat extraor- dinaire de Milan , auoit fait publier ce décret, fan s fon fçeu; ils se- itoient refolus de fe tenir fur leurs gardes, Se de munir leurs places, d'armes,& de gents de guerre : de peur que,comme ledit Magiftrat- auoit fait publier ce décret , fans fon fçeu, auflî il ne le fift executerr fans fon fçeu.Lc refte des particularitcz,qui concernent ceft affaire, & autres importantes auferuice de voftre Majefté , ie la fupplieray à'auoiraggreablcquela diligence de Monfteurl'Ambahadeur,me difpenfe de luy en faire nouueaurecit,tant pour ce qu'il s'en acquit- tera fi amplement,quc ie n'y pourrois rien adioufter,qui ne fuft fu- perflmque pour ce qu'il me refte à prefent,fort peu de remps,que ie puifTe employer à eferire, à caufe des exceflîues occupations , que me donne la multitude nés Congrégations, où ie fuis employé , &c nommément celle de Auxiliis,pour de laquelle m'informer pleine- ment & conuenablement , maintenant qu'elle eft à la veille de la decifion,iI faut que ie voye tous lesliiu*es&cfcrits,qui ont efte fais de part & d'autce,fur cefte matiere3depuis huit ou neuf ans,qu'ii y a ET NêG OTIATI ONS. Liv. ill. ^ qu'elle fe traitte deuant le Siège Apoftolique. Et fur l'efpcr ance de cefte grâce, ieprieray Dieu, SIRE, vous continuel* le comble des Tiennes. D.V.M. De Rome,ce 28. Le très -humble & tres-obeiffant fuiet Decemb.itfoj. &fermteur. î. Cardinal dv Perron* ARGVMENT. Il repre fente à fa Majeftc, ce quil void & cognoift touchant certaine bri- gue de £ Abbé Frangipane. AV ROY HENRY LE GRAND. IRE, VnConfiftoirehier de fept heures, Se auiourdhuy vne Congrégation de Auxi- liis,dehui& heures, de laquelle ie fuis re- uenu lîlas&indifpofé , qu'il m'a fallu, à mon retour , mettre au UGt ;m'empefche- ront de vous direpour ceite heure , autre chofe , finonquei'ay reprefentéau Pape, ce qu'il auoit pieu à voftre Majefté me | :ommander par Tes lettres,comme auoit fait,auant moy ,Monfieur AmbafTadeur, dont-Ci Sain&ete amonftrc receuoir beaucoup de jlainr.& d'eftonndment.Les refponfes qu elle m'a faittes là-dcflus, tyant efté conformes à celles quelle auoit faittes à Monfieur l'Am- >aflàdeur;ce qu'il en eferit à V.M.fcruira,s'il luy plaift,pour l'vn &C 'our l'autre. Quant au fait d' Auignon , lesferuiteurs de V .M .s'y rouuent fort em pefchez,par ce que c'eft chofe,qui ne peut qu'elle l'apor tevn grâd d çchçt,au crédit & à la reputatiô de affaires de V. Zzz tj 54* LES AMBASSADES Majefté,en cette Cour,à caufe de la publique pjofeiîion,que Fran- gipane fait, d'eftre feruiteur du Roy d'Efpagne, & decourtifer& aftifter perpétuellement , fon Ambalîadeur , aueclequelilfemble encore,qu'il ait vouiu,par brauade,fe rendre plus aflidu , durant la brigue qui fe fait pour luy ,qu'auparauant; l'ayant Samedy dernier, accompagné publiquement,en îbn audience , & cftât tous les iours en carroiTe auecluy,mefme àlaveuè'deMonfieurnoftre Ambaf- fadeur,Cela,joint auec la façon dont il s'eft gouuerné enuers voftre Majefté.durantrAmbaiTadedeMonfieurdeBethune, laquelle a efté telle , que voftre Majefté a efté meuë de s'en refTentir ouuerte- ment,en faifantfaifir l'Abbaye de fon frère ; & auecladefcouuer- ture prefque certaine,que ie penfe auoir faitte ( Se plufieurs des fer-, uiteurs de voftre Majefté,fonten cefte opinien auec moy) que c'eft à linftanee de l'AmbalTadeur d'Efpagne , Se pour luy complaire, que le Sieur Iean Baptiftc Borghefe le meut à en prelTer voftreMa- jefté, Se aueG la profeftion ouuerte,que les partifans d'Efpagne fonr> de l'aider &: porter à cefte charge : Toutes ces chofes enfemble, nous font craindre que cefte prouifion ne fafte fort defchôir en Ita- lie,la créance du pouuoir que voftre Majefté a en cefte Cour, Se ne faite penfer à la plus-part , qu'il leurfuffira.de defpendre du Roy d'Efpagne,puis qu'en la charge de toutes, où fa Sainftcté doit auoir plus d'efgard à contenter voftre Majefté , ceux quidefpendét d'Ef- pagne , ont bien le crédit de trouuer en cefte Çour , des moy ens, pour paruenir à leur intention, fansfe defpartir dn leruice &dela' defpendance publiquc,des Efpagnols;& encore en vne Prouince,fi voilîne de Marfeille,& en vn temps,que l'entreprife faitte fur cefte $>lace,eft fi recente.Ces circonftances , S I R E , comme vifibles Se manifeftes- en cefte Cour , font vne telle imprelTion en Tefprit des feruitcurs de voftre Majefté , qu'il ny a pas vn de ceux de ce ncm- bre,foicnt Cardinaux,ou Prelats,ou Caualiers , qui ne trouue cefte brigueyinfmiment eftrange,&: preiudiciable au crédit de voftreMa- jefté.Au lieuqueles confiderations, quimeuuent polTible , voftr Majefté au contraire,fontoccultes,& parauanturemoins certaine qu'il ne feroit à délirer. Et pour ce , i ay penfé eftre obligé de vou en repre fêter ce que i en puis voir Se cognoiftre,auec l'humilité & h delité,quc' ie d'oy au feruice de voftre Majefté, Quant au Cardinal Aldobrandin,la maladie qui l'a tenu& tient encore au lift , depuis vn mois & plus,empefche qu'on ne peut rien traitter auec luy , ny par luy. Si toft qu il fera guery , nous ne faillirons à mettre peine ÈT NEGOTIATIONS. Liv. III. u? » fujet &fertt 'iteur, I. Cardinal dv Perron ARGVMENT. Itand déluge à Rome, Continuation de la maladie du Cardinal Aida» brandin.Les E/pagnols -protègent les lacobins, en hante de l'affection du Gênera Ides le fuites, & de prtfaue tous ceux de (en Ordre , enuers le Roy .Acheminement prononcé \de Dom Jean de Menâoz.z>e3 en An- gleterre. Le Papeojfcnfédu Ducd'Vrbw» Amb a/fadeur extraordi* naire des Venit iens.àjiome. AV ROY HENRY LE GRAND. IRE, Nousnousfommestronnez afîlegez , depuis trois iours,en cefte ville , d'vn Ci grand déluge, que l'eau, eftoit prefque d'vne lance de haut,parla plus-part des rues & des courts de nos maiions:, ôc pendant ce temps, auonsquafi toufiours efté occupez à donner ordre à la conferuation de nos bonnes & de nos familles. Cela, auec la diligence de Mon- Z z z iij S48 LES AMBASSADES fieur l'AmbalTideur , laquelle fufKt , pour fupplèer à toute* mes négligences , nie difpenfera de faire long difeours à voftre Mai efté. le luy diray feulement , pour refponfe aux deux points de fa dernière lettre , que le Cardinal Aldobran- auec luy. Et pour le regard de la difpute des Pères Iacobins & Iefuites, i-aiFeureray voftre-ditte Majefté , que fi toft que le Pape en aura fait quelque decifîon , ie ne failliray à luy en donner conte, Les Efpagnols font profeflion ouuerte , de protéger les Iacobins , en haine , comme ic croy , de l'affection que la Pere General des Iefuites , Se prefque tous ceux de fon Or- dre ( excepte ceux qui defpendent des Pères Mendozze & Perfonius, comme particulièrement les Iefuites Anglois ) ont monftrée de porter à voftre Majefté : 8c femble que d'vne dif- pute de Religion , ils en vucillent faire vne querelle d'Eftat: mais fa Saindeté fçaura bien difçerner l'vn intereft, d'auec l'autre, & adiuger la vérité, à qui elle appartiendra. Quant aux nou- uclles de celle Cour, elles font fort fteriles. Tay eu aduertifte- ment de Florence, que le Roy d'EfpagneenuoyoitDom leande Mendozze, en Angleterre, auec trois mille efeus d'aiutoàicoflà, pour fe refioiïir auec le Roy d' Angleterre,de fa deliurance, & de la defcouuerture de la coniuration qui auoit efté faitte contre luy . Ce quei'ay communiqué au Pape , quia montré detrouuer cefte hy- pocrifie,fort mauuaife.il a aufti efté fort piqué de l'aduis qu'il a eu, que le Duc d' Vrbin a enuoyé prier le Roy d'Efpagne, de prendre la tutelle de fon fils , fi, comme il eft vray femblable , il vient à faillir,deuantquedelepouuoirvoirenage. Chofe qui fe fait dire- £tement,contie les droits du fainct Siege,auquel appartiendroit la rcuerfion de ce rlef,fi le fils du Duc d' Vrbin mouroit en pupillarité, & dont neantmoins,illuy feroit mal-aifé defe mettre en poffeftiô, fi les Efpagnols en eftoient vne fois faifis. Quant aux affaires de Vcnife,il y a efperance qu'elles s'accommoderont,ayants les Véni- tiens député le Sieur Duodo , Ambaffadeur nagueres vers voftre Majefté.pour en venir traitter auec le Pape:Et fa Sainteté m'ayant afleure' qu'elle fe contentera de la raifon, s'ils s'y metterît,& encore de quelque chofe de moins. Monfieur de Frefnes m'a enuoyé queK ^uesaduisfurcefujet, lcfquels i'ay communiquezà fa Sain&etc, à fvn de. fis* frères. A MONSIEVR DE VILLEROY , CONSEIU 1er & Secrétaire d'Eftat.En Cour. O n s 1 e v r , Vous n'aurez,pour cefte heorcaufre chofe de moy, fïnon que i ay fait à l'endroit du Pa- pe , l'office que Monlicur FAmbafTadeurm a dit que vous iugiez à propos que ie fùTe,pour le regard de la liberté de l'homme que vous feauez i & y ay conduit fa Sain£teté,iî infenfiblement,qu'elle s'y eft engagée,com- irne d'elle mefme , Se m'a dit qu'elle en eferiroit à fonNonce , pour , en prier le Roy. Ce que ie croy qu'elle fëra,fi d'auenture , les occu- pations que luy a apportées le nouneau déluge , qui eft arriué' là Rome,ne luy en ont fait perdre la mémoire, l'ay fçeu,de bons & ■ liucrs lieux, que les Efpagnols ont fait offre dVn autre fi"ef,enodfc Mus important que la Principauté de Sulmone, au Sieur Iean Bap- ineBorghdcs&rqueleditSicur IeaBaprifte Borghefeafait degrâ- Ics prieres& inftaeesau Papcpour obtenir qu'il luy permit del'ao epter.Ce que faSaincteté n'a pasvotilu fairfr Lexcficdes nouuelles 54$ LES AMBASSADES de cette Cour , ce feroit offenfer la diligence de Monfieur l'Am- bafiadeiu-jque d'entreprendre de vous refaire. Et partant , ie mç contenteray , pour ce qui eft des miennes , .de yous.affeurerque ie fuis 8c fcray éternellement, Monsievr , De Rome,ce z 3 . Vcflre tres-djfettiQ.nnt JUnuicr,iéoÉ. fermteur. t Cardinal py Perros. ARCVMENT/ tiiuy tefmoigne combien le foin ie luy diray que Monfieurf Ambaftadeur fît,Diman- che dernier* reciter vne fort belle & ma- gnifique Comédie. chez luy, fuiuie d'vne j fomptueufe collation, ù laquelle a/îîfte- rent-plufieuris Cardinaux, &c entre autres,.le Cardinal Borghcfe,& . grand nombre de Dames , entre lefquelles eftoient,îaDucheife Sforfe, & les bellesrfœurs du Pape, & aueceux , & elles , prefques routelaNeblelTede Rome.Lerefte des afFaircsde cefte Cour , &, ET NEGOTIATIONS. Liv. III. in particulièrement ce qui concerne le Cardinal Aldobrandin,Mon- fîeur l'AmbalTadeur ayant pris le foin de vous l'efcrire, ce ne fcroit qu'importuner voftre Maieflc,que de luy en faire reditte. Et pour ce^efinirayccmot^parmes accoufturnées prières à Dieu. SIRE, qu'il continue déplus en plus,fes bénédictions fur yoftre perfonne,'&: fur voftre Royaume. D.V.M De Rome,ce 9. Letres-hamble & tres-obe'/fant fuiet Feurier, 1606. drferuiteur. 1. Cardinal dv Perron? -A R G V M E N T. il luy faitfçauoir l' honorable relut tondue Monjîeur le Nonce a faitte du Pape , de [es de portement! auprès dit Roy ,pour ce qui concerne le bien deÏEgltfe->& lefernict de/a Saincleté^jî» qu il l'en puijft remercier. A MONSIEVR DE BETHVNE , CONSEIL* 1er du Roy ,en fon Confeil d'Efbt , & Lieutenant pour fa Majefté en Bretagne. En Cour. O n s 1 e v r, le vous efery ce mot, pour vous ad- uertir que le Pape m'a dit que Monfîeur le Non ce luy a fait, par fes dernières lettres , vne fi honora- ble & auantageufe relation de vos deporte- ments auprès du Roy , pour ce qui concerne le bien de l'Eglifc , & le feruice de fa Sainctete ; que fa- "ditte Sain&eté s'en refont toute pleine de contentement Se d'obligation en voftreendroit. Il m'a allure auffi , qu'illuy auoit ancécrit de bicn,de Monfîeur le Marquis (où comme l'on tiêticy* A a** ij jj4 LES AMBASSADES de Moniteur le Duc ) de Rofny , yoftre frère, &c tant rendu de tef- moignage de l'amitié, & de lafre&ion qu'il poue à faditte Saincïe- té/ qu'il ne s'y pouuoit rien ajoufter. l'ay voulu vous en donner ce mot d aduis,afin que vous l'en puifliez remercier/Car fa Sainteté m'en a parlé, auec tant de paflion,&: m'a dit qu'elle fe fentoitfire- deuable à Moniteur le M arquis,voftre frère, de l'affection qu'il luy, monflroit , quelle ne fçauoit par quelle autre voye s'en rcuencher, {inon par prier Dieu perpétuellement, pour luy : 6c que pour vous, elle vous portoit,& poiteroit toute fa vie, dans le cœur, 6c n'auroic rien de plus cher,que de vous f aire paroiflre, àl'vn 6c à l'autre , en toutes les occafions qui s'enprefenteroient, quelque eftincelle de Ion afTeétion,&: de là gratitude. Le Cardinal Aldobrandinfefent aufll infiniment obligé à Monfieurvoftre frère, Se à vous, &croid tenir de vous deux, tous les tefmoignagesdafFeèrion , que le Roy luy monftre.il n'a point encore receu ion prefent : mais Monfieur l'Amba (fadeur le luy doit porter , ce foir. le vous en eferiray des îiouuelles,par le prochain ordinaire. Et ce pcndant,pricray Dieu, MoNsiev r, qu'il vous donne touti'heur&:contentement,que vous délire De Rome,ce>9. Vojlre tres-afftetionne Feurier,i6o£. jeruiteur. Î.Cardinal dv Perion^ ARG VMENT. •^4 ' Dnekonnefie lettre qu dâtioit tectn'è de fa part 'M fait vr.e 'bonne Ht l çrcourtoife refyonje* A MONSIEVR DE FR ES NES CANAYE, Confeillcr du Roy, en fon Confeil d'Eflat,& fon . Ambaffadeur. A Vcnife. On s uvr, Iln'eftoit point befoin que vous prif- - fiez la peine d'vfer de li belles , Se ceremoniculcs paroles,pour me remercier d'vn.ea£tion,à]aq.ucIlc, outre vo!\re merite,noftre ancienne amitié venoit àmecoruiief. I'eltime trop vneoccaûon de vous ET NEGOTIATIONS. Liv. III. J5Î pouuoir faire feruice, pour Ja biffer perdre» toutesfois Saquantes qu'elle fe pourra prefenter ; comme ie me promets de vous tefmoi- gner plusparticulierement,en celle de voftrereuocation, lorsqu'il vous plaira m'y employer. Vous afTeurant que la dignité,en laquelle il a pieu à Dieu me conftituer , n'a rien diminué de l'afte£tionj& du defir quei'ay toullours eu, demeconfcruer en vos bonnes grâces. Et lî cil e m'en a donne plus de moyen,i efTayeray en toutes façons, de faire qu'il ne foit point inutile. Ce pendant, iefuis extrêmement marry de voftre indifpofition,laquelîe ieprie Diei^changer en vns parfait te famé- Et quant au relie de voftre lettre,la créance que iay > que Monficur l'AmbafTadeur vous en efcnra tout au lôg,m'empef- chera de vous en dire autre chofe , linon que ie reconnrmeray au Pape,le defir que vous auez de luy faire feruice , encefteinitance, Et fur codera eureray, MoNSlEYRi Dé Rome,ce ii . V&Jîretres ■affecli^ne Feurier, 1 6 o& Jeruiteur. I. 'Cardin al dv PerroK, ARGVMENT. Lêy fgnifiànt la ïoye qu'il reçoit des nouuelles de fa gttertfon • , // dit quvne bonne finit du [dut du Royaume -3 confijie en U con\a nation dttficn. A M O N S I E V R DE V ILLEROY, CONSEILLER &. Secrétaire d'Eftat. En Cour. O n s i e v r , Ce mot fera pour me refiouïr des nouuelles de voftre guerifon, qui nous ont efté ai.fiî aggreables,comme celles de voftre maladie, nous auoient efté douloureufcs.Toute cefteCour en portoit vn mcrueilleux ennuy , & moy en par- ticulier,pour les obligations que ie vous doy , Si je $clcie n'y oublieray rié,duibin&:de l'affcttio queie W LES AMBASSADE S doy>au commandement qu'U a pieu à yofh eMajefté mefaire,pour ce regard, comme eftaur* SIRE, t>. V.M. De Romcce Letres -humble & tres-obeiffitnt Mars,i£o& fujet &feruiteur> I. Cardinal dv PerronJ ARGVMENT. Son Alteffèlepned 'intercéder emers/a Sainteté , pour la libérât im des Galeres^vn certain Capitaine, AXL'ILLVSTRISS. ET REVERENDISS. MONSIC MIO COLENDISS. IL SlGU. Card. DEL PlRRONE. Roma. Illvstrissimo et Reverendiss. MONSIG. MIO COLENDISS. O fono Buta richie/îa da perfona di qi*alità>dr à chi te non £tib pojfïétô negare^di 'entière àVS.l Huflrifi. c ht Ji comentidi ïnterporre àfauore & C autorità ua }ac- ciochevncerto Cafitano Bartholomeo T occa^flato gtà. mandato aile Galère di S Nantit à ,dal Signore Duc a di Sora^offa confequirtla lua libérât ione. Perh io prtgo FS.llluftri{?wta, à farne quclfofftiCiCbe allagtudi- eher à opportun» t&gioue noie Jtcon il detto Signore Duca, corne ton S. Saxtità mede/tma , bifognando : cheoltreal far opéra dicarità, ne far } fiactrei me anwa. Et ricordando à V.S. Illu/lrifima, il mto (olito défi- derïo di/eruilaje bacio conogn'ajetto la mano. Da Liuorno,alli Affettionatiïïïma per feruirla. iï.diMarzo,i6o^. Çhrestiana Gr. DvciC ARG V- ET NEGOTI ATIONS. Liv. III. ARGVMENT. Le Pape affleure de C intention du Roy , au fait de Sedan. Suiet àferuÏY ds haine , entre les mat ins des Borgbcfes dr des Colonnes . Di/pute de {^éuxiliis, finie. Le Grand Duc de Mofcouie , enuoye vn Iefuite vers fa SarncJetè, AV ROY HENRY LE GRAND. IRE, La délibération que V.M. a prife , pour Sédarijtient icy tout le monde en grande at- tentejpeu de gentspenfants que les defleins de V.M.en demeurent là: mais tous enfeïh- ble , tant Tes feruiteurs que lès autres, efti- mants 8c admirants grandement fa pruden- ce. Monfieur rAmba(Iadeur,&:moy, auons donné toute afTeurance à fa Sain&eté, que V.M.n'a autre fntention,cjiie celle qu'elle declare,pourueu que par fecours,ou ouuerts,ou couuerts,on ne l'oblige pointàpafTer outre. I'ay aufli reprefenté à fa Sain£teté,le contentement que voftre Ma* jeftéauoiteu , de ce que les lettres de Monfieur deRofny , luy auoienteftéfiaggreables: dequoy elle a monftréreceuoir,de non- ueau,vnetres-grande confolation. Monfieur rAmbaflàdeurautà èferit à voftre Majcfté,ce qui s'eft parle icy5pour le regard de l'Ab- baye de Subiacorchofc laquelle,outre l'importance du fait , qui en foy efttreSïgi-ande,feruiraàmettrevne haineirreconciliablcentre les mations des Borghefes,& des Colonnes.Quantàla queftion de Auxiliis les ditputes font finies:mais on n'a point encore commecé de venir à la decifion. Les autres nouuelles de cefte "Cour, Monfieur l'Ambaffadeur les mandera à voftre Majefté , trop mieux que moy, excepté que poiïible il oubliera de luy eferire, que le Grand Duc de Mofcouie a cnuoyç vrTlefuite , vers le Pape , qui Bbbb 56o LES AMBASSADES eftarriué depuis peu de icurs , dontfa Sairûctc alenty vnegran de ioye.Ie prie Dieu, SIRE,combler de plus en plus, voitre Maiefté, de toutes fortes de victoires. D. V.M. DeRome,ce 10. Letres-bumbleé' tre;-?beï(fantfuiet Mars^i^Go. &fenuteur. L- Cardinal dv Perron.. A R G V M E H J. Quelques -vus procuroknt que le Pape accordaftafaifné de (es frère s Je prendre leparty d Efpagne> & au (econd, aluyde France : Mais nofire Cardinal ri approuuant cefit diuiJiontmonfîrc combien elle feroit préju- diciable au feruice dn Roy. A MONSIEVR DE VILLEROY , CONSEIL* 1er & Secrétaire d'Eftat, En Cour. P n s i e v R , Vne purgation que lafaifon m'a cpol uié de prendre aujourd'hui , mempefehera de- vous eferire, pour celte heure, vne plus longue let- tre. Seulement vous diray-ie,queienefailliray d'a:- uertir MoniieurrAmbaiTadeur,desauisquei'ay eus, touchant Iean Baptifte Borghefeycombien queie croye-qu'il com- mence délia à en recognoiftre quelque choie : pour le moinsil/a quelque temps. ,. que luy en inlinuantvn mot , ilmefembla qu'il commençoit.à s'en apperceuoir. On eft après à faire que le Pape accorde que laifné de les frères , prenne le party d'tfpagne , Se le fécond , celuy de France, &: procure ton que ce foit auec le, conientement de Montreur l'Ambalfadeur : qui eltvne pure mo-, querie. Car par ce moyenjes Efpagnols auroient , non feulement raifné , qui eft celuy dont ndus nouspouuons plus afTeurer à cayuj) ET NEGOTIATIONS. Liv.UI. y*i quefa femme eft defemille fortaffeQîibnàéeà la FrancemiaisaulH le icune, lequel ayant vn fiis , qui héritera de toute la tontine de 1 at(pé,quî eft Tans erifarits,reputera toutes les gratiflcarions,que les Efpagnols feront à l'aimé, comme faitres à luy mefme. le ne croy pâsqueMonficurrAmbahâdeurfelaiflèaUe'rà telles vanitez, car il a tror» de jugement &: de prudence: mais il y a des gents, qui les propo/cnr,dcsil y a long-temps, fous prétexte du bienduicmice du Roy; lequel au conrraire,me femble deuoir eftre tout tonde en cette Cour , fur la continuation dël égalité Se neutralité, queie Pa- pe monftre de vouloir obfefuer entre ces deux Couronnes. Car fa Saindeté ne peut efFe&uer ladi te neutralité , fans donner de grands defgoufts aux- Efpagnols-, qui ont tant d'Eftats &c de iuicts eriftalie , & font Ci peu accouftumez à nous voir aller du pair auec eux,qu*ils croii onr,(S<: chacun le croira, que nous leurs ferons fupe- rieus en 1 affection du Pape , quand nous leur ferons efgaux en dé- monstrations extérieures. Et pour le regard des parentsfeculiers de faSaintiité; Il nous eft beaucoup plus falutaired'elfayerd en- tretenir le Pape, en la profeiïionqu'ilafaitteiufques icy,de ne vou- loir qu'ils reçoiuent aucuns bien-faits, ny de France, ny d'Efpa- gne , que d'en vfer autrement : 8c principalement , ayantl'e- xemple récent , du Pape Clément , lequel il tefmoigne de deftrer imiter,qui vouloit que fes parents Te contentafTent des feules grati- fications , que le Siège Apoftolique leur pourroit faire, il eft vray quepourleprefentjlereuenudufaintl: Siège eft fort engagé. Et à cefte caufe,defirois-ie,qu'ilfe peuft defgagerunais il eft à croi- re qu'il le feraauec le temps. Dureftedes nouuelles de cefte Cour, Monficur l'AmbafTadeur vous en tient fi particulièrement auerty, qu'il ne me reftequ'à vous dire que ie fuis, MoNSIE'YR) S DcRome,ceio. Aouft,i6o6. î. Cardinal dv Perron, Vc/tre t res - affectionne fermttur. Bbbb ij LES AMBASSADES ARGVMENT, Ceflvnetres-cn h lettre de c&niotii(pince ,4c UnouHclle dignité de ï)uc , & Patron ila^le a an Roy luy départir. A MONSIEVR LE DVC DE SVLLY SVPERIN- tendant des Finances, Pair &: Grand Maiftre de,. l'Artillerie de France. En Cour. OnsievRj Ieftime chofe fuperfliTe , de von: efcriie cemot de reioiiiffance , poiu la nouuelle digniié de Duc & Pair,qu'il a pieu au Roy vous départir : Iugeantque lans lofficedes lettres, vous pouuez inefurer la ioy e que i en reiTen , ;\ . la grandeur de l'obligation que ie vous ay,&: de l'affec-tion queie vous porte. Neantmoins pour ce que des perfonnes que Ton aime,les tefmoignages d'amitié, mef- mekiperflus, fontaggreables ; i'ay creu que comme ie participe à voftre contentement , en celle augmentation defplendeur , & de fortune:ainfi en lifant mes lettres,vous participerez encore, par re- flexion, au plaifir & à la confolation que i'en reçoy .Et pour ce,n'ay- je point craint d'en mettre ces trois lignes,à l'aiientiire,lefaueiles ie nfaffeure que vous prendi'ez , comme venants d'vn homme, dont le cœur parle , auec la bouche , tk qui cil touché de tout le bon-heur qui vous auient , comme s'il luy auenoità luy mef- meJe m'en refioiiis donc , aueevous : iem'en refioiiis , aiiec Ma-, damelaDucheffe : ie m'en refioiiis 5 auecMonlieur de Bethune: Et me refioiiis reciproquement,auec vous, de ce que vous luy auez procuré, auprès du Roy,&: dans les affaires ,1e crédit &lauthorité, que fes propres mérites , & l'honneur qu'il a , de vous eflre û con- joint de fang,luy,onriuftemenr acquis. Car vous ne fçauriez rien faire de plus vtile,pour vous,pendant qu'il plaira à Dieu vous con- feruer>&: arriuant faute de vous , pour Meflieurs vos enfants , que d aucir vn fi bon, prudent,, &: fidellc frère, ciïably dans les affaires. ET NECOTIATIONS. Liv. III. yé3 leprieàDku, qu'il vous fafTe la grâce de ioùir longuement , l'yn de l'autre, &: que vous me teniez touiiours* Monsuvr, pour DeRomcce 20. j V oïire trcs-ajjectionnè& oblige Mars, 16 06. Jcruitcttr, I. Cardinal dv Perron,' ARG V MENT, tfftrt de t ' Ambajfadeurde Sauoye 3 qui /uy réitère fes infiances fiiffes à Monfieur f Ambaffadeur. Jduà l'cUtion de la prudence dejaMaie- Jtc3ilvau: mieux demeurer dans lamcdejlie des aduis , que d'entrer en U préemption des Confci/s. Langage de f Ambaffadeur d' Efpagne3 change . Cœur des parti/ans François ^fieue X! vn de jesdome/'s.jueSi ejtably par Jon moyen . Agent à Borne des Ceneuoù. A V ROY HENRY LE GRAND, IRE, Il y a enuiron vn moys , que le Cardinal Aldcbran- din, &: Monfieur l'A mbafîadeur , eftans venus céans, pour pailer des affaires du Duc de Sauoye : peu après que ledit Cardinal A ldobrandin fut pan y Monlieur l'Ambafliidcur me rapporta quelques propos , que l'Ambafladeur de Sauoye Juy auoit tenus,quipafîbicnt bien plus outre,que les ou- uertures qu'il auoit faittes faire , par le Cardinal Aldobrandin, monftrant toutesfois , de ne defirer pas , que ce qu'il luy commu- niquoir , vint à la cognoiilance du Cardinal Aldobi andin. I,e fus dadms que Monlieur l'Ambafladeur ne les mefpriiaft point s ains les fîft feauoir à voftre Maiefté,pour entendre d elle,fon intention, fur ces difeours. Depuis, ledit Ambafladeur de Sauoye a encore pre/îe3parplufieursfois , Monfieur l'Ambafladeur , d'en efciïre à voftre Majefte\& de fonder fa volonté,pour ce regard , &: en reti- rer,au plultofUa refponfe.Et encoreDimanche dernier,lemefme Ambalîadeur vint ceans,& m 'ayant reïterc le mefme difeours, me -u les mefmes initances:m îofinuant de plus, que le Cardinal Aldo- Bbbb iij TL E S A M B A S S A D F S .brandinenauoiteulevcrit,parlemoycn du Cardinal Déifia , au- quel il en auoit cfté defcouuert quelque choie, iufqucs a s'eftre, le-' 4k Cardinal Aldobrandin, plaintà luy , que luy Se ion Maiftre ne le confioientpas entièrement de fa fidélité: ce qu'il contint, Se ex- eufa lemieux qu'il peut. Jay creu , SIRE, Se merme, y eftant inuitéparMonfieui : f AmbafTadeur , que ie vous deuois rendre conte de i'inftance qu'il m'en a taitte. Se la teindre auec celle qu'il a faitteà . Monfieur i'Àmbafiàdeui^ afindeconuier voftreMa efté, à nous efclaircir d'autant pluftoft, de Ton intention fur ce proj et , fi elle le trouue à propos. Lesparticularitez de laffaire,ie remets à Monfieur l' AmbafTadeur, à vous les raprefenter. Seulement diray- je à voftre Majefté , félon ce qui fe peutiuger d'icy;que iarnais cho- fen'arriua enfaifon plus opportune , que celle-là, fi cllepouuok reiilTir; tant pour les affaires de deçà, que de delà les monts. Mais laprudence de voftre Majefté , eft fi efteuéepardeffusia noitre, qu'elle void tout ce que nous voyons, Se tout ce que nous ne voyos point. Et pour ce, vaut- il mieux que nous demeurions dans lamo- deftie des auis,que d'entrer en la prefomption des confeils. Quant aux autres nouuelles de la Cour de Rome , ie n'en emplùray point ceftelettre. L' AmbafTadeur de Venîfe a eu audience de fa Sain- teté,& ne femblepasqueleschofesfoiententrop bon chemin de réconciliation. L'on tient que T AmbafTadeur d'Efpagne fait à cefte heure , office pour les Vénitiens , ayant changé de deftein, &dejlangage, depuis que les Efpagnols ont veu voftre Majefté armée. Car cela, auec les nouuelles qui Leur fontvenues',du foin qu'elle a eu^de tenir fes frontières fournies y du cofté de la Prouen- ce,& du Daufiné,& de s'afteurer d'vne leuée de SuifTes; Se l'orage, qui fembloit fe préparer, du cofté des Grifons , Se les mauuais auis qu'ils ont de leur flottedesa mis en tel efFroy .qu'ils n'eftiment rien maintenant^ contraire a leurs affaires , que l'efmotion de quelque trouble en Italie. Et au contraire, cefte refolution, fi pronte Se gail- lardésde voftre Majefté , contre tous les bruits qu'ils faifoient cou- risque les maladies, l'amour du repos, ladefaccouftumancede la guerre, la crainte des reuoltes ciuiles de fon Eftatja rendoient in- capable de pouuoir plus rien tenter au dehors » a tellement efleué le cceiir de tous les feruiteurs & partifans , qu'à cefte dernière fefte de Pafques, Monfieur TAiiibafladeur a eu quatre fois plus de vifites de Cardinaux,qu'il n'eut à celle de Nocli&moy-mefrne , durant •vne petite dicte quei'ay faitte,pour les catarrhes dont i'eftois acca- ET NEGOTTATIONS? Liv. I". & blé,ay efté , fans comparaifon , plus vifité,que ie n'eufle eftc autre- ment, l'en fuis forty vn peu allégé, grâces à Dieu : mais fous vnc condition alTez dure , que les Médecins m'ont impofée , qui eft de lai/Ter mes liures', fi ic ne veux bien toft , biffer la vie enceftairde Rome : auec lequel la violence de mes eftudes, nepeut nullement compatir. Cefte capitulation me feroitinfupportable, n'eftoit que ie la confole , par l'efperance qu'il me reftera d'autant plus de temps , pour employer au femice de voftre Majefté , laquelle ie prie Dieu, SIRE, vouloir conferuer longuement , pour le bien de la Chre-, ftienté, l'oublie à dire à voflre M Aie fié , que le foin que tay eu^ de faire apftcr les Ambaffadeurs Cencuots, pédant qu'ils ont efté icy , par vnmien Secrétaire Itaïten, qui leur -a fer- uy de conduitte , prcfque en toute leur Ambaffade , acflê caufe qu'ils ont perfuadé a. leur République, dedefirer que ce dit mien Secrétaire ,qui a efté grand confident de Mon- iteur L omelln,fuft leur Agents & fe chargea si du manie- ment de leurs ajf aires, tn ce fie Cour, fans tente s fois laif- ftr pour cela, defîre mon domeffique. Ce que tay pensé ne dettoirrefufer , pour ce qu'outre la demonflration qu'ils font parla, d ' auoirplus de confiance auec lesferuiteurs de voflrt M aie si ê , qu'auec les autres j ce fera vn moyen de traitter auec eux, feus main, ce quilplaira à vosire Ma- iejfé:à laquelle, peur ce si efec7} ï*y tfltmè en deuoirdon* ner auis,afin que fi ï'ay fait faute j'y remedte félon ce qu'il . luy plaira m 'en mander, D. V. M. De Rome , ce 4 . Le tres-bumble & très oheiffant fa jet Auni,i6o6. . é'feruiteur, l.^C a r s> in a t dv Perron, LES AMBASSADES ARGVMENT, Comme de pupille à tuteur ;ii fat à fait au remerciement de quelque don, A MONSIEVR PHELYPEAVX, CONSEIL: 1er du Roy,en Ton Confeil d'Eitat, Se Treforier de fon Efpargne. En Cour. Ônsievr mon Tuteur , le vous remercie de la peine que vous auezprife de m'eferire , &desjet- tons que vous m'auez donnez. Iecroy que c'eft pour m'ayder à faire auec vous3les contes de ma tu- teile,que vous auez fi 1 ôg-temps adminiftrée. Mais i'ay peur que fi nous en venons là, vous Se moy , il ne fe trouué que c'ait eftévne tutelle onereufe , Se que vous n'y ayez trop plus mis, que receu. Et le pis eftencore,que vous n'ayez affaire à vn debteur mal foluabie,& qui ay t peu de moyen de vous fatisfaire , fi vous ne prenez l'affection volonté qu'il a,de vous faire feruice,en paye- ment de ce qu'il vous doit. C'eft ce queie vous confeille de faire: car autrement vous feriez mal dreffé des obligations que vous auez acquifes, depuis tant d'ans3fur voftre pupille: mais fi vous vous con- tentez de cefte monnoye , vous n'en trouuerez nulle parc ailleurs» plus que chez luy,qui fur cefte proteftation , falue vos bonnes gra - ccs,Se de Madame Phelypeaux>&: prie Dieu vous auoir, Monsievr. mon Tuteur, en fa fain&e&: digne tutelle. De Rome,ce 4. Vojlre plus ajfetfionnc pupille é* .Auril,i6o pourroit eftre pris , comme de la part de voftre Majefté',- 8c que ie fçauois la ialoufie , que d'autres Princes ;nioient euc,lors qu'ils auoient creu que voftre Majefté s eftoit vou- lu entremettre de la proteftion 8c reftitution des affaires des Ca- th-ob'ques,en Angleterre: Mais que fi le Pape m'en demandait rçea ET NEGOTI ATïONS. Liv. Ut. tfg opinion, ic la luy diroisfincerement&ingenucment. Oray-je efti né deuoir donner aduis de cette particularité^ voftrc Majefté, comme a ufl] ie feray en gênerai, de la difpute des Pères Iacobins Se Iduitcs,lorsqucle Pape aura remis fus, &c terminé ceft affaire, le- quel il a intermis,depuis quelque temps , à caule de mon indiipolï- tion.Ce pendant,ie prieray Dieu, SIRE,vouloir continuer d'efpandre fa bénédiction, fur toutes yos entreprifes. D.V.M. î)eRome,ce i '6. Le tres-humhU & tresobeyjfant Çuiet AunI,x6o6, ej> feruiteur. ï. Cardinal d v Perron ARGVMENT. Il defaprouue vne permijîto» demandée au Roy , par le Cardinal 'del Su* ^ilejamiellc tl ait répugner entièrement au feruice de fa Maiejfé. À MONSIEVR DE VIL LEROY / CONSEIL» 1er Hc Secrétaire d'Eftat.En Cour, Onsie vRj Vous verrez en bref,par la lettre que i'efery au Roy,& au long, par celle que luy eferit MonfieurrAmbaffadeiu-,cequis'eftpaf. lé au dernier Conliftoire,pour le fait des Véni- tiens. Et pour ce , n'en rempliray-ie point celte lettre, n y d'aucune dés autres nouuelles de celle Cour.Seulemct vous diray-je, que la^er- miinon,quc le Cardinal del Bufalo a demandée au Roy,mefemble fort peu feante a fa perfonne &z à fa qualité, 8c fort preiudiciableàla reputatiô Se aux afFaires dt:Roy,en celteProuince.C'elt vn traicldd Gf.rdinalBâdini,quiluyadcné cecôfeii,pour clîàyerde couurir,fous Cccc ij po LES AMBASSADES temefmemanteaujlapenfiond'EfpagnejqueMonfieurdeBethu- nel'auoit toufiours empelché de prendre3pcdant qu'il eftoit icy. Si i'euflefçeu cette inftancedu Cardinal delBufalo,auant qu'elle fuft venue au Roy,iel'eulTe difluadc deiafaire;luy reprefentantquc ce luy feroit vne chofe honteufe , & qui fonneroit fort 'mal , parmy tous les gens d'honneur. Mais n'eftant venue à ma cognoiffance, que depuis que la refpcnie du Roy ,luy a efté rendîieue n'y ay pen- fépouuoir donner aucun remède. Non que iecrcycque cela fafTe beaucoup de changement,pour ce qui eft de fon affection : mais il apportera vn grand déchet , au crc'dit & à la réputation des affaires du Roy,en cette Cour>&: fera fort peinicieux,pour les exemples Se les confequences.Iedefire en ettremauuais Prophète ; &furtcut3 que vous me teniez, Mo NS IE VR,pOUf . EteRome^eiS. Auril,i6o6. Î.Car dinal dv Perron. Voftre tres-ajfiftionnt ' feruiteur. ARGVMENT. C'efi fourfe condouloirde la mort de Madame de Bethune^àont il h/y tef~ moigne les regrets du Pape & de tous les Cardinaux* & les honora- . lies obfeques publiques & foi mnilles (jus luy ont ejiè célébrées dans . t 'Egli/e de S.leande Latran : Et apres3luj infinuc quetoutc kotne le -, defigne & de fin CardinaL A MOTNSIEVR DE B ET H VNE , CONSEIL- lerduRoy3en fon Confeild'Eftat , & Lieutenant pour fa Majefté en Bretagne. En Cour. O n s i e v r, le me depoi terois de me condouîoir ï aueevous, de la perte que vous auezfaittc', & nie . contenterois de la refftntirà part moy, de peur de rafraîchir voltreaffliclion, & îcnouuellu voslar- mes;)queletempsJ&: laraifonjdciuentatioirdefQi- ET NEGOCIATIONS. Liv. III, T7i mais vnpeufeichées;Siien'eftimoisque la douleur eft comme vn fardeau, lequel nous femble plus léger, lors que plufleurs nous ay- dent à le porter. Mais fçachant que cela eft , ie viens hardiment à vous appliquer ce remede:& d'autant plus hardiment, que non feu- lement moy, qui participe à vos profperitez,ouaduerfîtez , à 1 égal de vous mcfme,mais toute cefte Cour fouffire voftre ennuy, com- me vne perte &c trifteflè commune. Car ie vous puis dire,&:le vous dy en veritc.queie ne penfe point,qu'ily ait eu denosiours,Dame, plus plainte à Rome,que la efté feu Madame de Bethune, qui y a cfté par tout regrettée, comme vne ïdefé, & louée, comme vne Sainc"t.e:& de laquelle le ducil tres-grand de foy, pour la mémoire de fa vertu, a efté encore augmenté, pour l'efiime , & l'amitié infi- nie, qui v eft reftee entiers; voftre perloanc. Les tefmoignagesque tout le Palais en a rendus, depuis te Pape , iufqu'au moindre de les Officiers:lc defplaiûr que tous les Cardinaux, Prélats, &r autres per- fonnes dcqualité , ont monftré reflentir devoftre infortune : les obfeques publiques &: lbiemnelles , qui luy ont elle décernées &c célébrées dans l'Eglifc de fainct leancie Latran , pandecret expies du Chapitrejvousen deinent feruir de caution ,plusquefi;ffifante. Car pour mon affliction particulière,^ vous'la mefurezà mon affe- ction,vous la trouuerez fans mefure: Comme auffi, certes , depuis la venue de cefte nouuelle , qui me fuft apportée, il y a près de trois femaines ,ie n'ay eu aucune ioye. Mais les larmesme con- traignent d'abandonner ce fujet , pour pafler à vn autre,qui ne tef- moigne pas moins, l'amitié que l'on vous porte, en cefte Cours qui eft,que chacun depuis les plus grands, iniques aux p!us petits, vous ydefigne &: délire Cardinal. Vous ne croiriez iamais , combien cefte voix y eft vniuerfelle. Ievousl eferiray plus au long par vne autre lettre, &: cependant,prieray Dieu, M on Si evb, , vous donner la confolation , qui vous eft necef-. faire. De Rome, ce 1 Z. Vbftretres-ajfetliennê A ini I > 1 6 oé. jeruittur. 7 I , C A K D I N A L D V P E R R o îï, C e ce iij 57* L'ES AMBASSADES A R G V M E N T. ■Deux trophée t au Roy, îvn à fon courage, ejr l'autre à fa démence . L es Efpagmls refiouiSidu licenciement de (on armée. Paroles du Pape , «* leur Amb.iJJ>idcur. Opinion du Cardinal Delfïn. K^dnxietè de C^yim- baffadeurdi S auoye. Rapport de quelques PiémoKtois. Le Comte Do- tninico AlbanOipuiJJam en trois confins, &pafîicnxéjcrsuttur tit/4 Maieft L AV ROY HENRY LE GRAND. IRE, La vittoire que Voftre Majefté a obte- nue/ans coups, 6c fans fang , a efté d'autant plus célébrée par deçà , qu'elle a érigé en mefnie temps , deux trophées, l'vn à voftre courage,& f autre à voftre clémence. On en chanta le Te Deum, il y eut Dimanche huict iours , à Sainct Iean de Latran , Se à Sain& Louis5& le P.apcpour fon particulier, en a monftré vn extrême conf enrement. Mais fi plufieurs s'en font ré- jouis,les vns,pour le zele du feruice de V.M.les autres,pour le bien de la Religion Catholique : les Efpagnols n'en ont pas fait moins, pour leur propre intereft,ayant efté deliurez,par lelicentiement de voftre armée , .de la ctainte où ils eftoient , que ceft orage ne leur tombaft en quelque lieu, fur la telle. Ils veulent neantmoins faire leur profit de ce que voftre Majefté n'a pas pafTé outre,&: l'imputer au peu de defir qu'elle a, de rompre, Centrer en guerre ouuerte, aueceux.Maisle Pape le prend tout auti-cmem,5£! attribue au foin que voftre Majefté a eu5de conferuer la parole qu'elle Iuy auoit fait -donner. Et fur cela, me raconta,Dimanche dernier,que ie commen- çay àlaller viliter,aufortir démon indifpofition , qu il auoitdit le iour precedent,à l'Ambaftàdeur d'Efpagne : Vous voyez combien le Roy Tres-Chreftien , eft Religieux obferuateur de fes paroles: Regardez,vous autres,à en faire de mefmc. U me dit aufiî, qu'il fc fentoit fort obligé à V. M. de la façon, dontMonfieurdeFrcfnes s'eftoit gouuenié à Venife, auecfon Nonce, durant ces dernières ET NEGOTI ATION'S. Liv. III. #3 brouilleries ; & qu'il luy auoit rendu tant d'offices d'amitié , Se de courtoifie,qu'il n'auoit receu confolation, que de luy ; & me com- manda d'en remercier V. M. en Ton nom. Il fe mit puis après, à me parler de la dernière refolution, que les Vénitiens auoient prife, fur Ton décret, laquelle ie ne repeteray point icy,à voftre Majefté,pour ce que Monfieur l' Ambafladeur la luy aura eicrite plus amplemêr, outre les auis qu'elle en aura peu reccuoir,dc Venifemefme, par les lettres de Monfieur de Frefnes.Ieluy diray/ans plus,qucle Cardir nai Del fin croid alleu rément , que cefte bourrafque portera facile- ment les Vénitiens, à entrer au traitté,auquelle Duc de Sauoye de.- firoit que voftre Majefté les engageait. Gomme auiîî de ma partie ne doute point , que ceft accident ne férue d'vn poignant efperon, pour piquer &: reueiller deformais,ieur froide & ftupide prudence, L'AmbalTadeur de Sauoye a bien pareillement la mefme opinion: Seulement monftre-t'il d'eftre en peine,comme fon Maiftre pour- ra entrer en party ,auec eux , eftams excommuniez de fa Saindeté: mais ils trouuerontaiTez de moyens de demeflerrintereftfpirituel* d'auec le temporel, & en fe rendants conjoints d'intention^ contra les Efpagnols, demeurer diuifez de prétextes. Il afferme aurefte, d'auoir eferit à fon Maiftre,la dernière ouuerture, qu'il nous fit, au defeeudu Ordinal Aldobi'andin,&: d'auoir appris par fa rcfponfe, qu'il rauoitiipprouucc'3iaggiegée.Et-i'Ai"cheucfqued'Vibiniicus dit, il y a quelques iours , fur vn aiurepropos,à Monfieur i'Ambaf- fadeur, &: à moy,qu'il auoit entendu de certains Piémonrois , par- lants du fait des Venitiens,queleDucde Sauoye feioindroit auec eux-jcontreies Efpagnols5file Comte de Fuentes^fous ombre de ce decret,attentoit quelque chofeiur leur eftac ; ne defirantpas ledit Ducquelcs Efpagnols fe rendent plus grands , qu'ils font, en la Lombardie.Ce propos, S IRE, me portera à direà voftre Maje* fié, que Monfieur le Cardinal Serafin nous fit,il y a quelque temps, grande inftance, à Monfieur rAmbalîadeur,&: àmoy , d'eferire à V.M.en recommandation d'vn vieux Caualier, nommé le Com- te-Dominico Albano. Ce Caualier, SIRE, a fon bien , fituéfui les côfinsdesVcnitics;de.sGiifôs>&:duDuché de Milan, & a desplaces fortes,dar.s l'Eftat de Milan, &: beaucoup de potfefîions,dansle païs. des Vénitiens , &: tant de crédit parmy les foldats de tous ces trois confins, qu'il peut toufiours mettre en peu d'heure , quatre ou cinq mille homes enfemblé,dâs tel Eftats,qinl luy plaira.Oreft-il extre- inen.ê; airectionné feruiteur de voftre C ouronne,& de voftre ner- -574 "LES AMBASSADES lbnne, ayant en fa ieuneffe, feruy le Roy Henry fécond t aux guerres contre les Efpagnols , Se depuis , toujours continue en la mefme paflron. Il y a huitt ou neuf ans, que voftre Ma- jefté , lors qu'elle propofa de m'enuoyer AmbalTadeur à Ve- nife , me commanda de luy eferire, qu'elle donnèrent vnepen- t lion à vn fien fils , qu'il vouloit faire d'Eglife , Se que ie luy en porterois fes expéditions. Ce que ie luy efcriuy , mais fans effet : car les caufes fur lefquelles mon voyage eftok fonde , cefferent. S'il plaifoit maintenant à voftre Majefté , l'entrete- nir par lettres , de quelques courtoifes paroles, &: efperances de luy aider à pouffer ce fien fils , qui a pris la profeffîon Eecle- flaftique , aux honneurs Se dignité^ de la profefllon î poffible -que ce foin ne feroit point inutile. le concluray finalement, par dire à voftre Majefté : que Monfieur l'Ambaffadeur s'eft gouuerné û dextrement , 8c prudemment , en cefte rupture , du Pape , Se des Vénitiens, qu'il a conferué à voftre Majefté , le gré des vns Se des autres ; Se luy a laiffé le lieu tout entier, ou de fe pouuoir rendre médiatrice Se arbitre de ce différent , fi elle en eft recherchée , Se qu'il y ayt quelque efperance de re- conciliation ( ce que ie ne voy pas pouuoir arriuer de long- temps) ou de lemeurer fpeèlatricedes fuccés , que ceft accident produira en Italie,qui ne peuuent eft re à mon auis , que grands Se turbulants s Se en vi'er félon fa difcretion,&: 1 incereft de fes arraires. Ce pendant,ie prie Dieu, SIRE , vous combler de pins en plus, detoutes fortes de vi&oi- res,&: fpirituelles,&: temporelles. D.V.M. De Rome,ce t. le très -humble & tres-obe'ijfant fuiet May, 1606. &jèruitenr. L Cardinal dv Perron. ET NEGOTI ATIONS. Liv-HI. j7$ ARGVMENT. i Réciproquement jlfeconiouit auecluy, deîaprife de Sedan. A MONSIEVR DE VILLE ROY , CONSEILLER &, Secrétaire d'Eftat. En Cour, Onsievr, le me refioûy beaucoup plus côue- nablemec auec vous, delà prife de Seda, que vous auec moy ,par les lettres qu'il vous a pieu m'en ef- crire:dautant qu'outre le contentement,que tous les feruiteurs du Roy reçoiuent en gênerai , de ceft eucnement 5 vous auez eu en particulier , la gloire d'en eftre le inediateur.I'ay fait refonner celte a&ion icy, le plus haut que i'ay peu , & pour la réputation des affaires de fa Ma- jefte, & pour l'honneur de voftrepertonne', à laquelle ie prie Dieu, M o n s ie v r , vouloir donner toute continuation d'heur & pros- périté. DeRome,cei. Voftre très -affectionné May}i6oS. feruiteur. I. Cardinal dv Perron, ARGVMENT. Suri 'eucnement dufïege deSedan \ ilexalte Ufagejfe du Roy Jouet œco~ nomiedece Seiçneur.a/Ugue le dire et'vn Ancien:& ferejiouit dccefte expédition ,pour dtuerfes confiderations. Dddd LES AMBASSADES A,MONSIEVR LE DVC DE SVLLY SVPERINt tendant des Finances,Pair Se Grand Maiftre de l'Artillerie de France. En Cour. Onsie VR) Qrfeufiîez vous fait , fi vous fufîîez venu aux mains , puis que le feul vent de vos armes, . a fait ouurir les portes des Villes, &des Citadelles? I Voyla en quoy fe monftre la fagefieduRoy , Se la prudence de voftre ceconomie, de fçauoir efpat- gner,pour dépendre à propos'; 6c lors que l'occafion de dépendre, feprefente,s'ypoi'terfigenereufement&liberalement,quemefme la grandeur de la dépenfe,retourneàmefnage. C'eft cequedifoit vn Ancien,qu'il falloit faire les guerres,groires,&: courtes. Car par ce moyen , outre ce qu'on efpargne,en dépendant , dautant qu'on abbrege le temps Se les frais ; les coquettes qui fe font par la crainte des armes, vont bien plus vifte Se plus loin, que celles qui fe font pat les armes mefmes.Or fi iamais appareil militaire, pour eftrepronc & inopiné, fut célébré par deçà, c'a efté celuy de cette dernière arr mée & nommément,cequieftforty del'Arcenal. En quoy vous auez eu la gloiïe,tcUe que vous î'auiez meritce,'& plus grande,que vous ne l'enfliez fçeu defirer. Le Pape mefmeen a pari exauce fin- j guliere eftime , Se louange de vos deportemems,'en cette expédi- tion, le m'en refioùyauec vous, pour la profefîion que iefay , dé participer à toutes vosprofperitez,&: par inclination^ parobliga* tion, comme ettanr, Monsievr, De Rome,ce il fêftrc tres-affcttitnnèt réhligt May,ï6o6v Çtrmteur. ÎoCardikai dv Perron. ET NEGOTIATIONS. Lrv. III. ARGVMENT. Il ef prie de vouloir fauori fer l'admif ion des Pères Contient nels du M&~ naftere de faincle Marie, enceluy de quelques autres Cor délier s , a caufede la bonne vie des vns,&du mauuais exemple des autres \ & d obtenir permijsion à certains peuples, de future celuy du vieil ou »0U- ueau Calendrier, qu ils voudront eboifir. A MONSEIGNEVR LE CARDINAL DV PERRON. Onse ignevr, Ce que Ton m'auoit afleuré, que vous eftiez party de Rome, ma fait difeontinuer quelque temps à vous efcrire.Iay recommencé, ayant fçeu quei'auois efté mal auifé: Mais voftre lettre du dix- hui&iefme januier,receuë il y a dix iours,par le Capitaine Garrou- te,en m'oftant cefte première creaneem augmente les obligations que ie vous ay,par la fouuenance que vous prenez de moy , qui en quelque part du monde que iemetrouueray,feray toujours voftre feruiteur de toute mon afFettion. I'écry tout ce que nous auonsicy de nouueaUjàMonfîeur l'AmbarTadcur.Ie me remettray à celle-là, attendant que ie fçache,fi plus delongueur de mes lettres,pourvous le dire,vous feroit plus aggreab'e,pour après (uiure voftre volonté. I'ay écrit à Rome, aux Illuftriflimes Cardinaux , Aldobrandinôc Iuftinian,pour deux occafïons.a/Tez importantes icy : te i en ay ef- crit vn mot auflî andit fieur AmbafTadeur:L vne eft, pour pouuoir mcttrevnConuencdeCordeliers,quiefticy , entre les mains des Pères Conuentuels : Outre que la chofe eft tres-dcfiréeencelieu, de tous lesCatholiquesjelle y eft très neceflaire:Car à laverité,tous les autres qui y viennent,fonttellementcôditionnez,qu il vaudrok mieux qu'il n'y en vint point, tant leur vie porte de mauuais exem- ple aux vns, & occafion de fe mocqu :r &: mefdire,aux autres. Ledit Contient eft fi pauurc,qu a peine peut-il nourrir deux ou troisCor- dcliers quifaitqueleferuice nes'y fait qu a demy. Ce qui ne feroit pas, s'il eftoit es mains que nous demandons:car dix d'eux ne font pas tant de dépenfe,que trois des autres:Nous le voy os par cxéple, au Conuét de S. Marie, de ce mefme lieu,lequel beauconp plus pau- Dddd ij £78 LES AMBASSADES 3,ure,a toufiours plus d'hommes,& mieux entretenus, &: fans dou- »te,de beaucoup meilleur exemple. le le vous dy à regret : mais il 3,faut faire place au vray.L'autre eft , pour vn fcandale alTez grand, 3, qui arriue en ce lieu, à caufe de la reformation du Calendrier. Les 3,Grecs,Ies Armcnîes,& autres tels,fuiuent le reformé, qui faitvoir 3Jaux Turcs, cefte diuerfité bien à clair, qu'ils ne peuuent pas voir 3,aux autres chofes.Mais outre cela , chez eux cela porte beaucoup 3,debrouillerie3&tant,quei'ay peur que s'ils n'ont pfrmiflion de fa 33SaincT:eté , dcfuiurc lequel ils voudrpnr3comme ceux de Candie, autres IHes de l'A rchipelague , l'onteuèj la plus-part la pren- dront d'eux-mefmes: Eftan ts fortpeu,que û le mary eft dvne Re- ligion, la femme nefoit de J 'autre : leurs enfans font diuifez de 3,mefme:deforte que le Karefme-prenant des vns ,fe peut crouuer ,,laPafque des autresdeurs Feftes ne s'accordent iamais , Se parla „reçoiuent,&: des defplailîrs, 8c des incommoditez.Tellement que 3,iecroy cefte permifTiontres-neceffaire, & vousfupplie , Mon- ,,se l g n e v p,fi vous n'y trouuez quelque plus grand inconuenict» s,la vouloir obtenir pour celieu&puisquedautresrontaièjieny 9,en preuoy pas taneque de la leur defnier. Vous m'obligerez par^ 53ticulierement,pour le bien qui en viendra en ce lieu, dont ie vous ?, diray librement , que l'on deuroit auoir plus de foin , leschofes „eftants,àceft heure, de forte , que lareiinion del'Eglife Grecque 3,feroit plus aifée, qu'elle ne fut il y a bien long-temps. l'auois creu >,qu'vn Collège de iefuites y ayderoitinfiniment.onl'y pourroit J;eftablir,fi fa Sainteté en faifoit la defpenfe. Car il n'y a moyen icy que de les loger : Ce que i'euflebien entrepris, mais l'ayant »fait entendre à fa Majefté,i'ay.fceu quelle ne de.fire poim3que Ion j,nom y foit engagé,pour des accidents qui pourroient auenir.Cda , >m'a fait arrefter tout court, fans en parler , qu'à vousleuLBien pen- 3,feroisie le pouuoir faire, fans- y entreuenirlon-ditnom:Maisonle i>luy a fait entendre autrement , & ic ne voy pas que l'en doiue dif- ,>puter. Monfeigneur , ie vousfupplieray vouloirles deux autres j,chofes;queie délire pour ce lieti.que ie ne feroispas.fi tllesneme ,>fembloient tres-necclTaii es. M ais ie vous requiers davantage , de s >me vouloir aimer, comme vous auez voulu me lepromettie, &i >>mel'auez tant tefmoigné. le vous honore tout ce qui fe peut, qui >>me rend tout à vous;& cela m e donne plu* de liberté devou s de- » mander fi vous auez voulu encore mettre la dernière main à vaftr e »,liureJ& li vous tracez quelque autre chofe. Ma curioiité vient d«, ET NEGOTI ATIONS. Lvf. m. 57!? leftime de tout ce qui vient de vous : excufez-Ia doncqnes 5 puis qu'elle naiftdelà , & vueillez me fauorifer quelques-fois, devos nouuelles : Nul du monde nepeutlesdefirerplusà voltregr«&: contentement, que moy , qui fuis de tout mon cccur, MONJIIGK EVR, Aux Vignes de Pera, lez Con* Vojire tres-humbls ftantinople,ce 2.May3i6o£4 ftruiteur. SALAG NAÇ, ARGVMENT. Avantages À receuoir de l'exaltation çropoféed 'Alexandre Monfîeur^ an Cardinal at.Vn Grand Maijlre de Malte , Cardinal. T ranjlation en tout cde cefte dignité ^en la ptrfonne de Monficur de Vemueil.^us ceflvne grâce /ans exemple : mats que lafaifoneftpropreafobunir* office de £ Aruba jja de ar de Sauoye->a celuy diVemfe. rropofitions igno- rées. Approbation de fa M aie/lé. Commif ion tratterfée. AV ROY HENRY LE GRAND, . IRE, Le Pape ayant refola, peu auant ces dernier iours de Pentecofte , de faire comme de luy- mefme , vne promotion de quelques Princes feuls.au Cardinalat, afin de releuer la dignité du Chapeau,qu'ilcroidauoireftéauilie, par aucuns des fuiets des promotions précédentes ; Mon- fieur l' Ambaiïadeur a prudemment & mduftrieufemcnt fait diffé- rer celle rtTolurion , pour auoirle loiûr d'en donner auis à voftre Majefté, afin-que s'il luy plaift d'y faire entrer fous main,que1quVn des Princes de fon Royaume, elle ait le loifir de luy en lignifier fon intention. Or auions-nous, fur ces entrefaittes^des pliuïeurs iours auparauantpenfé,Monfieurl'AmbaiTadeur &: moy, à Alexandre Monfieui :& pourtant auons- nous eftime à propos, de vous en tou- cher vn mot,l'vn 8d'autre,furcefteoccafion,iugcant vntelfuccés, t s'il pouuoit arriuer, grandement vtile au feruice de voftre Maieffé, ?8o LES AMBASSADES foit pont faire vu iour,de ce ieune Prince,vn chef de l'Ordre Ecclc- fiaftique, en voftre Royaume , & continuer à tenir par ce moyen, tout leClergé deFrâce,en voftre main,&: deMôfeigneur le Daufin; foit pour en faire à Rome, vn Protecteur de la nation , qui puifle auecfplendeur&: dignité,combattre&: opprimer l'authorité'du fils du Duc de Sauoy e , fi tant eft,qu'en lcfaifant Cardinal, on luy de- ftine la protection des affaires d'Efpagne , comme le bruit en court par deçà. Car outre les biens de la Religion de Malte, lefquelstant s'en faut qu'ils foient incompatibles auec le Cardinalat , que non feulement le Cardinal S. CsGireoa icy aux portes de Rome , vn Grand Prieuré, Se le Cardinal Bufalo a obtenu, depuis nagueres, vne Commanderiez mais mefme'le grand Maiftre Verdale , fut grand Maiftre,& Cardinal,tout enfembîe. Outr&ces biens-là , dy- je,SIRE, voftre Majefté luy peut auec le temps, eftant ieune com- me il eft,colloquer fous ce pretexte,tant de bénéfices de toutes for- tes,fur la tefte,qu'il n'y eut de long-temps, vn plus puiflant Cardi- nal en la Chreftienté.Et ce qui importe encore beaucoup, eft,qu'é- tre cy Se qu'il foit en âge de dépendre", elle aura moyen de luy faire mettre en referue,les fruits des reuenus qu'elle luy donnera.; Se par ce moyen, luy alfemblervn grand fonds, duquel mefme en cas de ■neceflité,clle fe pourroit feruir , pour le bien de fon Royaume , s'il s'en prefentoit quelque occafion preftee , attendant qu'elle euft la commodité de le luy remplacer d'ailleurs. Que s'il ne plaift à voftre Majefté l'engager tout à fait , en cefteprofeifion , Se qu'elle aime mieux y dédier Monfieur de Vernueil,iî ne faudra, lors que letéps en fera venu,que prendre ledhapeau de l'\m, pour le mettre fur la teftedefautre,ayant ceftui-cy defiafaitlaplanche,& feruy depre- iugé.Ie fçay bien que c'eft vne chofe extrem ement difficile, Se fans exemple , en ceux dont la naifTance'n'a point eftécouuerted'vn mariage fubfequent:mais neantmoins,iene la tiens pas pour entiè- rement impoflîble,& principalement en vne faifon, oùlc Pape de- firera de donner toutes les fatisfacYions qu'il pourra à voftre Maie- fté:ioint qu'il y a de grandes raifons, pour y émouuoir faSancteté, lefquelles venant à luy eftreviucmentreprefentées, par lesferui- teiirs de voftre Maieftcurrom produire quelque effet en fon ef- prit:&: Monfieur l'Ambaftadeur lefçait fi dextrement manier,qu'il impetre de luy,vne bonne partie de ce qu'il defire. Il en a encore nagueres donné preuue,au recouurement, ou pluftoft en l'acquifi- jyon,d' vn Monaftere pour lesCeleftins François,fitué icy aux por» ET NEG OTIATI ONS. Liv. IÎT ^ TS, tes de Rome,où fa Saintteté s'eft portée extraordinairemct,à fauo- rifer les intentions de V. M. Et hier, qu'il alla à l'audience , queV. M .luy auoit commandée de demader, pour le fait des Vénitiens, il l'émeut & ébranla tellcmct,qu'elle ne fçauoit où elle en eltoit : E t fï la dépefche de V.M.fuft arrinée trois ou.quatre iours pluftoft , elle arreftoit.fans doute, le cours des affaires. Nous fufmes d'auis que la lettre que V.M.écriuoit fur ce fuiet,à Monfieur l'Ambaiftdeur,fufl leuc & interprétée par luy-mefme,en !taliê,à fa Sainétetéme dou- tant point qu'elle ne fift vne merueilleufe imprefTionen fon efprir, pour eftre parfaitement bien conceue & écrite. Ce qui a fuccedé, comme nous le prefumions : Car le Pape en a efté infiniment tou- ché,& V.M.par cefleaètion, a non feulement obligé le fain et Siè- ge, & les Vénitiens^ mais incroyablement augmenté Jabienueil- lance& reputadon,qu'ells auoit acquife en cefte Cour, & en route l'Italie. Monûeurl'Ambafladeur vous fera plus particulièrement le difeours de eeft affaire, & derout ce qui le concerne. Seulement y aioufteray-ie,que le Duc de Sauoye fit offrir par fon AmbalTadeur, àTAmbafTadeur de Venife, quand il partit, toute amitié & afîiftan- ceaux Venitiens:pompaffer delà,àdireà V. M. que les propofi- tions,que ledit Duc a donné à entendre à V. M. luy auoir efté fait- tes,neluy ont efté aucunement faitres, dufçeu, nyde Monfieur r'Ambaliadeur,ny de moy.tant s en faut, nous auôs toufiourstenu vn langage tout contraire à ceftui-là, comme Monfieur l'A mbaffa* dçur vous l'efcrira plus au long , eftants toufiours demeurez fur les fimples termes d'auditeurs, pour en faire le rapport à V*M .laquelle neanrmoinsjiuge fort prudemment*qu'il eft bon de ne rompre pas abfolumentauec luy,ains tenir toufiours la negotintion, en vie, Se en eftat,veu l'incertitude des euenements , que la crife des affaires où nous fommes peut apporter.Ie finiray cefte lettre, SIRE, par remercier voftrc Maiefté,de l'approbation, qu'il luy a pieu faire, du confenrement que i'auois donné, que men Secrétaire Italien feruit la République de Gènes, lleftvray que cefte grâce luy fera pera» Jcprcfent,inutile:Carles Efpagnols , ayants fçeuquelcs Ambaffa- deurs deGenes luy auoict lailîé,en partant,la folicuatiô des affaires de la Republique, (V en procuroient la confirmation par delà , Se m'auoict fairprierderauoiraggrcablcjlorsqu'ila cib qucftiôdeluy décerner la cômifTion de cefte cha:ge,au Sénat. l'ô *ait tiauerfer,ffis alléguer toutesfois rien, de la part de lafuiettion qu'il rend à vn des feruiteurs de V.M jiuisfeukinent,qu'en vnecommiiTiÔqu ilauou $H LES A M B AS S A D E S clïeautrcfoîs de la République . vers l'Empereur, il n'env Perron, Eeee 5*4 LES AMBASSADES ARGVMENT, Ayant pris audience du Pape, fur le fait de la fufpenfïon defnée par le Roy> dcîtnter dit contre les Vénitiens-,! 7 rapporte hun au longues dtjcours qùtUn a eus aucefa S atncht'e & l\ xcu,e d' vnc commtf ton, dont elle ï auoit voulu charger: E t après vn [ùri remémoré ,pour le/eruice de fa Maic/ïéiConiludçartefperance des EJpagnols, enlacri/cdts affairts d\ltaits. . 'AV ROY HENRY LE GRAND, IRE, Mon fieurl'Ambaflàdeur rendra conte à vpftreMajeftéjde ce qui s'eft fait par de- çi,pouri'executiô des lettres qu'ellesnous a écrites par fon Courrier. Ha employé deux audicces.lvne extraordinaire, 1 au- tre ordinaire, pour en traitter auec le Pa- , pci&outre cela, Dimanche dernier. îe pris vnetroiiiefmeaudienfe de fa Saincteré, non en intention d'obtenir rien plus que Monfieur l'Ambafiadeur, cjui y auoit fait,&: par diligence,& par indufrrie , tout ce qui fe pou- noit imaginertmais afin que l'on en feeuft d'autant plus de gré à V. M> voyant qu'elle y auoit employé toutes fortes de moyens Sz de Mjniftres. Laconclufionaefté.en fomme , quele Pancs'cftfenty infiniment oblige de ccftoffice,& a loué ■& exalté lagietedevoftre 3 Maieité, iufquesau Ciel, &proteftc que yoftre-ditte Majefté a plus . d'authorité fur luy Se fur lefaind Siège , que Prince du mççd . , & que ce qu'il ne fera pour elle, ilne le fera pour aucun autre : Aiou- liant que fi les lettres de V.M.. filflent venues auant le terme expiré 'ce qu'il a .bien recogneuncantmojns , n'élire peuarruier, pour la bréueté du temps)il cuit indubitablement accorde la prolongation qu'elle defiroit:& que mefme encore maintenant, s'il rç'eftoitfurue nu delà part des Vénitiens, des choies plus dures Se intolérables, que lespreniieres,& defquellcs V,M. n auoit point eu cognoiflan- ce,lors de fa dernière dépefche ; il le fuit relafché à vne iufpeniion deJmterditjPOijr quelque temps:Qu'i'p1"''°it:neantmoins V.M.dc, ET NEG OTI ATIONS. L*v. III. y85 luy continuer Tes bons offices,&: interpofer Ton authoritc, entiers les Veniticns,pour les difpofcr à Te mettre à quelque efpecedc raifôm laquelle ne feauroit eftre fi petite , qu'il ne s'en contentait , pour le defir qu'il auoic, de maintenir le repos pubhcofFrant de le mefurer à ce que voftre Maîfcfté eftimeroit conuenable,& de prendre voftre ditte Maieftc, pour arbitre du droit,ou du tort des Vénitiens. Et fut- ce proposai fit vne certaine ouuerture , que Monfieur l'AmbaiTa- deur vous efctïtrau moyen delaquelle,il promettoit d'accorder vne fufpenlion del'interdit, attendant que k refte des affaires fepeuft accommoder.îe luy reprefentay comme V.M .s'eftoitportée à ceft office, de Ton feu! mouuement', & fans enauoir efté recherchéepar les Vénitiens, ny par aucun autre Prince, le temps n'ayant pas per- mis que cela peu ft eftre. Il me répondit qu'il en eftoit tres-bien in- formé,&quefon Nonce luy auoitefent comme le tout s'eftoit paf- fé;& que c'eftoit !uy,qui en auoit fait la première propofition à vo- ftre Maiefté,firr le zele qu'elle luy monftroitauoir, d'apporter quel- que remède à ce mal le luy reprefentay au/Tî que voftre Maiefté, , encemouuantàceftofficc,n'auoit eu autre refpe&deuant les yeux ' que la dignité du faincl:Siege5lebien delà Religion Catholique, 8C la paix de la Chreftientè;& n'auoit eftépoufleeàce faire, d'aucune raifon tcporeile;eftant chofe euidente,-que û elle euft ietté les yeux, fur les interefts téoorels,illuy eftoit trop plusauantageux,delaifler allumerle feu,qt>i'pouuoit naiftre de ce diuorce, que dcl'efteindre. '■Car il n'y auoit perlonne qui ne vift que fi ceft accident eftoit fuiuy "de quelque guerre deçà les monts,comme il eftoit malaile qu'il ar- riuaft autrement, le trouble d'Italie ne fuft le repos 8c la rranquilité de la France : daurant qu'outre ce qu'alors, les Efpagnols feroienc empefehez en tât de lieux,qu'ils n'auroient pas le loiftr de vacquer à entreprendre fur les Eftats , ôc fur la foy des fujets de voftre Ma- ieftcùlfaudroit par force, que l'argent & les hommes , qu'ils font fortirde iouren iôur jd'Icalie.demeurafTentdeçàlesmonts. Car comme d Vn cofté . ils en auroient lors befoin dans le pais , pour eux-mefmes : de l'autre , les Principautez & Républiques d'ita- lie,n*en voudroientpas,en tels cas, demeurer dégarnies : Etles banques de Genes,quifeferuent,pourl'auance deleurs parties, de l'argent des autres villes, s'afTecheroient & tariroient , chacun fai- fant difficulté,pourla crainte 8z les périls delà guerrcdeféHefTaifir de ce qu'il aurait entre les mains. il me répondit, qu'il recognoiffoit bien toutes ces chofes , & que d'autant plus reluifoit en cela,le ze- 5Z6 LES AMBASSADES le & la pieté de voftre Majefté. le luy touchay ces deux cordes, . pour ce que le Cardinal Sauli, qui a fa*'t tout ce qu'il a peu, en cefte occafion,pourtrauerferles pourfuittes de Monfieur l'AmbalTadeur, & s'oppofer ouuertement à l'intention de voftre Majefté, s'eft oit mis en effet deperfuader au Pape , que c'eftoient les Vénitiens , qui auoient recherché voftre Majefté , de leur rendre ceft office; îuy remonftrant qu'il apparoilToit par là,qu'ils commençoient defia à auoir peur, &: que s'il tenoit bon, ils viendioient à mains iointes, auxpieds de fa Sainfteté. le m'excufay auftî en cefte mefme au- dience , d'vne commiiTion dont fa Saincteté auoit defiré me char- ger. Car trois ou quatre iours auparauant , elle m'auoit enuoyéîc Secrétaire Lanfranc^uec lçs efcrits , que les Vénitiens auoient pu- bliez contre fon excommunication; me donnant à entendre que fon defir eftoit, que ieles vilîe & efcriiTe à l'encontre. Oi n'eftimay- }e pas, que ce fuft chofe que ie deuffe faire, ne fçacbant, ny s'il feroit vtile,pourieferuicede voftre Majefté, que fes feruireurs s entre- miiTent en telles matières, ny fi voftre-ditte Majefté l'aurait aggrea- ble. Et pour ce, ie me refalu > auec l'auisde Monfieur l'Ambaiîa- deur , de parer ce coup , en remonftrant à fa Saincteté ( ce qu'aii/ÏÏ iecroyoistres- véritable) afçauoir, qu'il ne me femb>oit pas titre de la bien-feance &: dignité du fainct Siège, que fa Saincteté efcri- uift,ny fitefciire, contre eux: Premierement,pcur ceque c'eftoirJ comme defcendre du tribunal de fon authorité, Se fe rendre de iuge partie, &: fecondement,pource que s'il entroit vne fois en cefte lice , ce ne feroit ramais fait , damant, que fur fa 1 efponfe , ils répli- queraient, auec des paroles, encore plus aigres que les précédentes, & ioueroient toufiours ,,à qui aurait le dernier, il monftra d'.ip- prouuer mes raifons , & les prendre en payement. Ces choies ache- tées detraitterauec fa Saincleté, nous auons e.fté d'auis , Monfieur l'AmbalTadeur & moy de faire acheminer le Courrier de voftre Majefté, par Vcnife ; 6c auertir Monfieur de Frefnes , de ce qui s'eft palfé en cefte Cour , tant pour luy donner moyen Se occafion d inj foimer les Seigneurs Vénitiens, de l'office que voftre Majefté leur a fàitaà fin qu'ils lu y en fçachent le gré qu'ils doiuent;que pour l'ex- horter à dcfcouurir,s'il y aurait quelque efpcrâce^u'ils fer h yalTcnt àlapropofitionduPape,dont vous eferira Monfieur l'Ambaflà- deur ; & en auifer voftre Majefté, afinqu'elle prenne làdeiTus fcx- pedientqu'elleiugera eftre à propos. Cequimerefteà faire à l'en- droit de voftre-ditte Majefté , eft de la fupplier dation foin que Ici ET NEGOTI ATION S. Liv.III. 587 gratifications , qu'elle fait tenir par auance , foit en cefte Cour , foit à Lyon , au Cardinal Borghefe , & autres , leur foient faittes tenir iuftemenr& fans delay , aux termes anticipez, afin de fermer la bouche à ceux qui publient, que ce diuorce refroi- dira V. M. de l'affection qu'elle monftroit enuers le fainû Siège: Eftant le but des Efpagnol>,en cefte a£tiô,d'en tirer fvn de ces deux fruits3afçauoir3ou que V.M rompe auec le Pape,& qu'en ce cas, ils demeurent paifibles poiTefleurs du fainct Siège , ou qu'elle rompe auec les Vénitiens. Et cefte fupplication finie, ieclorray mondif- couiSjpar afleurer V.M. que les lettres qu'elle a efcrites à Monfieur rAmbairadeur/urcefujet, ontcfté tellement louées,celebrées &: admirées du Pape,& de tous ceux qui lèsent leuè's, qu'elle a acquis de nouueau,vne merueilleufe réputation & bienueillance, en cefte Cour, qui la bénit de plus en plus , & prie continuellement Dieu3 comme iefay, SIRE,de la combler de toutes fortes de grâces & profperitez. On tient icy,que le Pape prend vne refolution , que Monfieur £ AmbâjJ.idiurveiti aura écrite, pour attaquer le Duc , tnfon particulier 'le (eparer ci 'aucclaRepubliqueUaquellete nejçay : quel (Jet elle aura. D;V.M. Dp Romc,ce 23., Le très -humble & très obeyjfant fuieî t May, 16.06. & ferait eur. 1, Cardinal dy Perron, , A RGV MENT, Jl.iit que la. dépefche du Roy ?a acquis vne merueilleufe bienueillance & mutation à fa Maies/ê quifeulepeut apporter le médicament à ï af- faire dont il s'agifl, E e e e iij LES 'AMBASSADES MONSIEVR DE VILLEROY ] CONSEIL- 1er Se Secrétaire d'Etat, En Cour. Onsietr, Vous verrez, par les lettres que MonfieurrAmbafTadeur, &moy, efcriuonsau Roy 3 & par les auis qu'il vous en donne en fon particulier > ce qui s'elt paîTéicy,furladef'- pefch e'de voftre Courrier.Etpour ce, ne vous dirayae autre chofe,tinon que celle action- a acquis vne merueilleufe bienueillance Se ré- putation au Roy ; à Rome : chacun iugeant qu'il n'y a que fa Maie/lé feule, qui puiIm tonné May,i6oô. ftruiteur. Henhy de Savo ?é. J90 LES AMBASSADES ARGVMENT. Opinion refroidie^ de la procédure du Pape contre le DucdeVenifi , en particulier. Ce que t^AmbafJadetir de f Empereur écrit a fort Mai/lrey À la pour fui tte des Efpagnols.heur bat & leur cratnte,en la continua- tion du diuorce d'entre [a SaincJcté,é' le> Vénitiens. Leur johata- tion auprès d'elle:& leur difîim ulation enuers eux . Voyage avancé, du Cardinal \^dldobrandin , à Rauenne, & letdiuers iugements qui s'en font. AV ROY HENRY LE GRAND. IRE, Il n'eft rien furuenu de nouueauj depuis les dernières lettres, que nous auons efcrites à voftre Majefté , qui mérite vous en eftre donné auis. L'opinion que l'on auoit, que le Pape procéderait en particulier , contre le Ducde Venife, furlefaitdelaFoy,s'eft re- froidie, pour quelques raifons , que 1 on die auoireftéreprefentées àfaSain&eté , fur ce fujet.Les Efpagnolsauoient procuré , quei'AmbaiTadeur del'Em- pereur,du confentement de fa Sain£teté,écriuift à fonMaiftre,pour le femondre de s'entremettre en ceft affaire , afin d'ofter à voftre Maieftc,l'honneur qui en pourroit refulter ; prenants leurs pretex- te,quepôurempefcher la ialoufie,il ne falloit y employer, ny V.M. ny le Roy dEfpagne. Mais l'Empereur en a monftré ù peu de loin, qu'ils font encore à en attendre la refponfe:Et d'autrecoftè ,onne croidpas,queles Vénitiens femeuuent beaucoup , pour fes inftan- ces.Le but des Efpagnols,en cefte occafion, eft, fi le diuorce conti- nue, d'abaifter&: ruiner lauthorité du Pape, en Italie,&: faire miner & confumerles Vénitiens, qui font les deux feules puiflances, qui leurpeuuent feruir d'obftacle à l'entière inuafion de cefte Prouin- ce.Il eft vray qu'ils fouhaitteroient que cela fefift, fans en venir à vne guerre ouuerte,craignant que voftre Majefté n'y interuienne, Se que les efclats n'en retombent fur eux. Et pour ce, ils folicitent, tant qu'ils peuuent,fa Sainûeté, de tirer parole de voftre Maiefté, que ET NEGOTIATIONS. Liv. III, p que Ci cefl: accident engendre quelque trouble en Italie, elle ne s en méfiera point, Se ne fecourra aucunement les Vénitiens offrants, encecas,àfaSain&etc,deluy fournir d'hommes s aufqueiselle donnera les Capitaines quelle voudra, afin que la guerre fe falTe fous le nom de la Béatitude , pour efuiter le martel «Se l'ombrage des autres Princes]: maisilsdefireroientquefaSaincteté en fift les frais , Se à celte fin , employai!: les deniers,qui relient au Chafteau ùinà Ange.Neantmoins ils dilTimuient leur procedure,au:< Véni- tiens,^ leur veulent perfuader qu'ils font office tout contraire, Le Cardinal Aldobrandin eftparty , pour aller à Rauenne : aucuns; penfent qu'il a auancé Ton voyage, pour ne fe trouuer point icy, à la venue du Marquis d'Aitona, depeurquelesEfpagnolsne lepref- fent de s'engager à eux. Chofe , qu'il auoit toufiours pris exeufe de ne pouuoir faire , pendant que le Marquis de Villenes , qui eft ion ennemy déclaré â refidoiticy. Autres croyent que c'eftpouç eftre plus ores de l'argent qu'il a à Venifc , lequel en çefle faifon, les Vénitiens n'ont garde de luy permettre de tirer. Il en; parry, auec beaucoup de proteflations d'affection au feruice de voftre Majefté, lefquelles, pour ce que MonfieurrAmbaifadeurvous les aura eferites plus au lougje me' difpenferay de leg-repreferjtcr à V, Majeltéj& finiray çeftejeure, par prier Dieu, SIRE,qu'il !uy donne autant de règne de de orofperité, que le bkt de la Chrétienté en requière, D.V.M, De Rome,ce 30, Utres-humble & trts-ohïfantfwtt May, 1606. &firuiteHri I. Cardinal î>v Perjîok, ARGVMENT, îMv rep4rt , fur U rêfonfikçt qnil hy nnuh toncbUn Cwâmltâ LES AMBASSADES A MONSIEV-R DE VILLEROY, C O N S E 1 L L ER &c Secrétaire d'Eftat. En Cour. Onsievr , Ce qjLie ie vous auois cfcrit di{ fait du Cardinal . del Bufalo, n'auoit pas eft'é, queTeftimaffe que le Roy peuft , ny deuil: faire autrement , que ce qu'il a fait : mais bien que l.e Cardinal del Bufalo pouuoit & deuoit faire au-, tremenr. Et s'il s'en fuft ouuert à moy , ie l'en euffe defcon- fei'lié, comme fon amy > pour fa réputation : ce rcprefentanc icy la personne du Roy , ne pou' uoit pas faire. Maintenant la choie n eft plus en fon entier. Car de l'en vouloir dilîuader après le fait , ce fcroit trop tard. Non que ie croye quecela altère rien de fon affection: mais ce qui eft de fafcheux en tel cas , font les exemples , Se les confequences. Quant aux autres nouuelles de. deçà , les' deux derniers Courriers vous en ont porté de fi particulières informations , outre ce que Monfieur i'AmbafTadeur vous en eferit encore , par ceftui-cy , que ce vous feroit chofe fa- perflue Se ennuyeufe, de vous en entretenir dauantage. C'eft pourquoy ie fîniray ce mot , par vn renouuellement d'afièu^ ranee, que ie fuis, Monsievà* D e R om e; ce 30. *\ Veftre tres-ajfetfiortné l May3i6o*. feruitcur. LCardinal dv Perron. ET NEGOTI ATION S. Lïv. III. A KG V M E N T. jQtt'îl fera tenir la lettre au Comte Bominico Albano »■ ejr remuuetter* certaine infiance à (aSainclete.^utlperfiJleen fort preiugé}de trou- bles en Italie. JVu'iln'y a que fa M aie fierai puiffey remédier, jgttg l'Empereur, & le Roy d E (pagne , ri ont le crédit neceffaire pour ce/? effet. Et ejuelparty l'on tient , que doiucnt prendre les Ducs dVibin^ç? de Modene. AV ROY HENRY LE GRAND. IRE, I'ayreceu la lettre, qu'il a pieu à voftre Maiefté ra'efcrire , & celle dont elle l'a ac- compagnée , pour le Comte Dominico Al- bano, laquelle ieluyferay tenir foigneufe- ment. Quant au commandement, que.va- ftre-ditte Majefté m'a donné pat la tienne» de rcnouueller les' offices que Moniteur l'Ambaffadeur &moy, auions faits auprès du Pape, poureffayerd'ouurir vnevoye, à accommoder le diffev renr,qui efl: entre luy,& les Vénitiens ; le n'ay point eu encore , l'a commodité de l'exécuter : mais ce fera pour la première audience, que i'auray de fa Sainctetc, Ce pendant ie diray à voftre Maiefte,, que ie perlifte en l'opinion que i'ay toufiours eue , que ce différent fe terminera mal-aifement en autres ebofes , qu'en troubles $c fub- uerfions de Ia'paix de l'Italie. Car les humeurs s'y difpofent deiour en iour;& femble que cefte Prouince foitgrofte de quelque orage, qu'elle ne peut plus gucres.de temps retenir, Quoy qu'il en foit , Ci les affaires ont à s'accommoder , il n'y a autre que voftre Maiefté, qui en puuTe recueillir l'honneur. Car ny l'Empereur , ny le Roy d'Efpagnc , n'auront le crédit necefïaire pour ceft effet , en- tiers les Vénitiens j ny iufques icy , depuis tant de temps, & d'aduls , qui leur en ont efté donnez, de leurs AmbafladeurSi par Courriers exprés , on n'a point encore veu qu'ils fe foienc misen peine d'en faire aucun office. Cequianpporté d'autant plus de luftre & d'éclat au zele & à l'action de voftre Maiefté. Que n les Jîofcs ont à fe finir en troubles 6aempcftcsniiliuires,côraçaueus Ffff ij m LES AMBASSADES des Minilhes d'Efpagnc,le defirennpeut eftre en feront-ils les pre- miers condamnez aux defpens. On tient icy ,&t le Pape en a eu auis, cjue le Duc d'Vrbin fait eftat d'aiTifter les Vénitiens , & le Duc de Modenetoutdemefme. Cequifuceederadeiour eniour , Mon- îieuiTAmbafladeur &: moy,l'efcrirons à voftre Majefté.Et ce pen- dante pri;ray Dieu, SIRE, qu'il la maintienne en tout comble de profperité & féli- cité, D. V. M. De Rome , ce iz , le tres-humblc & très obeïfiwt fi/jet Iuin , 1 606. ejr ferait cur. I. Cardinal dv Perron... A R G VMENT. îllt'.y promet de féconder fon intention ,aux affaires dont il lay a efcrit:& l'informe du contentement que le Pape reçoit, d'entendre les tefmoigna- ges de /on ajfecTton tinhen delà. C bref tente. MONSIEVR LE BARON DE S A L A G N A €.. Confeiller du Roy , en fon Confeil d'Eftat, £c fon Aruba/fadeur. A Conftantinople. Onsiïvr, le fuis bien aife que la lettre que vous auez receue de moy parle ficui Garroute, vous ayt A ofté l'opinion qu'on vous auoit donne'e5de mon par- ^ tementdeRomc , puis qu'elle m'a fait receuoir la '^FèSè dernière , que vous auez pris Ja peine dem'efcrire,& méfait efperer que vous continuerez à me fauoriferde vosnou- uelles>aux occafions qui s'en pourront prefenter.D'vne ebofe vous aiTeureray-ie,que depuis mon arriuée en celieu,ie n'ay aucunemet penfé,ny parle d'en partinEt quad cela aniucroit,ce ne feroit point fans vous en donner aduis, &. vous renouueller les offres de mon ET NEGOTI ATIONS. Liv. III. W feruiceàlaCour.Ienemanqueray ce pendant, à féconder voftre bonne intention , aux deux affaires d ont vous m'eferiuez , &m'y employeray entiers le Pape,fi toit queielepourray voir.en luy re- présentant l'importance, le plus affectueufement qu'il me fera pof- liblc. V ous ne m'auez rien mande des particulan'tez de-delà, que ie n'en aye fait part à faSain&eté , laquelle reçoit vn grand plaifir, d'entendre les témoignages de voftre foin au bien de Ja Chrefticn- ré.Et ce que vous aurez encore aggreablecy-apres , de m'en faire lçauoir, ie continuera)7 àleluy communiquer, auec les louanges dcuès à voftre merite,qui s'augmente de iour en iour,par farfeâio que vous monftrez entiers l'Eglife » &. lctrauail que vous prenez pour fon auancement,qui outre noftre araitfé, me conuie: oit afTez à vous prefenter mon Liure,fi l'air de ce pays, qui m'a prefque tou- fiours rendu indifpofé,ne m'eufl: empefché de le mettre à fin. Mais autrement, ie ferois tort à voftre delir,& à l'eftime que vous en auez toufioursfaitte,fiiene venoisà vous le faire voir des premiers , S& d'aufli bon cœur, que ie prie Dieu, Monsievr ,vousauoirenfafaincte5c digne garde. !Dte Rome, ce 17; V ijlntres-affsclio/nis luin, 1606. jeruiteur. L Cardinal dv Perrons ARGVMENT. OMHtYtnre de t Ambafjadeur àe S>auoye:& que les dejje'ms qui s y peuuenî cacher , ne fçauroiem nuire a [a Maiefté. Capitulations {uftette s de fi- rmes des Efpagnols\& l'intention d'eux ■>& de leurs parti/ans. Temps cor.ncnable àpenj^aux affaires de la Mirandc. Faueur du Grand Seigneur rechert hce.pour U dépofiti&n du Roy de Pologne* Monjteitr de Vendojme , piopojc , pour luy ejlrcjubjlitue. Et actions de grâces à Dieu. Ffff iij. 1 .LES. AMBASSADES AV ROY HENRY LE GRAND. IRE, Cette Gour eft toujours au mefmc eftat , où elleeftoit la dernière fois que nous vous efcri- uifm.es: C'eft pourquoy ie n importuneray point voftre Maiefté,dVne longue lettre. L'Ambafia- deur de Sauoye nousa fait,fees iours pafiez, vne ouuerture,à Monfieur l'AmbafTadeur, au Car- dinal Dclfin , & à moy , Se après cela , au Pape mefme, de laquelle Monfieur l'Ambafladeur efcrit fi amplement à voftre Maiefté, qu'il n'eft point befoin que ie luyenfaue de reditte.C'eftvne propo- rtion extraordinaire. Se digne de l'efprit de fon maiftre: maisen la- quelle,il femble que voftre Maiefté ne peut rien perdre;ains à l'op- pofite gaigner quelque chofe.Car les deueias qu'il cache fous cefte couuerture, quels qu'ils foient, nepeuuentcftre,iînonarauantage de V. M. n'y ayant aucun moyen.ny apparence,que de ce coftc-là3il négocie rien au profit des Efpagnols : Au contraire, cela eftant vn chemin afleuré,pour le réduire à fe porter de luy-mefme, à faire ce qu'il defitpitque V. M. lepriaft de faire , 6c pourquoy il vouloir qu'elle capitulait auec luy. Quant au Pape,on croid qu'il commence d'auoir regret de n'auoir pas accepté la prière , Se l'offre de voftre Majeftédes Efpagnols ne voulants rien faire, qu'il ne commence le premier à fe mettre aux champs, Se encore defiranu des capitula- tions fufpe&es Se defauantageufes,pour la feureté de leurs frais. le ne doute point,qu'il ne recOgnoifle, à la fin, que les confeils de V. Majefté,& de fesfemiteurs,n'ayentefté pleins de plus de prudence Se de zeie, entiers la dignité du Saind Siège, que ceux du Cardinal Ccme3& du Cardinal Sauli,&: autres, donril a pris auis en cefte af- faire.defqueis les intentions, comme coniointes auec celles des Ef- pagnols, nefont;finon a faire miner Se confumer ces deux principa- les puifianecs d'Italie,lvne par l'autre, pourueu que voftre Maiefté n'y interuiennepoint. Carils craignent cela, plus que choie du monde : Mais ils efpercnt que s'abftenants les Efpagnols , de feda- ciarer ouuertement , le refpecT: que voftre Maiefté porte au Sainct Siège, l'empefchera de prendre la protection desVenitiens. Et pour ce font-ils aprcs,tant qu'ils peuuent, à foliciter fa Sain&eté , d'en ti- rer parole de voftre Majefté. Au refte,S IRE, les feruiteurs de vo- ET NEGOTI ATIONS. tmffi py ftreMajefté, commeelle peut auoir fçeu d'ailleurs, defireroienf giandcmenr,qu'en cefte faifon, elle penfaft vn peu aux affaires delà, Alirande,le bruit ayant couru par plufieurs fois cefte année , que Jô Comte cftoit à l'article de la mort>&: ayant cefte rumeur mis toute l'Italie enialoufie& en alarme, à caufe des deffeins que les Efpa* gnols ont de l'empiéter, foit par eux-mefmes, foit fous le nom dû Duc de Modene.On tient maintenant , que pour peu de recherche^ le Comte, qui n'a point d'enfants, nycfperance d'en auoir, rentre- roit aux mefmes conditions.auec voftre Majeftè, que fespredecef- feurs.La promotion^ venue eri-ces quartiers,de Moniteur l'Eue£- que de Clermont,y pourroit feruir d'vn grand moyen. Iaioufteray à cefte letcre,SlRE3que les nouuelles des Gazettes, portent,que le Palatin de Cracouie, & autres chefs de la NoblelTe de Pologne, qui font après à dépofer leur Roy , & ont enuoyé à Conftantinople, afin d'eftre fauorifez pour ccft effet , ont piopofé au Grand Seir gneur,dc vouloir prendre Monfieur de Vendofme pour leur Roy, &:lefaire nourrir parmy eux, pour s'accouflumer aux mœurs du pays, 5c luy donner quatre Palatins,pour a/Tiftants,iufques à ce qu'il foit en âge de gouucrner. Cela pour le moins f&i t d'entretien au» nouuellants de cefte Cour,s'iln'en eft autre chofe, & mefert d'ocr- cafion de remercier Dieu, qu'il fe foit fauué,en la compagnie de vo- ftre Maiefté, Se decelledelaRoyne.du periloùlonaefcrità Mon- ftcur rAmbaftadeur,qu'ilsontefté. TouteRome s'eneft inflr.i»- jncm refioiiic,mais non fans douleur d'auoir imaginé que y os bfar ieftez ayentpeu eftre cxpoféesà cehafard.Iernie-Dieu, SIRE, qu'il kspreferue de tous au tues. D.V.M. De Romcce i y. Le tres-humhle à" *tcs obeyflant Çukt - Iuin , 16 o 6. é'-ftruilwr. I . C A S. B I K A L D Y P i R R O N, $|| L£S AMBASSADES ARGYME M T. &\ib(lenant de luy reprcfenkr ce qiiilcfcrit au Roy til ïajeure de la perpé- tuité de (on afftcl ion . A MONSIEVR DE VILLEROY , CONSEIL» 1er Se Secrétaire d'Eftat.En Cour. Onsievrj Vous verrez par les lettres de Mon- fieur l'AmbafTadeur , Se par les miennes , vne partie de l'eftat de cefte Cour. D'autres nouuel- les , ie ne vous en puis mander : Car de vous aflfeurer de l'affeÉKon que i'ay de vous faire ferui- ce , c'eft chofe qui ne vous doit pas eftre nouuelle , mais très- ancienne % Se qui neantmoins ne vieillira iamais en moy , mais demeurera touîiours en eftat Se en vigueur , pour s'employer, auec toutes les forces de mon efprit , lors qu'il vous plaira me commander. le vous prie de le croire, Se de continuer tou- jours à me tenir, Mo NSI e vR^pouc DeRomccc zy. V offre très -affectionné Iuin3i6o6. fermteur, î. Cardinal m Perron. A R G V M E N T. Il magnifie le crédit de ce Seigneur entiers le Pape Jttr la jrwptecort- Kjiion d'vne grâce demandée en (a fauem\ A MON- ET NEGOTI ATIONS. Liv.III. A MONSIEVR DE BETHVNE , CONSEIL- ler du Roy ,en fon Confeil d'Efht , & Lieutenantpour fa Majefté en Bretagne. En Cour. Onsievr , I'ay parle' au Pape , pour l'affaire de voftre permutation auec la Religion de Malte,qui le vous a accorde fi promptement & volontairement , querien plus. Vous me ferez grande faueur de continuer à m'employer par deçà , en chofes de voftre feruice. Car voftre crédit y eft tel, que c'eft fe recommander , que dy recommander vn affaire pour vous. le vous efcriuy , il y a quel- que tempSjCommefa Sainteté, en voftre confîderation5auoit con- cédé à Madame de Martiguesda grâce quelle defiroit. Monfieur le Bo (Tu fe chargea d'en foliciter 1 s expéditions. S'il s'y prefente rien dcnouueau, où il foie derechefbefoindemapeine, le nel'ycfpar- gneray non-plus qu'en toutes les autres chofes, oùie ferayfiheu- -reux,que vous ayez aggrcable de l'employer. le vous fuppliedele *croire,&: de me conferuer éternellement vos bonnes grâces, com- me à celuy qui eft, MONSIEVR, De Rome,ce 17. VoBre tres-affettionnc& obligé I uin , 1 6 o 6. Jèruiteur* I. Cardinal dv Perron. ARGVMENT. \_A la fouuenance que ce Seigneur luy auoit tejmoign ée conferuer» de Un? Ancienne amitté^il correspond par louange & eftime de fa vertu , & demonrfation de reftouiffance que fon Ambajfade luy donne moyen de la faire reluire dignement, Gggg 6oo LES A.MB A S S AD ES X MQNSIE/VR DE BA.RRAVT, CONSEILLER du Roy^n fo« Confeil d'Eftatjôc Ton AmbalTadem^ A Valladolid. On s i e vr, le receu.il y a; quelque temps ,vnc let- tre de vous, par vn iefuite Anglois,à laquelle ieren- dy yc pcnfe , par le mefme Pere qui me l'apporta: Mais craignant qu'elle ne demeure long-temps par les cht mins,i'ay penfé deuoir fuppléer le mefme of- fice,par cette féconde lettre, Se vous remercier derechef , du foin qu'il vous pleut me témoigner lors auoir demoy.Geftefouuenan- ce,que vous conferuez de noltre ancienne amitié,m/eft au/Ti chère, que le mérite voftre vertu .^d'eltime queie fay des bonnes parties que Dieu a mifes en vous. le les ay toufiours beaucoup prifées , 8c me fuis de nouueau grandement refioiîy que-voftre Légation vous ait donné oçcafion de lesfaire reluire fi dignement. Le contente- ment que. le Roy en reçoit,& l'honneur que la France vous en red, vous peut eftre aflez témoigné par d'autres : mais nul ne le vous re- prefentera,auec moins de flatterie , & plus de vérité & d'affection, quemoy;quiayeitépreiëntpar delà , apluiieurs propos célèbres, qui en ont efté tenus:& apprens encore tous les iours par lettres.quc lareputation de voftre Ambafiade , va continuant & augmentant le prie Dieu la bénir de plu s en plus, &: vous donner. Monsievr , enfaméjlongue&heureufevie. < DeRomccc Vofiretres-affettionne ' Juin, 1606. jerutteur. ï. Cardinal dv Perroh,, ARGVMENT. iMccoitmc de rompre lefiltw>& l») faire p m défis nottutïles. ET NEGOTÏATIONS. Liv. III. 6oi A MONSIEVR. DE PO M E V S E , CONSEILLER, A R GVME N T, Iîfe refiouit de fa Légation^ laquelle il a procure? addition d vn mois", A MONSEIGNEVR. LE CARDINAL DE IGYEVSE, • Légat du Sainft Siège Apoftoliqué, en France. Onsïignevr, le prendray la hardiefle de me refioiïirauec vous parceftelettrc,devoftreLegation,àlaquellei'ay eu l'honneur de procurer auprès de fa Sain&eté,l'addi- tiondvnmois. le prie Dieu quelle vous foit heu- reufcSc à toute la Fi ance, & que vous continuiez à me tenir, Monjeigniv: DeRomccezy. lu'ûtet,i6o6. {four Vojirc très -humble & tres-affeclionnc ftrutteur. I. Càrdisai dv Perrok. ARGVMENT, Hcfolution du D tic de Sautje , de fe te t ter tout à fait entre les brts de f± Maie/lé. Et qutly manhc debon pied ejr [înceremenf. AV ROY HENRY LE GRAND. JRE, Iefcriuy vn mot à voftre Maiefté,par Valerio, il y a trois ou quarre iours , des ouuerturcs que l'Ambaflaieur de Sa- uoye nous auoit fait tes , au Cardinal Dslfin,à Monfiiur l'Ambafladeur, & à m.)y , par lefquelles il mettoit en auant , que fon Maiftre fc de- partiroit de toutes les prétentions de conditions t Hhhh ij les Bailliages t de fe, contenteroit fio " LES AMBASSADES quinepourroîentdonnerfoupçon à V. M. qu'il eufl: aucun defTein delà les monts. Maintenant il nous aencore comme cemefmeauis>. de la part de fon Maiftrcpar vn Courrier qu'il en a eu exprés , par lequel il nous a alternez , que fon -dit Maiftre fe ietteratout à fait, entre les bras de V.M.fans demander autre chofe,que ce que Mon- fieurTAmbarïadeur vous efcrit.Cela nous fait iuger qu'il y marche de bon pied,& lin cerem et, comme pour mon regard ,i'ay toujours panchéde cette opinion, depuis que ie fuis en Italie. Et pour ce, ie meu l'année paflTceJe Cardinal Aklobrandin,à remettre les fers au feu,auecMonfieui rAmbafifadcur , de cet accommodement ; fca- chant queleditDuc lepenferoittraitterpluscouuertemétà Rome, quailleurs.il eft maintenant en V.M. d'en vfer , &c de fe feruir de roccafion,qui fembleluy eftré enuoyéedu Ciel , pour diminuer la grandeur de fesennemisj&accroiflre & eflablir la iîenne. le luy ecriuy auiïi .comme le Cardinal Delfin nous afieuroir auoir eu auis de Vcnife, que l'on commençoit à vouloir pr/fter l'oreille à celle vnion:&: que le Sieur Duodof, grand confident du Duc de Venife, ... auec qui il en auoit traitté , pédant qu'il eftoit icy,il y a deux ou trois mois,pour le différent des Vénitiens auec le Pape ; - luy auoit écrit qu'il le priait de luy mander en quel cftat les chofes en eftoient. Cela,encore que ie l'aye écrit à V.M.parVaIerio:neanrmoins,pour ce que cette lettre pourra arriuer à V. M. premier quele-dit Vale-. rio,i'ay penfé le luy deuoir repeter.Et cependant, prier Dieu, SIRE, qu'il la comble de toutes fortes de côtentements & félicitez,. D. V.M. D e R o m e , c e . Le tres -humUe & t /es c beyjfant fûieÛ Iuin, 1606. & feruiteur, 1. Cardinal dv- Perron, A R G V M E N T. 2 1 eft remercié d'aggresr certaine permutation , & ajjcurcd* l'effet (féa fienne prière. ET NEGOTIATIONS. Liv.III. 6il A MONSE1GNEVR LE CARDINAL DV PERRON. A Rome. MO K S E I GNEVR, Iauois défia receu vnc de vos lettres,par Monfieur l'Abbé d'Aumale ; & lors quei'eftoisfurlepointde vous remercier de la fouuenâce qu'il vousplaift auoir. de moy .m'eft fnruenuë' la féconde , qui m'en a redoublé l'obliga-" tion,de laquelle iedefireroisaucir plus de moyen dem'acquitter , <« par quelque effet de mon affc&ion à vous faire fei uice. Ce que ie Vojtretres-humbls fertiiteur. Le Ca?.dimal de Ioyevse. ARGVME^T. lire {pond aux lettres qu'il ixnoit receu'ès de luy , touchant les a f aires des Vénitiens. 4U LES AMBASSADES A MONSIEVR DE F R ES NES C ANAYE, Confeiller du Roy, en Ton Confeild'Eftâc&fon * jà.mbafTadeur. A Venife. On s i e v r , Te me fems fort obligé , du foin quevous auez eu de m écrire fi particulieremêt, Se efpere en vfer en fortcque pour le moins,les chofesn'en empireront point. fauois toufiours propofé vous feruir,felon l'information, que le Sieur Renaurm'auoit donnée de voftre defir, pour retourner en France: mais depuis que ces émotions ont commencé , i'ayeftimé que voftre prefence eftoic beaucoup plus vtile,& pour le feruice du Roy,&: pourle Sien gêne- rai de la Chreftienté,&: pour voftre gloire &: fortune particulière,!** où vouseftes,que délaies monts. Car tous les A mba (fadeurs , qui ont refidé à Venife,depuis foixante ans,n 'ont point eu tant d occa-« fion, en toutes leurs Amba (fades , de fe pouuoir méfier aux affai- res d'Italie , &dela Chreftienté , que Dieu vousenprefentefur la iîn de la voftre. Moniteur d'Alincourt,qui m'aaum" monflré vos let- tres,vous a écrit ce qui sert traitté icy ,pour le commenccméc d'vne vnion contre les Efpagnols.O r fi cefte chaifne a à fe forger, il faudra que le fer s'en batte principalement à Venife. Et cela arriuant.il fera neceifaire que ces Seigneurs, pour ne rendre point I'autnorité delà Religion, 5c les armes fpirituelles contraires à cefte erttreprife, s'ef- forcent de donner quelque fatisfa&ion au Pape, afin de 1'aùoir , ou fauorable,ou pour le moins, neutre &c fpe&ateur. Et quand cefte li- gue ne reiifïira point,toufiours les amis communs deces deux puif- fances, qui font les deux principaux bouleuerts de la iiberté de l'Ita- lie ; ont tant d'intérêt qu'elles ne fe confument point l vne l'autre, pour faciliter l'inuafion de cefte Prouince,aux Efpagnols,qui la mi- nutent il y a fi long-tempsiqu'iis ne ceiTerontiamais, qu'ils n'y rrou- uent,auec l'aide de Dieu, quelque accommodement. Et cela cftant, il faudra que la plus grade partie de ceft affaircpaiTe par vos mains. Pour moy ie vous y correfpondray icy , de tout mon pouuoir , 8C auer. defir de vous en faire auoir tout le gré,&deçà,& delà les mots, qu'il me ferapoffible Iemeperfuade que!a dignité, en laquelle il a pieu au Pape,&: au Roy , me conftituer , & la profefllon que i'ay de tout temps faittcdaffe&ionner le bien de la Religion Catholique, ET NEGOTIATIO NS. tir. Itl. *i5 ^l'authorité du S.Siege,côtrenosHcraiques,feraquefa Sainteté prendra beaucoup de chofes de moy mieux qu'elle ne fera d'aucun aucre. C'efr pourquoy,i'ay defiré auoir vn fecret moyenne côferer de cefte aftaire, auecvous;& me fuis forr reiîoiï y, quand vous auez ccmccé d'en vler,pour me cômuniquer les chofe^que vous m'auez communiquées. Ien'ay point encore-fondé l'intention de fa Sain- teté,fur le contenu de vos lettres, pour ce que ie nel'ay point veue, depuis les auoir receuè's. Mais i'efpere la voir demain, ou Lundy, fuiuant le commandement que le Roy m'en a fait par le dernier or- dinaire;biêquequâdleditordinairecitparty,Baptiftene fufl point encore arriué auprès de fa Maiefté:Au moyen dequoy,ellene nous apeu informer de fa refolution fur louuerture,queleditBaptifleluy auoit portée. Mais pour le moins vous donneray-ie auis.par la pre- mière dépefche.dc l'intention de fa Saincleté, fur l'intelligence des points, dont vous m'eferiuez. Quant aux ftatuts conformes à ceux dont il s'ag;ft,qui ont efté faits en quelques heux de l'Italiccommc :*nre autres, à Milan,& à Genesu ay entendu, lors que i'en ay oùy parler. qu'il y auoir celte différence, qu'ilsne toueftoient fauthorité Eccleiiaitique.fînon obliquement:dautant qu'ils s'addrefToientaux feuls Laïques aufquelsilsdefendoient.ou en gênerai, de rien alié- ner/ans l'authoiite du Prince.ou en particulier mefme,de rien alié- ner aux Ecclefiaitiques,fansl'authorité du Prince.- mais ne s'impo- foient pas directement. aux perfonnesEcclefïaitiques ; 8c encore, qu'en aucûs lieux ils ontefté reuoquez.ôc en d'autres, ccfTezd'eftre pratriquez.Maisdecela,&: de tout le refle,ie vous informera)' plus à p'ein.par la prochaine dépefchc.H ce pendant , vous diray que ie croy que Monfieur de Sully (8c vous ticdrez,s'il vous plaift,cela fe- cret) nous aidera à faire que le Roy ne felalfe point, deprocurer cette rcconciliatiô.Et vous fçauezcôbien il eirpuiffant, &; efloigné de tout foupçon,en tels confeils. Et moy, i'c/Tayeray défaire que m'en méfiant d'vnepan,auec luy,& del'autre,auec vous, ce foit vn hen ellroit.pour l'engager à embrafler tout à faitje foin &c la prote- ction cie voftre forrune,de laquelle ie m'affeure que vous ne doutez poinr,qut ie nedeiîrc l'accroilïement, auec tout ce qui cft de voftre honneur Se contentement , à l'égal de mon bien propre : nonplus • que k ne doute aucunement,que pour mon regard, vous ne laciez : lemefme. îe vousprie d'en prendre toute confiance ,.&queie»l uîs, M O N S 1 E V R « LES AMBASSADES On tient icy , que ton veut méfier les E rp.i?n)ls attec le Roy}en U pourjuittedu traitté. Au moyen dequoyjlferoit bon que ce que ces Sei- gneursvoudront rt 'foudre pour? amour du Royt ils Je hafiaffcnt de le re- jet ad n au flujloft. DeRome,cef Aouft,i6o6. A R G V M E N T. Refponfedu Pape^à ce qui luy eji repre [enté furies confédérations touchées parles lettres de fa MaicBé. Le peuple Romain offre vn million d'or* fa Sainc7ete.Ce qui femhU qu elle fe propo^e.Doux prétexte aux Veni^ tiens.de luy donner fat ufafl ion. JaLuJie des Efpagnols. Lcurartifiet continué. AV ROY HENRY LE GRAND. IRE, MonfieurTAmbaffadeur fera entendre à V.M.cequeluy premièrement, & moy puis après, auons repreCentéau Pape, fur les con- sidérations touchées par vos dernières lcr- cres:dont la réponte a efté en Comme , que piSain&etéCeCentokdeplus en plus obli- gées voCtre Maiefté,du Coin qu'elle auoit de l'authorité &c réputation du Cainft Siège: mais qu'elle ne pouuoit penCer à aucun nouueau party .qu'elle n'euft fçeu comme voftreMaiefïé auroit pris l'ouuerturcjqu elle luy auoic fait faire par la deCpefche de Baptifte,&: dvn autre ordinaire prece- dent,laquelle elle croyoit eftre fi raifonnable , qu'elle eftimoit que voflre Maielté l'approuueroit: Aiouftant qu'ellepreuoyoït bien 1 es inconuenients, y 'offre très -affection ne feruitcur. L Cardinal dv Perrow. ET NEGOTIATIÛNS. Liv. ÎTT. *ry inconucnients,que V.M. par fa prudence, preiugeoitpouuoir arri- uer de ce differentunais que de tomber en vn inconuenient certain, 8c volontaire pour éuiter des incôuenients incertains,^ qui cftoicc en la m.ùn de Dieu qui les pouuoit deftourner , comme périls en- courus pour fa caufe,c'cft à dirc,pour empefeher les facrileges,& at- |tçtirat$,entrepris fur les choies qui luy eltoicc voùées&: confacrées; il ne lepouuoic&ns oftenfer fa côfcience,à prefent,&: tacher fa mé- moire,à la pofl:erké.Que maintes autres fois,la nacelle de S. Pierre auoit efte en auiîî grand, & plus grand danger, que cefruy-cy,& que Dieu l'en auoit tirée , & qu'il efperoit que Dieu l'en tireroit encore maintenant, fçachant la finceritc de fon intention, qui n'eltoit con- duire,en ce cas, d'aucun intereft: humain, mais du feul refpect de frk gloire, Se de l'authorité cni dignité , que par tant de fiecles , il auoit maintenue Se conferuée àfon Eglife:&: qu'il efloit d'abondant con- firmé en celte efperance,par le zele qu'il voyoit, que V.M. appor- toit à l'honneur du fainft Siège, conforme à celuy, quefesprede- celTeurs, qui s'en eftoient toufiours monltrez les principaux prote- cfceurs,y auoient apporté. Au refte, fa Saincieté parle fouuent d'al- ler à Ferrare,&: entretient prefques tous les iours , Mario Farnefe, Lieutenant du General des armées de l'Eglife,& traitteauec le peu- ple Romain, pour la leuée dVn million d'or,qu'ilsluy ont offert, en cefte ôccafion.Neancmoins,ie ne penfe pas,qu'elle en vueille venir à vne guerre ouuerte mais ie croy que fon deiTein eft,de faire miner Se consumer les Vénitiens, comme par vne fiéure lente,par la gran- de & continuelle dépenfe, qu'il leur faudra faire, fi ce differét dure, pour tenir leurs places munies &:pourueucs , à caufe delaialoufie de leurs fuiecs,&: voifins.Chofe,à laquelle lefainct Siège ne fera pas réciproquement obligé , d'autant que s'ils faifoient quelque e'ntre- prife lur l'Eftat Ecclefi^ïïique, tous les Princes Catholiques s'vnN roient contre eux. pour fadéfenfe. Au moyen dequoy,lors que le premier bouillon de leur cholere,fera refroidy &quMs viendront à confiderer de fang froid , les grands frais qu'ils auront à fupporter, 8c qu'ils verront à la longue.leurs threfors s'efpuifer,fans fin, 8c fas icqucft ; il y a apparence qu'ils s'en ennuyeront , &c $\ipperceuront }ue le principal ne vaut pas les defpens. Voila ce que ie croy que fa Sain&eté ie propofe. Au furplus, V.M. aura veu,par nos lettres pre- entesd'eftat auquel eft le Duc de Sauoye, & auquel le Cardinal elfin croid que fepuiffent mettre les Vénitiens , pour le regard de ftaire,dont il a efté défia fi fouuenc parlé. Or en cas que cela reii- liii M LES AMBASSADES ttiffc'ii fera non feulement tres-necclTaire de difpofer les Vénitiens àdonnerquelquefatisfattionauPape, pour ne rendre point l'om- bre delà Religion, & les armes fpirituelles,comraires à celte entre - prife,ainsauoufaSaincteté,ou fauorable^ou pour le moins,neutre, &fpettatrice, comme elle a toufiours promis de Lettre, en fait de guerre en Italie, entre volhe Maiefté & le Roy d'Efpagne : mais mefme àmonopinion,tres-facile. Garlors,l'efperance qu'auront les Vénitiens, de pouuoir faire retomber celt orage fur ceux qu'ils cftiment le leur auoir procure, & accroiftre leurs limites , & remet- tre l'Italie en liberté, leur fera vn allez doux,vtile,& honorable pre- texte,de céder cepeu,qu'il faudra qu'ils cèdent au Pape , pourluy donner fatisfaction. Et au casque cela ne reûflîlTe point , & que V.M.ait lapaix deritalie,plus chereque toute autre confideratiom toufiours s eft-elle défia engagée fi auant au traittë de celte recon- ciliation,qu'ellefembleeftre obligée d'en auoir l'honneur tout en- tier^ ne l'abandonner point,qu elle ne l'ay t amené à fa perfection. Les Efpagnols ont vne grande ialoufie , de voir qu'elle ay ta eltre l'arbitre de celte affaire,& remuent toutes fortes de machines,pour trauerfer & empefeher celte reconciliatiôjou fi elle a à reuffir, pour y auoir part,&: eltre nommez & afîbciez au traitté:& poiïible y fe- ront-ils affiliez de deçà, fi les chofes tirent en longueur.Ien ay dit à MonfieurrAmbafTadeur,cequei'enay fçeu , & penfé. Ieluyay aulîi dit mon auis,touchant la propofition qu'on luy a renouuellce, ces derniers iours , de faire que le frère aifné du Pape, accepte les biens-faitsdu Roy d'Efpagne, & fedeclarefon feruitctir;&: lepui£- né,ceux de voftre Majefté : Quieit vn honneite,& fpecieuxpafle- ' port, procuré par l'artifice des Efpagnols, pour faire entrer leups gratifications, en la maifon du Pape, Se pour vous faire auoir vn de fes freres,en apparence,mais pour les faire wo;r cous deux,en efîcc, au Roy d'Efpagne:qui donnantjfi celte porte eft ouuei te, des Eftat-s &c Principautezàl'aifné,dansle Royaume de Naples, liera &: obli- gera,d'vn mefme nœu,lefecond,commeceluyauque-l>& au filsdih • quel,la fucceiïion de l'aifné doit paruonir, ; & encore, ce qui eft va double mal,auec dérifion & mocquerie de vos feruireurs , iefquch i|s;veulent croire ne pouuoir découurirvne fi lourdes grofîien altuce.Mais pour ce que i'en écriuy mon auis , à Monfieur de Ville roy,iî y a cinq ou fix mois,ie n'en feray point icy , vn plus ample rc cit. Quant aux autres nouuelles,comme dujpartement des fils é Monfieur de Sauoye,de la Cpur d'E fpagne; delapcrte de la flotte ET NE G O T I A T-I ON S. Liv. III. Si7 ourre fauis que voftre Miiefté en a des lieux mefmes , Monfîeur l'Ambafladenr vous les aura Ci particulièrement efcrices, qu'il ne me refte autre chofe à faire,par celle lettre,finon de prier Dieu, S I RE.qu'il donne à voftre Maieftc,& toute fa Royalle famille , les benedicl;ions,que la Chreftienté defire &efperc. D.V.M. De Rome, le 8. Le 1res -humble & tres-ebetffknt fui et Aouft , 1 606 . &fermteur. I. Cardinal dy Perhok, ARGVMENT. / / continue fur te fuie t de la précédante. ' A MONSIEVR DE F R ES NES C AN A Y E, Confeiller du Roy,en fon Confeil d'Eftac, & Ton Ambafladeur. A Venife. Onsievr, Ieconferay, Dimanchematîn,auecle v Pape,& encoreauiourd'huy,des chofes que vous ma- uiez efcritesjpar vos lettres du 2,9.Iuillet,dontil mon* ftra fe fentir fort voftre obligé,me remémorant , que dés le têps de (on Cardina'at,vous l'auiez aymé,6c me triant de vous exhorter à continuer la mefmc affection , enuers fa >erfonne,&: le faincl: Siège. Pour le regard des ftatuts de Milan, il ne refpondit qu'encore qu'ils fuffent contre la liberté de l'Eglife, leantmoins ils ne s'addreifoient pas directement aux Ecclefiafti- •ues,maisportoient feulement défenfe aux feciriiers , de rien alié- ner m non fubâitos. Pa r lefquelles parole s, iaedit qu'ils prétendirent £ i* LES AMBASSADES fruftrer les EcdeiiaftiqueSjtoutesfois la défêfe ne s'addrefToit point directement à eux. Pour le regard de la diftin&ion delà fufpenfion, afçauoir3ii fa Sainûetc pretendoit qu'elle fuft reuocatiue , ou feule- ment fequeftratiue; il me fembla recueillir de fes paroles , qu'il ne feroit point d'inftancç,qu'elle fuft reuocaiiue:mais aufli ne defuok- ilpoint,qu'on fpecifiaft,qu'elle fuft fequeftratiue. Et quant ;vx oc- cafions qui fepouiîoknt prefenter,d'en venir à l'effet , p . ridant le temps de laditte fufpcnfionjie reeogneu de fes paroles, qu'il ay me- roit mieux que lors la chofe feprattiquaft par fequeftration , que de l'employer maintenant dans le rraitté: pour ce que ce qui fe feioit à cefte heure là feroit moins en veiïe,que ce qui fe capituleroit main- tenant.Ces chofes,ie les ay traittées auec le Pape, comme de voflre part, afin qu'ifvous en fçeuft le gré. Au refte,il eft ties-contentde la façon dont4e Roy procède en cefte aclion3& du ingénient que fa Majefté a fait,que fa Sain&çté s'eft mife à la raifon,& del'aflift ance qu'elle luy promet, en tout cas-.chofe que vous pourrez tenir fecret- te. Vous aurez maintenant receu le courrier, que le Roy vous aura çnuoyé pour ceft affaire qui tft le plus grand de la Chreftienté. Ce fera à vousjd'cmployer les belles parties, dont Dieu vous a doué, pour le faire reuffii^à l'honneur du. Roy, qui s* eft mefté fi auant, te au bien du repos public. Vous me manderez^'il vous plaift, ce qu'il y'aura de particulier , par chaque ordinaire , afin de pouuoir conti- nuer en l'efprit du Pape, l'impreflîon qui y eft,que vous auez parti- culière confiance enmoy .Et fur ce,ie prie Dieu, M o n s i e v R , vousauoiçen fa fain&e garde, I)eRomescc ïi, Koflretres-affiêIhn»à A.ouft,i(5o^. (er tuteur. I, , Cardinal dv Piuron. A R G VMENT. A rat fond "vn catarrhe qui t afflige jl nlefcrit que ce feu fin lignes > à fi Maiejîé, ET NEGOTIATIONS. tir. lïî. €$ AV ROY HENRY LE GRAND. IRE, Monfieur l'AmbafTadeur efcriraà voftre Maiefté, le contentement que le Pape a receu,d'auoir entendu par la bouche, &: par la mienne, les Témoignages que voltre ditte Maiefté luy tend, de Ton afït&ion,eniaffaiiequifeprefente.Et pour cette caufe,& tuffi à raifon d'vn catarrhe , accompagné d'vne iiéure, au commencement affez violente, mais maintenantappai- fée, grâces à Dieu.qui me tient au liû, depuis quatre, ou cinqiourss ie ne feray autre chofe,par celte k ttre,finon de prier Dieu, SIRE, qu'il conferue voilre Maiefté,en toute profpcrité& famé, D.V.M. De Rome,ce iz. Aouit,i6o6, Le tres-hutnhle & très obérant fi jet & feruiteur. 1. Cardinal dy Perron. A R G V M E N T. Movfîearle Conne [table 'l "informe de quelques prête nttens du Vkekgat d' Auignon.âupreïuàice des droits du Roy :& delà procédure qutlj a i en né, afi n quil puijjt faire entendre k tout a fa SaincJeté. A MQNSIEVR. LE CARDIN. A L A Rome. DV PERRON. Onsiivr, Encore que nuîne puifTe douter de la ï k K ^onnc volonté queleRoy a, de bien fauorablement \w/ traircr^cs Miniftrcs denonreS.Perc&fesfuietsde i la villcdAuignon & Comté de Veniffe ; &queie t^Cj^ n'aye perdu aucune eccafionde leur rendre prcuue demadcuotionautres-humbleferLiicedefaSain&eté > dufainft fetj LES A MB AS S A D ES Siegc,depuis quarante &: tant d'ans,qLie ie fuisGouuerneur de cette Prouince: Si eft-ce que i'ayeftimé vous deuoir informer au vray, de l'altération qui eft aduenuë,& vous fupplier bien- humblement, de le faire entendre à fa Sainctete & à ceux que vous iugerez à pro- pos,pour ma décharge.Ie vous diray donc*que quelquesiours après mon arriuée à Beaucaire iereceu plainte de ce que Monfieur le Vi* celegat auoic ferméle paffage du Rhofne , Se ne vouloir tailler en- crer perfonne,par la porte de la riuiere , venant de mon gouuerne- ment.Ceque ienepouuois quafi croire, n'eftimantpas , quileult entrepris cela , fans m'en aduertir, veuqueien'eftois qu'à quatre lieues de luy,& fans me faire fçauoir le fujet, qu'il en pouuoic auoir. Et bien que celle façon de procéder me deuft iuftement efmou- uoir,ie ne laifTay pas d'efTay er de rabiller ce qu'il auoit rompu ; SC m'accommodât à la propofition qu'il menuoya faire, ie dépefchay ma Commiffion pour faire mettre vn autre , pour leuer les deniers du pafTage du Rhofne. A quoy il ne voulut point aquiefeenains s'af- fermit à vouloir occuper les droits du Roy , Se partager l'authorité de fa Maiefté , auec fes officiers; fous couleur de queiquespreten- tions, defquelles, encore que ie ne fois pas des plus ieunes,ny moy , nypasvn des Officiers de fa Maiefté , qui fe font trouuez prés de moy.n'auons oiày parler : Ayant toujours creu , Se veu prattiquer, que ladite riuiere du Rhofne appartient de bord en bord,auec tous les droits qui s'y prennent, à fa Maiefté, comme fait aum* le Pont.- Eftant cela fi clair,fi notoire, Se fi bien vérifié , par vne infinité d'a- ctes Se ciltres,quenul ne l'a iamaisvoulu troubler en celle polTe/fic, ny laluy difputer.Au moyen dequoy, tenant 'le rang que ie tiens,& ayant l'honneur d'eitre premier Officier de celte Couronnejie n'ay peu permettre qu'en ma prefence.on vfurpaft les droits &aùthori- té de fadite Maiefté ;Se fuis obligé à maintenir. Se faire valoir la fer- me,que fes OfficiersontfaitteduditpaMige , en intention que les deniers feront curieufement conferuez,.pour eftre employez là où elle les deftincra. Mais ledit fleur Vicelegat , fe roidi/Tant à fes opi- nions^ encore derechef, pour la féconde fois, fermé &interdirlc parïàge,-& m'a forcé d'en faire de mefmé,de mon cofté.à mon tres- grand regret, pour le preiudice qu'en reçoiuent les fuiets de fa Sain- cteté,qui en font grandement incommodez. Maconfolation eft, qu'on ne m'en peut en rien inculper , Se que c'eft ledit fieur Vicele- gat, qui a par deux fois commencé à rompre,& qui veut vfurper fur fa Maiefté,fans aucune apparence. le luy en ay donné zuis au long, ET NEGOTIATIONS. LiV. nr. ^ &attendiaylà defliis,rhonneur defes commandements. Vous ayant cependant voulu faire entendre le difeoursde ceft affaire, afin que (a Sain &eté,& Meflîeursdu SacréCollege,reitent bien édi- fiez de moyrqu'ilscognoiffent que ien'ay peu moins, & queie me fuis porté aufsi lentement Se froidement,que ledit Sieur Vicelegat y a apporte de précipitation. Sur cefte verkéjapres vous auoir con- finné mon bien-humble feruice , &baifé de tout mon cœur, les mains,ie fupplieray noftre Seigneur, qu'il vous donne» MoNsi£VR,en famé, longue & heureufe vie. De Pezenas, ce 2?. Vojire bien-humhle &pltu ajfettionni Aouft,i606. feruiteur. M OKIM OHÇNCY, A R GVMEN T. 24à Romcjl luy refart félon la dignité des vertus & qualt- ti z. de ÏOeuu ne & de C Au t heur, A.MONSIE-VR DE THOV , CONSEILLER du Roy,tn fon Confeil d'Eftat, & Pnfidenc en fa , Comde ParlemencA Paris, G n s 1 e v », îe ne puis que ie ne me îent-c fort obligea" l'occafion qui m'a donne fuiet de vousferuir au fait de voltre liui e>puis que les remerciemets, qu'il vous a pieu m'en rendre par voftre lettre, font fi honorables, qu'ils n ci icnt eux-mefmcs mille remerciements. I'ay toute ma vie au- tant -pulc & eilirné vos vertus,que perfonne du monde : mais cefte g2t LES AMBASSADES -mienne cftime , queiepenfois eftreau comble & à la cime defa perfe&ion,a efté encorebeaucoup augmentée, parle luftre que i'ay recogneu , que vos eferits apportent à noftre fiecle. C'eftpour- quoyi- i'ay creudeuoir d'autant plus ayderà procurer que le public en iouifte pleinement , Se vniuerfellement. ils font grandement honorez par tout : maisi'oferay dire, Se le diray véritablement, qu'ils le font plus en Italie, de ceux qui les ont veus, qu'en aucun autre lieu de l'Europe. Meilleurs les Cardinaux Aquauiua, Vifcon- ti, Srbrce Se autres de ce Collège, qui ont l'efprit éleué par deflus la , portée ordinaire des hommes , ne fe peuuent laffer de les louer Se célébrer, Si de les mettre au premier rang, après Salufte, Tacite, Se autres anciennes lumières de l'hiftoire Latine. Et pourtant, auez- vous grand intereft , que le vol de leur gloire ne Toit point ra- courcy , Se que les copies s'en diftribuent librement , en ceux Pro - uince , qui eft le plus refonnant , Se rcfplandiflant Théâtre du monde, Se où ils font receus &: defirez,auec tant d'applaudifTemér. C'eft chofe qui fe fera fans beaucoup de mutation. l'en ay parlé par diuerfes fois au Pape,luy reprefentant le mérite de 1 ccuure, Se la condition du temps,oii il a efté efcrit,afçauoir,durantles lors que nous vous auons écrit, furie fait du trakté du Duc de Sauoye, [ue celle prattique deuft altérer quelque chofe de la recherche que offre Maiefté fait, de reconcilier les Vénitiens auec le Pape. Au ontraire, nous auons toufiours creu,quc le fondement par où il alloit commencer ladite prattique , comme ie vous l'ay écrit par les dernières lettres, eftoit celle reconciliation ; & qu'il n'y auoit oint vn plus puifïànt moyen , pour difpofcr les Vénitiens à s'ac- jmmoder auec le Pape, quelefperancedu fruit de celle vnion.. îeanimoins, leiugement de voftre Maiefté efl fi clair & afTeuré 'î toutes chofes, quec'eft ànousàluy donner auis , Se non con- il, des affaires de celle Prouince. Ontient icy , que le Nonce lEfpagne a fait rechercher fous main, le Pape , d'aider le Roy iEfpagne , de quelque preft d'argent duthrefordel'Eglife, at- Indantla venue delà prochaine flotte. On dit aufli, que le Roy ■ifpagne fait grande inllance pour la promotion du fils du Duc de luoye, & fe contente qu'il luy foit conté pour vn de fes (ujetS j |urueu que fa Saip.cteté le facefeul & extraordinaircment. Le Kkkk 6i4 LES AMBASSADES refte des noimelles , MonficurTAmbaiTadeur vous les efcrira, &ic prieray Dieu , SIRE, qu'il conferue &c beniiTe de plus en plus» voftre Mâjefté, D. V. M. De Rome, ce premier Letns-btmble&tres-oieyfftntfujef Scptemb. 1606. & ftruiteur. L Cardinal de Perron ÀRGVMENT, Congrégation de treize Cardinaux, Le Pape irrité de plw en plus», contre Us Vénitiens. Embrafement en Italie » s 'tl n'y eft remédié par - le Roy. Gloire éternelle à fa M ait (lé , y apportant le (te ours. AV ROY HENRY LE GRAND; Monfieur l' Ambaiîadeur efcnra «1 voftrc Màieftê* , SSwcomnïc le Pape a fait auiourd'huy tenir vne Congréga- tion de treize Cardinaux , en laquelle il n'y a eu nul François , ny nulEfpagnoK On tient par toute celte Court, que c'eft pour l'affai- re des Vénitiens , de la refolution 6c des procédures defqwels , fa Sain&eté eft fort irritée, & nommément , des eferits qu'ils ont faitspublier, par lefquelskcroy que faBeatitude recognoift, que s'il luyeuft pieu feferuir du confeil, qneieluydonnois , qui eftoit de ne faire point eferire, du cofté de deçà , fur cefte madère , & principalement, pendant que voftre Mâiefté traittoit; les chofe (poflible) s'en fuiTent aufli bien portées. Mais ce qui eft-fait,n< peut n'auoir point eftéfait. Lemaleft, que les affaires prennent vr fort pernicieux train , & que i'auray le regret d'auoir efté trop ve ritatie Prophète. Car des que la premiereeftincelle de ce feu, s'al kima, &r. long temps deuant que le Pape fefuft relblu de décerne j £on moratoire j ie recogneu & predy , quafî contre l'opinion d tT NëCOTI AT10NS. Li* Ht 6lS tout le monde, qu'elle cauferoit vn merueîlleux erabrafement, 8c fatal à l'Italie , &. à Uplus grand part de la Chreftienté: Ec 1 efcriuy prcfqucau mcfme temps , à vofrre Maicfté. La chofe fe void par effet: & fi voftre Maicfté n'y remedie.la médecine ne fe peut efpc- rer d'aucun autre.C'eftpourquoy,e!le doit d'autant plus defirer d'y apporter quelque fecoursipar ce que l'obligation qu'elle en acquer- ra fur le Pape, &lur l'Eglife, 8c la gloire qu'elle en obtiendra par toute la Chreftienté, fera d'autant plus grande, 8c principalement s'y eftant voftreMaieftéengagccpar le foin qu'il luy a pieu mon- trer d'en auoir : lequel s'il peut auoir quelque fuccés , ne ren- dra pas la mémoire de voftreMaiefté, moins célèbre aux Anna- les de l'JEgUfe , que celle des Pépins , & des Charlemagnes.Ie prie Dieu , SIRE, qu'il luy en face la grâce, 8c adioufte cefte pr ofpericé àfes autres félicitez. |D. V M. De Rome, ce 4. Ittres ■humlle,& tres-obeyjptntfmci Scptemb. 160C &feruitcur I. Card/nal dv Perron, ARGVMENT. / dit efuilakaptifédr fait appointer U Iuif recommandé de fa part, MONSIEVR LE BARON DE SALAGNAC, Confciller du Roy, en fon Confeil d'Eftat, & fon Ambailadeur. A Conftantinople. Onsievr , Ce mot fera pour vous dire que i'ay eu tout le foin qui m'a cfté poflible , du Iuif que voug maillez recommandé: l'ayant baptifé, 8c fait Appoin- ter par le Pape , qui luy donne dix efeus le mois. I'au- y pareil foin de toutes les autres affaires , que vous m'auez Kkkk ij 6l6 TES AMBASSADES recommandées, ôc recommanderez, pour vxws tefmoigner que ie fuis., MONJIEVR, De Rome, ce 9. Voftre très affcSlionné ' ferait eut. Septembre, 160 6... I. Caroinal dv Perron:. A K G V M E N T. J$ae fumant fon aduis , il a prié le Pape de ne rien innover. Peu d"ap* parence d'aider aux Libraire î , dontilluy a eferit. Grancte indigna- tion defaSaincîcté , contre le gênerai de fEftatdes Venitieni. Et ce qutls empefeber oient 3par leur -fit fchiffement . A MONSIEVR DE FRESNES CANAYE, Con- seilles. e>v Roy, en son Conseil d'Est at, de Ton Amballadeur. A Venife. O n 3 j 1 v k , Encore que vous foyez retiré aux- champs , fi ne lailTeront pas mes lettres, de vous aller trouueriufques-là , pour continuera entrete- nir nofrre communication , qui m'eft le plus cher exercice, queiepuiiTe auoir en cette Prouince. Ce- fte-cy donc, vous dira que i'ay, fuiuant voftre confeil, parlé au Pape, pour leprierde ne rien innouer, auantquedauoir eu aduis, & relation de fa Majefté m efme, du fuccés de voftre negotiation. Ce qu'aulTi a fait depuis , Monfieur rAmbafîadeur, Sur quoy ie vous puis dire que tout ce que nous pourrons faire, fera d'obferrir cedelay , &empefcherquela Congrégation inftituce pour ce re- gard , ne pafle outre,auant la venue des lettres de fa Ma jefté. Quant aux Libraires, dont vous m'efcriuiltcs , ienevoypas grande appa- rence de les pouuoir aider , en ce temps , que fa Sain&eté eft tant irritée contre la Republique , pour les autres eferits publiez nou- vellement desquels, auec le refle des procédures de la Republique, caufent vne fîgrande indignation contre le gênerai de TEdat , qu'il «ftmaî-aife d'en çxempter les particuliers, 8c principalement en ET NEG OTI ATIONS. Lrv. III. 6l7 cccas, ouI-s*utheursdel3COuIpe,ne pouuans eftrc, pour la diffi- culté du remps , iudiciairementcogneus&: diftinguez , on ne s'en peut prendre qu'aux exécuteurs. S ileuftpleuà ces Seigneurs, fe flelchirvnpeuplusà vosremonftrances , ilseufTent empdché vn grand feu , qui poflîble embrafera le r eftc de l'Italie : mais non fans qu'ils en Tentent leur part. Dieu y vueille enuoycr l'eau necefiaiiv, fcme conferuer, M o n s i e v r , en vos bonnes grâces, comme. De Rome, ce 9. VoJlretres-4- gne , de (a Sainteté. A MONSIEVR DE VILLE ROY , CONSEILLER & Secrétaire d'Ethc. En Court. . fi@9§ ^ N s 1 E v R ' V°L1S auez Par ce courrier , laduis de la nou- ^nj.ielle promotion , en laquelle ayant efté fait Monfieur Bai berini , &z les autres fuiets m'eftans incogneus de.con- uerfation ; faypcnféne pouuoir prendre occafion parti- culière , de laiïer la proge-dure de fa Sain&eté en celte action, finon furceftuy là. Etpource , iemefuis eftendu leplus que i'ay peu , à loiierfes mérites, en plein Confiftoire ; & à remercier publique- ment^ nom du Roy, fa Sain&eté , de l 'efledtion qu'elle auoit faite de fa perfonne. C e que i'ay eftimé eftre d'autant plus obligé de fai- re , que lors que fuiuant l'intention du Roy, ie repetay àfa Sain&e- ;c,la prière que Monfieur l'Ambafiadeur luy auoit faitte,de le créer Cardinal , pour le Baptefme ; i'auois reprefenté fort au long, au Pa- îe,fes vertus : &: que fa Sain&eté m'ayant monftré d'y prendre rouft, m auoit refpondu, Vuoddifertury non aujfertur. Au refle. aucùs eu vnaduis de Florence, que i'auois communiqué à Moll- it k k k iij éiB LES AMBASSADES fieur l'AmbafTadeur , d'vneconccffion de quatre millions d'or fut les biens des Eglifes à'I fpigne, que le Roy d'Efpagne defire obte- nir de fa Sain&eté , pourfes affaires de Flandres , fous prétexte de l'aide qu'il promet,contreies Vénitiens. Monfieui l'AmbafTadeur a eftcd'aduis quei'enaduertirTeauioufd'huyle Pape. Cequei'ayfaic de fa part, monftram que l'aduisen eftoit venu d'Efpagne, àMon- fieur 1 Ambafladeur. Sa Sainteté a môftrc de rignorermais d'eftre fortaifed'en eftreaduertie.Labréuetédutempsmefera finir celte lettre , pour vous dire que ie fuis , M o n s i e v a > De Rome, ce a. Vojlre très .iffccliotinc fa uitem: Septemb. 1606. I. Cardinal bv Perron. A R G V M E N T. Pour le refpeèl qu* iîportc à [on mérite , t amitié qu'il a contractée attet iny i & s'cflre rencontré en pltifieurs des occurrences de (a promotion , Il dit qui le contentement quilcnreçoit^ft plus granà,qH il m le peut e/crire. À MONSEIGNEVR LE CARDINAL BARBE- rini. A Parij. Onseignevr Le contentement que i'ayreceu, de la promo- tion de voftre Seigneurie IlIuftriiTime , au Cardi- nalat^ eftéplus grand que ie ne vous puis efcrirej tantpourle refpect que ie porte à voftre mérite particulier, que pour l'amitié , que feu l'honneur de contracter aucc vous, durant voftre Nonciatu- xe extraordinaire ; que pour la bonne fortune que l'ay eue, de me rencontrer en plufieurs des occurrences de celle a&iomdont la pre- mière fut , lors que par commandement du Roy , ie repetay à Sain&ctéjla prière que fa Maiefté luy auoit défia faite par MonfiV rAmbaiTadeur,de vous créer Cardinal, & Légat pour le Baptefm En laquelle dés-lors,le Pape me monftra vne finguliere affection cnuersvosmentej,queieluyreprefentay le mieux que ie peu i 8c ET NEGOTIATIONS. Liv. III. 62.J mcrefponditen ces propres mots , £)uod differtur , non auffertur. La féconde a efté auiourd'huy > qu'ayant prié Monfîeur voftre frère, qui m'cftoit venu voir ce matin, de difner auec moy ,& luy s'eftant à celle occafionarrefté pour m'attendre à Tifluè' duConfiftoire,oùil m'auoitaccompagnéuay efté le premier à luy donner cefte bonne nouuelle.Etlatroifiefme, que ne cognoilîant aucun des autres fu- iets promeusjie n'ay peu prendre occafion de louer fa Saincteté en cefte a&ion,finon fur les mérites de voftre Seigneurie Illuftri/Hme. Ce que i'ay fait, auec toute la force quei'ay,& I'ay remerciée de vo- ftre promotion^ au nom de toute l'Eghfe en général,^ au nom du Roy,enparticulier:chofequia eu applaudiflemcnt de toutle Col- lège. le prie Dieu, M o m s e 1 g h e y p. , que ce foie pour eniouïr autant de temps, que fou - haicte , De Rome , ce ir; Vtftrctrcs kumhlefert/tteur Scpcemb. 1606. V. Cardinal nv Perron, A R G V M ENT, il luy vepre fente là, eau fedept taciturmtc , En quelle reuerence flaja wr- t* , & combien la pojjèfîton de [on feraice luy ejf ajjèurée. A MONSIEVR LE CH A N CE LIE P. DE Belliéure. En Couit, O ns ie vr , Depuis ledecésdufeuPape Léon vn- ziefme,le courage de vous eferire des nouuelles dlta- m'eftoit entièrement failly, croyant qu'outre le gênerai de la France, vous&moy , auons fait vnc fi grande perte en fa mort , que ie ne vous pouuois •nander aucun aduis de deçà , capable de la contre-balancer. Ce- a m'a fait obferuer ie filcnee, an 8c iour, en voftre endroit , afin de >ay er par cefte taciturnité, comme vne efpece de dueilj & de deuoit uneral,àla mémoire de fes obfeques.Maintenât que l'anniuerfairc ft pafle, i'ay eftimé qu'il eftoit temps de mettre fini cefte Ion- tic eclipfe de lettres &: de communication , pour vous ofter toute vccafiondepenfer^uofabfence, o^l'intermilTion défaire, ayenjt 6-3d LES AMBASSADES rien effacé en moy , delafouuenancede l'amitié, qu'il vous pîaift me porter , 8c dudcfir que i'ay, d'en conferuef vne perpetuellç gratitude. Ce mot donc, fendeftinéàcelt effet , & vous affrurera qu'entre mes plus chères imaginations, celle d'eftrcaym': &c eftimé de vous,tiem vn des premiers lieux .comme chofe qui me fert, non feulement decomenrementprefent-mais d'arres de gloire 5c d'efti- me, àlapoftërité. Vous le croirez facilement , quand vous vous reprefenterez en quelle reuerence i'ay voftre vertu, delaquelle ie garde l'image, comme vn facré Se vénérable fimulacre, en mon amc. A quoy adioulïant le nœu de tant d'oblig-Kions,que vousauez acquifestu;moy,il fera mal-aisé qu il vous refte aucun doute, que monfeiuicenevousfoit v ne po-ffellion inaliénable. le vousfupplic d'en faire eftat, & de continuer a me vouloir toujours autant de bien, comme ie fuis, MONSIEV R, De Rome,. ce 16. Vrftetres àffecîior9t & oUitf Sepnemb. 1606, fertitteur. I. Cardinal d y Pïr?.on.. A R G V M E N T. Creanc* dis F4pe , de î 'authoritc du Roy , entier* les Vénitiens. fU 'mtt de fa Sainclelé. Congrégation de la guerre inftituèe. AV ROY HENRY LE GRAND. IRE, Monfieur fArnbafTadeur &moy , n'ayans peu tirer <3u Pape, fur 1 affaire des Vénitiens , quelque effort que nous y ayons fait, quVne mefme rcfponfe , ie me rcmettray àluy,del'e>f- crire à voftre Maiefté. Sa Sain frété en demeura toujours là, voftre Ma- jefté,8de Ducde Sauoye, auoyent quelque fujet de fe douloir, d'sftrefrultrez faire rompre; afin que cefte rupture eftant vne fois faitte,ils en puifient procurer pour eux , tant qu il leur plaira. Quant aux af- faires des Vénitiens auec le Pape, Monfieur l'Ambafladeur enâ informe par diueifes fois ^fi amplement voftre Majefté , que les re- pétitions que ie luy en ferois, feroient non feulement fuperflue^ mais importunes. Seulement luy diray-ie , que i'eftime que Ci Ci Sain&ctéacordc la ileuécfur le Clergé d'Efpagne, donc i'cfcnuy à voftre Majefté, il y.a quelquetemps, qu'elle en voudra auoir fa part» afin de l'employer à laguerre contre les Vénitiens, au cas quelle la face: Se de cela, i'en parle auecquelque fondement. File monirfai de délirer grandement» fi l'orage doit efclater , d'eftre fauorifée d* s armes de voftre Majefté, & croy que fi voftre-dkte Majefté la vou- loir a/Tiftcr de trois ou quatre mille hommes de pied,& de cinq cents' chenaux , elle confentiroit volontiers , quelque leuée fur ie Clergé de France, par forme d'aliénation , ou.autrement , pour defeharger voftre Majefté, du faix de cefte deTpenee. Ec^poftible qu'en tel cas , ce ne feroit pas chofe inutile au feruice de voftre Ma- jefté, d'auoir quelque nombre de gents de guerre, en Italie, auec vn afteuré , fauorable , Se honnorable prétexte , comme feroit ce- luy , de marcher fous les bannières Se eftendarts de l'Eglife; Se prin- cipalement eftant commandez dVn chef intelligent. Car oucre ce que ce feroient autant de gardes , & de controileurs aux Efpagnolsi pour les tenir en bride Se en iabufie , Se les empefeher de faire de* ET KEGOTIATIONS. Li\:: ITÏ. 6$ dciTeins-& progrés particuliers,en Italie; Et outre la neceflué que -c .î leur apporteroit,d'auoirleursplacesde deçà les monts, pour- ueucs& munies d;hommes,dontrefulteroit autant de defehet fur les fecours qu'ils enuoyent en Flandres ; Et outre ce,, que cela con- ferueroit Se augmenteroit toufiours , le crédit & l'authorité de vc- ftre Maiefté,en cette Court, &: en toute l'Italie , voyant que voftré- diltc Maiefteferoit de la partie , Se qu'ii ne s'y pourroit rien faire de grande important, fans elle: Outre tout cela, dif-je, il n'y a point de doute, qu'en vn temps turbulent, Se propre à mettre toute l'Ita- lie ians-deitus-deiTouSjCommeferaceftuy-là , fi les chofespaiTent plus auant, il n'arriuainfinis accidents, quinefepeuuent, ny pre- uoir, ny prédire; fur l'occurrence defquels, voftre Maiefté vou- dront auoir acheté de beaucoup, la commodité d'audirdes hom- mes tous portez fur les lieux , pour en recueillir le frui&. Aufîi bien dirficiiement fçauioit-cllefaire, cefte guerre-là arriuant , que plu- sieurs de fesfuiets, Se nommément de ceux de la Religion, n'ail- lent feruir les Vénitiens. Cela , ce font deiTeins en l'air, que nous propofons, Monfieur l'Ambafladeur Se moy, par forme de dif- cours , à voftie Maieftéjpour y auoir tel efgard qu'il luy plaira , ne courant point qu'elle.n'ayt délia preueu Se refolu, par fan excellent ingénient, ce qu'en tel cas, elle doit, ou faire, ou obmettre. Ce* pendant, îc prie Dieu, SIRE, qu'il la conferue longuement Se heureufement. D. V M. De RomCj ce 3 Letrcs-bumhle & trcs-obeyfantfujet .Octobre. 160 6- Grferuitetir. I. Cardinal de Perron, A R G V MENT. Il luy tnuoji U verjîjn dvn Hymne. LUI y LES A MB A S SADES monsievr.de villeroy, conseiller & Secrétaire d'Eftat. En Coure. Onsie vr, NoftreabfencedeRome,odadiligen- e de Monfieui; l'AmbaiFadeur ,feront que ie ne vous eferiray, pour cefte heure, autres nouuelies, que de y. celles de Tiuoly,où nous fommes venus,luy &c Ma- || dame l'Ambafladrice Se moyjpafler quinze iours de. eemps.Enroifiueté decefeiour3iemefuisinis à traduire l'Hymne, ? ange Ungaag'oriofi , que Sain& Thomas a compofé du Saind Sa- crement.ievousenenuoyelaverfion,faiteen vers de mefmes fyl- îabes, pareil nombre de vers j&efgale quantité de rimes. Elle n'a pas encore receu fa dernière main ; m-ais lors que iel'aurayacheuée depolirjievousl'enuoyeray derechef,en la meilleure forme, où ie î'auray peumettre. Cependant , ie vous prie , M ohsi-evr, continuer à me tenir pour . D'eRomc, ce;. Voft.MYct-^fWonriéftrmeurj Octobre , Léo (5. I. Cardinal dv Perron. ARGVMENT. li luy parle £vnfuku que fa Sainffctc ' eujî plus que très -volohti&s fait Cardinal, A MONSIEVR DE BETHVNË, CONSEILLER" du Roy, enfon Confeild'Eftat5 & Lieutenant pour fa Mâiefté, en Bretagne^ En Court. O n s i e v r 4 II n'eft rien furuenu de nouueau } depuis le partement de Monfîeur d'Abin , qui mérite vous eftre mandé3finon que le Pape,comme ieparlay en ma dernière audience,de celuy dont mon frère m'eferiuit, il y a quelque temps» pour la promotions des offices qu'il auoit faits à fa Sam&e- «é3aupres du Roymie dit derechef, de luy mefme, Pleuft à Dieu9 $ue la volonté d'eftre CardiaaUuy v'mt,Sc que le Roy le norm»aft> ET NEGOTIATIONS. Liv. II L 6fi Nousle ferions, plus que très- volontiers. Quant aux nouuelles de deçà,le bruit commence à courir,que le Pape fera vne promotion à Noël, pour donner fatisfaction aux Princes, & rompra la Bulle du nombre des Cardinaux , & que le Roy d'£fpagne en demandera trois, le fils du Duc de Sauoye,& deux autres. Si cela eft, il ne fau- drapas que le Roy, de fon cofté sendotme.La nouuelle des Légats créez pour Bologne, Ferrare,&la Romagne,vous auraeftéefcrite par d'autres. Cela fera que iemettray fin à celle lettre, en priant Dieu, MONSIEVR, qu'il vous conferue en toute fanté& pro(perité, De Tiuoly , où nous fommes venus prendre l'air, Monfienr l' Ambaf- Voflre très ajfcElionnéfcruitw?. (àdeur, &moy:cej.O<5tob.i6o6. I. Cardinal dv Pïrrsn, A R G V M E N T,' Ces vers Cûmp fez, par noftre Cardinal, font mis icy ',pourbypothefe d *au~ tant plus digne , delà lettre fuiuame. EPITAPHE DE MONSIEVR MA- rion, Confcillcr & AduocatduRoy5en fa Cour de Parlement de Paris. SOVS cetomheau , coituert en mainte fort e\ D'honneurs muets , gift l'éloquence morte : Car M A RIO N , du Sénat l'ornement s , Et du Palais le miracle fupréme, N'eftpas le nom d'vn hommefîmplement, Mais cejllenom de l'éloquence mefme. llli Hj 6y6 L ES A M B A S S A D E S A MONSEIGNEVR ARNAVD, CONSEILLER cm Roy, cnfon Confeil d'Eftat , & Inter.Janc des Finances. En Coûte. Onsievr , Vous matiez rendu de fi honora- bles actions de grâces , de ce peu dedeuoir que. i'ay fait,de tefmoigncr à la mémoire de feu Mon- fleur Marion, en quelle eltime i'auois fa vertu, qu'il faut que ie vous remercie vous-mefme, de jn'auoir ainfi honorablement remercié. Vous auez voulu monftrer par voftre lettrequeie m'e- ftois trompé en mes vers , d'auoir dit , que l'éloquence eftoic morte auecluy,puis qu'elle fe conferue , auectantd'arne &: de vie, en voftre plume. Iemerefioiïy dem'eftreabufé^&mcconfole auec toutenoftre nation, de voir que ce Phccnix François renaift en vn autre luy-mèfme. Il ne pouuoit faire chofe plus digne de fon iuge- ment,que de contracter L'alliance qu'il a contractée,auec voftre fa- mille;afindelaiiTerlafuccelTiondcfagloire , par droit d'affinité , à ceux à qui par droit démérite elleappartenoit , c'eft a fçauoir, à Monfieurvoltrefrerej&àvous.Iel'ay honoré enfaperfonne pro- . prenant qu'il a vefeu. le l'honoreray ésvoftres,tantquc ie viuray,&: d e m eureray eternell ement > M O N S I E V R , De Rome, ce 3. Octobre, \6q6. Vojlre plus affectionné à e Rome, ce 14.- Voftre très dffefttoîiné feruiteur. O^obte, 1606. I. Cardinal dv Perron. ARGVMENT. N-ous auonsà prefent no fin Cardinal comble d 'honneur ô de gloire, par It gratification de f\^drchette(che de Sens , & Grande Aumofnerie de France : dont ayant rendu les actions de grâce s au Roy ', par vne Let- tre (eparéey & demefme daterai fe trouue dans [es Diuerfes Oeuures.} Un en touche rien qu'en payant, en celle-cy^ui a pour but principal, de repref enter à fa Maie/lé 'jlujkurs points concernants (on aiahoritê & fenfefuke, AV ROY - HENRY' LE GRAND, IRE, Outre la lettre de remerciement , que i'efery à voftfe Maicfté, en laquelle ien'ay voulu méfier aucun difeours d'affaires ; ie me fuis refolu de luy faire encore ces trois li- gnes , pour luy dire que Monfieur le Cardinal Delnn , &c Mon- fieur l'AmbafTadeur ( félon l'aduis que nous en auions pris nous trois enfemble ) ayant eferit à Monfieur le Cardinal Aidobran- iini ils en ont remporté les refpoafes & afTeurances , dont Mon- âcuri'AmbafTadeurdonneaduisà voftre Maiefte, l'y adioufteray rtift LES AMBASSADES auiïî,que Monfieur rAmbaffadeur,ayant fçeu que le Cardinal dé S. George auoit remis la Légation d'Aulgnon, entre les mains du Pa- pe,de peur d'eftre preuenu par fa Sain&eté . qui y en vouloit fubro- ger vn autre &r ayant fait inftance à fa Béatitude, d'y continuer ledit Cardinal de fain£tGeorge,iufques au bout de fon terme, il a obte- nu cefte gL'ace^'elle.C hofejqui apportera vn merueilleux conten- tement au Cardinal Aldobrandin,&:vne grande efperance de pou- uoir 8c deuoir eftre protégé par voftre Maiefté. ! e luy diray de plus, que Monfieur l'Ambaifadeur ayant monftrc vnpeu plus de froi- deur,depuis ies.dernieres créations de Cardinaux &c Légats , qu'au- parauant;Celaafibienfuceedé,quelePape s'eft efforcé, en toutes les occafionsquife font prefentées depuis , de monftrer de defirer grandement, de conferuer les bonnes grâces de voftre Maiefté. De cela il s'en eft veuplufieiirsindices:maisi'vn des principaux, a efté fur le fuiet d'vne capture,que quelques Sergensauoient faite , dans vne des defpendances du logis de Monfieur l'Ambaftadeur, dont s'eltantplaintàfaSaindeté, l'attentat luy a efté reparé, auec tout l'honneur qu'il euftpeu defirer. Et comme Monfieur l'Ambalfa- deur s'eft tres-bien porté à en rechercher la réparation; le Pape s'eft aufiimonftré tres-fauorableàlaluy faire auoir,ayant voulu que le Gouuerneur vint en demander luy-mefine, pardon à Monfieur rAmbafladeur,en fon logis, &: que lé Lieutenant des Sergents fuit misprifonnier, &c cafiedefoneftancequiaeftéfait, &c outre cela, ayant offert que l'on luy donnait la corde deuant ledit logis,fi Mon- fieur l' Ambalfadeur l'euft voulu.Mais il a en cela imité la clémence de voftre Maiefté,&: s'eft contenté des autres fatisfa&ions, dont il a efté loué de tout le monde. Quant aux affaires des Vénitiens, Mon- fieur l'Ambafladeur en eferit amplement à voftre Maiefté. Et pour ce, ie m'abftiendray de l'en entretenir^ fîniray cefte lettre, par luy dire feulement^que fi comme il luy a pleufefouuenir de moy plus queienay merité,ny nepuisiamais mériter, il luy plaift .aulfi aux occafions,auoirquelquefouuenancedeMeffieurs les Cardinaux de Giury,& Serafinjcela luy fera de grande réputation en cefte Court, îe prie Dieu, SIRE, qu'il la confenie longuement Se heureufement. D. V. M. DeRome , ce 19. le tres- bmble & trti-tbesjptntfmct & ferait^. . Octobre, \Go6, I. Cardinal ûv Perrok. ARGV: mr NIGQTîÂTîONl Ht A R G V M E N T, Maiefé ayant mntfoninterceJ'ioni à la èonne volonté du &ùy\pti& faire obtenir ce dernier bien- fait à No/fre Cardinal ) il l'en remercié Aiuc toute forte de rejjentiment & d'humilité » & de démonstratif/» / vne très- dénote & perpétuelle ftruitude, A LA RE YN E. AD AME , I'eftois tout confus des grâces dont le Roy me v&= noitd'honorer,lors que pour comble de celle con- fufion ,i'ay fçeu par vne lettre de Monfieur l'Euef- quedeBeziers,que voftre Maiefté m'auoit encore voulu gratifier, non feulement en ne fauorifant point les obftacles» qu'onm'y pretendoitapporter , mais auflîenadiouftantfon inter- ceflion à la feorme volonté du Roy. C'eftvne faueur , Madame » qu'aucune forte de feruice précèdent, ne me pouuoit faire attendre de vofixe Maiefté,5c laquelle ie ne croirois pas encore pouuoir mé- riter à i'aduenir,fila.bonté dont elle m'a preuenu,ne luy faifoit ac- cepter les vœus démon tres4iumbleferuice,pour le feruice mefme, Toutcsfoii mon impuiffancen'empefchera point , que ie ne m'ef- force de recognoiftre vne telle obligation , par toute la deuotieufis feruitude.que ie pourray iamaisrendre à voftre Maicfté, à Mon- feigneur le Paulin, aufquels ie prie Dieu , MADAMEj vouloir départir toutes fortes de bencdi&ions, D. V, M. ~)c Rome , ce r?. Ze très -humble & tres-obeyjfantfmet Oâobxe, 1606. ferment. L Cardinal dv Perron. ARGVMENT. A la coniouiffànce des grâces qu'il a fleti au Roy luy départir, fuect dentier remerciements des offices qu'il luy a rendus auprès de la Reyne, pour les luy faire confemer* M m m » éAo LES A M BjA S S AD ES' A MONSIEVR L'EVESQVE DE BEZIERS, CONf feiller du Roy , enfon Confeil d'Eftat, & Grand Aumofnicj; de la Reyne. En Court. O m s i h v s. . le vous, rends grâces infinies-, dd loin que vous auez eu , de vous coniouir auec moy,des grâces que le Roy m'afaittes, &> encore plus des offices que vous m'auez rendus auprès de la Rey ne,pour me les faire conferuer. l'en de- meureray éternellement. obiigé à fa Maîefté, Se effayeraypar mes tres-liumbles .-feruiecs, de luy confirmer la bonne opinion, que vous luy auez imprimé de moy, Et pour voftre regard, ne defireray rien plus , queloccafion de vous faire paroiftre que iefuis^ . A. .Rome, ce 19. y vjîre très» affeFtidnué confrère & O&ob. lécxS» . /bruiteur. 1. -G a xdi h al> dv P e rron. - A R G Y MENT. Jiïmpxte a vnefauet&.fpccialede'Dieu, que t expédition de li nomellc heneffeence du Roy , tauers luy , ayt eu àpaj[crpar fes riuïns A MONSIEVR. DE LOMENIE CONSE.I L.L.E R ■ & Secrétaire d'Eftat. En Court. O n s 1 1 vk , Les obligations quei'ay au Roy , des" grâces- " qu il luy a pieu me faire , par defilis tout ce que iay iamais • mérité ,.nypourray iamais mériter, font fi grandes, que. lenetrouue point,de paroles propre^ pour l'en remercier. Et par- tant, comme vous auez eftcTinflrumencpar lequel fa Maiefté m'a * fait receuoir les expéditions decefte tienne beneficence; ie vous prie auiTi, m'aidera luy en rendre les a&îonselc grâces. Ieluy ay ef- critvricletttre de remerciement, qui eft enclofe dans le paquet de • Monueurde Villeroy.Si vous vous rrouuez auprès de £a Maiefté, lors qu elle luy fera leuë , ie vous fupplit de ni'aydcr à en exeufer les ET -NECOTI ATIONS. Liv: III. *4l v'defautSjlciquels encore qu'ils procèdent bien en partie,de mon iri- /uffilaEceaieantmoins naifïentplus de la confunon,que l'excès dV- nctelle obligation a engendrée en mon efprit, que d'aucune autre -jhofe. Et quant à voftre particulier, Monfieur,ie vous demeure fi redcuablede.rarTe£tion que vous m'auez mpnftrie en celte occa- iion ,-Sc du contentement que vous en auezreceu, queiene feray .point fatisfait de moy-mcfrne,que ic ne vous l'aye tefmoigné par quelque feçaice.C'eftoit bien chofe,queie me dcuois promettre de Yoûre bon naturels de noftre ancienne amitié: Mais queia ren- contre ayt porté,que c'ait efté par-vos mains,que l'expédition de ce- lle grâce /oie venue entre les miennes;c'eft vn fuccés,quc -:c ne puis imputer, ûnon à vne fpeciale faueur de Dieu,qui a voulu que la ioyc xjuei'auoisreceuëde vofifconucrfionala Religion Catholique^ ;voftre exaltation à la dignité de Secrétaire d'Eftat , ayt encore elle augmentée par lebon-heur,que l'exercice de voftre charge m'a ap- porté, levons en demeure éternellement obligé, 8c fur ceftecon- >'j!non;l>k;ctrcs-arTeccionnément vos bonnes grâces , Se celles de .Madame de Lomenie, laquelle ie fuppliefe fouuenirquelquesfois xicmoy,cn diiant vnChappelet,quei'ay fait bénir au Pape, pour -file. EtprieDieus £1 o y s i f v R , voas auott en fa faincte garde» :De Rome, ce $ :V ojlrc ancien & tres-ajfetliinné comme Octobre. i6o-5. frère cr feruiteur. I. Cardinal de Perblgk. ARGV M E~N T. S'efant union) attec lay> de deux nouvelles digniiez^ dont le Roy l'â honore , // l'entretient de quelques particulante^tottch^nt l'affaire des Vénitiens, ■M m m m i) *4t ***** AMBASSADES: A M[ONSIEVR DE FRESNES CANAYE; CON^ feillerdu Roy, en Ton Confeil'd'Eftac, Se fon, : ' Ambaifadeur.. A Venife, . O n S ï e v »• 3 reftois fi bien perfuàdëqtie vous/us tous autres , vous réjouiriez des grâces , qu'ila pieu ; au Roy me faire.qu'à vous feul, entre tous les amis * quei'ay encemonde , iseh ay donnéaduis, Au/Tî vous pouuez- vous promettre que le frui& de ce peu dauthorité s que cela m'apportera dauantage , ne fera commu- niqué à perfonne autre , plus qu'à vous. Vos merites,noftre ancien- ne amitié,ôc plufieurs autres liens , m'y obligent. Quant aux affai- res du monde : ce que Monfieur noftre AmbafTadeur ne vous a point aduerty delà propofition du Papctouchantia Congrégation des CardinauXjVient; en partie de çe que,ny luy,ny moy3ne iugeaf- mes pas,lors qu'il nous en fut parlé»que ce fuit chofe qu'on acceptait au lieu où vous eftes-.Et d'ailleurs que nous n'auons.fçeuque louuer- tures'en deuft faire aux Seigneurs Vcnitiês,que depuis qu'elle a efté faite:Nous ayant fa Sain&eté dit,quek refoîution delà faire propo- fer à la Republique,eftoit venue del' AmbafTadeur du Grand Duc, qui comme fa Béatitude s'en eftoit laifTéé entendre, par forme de e Rome , ceu, . Voflre ms ■■ ajfe&ion»e firniteur. ET NEGOCIATIONS. L*v: III ^ A R G V M E N T. Dkvn tres-hennefte compliment, & de plufteurs heUes confident ions \ MonfiturdeU Boderte, Confeiiïer du Roy en Çon Coafeil d'e ftat & [on Amba fadeur en Angleterre, rompt lejîlence,qu il auoit tuf que s alors çbferu'e aucc luy . A MONSEIGNEVR LE CARDINAL DV PERRON, .A Rome. OrfSEI gne vr, Il eft auenu de moy, comme il fait de ceux qui pen- fants éuiter la confeflion d' vne premierefaute , fe laif- fent tous lesiours accabler d'vne plus grande. l'ou- bliay de vous efcrire , dés que i'arriuay par deçà , ainfi que la profef- fion quei'ay toujours faitte,de vous honorer 8c feruir, & l'ancienne amitié qu'il vous a pieu me continuer, m'y obligeoient.Depuis, la crainte quei'ay eue, qu'il ne fuftplus temps, m'en a tellement re- tenu, que ce qui n'a efté au commencement qae parelTe , & depuis honte,meriteroitàla fin, le nom d'ingratitude, fi i'y perfeuerois, Prelîé donc de ma confeience , qui ne peut fournir la reputatiô d'vn fi vilain vice , & fortifié par la ioye que i'ay receuè' , de ce qu'il a en- core pieu au Roy, tout fraifehement faire pour vous, en recognoif- fance de vos anciens feruices& mentes ne viens à vous demander pardon de mon filence, & à vous fupplier tres-humblement, de croireque comme pour tout cela ie n'ay nullement perdu la mé- moire des obligations que te vous ay , ny rien diminué de l'eitime jue i'ay toufiours faitte de voftre vertu ; vous n'auez feruiteurauflï, [ui loue Dieu, de meilleur cœur, de la voir fi dignement recom- enfée. I'ay mis peine de .tenir Monfieur d'Alincourt auerty de DutceqwieftfuCcedé par deçà , depuisque i'y fuis, lequel n'aura lilly , ie m'afleure , de vous en faire part. l'y continuëray encore • >us k mefme efpoir : & fi d'auenture il s'offre chofe , dont i efrime ae.vous deuiez auoir plus particulier auis ,* ie nefailliray non plus : vous le faire fçauoir. Pour celle heure , l'on ne parle icy que de ce life paiTe où vous elles : & faut à mon grand regret , que ie vous , _ . M m m m iïj >, ^44 'LES A M B A S S À DE "S die , que c'en" auec tant deioye te d'tnfolcnçe, de 1a part' de nos uerfaires, &r tant de honte &c de crainte , de la part des pauures Ca- tholiques, que ces confidcrations feules deutoient'd.iyantage tou- cher Je Pape, te. le chTpQferi apporteu.ce qujil peut, à l'accommode- ment d'vn tel deibrdre. Ceux qui Tentent encore en ce Royaume, les effets de la feucrité du Pape Clément fcptiefme;&: qui .balancent la indice Si la grauité du fujet quilemeut, contre la foiblciTe de ce- luy qu'a eu fa Saincleté, de faire ce qu'elle.» fait : Se voyent néant- moins, le grand mal qui en cft venu; apprehendenr,& non fans eau-, fe, celuy qui peut venir de ceftui-cy, au demeurant delà Chreftien-, té. Et certes, les commencements n'en fuient point fi . grands, -ny de celuy qui fucceda quàfi en m.efme temps en Allemagne , ny fi perla Ieuxfpoflîblc)que ceftui-cy. Défia les eferits qui courent pat le mo- de, Se font receus de beaucoup, principalement en cepaïs, auec tor.t ,c applaudi lTement, paient en hardiefle, tout ce que Luther eferiuic iamais en ce temps-là.. 'Et puis, Jr'^glife , ou pour mieux dite , l'aut ho- nte du Chcfd'iceile, n'eftoit attaquée, que par deux ou trois petits Princes inferieurs,&defenduc par tous les plus grands Potentats de la. Chrétienté. Là où maintenant) vne grande part diceux,lbnx conjurez contre elle :8c ce qui en relie , qui ne le font , fetiouuej tellement diuifez entre eux, qu'en danger que l'appuy. de l'vn,ne luy •attire des fecoufles de l'autre. Sa Sainteté y deuroit-penler à bon efeient. Et vous autres MerTcigneurs,que Dieu a eftablisaupres d'el- le, & quiauec le relie de l'Eglife, n'auez moins d mtcreft qu'elle,aux 'fnconuenicnt.sqiji font pour en naiftre ; elles obligez de les luy -repreféntcr. Ie mafTeure que vous ne vousy elles point oublie iuf; ques icy, tantpouric cômandement, que vous en aucz eu du Roy, que pour ce que vous auez creude vous-mefme, y élire tenu. Mais l'expérience que i'ay de Rome, 8c des maximes qui y font receuè's, de la plus-part, auflî fondamentales , comme ieles ay toufiours te- nue s ruineules,£: derlructiues; me fait craindre que chacunn'ait pas en cela, ny vn tel efprit, ny vnc telle cognoifTànce,que vous. le prie Dieu, que iem-'y trompe, -8c que leschofes retiffiiTentà la fin, tout au rebours de maeraintermais il faudroit n'eftre point Chrellien, qui n'en çraindVoit: 8c fi neantmoins , c'efl plus que iene d.curois. le vous fuppiie tres-humblement me le pardonner , Se me continuer, quoy qu'il en toit ,1a faueur de voftre. bonne grâce aufii entière, comme îe feray nouiioursj Monseigneur, VoFîre très bnmlAe.& plftf dffc&ionnlftruueir* A Richement, ce 24, Octobre. 1606, La BodeîUE- ET NEGOTIATION.S. Liv. III. $45 A R G V M E N T. Li remerciant des offices qu'il luy a rendus , peur/en exaltation à CAr- eheuefché de Sens & Grande Aumofnerie de France > il dit que ce font des obligations, quinefe pcmient exprimer qtf*hcc f admira t ion &lcfilcnee A" MONSIEVft LE D-VC OE SVLLY, SVPER- intendant des Finances, Pair, «Se Grand Maiftre de l'Artillerie de France. Co^rc. ËIJÔnsie vr, Te n ay point de paroles fumTantes , pour vous ||remercier des obligations, que vous auez nouuellemcnt ac- linilesfurmoy.AuiTin'y ena-t'ilpoint^uileroient.Mon frère m'a S fcrit fort particulièrement , la protection que vous auezprifedc aes interefts en toutes chofes:mais fpeclalemcnt en loccaâon de ne faire conferuer les graces,que le Roy m'auoit promifes,de l'Ar- heucfciiéde Sens, &dela Grande Aumofnerie: 5c m'a aduerty i :>mme vous en auiez parlé, par plufieurs fois, à fa Maieftë, des Reliant qu'elles vacauent , Si en auiez fait'voftre fait propre 3 I : luy auiez reprefenté que c'eftoit choie qu'il vous auoit promi- i, à\vous mefme : m'adiouftant qu'aux autres occafions,vous auiez Irclaré publiquement d'eftremonamy intime, & de vouloir cm- laflèrtout ce qui me toucheroit, comme voftre propre fait.. Ce Int des obligations, qui ne fepeuuent exprimer, qu'aucc i'admira- ■>n 5c le fiience:&: defquelles fi ic ne me refTentois infinimêt,il fau- • ■oit que-ie fuflfe le plusingrat homme du monde. Or ie ne le fuis 11 m int, Mon fîeur ; Se partant que ie vous prie croire,que i'en confer- v i t ay eterneilèment la memoire,&: que ie ne defîreray rîen rat , que i ^portunité de vous tcfmoigner , par toutes fortes de recogdoif- m cs,quç vous n'auez point femé ces- faneurs en vne terre ingrate'. Se LES A M BA SS A D ES necheLirayîesgraœsqueia Maiefté ma faites, „ pour auîk atfcts Gonfiderationjptusque peur îa commodité qu'ailes m apporteront? de vous rendre, & à tous les voftres,plus.deferuices.rauray encore pomble,befoindevoftreauthorité, aux occafions qui fe pourront prefenter , pourmeconferuer en mon abfence, la iouiflance des droits de la Grande Aumoikerie.Matsiefuisfi aflcui'ë cfue vous l'y apporterezjlorsque mon frère vous en parlera,que ce feroit chofe fupernuëdevous en prier.Et partant, toute la fupplication que re vousferay , fera de vous aneurer que tout ce que ie fuis &c feray ia- . mais,ie le tiendray,apresie Roy, principalement de vous , pour.ea demeurer eternel^ment, MoNSIEVPv, . De Rome , ce>%u Vbftietres-iifl'tSiionnc&tres-obUgè Q&gbre, l&à. feruiteur. h Cardinal dv Perron. À R G V M E N T. Tour marque de recognoijfknce de tajfetttonâe ce/le Dame À t obliger. t il foy efirit cejle honncfte& refpettueufe lettre. A MADAME LA D VCHESSE DE Sully. En Court. A dame , I'ay eftéfi particulièrement informe par mon frère, de l'affection qu'il voùs plaift me continuer, & . des bons offices que vous me faites tous les iours,qu'en focca- lion d'vne grâce, où Monfieur le Duc de Sully atant de partjcomrne eil celle que i'ay nouuelleraent receuè' du Roy , ie ne puis que ie ne tefm oigne vous en deuoir vne partie de l'obligation, Car il n y apointdedoute,que l'amitié que vous me portez, nad- ioufte vn graad accroiffement,à celle dont Monfieur le Duc de Sul- ly aaggreable de m'honorer.Vous accepterez donc,s'il vous plaift, le remerciement que ie vous en fay par celte lettre, pour vnc mar- que ET NEGOTIATIONS. Liv\ 1IT. Uj ,oue de gratitude : Et me permettrez de vous aflçurer qu'en celle confideration, iefuisi*: feray éternellement , Madame, De Rome, ceu. yejlrttres *ffeSlieiio< & tres-obîigéfemteur, O&obre, 1606. I. Cardinal dv Perron, A R G V M E N T. Illuy donne ifarancedt bonÇttcdstatt tramé de la Republique de Vtnifc* A MONSIEVR DE FRESNES CANAYE CON- fcillerdu Roy, enfonCenfeil d'Eftat, ôc Ton Ambailàdeur. A Venife. O m s i f v r , Le foin que ie croy que Monfieur noftrs Ambailàdeur a de vous eferire ce qui fe paiTe en celle Court,& l'attente où nous Tommes dVn courrier extraor- dinairc,qui nous a elle defpefché de France, lequel eft ar- rellé quelque part, pour faire la quarantaine ; m'empefeheront de vous faire, pour celle heure,aucre diftours que de vous dire que ie ne dcfefpere point,que vous n'ayez durant voftre Ambaflade, l'hô- neurdemettreàfinlancgotiationque vous auez commencée : & principalement li tant ell que les nouueaux négociateurs de la part des Elpagnolson'arracheni rien du lieu où vous cil s,plus que vous. Les choies me femblent prendre icy, beaucoup meilleur chemin que par le palTc, comme ie croy que Monfieur l' Ambaflàdcur vous en aura donne aduis Mais ie vous prie le tenir llcrer, 5c que l'on ne fçache,ny là où vous elles, ny de de- là, que nous vous en ayons ac- creurelperance.Quantàraftaireque Madame de Frefnes ma re- commandé,ie ne failliray point d'en parler à faSaincleté, à ma pre- mière audience.Mais n'ayant eu aucunes nouuellcsde France de- puis long-temps i il y a aulTi long-temps que ie n'en ay pris.Cepon - dant, ie luy baife les mains, & prie Dieu, M o x s i e v r, vous conferuer, vous cV clle,en toute fanté & prolperité. De Rome, ce 19. Octobre,, 1606". VoJli-etYes-. doïiL il a pieu au Roy le combler , luy fournirent a vn fertile [a jade luy efcrire : mais qu il craint deflre importun à Ja Ai ajcflê : & de UpaJJe à luy faire entendre fefîat des affaires du temps. AV ROY HENRY LE GRAND. ire, ; Mou feur l'Àmbaffadeur &-moy , n'ay ants point ceu de lcccrcs.de y ofke Maiefté , par ceft ordinaire j Se les affaires de.deçà,cftantitouiiours en vn mefme eftaî:,- nous aurons peu de fujetdeluy efcrire. il efc vray quepour mon re- gard , les bien-faus donc il luy a pieu me combler - me fourniffent d\;n fi fertiîefujet deluy redre d'heiue en heure ,nouuelles actions de. gjraces ; quela matière de luy efcrire ne. me peut manquer. Ce que i ay.fculem^m à craindre, eil de ne luy deuenir point importun en luy ram.cn retint :i.opfouuent;ce de quoy iene mepuisiou-uenir. allc?.; qui cilj.cx. V. M. De Rom c, ce dermei 'le tm -humble & tres-oleypntfmei, O&obrc, \So6. & feruiteur. I. Cardinal dv Pïrhoh. A R G V M E N T. Fortr certaines c/tnfi's ilneluy fait point longue lettre \ A MONSIEVR DE VILLEROY, CONSEIL- 1er & Secrétaire d'Eftat.En Cour. grp,?OMsiE vr, Ce dernier ordinaire cft venu de la Cour , les ç^ii mains vuides,& le courrier extraordinaire, que Ton nous a dit que vous auiezdefpefché par deçà,n'eft point encore arriué, ayant cfté retenu quelque part, pour faire la quarantaine, à raifon du bruit delapeftedeParis. Cela fera caufe queie ne vous entretiendray point d'vne longue lettre, eftant lefuiet deeequenous vous pou- uons eferire de deçà, prefque tout enferme dans les refponfes que nous attendons de vous. Et pour ce , iemecontenteray de vous af- feurer de la continuation de mon feruice, entiers vous, & Monfieur l'AmbaiTadeur , Se de vous prier demecontinuertoufiours l'hon- neur de vos bonnes grâces, que i'eflayeray de mériter, en vous té- moignant par toutes fortes de preuues, queie fuis , M O N S I E VR> De Rcme, ce dernier Voftrc très affe&ionnt feruiteur. Oclcbrc, 1606. î« Cardinal dv Pïrron, Nnnn ij *5o LES AMBASSADES ARGVMENT. CefltoufiùHYs .concernant le traité des Vénitiens. . A MONSIEVR DE FRES N ES' CANAYE, C O N:- SEiLLER BV Rot, EN SON CONSEIL d'E$T AT, & fou Ambatuideur.. A Venife. O n s ie v r , 1 ay communiqué les lettres , &: par nous pour la perfection del'œuure, que vous, auez entre les mains. Et fecondement,que n'ayant point veu le Pa- pe, depuis le dernier Confiftoire,qui fut il y a près de quinze iours, d'autant qu'il ne nous a efté apporté nul commandement du Roy,, par ces deux derniers ordinaires,qui méritait vne audience expref- k;I'ay laifTé à Monfieur l'Ambaffadeur , l'office de prendie Ian- .gue,&s'informel*,en l'audience qu'il eut hier de fa Sainéteté, des- diofes dont vous derirezrefclairciiTement.. IH'&fôj.r,à ce qu'il m'a rapporte auiourdTiuy, fort amplement, & m'aaiTeuré vous en auoir rendu conte très -particulier. Au moyen dequoy, n'en ayant eu ad- uisque par fa bouche propre, & ayant fçeu de luy-mefme,qu'il vous, i'auoit donné, pareil, i'ay creun'y deuoir rien adioufter, fînon de vous a0eurer que fi vous pouuez faire que Franccfco de Galtro ré- porte la mefme re(ponfe,ou en forme, ou en fubftanee, que vous nous efcriuez auoir efté faite à l'Ambaffadeur de Tofcane; il n'y a point de doute que vous ne recueilliez le fruit, &c l'honneur de vo- ûte negociation,tel que vous le fçauriez defiren &: que noftre Mai- itre n'en remporte vne gloire immortelle, &:vn crédit incompara- ble , & en cc-fte Court , &c en toute l'Italie, ou pluftofl en toute h Chrétienté. le prie Dieu, vous en faire la grâce , Se que vous conti* miiçzàmc tenir;, Monsïevr, pou. ET NEGOTIÀTIONS. Liv. III. 6p Iiy a autour d'huy v« mois, qu'à mon retour de Tiuoly , ïeu Vn dtfcours de plus de trou heures y auec fa Sain fie té , qui le croy aura opéré, comme Vous le pourrez cognoi/lrey dans quelques ioursjpar lei effets. De Rome, ce 4. Vojîre affeBionnéferuiteur. Noucmbre, i6e6, I. Cardinal dv Perrow> A R G V M E N T. il dit qu il a fait part à fa Sainteté , des nouuelles qùilluy a mandées: Et que le Roy s' employé de telle forte, au différent délie, à des Vent- tiens ,qu il croidquefa Maieftle terminera auec honneur : dont quand le temps le lu) aura permis, d luy donnera de plus parfaites afjeuran- ces. A MONSïEVR LE BARON DE SALAGNAC, Confeiller du Roy , en Ton Confeil d'Eftar, & Ton AmbaiTadeur.A Conftantinople. O n s 1 e v r , ■ l'ay reccu , depuis quelques mois , plufieurs de vos lettres,de toutes lefquelles , ie vous remercieray envnfeulcoup ; & vousdiray que i'ay fait part,en voftre nom, à fa Sainteté, des nouuelles que vous m'auezmandées;laquelle m'a commandé vous en remercier , 8c du foin que vousmonltrezauoir de iouren iour,des affaires-dé la Religion Catholique3là où vous eftes. Quant aux nouuelles de deçà,nous n'en auons point dé plus importantes, ny de plus communes,que celles dudifTerent de fa Sainteté, auec- les Vénitiens , defquellesi'attendoistoufiours quelque bon fuccés, pour vous en pouuoir donner aduis; Mais voyant que les chofes ti- roient en longueur,i'ay penfé vous deuoir confoler de quelque mot d'efperanccentre-cy 8c que l'effet enarriue.Pour ce regard donc,ic vous diray , que le Roy s'y employé de telle forte, que ie croy , no- nobftant l'opinion de plufieurs , qu'il les conduira à bonne fm,&: en obtiendra la gloire ,que fon zele & fa peine méritent Quand le téps m'aura permis de vous en pouuoir donner déplus parfaites affeu- N-nnn iij **& LES A M-B A'S S A D'E S çftrede voftre contentement, le yous fupplic en, faire .eftat 4 & for cette vérité , me tenir , Mohsisvr » ..pour le croy que Monfieur ï Amhaffadeur Vous mra avisé ^ ces tours pajje^de l'honneur que le Roy m 'a fait 3 de medonner lagrande Aumafnerie de France^ ï Archevefché de Sens3 Va canis depuis deux mois.C*efipourquoyyie ne Vous en réitère* ray point les nouuelles. Seulement Vous ojfriray- ie , ce peu que cela m aura apporté de commodiié de Vous rendre davanta- ge de feruice. De R o me , ce tr. Vofire ttjfeFlionné ferment Nouembre, i6q6. h Cardinal dv Perrom. A R G V M E N T. ^ffairedes Vénitien s, en bon chemin. Emulateurs à redouter. Condi- tions demandées par (aSainclcte. A MONSIEVR DE FRESNES CANAXE, Confeiller du Roy, en Ton Confeild'Mac, & Ton ArnbaiTadeur. A Vcnifc O n s i e v r , Monfieur no'ftrc Antbaffadeur m'a commu- niqué les lettres,que vous luy auez efcrites,fur lefquelles ii a parlé au Pape , félon l'aduis que nous en auions pris en- femble,& en la mefme faeon,dont nous en auions conuenu. Il vous mande le langagequ'il en a tenu'à fa Saindeté,cV:.ce que fa Saincteté luy a fait entendre de fon intention, deuant& après. C'eft pour- quoy ie ne vous en repeteray point le difeours , ayant veu ce qu'il vous en eferit , par la lettre qu'il vous enuoy e , laquelle il m'a aiiflî communiqué.Seulemcnt vousdiray-ie , queie voy les affaires en tres-bonchemin,&:quei'efçerequele Roy , comme principal en- tremetteur , & vous,comme Miniftre,en aurez l'honneur complet» p owrueu que ceux qui veulenMisettre leur faux en la moifCon d au- ET NEGOTI ATIONS. Liv. HT. eS3 truy > ne vous en fouftrayent vne partie de la gloire. C'eft ce que nous auons à craindre , fi l'affaire fe termine pendant qu'ils feront pardelà,àfçauoir, que venants ad ipulas parafas Àk ne lai/Têt neant- moins,de s'attribuer vne partie de ce qui yauraeftcfait. Quant aux conditions defirces par fa Sainttcté , vne feule pourra fembler va paidure,quieftlapromeiTe,qu'elle defirequele Roy face, qu'il ne s'exécutera rien, durant le traité, comme chofe equipolentea vne fufpenfion.Mais il y a cela de differenecqu'en ce cas,on ne deman- de point que les Seigneurs Vénitiens entrent en aucune ftipulatioH ublique,ny en aucune promeffe enuersfa Sain£teté,decc/t affaire: c contentant fa Béatitude, que le Roy l'affeure de cela , pour pou- uoir payer les Cardinaux, de quelque prétexte; fans demander, fi fa Maielté en aura tiré promelfe de la Republique, ou non. Quant au fait des Iefuitesje Roy ayant fait porter paroleau Pape, de l'efta- bliirement des Religieux,&: les Iefuites n'en ayans point efte exce- ptez, Iefquels n'onLeftéchairez,qu'en confequcncede.l'obferuation del incerditjiln'yanulleapparence-quelOrsquelacau/c deleur ef- oignement ceffera , c'eft à dire,que l'excommunication fera reuo- quée,ilsp«efoicntielt!tuez:autrementlescKofesne feroient pas re- mifes en leur entier,^: la caufe,&reputation du Pape,feroit fort gre- vée, & principalement, fa Sainteté n'exigeant pas l'exécution de leur te(tabliifement,aLiantlareuocationdescenfures, maisfe con- tentant qu'il luy foie promis auparauant, & exécuté après. Pour le. regard du fait des Religieufes dePadouc.i'eflayeray d'y feruir Ma^ dame rAmbafl"adrice,à la première commodité,& vous, en toutes: celles,où vous me ingérez capable de vous tefmoigncr que ie fuis , M"0 NSIIVR ")x Rome, ce n. Nouembrc \Co6. fojirt ajfcBionné fer ait eut. >■ I. Cajcdlnal ev TerroU* *54 LES A MB A S SADES ARGVMENT. Ce qu a opère la demonf ration de mefiontentcment de fa Mayfté. Peu d'effort neceffaire , pour faire rompre la Bulle du nombre des Cardt- naux : Et l'importance de ceffe pturfuitte. £)ue depuis vn difeours de troù ou quatre heures auec le Pape , fur le propos des Vénitiens Jes cboÇes fe (ont allées facilitant. Solemnité beaucoup moindre a l'art tuée dcl'Ambajfadeur d' E (pagne > qu'à celle de Monfîeur t ' Ambaffadeur, Deffenfemefme , aux Cardinaux , de le receuoir auec le Rocquet*. Et recommandation des Sieurs Arrwljtni & Vialard. AV ROY HENRY LE GRAND. 4*8258 n'eferiray pas pour cède heure » vne gueres tangua jàwigA lettre, à voftre Majefté > à caufed'vne petite fleure, que la violence, auec laquelle ie me fuis remis à l'acheuement démon Liure, m'a apporté ; qui neantmoins s'eft paflee ce matin, grâces à Dieu, &efpere qu'elle ne retournera point. Tout ce que ie luy diray, fera que ce peu que voftre Majefté a fait de demonftratiô par delà , de n'auoir pas eu toute la fatisfa&ion , qu'elle euft peu de- iirer,fur le fait de la promotion^ fur lefait des offices, qu'elle auoir rendus au fainct Siège, en l'affaire des Vénitiens; a fi bien opéré, auec la correfpondance, dont nous l'auons fécondée par deçà; que ie ne doute point, que l'on ne luy répare l'vn 8c l'autre, comme Mô- fieurrAmbafTadeur le luy auraeferit plus amplement. Car non feu- lement le Pape l'a affeuré,àlapremitrepromotion, de donner tout contentement à voftre Maiefté , mais mefme, que ce fera bien toft. Et pour moy ,iecroy qu'il nefaudroit pas grand effort, pour luy fairerompre la Bulle,&: nous faire auoir des Cardinaux, aux Quatre Temps de Noël , ou de Carefme. Car quand Moniteur l'A mbaffa- deurîuy a dit fur ce poin£t , Que ceux qui faifoient les Loixjes pouuoient défaire ; SaSain&eté luy a refpondu, qu'il eftoitvray; fens y apporter autre refiftance. Etilfçait que les Efp^nols, poui gratifierlesparentsduPape,preffent tant quils peuuent, pour fa 'fairerompre; afin qu'eftant vne fois rompue, le Pape puiffe faire, puis après , tel nombre de Cardinaux qu'il voudra , pour affoiblirla faction du Cardinal Aldobtandin, que lefdits Efpagnols penfen ET NEGOTIATIONS. Liv. III. tf57 if-ire , puis après, tel nombre de Cardinaux qu'il voudra, pour af- faiblir la fa&ion du Cardinal Aldobrandin, quelefdits Efpagnols pcnfent faire plaifir aux parents de fa Sainteté , d'abaiffer : & outre cela , font bicn-aifes de leur cofté , de la mettre par terre , tant pour ruiner les reliques du Pape Clément, & intimider par ceft exemple, les autres Papes ; que d'autant qu'ils ne peuuent s'alTeurer d' Aldo- brandin ; en partie , à caufe des chofes palTces ; & en partie , pour ce que leurs partifans , qui font tous ennemis capitaux d' Aldobrandin, ne leur en peuuent, ny veulent biffer prendre aucune confiance» Et fur ce propos , il a efté eferit de Sauoy e , qu'vn d'eux auoit mandé d'icy , au Duc , que s'il vouloir faire fes affaires en cette Cour , il n'y renuoyaftplusle Comte de Vtrru-, pour Ambaffadeur : dautanc que la trop grande amitié, qu'il auoicauec le Cardinal Aldobrandin le rendait fufpeft aux parents du Pape. Or cela eftant; ienefçay fi voftre Maiefté doit faire grande inftance, que la Bulle fe rompe. Car on fera polîible bien-aife de pouuoir ioindre le prétexte de fon authorité ^uxinflances des autres, pour s'en ferair contre le bien de fes affaires, Se notamment pour lamine d' Aldobrandin , lequel on noftera iamais de VcCpât des Efpagnols , ny de toute cette Cour, qu'il ne foit François dedans le cœur; quand mefme il vferoit de toutes les diiïimulations, qui iuy feroient poflibles au contraire; veu que ceux, qui font les plus pifîîonnez Efpagnols, fontfes ennemis irreconciables ont iuréfa ruine. Qupy qu'il en foit , ie croy bien que fi les Efpagnols demandent plufieursfujets, pour la prochaine promotion, comme l'on tient qu'ils font, vottre Majefté en doit faire de mefme Quant à l'affaire des Vénitiens ; depuis la froideur, -que Monfieurl'Ambailadeur monftraà fa Saincteté , au retour de Tiuoly, fur ce fu jet , &c depuis vn difeours de trois ou quatre heures, que i'cu le lendemain auec elle, fur le mefme propos , oùie luy par- iay auec toute forte de liberté, de ce que iei'eftimois eftre dufalut, ou du péril de l'authorité du Sainct Siège; les chofes fe sot toujours allées facilitant , de la part de fa Saincl:eté,côme Monfieur l'Ambaf- fadeur vous l'aura fait entendre,& nommément en la relation de fa dernière audience. De forte que fi les Vénitiens fe mettent aurant à la rajfon de leur part, & qu'ils n'en facent rien dauantage, en ce cas, pour les Efpagnols, que pour voftre Majefté; ie croy qu'elle obtien- dra la gloire de ceft affaire, qui luy apportera vn merueilleux hon- neur^ crédit, en Italie, & par toute la Chreft'tenté. le prie Dieu, S I R. E , lu y en faire la grâce 3 &c à moy celle de demeurer, 0©oo LES AMBASSADES VAmbaffadeurd'Effagnea efié receu icyauec beau- coup moins de folemnité , que ne fut Monfieur l'Ambaf- fadeur.ne luy ayant le Pape enuoyé aucun de fes parents, audeuant: ny la compagnie de ceux qui font alle'Xje ren- contrer, n'ayant ças approchée la moitié prés , de celle qui a%x an deuantde Monfieur l ' Ambaffadeur, quelques ef- forts qu'il ayt fait faire par fes par tïfims, pour ce regard. Il eft \>ray que quelques Cardinaux^ après fin arriuéc, le font alle^vifiterfecrettement. Ce qui ayant efié repre* fentèau Pape ; pour reprimer ce fie adulation, fa Sainïhté a fait défendre que les Cardinaux ne le recoiuent point auec le R.ocquet, corne ils auoiemjait jespredete/feurs, & Monfieur l' Jmbajjadeur. Ce qui a- efionné V» peu les Effagnols ,qmonttrouué efirangeyque cefie loyayt com- nuncépar eux. Au refie, SIR, Ë/oubliois à Jire à vofirt Majefté y que dés l'armée paffée ? ie luy efcriuy que le Sieur ArnolfiniyÇÛant V» des plus affectionne^ CF anciens fr- uit eur s , qu'elle ayt en* cefie Court: ceferoitchofe digne de fa réputation f quelle fit demonfiration de le tenir pour sel ypar quelque figne de fa libéralité. C'est chofe que ie luy remets maintenant deuantlesyeux , que le fiât de l* depenfe dei "année ' fumante, approche: comme aBion qui hy retentiraà beaucoup de louage, lly a aufii icyyn nom- \ mé yialartyhomme qui a accès en diuers lieux , à qui Vofire Maiefié donne\nzp efion.de deux cents efcusydés le temps de Monfieur de SiHery. S'il luy plaifilt ordonner qu'il, fufi mis furl'efiatdeceuxqu elle fait payer yie croy que cela fermroit à la réputation de fis affaires. Gàre'eftv* homme qui peut parler , & fe faire oiîir/par toutouiïcfi. Et croy-quil f croit beaucoup meilleur de ne la luyauoir pomtfdonnée , que de. ne la.hy payer point. Monfieur ET NEGOTIATîONS. tiv, Hf. *j» f dmbuffadeur luy aura, ccmme ttfimt , efcrit de \'vn & de l autre. D. V M. le tres-bum}fk & tHJ tbeyJfAntfuicf. G' feruueur. I. Cardinal dv Perron. t?e Rome,, ce 15, Nouembrc , \6oG- ARG VME N T. Monficur de Fltnry,Con(ùUctdu Mey, enfin Qonfeild Efîat , Mai/Ire des Eaux & Fore fis de France , Je c$niciiit auec luy , qu'il luy rend en la per/onne de f on fis. A MONSEIGNEVR LE CARDIN AL D Y PERRON. A Rome, M O n S El G KEVIt, jp* Encore que ie fois maintenant des derniers à vous ef- crire, fi eft- ce quçperfonne ne s'en: premier, ny plus, que nous ,conrejouy derefiectionqu'ilapleuati Roy faire de vous,en ces deux dignitez de fon Grand Aumofnier, &-de l'Archeuefché deSens,oùfa Maieflé sert acquis autant de gloire, comme elle a voulu vous honorer & gratifier , par vne fi digne re- cognoiffance du mérite de voftre vertu.Laioyeenaefté publique, mais plus grande aux perfonnes d'honneur^ à ceux qui font, com- me nous, vos particuliers obligez feruiteurs. Le fleur de Loucey nous reprefenteaiTczfouuent, l'obligation que nous vous auos, par le tefmoignage de tant de bienueillance > de laquelle vous nousho- norez>& des faiveurs qu'il vous plaift faire à noftre ieune fils , dont nous ne ferions fi long-temps à vous remerciçr,n'eftoit la crainte de vous eftreplus importuns , que recognoifîans. Les remontrances, & enfeignemens , qui viennent des grands perfonnages , ont, Momçeignevr , beaucoup plus de force ^authorité ; O o o o ij *ôo LES AMBASSADES Se combien que le fubict n'en foit digne,le mérite Se l'obligation,ne laiiTent d'en eftre aufll grands. Nous prions Dieu qu'il luy face la grâce d'en produire le fruit d'vne fi bonne femence, 8c de porter le nom, comme ie faV , MOKSEIGNÎVR j de £)e Rouen » ce dernier ' Vofte très- humble & obe'ifam Met Nouembre, iéo(>. &fèruiteur. De Flevry, A R G V M E N T. g*tiil e/} beaucoup fneilleur^ue les M inijircs du Roy parlent a Caduenir, eux-mefines^ franchement, au Pape , que de fe fier aux offices que fis parens promettent défaire auprès de luy Je [quels ils conduise* tou- i f£ Mrs,(êl*el prétexte ils ont entploj é, pour le perfhaàcr à U dernière promation:& Us raifons qui deucient les en. retenir. £>tte fa Maie/té aura toute fatisfatfion de fa Saincieté. F r mets de la Com protection , le Cardinal Aldobrandin l'acceptant. Infrancs du Cardv/alFijconti,pourvn Camletat de S. Michel. . A V ROY HENRY LE GRAND. *i|SSjJ Monfieur rAmbafadeurefcrhaàvo#reMaiefté,com- melerefîentiment, qu'elle a monflrt de delà , du peu de contentement qu'elle auoit , de ce qui s'eftoit paffé icy, pour la promotions pour lefait des Vénitiens ; iointauecles pro- cedures,dontnausl'auons fécondé par deçà; ont entièrement cha- gé l'cftat des affaires, & réduit lés chofes en termes, qu'il n'y a point dedoutcqu'ellenereeoiue.&rpourrvn, Se pour l'autre toute la fa- tisfa&ion de fa Saincl:eté,qu'elle fçauroit defirer.Mais à la vérité , il cftoit befoin de ce remède, Se de parler vn peu hors des dents , à fa Sain&eté,&; luy faire recognoiftre,comme fes parens, en luy per- fuadant que voftreMaiefté trouueront bon tout ce qu'elle feioit î'abufoient: ^K[ue voltre Maiefté ne trouue bon, que ce qui eft bon. ET NEGOTI ATIO NS. Liv. III. 661 ou pour le feruice de Dieu,ou pour le bien & la réputation de fes af- faires^ de fon Royaume . Et de cela ie fuis confirmé à croire , qu'il eft beaucoup meilleur que les Miniftres de voftre Maiefté parlent à l'aduenirjainfi franchement au Pape, que de fe fier aux offices, que fes parens promettent de faire auprès de fa Sainc~teté,pour le feruice de voftre Maiefté: d'autant que fes parens, quoy qu'ils ay en: pro- mis^ promettent encore de nouueau,cond.uifenttoufioursles of- fices qu'ils font,felon la reigle de leur intereft, &r non félon celle de l'intereft & dubiendefaSain&eté:quifont chofesfort différentes. Car l'intereft de fa Sain£teté,qui eft de voir entretenir de exalter en fes iours,rauthorité,&: la grandeur & dignité du faindî: Siegceft en- tièrement conioint auec la fortune de voftre Maiefté. Et cela, le Pa- pe eft capable de le bien cognoiftre,quand on le luy reprefente.Mais l'intereft de fes parens,qui eft de faire leursaffaires particulières, eft: côioînt auec la fortune des Efpagnols;defquelsfeuls,pour les Eftats qu'ils ont en Italie,ils peuuent efperer richeffes Se grandeurs, pron- tes &z prcfentes.Et pour cefte caufc,ils accommodent leurs confejls & leurs defïeihs,à ce qu'ils penfent leur cftreaggreable. Il eft vray qu'ils ne lai ffent pas de couurir leurs intentions, des apparences du bien du fainclSiege. Carie pretextequ 'ils ont employé, pour per- fuader le Pape à cefte promotion, a efté premièrement , le befoin qu'il auoir,eftancnouuellement entré au Pontificat, & ayant vn fi grand affaire fur les bras,comme le différent des Venkiens,de s'ap- puyer dans le College,de créatures defpendantes de luy : afin que Jfi l'affection du Collège venoit à fe changer en fon endroit , il euft toufiours vne troupe de Cardinaux affidez. Et fecondement , la ne- ceffité qu'ils luy reprefentoient de mettre des Légats à Ferrare, & enlaRomagne, pour s'affeurer contre les Vénitiens : lefquels Le- gatSjilsluyremonftroient qu'il ne les pouuoit prendre auec confiâ- ce,des créatures d'Àldobrandin,ny des autres.- mais falioit qu'H les prift de créatures faittes & defpendantes de luy:& que pour ceft ef- fed"t,il en deuoit tirer vnde Rome, & d'vnedesplus puiffantes fa- milles, tant afin d'auoir fes parens pour hoftages de la fidélité, que pour s'acquérir, & affeurer d'autant plus,le peuple & la ville de Ro- •me,en l'incertitude du fuccés de ces mouuemens.Et l'autre , il le de- uoit prendre de Genes,afin qu'outre ce que l'émulation , qui eft en- tre les Geneuois,&les Vénitiens, le rendroit plus efloigné de tout foupçon d 'intelligence auec les Venitiens;ce choix luy facilitait en- core^ moyen de tirer en celle querelle 3 aide & fecours d'argent, Oooo iij 66l les ambassades desparensdudit Legat,&autresGeneuois.Maisft;mlieude cela,u luy euft cfté reprefenté,qu'il n'eftoit aucunement à propos, de faire vne promotion en cefte faifon: d'autant qu'il eftoit mal-aifé de la faire,& donner fatisfa&ion aux Princes^ mefure & pDaportion, ou de leurs merites,ou de leurs-pretentions de mérites , en l'affiftance quefaSain&eté elpere d'eux , en ce différent : Et que dobmettre lesPrinces,& prendre exeufedefaire cefte promotion, feulement pour fa maifon ; ceferoit chofequifonnercit tres-mal par toute la Chreftientéia fçauoir, de voir qu'au milieu du feu,qui commence à s allumer auiourd'huy en l'Eglife , Se dans les entrailles de l'Italie mefme,il fongeaftà l'aggrandifTement particulier de fa maifon. Si cela donc luy euft efté mis deuant'iesyeux,il euftpoflibletenu bri- de en main. Et pour ce, ieeroy qu'il eftexpedientjquedeformaisj, en toutes les occafioris à venir , on luy mette le doigt fur la lettre, 8c qu'on l'aduife de bonne heure , 8c en termes exprés,,des chofes que voftre Maiefté deuratrouuerbonnesoumauuaifes. Et ie fuis feur que cela eftant , il n'auragarde de faire aucune action , dont il ay t eu aduertiflement exprès , que -voftre Maiefté la doiue prendre enmauuaife part. Enfomme, pour retourner dont ie fuis pany, voftre Maiefté fe peut alTeurer que pour l'vn peur l'autre point, elle aura telle fatisfacYion , qu'illuy plaira, de fa Sainteté ; Et ne doute point > que.Ii à Venife Ton ne fc relafche dauant^ge , pour les Efpagnôls , que pour elle , &c que les Vénitiens ayent quelque eftincellede defir d'accord , pour petite qu'elle foit, voftre Maiefté ri'ayt l'honneur de cefte réconciliation. Aurefèe, quant à ce qu'il plaift à voftre Maiefté m'eferire, touchant le Cardinal Aldobran- . dinjelle'fçaura pat les lettres de MonfieurrAmbalTadeur,comme il s'eftlaiffé entendre, d'accepter la Comprote&ion des affaires de France, -qui. auoit efté offerte au Cardinal d'Eft, s'ilplaift à voftre Maiefté la luy donner: qui eft le-pîus folemnel engagement 8c dé- claration, qu'il puiffe faire: Et cela eftant, voftre Maiefté cft afTeu- rced'icy à plu fieurs ans, depouuoir exclure du Parat ., qui il luy plaira, &confequemment de fe faire refpe&er, 8c reenetcher icy, parforce, de tous ceux quine le voudront faire degré. C'eft vn coupd'vne indicible importance. Pour le regard de Monfieur le Cardinal de Ioyeufe,ieferuiray voftre Maiefté en fa perfonne , de tout mon pouuoir.Le Monsievr, pour De Rome, ce i. Vejlre ajfetliannc ferutttm. Décembre, 1 60$. I. Cardinal dv P t r r o h. ARGVMENT. Sjcueil à fuyr> fur tous autres* en la négociation des Vénitiens. A MONSIEVR DE FRESNES CANAYE CON- feillerdu Roy, enfonConfeil d'Eftac, & fan Ambailàdeur. A Venife. On s 1 e v R, L'indifpofition dont ie vous atiois eferit» ces iours pafTez , m ayant encore aucunement continué cefte femaine,bien qu'auec beaucoup de diminution,gra- ces à Dieu; ien'ay peu fortir démon logis , pourvoir fa Sain&eté. C'eft pourquoy , ie ne vous diray autre chofe , fur les lettres que vous nous auez eferites , à Monficur l'Ara- balTadeur Se à moy , lefquelles nous nous fommes communi- quées l'vn à l'autre , finon que nous auons fort approuué Je confeil que vous auez pris, de n'entrer point en communication auec Don Franccfco de Caftro,& autres Miniftres du Roy d'Efpa- gne.Car c'eft vn efeueil, que vous deuez fuyr, fur tous autres : d'au- tant que le feul but de l'intelligence, &conion£tion, qu'ils défirent d'^uoir auec vous , eft , fi vous faittes quetoue chofe, de pou- ET NEGOTIATÏONS. Liv.IIÎ. ' U% Hoîrperfuaderaux perfonnes Se Prouinces moins informées delà veritc,que ce feront eux qui auront fait le tout , ou qui auront eu la principale part. En quoy nous fommes encore grandement confir- mez, par les infiances que ceux qui les fauorifent, fonticy, que le Roy a y t aggreable qu'ils s'vniffent auec vous:lefquelIes ne pouuans eftrepourefperance d'obtenir rien plus en faueur de fa Sainteté, par celte conionclionj ne peuuent eftre à autre fin, finon pour leur faire part delà gloire, que le Roy &c fes feruiteurs remporteront de celîé adion. Et pour ce iecroy indubitablement, que vousdeuez perfeuerer en celle refolution,auec certaine confiance, que fi l'on vous tient promette^ que l'on ne fafle rien, là où vous elles , plus pour eux. que pour vous;le Roy,comme principal entremetteur, &: vous comme Miniftre , recudllirez l'honneur de cette reconcilia- tion,fi dc-firée,&: attendue de toute la Chreftienté.Ie prie Dieu, M onsievr, vous en faire la grâce , de me conferuer la voftre. De Rome,ce i. Voftre affectionné \ Decembj 1 606. jeruitcur. I.Cardinal r>v PeXelôn. ARGVMENT. y Car dînait ient a faueur particulière , UrMmnunâaùon qtïtl Ut) 4 faiitcd'vrt Franfceco de Hotte* Pppp 666 " LES AMBASSADES ÀLL.IiaVSTRISS. ET REVERENDISS. SIG. MIO OiSERVANDiSS. IL SlGN, CARD. DEL PERRONE. Roma. ÎJ-LV-STRISSIMO ET REVERENDISS.. SIG. MIO OsSERVANDISS. Opra SignoriaJÏÏuflrifima etanto Signor mio 3 che îAy hà daperfuaderfi non potermi fticcedercofa di mag^ ^^J^^^ giorguflûyche occafione dipoterla feruire.Debbopero.. ringratiarla^ï corne fo jommamente , diquetlache l'e piacuto didat mi con la fua lettera , in raccomandatione di. France jco da Noue,per parte delquale,fè miverràfatta wftan* %a alcuna conofcera egh di quanta autorità , & ftima fiano dp* preffo di me i comandamentidi lei. Con la fréquenta dequali f 4pplicando V. S. lUufirifima àfatiorirmijefaccio humiliftima. . rmerenT^a. Di Macerataji +.di Décembre 1606. Di V.S.Illvstxissima et Reverendissima HuiniliiïliTiû.&afFettionatiirimo feruitorc, ■ A. Card. Visconti ARGVMENT, lldifcdurt fur la rupture delà Bulle du nombre des Cardinaux \&mon« /ire la çonjequence3dont elle peut ejlre ah fermée de fa M aiejlè* ÊT NEGOCIATIONS. Liv. III. AV ROY HENRY LE GRAND. IRE, le vous écry cette lettre,du iour de la natl- uicc de voftre Maiefté ,quc nous auons célé- brée auiourd'huy3MonfieurrAmban'adeur & rnoy,en bonne compagnie, àfain&Iean de Latrâ,& la vous cfcry fort courte,àcaufe du commandement qu'elle m'a fait, de va- quer à lacheuement démon œuure; qui me rauift le loifir , que ie pouuois employer à m'inforrner,&luy écrire plus amplemét,des affaires de cette Cour, Ce qui s'y dit pour le prefent,eft que le Pape eft comme tout refolu derompre la Bulle, &c excéder le nombre des Cardinaux , finonà cesprochainsQuatreTemps,pourlemoinsàceuxde Carefme:Ec fur cette refolution , a promis au Cardinal Aldobrandin , pour le contenter , de faire vn Cardinal pour luy , & luy reftituerle Cha- peau,qu il auoit receu du Pape Clement,fon Oncle,Or fi cette rup- ture de Bulle fe faifoit à i'inftance particulière de Voftre Maiefté, 8c pour recompenfer en fon endroit,l'auantagc que les Efpagnols ont eu fur elle,en la dernière promotion ; ie tiendrois que nous nous en deurions refioùirrmais fc faifant à I'inftance des Efpagnols>qui l'ont demandée lespremiersjtant pour fauorifei les parents du Pape, qui ladefîrentgrandement , que pour abbaifîer te partyd' Aldobran- din, & confequemment celuy de V.M.aueclequel ils fçauent necef- fairement,qu'il faut qu'il foitconioint,aux Conclaues à-venir,aufïï bien & mieux,qu'aux paflez.à caufe de la profettlon, que tous ceux qui font vnis auec les Efpagnols,font d'eftre Ces capitaux ennemis; iene fçay fi V.M.doit déformais fort prefTer.pour faire reuflir cette rupture. Car outre cequeiecroyquelePapefe contentera défaire autant de Cardinaux nommez par voftre m .que par le Roy d'Efpa- gne,fans recompenfer à V.M.en autres fuiets, le defauatage qu'elle a receu, des fuiets Italiens , qui ont efté faits en cette dernière pro- motion: Outre cela,dy-ie, chacun fçait , non feulement que les Ef- pagnols,dés le temps du Pape Léon, auoient fait tous leurs efforts, en ce peu de iours,qifil fut Pape.pour obtenir qu'il rompift la Bullej & que dés le commencement du Pontificat de ce Pape ils n'eurent rien tant^ à cœur , que de le prefler de la rompre : mais mef- me , qu'encore fur l'occafton de cefte dernière promotion, Pppp ij €6% LES AMBASSADES ils ont efté les premiers à luy faire cette inftance , & qu'ils luy ont defiapropofé le nombre & les perfonnes de leurs fuiets , & que fa Sainteté en a traitté,& a efté comme d'accord auec eux , deuant que de s'en ouurir &: reiafeher à d'autres. Et puis il y a cela de plus, que la porte eftantvne fois ouuerte à cefte creué fupernumeraire, les parents du Pape en feront faire par après , tant d'Italiens qu'ils voudront, lefquels fans doute, feront partifans & dépendants d Ef- pagne.Carquoy qu'ils dient, leur defTein eft de fe joindre , & don- ner contentement, à ceux defquels ils peuuent efperer l aggrandif- fement prefent,de leur fortune : Et le Pape, encore qu'il ayt l'inten- tion très -bonne, fe laifïe neantmoins emporter à eux, s'il ne trouue de la contradiction &refiftance,vn peu vigoureufe , en ceux qui reçoiuent preiudice de leurs conleils. Au moyen dequoy, il me femblequ'eftantsleschofesenl'eftat où elles font , le mieux qui pourroit arriuer aux affaires de V. m. feroit que le nombre demeu- rait dans les limites de la Bulle, fi le Pape ne vouloit, comme de luy mefme, faire des fuiets Italiens, pour V. M. afin de contrebalancer ceux de la dernière promotion. Car n'en faifant que de François* pour V.M. tant plus le nombre des Cardinaux fera grand dansles Conclaues,tant plusleparty de V.M.ferafoible. Neantmoins, û lès Efpagnois demandent plufieurs fuiets5le moins que V.M.puifle faire, eft d'en demander autant. Ce que fçachant qu'elle iuge mieux que moy,& que Monfieur l'AmbaÛadeur n'oublie pas à le luy re- prefenter,ie finiray par prier Dieu, SIRE^qu'il luy donne heureufeifïuëde toutes fesentreprifes, Le CardinalT orres^oudeMontreaUmeH venu voir ce foir m'A dit qu encore qail f oh fils d'vn Ejpagnol>ncantmoins il eft nédnjns mère. qui cfloh (ortie de parents affecl tonnez, à la Conronnc de Fran- . ic.Çtft vngra;d/uîet}"Jr ta réputation y & en capacité, D. V. M. De Rome , ce 13. le ires-b»mb!e. & tres-olcijjant fu)ei Decemb.1606. &fcruiteur> I. CARDIKAÎ. DV_Pf. RROÎf. ET NEG OUATIONS. Liv.IIL ARGVMENT. Sei&ïtrà Ferrare, Efperance d'entretien, Et ajjêurancede fermée. A MONSEIGNEVR LE CARDINAL D V PERRON; A Rome. Onseignbvr, Emioyam vn des miens, à Rome, ien'ay" point voulu manquer de vous rendre conte de" monairiiiéc en cette ville>8tdu leiour quei'ay" délibéré d'y faire,pour quelques iours3àroccacf fion de cefte bonne Fefte-. pour après me ren-cf dre,lepluiToftquïlmelerapciïible, par delà." Et me refioùis ce pendant, en 1 cfperancequei ay , d'auoir l'hon«" rieur de vous y voir . &: de vous y rendre tres-humble feruice:'e comme ieferay toufiours d'au/fi bon cœur,queiemerecomman-a de tres-humblement,à vofhe grâce, & prie Dieu, M o n s e i g N e v r ,vous donner enfanté longue & heureufe vie. DeFerrare.ee 25. Pecemb.160^, Vofire tres-hurnbk [truite ur. Le Cardinal de Ioyevs2, ARGVMENT. ohligat ton de lettre rectut. Attenté avec dévotion. Et fouhait d'armée, profpere, Fppp iij LES AMBASSADES A MONSEI GNEVR LE CARDINAL DE loyeufe. A Ferrare. ONSEIGN E VR, le vous ay vne obligation infinie , du foin qu'il vous apleuprendre^demefcrire, nepouuant receuoir vn plus grand honneur,que celuy d eftre conferué en vo- llre fouuenancc. Nous vous attendons icy auec vne extrême deuotion.Ie prie Dieu, que ce foit auec toute tanté 5c con- tentement,que vous y arriuiez, 5c que ie vous y puifTe rendre quel- que feruice correspondant à mon afFe&ion.L'efperancc que iay,de iouir bien tofl: de voftre prefenceme fera finir cefte lettre, croyant vouspouuoir mieux témoigner de bouche, que pareferit, que ie fuis, MoNSEIGNEVR, DeRome,ce 24 . Voftre trev-humble&tres-âjfeclionnî Decemb.i£o6y firuiteur. h Cardinal dv Perron. ARGVMENT. / / raconte au Roy $ extraordinaire & mal digérée façon }dont î Ambaffa- deurd Efpagne s efl trouuè le iour de No 'H% a la chapelle du Pape : & intercède entiers fa M aie fié, peur le Seigneur A feanio Sforza. AV ROY HENRY LE GRAND. IRE, La diligence de Monfieur rAmbaiTadeur,&: l'occu- pation de mon Liure , me feruirom d'exeufe accouftu- mée.Nousfufmes,luy 5c moy,leiourdeNocl,àlaCha- pelle du Wapcoù l'AmbafTadeur d'Efpagne fe trouua.bien que non dans le chœur,toutesfois fur vnefcharFaut à l'entrée du cheeur , 5C s'y fit voir à defcouuert, 5c y fut falué,& faliia réciproquement tout ET NEGOTIATIONS. LiV. III. 67i le monde. Chofe qu; ftmble à chacun fort ma) digérée. Car il ne pouuoit mieux confefl'er ce que Tes predece fleurs ontmonflréde vouloir contcfïer , que de voir làjl'Ambafladeur de voftre Maiefté, tenir le lieu deu aux Ambafladeurs de France5aupres de laperfonne du Pape;&: luy fe monftrer àTenri ée du chœur , Se faire paroiftre qu'il n'ofok entrer dedans. Le reite des nouuelles de cefte Cour, MonfieurrAmbafladeut les écrira à vofîre Maicfié. On tient que les Efpagnols font après à faire prouifion d'vn million &demy d'or, à Milan.Ou ce bruit-là cft pour fauoiifer la réputation dutraittéde Francefco de Cafrro:ou ils fe doutent de la rupture du Pape, Se des Vénitiens, & veulent eftre préparez à en tirer vtilité.Il y aicy vn Caualicr,nommé Afcanio Sforza3que l'on tient pour bonCapitaine Se braue foldat -, & qui a grand crédit parmy les gents de guerre d'Italie. Plufieurs mont prefTé d'eferire à voftre Maiefté, qu'elle feroit chofe fort honorable pour la réputation de fes affaires, en ce pays,de le gratifier de quelque penfion ; veu l'inclination qu'il monftre d'auoir,àembraiTer fonferoice. Poflîble que Ivlonfieur T AmbalTadeur luy en eferira: Se i'y adioufteray ce mot,& le flniray par prier Dieu, SIRE,qu il la conferue en toute fante Se profperité, ; D.V.M, De Rome,ce 27. . Le tres-htimkle & très obejjfant fukt Decemb,i6©.6. & feruiteur. I. C Aubin al dv Perron, ARGVMENI. V* firtfk Jardinier ^(leué en m inttant p*r le Grand Seigneur , à h charge àe Vinir3(st ejlunglé quelque HWf s apa^âijon comnMhdt- mevtjnjaprejence. h ES AMBASSADES MONSEIGNEVR LE CARDINAL DV PERRON. A Rome. Onseignevrs Si on peut de lieu du monde, voir fans ennuy , les eftetsde la fortune, on les void icy , où elle ioûe toutà fonaife,fes jeux. Vn miferable laboureur de terre,lefoir,fe trouué le matin gouuerner abfolu- jiienc ce giand Empire:& lors quille croid le plus grand , le plus aymé,&leplus abfolu, il Te trouué eftranglé , fansmefmefçauoir pourquoy.ie l'ay veu défia diuerfes fois,mais tour de nouueau , à cefte heure.Deruis^dernier Vizir,en vn moment , de fimpleiardi- nier,s'eft trouué en ct\fte grande chargeai craint, & fi rcueré , qu'il eftoit bien plus grand Seigneiusque fon Maiftre , lequel en tomes chofes , luy témoignoit vneafFechonmerueilleufe , & telle qu'vn chacun croyoit qu il n'enpnuuoit auoir pour nul autre : &: au plus fort de cefte confiance, il s'eft trouué aftbmrné , par le commande- ment de celuy , qu'il croyoit du tout poflèden lequel voulut le voir, témoignant en cefte action , vne telle haine contre luy , qu'elle ne pouuoit paroiftre plus grande Ce fut le9.de ce mots,qiiïl mourut, 8c bien qu'il n'euft armes que les mains , lï fe défendit-il de forte qu'il fallu: luy rompre, Scbras, Sdambes , auant que le porter par terre:& fon Maiftre non content.de le voir eftranglé, voulut après cela, pour s'afTeurer mieux de fa mort. que l'on luy coupafl la tefte. Il eft regretté des vns,ôc des autres non. De moy,ie cuide que celuy qui la fait mourir,eft celuy qui le doit regretter dauanrage. Car il ancec"tionnoit,&: luy, Se fon feruice , 8c ie ne penfe pas,que de long- temps il en rencontre vn fi propre à l'eftat où de prefent fe trouué ceft Empire;où lalicence eft telle, qu'il falloit vn tel M iniftre, auec les qualitez qu'il auoit , bienqu'il en euft quantité de tres-mauuai- fes Et iugez en quel eftat ils font icy d'hommes, puis que celuy là fe pouuoit dire le meilleur qu'ils euiïent. Celuy qui a fuccedé à fa charge, eftvn nommé MOrat,qui commandoiten Hongrie, &: le- quel v a traitré la paix,& c'eft la caufe qui la poufte là. Nous tenons ce fte paix toute faitte,qui eft la feule chofe qui pouuoit remettre ces gents icy >& qui fait vne chofe bien eftrange,&po/Tible non iamais auenué', ET NEGOTIATIONS. Liv. îîî. é?3 auenuè\qui eft,de faire fauter en vninftant , ces hom mes icy, de l'cftat où ils font,qui ne promet qu'vne ruine certaine 8c prochaine, en vn autre.qui doit effrayer la Chreftienté. Cefte paix meine auffi tok\celle du Perfien,-&: ces deux, la ruine infaillible , par difcours humain, des rebelles; & trois ans de paix , mettront au moins, quinze millions en la bourfe de ce Prince, lequel ieune , &c ambi- tieux^ heureux, eft encore obligé par fa Religion , à vne guerre contre les Chrétiens. Iugez du rcfte. Le Golphe de Venife fera vn exercice de les armées de mer, dont la Candie fe deliurera mal. ailément,fi Dieuneluy aide:&fes armées de terre feront pluftoft ésenuirons de Vienne,que l'on n'y ayt penfé. Il prend plaiiir d'en voir le plan, 8c a fouuenrdït,- que ce fera fon apprentiffage. Voilà dequoy eftre en alarme,où il ne falloir que le pouffer vn peu , pour le précipiter. Dieu ne l'a pas voulu : Ses difcours font autres que les noftres, bien plus fages&: meilleurs, defquels il faut attendre l'in- faillibilité. Cependant, les rebelles occupent toute l'Aiiè, & fe- roient affez forts, s'ils ne s'eftonnoient,pour donner biende l'affai- re. Mefmes ce Zambolat Ogly , duquel ie vous ayidefia quelques- fois eferit, il femble que quelque chofe de grand, le regarde; tant tout ce qu'il a entrepris,luy a bien fucce-dé;& tant il a fçeu bien con- duire ce qu'il a entrepris. A ce renouueau on verra que ce fera. Ce Seigneur continue de dire, qu'il marchera en perfonne , pour re- mettre les affaires del'Afie. il commence à regretter la mort de Dcruis,qu'il vient de donner;& remplit de frayeur,tous ceux qui y ont contribué quelque chofe,quifont bien empefehez àluy rendre odieufes les a&ions dufufdit Vizir. Voila toutes nos nouuelles.Ex- eufez la longueur de cefte- cy,pour eftre eferite deceluy, qui plus quenulautre.eft, MONSEIGNEVR, Aux Vignes de Perajez Conftan- yoflretres-humbU& oblige tinople,ce 2i.Decemb.i6o5. feruiteur. S ALAG NAt. Q4il ne l'obferueroit point , elk vpuifîent eftre confef- fées&communiéesparluy. Carladaule QueleGonfefîèurob-^ férue d'orefnauant l'interdit : eft pour le regard dudit ConfefTeur, auquel, au cas qu'il garde déformais l'interdit, le Pape concède qu'il foitabfousdupafle. Mais pour le regard des Religieufcs, quand, mefme leur ConfclTeur n'obferueroit point l'interdit, à l'auenir : le . Papenelaifîepas, defe contenter qu'elles fepuifTentferuir de luy,. pour leur confeflîon & communion,enIeurmaifon particulière. Si - neantmoins,ceftegrace,enlaforme que vous m'auez édite, leur, fuffii.lePape l'aura encore plus aggreable > pour ce qu'il fera pour-- ueu,parçc moyen»non feulement à leurs confçiences d'elles , mais aufli à celle de leur ConfclTeur. Quant aux autres poincis, dont, vous m'auez touché par voftre lettre,pour ce queie n'a y point veu Moniteur l' Ambaflàdeiu^de/puis qu il a receu la fienne , à laquelle vous me renuoy ez,pour plus ample inftruction •: ie ne vous y puis pas faire grande réponfe.-ioint que l'expédition denoftre Courrier, & les occupations de donner &receuoir les bonnes feftes, quife font rencontrées enfemblc)ceftefemaine,m'ont empcfché^lepou-' uoir voir fa Sainteté ,auec laquelle ie defirois communiquer, auant que de fatisfaire à voftre lettre précédente, & à la dernière. Seule- ment vous diray-ieique Monfieur l'AmbafTadeurme demandant, il y a quelques iours,mon auisfur le fait du partage de Monfieur le Cardinal 4e Joyeufe > par Venifeùeluy dyqueien'eitimpis nulle? ET NEGOTI ATIONS. Lrv.III. 67^ ment à propos,qu'il y pafTaftrfc fuis bien aife qu'en cela voft r e opi- nion fefoittrouuée conforme à h noftre. Car il y a tant d'occa- fionSjquil'en doiuent diuertir,que l'on ne peut cefTer de s'eftonner icy,que cette penféc -là luy foie venue en l'efprit, ou que l'on ayt pris refolucion en la Cour de France,de l'y faire paffer. Lors qu'il fera arriué , nous délibérerons , s'il me fait ceft honneur de m'en communiquer/ur les poinch donc vous m'écriuez, par voftre der- nière letcre.En quoy fi ie fuis creu,voftre iugemenc fera toujours, noftreprincipal cynofure. Cependant ie prie Dieu, Monsîevr, voii5auoir,vous&: Madame l'AmbafTadriccen là. fain&e garde. De Rome:cederniei Decemb.1606. Voftre affectionne feruiteur, ^Cardinal dy Perron. A RG'V M E N T. Des lettres qiïd reçoit de fa paft , il dit luy en eftre grandement obligé q stand me fine il n'y apprendrait que fefiat de fa dtfpofîtion. • A MONSIEVR LE BARON DE SALAGNAC, Concilier du Roy, en fon Confeil d'Eftat, & fon Ambalfadeur. A Co'nftantinoplc. OnsievU) Ce m'eft vn tel contentement, d'entendre des nouuelles de voftre difpofition, que quand vousnememâderiezautrechofejc tiendioistoufiours à beaucoup de faueur , de receuoir de vos lettres, lefquelles citant encore ordinairemet pleines de particularitezdeodà^ ie ne puis que ie ne vo9 en demeure obligé. le les cômunique toutes auPape,qui reçoit vn merueilleux plaifir devoir Q^qqq ij €7ê- LES AMBASSADES auec quel zeîe &c deuotion.vous embrafTcz Se affe&ionnez le bien de la Chreftienté. Et encore,'en vne audience que i ay eue depuis deuxiours defa Sainteté , après luy auoir fait entendre ce que i'a- uois appris^par voftre dernière, elle monftra de reiTentir grande- ment la paflion , dont vous eftiez porté à l'honneur &accroiiTe- ment del'Eglife.Ie palTerois à vous entretenir des termes, aufquels faditte Sainteté eft maintenant auec les Vénitiens , n'elloit que Monfieur de Frefncs, comme plus voifin de vos quartiers , ôc plus commodément pour ceft effet , vous endonne aftez amplement aduis.Cela feracaufequeiemecontenteray feulement devous dire : fur ce fuiet,que nous efperons par deçà,qu'en fin, la gloire & l'hon- neur de cette negotiation , demeurera à ceux à qui elle appartient, C e pendant, ie prie Dieu, M o n s i e v r , vous auoir en fa fain&e garde. . De Rome, ce 6. y ejtre affectionne Ianuier,i6o7. (éruiteur. I. Cardinal dv Perron* ARGVMENT. 'Jjhtê plus facilement on fourra moyenner quelque réconciliation-, après le, par terne nt de France/co de Cafro. Demande des £/pagKols,à fa Sain- clete : & que les feux qu'ils fontfi toït paroiflre 3 feront prefques aufi tofl cshints. A MONSIEVR DE F R ES NES C A N A Y E, . Confeiller cl d Roy, en fon Confeil d'Eftatjôcfori Ambaiïadeur. A Venife. O k si e v R,La rcfponfe que Monfieur^rAmbaflàcfeur fait aux lettres que vous luy aucz eferittes, lefquelles il> m'a communiquées , me fcmble la meilleure Se plus faine 1 efolurion,qui fe puiffe prendre. Car il y a appa- rence que ne s'efitrèmeflant de rien, iniques après le parlement de Francefco deCaftro,on pourra moyenner plus facilement,quelquc. ET NEGOTIATIONS. Liv. m. reconciliation, &traitter, fans crainte que d'autres remportent la gloire,quine leur eft pas deiie. Ontienticy, que les Efpagnols de- mandent au Pape, que lignifiants la guerre aux Venitiens3il pro- mette de ne faire de cinq ans paix auec eux ; afin que prenant vne fois les arme s3ilsfoient aiTeurez.de n'eftre point abandonnez, du- rant ce remps-là. Mais quelle réponfeij^doiuent efpcrerde faSain- ttetéjc'eft chofe dont on ne parle point.Quant à moy, i'eftime que ces feux,qu'ils monftrent,&: font paroiftre fi proinptement,s' y ver- ront prefque auflitoftefteints, qu'allumez: Au moyen dequoy,no- llrc Maiftre obtiendra l'honneur tout entier, de celle négociations auquel, comme Ivn de Tes principaux 'Minifhes, pour ce regard, vous ne pouuez que participer,felon voltre mérite. l'en prie Dieu,, de tout mon cœur, & qu il vous ayt, M o n s i e v r ,en fafaincte garde. DeRomcce 6. Vojlre affectionné Ianuier, \6oy, Jertiiteur. I.Cardinal dv Perroit, ARGVMENT. L.a guerre déclarée parle Papeycontre les Vénitiens. Les EfpagnoLfe /oignent auec (a SaincJeté. L eurs menées & artifices :& ce qtitk recher- chent &fttpulent d'elle. Le confeilrftit luy eft donnè-.&ce quelle mon- Çre de di/îrer. Dureté det Vénitiens. V ancien gouucrncment de leur République changé. Grâce pour 'le fuur des T ucteaux, accordée. AV ROY HENRY LE GRAND. IRE, SurJa déclaration que lePapefït,auanthier3 en Confiftoire , laquelle Monfieur l'AmbafTa- deurvous eferit plus particulièrement , nous auons efte d'auisjuy & moy , de vous deljpecher ce courrier exprcs-.croyants que ce toit vne fein- te,& vn artificepour intimider les Vénitiens-^ < donc il a pîei; a Voftre Majeftés'entremettre;foitquecefoic à bon efeient, que les Efpa- gnols, Se le Pape auec eux ,fe refoluent de s'armer contre la Répu- blique; il eft neceflarre quevoftre Maiefté en foitpromptement ■auertie:& principalement ayants euauisde Fiance, quelesDepu- tez des Eftats , font auprès de voftre Maiefté , pour négocier auec elle : Se le bruit courant par decà.que les.EfpagnoIs recherchent , 6c font eftat d'obtenir vne fufpenfion d'armes,és pays bas , pour pou- uoir tirer toutes leurs forces en Italie. A cefte occafion donc, SIRE,afçauoir,enpartie, afin quevoftre Maiefté ayt plusse kùfir de pouuoir penfer aux commandements , qu'il luy plaira donner à Monfieur.le.Cardinaldeloyeufe, pour la continuation , ou inter- ruption de fon traitté;8c en partie, afin que fi tant eft que les chofes ayent àpafTerplusauant , voftre Maiefté ayt temps de fc refoudre de ce qu'elle aura à faire,fur l'auuerture de cefte guerremous auons îugélendeiioir auiferaupluftoft , &parmefme moyen, l'auertir qu'encore que les chofes foient difputables,& que çefte déclaration fc puifTe aufli bien attribuer à vne feinte,& à vn artifice , pour faire peuraux Venitiens.qu'à vne refolution ferieufe : neantmoins il y a de grandes con lectures, que c'eft à bon efeient que les Efpagnols, 8c le Pape auec eux,fe déterminent à la guerre.Car fa Sain contre le Pape3tout enfemble.t t pour le regard de voflre Maiefté, leur difeours eû\ou qu'en fecourant les V enitiens, ellefe déclarera ennemie du Sk-ge /poftolique , & par ce moyen , les laifTera feuls chefs, comme ils penlent.duparty Catholique.-ou quenelle aban- donne les Vénitiens, ils demeureront maiftres de la campagne, en Italie.Acelale bruit commun adioufte, que l'Empereur enuoye le~ Marquis de Caftion , pour faire la mefme proteflation de guerre aux Vénitiens ; &au retour de là 9 ledefpeche vers le Duc de Sa- uoye,pour le déclarer, comme Vicaire de l'Empire, General de l'ar- mée impériale Etcequifauonfelafoydecebruit , eftla paix que l'Empereur a faitte auec le 1 ui claquelle on croid ouele Pape a plus facilement confentie , pour l'cfpeiance que les EÎpagnols luy ont donnée que l'Empereur emp'oyera les forces, pourfaireobeïr les Vénitiens. On tient encore , que les Efpagnols promettent aux frè- res du Pape Finueltitute de ce qu'ils acquerront en celte guerre. Et afin de faire d'autant plus reluire &c éclater l'vnion qu'ils prétende: auoir en celte prifed'armes.auec le Pape , ils ont fait ïousleurs ef- fbrts,au rnefme têps que le Pape a mis hors,cefte déclaration, d'en- gager fa maifon à porter les liurces d'Efpagne, par l'acceptation d'vne( roix rouge , & d vne Commande qu'il font après à faire- prendre au fils du fieur Iean Baptilte Borghefc. C'elt cho- ie , que i'auols appiis-il y a long-temps , que le Seigneur Ican Baptifle traittoit , & en auois auerty Monfieur l'A m* badadeur : &: fur ccire occafion , ay elié d'auis auec luy, qu'il s.'y oppofaft viuement,comme il a fair,& fi à propos, que la refolu- tion en fera différée, &: que s'ils prennemrargent de la Commande; «So LES A M B A S S A D E S pour le moins n'en porteront-ils point encore les marques. Quant aux Vénitiens , il en; fort à craindre que envoyés de rigueur 6c de menaces/oit qu'elles foient vrayes, ou feintes , ne les façent cabrer du tout,&: qu'au lieu de les intimider, elles ne les aigriflent , 5c irri- tent irreconciliablement.Pour le moins, tout lemondeiuge que fi fur ces menaces,^: par la crainte de la force, ils font ce que,ny pat la raifondelaconfcience , ny par lapreuoyance des inconuenients, ny par l'authorité des confeils 8c prières de voftre Maiefté,ils n'ont voulu faireuls perdront toute réputation de prudence, pieté Se ma- gnanimité. Vnfeul moyen fe pourrait tj^uuer, pour les tirer auec honneur,de ce deftroit,fi les chofes ont à efclaten qui feroir, qu'en acceptant la guerre contre les Efpagnols , ils fifTent vne ligue pour cefrefret,auecvoftreMajeftë, &: auec les autres Princes, qui défi- rent la liberté del'ltalie.mais afin de donner plus de prétexte à vo- itre Maiefté,&: aux autres Princes, d'y entrer , feparalTent 6c déta- chaient l'intereft du Pape, d'auecceluy des Efpagnols, en 'accor- dant à fa Sain£teté,ce qui efl: conuenable pour fa fatisfa&ion,&: ne- antmoinsnelaiiïàntpas, pour d'autres prétextes téporels,de con- tinuer la guerre auec les Efpagnols. Car en ce faifant, on ne croiroit point, que c'eufte fié la crainte des armes Efpagnoles , quileseuft mis à cedeuom& au lieu d eftre blafmez d'irréligion, imprudence, &pufillanimité , chacun les eftimeroit d'auoir fçeu faire retomber fur la telle de leurs ennemis, l'orage qu ils leur auroient préparé : 8c il leur ferait trop plus vtile , d'auoir la guerre contre les Efpagnols feuls,& pour prétextes fimplement temporels , que contre le lape, &c les Efpagnols, tout enfemble,& pour prétexte de Religion. Car en i'vn de ces cas , ilsferoient abandonnez de laplus-part de vos amis,&: dedans 8c dehors de l'Italie, voire poflîbledVne partie- de leurs faiets mefmes;& en 1 autre,ils en feroient attifiez 5c lecourus. Or fi voftre Maiefté eftimoit à propos que cela fe traittaft, poflîbl e que fous l'ombre de continuer la première negotiation , Monfieur le Cardinal de Ioy eufe le pourrait tenter. Il efl: vray que les Efpa- gno!s,preuoyants bien quelque chofe de tel , recherchent 8c ftipu- lent du Pape,qu'il leur promette,qu'entrants en cefte guerre , il ne fera de cinq ans paix auec les Vénitiens , fans leur confentement. Mais lors que le Collège verrait que l'Eglife aurait recouuertfon honneur 8c fes droics,il n'y aurait celuy qui ne battift les oreilles dfl- Pape , de tant de remonftrances 8c perfuafions de s'en contenter, qu'il feroit contraint de le faire. Car quant aux autres prétextes de guerre, ET NEG OTI ATI ONS. Liv. Ul *8x guerre, que les Efpagnols voudroient perfuader au Pape, d'atta- cher à la queue de ceftuy-cy , afin de luy donner couleur de la con- tinuer , comme eft le recouurement de Polefîno ; le Collège ne iu- geroitpas,quecefuftvne fuffifante caufe à fa Saincteté de prolon- ger la guerre contre les Vénitiens : Et en ce cas, nul des Princes Catholiques , nv dehors , ny dedans l'Italie ( le Pape eftant fatisfait dufpirituel) neferoit difficulté de lesaflifter. Orquoy qu'ilfoitde la vérité ou feinte de cefte déclaration , il eft certain que ceux qui en ont efté les principaux Confeillers , font efprits fort violents, & en- tre autres le Cardinal Sailli , qui fut iufqucs à deux heures de nui&, auecle Pape, le Samedy , dont elle fe fit le Lundy , Se aufortir de l'audience de fa Sain&eté, s'en allatrouuer l'AmbaiTadeur d'Efpa- gne , lequel a auffi ordre d 'Efpagne , d-e fe gouuerner en tout &: par tout, à Rome , félon l'auis Se confeil dudit Cardinal Sauli. Et le mef- me Cardinal Sauli , peu au parauant , auoit dit à l'homme de Mon- fieurle Cardinal de Ioyeufe, des paroles de feu, contre la Republi- que , Se luy auoit nommément vfé de ces termes; Nous chafticrons ies Vénitiens. Ceftui-la donc, Se autres de fon humeur, il n'y a point de doute, qu'ils ne défirent à bon efeient , de mettre la guerre en Italie ; pour l'acheminementde laquelle , on tient qu'ils concil- ient au Pape , de fe tranfporter vers ce Printemps , à Ferrare Se au bout de l'an du décret, aggrauer les cenfures,& déclarer les Véni- tiens, tombez en herefie , Se abfoudre leurs fujets du ferment de fidélité. Le Pape neantmoins, montre toujours de- defirer quevô- ftre Majefté continue fon entremife, Se fontraitté , auec les Véni- tiens; &protefte qu'il fera toujourspreftd'acccepter les conditions, aufquelles il s'eft relâché en faueur de voftre Majeftéi Ce fera main- tenant à voftre Majeilé , de délibérer , fur les auis qu'elle receura de Monfieur de Frefnes,fi elle le pourra faire auecefperance de fuc- cés ; Se au cas qu'elle n'en efpere rien , fi elle s'y deura engager plus auant, ou fi elle deura tenter quelque autre traitté. La dureté des Vénitiens , leur fera poffible caufe , Se à toute PIr alie , voire à toute l'Europe , de beaucoup de maux , Se pour chofes de néant. Car que leur euft importé , en fauetir de voftre Majefté ,dene mettre point en exécution, les loix, dont le Pape, & eux, font endifpute, pen- dant qu'on euft traitté amiablement , Sr. comme de Pnncç,à Prince, iîl'Eglifey eftoit offenfée? Mais ce n'eft plus ccice prudente Ré- publique, qui a eftéautresfois II n'y auoit par lepafte, qu'vn pe- tit nombre d'hommes , qui y maniaflenc les affaires d'Eftat : £8i LES A M B AS S A D ES Auiourd'huyjpar la rupture qu'ils ont faitte , de leurs premiers or- <îres,vne foule de ieunefle y eft admife, qui remplit tout,de violen- ce & de confufion.Ie laifferay ce propos,SIRE, pour dire à voftre Maiefté,queMoniIeur l'AmbafTadeur,&: moy, voyants que les fe - meftres despenfions n'eftoient point arriuez, nous auons efté da- uis de prendre de l'argent à emprunt, pour payer celle du Cardinal Borghefe,de peur qu'en celte rencontre , le crédit & l'authorité des , affaires de voftre Maiefté,nsen receuft preiudicc.Ie vous diray auflî,, que le Pap e m'a accorde la grace,que ie luy ay demandée,dc la pan, de voftre Maiefté,pour k Sieur des Yueteaux. Etfur ce,fupplieray. Dieu, S I R E > de la vouloir conferuer longuement &ç heureufement. , D. V.M., X>e Rome^ce 9. Le tres~humhle& tres-obeyjfant fuiei ïanuier, 1 6 07. . . & ferutteur» LCardjnal dv.Pehh.on. ARGVMENT. Ce dont le Pape fembk ne fe vouloir contenter , au fait des Vénitiens, L'arriuéede Monfïeur le CaidinaldeIoyeufc->en mAuuaifeconïunc~tu+ re. Le prétexte quen pourra prendre fa SatKcJeté.EUe intime vne Con- grégation îles diuers iugementi qui s en font, A MONSIEVR DE VIL LEROY , CONSEIL- 1er & Secrétaire d'Eftat. En Cour, O n s 1 e v R,MonfieurrAmbafTadeur vous efelit tout au longrce qu'il a traitté auiourd'huy auec le Pape,fur le fait de Monfieur le Cardinal de I oy eufe;&. vous donne, aufti particulièrement auis de ce que le Pape defirctant auarit la reuoeation des cenfures, pour venir à vn traitté pacifique, que des conditions mefmes.» defquelles fa Saincletc le prétend re7 ET NEGOTIATIONS. Liv. îlï. ^ lafcher , au fonds du craitté. D'vne feule chofe ay-iepenfc vous deuoir aduertir : c eft que le Pape ne me femble pas fe vouloir con- tenter.que le Roy donne Amplement fa parole , pour le fait de l'in- exécution des ordonnances, fans en prendre parole des Vénitiens, mais prétend que fa Maiefté la tirc,& ftipule d'eux,pour laluy don« ner. L'arriuée de Monfieur le Cardinal de Ioyeufe, au refte,fe ren^ contre en vne mauuaife coniuncture , maintenant que le bruic court.que les Efpagnols s'arment,& que le Comte de Fuentes , 8c Dôn Francefco de Caftro,ont eu commandement de faire protc- ftation de guerre , aux Vénitiens. Car quoy qui fe faffè à prefcnt, tout fera attribué à l'interuention , 8c aux menaces des Efpagnols. Et certes/îles Venitiens3commeielefouhaittepourlebienderE- glife3feployent à quelque chofe de plus5qu'ils n'ont fait iufquesicy; ils euffent beaucoup mieux fait pour eux , 8c pour l'honneur du Roy ,& pour le falut de l'Italie,de le faire auparauant , que le diffé- rer en vn temps, auquel tout le fruit &: l'auantage de ce delay , re- tournera à ceux qu'ils doiuent moins que tous autres , defirer eftrc Maiftres,& Arbitres,des affaires d'Italie. Et quand ils ne fe relaf- cheroient point dauantage,qu'ils n'ont fait, fi le Pape fe relafche du cofté de deçà, plus qu'il n'a fait,pour le Roy ; ceferatoufiours la mefme chofe,Or quelque promeffe qu'il ayt donnée, de ne le faire point, la venue de Monfieur le Cardinal de Ioyeufe , luyferuira, quand il luy plaira,de prétexte de paffer outre. Car il fe pourra tôu- fioursexcuferdel'auoirfait, furlesnouuelles recherches du Royr &àl'inftance 8c folicitation de Monfieur le Cardinal de Ioyeufe. Voila ce qui reuffira , le traittefe concluant en celte coniun&ure,. duquel neantmoinsie ne puis, comme Ecclefiaftique, & membre: du faindt Siège, finon defirer grandement la conclufion : 8c nefc concluant point,le fruict que les Efpagnols penferont recueillir, en cccas.deleursproteftations, ôtdeleursârmes, fera d'engager le Roy à fe porter pour les Vénitiens, contre l'Eglife , 8c pa^confe- quent fe rendre ennemy du Pape, &: du Siège Apoftolique ( en quoy toutesfois , ie croy que la prudence de fa Maiefté trompera leurs defTeins) ou le Roy n'affiftant point les Vénitiens , de de- meurer maiftres de la campagne, en Italie- Le Pape a auiour- d'huy enuoyé quérir deux fois , le Cardinal Sailli, 8c cefoir, a intimé vne Congrégation, pour demain , fur le fait des af- faires de Vcnife. Aucuns penfent que c'eft pour confulter , s'il Rrrr ij LES. AMBASSADES retiendra &: reprimera oulaiûera courir, l'effet de cefteprotefta- tion de guerre.Autres,pour délibérer, s'il acceptera les offres , qui luy ont efté faittes par le Roy,de la part des Vénitiens, maintenant que les Efpagnols font entrez en quelque part de cette affaire. Quoy qu'il en foit , les voix courent &c refonnent par toute Rome, quelachofe ne peut plus tarder à eftre conclue, puis quelesEfpa- gnolsfe font déclarez. le vous prie vfer de ceftelettre, félon voftre fccret,&:difcretion:& fupplie Dieu, donner à cefte affaire, vn fue- cés tel,que le bien deTEglIfe^ de la C hreftienté, le requiert : & à vous, M o Ns i e v r , le bon commencement, progrés & fin , de cefte année.auecplufieurs autres. De Rome,ce 9. F offre très - affectionne Ianuier,i6o;7. (eruiteur. î. Cardinal dv Perron. A KG VMENT. Il dtfne que les nouuelles quil écrit au Roy , trouuent vne bonne conclu^.. Jionsdefia, mife à l'affaire des Vénitiens. A MONSIEVR DE PVYSIEVX, CONSEIL- ler &c Secrétaire d'Eitar. En Cour. Onsievr, Vous verrez par les lettres de Monlieur l'Ambaffadeur, Teftat des affaires de cefte Cour , & verrez par là, combien les Seigneurs Vénitiens euffec fait plus honorablement pour eux , de felaifferper- fuader aux premières exhortations, Se prières de fa Maiefté,que d'attendre la venue de telles déclarations. Iedeiîre ET NEG OTI ATI ONS. Lïv. III. que ces nouuelles vous trouuent , ayant defiamis vne bonne con- cision à l'affaire .Et cela eitant, ic n'ay à faire autre chofe , linon à remercier Dieu. Mais fi cela n'efl point, &queletraitté, comme ie croyois , reçoiue détriment de ces innouations ; i'auray plufieurs chofes à vous dire,fur le tout,que ie remettray à vne autre plus am- ple commodité.Et ce pendant,prieray Dieu, M o n s 1 e v R > vous auoir en fa fain&e 8c digne garde* DeRomcce 9. V offre tres-affettionnè lanuier, 16.07, feruiteur, I. Cardinal dv Peb. ARGVMENT. lldHoit obtenu U gratis de quelques Bulles 3pour luy^dom ilïaduertit. A MONSIEVR L'EVESQVE DE CHARTRES, Confeiller du Roy en fon Confeil d'Eltat, . A Paris. -Onsie vr , Iepriay MonfieuiTArnbafTadeur, îl y a douze iours, de parler de voftre arfaire3au Pape, afinquecemefuftoccafion de lepouuoir foliciter puis après, comme chofe que i'affectionnois , non feulement pour l'amitié que ie vous portois, mais aufTipourleferuicedu Roy. 11 en fit la première batterie, ily eut Vendredy huift iours , laquelle voyants , luy & moy, qu'il eftok Rrri iij ■tU LES AMBASSADES befoin de féconder dVneviue recharge , àcaufe des plaintes, que les Cardinaux auoient faittes , fur la fin de l'année dernière , des gratis que fa Sainteté correedoit; i'allay Ieudy dernier , trouuer fa Sain&eté. 8c y operay tellement, que fâ Sainteté , après plufieurs grandes 8c longues inftances, m'accorda la grâce entière, pour vous.Dequoy iay defiré vous donner auis,parce mot de lettre, & vous prier de me conferuer en vos bonnes grâces, Monsievr ,comme , D e Rome,ce 9 . r Voftre plus afefiionné confrère, à vom Ianuier,i*o7. faireferuicc. I.Gardikal dv Perron. AR G V M EN T. A la lettre de congratulation \qui fe void ey-deuant, defapartjlfaitfùc- céder ce/le bonne fe réponfe . A MONSIEVR DE FLEVRY , CONSEIL-; 1er du Roy, en fon Confeil d'Eftac, & grand Maiftre des Eaux 8c Forefts de France. A Paris. Onsievr , le vous remercie du foin que vousauez eu , demereprefenter le contente- ment, quejla grâce qu'il a pieu au Roy me faire» vous a apporté. Il n'eftoit point befoin pour moy,de me tefmoigner vne chofe, de laquelle i'auois parfaitte 6c entière afleuranec. L amitié» dont vous m'auez de tout temps obligé, m'en feruiroit de trop bonne 8c certaine caution. Bien vous diray-ie, qu'entre les caufes que i'ay euës,de me refioiiir de ce bien- fait de fa Maiefté; celle depenfer que la maifon de voûte refidence ordinal ET NEGOTI ATIONS. Liv.III. 6î7 re , eft dans mon Diocefe, & que par confequent , i'auray occafion & commodité de vous pouuoir voir,& feruir plus fouuent, n'a pas efté vne des moindres. le l'ay reprefenté de parole , à Monfieur de Loucé,&furl'occafiondece propos , & des lettres qu'il m'a ren- dues de voftrepart, mefuiseftendu iufques à luydire, qu'il y a enuiron quinze mois, que difeourant auee Monfieur l'Ambafla- deur , des fuiets de la promotion } fi le Roy auoit à en de- mander plufieurs, ie luy propofay Monfieur l'Euefque deCha- alons , vofire frère, le ne fuis point rentré depuis , en ces propos auec Monfieur l'Ambaffadeur, ne fçachant, ny s'il en auroit donné auis , ou à Monfieur de Villeroy , ou à vous, ny en quelle difpofition il vous auroit trouuez de delà , pour ce regard. SiVefi: chofe à quoy vous défiliez penfer , ie ne vous dy point , auec quelle affection i'efiayeray de vous y fer- uir, tant pour l'amitié dont vous m'auez toufiours obligé, que pour l'opinion que i'ay que celte dignité- reluiroit fort en fa perfonne 3 & éclateroit pour le feruice du Roy } à caufe de la réputation de, fa fuffifance , & de fon mérite ; & outre cela, que grâces à Dieu,les moyens pour lafouftenir , ne luy manquent ! point. Si, comme iedy,vous y defirezpenleiyvous m'en tiendrez auçrty.Etcependantjie demeureray, JMONSI EV* > De Rome,ce 9. larmier, 16 07. Vojire affectionné ^ermteur. h Cardinal dv Perron. A R G VMENT, Nonmctns il luy fait fçAMirtimf ém- ut», dvnegrace^ittla demandée au Pap<,tnfafaueur , à luj renoa- utile les afjcurances de Jen amitié. LES AMBASSADES ■A MONSIEVR. DES Y VETE A VX , CONSEILLER du Roy en Ton Confeild'Eftac , & Précepteur de Monfeigneurle Daufin. En Cour. Onsievr. , I'allay Ieudy dernier , trouuer le Pape, pour luy parler de voftrc affaire, laquelle il me fit l'honneur de m'accorder, &. me promit qu'il yz> confentiroir que l'Abbaye dont vous m'eferiuiez, ^ fuft,en voflre faueur,mife de tiltre, en commande. Chofe, n'euftefté les témoignages , qui ont efté rendus de voftrc merite,àfaSainc1:eté,& particulièrement, de l'affection que le Roy vousportejaffez rare & difficile à obtenir.Ie fuis tres-aife, que ce moyen m'ayt efté offert, de vous faire paroiftre quelque effet de la fouuenancequei'ay de noftrc ancienne amitié , laquelle ayant perdu le troifiefme obiet , qui eftoit le pauure feu 1 Monfieur de Ty- ron,ie procureray déformais, que d'eftime &: d'affection , vous re- couuriez en moy, ce que vouspoiTediezconiointement, cnl'vn& en l'autre. Comme quand vn des jf( ux.de Ittfniere es~l privé, V effet de ja fplendeur \pari 'autre e/lcon(eruè, Et le rayon efieintjn l'œil clair (e raffimble^ Jguifeullors voià autant \que tous les deux enfitnble. Ce pendant.ie vous remercie de la belle lettre , que vousm'a- uez écrite, fur l'accident de fa mort , en laquelle i'ay prattiqué cefte fimilitude deSeneque,quecommeenlavieilleife du vin ilyavne amertume dele&able; ainfi en la louange des amis qu'on a perdus, il y a vne douce 6c aggreable douleur. A tant ie prie Dieu, Mons i ev R,vourauoir en fa fain Regarde. DeRome,ce 9. Ianuier,i6c7. Voftrc plus affeÛionnéà vous faire fîruice. I. Cardinal dv Perron." ARG V- ET NEGOT IATIONS. ItyMÎÏ. èt$ ARGVMENT, te 'enflent le Cardinal de loyeufele comité de lity donner quelque infi 'ru- ffion-, au fait des Vénitiens, pair la grande tfttme , en laquelle il a Ça prudence & fon iugement. A MONSEIGNEVR LE CARDINAL DV PERRON. A Rome. ^^àa^S Onseignevr, 2-\\: ^ l'ay receu la lettre,quïî vous a pieu m ecrire,par le Courrier qui m'a efté defpefché cesiours pafTez, pais Monfieur l'Ambafladeur , lequel luy renuoyanc à ce^e heure , ie vous ay bien voulu auiîî faire fçauoii: par cette- cy , comme ie me fuis éclaircy de beaucoup de particula- risez,touchant leftat de l'affaire prefeht, que ie n'euiîe peu bien cô- prendre,iîiencmefuiTe abo uchéauec Monfieur de Frefnes , qui 'm'en: venu tromier en ce lieu,defquelles i ay donné particulier aiiis, à mon-dit Sieur l'AmbaiTadeur. Ht fi fur le fuiet d'icellesjil me pou- uoit venir de voftre part, quelque inftruâion , ielareceurois tres- volontiers,^ auec beaucoup de contentement,pour la grande eft£ me que ie fay de voftre prudence Se iugement , auquel ie defereray toufiourSjdaufîi bon cœur, qu'après vous auoir baifé crcs-humble- ment les mains,ic prie Dieu, Monseign e v r,vous donner en bonne fante heureufe Se longue vie. Des Papozzes,ce il. Voflretres-humblc Ianuier,i607. feruiteur. Le Cardinal de Ioyevse. ARGVMENT. Les ^Anglois mal content s de l'internent ion du Roy , pour pâcifer les troubles d' Italie. Différent du Roy d 'Angleterre 3 & des Mintjlres Ssss LES AMBASSADES. d EfceffèiOÙ il établît des Euefques. Ceqtlilconfent,pour ri y auo if plus qùvne Religion dans le pays. Angloà, & Efcojfoû , enmauuaife inteltigence.Catbdiques appeliez, en Angleterre >Recufants .tourmen- tez, en leurs biens. Leur grand nombre, z,ele &ferueur. Et que Dieu moHjîrt (juilygirde encore fa Religion ,/jwles cendres. A MONSEIGNEVR LE CARDINAL D V PERRON, A Rome. Onsei gnevr, Puis que par celle, dont il vous a pieu me fatiori- fer, vous monftrez n'auoir point defaggreable que ie vous entretienne quelquesfois des affaires de celle. Cour y ie vous diray quel'on s'y fent aufli peu tenu au Roy noûre Mailtre,de iapeine qu'il prend, pour compofer les affaires d'entre fa Sainc~teté,&: la Seigneurie , comme on rece- uoit de contentement de les voir brouillées , & commeon croyoit que l'embrouillement feruiroitauccle tempSjài'aduancement de ,plufieurs deffeins, que l'on faifoit, peut eftre, aufîîpeuauantageux au refte de rita'fie5comme à ceux-là mefme3en faueurdefquels, il fembloit qu'ils fedreiToient.Le meilleur que i'y voye,en\que pour tout cela.l'accommodement nelaiffera.de fe conclure, quieft, ie vous afleure,extremément defiré de tous les gens de bien. Ce Prin- ce a eu de grandes affaires,ces iours palTez, auec les Minières d'Ef- coflejà caufe de l'eftabliiTsment des Euefques, qu'il vouloit propo- fer fur eux,&: qu'ils ne pouuoient foufFrir. Pour cela, ilen abanny , quelques-vns des plus opiniaftres, en a retenu par deçà d'autres, qu'il y auoit fait venir, voyanûi&les pouuoir gaigner:Et en fin , par vne affembîée de foixante & douze , qui eftoient encorereitez de- dans le paï§,il eft venu à bout-de ce qu ilprerendoit. Vrayeft que c'eft auec tant de reftri&ions,que lefdits Euefques n'y feront iamais auec beaucoup d'authorité. Ce pendant , les Catholiquesfci ont pour en patir: Car pour obliger d'autant plus lefdits Miniitres , il a confenty qu'il fe foit fait vne pt opofition en laditte aflemblce , la- quelle il donne efperance de faire authorifer, au prochain Parle- ment d Efcoffe, qui porte , Que pour n'y auoir plus qu'vne Reli^ gionjdedanslepa'ïsjvingt Seigneurs , &perfonnes principales ET NEG OTI ATIONS. Liv. III. 69l ccluy, feront inftruits,chacun par vn Miniltrcqui leur fera de/igné: &z au cas qu'après vn certain temps, ils refufent d'aller à l'Eglife,^ à la communion des Proteftants , ils encourront les mefmes peines, qui fonc ordonnées aux Catholiques de ce Royaume ; &: nommé- msntjcront priuez de la moitié de leurs biens Ces vingt, font nom* m-z Se fpecifiez,&:y en acinqou fix.quifont Comtes, &: autant de Barons, lefquels eftants grands & puisants , nefelairront, à mon opinion, réduire à cefte tyrannie , fans témoigner ne la vouloir fu- bir. Ilaauflîforttrauaillé, poiu'cimenterrvnion decesdeuxRo- yaumes : mais il s'y découure tous les iours,tant de fortes dèdiffi- cultez,quelachofe nefep.iiTeraiamais bien nettement,& fans que les affections de l'vne &: de l'autre nation, n'en demeurent la moitié plusdefunies. Les Catholiques, du moins ceux-là qui font iufti fiez eftre Recufants , comme ils appellent, font tourmentez en leurs biens. mais non tant toutesfois pour dire la vérité, comme portent les Loix.Lcs autres. pour peu d'amis qu'ils ont,nctombent en cette rig ucur,& ne laiflent pourtant,d'exercer leur Religion,mais fecret- tement.Ie n euffe iamais creu qu'après vne fi longue perfecution, il s'y en fuit encore conferué vn fi grand nombre , ny qu'il fe fuft peu trouuer tant de zele,& tant de ferueur,dans ceuxqui le font, com- me à la veritéjils en font paroiftre. Dieu monftre bien , qu'il veut garder encore icy,fa Religion, deflbus les cendres ; ie ne defefperc point , qu'elle ne s'y reftablifle quelque iour,aufîi bien comme elle a fait chez nous. le l'en fuppliede tout mon cœur, Se de yous don* ner, Monseignev R,en parfaitte famé, tres-longue'vie. A Londre.le n. yoflre tres-kumble&tres-affeftUnnè Ianuier,réo7. feruitevr. La B ode rie. ARGVMENT. ign'iU reftondu par effet %à fa lettre, ayant obtenu dHPape>ce quiltmii fné de luy demander . Ssss i; LES AMBASSADES A MONS1EVR L'EVESQVE D'AVRANCHES CON- feillerdu Roy , en Ton Confeild'Eftat, A Paris/ O n s i e v r , Te receu il y a quelque temps , vnc lettre de vous , à laquelle ie fis réponfe par effet, dautant que i'obtins du Pape , la grâce que vous m auiez prié de luy demander : Mais ne vous fis point réponfe par efcritj dautant que ceux qui re- tirèrent les expéditions , pour vous les enuoyer, ne vindrentpoint prendre meslettrcs. Cefte-cy fuppléera à ce defaut,& vous afleurcra de la promptitude, que i ap- porterayà vousferuir en toutes occafions. Quant à l'autre affaire dont vous m'efcriuiez,i'ay remisa mon frère, le foin de cefle nego- tiation;& de toutes les autres,quime concernent par delà. S'il vous plaift continuer d'en communiquer auec luy, vous le pourrez faire, à caufe de la proximité des lieux , plus commodément , qu'auec moy,qui ce pendant demeureray, MoNSlEVR, De Rome,ce i r. v Veslreflus a fecficnnè confrère à vous. , lanuier, 1607, faire fermée > I. Cardinal dy Pïrron, ( A.RGVMENT. Dautant que Monjieur le Cardinal de loyeufe aura veu , par les dépêches, de Monficur l' AmbaJJadeur.ee qui seîtpafjé au dernier Cwfijloire , // i? ne sestend point à le luy reprefenter}ams dit qu'il attendra (on aduis, fur ceffeoccaj^njequtlille fufpltc deluy faire ffauoir,& cependantje g remercie de la lettre qùtl luy a écrite. ET NEGOTIATTONS. Liv. III. A MONSEIGNEVR LE CARDINAL DE Ioyeufe. Aux Papozzes. ONSEIGNEVR, a Vous aurez fçeu par les dépefches de Monfieur fjj l'AmbaiTadtur^equifepii/îaLuridy dernier, en g Confiftoire, &c pouucz trcpmieuxiuger lesefFets 63$ quis'enpouiTontproduire,<]ueienevouslcsfçau- rois reprefenter. Cela fera caufe que ie ne m 'y eftendray pointpar ceftelettre.-ainsattendray àfçauoir devous , voftre aduisfur cette occafiomcomme de celuy de qui ie prefcre Je iugement , à tous au- tres,^ duquel , c'efl: à moy d'apprendre quel progrès pourra auoir ceftepropolkion. le vousenfupplie tres-humblement, Monsei- gnevrj'V ce pendant vous remercie auec pareille humiliré , delà lettre qu'il vous a pieu m ecrire,& d'autant plus, qu'elle me confir- me rafTeurance d'eftre honoré de vos bonnes grâces, pour lef- <5uelles mériter, ie rechercheray les occafïons de vous tefrnoi- gncr que ie fuis, MoNSEIGNEVR, DeRome>ce 12. Ianuier, 1607, Vqftre ires-humble & très -affetfionné ftrniteur. I, Cardinal dv Perron, A R G V M ENI Attendant qu'il fcache la rtfolution des Seigneurs Vénitiens, en certaine occurrence, & quelque autre particulariti;il denture pur ce regard^:-} (uffens de ce quil lu) peut,ou dat mander, m) S 5SS que de lire quelques vers qu'il luy enuoye , de (a compofitton , ér luy en mander (on adatsi A MONSEIGNEVR LE CARDINAL DV PERRON, Archeuefque de Sens,& grand Aumofnier de France. A Rome, t^^^ Onseicnevr, SJPPijj ■£ r>our vous remercier dignement-, de la nouuelle H^lh^W/l A obligation,que vous auezacquife en mon endroit, il mefaudreit vferdesmefmesparoles,dontvousauez compofé la belle & plus qu éloquente lettre , que vous auez écrite au Roy , pour remerciment des récentes faueurs, que fa Maiefté vous a faittes.Car à la vérité, ie n'en fçay psoint d'au- tres, qui ne foient extrêmement difproportionnées à la grandeur du bien-fait,&quine trahiffent, ou le mérite de l'obligation, ou l'affection de l'obligé. C'eft pourquoy , de peur d'offenfer l'vn ou lWre,iem'impoferay moy-mefmefilence : & puisqu'auflî bien, c'eft lame qui reffent les obligations r ce fera lame feule , qui vous remerciera pourcefte heure , auec le muet langage delapenfée,.. puis que celuy de la bouche,ny de la plume,n'y peut dignement fa- lisfaire.Monfeigneur, ie vous enuoye le difeours, dont ie vous fyv mention dans ma dernière lettre: vous le lirez , s'il vous plairr,auec la mefmefaueurdeiugement, dont il vous a pieu toujours hono- rer mes autres ouurages :8c Dieu vueille qu'il vous puiffe conten- ter: car pourueu qu'il vous plaife, il ne me chaut à qui déformais il puiffe déplaire. Vous verrez que fi iene dy de belles chofes, pour le moins i'effayeden dire de bonnes, & conuenables à ma profeffiôi de qui dorefnauant,les vers doiuent-fentir leBreuiaire. Si vousïTie faittes tant d honneur, que de me récrire, ie vousfupplie faittes- moy le bien de m'en mander voftre opinion, & fi ie ramené bien en vfage cefre antique &vrayepocTie,q'-ii;Confifte principalement, en belles ii &ions,defcriptions , comparaifons , piofopopées , & autres - fortes d'ornements poë'riqu-cs , où Moniteur de Ronfard a tant ac- quis de gloire.70*;» eritiudtcium.Ce pendant,ie vous baiferay tres- humblement les mains^& prieray Dieu , qu'il me faffe mériter, pan quelque efpece de tres-hiuribleferuke,aus'ilnefepeut , pad'arW - ET NEGOTI ATIONS. Liv. III. t99 ftlon&ledefii-de vous en faire , vne partie des extrêmes -obliga- tions,tant vieilles que nouuelles , dont vous m'auez éternellement rendu, M o Nî E I G M E y R, De Paris ,ce 16. Voftre tres-httmblc & tres-obligè lanuier,i<îp7. feruiteur. Bertavt. ARGVMENT. Monseigneur h Cardinal de Rets Jor s feulement Eueffue de Paris, luy redouble les témoignages de toye , de (on éleclton a, /' Archeuefcbé de -Sens->dr Grande Aumofreriede Francs, A MONSEIGNEVR LE CARDINAL DV PERRON. Archeuefque de Sens,&: Grand Aumofnier de France. A Rome. Onseignevr, Apres la perte que nous fifmes ,il y a quelque t'èps, de Monfieur de Sens,ie vous écriuy, comme voftre feruiteur , & comme à mon chef, pour merefîouir de 1 ele&ion , qu'il auoit pieu au Roy de faire de vous , Monfeigneur ; de qui ayant eu l'honneur de receuoir yne lettre , qui ne me tefmoigne pas auoir receu la mienne, i'ay voulu , à mon retour en cette ville , vous redoubler ces tefmoignages de mon deuoir , &c de mon affection , & vousaf- feurer > Monfeigneur , que vous receurez toujours de moy, plusderefped,quede tous ceux qui ont à fe conduire fous vous. Aufîiiedefirevoftrcretour,Monfeigneur, auecplus d'impatience, que nul autre. Attendant, fi vous me commandez quelque chofe» Tut ij 7oo LES AMBASSADES pour voftre feruice, ie l'executeray auec toute forte de foin & de fi- delité,comme, Mon se i gn e v r, De Paris,ce premier Voftrc très -humble & tres-*jfeciionné , Feuriei-,1607., jeruiteur. , H. Evesqve de Paris. ARGVMEN T. La conclupon du (rainé , retardée, il promet luy faire fart des Sfccurs qutlen aura le lendemain, auec (a Saincleté> ô de rendre vn tejmçi- gnage au Roy^à fon honneur, A MONS1EVR DE F RE S N ES CANAYE, CON-. SEILLER DV RoY, EN SON CONSEIL û'EsT AT , & fon Ambatfadcur. A Venife. OnsievRj Ce qui eft arriué depuis la date de vos lettres, vous forcera , comme ie croy , de vous refoudre à retarder la conclufion du trait- té,iufquesà ce que vous ayez receu vn nouueau commandement du Roy, ou qu'il apparoifTe quelesEfpagnols en foient exclus. Moniteur l'Ambaffadeur vous écrit amplement , lesdif- cours qu'il eneut hier auec le Pape:Et ie vous feray part, la femaine prochaine, de ceux que i'auray demain , Dieu aydant , fur ce fuict, auec fa Sainteté. L'occupation ce pendant, de mes efludes, ne m'empefcherapoint,dereceuoir auec grand contentement, l'am- plitude de voslettres.Ie n'oublieray à témoigner au Roy , par l'or- dinaire qui part Mardy , combien vous auez furmonté Don Francefco de Caftro , en fplendeuj: se magnificence de trait- . ET NEGOTIATIONS. Lit. III. 7ot temcnr. Ce que i'eulîç défia fait, s'ilie fufl prefenté porteur. Et fur ce,ie prie Dieu, Monsievr, vousauoiren fa fain Regarde. D e R o m e . ce 3 . Voflte âffefiionné Feu ri er, 1607, feruiteur. I. Cardinal dv Perron, A R G V MENT. ZftLÙYc'uJcrncnt attendu de fa M ait/le, Don Francefco de CaHro , rebuté de fa proportion. Le Pape fe plaint des EfpagnoL . Fefîin fplendide , de M on fit ur t Ambajfadeurde Venife. Mort du Doyen des Cardinaux, Monjhur le Cardinal de Uyeu fentlujy Jucccde ,} ourfen abfence. L e poids dont fer oit en luy cesJe dignité: Et le r eue nu qui en dépend, AV ROY HENRY LE GRAND. IRE, Les-aduis que nous pouuons donner de decaà V.Maiefté , dépendent déformais, des refolutions qu'il luy aura pieu prendre fur les nouuelies qu'elle a euës,par les der- niers courriers, tant des déclarations de fa Saindete,& des Eipagnols,que des inten- tions des Vénitiens, & du Duc de Sauoye, Et pour ce,nous m attendons l'éclairciiie- ment d'clle;Seulement l'auertiray-ie, en conformité de ce que luy écrira Monfieur l'AmbaiTadeur, que la dernière prepofition qu'a fait Don Francefco de Caft ro,au S enat de Venife, dont il a elle re- buté,fcnura d'vn grand pretexte,fi les affaires ne fuccedent, pour en reietter la ruine fur les £fpagnols,qui par leur ambitiô précipitée, ont fait auorter ce que V.M.euft fait enfanter haireufement. l'en contay Dimache,l'hiftoireau Pape,plusparticuheremét que Mon- teur l'AmbaiTadscir n'auoit fair,le iour de fon audiéce:d'autant que Tttt iij «?<*i LES AMBASSADES dkesproporitions^uecgrandefaueo^&applaudirTement. Si Mon- iteur rAmbafTadeur a le loifir,au retour de Ton audience, d'écrire à voftre Maiefté,auant que cette StafFette parte, il l'en informera plus au long:fînon,cemotluy en feruira d'auis. Et cependant, ic pi'iç- ray Dieu, S PRE, qu'il la conferue longuement 6c-heureuiemenr. D. V. M. De Rome ,ce?j Le tres-humble&tres-Bbeijfantfu]et. Feurier,i6o7. &feruiteur, L Cajid in At. av Pekrom. V Jt 'k grim éU Cardinal B aromns> il luy tnuoye certain Iture K y ARGVMENT. 41 LES AMBASSADES MONSIEVR DE VlLLEROy , CONSEIL* 1er Se Secrétaire d'Eftat, En Cour. Onsievr , Ce mot fera feulement, pour ac- compagner vn liuretque Monfieur le Cardinal Baronius m'a prié de vous enuoyer,par lequelil a faiti;ép0Jidreà quelques écrits des Venitiens,con<. treJiîy.Nousvousécriuifmesai]anuhier,Môfieuf l'Ambairadeur,&moy3plusampiement,au Roy, & à vous, par ce mefme Courrier. Celam'em- pefchera de prolonger cefte lettre, d'autre choie , que d'vne deuote prière à Dieu, qu'il vous conferue, M o n s i e y R , en parfaite fanté &c profperité. De Romcjcc 9. Vofire très- affectionne Feurier, 1607. (ermteur. L Cardinal dv P e r r oi, A RG V ME NT. Jj)ue le Tape proteste que c'e/îa fon defeeu , que Don Tranct feo de Caffrc est pâjjéjiauant en [es procédures. Et que rien ne fe doit nmuer,iujques après U venue dvn nouueau commandement du Roy. A MONSIEVR DE FRESNES CANAYE C O N- feillerdu Roy, enfonConfcil d'Eftac, &c fon Amballadeur. A Venife. Onsievr, Monfieur 1' Ambafîadeur,que i'eltois aile voircefoir, m ayant retenu iufques à quatre heures de nuit , pour voir repeter vn ballet , qui fe doit dan, demain chez luy; cela me difpenfera de vousécrij > pour celle heure, vne plus longue lettre , me remettant à ce orteil vous ET NEGOTIATIONS. Liv.III. 7o$ vous pourra faire entendre, des nouuelles dedeçà. Seulement vous diray- ie,que le Pape fe monftre fort indigné, pourles propositions que Don Francefco de Caftro s'efl: auancé de faire ; &: protefte que ç a efté à fon defceu,& contre fon intention / qu'il eft parte fi auant. Nous verrons ce qui en reufîîra : & ce pendant, iefuistoufioursde voftre auis de ne remuer rien ,iu{ques après la venue d'vn nouueau commandement , & réponfe à la dépefche du Courrier , quia efté enuoyé vers fa Maieflé. Attendant quoy,ie prie Dieu, M o N s i e v r, vous auoir en fa fainéte garde. De Rome , ceio. V offre très -affectionné Feurier, i60y. feruiteur. I. Cardinal dv Perron. ARGVMENT. -Le Cardinal Sannefio Itty recommande affeclionnément le Vrêuincial des Auguftins de Rome -, aux Prédications duquel , il le Jupplie de te 'vouloir quelquefois honorer de fa prefence. ALL'I LLVSTRISS. ET REVER E N D I S S. SIC MïO OsSERVANDISS. IL SlGN. CARD. DEL PlRRONE. Roraa. Illvstrissimo et Reverendisô. sic mio Osservandiss. L Padre Fra Gieronimo de Corneto , 4go~ ftiniano , Provinciale di Roma , èperfona di tnoltomerito , per quel chel'anno paffatojt fece conojeere in Oruieto^oue predico tutta UQuarefîma con fodisfattionne initier fade, &miaparricolare anCora. Et perche que- ft'annopredicaràin Roma^ellaChiefadi Santo Agoffino, ho Volntopigliareficurradiraccommandarlo à VSMuft.gr fup- plicarldfomefaccio^ Voler reftareferaita, ingratia mia,difa* Vuu u 7oé LES AMBASSADES uorirlo aile Volte con la fua preferï£a : cbe oltre fyero ne reciuer à guftojiè reftaro in particolarmente obligato alla henignita di lei: allaquale bam humiUpimamente le manii ey pregojomm* féli- cita. Di V.S.Illvstmssima ït Reverindissïma Di Bolfenojli ix.di Humiliffimo feruitore, Febraro,i6o7. Il Cakd. Sannesio, ARGVMENT. lit émet à fa prudence M ménager la prière du Pape Je fvnion des Ejfdi. gnols auecluy , félon fintere si & la réputation du feruice , tant de fa SaincJeté.que de (a M 4 efié. fjrwantmoinsluy mande vne dementtra- îioniiy obferuer. A MONSIEVU DE FRESNES CANAY.E. CON>- feillerdu Roy, enfonConfeil d'Ettat, & fon Ambailàdeur* A Venife, O k s 1 e v.r , Ce mot fera pour accompagner la lettre,que Monfieur l' Ambaffadeur vous eferit, à l'inftancedefa Sain&eté , afin de vous prier de vouloir commencer à admettre par effet, Tvnion 'des Efpagnols,auec vous, autraitté de l'affaire de Veriife.Voftre prudence eft telle , que vous mef- nagerez celle priere,felon i'interefl:,& la réputation ,tanj du feruice de fa.Sain&eté,que de celuy de fa Maiefté.Neantmoins il fera bon,, que par quelque demonftration extérieure , vous faciez recognoi-*, ftreauxEfpagnols,quelanouuelleinftance de fa Sainteté , a en- core adioufté quelque çhofe ,à ce que vous eu/Tiez apporté de vou$. ET NEGOTI ATIONS. Liv. III. 707 mefmcau confcntement,& à l'effet de cefte vnion. Ec cemotn'e- ftant à autre fin,ie le clorray par prier Dieu, M 0 n s 1 e v R , qu'il vous ay t en fa fain&e garde. De Rome.cc 1 6. Fo/trc affetitonne Feurier,i667. Jerutteur. L Car dînai dv Perron. ARGUMENT. <£>ue le Roy A fait fçauoirfa volonté. Arr'tu'ee de Monteur le Cardinal de I oyeufe, 4 Fenife : & fa réception . Supplication d'vne faneur. A MONSEI GNEVR LE CARDINAL DVJ Perron, Archeuefque de Sens,& Grand Aumofnier de France. A Rome. Onseicnh vr, Puis qu'il a pieu à fa Maiefté , nous faire fçauoir fa volôtéjil faut employer tout noftre fçauoir, pour la faire reuffir à fon entier contentement. Mais qui pourroit par mefme moyen , faire encore quelque chofe de mieux ; ie ne doute point, qu'elle ne l'euft fort agréable. C'eft ce qui m'a meu à en écrirearfez librement à Monfîeur,!' Am- baiTadeur d'Alincourt : voyant que fi en cecy , nous nefaifons vn vrte que le commun bruit eft , que le principal effet de fc celle venue, lera vne ligue oit^nliue & deknfiue. Mondit fleurie Cardinala elté ce matin saluer la Seigncurie;&a ; trouuc bon,den'enrarner point les affaires, en ccite audience publi- que.Ie croy que le Serenilïime luy rendra la vifire dés demain, il', commencera à négocier Mardy.Ce fera à luy ,à vous rendre comp- te de ce qu'il effectuera. le croy qu'il iugera que i ay efte fi auanr, qu'il y aura de la peine àpafler outre, le le feruiray de tout mon pouuoir, Se prieray Dieu , quepar Tes grandes &. rares qualitez, il furmonte Se obtienne ce qui euft efte impoiïibîe à ma foibleiTe. Et afin que vous ne trouuiez point de différence entre fes lettres & les Hiiennes,ie vous fupplie de trouuer bon, que ie ne vous ccriue plus, de ce qui eft maintenant entre fes mains. MonseïgNev io, I'emens qu'il y a vn Chanoine de Padouë:à Rome,nommélefieur PoggioLucquois ; lequel ayant elle [pour- weudVn Euefchc;en fa patrie, a obtenu grâce de fa Saincteté , de pouuoir refigner ledit Canonicat,auec referue de penfion.Et par ce qu'il y a vn mien fingulieramy,& grand feruiteur de fa Maie/lé, qui defue infiniment, de faire vn lien fils , Chanoine audit Padoué , Se qui s'obligera volontiers , à telle penfion que iugeriez raifonnable; ie vous fupplie très- humblement, me vouloir faire celle grâce , Seà luy,d'en fonder la volonté dudit fieur Poggio.Et fi dauenture il n'a encoretraittéauec perlbnne ,}Se qu'il vous vueille déclarer la pen- fion qu'il fedeiireroitreferuer ; vous le pourrez alleurer, Monfci- gneur, qu'elle luy fera fi bien alignée , qu'il aura occafion de s'en contenter. Que fi en cecy i'abufe de voftre bonté ; ie vous fupplie tres-humbiement,excufcr le defirque i'ay, de maintenir Se fomen- ter les affections desferuitcursde fa Maielté , comme mon deuoir m'y oblige. Et aggreant tout ce qu'il voui plaira ordonner de.cefie, . mienne fupplication,ie demeure, M O N S E I GNEVR, DeVenifecei/ . • Vtfire tres-humble dr ircs-ife^'ionne Feurier,i6o7. feruiteur. De Fresne Canaïe, ET NEGOTIA.TIONS. Liv. IIJ, A R G V M E N T. I lie fupptie vouloir fatioriÇer h confer nation d'vn droit de fa charge de Grand Aumofhter. A MONSIEVR DE SILLERY GARDE DES Seaux de Fiance. En Cour. g Onsievr , f.ftant obligé de conferuer les \': :/\/ &ï thoicls de la grande Aumofnerie, dont il a pieu feXjPjSÎg ^SjL au Roy m'honorer , & ayant euaduisque cer- f/3i rlf tains perfonnagess'eftoient fait pouruoir à l'ad- y^j mîniftrat.ion de quelques Maladeries>par lettres expédiées au leau fimplement, fans y auoir efté nommez & propofez, ny de moy , ny de celuy que i'ay commis pour ceft effet , ainfi que mon frère vous fera plus particulièrement entendre ; I'ay penfé que comme cette entreprife pouuoit offenfer en quelque forte,ma reputation.-aufîî ne deuois- ie différer plus long-temps , à m'employer , pour diuertir le cours de femblables procédures. Ceft pourquoy ie vous ay écrit ce moto pour vous pricr,commeiefay tres-affettionnémen^Monfieui^que mon abfencs/ur laquelle on peut fonder cefte innouaciô,ne m'em- pefche point de ioùir entieremet desprerogaiiues de ceftcdigni-? té. Ienedefirerien > que ce qui de tout temps a efté concédé à mes predecelTeurs>en ceft ofïice;& n'eftime pas.qu'eftant eftoigné de la Cour,pour leferuice du Roy , i'en doiue neantmoinseftrepriué. Mais outre ces considérations , l'amitié qu'il vous a toufiours pieu me port er,me promet que vous m'obligerez en cefte occafion^'e- ftre éternellement, MONSIEVR, DeRome,ce it. Voftve tres-AjJelîionné Feurier,i607. (tr utteuf. 1, Cardinal dv Pirron. Vuuu iij 7io LES AMBASSADES ARG.VMENT. Le Royheureufement inffiré.Le Pape informé par no tfre Cardinal, dtt defjetn de fa M aie Hé. Dernière refohtion donnée de Ja Sainttctè>(urles articles du traîne auec les V tnitiens. AV HOY HENRY LE GRAND. IRE, Voftre Maiefté a efté heureufement inf- pirée , de s'eftre refoluè de vouloir mon- îher d'armer,au mefmc temps que les Es- pagnols arment.Car il n'y a point de dou- te,quc cefte nouuelle n'apporte vne gran- de réputation à fes afFairés,en Italie'.dau- tant qu outre ce qu'elle couurira l'hôneur des VenUiens,& fera iugeràtout le mon- de,fi la conclufion deleur traitté auec le Pape,reiïflit} que la crainte des forces d'Efpagne, ne les y aura point portez , mais la feule per- fuafîon & entremife de voftre authorité:au moyen dequoy,la gloi- re en demeurera à V. M. feule: Outre cela,dy-ie,les autres partifans & confederez de V. M. reprendront courage, Se commenceront à augurer par ce préiugé,de pouuoir dorefnauant viure afleurez de fa protedion,puis qu'elle prend leur défenfe & la liberté de l'Italie , à cœur;& qu'au mefme temps que les Efpagnols font contenance de feremuer,elle s'arme &fe met aux champs,pour leur garde. Mon- sieur l'A mbafTadeur , le propre iour de là veniie du Courrier , & moy depuis,auons informé fa Sainteté, des raifons qui ont conuié voftre Maiefte3à ce faire.-entre lefquelles, vne des principales a efté, qu'il eftoit incertain,quand l'affaire des Vénitiens feroit accommo- dé,ce que les Efpagnols,trouuants encore leur armée fur pied, vou- draient faire de leurs forces:&: quel'on fçauoit la crainte & ialoufie, en laquelle ils auoient tenu toute l'Italie , après la paixdeSauoye, pour auoirconferuéplufieurs mois depuis, leur armée entière ; au lieu que voftre Maiefté licentia la fienne , dés que le traitte fut con- clu. Et pourtant, quele foin de voftre Maiefté eftoit tres-loiiable,dc ET NEGOTIATIONS. Liv. ht. 711 ne vouloir plus,que fes amis retombaiTent enfemblables apprehen- fions, qui leur auoient lors grandement abbatu le cœur , & donné depuis l'audace aux Efpagnols,d,entreprédre& empiéter plufieun chofes,fur cette Prouince.Et qu'au refte, le premier Potentat > à qui lefruictdecefoinreuenoit , eftoitfa Saincteté : laquelle lesEfpa- gnolsdefiroient d'autant plus i d'aftoiblir Se opprimer, qu'ils fça- uoientquelefainctSiegeeftoitle centre de toutes les vnions, qui fe pouuoient faire en Italie, contre eux, pour la défenfe de la liberté commune:Et laquelle au contraire ne deuoit efperer des armes de V.M,que toute feureté & protection , fe fouuenant quel'efpée de voitre Maiefté,eftoit fille des efpées de ceux qui auoient remis tant de fois, les Papes en leur Siège, voire mefme, en ayants eltéiettez hors parles Efpagnols.Sa Sainteté iugea les raifons de voitre Ma- ieftéjtres-pertinentesjnon toutesfois,Xans quelque martel , que ce contrepoids ne rendifl les Vénitiens, plus durs Se di fficiles à fe re- mettre à la raifon. Mais le correctif, que voftreMaieiié a prudem^ ment aioufté à celte refolution,qui a efté d'enuoyer au mefme teps, Monfieur le Cardinal de Ioyeufe, à Venife, luy a tempéré toute fa crainte; feperfuadant fa Saincteté, que veftre Maiefté n'en feroit point venue iufques-là, Celle nefe fentoit afîèurée de l'y (Tue de raffaire,lequel accommodé, elle ne pouuoit,finon louer que voitre Maiefté prift la protection de la Republique,comme de tous les au- tres Princes d'Italie, files deifeinsdesEfpagnolsvouloient paffer de la Religion,à liftât. Et fur cela, elle memonftralesletrres , que \oftre Maiefté luy auoitefcrites,lefquelles elle célébra fort, comme auffi à la verité,elles me femblerenttres-bien couchées. Elle a don- né à Monfieuri'Ambaiïadeur,fa dernière refolution, furies articles du tfaitté auec les Vénitiens , en laquelle elle s'eft départie de l in- ftance qu'elle faifoit, que l'Ambaftadeur de Venife vinticy , auant que l'interdit fuftleué,fe contentant qu'il vint après , pour luy en rendre grâces, Se d'ofter ce pédant, les cenfures,fur l'inftâce que V. M. luy en feroit, par fon Ambafladeur.Chofe à quoy iel'auois veiïe, dés l'ordinaire prccedent,fort ébranléejuy ayant reprefenté , qu'il me fembloit que c'eftoit faire vne nullité pour le S. Siège, &pour elle,que d'obliger l'Ambaifadeur de Venife,à venir icy aiût l'abfcu lution des cenfurcs , Se de l'interdit , Se ne le traitrer point à l'abord comme excommunié,ainii qu elle l'aiioit promis à Monfieur l'Am- fladeur. Mais pour ce que Moniteur i'Ambafla leur écrit cefte ticularitéJ& autres concernants le mefme affaire,à V.M.ie m'en 7Ia LES AMBASSADES tairay, &c juereftreindray A luy dire feulement , que wonfîeur rAmbafladeur)&: MadamerAmbaiTadrice.mentfai^Dimanche dernier ,en leur logis , vn Ballet de Caualiers François, quireùflît excellemment, &vne collation magnifique,ouaiTifterent ,auec les frères du Papes&:rAmbaiTadeur,&: Ambairadriced'Efpagne,plu- fieurs Cardinaux, & entre autres, le Cardinal Borghefe , &. toute la noblefle Romaine,tant Seigneurs que Dames.Il y a vingt ans,qu'il nes'eft aflfemblé vneplus belle compagnie, à Rome, Se les Caua- liers François y firent il bien,qu'ils en accuirentvn grand honneur à toute ta nation. Ce font nouuelles de Carefme-prenant , aufquel- les i'aioufteray encore,que Madame la Duchefle S force folemnifa hierja faueurque voftre Maieftéluy afaittepour leBaptefme de fon fils,auectant defplendeur , de magnificence, & de galanterie, en Mufiques,Ba!lets , Comédies, & collations , que la grâce qu elle areceuedevosMaieftez,nepouuoitreluirenuliepart, auec plus d eclat.Et cela faicie prieray Dieu, SIRE, qu'ilconferue voftre Maiefté,en toute fanté 8c profperitç. DV.M. De Rome, ce i?. Le très -humble & tres-oheyjptntfmet Fcurier, 1607. & fermteur. L Cardinal dy Perron. A R G VME N T. A f a: fon de Te/fat de la conualefcençc de ce Seigneur >ilfi rejîreint à m (entretenir que A vn Ballet âe Caualiers François ,fait «u logis de Monfieurl ' Awbajfadeur. A MON- '19 ET NEGOTIATIONS. Liv. IIÎ. 713 MONSIEUR DE VILLEROy , CONSEIL- 1er Se Secrctaired'Elfat, En Cour. & Onsievr, L'eftat de voltre conualefcence , ne £ vous permettant pas de vaquer aux affaires publi- à qucs,ne me permet pas aufli , de vous en entretenir. ^riNXV,!) C'eft:pourquoy3iemereitreindrayàvous direpour Ie regard des nouuelles particulières , que Monfieur 1 Amballadt-ur fit faire, il y eut Dimanche huict iours, en fon logis, vn Ballet de Caualiers François,quireiïiTît excellemment , &vne magnifique collation,à laquelle aflifterent,outre les frères du Pane, & l'Ambairadeur&rAmbaiTadrice d'Efpagne , plufieurs Gardi- naux,& entre autres,le Cardinal Borghefe , &c vne infinité de No- bielle Romaine .tant Seigneurs que Dames. Il y a vingt ans,qu'il ne fe vidà Rome,vne plus belle alTembîée.i'en ay donné auisau Roy fçachant que fa Maieûé en aura contentement , tomme elle y a eu ho nneur,Ce pendant,ie prie Dieu5 M onsievr» vous reftablîr & conferuer en parfaitte famé. De Rome,cc 23. Voftretres>affettionnc Feuricr, 1607. (ermteur. t. Cardinal dv Perrom, AR G VM EN T. <$ut par le prochain ordinaire il lity enuoyera les expéditions de la grâce qiï il a obtenue dtt Pafe>à fa recommandation . Xxxx 7H LES AMBASSADES A MONSIEVR. DE LOMENIE CONSEILLER «Se Secrétaire d'Eftac. En Coure. Onsievr., Dés le lendemain que i'eu receu voftre lettre , ie fu trouuer le Pape, &c luy douan- es day la grâce , pour celuy en faueur duquel vous £6 mecriuiei. I'efpere vous en cnuoyerlesexpedi- nons,par le prochain ordinaire.Et. cependant, vous prieray de croire,, qu'en çouiss autres occafions,oùlemoyen me ferapreCenté de vouspouuoiiferuir, ce mefera beaucoup de con- tentement, de vous témoigner la puifTance , que noftre ancienne amitié vous a acquife fur moy , & de vous faire paroiftre aue ie fuis, Monsievb, DeRomejcei, Feurier3i6o7. ytftetres-affeaionnc [truitenr. I. -Cardinal dv Perron. ARG VIVIEN T. Hluj réitère les ajjiurancis de/on affection. A MONSIEVR DE BARRA VT, CONSEILLER du Roy, en fon Confeil d'Elrat,&: fon Ambafîadeur. A Valladolid. O nsïevr, le receu l'année pafîée , par vn Perele- fuite , vne lettre que vous auiez pris Japeine de m'cfcrires à laquelle peu de iours après, ie fy refponfe, parje mefme Pere: mais ne fçachant fi elle vous auroit elle rendiie^'ay penfé la deuoir féconder de celle- cy,c< vous y réitérer les afleuran* «es du defir que i'ay,dc vous faire feruice , lequel outre- la confiée-. ET NEGOTIATIONS. Liv. IIL 7ij ration de vos mérites , a encore pour fondement , la cognoiflâncc derancienneamitié,qu'ilvousatoujours pieu me porter. Ievous prie de procurer qu'il ne me demeure point inutile, en me faifanc l'honneur de m'employer en quelque chofe , où ie vous puif- fe rendre preuue de mon intention, qui eft , ôc a toujours efté, d'eitre, M O N S I E Vis De Rome , ce 14. Voflre trcs-affeSliomc Feurier, 1607. feruiteur. î. Cardinal dv Perron. ARGVMENT. llfaitrêponfea fa lettre contenant la mort du Vizir, duquel il dit que les fucccjfiurs doinent également appréhender Cenuie de la fidelw ', & U punition de U defobejjfince. A MONSIEV R LE BARON DE SALAGNAC, Confeiller du Roy, en fon Confeil d'Eftac, Si fon Ambartùdeur. A Conftarrtinoplc. MO n s 1 e v r , Vous auez raifon de rrouuer eftrange, les accidents de fortune que Ton void arriuer au lieu où vous eftes,& principalement la mort du Vizir,qu'il vous a pieu me mander par voftre dernière lettre, dont on peut recognoiitre I'initabilitc de l'affection de ce Prince, enuers ceux qui tiennent le premier rang d'honneur, & de dignité après luy, quelques feruices qu'ils luy puifTent rendre : & dequoy lès fuccefTeurs en ces charges là,doiuct auoir fujet de fe deflcr,& crain- dre égalcmcU'enuie de fa fidélité la ptmitiô de 1a defobei fiance. Ce qui me fait eitimer,que cette forte de gouuerner vn tel Empire3 Xxxx ij 'ykâ LES AMBASSADES incommodirez qu'il reçoit du Perfe,& des rebelles , dcuoienr Faire attendteplu'sd'i uantage de la guérit continuée , que du tu 'tu. de paix fait en ceftcfaifon.Nous lomme-> toufiouis en doute du lue ces de 1 admire de V< ni(e,ciont iufquçs icy,on n p. ut rien du e d uiî'eu- réjains côrriraè &13É fit Lires tierces, auioui d huy 1 on y void quel ue bonne di!pofition,& demainde danger du mal paroift aufli giand qu auparauant.Ie ne croy pas pourtant, qu autc l'ayde de Dieu , !es thofes ne fe pacifient, au contentement de fa Sainctcté, &: 'ans que le feu. qui femble fe prépare* en talie,s'v allume. Mais de cela ron- fleur de Frefne* vous en eferit fi amplement, que ce feroir ebof lu- perfiuè\quede vous en vouloir entretenir. Auilimeremettiay-ie, fur luy pour ce regard e yousdiray , pour conck fion de cefte let- tre,que ie vous remercie afFe&ueuCerrient , de celles que vous m'ef- criuiz d s nouuelles desquelles fentretiensiaSaintttté,aux occa- lions qui m'en (ont offe.i t<-:s;!aquelle , comme ie vous ay delîa eferit par cy-deuant,prend vn fingulier plaifir, au récit que ie luy en iay. Ce pendant,ie prie Dieu, MONSIEVR , vous auoir en fa fain&e garde. De Rome,ce 2.7. V offre affetfionne Feurier, 1607. fermteur. I. Cardinal d y Perron. A R G V MENT. N niants encore certain^our / 'accommodement âes Vtnitie m% A MONSEIGNEVR LE CARDINAL DV PERRON, A Rome. «w-îp^/m Onseignevr, Sj IvNi&Wl % le vous remercie très humblement,du contente- ment que vous me tel m oignez, auoir d e mon arri- I uée en celte ville, de l'heureux prefage que vous en prenez , de l'accommodement de l'affaire : Au- quel bien que îerecognoilfe ingénu t ment , quele Roy nepouyoit ET NFGOTIATIONS. Liv.III. ?1? fe reruir d'vr, plus fo:ble inlhumcm : neantmoins l'authoritt &c bonne fortune, de ta Miaiefté lent fi grande* , que nous efperms que Dieu vomira acheter cefl af>ant par (on entn mile : dec-i cy ic ne puis vous donner aucun auis certain , n a) ant tu cmoieieponfe de ces Seigneurs , lur la deinitrt picpomicn que nouskui auons faitte, de laquelle defpend I accommodement de I aftaue : Ancu el, lorsqu'il y aura plus delciairciiL. ment ie vcusenitndiay a; m plus particulier conte & vous baiieray ce pendant très- humblement bs mainSjpriantDieu, M'ons EiGNEvr., vous donner en bonne fauté longue & heureufe vie» De Venifc , cc^. V offre tres-humhic Mars, 1607. Jeruit'.ur. Lé Cardinal de Ioyevse. A R G V M E N T. . 2 lie remercie de fin honnefte congratulation, A MONSIEVR ï.'EVESQVE DE PARIS. Confeiller du Roy en l'on Confeil d'Elïac. A Paris. Onsievr , îe vous remercie afïe&ueufe- •ment , de l'honnelle lettre que vous auez pris la peine de m'eferire , fur ma promo* tior. à rAichcmf.hé de Sens , dont il a pieu au Rôy m'honorer -, 8c vous en de- meure d'autant plus obi gé. , que vous m'en aukz deûi addtefle vnc autre , lur melme haiet , ainfi que vous me mandez , laquelle ne m'a toutes- fois point efté rendue. e ne taiflé pas d en reffentir la courtcilie > & defirerois recognoiftie par quelque feruice, tant Xxxx iij Il . ' '., ✓ , •. TiS LES À M BJA S S. A-DE S de témoignages de voftre affe&ion en mon endroit. A quoy Si cefrc nouuelle dignité me peut rendre plus capable , i'eftimeray dauanta- ge l'honneur d'en aouirefté gratifié, Cependant ie prie Dieu, MQNSJE VR, yousauoir en fa fain&e garde. De Rome,ce 6. Mars, ARGVMENT. . lire [pond a /es remerciements-Joue les vers qu'il a receus de fa part, $-luj en envoyé d'autres sen contre fchange. - A MONSIEVR L'EVESQVE DE S E V S, premier Aumôfnier La Reyne. A Paris Ons i e v r. , Les remerciemens que vous m'auez rendus, dudefirquei'ayeude vousferuir , valent mieux que l'office que vous auez receu de moy. Et pour ce , ie vous remercie moy-mefme,dc m'auoir li hon nettement remercié. le vous rends grâces auflî des beaux vers }< que vous m'auez enuoyez. Se de l'honneur que vous m'auez fait , de les.finir par moy. Ils font , certes , très dignes de vos Mufes , Se le fujet qu'ils traittent ne pouuoir eftre mieux traitté. , ny pour la richelTe du fens, ny pour la majefté des paroles. Si vous vous fu/fiez feruy de la fidion des deux langages d Homère , qui donne fouuent deux noms à vne feule perfonne , Se dit , d'vn mefme homme , les mortels le nomment ainfi, mais les Dieux l'appellent ainfi;&: que fur leiande.mentde cette fable, vous euffiez feint, qu'au mefme F ofire très -affectionne confrère dr /eruiteur. I.Cardinal dv Perron. ET N E G O T I A T I ON S. Liv. III. 7t9 temps que les hommes s'aiTembloient,pour donner à Monfeigneur le Dauphin, le nom qu'il deuoit auoir en terre, Iupiter euft tenu con- feil aiiCiel.pour délibérer du nom,qu'il deuoit auoir entre les Dieux l'inuention euft efté vn peu plus poétique, mais non fi Chreftien- ne,& conuenableà voftre prefente profeflîon. levons enuoyej pour finir par Homere,i'efchange de Diomede,c'eft à dire , vne pe- tite &mauuaile traduction de 1 Hymne, PangelinguagloriofîprJiHm certaminù, que i'ay tourné > pour monftrer à Monfieur Du PlelTis, combien il s'eft abufé , d auoir écrit que fainct Thomas a deftourné 1 Hymne, Pange linguaglortofï ,<\\iz Fortunat auoit compofé pouir l'honneur de-Ja Paiîîon, à la fefte du Sacrement. Etcependant, is prie Dieu, M 0 N s 1 2 v R vous auoir en fa lainde garde. De Rome ce 6. Vofîre ancien tïr affectionné 'confrère Mars, 1 6oy . &Jeruiteur. î. Cardinal dy Perron. " AR'G VMENT. Monfeigneur le Chancelier, lors Garde des Seaux de France, auoit eu ag~ greable }à la prsere de no/lre Cardinal de fauorifer la manutetion des frerêgatiues de £ kftai de Crand Aumo/nier : dont il dit (juilne ftoa- roit trouver de fardes afjit,fignt fiante s , pour exprimer la gratitude quHlenrefflnt. A MONSIEVR DE S I LLE R Y GARDE DES Seaux de France. BEI ONSiEVR,ïevous-écriuy dernièrement, vne lettre, pour vous prier de me fauorifer en la manutétion des prerogatiues de l'Eftat de Grand Aumofnier , dont \\ a pieu au Roy m'ho- norer ; &: ne permettre point , que mon abfcnce pour le-ieruicc -de U Mâieiîé , apportaft preiudice aux droits delà charge. Maintenant ie vous efery cc-fte-cy,pour vous remercier 7io LES AMBASSADES des offices d'amitié , que mon rere m'aucrtic, que vous m'y auez rendus. fe fuis fort fenfibic aux obligations , que ie recoy de ceux qui me font l'honneur de m' .imer : nuis en nulle autre occafi on, vous n'en pauutez acquérir vne fur moy , qui me -toucluit & pe- netraft plus viuement que cclle-cy , comme e(hnt queftion d vne chofcquinepeutcftreentanije , fans manifeite-preiudice de ma réputation , dauoir hilîé defchoir de mon temps , vne charge laquelle ie fuis obligé dz con'eruer , &c en cas de befoin, refti- tuer en fa-premiere fplendaur Se dignité. C'eft pourquoy , ic ne fçaurots trouuer de paroles affcz (îgmfiantes , pour vous exprimer la gratitude que ie rettents , de la faueur que vous auez commencé de m'y apporter , &vouyprier delacominiier de plus en plus , aux occurrences où elle me fera neceflaire. le me promets cela , tant de l'amtié qu'il vous a pieu de tout temps me monftrer , que des arres que vous m'en auez défia données , en ce mefme affaire. Et pour ce , ne dépen- dray-ie point dauantagï de paroles , à vous en fupplier. Seulement vous afleureray-ie , que la grâce que ie receuray de vous, encefteoccafion,ferafaitteà vn homme , qui demeurera éternellement, M O N S I E V R, DeRome,ce6. Feurier, 16C7. Vojîre affectionné Jeruiteur. I. Cardinal dv Perron. ARGVMENT. : ; l'ii^oryia iv.> noijjji.nr.fri't' Vi'nvruii y.ral ^i^Kml Emprunt des E/pagno/s, au Duc dVrhn . Eftonnement de leur Am - baJJidettr.Ceqiitls s'efforcent perfuader, fur le retardement du traitté de MonfieurleC*râm.ddc fojeufe. Leurs tmpofturts combattues. C on- fiance du Pape, en/a Mate/H. AV ET NEGOTI ATIONS. Liv. III. 72Ï AV ROY HENRY LE GRAND. IRE, C'eft maintenant de Venife,& de Mon- fisur le Cardinal de Ioyeufe , que voftre Maiefté doit attendre les nouuelles des affaires d'Italie. Icy ,il n'y a rien de non-» ueau , finonquclaroibleiîcqueles Efpa- gnolsdécouuirent tous les iours, en leurs apprelh de guerre , les rend fort décriez, Se entre autres, les deux cents mille efeus, qu'ils furent contraints d'empruntcr,le moispaiTé,au Ducd'Vrbin, pour (oudoyer leur leuée de Napolitains , & à cefteffet,luy enga- ger des places 5c terres, dans le Royaume deNaples, comme voftre Maiefté l'aura fçeu par les ordinaires précédents. Us femonftrent tous, fort eftonnez à Rome,& leur Ambaffadeur entre autres , au- quel la défaueur, & emprifonnement du Conte de Villelongue , a donné vnemerueitleufefe.coufTe : Car c'efteittoutfon fupport en la Tour d'Efpagne,& celuy quil'auoit porté à celle charge. Il court quelque bruit, que Don Francefco de Caftro , qui eft en alTcz mau- uaife intelligence auecluy, vient icy defefperé des affaires de Vé- rité.Mais c eft perdre trop euidemment la partie, que de la quitter. Cefte Cour,au refte,eft en grand peine, de n'auoir encore rien en- tendu de l'auancement dutraitté deMonfîeurle Cardinal de lo- •yeu(é:*des efpagnol s s'efforcent de perfuader, que voftre Maiefté nedefire, finen tirer les chofes en longueur , pour faire écouler la rfaifon delà guerre,& tenir l'effet de leurs forces , en fufpens , & les empefeher de s'en pouuoirferuir,ny icy,ny en Flandres.Monlreur, l'Ambaiîadeurs&: moy , auons tellement combattu leurs impoftu- res,qu'elles n'ont fait aucune imprefllon enl'efprit de fa Sain frété, laquelle au contraire,fe confie plus en voftre Maiefté>que iamais,5c cfpere tout,d'elle feule,ayant fort ouuert les yeux.aux foibleffes &C malices des Efpagnols.Si voftreMaieftéla fort de voftre affairepar quelque voye que ce foit,c'eft à dire^foit que la paix fe conferue, ou fe rompe pour ce qui eft du refte de l'Italie , ie croy qu'elle la polîe- dera encietement. ïamaiselle nefe monftrafi contente des depor- tementsde voftre Maiefté quelle fait maintenant , &c entre autres, de quelques particularitez,qu'elie a apprifes depuis peu, du zele de Yyyy 7n LES AMBASSADES voftre-diftcMaiefté.aubien & auancement de ia Religion Catho- lique,en fon Roy aume.Ie prie Dieu, S I R E ,que ce contentement luy dur e,par longue %c heureufe du- rée du règne de voftre Maiefté, Monfteurï Ambaffadeura rejtouy toute Rome, a ce Carne - tial dernier tfar les courfes de bague, & autres exercices publics, qu'il a fait faire à la Nobleffe Françoifey en frefence de grand nombre de Cardinaux, & de tous le s Seigneur s, & Dame s de R.ome,auxyeuxdefcjuelsJesfeuls Caualiers François ont fait honneur à leur profefs ion à leur nation. D.V.M. DeRome,ce 7. Le tres-humble & tres-o hcïffant furet & Mars, 1607. Çeruiteur. I.Cardinal dv Perron* ARGVMENT. Nouutlles a ttendre de Venife.RéiouyjfanceiU Cour de Rome yparmy les affitel ion s publiques . A MONSIEVR DE PVYSIEVX, CONSEIL- ler & Secrétaire d'Eftat.En Cour. O n si ev r , Les nouuelles font taries à Rome , c'eft de Venife que vous les deuez attendre , dont auiîî toute cette Cour les attend. Ce-motfera feulement, pourac- compagner la lettre , que i'efery au Roy , prefque aufïî feiéhe 6c fterile , que cefte-cy. Vous aurez fçeu les entre- tiens, que Monfieur l'Ambaflàdeur a fait donner , par la No- blefle Françoife , aux Seigneurs , 8c Dames Romaines. C'a eftéauec beaucoup d'efclat , pour la nation , 8c de contentement, pourla Cour de Rome, qui n'a eu autre gayeté digne d'eftime en ceÇarncual, pour iarefiotiir parmy les afflictions publiques. le croy que le baiii en relioiïira encore la noftre,par delà,comme l'ef- fet en a r.eûoiiy ccite-cy.Cependant,iedemeureray, MoNSlEVR, DeRome,ce7- Mars, 1^07, Voftte tres-âffecîionnc ft mi te tir. I. Cardinal dv Perron, ARGVMENT. Illuy témoigne le contentement qu'il reçoitAe t heureux retour de fa pé- régrination. A MONSIEVR DE BREVES 'CONSEILLER du Roy cnfonConfeild'Efht. En Cour. .0 Onsievr, le n'eufTe diffère fi long-temps à w vous écrire, 8c faire réponfe à plufieurs lettres, que Ij^yjfej feTjji i'ay reccuës de vous, d -puis mon feiour en ce lieu, il (ll^vA^i^ i'eufle fçeu où vous pouuoir feurement addrefTer ÉwS^^ lesmiennes. Cela m'a fait obferuer lefilence en voftre endroit , acceaiant q le la fin 8c le repos de vos voya- ges, me donnait mjyen dj fatisfaire aux remerciements que ie vous doy ,^jur tant de p^in: que vous auez prife , de me manderdevosn^uu^li-s. Maintenant donc , qucfayelté adueny par .aonfrere,de voftie arriuee à la Cour, ie vi ns à m acquitter de Y y y y ij 7i4 LES AMBASSADES ceftoflke\& vous témoigner le contentement que iereçoy , de Iheureux retour de voftre pérégrination. C eft vneioye,quiaura efté commune à tous vos amis de delà .• mais nul ne 1 aura rerTentie, viuement plus que moy,pour l'ancienne profeflîon que ie fay,d'af- fettionner ce qui vous touche , & le defir que i'ay toufiours eu , de vous voir finalement,recueillir les fruits des reruices,que vous auez rendus à la Chreftienté.Ie prie Dieu, vous en rémunérer fpirituel- Iement & temporellement,felon voftre mérite , &. vous, de me te- nir, comme ie fuis,&ay toufiours efté, M oNsiiVR3pour De Rome, ce 9^. Mars , 1607. V ofln tres-ajfeclionné amy & Jeruiteur. I. Cardinal dV Perron. A R G V M E N T. Il dit que le Pape a pris fort grand phifir , d'entendre le contenu de fes lettres. Jgye Rome es! ilerile de nouueïïes : & que cef de V enije qu il senpeutreecuoir. A MONSIEVR DE LA BODERIE , COW. S £ I LIER DV Rgï , EN SON CONSEIL d'E$TAT , ôc fon Ambairadeur. A Londres. Onsievr, 1 ay receu la lettre, que vous auez pris la peine de m'écrire ; & l'ay communiquée au Pape, qui a pris fort grand plaifir, d'entendre les particula- ritezquiy eftoient contenues, &amonftrc'd'efpe- rerbcaucoup,de voftre aïïiftan ce, pour les Catholi- ques de deia. i e luy ay tefmoigné le zele & 1 affe &ion;que vous por- tiez au bien de l'Eglife^ promis qu il ne me viendroit aucunes let- tres de voftre part,où il y euft chofe digne d'eftre feeué de fa Sain- ET NEUOTIAi 1UN b. LiV. m, 7^ cVeré.que ie ne Iuy en donnalTe «nus.Ce que ie feray , s'il vousplaift m'ecrhequelquesrois ce que le temps Se les occafions pourront faire nailtred tmporrnnt.en la Cour de ce Roy; &n'oublieray pas de reprefenrer à la dicte Saincteté^ce qui fera pour voftre gloir e,& le mérite de voftre AmbalTade. Quant à celte Cour,elleeft main- tenant ftetile de nouuclles,& n'en peut-on attendre,que de Venife: d'où nous n'auons encore appris aucune refoluùpn. Cela leracaufe que ie ne vous entretîendray point dauantage,fi ce n'eft pour vous prier de me continuer touiiours,la faueur de vos bonnes grâces , & croire que ie fuis, MoNSlEVRi De Romcce 9, Vofln affectionne Mars, 1607. (ernittur. I.' C A"R DINAI D V P E R R 0 S . ARGVMENT. Jgae les plus auifez efperent de fa prudence 3 vne heunufe yjjit'è de fa ne- gotiation. A MONSEIG NEVR LE CARDINAL DE Ioyeufe: Onsiignevr, le vous rends grâces tres-humbles,de l'efperance qu'il vous a pieu me donner, par voftre lettre , de l'heureufe yfiujc de voftre negotiation.C eft ce que les plus auiiez de cefte Cour, Ce promettent de vo- ftre prudence,& du fecretauec lequel vous vous y gouuernez : en- core quequclques-vnss'ébahiiTent, voyant qu'ils n'entendentau- cuncsnouuellesdecequifepalîefurcefuiet. Dieu vueille que le Yyyy jij 7i6 LES AMBASSADES toutreiïflllTe, félon l'attente des gens de bien , &c l'excellence de vottre ingénient: &me falTe la grâce de vous témoigner par quel- que ridelle feruice,que ie fuis>& feray toute ma vie, MONSEIGNEVR, De Rome , ce 10. Voftrc tres-h itmlîe & tres- félon ce que i'apprendray pour ce regard. le vous prie doncmc donner celte confolation : attendant quoy,ie fupplie Dieu, Mo N sievR vous auoir en fa fainde garde. De Rome,ce i o. F offre affetfïonnê Mars, 1607. (erutteur. I. Car»înal dy Perroîï, ET NEGOTI ATIONS. Lhm". 727 A KG VMÉ.N T, Condoléance de [on jrJtfpcfiion. j£h e* vain fe doit-on promettre qinl Jefaffe Autre chofe pour le trait lé àesVenitiens }qne ce qui en a eftê Com- mis à Monficurle Cardinal de loyeufe. Prïered'vne conjoUùon aux Religieufa de S. Pierre de Tadott'è. A MONSEIGNEVR LE CARDINAL DV PERRON, Archeuefquede Sens, Se grand Aumofnier de France. À Rome, Onseign EVR, Ayant pieu à Dieu , me releucr de mes dou- leurs , Se de la plufpart de la foibleiïe 8c langueur, qui m'eneftoit demeurée ; ie viens auec celte- cy, mecondouloirdelauis, que MonfieurTAmbaf- fadeur d'Alincourt medonneparfaderniere,de voitre indifpofition,&: prier Dieu, vous en vouloir deliurer au plu- {toft,& la conuertiren redoublement 2c fortification de famé, tant pour voftrefoulagement particulier , que pour le bien public , au- quel il vous a rendu fî neceiîaire.Ic ne vous puis rien eferire des af- faires de deçàiinon que foit que le Duc de Sauoye vienne,ou que d'autres encore s'ingèrent au traitté de l'accommodement, c'eli: en vain qu'on efpere qu'il s'yfaffe autre chofe de deçà, que ce qui a efté commis à Monfieur le Cardinal de Ioyeufe : de forte que fi dans peu d'heures, on n'a auis qu'il ait fait quelque chofe de bon, auecfa Sainteté , les préparatifs de guerre s'auanceront à toute outrance , 8c ne faut point douter que les effets ne fui- uent de pies. le prie Pieu , nous preferuer de ce malheur , &C qu'il vous donne. tyioNSEiGNEV R,en parfaitte fanté, tres-heureufe 8c longue vie. LES AMBASSADES Monfeigneur> D autant quel 'Eue ; facile Padouè\aulieude confirmer aux Keligieufes de fainèl Pierre de Padouè , la grâce que fa V aintfe te vous a accordée pour elles , a mis leurs pauures consciences en grand \ trouble leur ordonnant de fe confeffer a V» autre,qu'à leur Confeffeur ordinaire t& leur impofant des con- ditions yqui leur font tmpofibles i Ù voui fupplie très -humble- ment yles affairer de nouueau , que fa Sainfteté leur a permis de feconfefferàleurdit Confe/feur ordinaire, & ouïr Meffe > & rcceuoir le SainSl Sacrement de l' Autel t cr mefmes celuy de l' Extrême Fnffionjn cas debe foin. Et par ceque nous approchons de Pafques, Vous m' obligerez infiniment , de leur donner cefle confolation au pluflofl. De Venife,ce 24. Vefiretra-b^mhle &trcs-ajfciïionnè Maw,i6o7. fauitcur. De Frejne Canaye. ARGVMENT. Partmentde Monteur le Cardin al de loyeufe^pourallerà Rome .Rtffttt des Vénitiens enuers le Roy. Le Marquis de Caflron , à Veritft. A MONSEI G NEVR LE CARDINAL DV Perron3ArcheuefquedeSens, & Grand Auniofnier 4c France. A Rome. O N S E I G N E VJRj Ce mot fera plus , pour vous rendre tres- humbles grâces , du foin qu'il vous a pieu auoir de moy , pendant mes douleurs , Se vous alTeurer de ma conualefcence que pour vous rien sdire de nouueau , puis que MonGeur le Cardinal de Ioyeufe NE G OT! AT ION S. Uv. Ht. 7** cft party d\cy , dés lanuid , en intention de fe vendre a vous , auifi rtoft que ceft ordinaire.Si me refîoiii.ray-ieauec vous,Monfeigneur, que celte République ayt voulu rendre aux yeux de coûte la Chre- ftiçté, va figi adlcillultretefinoignàge du refpect&cô fiance qu'el- le porte à fa Maiefté , &ducas qu'elle fait de Tes bons offices. le fou- haitte qu'il plaile à fa Sain&eté, en faire autant. Car de s'imaginer quetoutiereftedu monde puifTe obtenir vnlota, dauantage que ce que vous porte mon dit Sieur le Cardinal, c'efl s'abufer exprès', pour ouurir la porte à vne Iliade de miferes& confuûons. Le Mar- quis de Caftron arriua hieraufoir , Se ce matin il a eu audience fe- crette , à caufe qu'il n'auoit pas fon train. le n'ay veu encore perfon- ne , qui m'ait peu apprendre ce qu'il apporte , linon qu'on veut qu'il foit precurfeurduDucdeSauoye, & qu'il fait eftatde s'acheminer à R.ome, au pluftoft. Mais il ne faut point douter, que ces Seigneurs ne fefoier.thaftez exprès, pour preuenir l'entremiiedudit Duc, la-* quelle les Efpagnols mefmes , n'approuuent aucunement : de forte que fi les ombrages, qu'il fçait qu'ils prendront de ce voyage, ne l'en deftoument 3 il faut conclure qu'il y dt pouffé par quelque fe- crette paiTîon, dont il nous faudra tafeher d'obferuer les accès. Pour moy ,iedirfereray à croire fa venue, iufquesàce que ie la voye, tanti'y trouue d'oppofîtions. l'efperevous en parler plus certaine^ ment, par mes premières. Et cependant, ie prie Dieu, M 0 « s e 1 g n e v R , pour voftre faute & profperké* Depuis auoir fermé ceUe que i'efày k Mçnpeur ÏAmhaffaâeur, ïay feu que le Marquis de Caftron, ayant fait entendre à ces Seigneurs y comme l'Empereur l'auott député 3 auecle Duc de Sauoye , pour s'employer à cefi accommodement y a prié d'eftre informé de l'eftat des affaires. Surquoy fa Sérénité luy a refpondu, que fa propofuion feroit rapportée au Sénat , ey* ne luy a parlé que fort généralement : & ledit Sénat me Vient prefentemsnt^ de faire dire par V» Secrétaire , que deft tout et qui s' eft pajîé en fort audience , &> que ie Jeray auerty de U rej}onfe que luy fera le Pregadi : dont k no. L ES AMBASSADES vous frffliç vouloir faire par ta, mon- dit Sieur ÏÀmbaffa- deur,gr mefrnçs ajAonfteur le Cardinal de Ioy eufe , Re V enifc , ce 17.- Vçfre trcs-kumbte & trts-affettUnnè Mars, 1607.. feruiteur, Pis.. Frisnes Canaye^ A R G VM.E N T. llffcrit au Roy^ce qit il a opéré <> pour préparer le Tape* (otu main3 kem- brajfer ce que Monfïeur. le Cardinal de l oyeufe prefentera Âejfcnticl à fa Sam fia é},enf affaire de,s Vénitiens.., . AV. ItQY HENRY LEj GRAND., Jjjïb} Lanouuelledelavenuë de Monfîeùr le Cardinal de. „t\3**Ç^ Ioyeufe, auec la conclufion dje l'affaire de Venife , a-rem- £ly4efprit du Pape, &: les coeurs de cefte Cour, d'vneioye incroya-, Blé j &d'vne iBerueilieufebienueillance enuers voftre Maieftev Monfieurl'Ambà'flàdeur fut hier trouuerfa Sain&eté, laquelle luy en firdede;n>nft rations ■d'ayfe,nompareilles.;Neantmains, d'au- . tant que nous craignonsrqu'encore que Monfïeur le Car dinal\dc Ioyeufe apporte bien dequoy- contenter fi Sainteté., aux chofes efleniielles ^.toutesfois il n'y ait quelques conditions particulières, fur quoy elle ne pqiffe pasauoir du premier coup,tout ce qu'elle de- fircinousauons^efté d ^ duisdela faire préparer fous main ,,à ern- braffer ce que Monfïeur ie.CardinaLde Ioyeufe luy prçfentera d'ef- fentiel , auec vne pleine 8c. entière demonftratjon defaiisfa&ion,.* fans sarrefter à puntiller à ce commencement, fur les particularités. qui ne font point de l'eiTericc de l'affaire , û tant eft qu'il en relie quelquvne, qui nayt peu encore, cftre obtenus ; fe remettant fa Sainâeté à l'obtenir en la fuittee& aif progrès du trait* é » lors-que les efprits feront addoucis,&: que le feu aura efté ofte de la playev Et j&our ^oftecaufe , auec laduis inftance de Moniteur l'Ambafla--.. ET NEGOT TAXIONS. Liv. Hf, ^ .efeitr, i ay enuoyé prier le Cardinal Baronjus, de me venir voir ce matin/oiis prétexte de mon indifpoiition, §c l'ay difpofé à deman- der vneaudience.au Pape, fur vnatitre&ibiet pour hcquelie feauois- qu'il auoit à parler à fa Sainteté l'ay prié d'y attacher à Ja fin, vne, congratulation de la venue de Monfieur le Cardinal de Ioyeufe, Pc vne exhortation àfa Béatitude, dembraner ce qu'il luy spportoit- d'efrèntiel,auec vne entière démonstration de fatisfacfcion;. luy per- fuadant, que de cefte première apparence de contentement , toute laChrcitieatéiugeraquefaSainttetéauraobtenugain decaufe, Se victoire planiercpourTEglife : au lieu- que fi elle s'amufe encore à reftiuer & capkuler,quoy qu'elle accepte puis après ,-on c roirâ tou- ncurs,qu elle fera venue à ce point, nen defon gré,inaispar impuif-. lance de davantage. Monfieur l'Ambassadeur, 8c moy, anons ay/fi eftéd'aduis>querArcheucfque d'Vrbinayt fait. faire le mefme of- :fîee,parvnfiencoJîfident,quieft le Procureur gênerai des lefukes, par lequel auoient défia efte faits quelques offices^cy- deuant3 auprès de fa Sa n&eté,en femblables matières. Quant au.fait du Duc de Sauoye, Se du delTein de fon voyagea Venife 8c à Rome, Se de l'ad- mïs qu'il en a donné à fa Sain £teté:&: quant aux autres chofes, qu'il a mandées icy àfon Amba/Tadeur ^ le fay eftat que monfieur l'Am- ;bafladeur en entretient voifcre Maiefté , fi amplement , cju'il ne ro§ trefte qu a prier Dieu, S I R. E , qu'il la conférât en tout comble de félicite. D. V. M. X)e Rome,ce ic. &e tres-humUe& ttes-dyjjantfiiet Mars, -160.7. & fcrutieur> I. Ca-kçimal dv Pe*.*©*, ARGVME N T. gue la nottueHede U ventre de Monfieur le Cardinal de Ioyeufe , remplit toute Rome d alicgrejfe , & de beficMitiQns dtt nom de (a, M 4- iejlé, Zzzz ij LES AMBASSADES A MONSIEVR DE PVYS1EVX , CONSEIL- 1er & Secrétaire d'Eftat, En Court. MOnsie va , Nous femmes à la veille de noftre Fe- fte:car nous efperonsauoir icy>demain au foir,ou après demain -, pour le plus tard, Monfieur le Cardinal de I.Oyeufe,auecla conclufion de l'affaire des Vénitiens. CeftenouuelleeftàRome,la*nouuelledes nouuelles, qui remplit toute celle Courtjd'àllegrefTejSc de benedictions,du nom defaMa- iefté.Nous en attendons le dernier feau,auec impatience; &: ce pen- dant prions Dieu, MONSIEVR » vous auoir en fa fainde garde, Dse Rome , ce to.-, Voftrt très ■ ajfe&ionné ferait eur. Mars, iéo.7. I. Cardinal dv Perron. A R G V M E N T. ; kêfcatyc l vn des fiens^ ati dmint de U^fcur fe conio'ùir de f venue A MONSE1GNEVR LE CARDINAL DE ïoyeufe. . M On s e ignevr, . I'enuoye ce porteur au deuant de vous , pour vous I baiferlesmainsdemapartj&me eonioiiir-auec vous, . de voftrc heureufe venue. l'eulTe pris la hardieflTede vous coniurer d'honorer mon logis,de voftre defeente, n'efloit que icuffc craint défaire tort à Monlieuf l'Ambaiïadeur , qui m'a dit aucir défia receu promeffe de vous , que vous luy feriez l'honneur deîogerchczluy.C euÛefté vne grâce, qui m'euft efté extrême- ment chère , l-c que i'eufTe contée entre mes meilleures fortunes. MàisfiiencpuisceceuQir vn fi grand bien , pour le moins icioûi- ray i Dieu aydr.nt, de celuy que tous vos feruiteurs attendent, auec ïfrjp^rience,^eftdeparticijper au contentement de vous, voir arri- ET NECOTI ATIONS. Li\>. lll ?ij uer glorieux & triomphant,de voftre négociation. le prie Dieu que ce foit auec tout l'heur , Monseigneur, que vous fouhaitte, De Rome,ce 2.3. Vojlrt très -humble & très- ajficf tonné Mars, 1607. (eruiteur: I. Cardinal dv Perron. ARGVMENT. Son Altcjfeî ayant aduerty àe fa ncuuelle alliance 3 & continuelle affe- éiion» il luy en rend grâces tres-humhles. A MONSIEVR LE DVC DE BAR. On s 1 e vR , L'aduis que l'on me donna, lors que iereceu les lettres qu'il vous a pieu prendre la peine de m'eferire, que voftre AîteiTefedeuoittrouuer«niBaptefme de Monfeigneur le Daufin, Hie mettant en doute du lieu de voftre feiour,iepenfay deuoir dif- férer iufques à voftre arriuée en Cour , pour me conioùir auec vous* de voftrenouuelle alliance , & vous remercier de l'honneur, que vous auez eu aggreable me faire,de m'en aduenir. Mais ayant fçeu depuis , que voftre AltefTe s'eftoit difpenfée de ce voyage ; il m'a femblé qu'après auoir attendu fi long-temps , à m'acquiterde ceft office, iedeuois encore attendre qu'il s'en prefentnft quelque occa- fion , dont la dignité du fuhiet peuftfuppléeraudelay que i'aurois pris pour ce regard. Ceft ce que ie me promets de M oniieur f EUef- cjuede Verdunjpade retour duquel, ie viens à vous rendre grâces tres-humMes , decenouueau tefmoignage de voftre affection en mon endroir3queiedefireroispouuoir recognoiftre par quelque ef- fet de ma. deuotion à voftre feruice , pluftoft que par de fimples pa- xoks. Iem'y referue 9 lors queiç feray honore de-vos commande- y& LES AMBASSADES ment'.lefqueisïevoosfïipplie nie départir, pour comble <4s EgHt dFamics faueurs De Rome.,ee>?. Vajlre tres-httmble O tres-affeBimné Mais, j£a~ fcrmtatr. I. Cardikal CV PER&.OH. A R G V M E N T. JP/V« Aggreable aux Ttércs%yue h guerre en Italie. A -M O N S E l G N. E V R LE CARDINAL JD V PERRON, ..A-Rorae. MOnseignevr, Nous n'auons de prefent, nulles nouuéîles.-totit dort icy , attendant ce quireiiiïîradela paix de Hongrie. Nous croyons que ce ne fera rien ; toutesfois ce> gens s'y attendent encore vn peu , &c croyent que ce qui retarde 1 Empe- reur delà conclure , cft attendant ce qui fera de l'accord que vous traittez,pourlafaire,s'ilfe rompt, tic pour en rompre le traitté . fî vous l'accordez r &c'eft ce que l'on leur peifuade,rien ne leur ag->" gréant tant, quedecroirequela guerre efclatera de voftae cofté> efperantque ce fera vn grand remède à leurs maux , comme fans doute , ceferoit: Car filaguerrede Hongrie leur dure , tous dif- coursnepeuuenteltre qu'à la ruine Attendant ce qui en fera, ils ne refoluent rienv& le beau temps vienr,qui nous fera voir , à mon ad- uis,où pancheront les chofes.Ie vous tiendray aduerty de tout, puis qu'il vous plaift ainii,& à toutes occafions. le vous requiers de croi- re, que nul du monde ne fe portera iamais de meilleur cœur , à tout ce qui lera de voirre feruice. Honorez moy de le croire ain- fi , Se de la continuation de voftre bonne grâce > que ie tiens ET NEGOTI ATIONS.^ Liv. III. 7n chère , à l'égal de ce que i'ay de plus cher , citant plus que nul autre du monde, MONSEIGNEVR, Aux Vignes de Fera, lez y offre plus -humble 6" (itftttionm- Conftantinople,ce feruiteur. 29. Mars, 1607. Salagmac. A,R G V M EN T. Sa lettre au Rey, du ^. Avril Ï1607. imprima 'dans -fi s diuerfes Oc (turcs donner a ample in/lrufîion du contenu en celk-cy , quin'cjl quvnjom- maire, & abbregcde/on audience du Pape y en la-qutlle , après deufr heures de combat, fur quatre ou cinq difficultés, qui feprefentoient au traittèdes Vénitiens ; ilrecucillii & rapporta finalement, de la bon che de Ja Sainteté , ï entière rejolutiov & conclu (Ion de f affaire. èi MONSIEVR DE FRESNES CANAYE, Confeillerdu Roy, en Ton Confeild'Eftat, & (on AmbaiTadcur. A Vcnife.. On sievr , le vous remercie du refTenriment qu'il vous a pieu auoir démon indifpofition. le fuis aprofi, auecl'ayde des Médecins , à m'en tiret., par le moyen d'vne diette. Il ell vray -que Dimanche , il me la fallut rompre, à caufe de la refolution , & prière , que me fi- lent , Monfieur Je Cardinal de Ioycufc, & Mcflîeurs lesautres Cai> dinaux François , defortir ceiour-là,duli6tl&delachambre 3 pour aller eflayer de combatre & vaincre l'efpritdu Pape , fur quatre ou einqdi/Hcultez,quifeprefenroiéten la conclufion-de l'affaire. Ceflc foitie m'a. fait renchoir en, vn eftat beaucoup pire , quaupara- uant. Il eft vray que ie n'y ay point de regret -, grâces à Dieu : daifc- tantque lachofefe pafia heureufernent,&: fi heureufement, qu'a- pres deux heures de combat ie luy fis franchir la di-fficulté des ïefuites: &: le fis outre cela , refoudre de «mettre entre les mains de Mondaine CardinaLdcIoyeufe, le Brefduleoement descend furcs, pourleporterà Venîfe.-quieft chofe, en quoy nous auons lauantage entier , furies Efpagnols,5cà laquelle* il fit vne^mer- ~79ê LES AMBASSADES Meillcufe reiîftancc , alléguant ,. qu'il eftoit de l'honneu r de PEgKfev «juel aditea&ion,deleuerlescenfures,fefiftà Rome. le le fis au£E contenter de deux ou trois autres conditions, qu'il conteftoic , Se queic vous eferiray vne autre fois: Si en fomme , recueil ly , 6c rap~ portay defarxïuçhej'entiererefolution,^ conclufion de l'affaire. Quantàt'Euefque de Padouë,ila eutort.Carieluy dis , comme les chofes s'eftoient paffees auec le Pape , pour le regard des Religieu- ses, afçauoir, en la forte que ie vous l'ay eferic Mais elles n'ont plus à s 'en mettre en peine. Car entre-ey.&: Pafques , la confolation fer* générale, pour tout l'Eftat de la Republique. le vous prie vfer de tout cequedelÏMSjauccvoftrefecret&difcretipaordinaire : Se me tenir, Monsievr, pour .De Rome, ce i?. Vojire affiEIionnefouiteur^ Mars, iéo>j. î. Cardinal dv Pe&rqh.' A R G V M EN T. .llseftoit conlouy auec (m dfftejfîJeU naijfanct de Monfeïgneur U Dm . d" Orléans : jjtrquojr elle Im . • . - . . xe honorable réponfe. ALL'ILLVSTRiSS. ET REVERENDISS, 5IG. Mio ColendifT. Il Sig. Cardinale del Perrone. Roma. ILLVSTS.ISS. ET REVRRENDISS. MoNSIG. MIO CoLENDJSS-î O potetti comprendere il comento di Voflra Signoria Illuflrifîtmdfer conto del parto m *p~ chiodïlld Regina>nelmedefimo tempo che me negmnfe la felicifîima nuoua) attefo ïinttrefje che ha Voflra Signoria f UHflrifîma}nelle prof- peritddicfucl R,egnoyoltredl%jlo délia fuapieta verfb il publiée hene deUa QhrijlUn'm. Onde non era necejjarioch'çlla me ne fa- <"# ET NE GOTlATîON S. L i v Ht n y ceffè dxm)firadone jonche eUa fi hdueffe a fcufxrmtco y ày hatm îdrdato Xfarla. Macomequefloèeccejjc délia fia allègre zfta* c^Jt anche è jlato four abbondan^a délia f waffettionatifîima cor- tefia Verfo di me , jxr quello che hc potuto conjtderare ne motïui délia fuaamoreuoliffimacongratuUîione. Etrendendole fer cio io,j>ercjuelche tocca a me , le douutegratie , concorro anche nella generadtà degli al tri, in fom namenic lodare la fia Jïngolar bon- tà: lehacio di cuore , le manu Di. V. S, ILL. ET REV, Di Ptfa> li 3 • AfFertionatiflîmo feriiitore." Annie , 1607. Il Gran Dvcadi Tosc\na( APVERTlSSEMENT. Leslêttïes qu'il dit eferire au Roy, font inférées dans fes Opufculôf. Ecpourtant, ce mocquilesaccompagnoit, n'en, fera liiiuy ny piecedô, afin que du meflange des choies qui ont efté veues^'on iiepuiiî'ej^ etendre ternir la fleur de ce nouuel œuûre. A R G V M E N T. TruiBquildeJtredtfon entre mife pour t accord ân Pape & des Vcni- ttens. AMONSIEVR DE VIL LEROY, CONSEILLER & Secrétaire d'EÛat. En Cour. SKP^SÎ O n s 1 e v r, Te remets à Monfieur l'AmbafTadeur , à vous ÎKS^E entretenir plus particulièrement , fur la negotiation de aBs^SI Monfieur le Cardinal de Ioyeufe}& de luy,pour achemi- ner l'accord du Pape,auec les Vcnitiens:&: vous laifle à iuger, par le a A a a .1 738 LES AMBASSADES fucccs de l'arîaire>auec combien de foin & de dextérité il s'y eft cô~ porté.Si parles lettres que i'efcry au Roy,vous iugez que mon en- tremife ayt contribué,quelquechofe,ài'aduancementcle ceft affai- re j le n'en defire point d'autre Fruit , après le bien duferuice de fa Maiefté,q,ue îe contentement de vous auoir continué le tefmoigna- gedemon affection, en fa perfonne ; Comme ie vous fupplie de croircqueieferay encoreyen toutes fortes d'occafions,oùie penfe- ray pouuoitferuiràla gloire Scàlaregutationdefon Ambaflâde & de continuer aufli, à me tenir a Monsievr, pour De Rome , ce f. V 'ofl'rt très- ajfcEîionrié fërutteur. Aunlj 1607. I. Cardinal dv Perron. A R G V M E N T. gue f inàuftïit ,auec laquelle a cs/é ' trait tée la negottation des- V enitiens^ donne 'vn ?neru(Hleux crédit & réputation à fa Mâiejîé. £ MONSIEVR. DE PVYSI'EVX, CGNSËIL- 1er & Secrétaire d'Eûat. En Cour. O n s s e y r , M'onfieur Te Cardinal de Ioyeufe, Se Mèn- fieurrAmbafTadeurvous informeront fi amplement, de cequis'eft gaffé endette Cour, depuis le dernier ordinai- re,toucfiant l'affaire des Venitiens;que ce ne feroit qu'v- fer de reditte,de vous en.entretenir daiuntage. l'en efcry vne affes- longue lettre, au Roy, qui m'empelchera encore,de vous dire autre chofe,finon,que.rinduftnc auec laquelle a e/bé traittce cefte negor tiation,donne vn merucilleux crédit & réputation à fa Maiefté , par deçà,quiluy pourra beaucoup feruir,en toutes fortes d'affaires , Se dontl'honneur qu'elle a acquisjefticy iugé incomparable. A cela i'adiouftcray vne nouuelle affeurance de mon affe&ion à vous: faire: ieruice,que vous prendrez pour g^ge,queie fuis, M O N s I E V R , De Pàiis, ce y. Aunl, 160.7.. Vojîre tffcclier.vé ferutteun. ET NEGOTIATIONS. Lty. III. 739 A R G V M £ N T. apprenant tous les tours, les nouvelle* obligations 7»r ce Seigneur ac- quiertfur luy , il continue à luy en faire de nouueaux remerciement*, aufquels il adioujle fa part des acJions degr.ices,qui luy font générale- ment de uê s , pour kjoin qu'il apporte à l'aduancement de l'Egltfe de Dieu. A MONSIEVR DE SÎLLERY , GARDE DES Seaux de France, En Court. O n s 1 e v R , Combien que ie vous ay e çfcrit depuis peu, pour vous remercier de tant de bons offices , que vous auez eu aggreable de me rendre par cy - deuant : neanrmoins apprenant prefque par toutes les kttres queiereçoyde mon frerc , que vous acquérez tous les iours, quelque nouuelle obligation fur moy :ie ne ferois point co- tent de moy-mefme,fi ie ne contînuois aufli à vous en faire de nou- ueaux remerciemens.Ce me fera donepour vous tefmoigner dere- chef, ma gratitude ,5c combien iedefirerois lapouuoir accompa- gner de quelque fignalé feruice. l'adioufteray encore à cetefmoi- gnage,ma part des grâces qui vous font dn.ié's généralement , pour le foin que vous auez, del'aduancementde l'EghTede Dieu , &r le zele que vous y faittes paroifrre. I'ay reprefenté à fa Sainteté , ce que mon frère m'en a eferit plufieurs fois , dont elle m'a monftrc beaucoup tant ie me confie enfa candeur, Se enfon amitié. le vousfupplieraymecôtinuerla voftre,auec vosbônesgra- ces. 'e cominuëray le defir& intention quei ay de long-temps , de vous honorer Se feruir , pour demeurer à iamais, Monsiev^) pour A Fontainebleau, ce 13. î'ojlre bien-humble & plus cjfiQionné Auril, 1607, Jeruitcur. B r v L a r t .. A R G V M E N T. yyîrriuée de Uonftemk Cardinal de loyeufe , a Venife, Kent lies difficul- té*, de la République , fur les conditions pr< fi rues par fa Sain cl été : & prière de continuation de faneur enuers tllc. A MONSElGNEVR LE CARDINAL DV PERRON. A Rome, MONSE 1GN E VR , le n'ay point eu iufques icy , occafion de vous rendre pluftoft conte de mon arriuée en cefte ville, la- quelle a efté , Dieu mercy , fort heureufe , n'ayant mis que cinq iours en tout mon voyage, I e n'ay pas rrouué ces Meilleurs en auflî bonne difpofition de faii e leur profit de l'occafion que nous donnoiem ces bons tours icy ,d'acheuer entièrement cefte affaire, comme ie l'auois efperc ; Cai ils vont tous les tours, faifams de non- uellesdifficultez.fur les conditions que fa Sainteté m a preferittes, comme vous pourrez îçauoir » par ce que 1 en eferis à Monficux Aaaaa iii 74* LES AMBASSADES l' Ambafladeur. A quoy me remettant, ie ne fcray que vou.< prier de continuer à me fauoriferenuers faditteSain&etc , en luy donnant fauorabletefmoignagedu delîr que i'ay deluy rendre,en cefrcoc- cafion,&: en toutes autreSilatres-humbleobeiiTance que ie dois à Tes commandemens. Sur quoy ie vous baiferay tres-humblement les mains, &c prieray Dieu , vous donner , M o n s e i g n e v r , en ûinté , heureufe& longue vie. De Venife, ce V ope très affectionné fouit cta± Anril,i6c>7. r I. Cardinai de Ioye vse, A R G V M E N T. ilïauoitpas receu U précédente, quilluy efcrit cefle-cy.ponrlny dire que faprudence,&la benne main qùtl a en tontes [es entreprises , ne luy Liijfe aucun lieu de douter du bon fuccés de fon œuure. A MONSEIGNEVR LE CARDINAL DE Ioyeufe. A Venife. W&M Onseignetr, Ce mot fera pluftoft pour me xonioûir \ISKlf auec vous, dftbonfuccés;queie me promers que Dieu vous aura donné en perfection, de voftre cëùure, que polir vous le fou- haitter: Voftre prudence, Se la bonne main que vous auez en toutes vos entreprifes,ne me laiifant aucune occafîon de douter, que tout ne vous foit reûflî heureufement.le lanTeray donc ce difeours, pour vous augurcr,à lamode de Rome , les bonnes Feftes , &: vous fup- plier de continuer à me tenir , MoNSilGNlVR s De Rome, ce ij. Vejke trei-humblt& tres-affeBionné Auril, 1607. feruiteur. I. Cardinal dv Perron. A R G V M E N T. Les de uo tiens de F a fanes l aywt empefché de luy pwuùr faire vne ■ ET NEGOTI ATïONS. Ljv. III. 745 ri Ut ion particulière) de ce qtiil au oit contribué , pour la decifiendu dijfereni dts Vénitiens* llluj enuoye vne toppie de lait fin quiiesi* e/crite au Roy. A MONSIEVR DE FRESNES CANAYL, Confcillerdu Roy, en Ton Confeild'Eftac, & Ton Ambafladeur. A Vcnifc. MOnseig nevr , Ayant veu le foin qu'il vous plaifl auoir, de fçauoir ce peu que i'ay contribué en la conclu- fion de l'affaire quevous auez fi prudément conduit par tant de mois ,1a où vous elles ; I'ay penfé qu'il v.illoit mieux vous enuoyer vne copie de la lettre que L'en efcriuy au Pvoy, par le Gentilhomme que Monfieurk Cardinal d!e ioyeufedefpeC- eba , en partant d'icy , vers fa- Maieftc , que de m'amufer à vous en faire vne autre relation -, veu mefmement , eue i'occuparion de ces derniers iours dedeuotion , ne m'en donnoic pas grand loihï. le vous enuoye donc vne copie de ladite lettre , quci'efcriuy en grand hafte , c'eft à dire , en moins- de demy iour , à caufe de Rnfbnce que ledit Gentilhomme, que Monfieurle Cardinal de Ioyeufe auoic Jaifféicy ,poiu- prendre ma dépefche, me faifoit de l'expédier. Ce qui me contraignit d obmettre prefque toutes les raifons quei'auois reprefentees à fa Sain&eté , excepté , fur Iepremier article : n'ayant pas eu le temps de rédiger les autres par efcrit;&: n ornement ..celles queieiuyalleguay ,fur le combat que i'eu auec elle pour obtenir qu'elle confignaft le Bref à Monfieur ;e Cardinal de Ioyeufe. Mais ilfe prefenteraquelqu autreoccafion de vous en faire vn plusampls difeours. Ce pendant , ie vous prieray , de toutemon affection, quç k copie que ie vous enuoye , demeure s'il vous plaifl: , fecrerte entre vous & moy> & que perfonne r>'en oye parler. Et aufurplus, ccriray dés cefte ordinaire mefme , à fa Maiefté, pour l'exhorter a vons rap- pel! Ljr, auec honneur &:dignité, du lieu où vous elles, après l'y auoir û dignement -feruie ; & donner par voftre exemple , courage aux antres, d'en faire de mefme. Ce fera finon auec autant d'effet, pour Je moins auec autant d'affe&ion, qu^fcauriezdefirer, M 0 N S IE VU dcx De Komt, Auiti! v .i'07. Vofire afpclionné férxttettr* L. Cardinal cv Ters-oi*. L E S] [A M E A S S A D E S A R G V M E N. T. J^tl nefîricn (ttruenu £c noitueai* ■> depuis le parument de Monfieur It Cardinal de l oyeufe peur s'en retourner À Venifè% Seruices & mérite, de Honneur de Fre/nes Canaye , recommandez. AV ROY HENRY LE GRAND. I R E, Depuis les lettres que nous efcriuiftnes 1 voftre Maiefté , par le gentil homme que Monfieur le Cardinal de 1 oyeufe luy def- pefcha,en partant d'icy , pour s'en retourner à Venifeul n'eft rien furuenu de nouueauen ceite Cour , qui mérite de luy eftre repre- fenié.Nous fommes de iour en iour, fui l'at- tente de ce que Monfieur le Cardinal de I oyeufe aura faitlà,pour la perfection de (on ouurage On tient icy, que peu après l'acheuement de l'affaire , Monfieurde Frefncs s'en retournera trouuer voftreMaieftc. Cela me fera prendre la har- dieffedeliiy dire,que s'il luy plaiftle recueillir, ar.ee quelque tef- moignage de l'eftime de fon mérite, &:desferuices qu'il luy a ren- dus pendant fon Ambaflade à Venife ; elle fera chofe , qui fera de bonne odeur en cefte Prouince, ou il a acquis vne grande réputa- tion de bonté &c fufKfance,& où l'on fera tres-aife d'entendre, qu'a- près auoir efté employé, & auoir fi dignement feruy en vne tant honorable charge,S£ en affaires de telle importance ; il ne demeure point inutile , Se à yoftre Maiefté1& au public, &c à foy mefme. Ic prie Dieu , SIRE» la conferuer longuement, cirtout comble deprofpcrïté*. D. V M. DeRome,ce 17» Letres^bmnble&tret-obeyjptntfuiet & A uni, 1607. feruiteur. LCardinal dv Perron. ARGV; ET NEGOTIATIONS. Liv. III. 745 ARG V MENT. îlk requiert infiamment, de donner force & vertu, f<# fon intercefiiw* à ce qutlefcritau Roy en faueurde Monfieurdc Frefnes. A MONSIEVR DE VIL LEROY , CONSEILLER & S ecretaked'Eftat. En Cour. MONsiEVR,La paît , que Dieu me fît la grâce d auoir en la conuerfion de Monfieur de Frefnes,8d'honneur que vous luy fiftes,deluy procure^apresfaredu&ion, l'Ambaflàdede Venife , me donneront laflèurance de vousprierdelefauorifer,auretourde AmbalTade, auprès de fa Maiefté , afin qu'il ne demeure point inutile , &: fans employ , mais obtienne par voltre faueur, de pouuoir eltre honoré de quelque charge , qui monftre que fa Maiefté tient conte des feruices qu'il luy a rendus , toute fa vie. I'aypris la hardiefTe d'en écrire vn mot, à fa Maiefté , auquel ie vous fupplie, parvoftre interceflion , don- ner force 8c vertu. Quant aux affaires de Rome, n'eftant rien fur- uenu de nouueau , depuis le département du Gentilhomme, que Monfieur le Cardinal de Ioyeufedefpecha cesiourspaffez,au Roy, ie n'allongeray celle letrre , que de mes anciénes 8c ordinaires pro- teftationsdeferuice. C'efhoufiours redire vnemefmechofe, mais auflî defiray- letoufiours :que vous me faciez l'honneur de croire queie feray éternellement, MoNSIE VR, DeRome,cei7. Vxtjlre tres-affeiïion* Amïlj iCoj. femiteur. L CAR DTK AL DY PbtR J.GN, ARGVMENT. Monjîcurt ' Ambajfadeur de Venife luj fre fente M ef leur s (es fis par et mot. B bbbfe 7A6 LES A M B A SS A D E S A MONSEIGNEVR LE CARDINAL "DV PERRON, Accheuefque de Seas, & Grand Aumofnier de France. A Rome. OSSSIGKE V R , Pfeuoyant que ma vie fera trop briéue,pour m'acquit- terduferuicequeie yousdoy ; gc délirant que mes en- fans,deuant que partir d'Italie,ayent l'honneur de vout affeurer de la bonne volonté qu'ils ont,defe porter héritiers de xartz d'obligations , dont ie vous demeureray àiamaisredeuable,- le les vousprefente, par ce mot de lettre, &c vous fupplie très-humble- ment., les vouloir receuoir en voftre protection & bonne grr.ce, comme yflus de pere & mere,qui ne leur recommandent rien tant, quedeseuertuer a s'en cendre dignes, L'aifné choihtla profeOion des armes , &cy femble allez né. Les deux autres ont allez bonne inclination aux lettres, Ils me promettent tous, qu'ayant eu l'hon- iieur de vous baifer les rnains.ils auront tant plus de courage d em - ployer fi bien leur ieunerTcqu'ilspuiflent vn ioureftré trouuez ça- pables de quelque place en yoftre feruice. Si fans vous incommo- der,ilspeuuentefrre introduits à baifer les pieds à Ht Sain&cté, en voftre prefence,ce me fera vne lïn.guîiere faaeur,ne pouuant délirer vnplus puiiîâtmoyen,pour leur acquérir Ta bénédiction , que de luy cftreprefentez de voftre main.Te ne voudrois pas toutesfois , qu'ils acquirent ceft honneur,auec preiudice quelconque de voftre com- modité.Il leur fuffira donequ'il vous plaife.prendre la peine de leur lommander ce que trouuerez bon qu'ils facent, tant en cela, qu'en, toute autre chofe. ^Mafemme,&: moy.&noftre fille, vous bailbrcs très- humblement les mains,priant Dieu vous donner , M 6nse3gm£v^ tres-heqreufe 8c longue vie, M onf ngneufy  la prière d'vn mien Compère £r bon amyjt *tms fupplie tm-humblement , luy obtenir la licence de fa Sain- Beté}de faire bénir Vne fienne Ch appelle, fuiuant le mémoire que nton aifnévotis prej entera, De Venife,ce z9. Vope très- humble & tres-obeiffant Auril,i<$cy. fauteur. Dê Fresnes Canaye. ET NE GOTIAT IONS* Liv. lit 7AJ A R G V M E N T. Vne vanité de De» Franeefco de Ct/lre, eÇdaircie, A MONSIEVR DE FRESNËS CAN AYEJ Confeillerdn Roy, cnfonConfeild'Eftac, & Ton AmbafTadeur. A Vçnife. Onsievrj Les vânitez de Don Francefcone per- fuaderont pas à ceux qui ont des yeux,ce qu'il pretêd. Car pour le fait des Iefuites,tant s'en faut qu'il euft ob- tenu du Pape,ce qu'il dk,qu'aucontraire,il manda icy à fa Sainc"teté,deuxiours après l'arriuée de Monfieur le Cardinal de Ioyeufe , que fi elle vouloit tenir bon pour les. Iefui- tes,il auoit dtfpofé les affaires à Venife,en forteque fans doute ils fe- roient reftablis. Et la refponfe qu'il dit auoir eue du Pape , en faueur du Roy d'Efpagne, que fa Saincfceté n'en feroit point d'inlïance, il n'a publié l'auoir eue de fa Sain&eté,que du Mardy 3. d'Auril : Sc ia,- uoiseu defaSaincteté^ésle Dircanchepremierd'Auril, celle que vous rairez veuë,par ia-^opie que ie vous enuoyay la femaine paiTéc, dos lettresquei'auois efcrites fur ce fubiet,au Roy. Quant à l'inftru- 6lion,qucMonficurU Cardinal de Ioyeufe vous a monftrée par ef= air,de fa Sain3eté1'iecroy que vous aurez fçeu , qu'il y auoit vnfe- cret ritentum curi& , conforme à tous les points que i'arreftay le Di- manche premier d'Auril,auecfa Saincteté.Eipour ce,ie ne m'efte- dray point a vous entretenir dauantage fur ce fubiet. Seulement vous diray- je , que ie vous enuoy e vn double des dernières lettres que i'ay cfcritesau Roy, &àMonficur de Villeroy, par l'ordinaire de cefte femaine, pour les exhorter à vous traitter, au fortir de cette AmbaiTade,felon l'exigence de vosmerites.Et fur ce,ie prie Dieu, M o n s 1 £ v r, vous auoir en fa fain&e garde, De Rome, ce zi. Vofire afftft tonné fcruitenr. "Auril, 1607. ~- Cardinal dv Perron, Ebbbb ri LES AMBASSADES ARG-VMENT. Sonne nouuelle des affaires de Venife. A MONSEIGNEVR LE CARDINAL DV PERRON* A Rome. MOnseignevr, Dieu nous ayant fait la grace,de met- tre la dernière main à ces affaires; ie vous en ay voulu donner aduis par ce gentil-homme, que i'enuoye ex- près à Monfieurd'Alincourt,arin qu'il en donne nou- uelle à fa Satn&eté. le ne vous efcris rien fur les particularitez de cette negotiation,m'en remettant à c.ç que vous en pourrez appren- dre de monditfieurd'Alincourt. C eft pourquoy,ie ne feray que faluer tres-humblement,vos bonnes graces,&: vous renouueller les vœux de mon affeftion à voftreferuiceien laquelle iepricray Dieu3 vous donner, Monseig n evr, en parfaite fante',tres-heureufe & longue vif. De Venife, cen. Voftretres-humbkferutteHr, Audi, 1607. I. Cardinal »e Ioyevsb. A R G V M E N*T. Par commandement dit PapCiilluyreneHuellclamemêiredece que luy a tferit fa Sainteté tà laquelle tlle prie aujTi^d'enuoyerïes K^îtlcs de fan iraitté. A MONSIEVR LE CARDINAL DE Ioyeufe. A Venife, Onsbignevr, Depuis la lettre que ie vous efcriuy hier au foir,le Pape m'a cômandé de vous efcrlre ce mot, enco- [ re par ce courrier,pour vous renouueller la mémoire de ce qu'il vous efcriuit , & fit eferireau mefmç temps , par Monfieur ET NEGOTIATIONS. Liv. III. 749 l\Ambafradeur:&devousprier^uiTi,deluy enuoyer par efcric, au pluftoft, les A des que vous luy auez donné intention de luy deuoir enuoyerjafin que fa Sainteté face fçauoir en Confiftoire , ce qui s'eft pafle en cefte arîaire-.n'eftimant fadite Sain6~teté,le pouuoir fai- re,auant que vous luy ayez enuoyélefditts Actes.Etn'eftantlapre- fenteàautre fin,ie l'acheueray, par prier Dieu , Monseignevr, qu'il vousaytenfa fain de garde. De Rome, ce 2 8. Vofire tres-humble & tres-ajfetfionné Auril, 1607. (eruiteur. I. Cardinal dv Perron. ARGVMENT. Planfible rencontre delà naiffancc de Menfeigneurle Ducd Orléans .£hie Dieuefpandfes benediciions^auec les deux mAÏm>& par couples » fur (a M aie/lé. Le Pape outré d'vn eferit des Vénitiens. 1 1 cnuoye h Secré- taire Lanfiawc, s'en plaindre à noflre Cardinal* qui par (es prudentes & iudtcieufes raifons^difpofepuis après, fa SainèJetêJ ratifier le Lun- dyfuïuantjn Confiftoirc ,ce que Monsieur le Cardinal 'de loyeufe auoii géré pour elle, a Vemfe.Et combien importait le retardement de cejls approbation. V AV ROY HENRY LE GRAND, IRE, La joye de la naiflànce de Monfeigneur le Duc d'Orleâs, qui a efté de foy tres-grande, pour lenouueau gage qu'elle a donné atome l'Italie, de l'afTeurance Se manutention delà Couronne, en la fucceffion de voftre Maie- ftéj&del'appuy que les Princes Se Seigneurs de cefte Prouince, en peuuent efperer pour eux, Se leurs fuccefleurs; a efté encore aug- mentée, pars'eftre rencontrée au mefme temps que les nouuelles Ubbbb iij 7rô L ES A M B A S S A D E S de 1 abfolution Se relaxation de l'interdit, donnée par Monfieurfc Cardinal de Ioyeufe , aux Vénitiens , font arriuées en cefte Court> defquelles tout le gré Se l'hôneur fe tient eftre deu à voftrc Maieftés ayant la conjun&ion de ces deuxauis, fait croire atout remôde,que Dieu ne fe contente pas, de vous enuoyer lesprofperitez vne à vne, mais épand fes bénédictions ,-auec les deux mains, Se par cou- ples, fur voftreMaiefté. Tout le peuple de Rome,amonftré vne merueilleufe allegr eiîe de Tvn & dé l'autre, & a dit haut Se clair, que cefte naiflance eftoit vne rémunération du mérite quevoftre Maieftéa acquis entiers Pieu, Se entiers l'£glife,.& particulière- ment enuers l'Italie , d auoir deftourné les orages Se malheurs qui la menaçoient. il eft vray que depuis larriueédu Courrier , dépefché par moniteur le Cardinal de Ioyeufe, il eftfuruenu vn incident aux affaires de Venife , quia penfé troubler Se ofFufquer quelque cJiofe du contentement quel'onauoit eu, du bon fuccésdefacommiflîon. C'eft que Mecredy dernier,c'eft à dire,il y aura demain Kuiâ: iours, fut porté au Pape , Se diftribué par cefte ville , vn eferit de Mefïieurs de Venife , imprimé &addrefîé aux Euefques de leur territoire, par lequel ils leur donnoien: eonte de ce qu'ils auoienr . fait auec fa Sain- teté : mais en telle forte , que le Pape Se toute cefte Cour , croyoh; que la Republique , au lieu de reuoquer par là , fon manifefte, mon* ftroit que c eftoit fa Sainteté , qui s'eftoit changée, Se auoit corrigé fes procédures, Se que la- Republique nauoitrien reuoqué défait, ams que le Pape ayant ofté les caufesdu manifefte, quieftoientles cenfures ,1e manifefte eftoit demeuré reuoqué de luy-mefme, Se . non par ladion de la Republique. Ceft écrit eut vne telle force , Se ceux qui vouioient troubler le repos de fa Sainctetc , s en fçeurent fl bien feruir , que le bruit courut par Rome , que le Pape, après l'auoir leù ,ietta de douleur fon bonnet fur la table, Se s'écria qu'il s'eftoit trop confié,& que s'il euft creuque cela euft deu arriuerjln'euftpas donnéàMonfieur le Cardinal de Ioyeufe, la faculté de leuer les cenfures. Quoy qu'il en foit , le Pape m'enuoya le foir ,1e Secrétaire Lanfranc , auec céf eferit , qui me dit que fa Saméteté en eftoit merueilleufement outrée , Se que depuis qu'elle eftoit au Ponti^ ficat , elle n auoit point fenty vne fi grande douleur , Se qu'elle penfoit eftre obligée défaire publier vn autre eferit contraire , pour limpugner, &monftrer qu'elle ne l'auoiioit en aucune forte. leie priay de fupplier fa Sainctcté., de ne s'altérer , ny ne fe hafter point en cefte affaire, j mais attendre à prendre refolution, ET NEGOTI ATIONS. Liv. III. 751 iu'fques à ce qu'elle euftreceiî des mains de Mdnfieur le Cardinal deoyeufemefme,les a£tesdecequ'ilauoitgeré,pourle feruice du faindSicge.Qtnl ne falloir pas trouver cftrsnge,que les Seigneurs Vénitiens n'eufientpoftiblepas ofé du premier coup, defcouurir à leurs fubiets,rentiere hiftoire du fair, de peur de les eftonner Se effa- roucher par cefubit changemeut; & que peut eftre , Monfieur le Cardinal de Ioy eufe auoit quelque autre a£te de reuoeation , fait en particulier par le Sénat, qu'il enuoyeroit à fa Saincteté.-&: que ce pê- dant,le mieux que h Saincxeté pouuoit faire,eftoit de n'en montrer point d'altération, confiderant quele gros de l'aftaire,eftoit ftit, & ie confiant que s'il reftoit quelque chofe aux acceffoires , qui ne fuft pasdurout,commeiI falloir, voftreMaiefté auroitfoind'y faire ap- porter tousaccommodemensdeus Se poffibles. Au fortir de mon logis, ilallàtrouuer Monfieur l'Amba-fladeur, auec le mefme eferit £desmefmes plaintes, Se en remporta de iuy , prefqueles mefimes aduis Se refponfes. Le Vendredy , Monfieur i'Ambafîadeur fut à l'audience, où il trcuua fa Sain&eté encore fort altérée de ceft ef- crit,lcquel elle difoitnefepouuoirperfuaderauoir cité fait du fçeu Se confemementde Monfieur le Cardin.il de loyeufe : Se l'ayant preflee de donner 3duis,le Lundy fuiuant,au Confiftoire, de l'agio de Monfieur le Cardinal de loyeufe, &:par cefte déclaration, met- tre le dernier feau à l'affaire ; elle luy refpondit qu'elle l'euft fait , ft ceft eferit ne fuft point furuenuunais que ceft incident l'empefehoie qu'elle ne le pouuoit Taire,d'autant que fi elle le paftbit,fans en par- ler,elleenferoit blafmée des Cardinaux,&:fonfilence pris pourvue approbation^ fi elle en parloit, elle feroic obligée de l'improuuer &condamner,auecfeuerité:5c pourtant, quelleeftoitrefoluè' d'at- tendre les actes de Monfieur le Cardinal de loyeufe, Se à cefte occa- sion,elle le prioit luy vouloir eferire, afin qu'il les enuoy.ift icy , au pluftoft. Cela fut caufe que Monfieur l' Ambaftadeur eftimaà pro- pos,que ie la viffe le Samedy fuiuant,tant pour efîayer d'acheuer de luy remettre l'efprit,que l'on s'eft'orçoù de toutes parts, de luy trou- bler cv agiter , que pour tafeher d'obtenir d'elle, qu'elloferefoluftà déclarer Se ratifier Lundy qui fut hier , au Confiftoire , l'abfo- lution & la relaxation des cenfures , faitte à Venife : chofe qui nous fembloit entièrement neaeflaire , d'autant que ceux à qui Je repos de l'EgUfe,& l'honneur de voftre Maiefté,defplaift, remuoiér toutes fortes de machines, pourobliger fa Sainteté à condamner auparauanc , ceft eferit , cqmmc contraire à la réputation & di-- 75* LES AMBASSADES gnité dufainCfc Siege;& pour le faire auec plus de prétexte, en fepa- roient Mntereft de Monfieur le Cardinal de Ioyeufe , difants qu'ils ne croy ent en aucune forte , qu'vn efcrit fi preiudiciable à l'honneur du faind Siège , euft efté fait de fon fçeu Se confentement : afin que quand il feviendroit à decouurir,comme nous eftions grandement en crainte,que Monfieur leCardinal de Ioyeufe n'auroit point d'au- tre reuocation , que celle-là, fa Saincteté fut portée, par neceftîté, à le defauoùer, &à dire qu'il auroh excédé fa commiffion. l'allay donc Samedy trouuer fa Sainteté, pour ces deux defTeins, ScyB. tous mes efforts, qui furent fouftenus d'elle, auec beaucoup ce re- fiftance , me difant qu'elle nepouuoit faire cette déclaration Se rati- fication, au Confiftoire, auant que d'auoir receu de Monfieur le Cardinal de Ioyeufe, les actes de ccqu'il auoit fait & obtenu àVe- nife,& particulièrement de la reuocation du fnanifefte,laquelle elle ne pouuoit croire auoir efté confentie par luy , en la forme que l'efcrit qui couroit , en eftoit couché : & m'aiouftant derechef, que fi elle parloir en Confiftoire, fans faire mention de l'efcrit fufdit, f on filenceferoittenu pourvne approbation : & fi elle en faifoit men- tion , elle feroit obligée dcl'improuuer Se biafmer aigrement, com- men'eftant pointvne reuocation formelle, ainsau contraire, vne déclaration que les Veniti-ens faifoient, que c'eftoitfaSain&eté, qui s:eftoit changée Se corrigée. Neantmoins tout cela , ie ne laiftay pas de multiplier mes reparties,&de la prefTer de fe refoudre à ce point, • luy remonftrantque l'abfolution eftoit donnée , & qu'il n'yauoit plus de moyen d'empefeher qu'elle ne l'euft efté : Se que fi ainfi eftoit ,que Monfieur le Cardinal de Ioyeufe euft quelque autre ac>e, il viendroit toufiours à temps , pour fermer la bouche aux calom- niateurs. Que s'il n'en auoit point d'autre, tant plus fa Sain&eté dif- fereioitàfaire fa déclaration , tant pis ce feroit, d'autant que l'on prendroit encore plus d'occafion de murmurer, lors qu'on feroit hors d'efperance d'auoir rien de mieux , que pendant que l'on croi- roit que Monfieur le Cardinal de ioyeufe auroit quelque autre cho- fe entre les mains. Que de voir outre cela, paffer vn. Confiftoire, apreslanouelleduleuement des cenfures , fans que fa Sain&eté en parlait , cela feroit croire à tout le monde , qu'il faudroit qu'elle eufi: vnmerueilleuxdégouftdecequi fe. (jproit paitc, Se encourageroit ceux qui luy vouloient troubler l'efpric, à redoubler leurs efforts. Queficeftadcau refte,n' eftoit vne reuocation, elle auoit vn bon garant , qui eftoit voftre Majefté , qui s'eftoit obligée , par les Miniftroi ET NEGOTI ATIONS. Liv. II F, m Minières , de luy en faire voir vne. Que c tftoit à clic , que fa Sahv teéfedeuoitaddreiler., fans renirer plus en aucune brouillerie, pour ceft effet., auec les Vénitiens. Ainfi luy parlois-ie , fçachant bic que fi elle s'eftoit vne fois engagée à faire fa déclaration au Cô- fiftoire, on ne remueroit iamais plus rien , fur ce poinr. Et bref, que CiSainctetédeuoit conférer, que tous les bruits &: murmures de ces menus incidents & acceffoires, cefîeroient Se s'euanoiiiroien: dans quinze iours; mais que la mémoire du gros de l'affaire, de-* meureroit éternellement , auec vne gloire infinie pour fa Sainteté, d'auoir en conferuant ce qui eft de l'effence de l'honneur du fain& Siège, Gïijué par fa prudence» l'Italie , Se vne grande partie de l'Eu- rope , d Vn déluge de guerres > schifmes , &: herefies. Ces raifons, SIRE, Se cinquante autres , que la bréueté du temps ne me per- met pas de mettre fur le papier >.peurent tant fur. fefprit de la Sain- teté , qu'encore que ie n'enpeufTe pas tirer lors , vne entière con- dition, n.eantmoins ie la laiffay fort ésbranlée ,me difanr quelle y penferoit , & que û elle fe refoluoit à faire lc.Lun.dy , fa déclaration en Confiftoirc , elle me lemanderoit le lendemain , afin que ie m'y peufîetrouuer. Auant hier au foir, donc qui fut ie Dimanche, clic •m'enuoya le Sieur Lanfranc, me dire qu'elle auoit depuis pefé les riifons queie luy auois reprefentées , que fur cela, elle s'eitoit pref- querefoluëà parler le lendemain, qui fut hier, de l'affaire , en Cor»- fiftoire, 8c que pour ce, elle m'en auoit voulu avertir: me faifanc encore demander, par ledit Lanfranc, (iieperfiftois au mefmeauis, &fi outre cela, i'eitimois qu'elle deuit parler de l'efcr*; des Véni- tiens, ou nV^ parler point . Ieluy rcconiirmay mon premiernui;: auec toutes le« raifons quei'y peu ajoufler de nouueau. rt quanta 1 eferit , luy dy que ie trouuois des inconuenients de part Se d'autre, i à=en parler , Se à n'en parler point , mais beaucoup plus grands , à en i parler , &: à ficiprouuer , daueant que ceux qui prouiendroient de I- n'en parler point , ne feroient autre mal , finon donner prétexte à y quelques Cardinaux , de murmurer decefitcnee, & le calomnier; chofesqui s'éuanoùiroientau bout de huict iours : là où ceux qui en prouiendroientd'en parlerauec improbation , pourroicnt poffible, ii gafterr^c ruiner le fuccés de l'affairé. Ceki fait , ie fu trouuer le foir os alTez tard , Monfieur l'Ambaffadeur , Se luy donnay cc.n»e de toute its .celle hiftoire , dontil eut vjse grande ioye : 6i hier ie me rendy au joa Çoniiftoire, auquel fa Sain&eté fit le rapport de ce qui s'eftoit paile l'a -à Venife, auec louange, '& ratification de ce que Monfieur le Car- Cecec 754 LES AMBASSADES flinal de Ioyeufc y auoit géré pour elle, & beaucoup d'actions de grâces aux Roys,quieftoientinteruenusen celle negotiation. Et quant à Tefcrit de la Republique, n'en dit qu'vn feul mot , afçauoir, qu'ils y parioientdeleur candeur enuers le Siège Apoftolique, &c qu'elle prioit Dieu, que leurs effets correfpondifîent à leurs paro- les.Le refte du difcours de fa Saintteté , MonfieurrAmbafTadeur, qui l'a entendu , en partie de moy , & en partie d'autres,le fera fça- uoirplus particulièrement , à V. Maiefté. le luy diray feulement» que i'auois préparé vne belle harangue , furThonneur fidle mérite que V. Maiefté a acquis en ceft affaire , laquelleie n'eu point le temps de proferer,d'autant que dés que le Pape eut achené de pro- noncer fa déclaration, la crainte qu'il auoit que quelques Cardinaux ne prifTent la parole,pour s'oppofer à ce qu'il auoit fait &: dit, luy fit commander foudain,qu'on pafTaftaux proportions des Bénéfices de forte que i'y perdy mon Latin, maisi'efpere que voftre Maiefté m'en rembourfera,comme aufti de toutes les feneftres de mon lo- gis,que MonfieurrAmbaiTadeurm'acaffées, auec le bruit de Ces canonades , pour laioy.ede la naiiïance de Monfeigneur le Duc d'Orléans. Ce pendant,ie prie Dieu , SIRE, luy donner fubicc dé continuer à nous faire tas mefmes dom* mages. fadi^ufleray ,tcefte defpefche,quefnous n'eu fions porté le Pape y afaire ce qu'il fit hier en Qonfijioire , l'affaire eftoit forttrauerfee,Carlefoir arriua Vne lettre du Légat de Fer- rare, laquelle il m enuoyamonfirer par le Secrétaire Lan? franc, pleine de déclamations contre ïeferit des Vénitiens^ & de tefmoignages & remarques du fcandale , qu'il engen- droiten toutes les Prouinces circonuoy fines , & du deshon- neur,qu en receuohle Siège Apoftolique : De forte que file Pape l'euft receu'è auparauant accompagnée , comme elle a efié fans doute, de pareilles de f^e fiches aux Cardinaux , il fie fufi arrefté tout coure , grneuft pas eflé fofifihle de le faire paffer outre. Je diray au ffi à Voftre Maiefté , que les Efpa- gnols font tous leurs efforts, pour empe ficher que fi Saincleté ET NEGOTIATIONS. Lrv III. 755 ne la gratifie de laferfonnedel Archeuefque&V rbin^ponr ta Nonciature de France;& que le Cardinal S auli dit l 'au- tre•iouritout net ,qu 'il 'efloit trop confident de \>oftre Maiefié, £r [on officier & qu'il nefaïïoitças quily allaft. Ce qui fit que Vendredy, faSainftetè cnoftaprcfque toute efperancc à Monfieurl' Amba\fadeur.Touttsfois Monfieurl'Ambaf- fadeurmayantprièSamedy^enreparkrdenouueau a fa Saincletéyielalaiffay enteleflat , que ie croyque fi Voflre Maxeftc continuel y infifier3eUe l'obtiendra. D. V M. De Rome ,'cei, Le tres-hamble, & tres-cheïjjltnt fit\eî May,i&?7. &feruiteur. A RGVMEN T. Le dernier fe au U reeoncil'uùon des Vénitien satinée Ça Sainteté, A M ON S IE V R DE VIL L ERG Y , CONSEILLER ÔtSecretaired'Eftat. En Cour. MO n s 1 e v r , Vous verrez, par les lettres que Mon- fieurl'AmbafTadeur &: moy,efcriuoos au Roy, com- me le dernier feau fut hierappofé à l'affaire d'entre le Pape, Se les Vénitiens, par la déclaration & ratifica- tion que fa Sainteté fit hier, enConfiftoire , de ce que Mon- fieur le Cardinal de loyeufe auoit exécuté à Venife , pour Ton feruice. Ce n'a pas efté fans beaucoup de peines , & de nou- ueaux combats, que fa Saintteté a efté portée à faire ceft a&e, duquel ie m'affeure que vous aurez d'autant plus de contente- ment, que ceft la couronne de tant de foins & &del'erwiere conclufion 1 de l'affaire de Veçnfcque fa Sainteté termina hier,en Confiftoire» par la déclaration Se .ratification qu'elle fit, dece que Monfieur le Cardinal dejoyeufe y auoit exécuté pour elle. C'eft vne nouuelïe', dontiem'affeure que vous aurez d'autant plus de contentement-, que vous auez tant pris de foin.Sc de peine,enc£fte affaire. Iepric Dieu qu'il vous en rémunère en ce monde icys Se. en l'autre de tou- tes fortes de félicitez, Se meconferue, Mon çitva, en vos bonnes grâces, Pc Rome, ce it Vofirctrcs affefticnuiferUiitHY. M*yVi'5é% ï.. Cardinal dv Perron. ET NEGOTI ATIONS. Liv. III. yS7 A R G V M E N T. Il fer (fouit auec Ittyje la naifance de Monfeigneur le Duc d'Orleayfsr & dugouuernemcni que le Roy luy en a donne. L "informe de la der- nière main, appofèc au traitte des Vénitiens : Des grands combats, qùïltn a émanée le Pape: De foppo/ition des EfçAgnols , à la Non- ciature de France , four l ' Archeitefque d*Vrbin : & comme il y a tou- tes/où préparé fa Saïncteté, A MONSIEVR DE BETHVNE , CONSEIL- 1er du Roy, en Ton Confeil d'Eftat , Gouuerneur de Mon- feigneur le Duc d'Orléans, & Lieutenant pour fa Maiefle, en Bretagne. En Court, nK^'^f Onsievr, Ce mot fera pour me coniouir auec vous , & cf^i dé 'a naiffance de Monfeigneur le Duc d'Orléans, ôc de la qualité qu'il vous a apportée en naifîant. le m'en refioùis à i'efgal de tou: bon-heur, qui mepourrok arriuer à moy-meime. Quant aux nouuelles de deçà,le Pape mit hier le dernier feau à l'affaire des VenitienSjdeclarant Se ratifiant au Confiftoire, ce que Monfieur le Cardinal de Ioyeufeauoic géré pour lify, à Veniie. Nous n'auons pas eu peu de peine, à porier fa Sainteté à faire cefte déclaration; &.poflîblea-ceefté vn denos plusgrands combats, comme vous" lepourrez apprendre de mon frère, à qui i'ay donné charge devous eninfermer.Iepenfen'y auoir pas moins feruy fa Maiefté, parvne. audience queie pris Samedy pour pouffer lePapeàeefterefolu- tion, qu'en cequife pafTa,pendantlefeiourde Monfïeui; le Cardi- nal de loyeufe, en cefte ville. LesEfpagnols au refte , fe remuent: fort,pour cmpefcherquefa Saintteténe gratifie le Roy , de îaper- fonnede Monfieurl'Archeuefqued'V£bin,pour la Nonciature de France. Et le CardmalSauli dit l'autre iour3tout ner,qu'il efloit trop confideni: du Roy,Sifon officier, & qu'il ne fallok nullemenrqu'ii y allafhdeforteque Vendredy , en la dernière audience de Mon-', fleuri' AmbaiTadeur 3 ia Saintlcté luyenoftapreCquetoutedjpe- «nce. Ii eit vray que depuis , Monfieur T AmbafTadeur m'ayant; prié-d'en parler, derechef à fa Sain&cté,ie le £y Samedy-, au&ctou- - teiforceSjd'cfTous , &; la laiûay en tel eftat , que fi le Ivoy-cominuc Ccccc ii 758 LES AMBASSADES d'infifter de l'auoir pour Nonceùe m'afleure qu'il l'obtiendra. Ic ne fçay fi on fera point tenter delà, parMonficurle Cardinal Barbe- rin,fi c'eftehofe que fa Maiefté continue d'afFeâionner. Et pour ce,ilferoitbonquele Roy fift demonftration de fon defir audit Cardinal. Pour le regard des autresperfonnes , que l'on propofe pour la Nonciature, celuyquele Sieur IeanBaptifte met fur le ta- pis,eftl'Euefque de Foflambrun,fuiet ou dépendant du Duc d'Vr- bin , &l'vndesSufFragantsderArcheuefché d'Vrbin. D'autres nouuelles, vous n'en aurez point de moy,pourcefte heure, finon celles qui font fort vieilles^fçauoir , que ie fuis , Monsievr, DcReme, ce premier iour de May ,'^607. Ï.Ca^dtkal dv Perron, [Vojlre tretajfeBimrté feruiteur. ARGVMENT. Il obtient, à la prière de Menfeur de la Varenne Je gratis des Bulle s 4v - ne abbaye ,pour~M on/leur fon fis. A MONSIEVR DE LA VARENNE , CONSEIL- 1er du Roy, enfonConfeil d'Eftat, &Gouuerneur pour fa Maiefté, au Chafteau d'Angers. En Court. O n s 1 1 v r , Le Pape figna, il y a deux ou trois iours , le motu proprioAu gratis de l'Abbaye de Monfieur voftre filsjlequel fa Sain&eté m'auoit cnuoy é faire ligner à moy- mcfmeJeiourd'auparauantjafind'eftreaiTeuréeque c'eftoit celwy que ieluyauois demandé pour vous,& non vn autre: d'autant qu'il n'yauoitdanslafupplique,quelenom&lurnom de Monfieur vo- ftre fils, &: non celuy de voftre S eigneurie : au moyen dequoy , ùt HSarn&eté nepouuoirrccognoiftrc que ce fuft poux vous. Si en quel- ET NEG0T1 ATIONS. Liv. IIL 759 que autre chofe,ie vous puis faire feruice, ce feraauec autant de promptitude, comme l'amitié que vous m'auQZ toufiours tefmoi^ gnee, m'y oblige. Cependant ie prie Dieu, MONSIE VR , vousauoir en fa fain&e garde. De Rome, ce premier Vqftre plm-affettionné amyé' May 1607. {traiteur. I. Cardinal dv Perron, A R G V M E N T. Ile fi aj/éuré de l intention de fin AlteJJe > pour quelque recommandation , ALL'LLLVSTRISS. ET REVERENDISS. SIG. MlO- OsSERYANDISb. IL SlGN. CaRD. DEL PerROXE. Roraa. IlLYSTRISSIMO ET REVSRENDISSi MoNStG. MIO CoL£ND/SS, 2 ERl'informationecheio ho pomto bauerfinok hora, intorno à "Benefi^ij vacati fer morte di M, Silueftro Vannelîida San Gimignagno, &*che hV-S^ûiifirifimaha imfetrati da S. Santita, ïper V» Nifotedelfuo Maejlro di Cafa,io trou* il négocie a\f ai intrigato , f er d'merfe Vnionifatte di più Paro- chiali infiemg> parte délie cptalifono dipadronato di Laici, i io ci far o- tm^ to qtiello che mi far a lecito, accioche non gliene fia fana difficulté, fi corne faro femfre pronto ad imf iegarmi in ognahra c«- curren^a di fodisfattione & gufto di Vofira SignorU MuftrijSima 3 comforme almio accefo defiderio di fer air la, 76o LES AMBASSADES (£r dlîd pdrticolare ojjeruan^a che io le porto: & con tutto Tani* mo lehdcioUmdno* Di V. S. 1LL. ET RE V. Da Pifa, alli 2. . dî. AfiTettionaciffinao Feruitore. Maggio, 1507. Il Gran Dvca di Toscans A R G Y M E N T. Sûh Altejjerefponda focongratulatioXyfurUndffiivce de hîonfeignew le Ducd Orléans. ALL'ILLVSTRISS. ET REVERENDISS. SIG. MIC. OSSERVANDISS. IL SlGN. CARD. DE1 PïRRONE. Roma. Illvstri-ssimo et Reverendiss. Mqnsîg. mo Coi en-bis*. OSTRA SlGNORIA /LLVSTRISSIMA hd tant* farte nelle proscrit d delRegno di Francia^ perori - gine& per Volontd , che ïdttegre%j{d p4d di quejîo felicifîmo pdrto delld'Regina , erd da me prefrpofto , fen- X^d dlcund Jka teftimonian^a , ohre che effendo V\ S. H- luflrifiimd tanto prudente , pue hauer confiderdto quante huone confequen^e nederiuino per lo flabilimento delld qtùete di quelld Chriflianifima Corona^n^i di tuttdUChriftidmtd, Quant o dlmio particolare interefje , nonf oteud hord \enirmi nuoud piùgrdtd>ne piu defider.dtd , di qucfia : & f corne V. S. lEufirifiima fe n èralîegrata con me ycojï io me ne congratuio ET NEGOTIATIONS. I» HL !76« feco cordialifsimamentc>& ricordandole ilmiofoUto defderio di fer Ma Je hacio con tutto l'animoja maria . Di V. S. ILL. ET REV. Da Pifa, àïïi i . di A fîettionatiflîma per feruirla. Maggio, 1(307. Chrbst. G* dvch. i>i Tosc* AR.GVM EN T. JOhc rien ne fera retenu de ce qui appartient a J t?é May ,1607, feruiteur. Brvur.l. ARG V M EN-T. MîtfàgHMt!* Chancelier de BeUumilepried^okunircertmnt ài^etCr... | fté.fa Siintfeté. ET NEGOTI ATIONS. Lrv. III. 7i$\ A MONSEIGNEVR LE CARDINAL DV PERRON. A Rome. Onsievr) L'Abbé de S. Rufin mon nepucu,eflant ccj iourspalTez decedé,le Roy,enmafaueur, auroit volon- tiers accordé cefte Abbaye à vn mien nepueu Ton frère» -Religieux,non profez >de ceft ordre, & nourry depuis dix ans , aux ■ bonnes lettres,& efcoles d'Aiùgnon,où il eft encores. Mais par ce ^[ueceicune Keligieux^'ajiecroyjatceinrqueraage de dix-hui£fc ^nsjie crains quefans voftre bonne entremife, & fauorable recom- mandation/a Sainteté vouluft faire quelque difficulté , aux expo* dirions necelTaires de cefte prouifion,pour Je fait de la difpenfe. Et ceft, Monfîeuiy dont ie vous ofefapplier humblement, &efpe*c que ne merefuferez pour ceieuneReligieux,qui a toutes ces bon- nes qualitez , Se que vous obligerez à prier pour vous : Etmoy à vous eftre,durant cepeu dç yie qui me refte, comme i'ay toujours cfté, MONSIEVR. , A Paris, ce 1 8. Vojîte bien-humble & plus-ifcttiottriê May, x 607 . feruiteur. B EL L I E V R. E. A KG VMENT. Le prétexte des Efpagnols, pour trauer fer t ' Arçheueftjued'Vrbin , en h Nvnciature de France, demon/lie chimérique^ fa Satnttete. Le Bue de FeriaJ Rome four rendre l "obédience d 'E/pagiU.Genereujerefolu- ùon de Monfieur l'AmbaJ/adeur. AV ROY HENRY LE GRAND. IRE, Il n'eft rien arriué de nouueau, depuis le partemént du Secrétaire de Monfïeur rAmbafradeur,quimerite d'eftre cfciit à voftre Maiefté. Les îfpagnols font toufiours fur lcm$ ' Ddddd ij 7*4 L ES A MB A S S A D ES prattiquesd'empefcher l'Archeuefque d'Vrbin , d'auoir la Non-* ciature^aupresd'elle^&entiennen^camme des thefes publiques, en la tnaifon du Cardinal Sauli,&: de l'AmbafTadeur d'ifpagne, fai- farit de ceft article, vn point d'Eftat, Se d'honneur; &deftrantque cefteexclufionferueaudit Archeuefque , d'vneefpece de chafti- ment, 6c autres Prélats, d'vneefpece d'exemplc,ne de s'engager uoient contenter de mettre , ou empefeher aux autres Nonciatu- res,qui û leur plaifoit, (ans fe vouloir encore méfier de celle de Frâ- ce:& quejc prétexte, au refte, qu'ils prenoient , de le trauerfer., a- fçauoir que ledit Archeuefque eftoit Confeiller d'Eftat de voftre Maiefté , eiloic vn prétexte chimérique: d'autant que ledit Ar- cheuefque , encore que voftre Maiefté lu y euft fait ceft honneur, de luy enuoyer vn breuer de Confeiller d'Eftat , n'efteir point actuellement officier & Confeiller de voftre Maiefté, & ne pou- uoit eftre réputé pour tel , en effet, iufqu a ce qu'il euft efté re- ceu en cefte qualité, en voftre Confeil,5c euft prefté le ferment de Jîdelicéjà voftre Maiefté,entre les mains de Monfieur le Chance- lier , &z en la prefence dudir Confeil : Et qu'en France, les officiers, quelques breuets qu'ils euffent de voftre Maiefté, n'eftoient point tenus actuellement pour tels , iufques après leur receptionau corps des compagnies, & la preftation de leur ferment de fidélité. Ce que i'. Archeuefque d'Vrbin, n'ayant point fait, ce qu'il atioit de voftre Maiefté3n'eftoitqu'vntiItre honoraire,& non vne qualité & obli- gation actuel le, qui le rendift incapable duminiftere& delà Non- ciature de fa Sain&eté. Au moyen dequoy les Efpagnols auoient beaucoup moins decouleur, de s'attacher à cefte condition, que nous à celle du fleur Decio Cararra,fubiet & vaftal du Roy d'ïfpa- gne,quefadittcSain&etéauoitdefigné&: déclaré Nonce en Efpa- gne. Cela fatisfit tellement fa SaincT:eté,qu'il n'y a nul doute, que fi voftre Maiefté continue aie defirer(chofe dequoy. faditte Sain- teté attend la refponfe,ayantfait eferire en France , pour en fon- der l'intention de voftre Maiefté ) elle ne l'obtienne : &c que les Efpagnols , quelques vanteries qu'ils facent,que cela ne fera point, «e demeurent defeheus de leurs prétentions. Il ne fe peut di- re , combien ils ont remué de pierres , pour trauerfer en ce pointjfinïention de voftre Maiefté:tantoft kifant propofer le Mai-; ET NE GOTI AT ION S. Liv. lll jfg fhe de Chambre de fa Saincleté,pour ladite Nonciature, fur l'opi- nion qu'ils auoient,que les Minières de voftre Maiefté ne le pou- uoientrefufer,&: fur l'efperance qu'ils conceuoient, de faire par ce moy en, d'vne pierre deux coups,afoauoir, l'vn, d'empefcher vo- ftre Maiefté, d'obtenir celuy qu'elle auoit demandé pour Nonce; l'ancre. d'efloigner d'auprès de la Sain&cté , vn homme recogneu pour afîe&ionnéferukeurde voftre Maiefté, comme eft ledit Mai- ftre de Chambre; &: en mettre vn autre, abfolument dependanr d'eux, en fa place:tantoftvfant de mille autres artifices, Sa Satn&e- té, qui craignoit d Vn cofté,vn peu trop, de leur defplaire, & de l'au- tre5defiroit complaire à voftre Maiefté, nous a propofé,àMoniieur rAmbaflàdeur,&àmoy,la Vicelégation d'Auignon , pour ledit Archeuefque d'Vrbimvoire en fin, voyant que ledit Archeuefque- d'Vrbin n'y vouloir point entendre, Se qu'il defiroitieruir voftre Maiefté, ou à Rome,ouen France,&r ne vouloit point foitir de ce- fte Court ficeneftoit pourauoir l'honneur de voir voftre Maie- fté; s'efi: relafchée de dire à Monfieur 1' Ambaftadeur,&: puis apres,à moy, pour monftrer à voftre Maiefté , que la difficulté qu'elle fai- foit,d enucycrl'Archeuefqued' Vrbin, Nonce en France, neve- noit point de manquement d'eftime & d'affection entiers ledit Archeuefque, lequel ellepnfoit grandement,ny de defpîaifir qu'el- le cuft.qu'il fut feruiteur il declaré,de voftre Maiefté, que s'ilplai- foit à voftre Maiefté,le demander pour Cardinal, elle le feroit tres- volontiers. Neanrmoins , maintenant les chofes Ionien teleftat,8e le Pape Ci difpofé à fc laiffer perfuader , que pour peu qu'il voye cô- tinuer voftre Maiefté, au defir de i'auoir pour Nonce, fans doute elle l'obtiendra : qui feravn grand aduantage pour elle, en cefte ! Cour, laquelle eft toute, fur l'attente de voir à qui la victoire de ce- Ifteconteftation, agitée entre les Miniftres de V.Maiefré3& ceux id'Efpagne,demeurera.Le Pape,Dimanche au matin, ayant fait in- imer& aftîgnerles Euefquesaftîftans, qui font contez au nombre lesdomeftiquesdefaSaincleté,pouralleraueclafamiiledefaditte •ainétetéjau deuantduDucdeFeria, Ambaftadeur de l'obedien- ed'£fpagne,& entre autres, enuoyé le billet, pour ceft effet, à- Arclieuefque d'Vrbin ; ledit Archeuefque confulta Monfieur le ! Ordinal de Giury, iMoniieur l'Ambaffadeur, &moy, fur ta diffi. I ilté qu'il faifoit dy al/er;qui fuf mes tous d'aduis,qu il y allaft:d'au- |ntquec'eftoitvnea6tion, non perfonnelle, mais de toute la fa- 1 ille di^Pape : Se que quand Monfi eur de Neuers viendra , ceux Ddddd iij ?S6 LES AMBASSADES d'entre les domeftiques du Pape , qui font partifans d'Efpâgne,' prendroient ce prétexte , pour n'aller point au deuant de Mon- fieur de Neuers. Cefte mention du Duc de Feria , SIRE , me portera à dire à voftre Maiefté , qu'en la reddition de fon obé- dience, qui ftitfaitthierau matin , les chofes fe font paffees fort œnuenablement » pour le bien de voftre feruice. Car Monfieur l'AmbafTadeur ayant eu quelque vent , que l'Orateur de l'o- bedience, deuoit offrir en fon oraifon , par le menu , l^s pais de fonMaiftreauPapc&entreautres, laNauarrejil en fïtinftanceà fa Sainûeté, luy déclarant, qu'il s'y oppoferoit. Ce qui fut caufe que fa Sainteté voulut voir leur harangue, deuant qu'elle fuft pronon- cée^ en enuoy a la copie à Monfieur l'AmbafTadeur, en-laquelleil ne fe trouuera rien de tel,foit qu'ils ne l'y eufîentpoint mis, ou qu'ils l'en eufTent ofté ; mais feulement , vn offre de Jeurspaïs en gênerai. Monfieur l'Ambafïàdeur fe refolutau/Ii, d'accompagner le Pape, de la falle de l'obédience, en celle du Confiftoire , afin que quand ledit Duc de Feria , & l'AmbafTadeur d'Efpagne, auroient porté la queue de fa Sain&eté, durant ceft efpace-là, comme c'eft ce iour-là, laprerogatiuedes AmbafTadeurs des obédiences, il peufï reprendre & place, auprès de.fa Sainteté, auec intention de s'en faifir de force & de fait , fi les autresl'en vouloient empefeher-. &: me fit l'honneur de me communiquer l'vn &: l'autre deffein , auant que de l'exécuter, lefquels i'approuuay , & l'y exhortay grandement. Et l'effet en fut fi heureux, que le Duc de Feria, & l'AmbafTadeur difpagne,le voyants entrer dans la falle du Confifloire , & s 'accofter delà main droitte de fa Sain£teté,feretirerent à main gauche, en vn autre coin de la falle , & luy laifTerent la place libre , à l'AmbafTadeur de l'Em- pereur & à luy. Chofe dequoy i'ay eftimé deuoir rendre particulier témoignage à voftre Majefté, laquelle ie prie Dieu, SIRE, conferucr en.tontefclicicé ^pfcfpeiité. Monfieur V A 'mba fjkdeur efcrit à Voflre Maieflé , le fortement de l'Ambajfadcur de Sauoye , & les caufes fourquoy. S'il en pouuoit reufiir quelque chofe de bon> cela apporterait Vnemerueilleufe autborité à Voflre Ma- ieftéjenltaliejeypourlapaix&poiirlagiiene. Au refle, le Pape nous afaitjd M onfieurl' Ambaffadeur^a mojy de grande s plaintes ^nêcrit du Sieur Çafaubon, Etala ET* NEGOTI ATIONS. Liv; IJL 767 \erit'e teflant officier de Voflre M aie fié , comme il nelle préfienttoccoren^e yba fiauorito le cofiè nofire^ , con i'amtorita ftra , cb'è meritameme grande: nientedimeno^ coll'occafione délia Venuta inÇorte , dell ' Ambaficiador noflro Qomarini Ji bauemo commeffo , ch'oltre ad afifietto- cbe fiara,. commune con.glialtri , debba anco particolar -mente, dicbia*. rarle il fingolar piacere n'bauemo: pnfio , & ringyatiarU^i xme-facemo noicon le presttilettcre 3quatQpitt fii poffa., &afîicu- 1 -aria cbrle refitiamograndemeté obligaùJlpregarla poi,cotinua- - 't-infibuonadifi^ofitione }ne partofificio poconefifiario ,p quandofi offerifca l'opportunità, tro- uera tanta promena dal canto nofiro , quamo poffa effer in quai fi Voglia y cbe fommamente l'ami & fiimï > corne focciamo noi. Et fra tanto , le auguriamo ogni moggio ,prof]?erita 0*grande%%a> Dato in nofiro Ducale PalatiorÔcc. ARGVMENT. Nulles paroles proportionnées à la louange qu "il mérite , four fesferuices rendus à la chresJientê. Ses conceptionsé1* 'ares inuentions, admirées. Sarenommeé ydaire ejr illufre. £>uila eonferuéla paix , àt Italie. Jgu il e/l temps que parmy les fiens 3 il vienne receuoir la mefine gloire ejr le mefme honneur , qu il reçoit des étrangers : & ajfcurerfa patrie \ deluyferuird'appuy , comme il a fait aux lieux ef oignez. Le Royin- diciblemet conte t de fes procédures. Sa M aie fié luy permet [on retour. Latranquillitê deu'è a Je s labeurs : Et l'heur de jon aggrtable entre- tien } défirédefes amis. A MONSEIGNEVR LE CARDINAL DV PERRON. A Rome. Onsievr , ï'eftimerois faire tort aux grands & fîgrra- ez fermées , que vous auez rendus à toute la Chrétien- té, de les vouloir exprimer par paroles, & de croire qu'il rs en peufltrouuerdeproponionnéesàlaloQange qu'ils méritent. C'eft pourquoy, ie me contenteray de vous dire, qu'entre ceux qui ont admire vos belles conceptions, & rares inuentionsà perfuader, & qui fe font relioiiis de voir voftre réputations renom- mée , Ci claire de fi illuflre , que nul de vos plus afîe&ionnezamis 8c feruiteurs n'en a receu plus grand contentement , que moy. Or puis que fous la bonne fortune du Roy, yous auez, par voftre labeur fcdexte- ET NEGOTI ATIOMS. Liv. 1 1 T. ?($? &z dexterité3conferuéiapaixàHtatie,nonobIrant loppofition des plus grandes puitTances,&: toutes les malices de noftre fiecle ; il me femble qu'il elt téps que vous veniez receuoir,parmy les voftres, la mefme g'oire,&: le mefmc honneur,que vous en receliez des cftrâ- gers,& a fleurer voftrepatricqu'en fes plus grandes trauerfes, vous luy feruirez d'appuy £t defupport, pour faire aufîî heureufement fucceder toutes chofes,comme vous auez fait aux lieux efloignez. Le Roy a receu tant de contentement de vos procédures, qu'à la moindre fuppUcationgifeie luy ay faitte, i la permis voftre retour. C'eftdoncàvous, dedifpofer& préparer vos affaires, pour venir iouir du repos 5c de la tranquillité,que vos labeurs vous on t acquis , & faire participer vos amis.de l'heur & félicité de voftre aggreable compagnie. Ce qu'efperant voir arriuer bien-tort, ie ne vous feray plus long difcoursjfinon pour vous prier de m'aymer toujours , &c vous afleurer de la continuation de ma ridelle feruitude, & croire qu'elle deûre vous en rendre preuue,par toutes fortes d'effets . Sur ce,ieprieray Dieu, MôNsitVi , vous augmenter fesfaindcsbenedidionSjCn toute gran- deur, fel. cité «Scfancé. C'cit , De Paris , cen. V prêtres humble & très fdeUeferuiteur. May, 1607. -Maxim itiA-N ce Bethyne, A R G V M E N T. ReJJcntiwent defautrabU ttccueih&fappîicaHcn de nouutïïe grâce. A MONSEIGNEVR LE CARDINAL DV Perron,Archeuefque de Sens, & Grand Aumofnier de France. A Rome. Omseignevrs Les affaires générales ayant tellement repris leur premier càlme,qu'il ne s'y void rien, pour le prêtent* qui mérite vous importuner , ce mot fera feulement, pour vous tefmoigner le reffentiment quei'ay du fa- uorable accueil , dont il vous a pieu honorer mes enfans , & vous fuppiier me receuoir pour piège du defir qu'ils ont,de vous en reo Eecec 768 LES AMBASSADES vedemo ognigiorno fin da fe medejtma dijfioftaàfarlo. Solo dire- mo yche ji corne noiben conofemo d'aUi viui effetti cb'ellafà,la cortefta inclinatione deWanimo fuo al noftro bene , cosi pregia- moilSigrjorDiocbe ci dU modo di farxonofcer a leiy lagratitu- dinedel noftro. Nelcbe, quandofi offerifea l'offlortunita, tro- uera tan ta promena dal canto noftro , quanto poffa effer in quai p Voglia 3 che fommamente l'ami & ffimï , corne focciamo noi. Et fratanto >le auguriamoognimoggio }f>ro$jerità & grande%%a, Dato in noftro Ducale Paldtioyôzc. ARGVMENT. Huiles paroles proportionnées à la louange qùil mérite , pour fes ferukes rendus à la chreslientê. Ses conceptions&t ares inuentions, admirées. Sa renommée }claire & illuflre. £>uila eonferuéla paix, à f Italie. Jgt* il e/l temps queparmyles (icns , il vienne receuoir la mefme gloire fjr le me/me honneur , qu'il reçoit des estrangers : & ajfeurerfa patrie , deluyferuird'appuy, comme il a fait aux lieux ef oignez,. Le Reyin- diciblemet contet de fes procédures. Sa Maie/lé luy permet (on retour. Latianquilliîè deu'è à fes labeurs : Et l'heur de jonaggrtable entre- tien j defirédefes amis. A MONSEIGNEVR LE CARDINAL A Rome. DV PERRON. Onsievr > î'eftimerois faire fort aux grands & figrra- ez fermées , que vous auez rendus à toute la Chreftien- ^é, de les vouloir exprimer par paroles, & de croire qu'il rs enpeufltrouuerdeproportionnéesàlaloUange qu'ils méritent. C eftpourquoy, ie me contenteray de vous dire, qu'entre ceux qui ont admire vos belles conceptions, Se rares inuentionsà perfuader, &c qui fe font reiïouis de voir voftre reputation& renom- mée , Ci claire Se fi illuftre ,.que nul de vos plus affe&ionnezamis feruiteurs n'en a receu plus grand contentement , que moy. Or £uis que fous la bonne fortune du Roy, vous auez, par voftre labeur ôc dexte- ET NEGOTI ATTONS. Liv: HT: 7^ & dexterité3conferuélapaix.U1talie,nonobIrant l'oppo/idon des plus grandes puiiTances,&: toutes les malices de noftre fiecle ; il me femble qu'il eit téps que vous veniez receuoir,parmy les voftres, la mefme g'oire,&: le mefmc honneur,que vous en receuez des eftrâ- gcrs,& a fleurer voftrepatricqu en fes plus grandes trauerfes, vous iuy feruirez d'appuy & defupport, pour faire auiTi heureufemenc fucceder toutes chofes,comme vous auez fait aux lieux efloignez. Le Roy a receu tant de contentement de vos procédures , qua la moindre (implication .cjireie luy ay faitte, ila permis voftre retour. C'eftdoncàvous, dedifpofer& préparer vos affaires , pour venir iouir du repos 5c de la tranquillité,que vos labeurs vous ont acquis, & faire participer vos amis ,de l'heur & félicité de voftre aggreable compagnie. Cequ'efperant voir arriuerbien-toft, ienevous feray plus long difcours,finon pour vous prier de m'aymer toujours , &: vous afleurer de la continuation de ma fidelle feruitude, & croire qu'elle deûre vous en rendre preuue,par toutes fortes d'effets. Sur ce,ieprieray Dieu, Mon s i e v bi , vous augmenter fes fain<5lcsbenedidions,en toute gran- deur, fel. cité & Tancé. C'cft , De Paris , ce 2,1 . Vojlre très humble & très fdéiïeferttiteur. May, 1607. M a simili an de Bethyne. A R G V M E N T. Reffentiment de famrable accueik& j application de nouuèlle grâce. A MONSEIGNEVR LE CARDINAL DV Perron,Archeuefque de Sens, & Grand Aumofnier de France. A Rome. Omseignevrs Les affaires générales ayant tellement repris leur premier càlme,qu'il ne s'y void rien, pour le prêtent* qui mérite vous importuner, ce mot fera feulement, pour vous tefmoigner le reffentiment quei'ay du fa- uorab le accueil, dont il vous a pieu honorer mes enfans , & vous fupplier me receuoir pour plege du defir qu'ils ont,de yoiis en ren- Eceee 770 LES AMBASSADES' drefei'uice toute leur vie,&s'efuertuer à s'en rendre capables, L'èft pere qu'ils feront de retour de Naples, bien-toit après l'arriuce de ceft ordinaire, Se qu'ils ne faudront de vous aller rendre conte du fuccés de leur voyage. Vous m'obligerez infmimét.Monfeigncur, s'il vous plaift prendre la peine de leur cômander de fe defpefchcr le plus qu'ils pourront, de voir les principales antiquitez Se chofes remarquables de Rome: Et cela fait, quel'aifné s'arrefteà Florcn- ce,iufques à ce que ie le rappelle , Se les deux autres fe rendent icy, au pluftoft, félon que ieleurefcry, afin qu'ils mefnagent le temps, &c n'en perdent que le moins qu'ils pourront. EXcufez, Monfei- gneur,la violence de i'afïe&ion paternelle , quime pouffe au delà durefpe&queievousdoy.l'efpereque ceux qui me font tomber èn cefte faute, m'aideront vn iour à la reparer, par tous les feruiecs qu'il vous plaira requérir , M'ONSÏI GNEVR3 De Venite,ce 16. Voftretre,s-humblé& très -affectionnée May ,1607. (émit car. De Fresnes Cahaye.. A RGVMEN T il attribue à U bonté 'Royale de fa Maie/té, les louantes quelle a en âg- greable luy donner, de fes de fpo,rtemens en la pacifie attendes troubles à Italie: Puis rapporte quelque aduis farefeti fait par le Roy df Efpa- gntide ratifier la tréue auu les E fiât s : Vnevifiu du Cardmal Aider brandirr.Les oppofitions continuées des EfpagnoU , à la Nonciature de France, pour î wir choie [que d! Vrk in : & leurpourfuijteà ce/? ef- fet\en faueur. d[vn de leurs confidents: La viue re fi/tance de M onjîeur i' AmbaffadeM'.& la conséquence de cefte foliota tion. AV ROY HENRY. LE GRAND,.. ||§fï§ le n'ay point dé paroles fufrîfanccs pourreprefenter à §ÊD«f voftre Màiefté, le reiTentiment que i'ay de l'honneur qu'il iùy a pléu me Faire, d'auoir aggreablece peu que ieme fuis eiTayé dé luy rendre de feruiçe,au traitté des Venit iero, auec fa Sainteté. Ceft vn des excès de îi bonté- Royale , que d'accepter les defirs, ET NE G OTIATIONS. LTv. Ilï. 77i pour les effets, &lequel,au lieu demedonnerfuietde me glorifier, me feruira de leçon &: d'aiguillon,pour m'exciter à mériter vne au- tre fois,quelque partie des loûanges,donc il luy a pieu m'honorer. Quant aux nouuelles de cefte Cour,elles font pour le prefent rfqrt fteriles.L'aduis y eft vcnu,quele Roy d'Efpagne a refufé de ratifier la tréue,auec les Eftats,& a comman dé au Conte de Fuentes, d'eh- uoy er en Flandres, les Napolitains qu'il auoit en fon armée. La vi- fite que le Cardinal Aldobrandin a faite, del'Ambafladeurde Sa- uoye,à Boulongne,a fort apprefté à parler par deçà. Les Efpagnols font toufioursicy fur leurs oppofitions, pour empefchçr quel'Ar- cheuefque d' Vrbin ne foie enuoyc Nonce vers Y.M.craignansquc [a paffiô qu'il a à voftre feruice,&: la grande cognoiflmce qu'il a des affaires Scfecrets d'Italie , ne leur rendift fa prefence auprès de V. M.defauamageufe: & outre cela, defirans de faire perdre, par fon exemple,aux Prélats, le couragede s'engager fi auât, Se fi à defeou- uert,auferuicede V.M.llspreffentfort,pourrEuefquede Padouë, quiefpereàceftefin, eflre afîifté auprès de V. M. de Monfieur le Grand Duc, à l'inftance du Cardinal Farnefe;&: du Duc de Parme, lesquels on dit en auoir recherché fon Alteffe. Le Pape, deuant que ferefoudre,attenddefçauoirfi voftre Maicfté perfiftera en ce de- fir,oufi elle ferelafchera à s'en départir , fur les excufesquikry fe~ rôtalleguées.Et tient-on qu'il a donné charge au Cardinal Barbe- rin,d'en sôder,ou faire fonder V. M. Or quant à l'Euefque de Pa- douëjMonfieur l' Ambaffadeur s'eft défia opposé icy fi viuement à fon élecl:iô,pour eflre autant confident des Efpagnols, & porté à ce- lte charge par eux,que diffidec des Vénitiens : & pour la cour pref- queafTiduelle,quMlafaiteicy àl'Ambafiadeurd'Efpag. & pour les plaintes que MôfieurrAmbafiadeurareceuè's, du peu de demon- ftratiô d'affeclio.qu'il a rendu à Padouc,à Môfieur de Frefnes, qu'il ne séble pas qu'il y ay t lieu de l'y admettre Et puis, Monfieur 1' Am> bafîadeur s'eft défia engagé fi auât, en la demâde de l'Archeuefque d' Vrbin , & toute Rome eft défia tellemétabbreuuée,que V. M. le defire,& queles Efpagnols s'y oppofct;&: en font vn point d'Efhti que quâd voftredite Muiefté auroit efté preuenuë, en l'acceptation des exeufes de fa Saincteté,pour l' Archcuefquc d' Vrbin,elie auroit fuiet.eftant plus amplement informée de L'eftat des affaires, de s'en rétracter. On parle encore de quelques auaes Prelats,côme de l'Ar- cheuefque de Florcce,&: d'vn nome Verallo, Nonce en SuifTe,qiu eft celuy poflible,que le Pape dclireroit le plus. Mais les çhofes en Ececc ij 77i LES AMBASSADES eftant venues fiauant,quiquecefoicquiyaille, pourueuquecene foit point l'Archeuefqued'Vrbin,lesEfpagnols croiront auoir eu le defïus : aulieuquevoftre Maiefté l'aura indubitablement , (î elle monlhe tant foit peu, d'y pcrfifter.Cela, c'eft chofe donc nous de- ùonslauTer le îugementàfa prudence , Se nous contenter ce pen- dant,de prier Dieu , SIRE, qu'il la eonferue en fa.profperité accoutumée, . B.V.M. BeRomcce 30^ Lctres-humble&tres-oieyj]antfuiet May, 1607. & feruiteur. I. Cardinal dy Perron. A R G V M E N T. // dit quiî conferuera perpétuellement l'obligation , en fin cœur \ dei > louanges & demonflrationsd' amitié , au ce Usuelles ce Seigneur o-j exalté fin entre mife au traité des Vénitiens v A MONSIEVR DE VILLEROY, CONSEILLER 3c Secrétaire d'Eltat. En Cour, O n s ie vr 3 Cemotfera,pcur vous remercie^ tant de la lettre qu'il vous a pieu m'eferire , que desofficesquemon frère m'a tefmoignez, que vous m auez. rendus- auprès du Roy , fur le fait duu traitté des Vénitiens , auec fa Sain&eté. Car il m'a eferif ,que vous m'auez fait l'honneur d'exal- ter ce peu que i'y auois contribué, auec tant de louanges, & dedemonftrations d'amitié , quei'en demeure tout muet & confus. le prie Dieu qu'il me face la grâce de pouuoir par quelque feruice,fuppléer au défaut de mes paroles. Ce pendant, i enconferueray l'obligation perpétuelle en mon cœur, & vous en rendray tous les iours, auec lame &\la penfée,mille actions de grâ- ces. Quant aux nouuelles dedeçà , Monfieur TAmbafladeur vous en tient pleinement informé. le vous diray feulement, que le Pape ET NE GOTIATIONS. Lrr Ht y7f nous a monftré, à luy se à moy,vne grande douleur , de l'arrefr de Meïïîeurs de Bordeaux, contre Monfieurle Cardinal de Sourdis, &dei'impreiTionquienaeftéfaitte , Se fur tout,à Venife , où il a efté imprimé en Italien. le luy ay promis de vous en eferire vn mot. Vous aurez auflîfçeu les conteftations1, qui fonticy, entre les François & les Efpagnols,furrellecl:ion duNonce,qui doit aller en France: Et le verrez derechef,par ce quei'enefcry au Roy. Gc qui m'empefehera d'allonger cefte lettre ,d'autre chofe3que d'vne afte- ftionnée prière à Dku,qu'il vous conferue > MoNSiEVR,en oarfaitte famé Se félicité. D e R o me, ce 3 o. Voftre tres-afetfionnh May, 1607, (eruiteur. I. Cardin al dv Perroh; A RGVMENT. Tour l'tfiime qu'il f A it du- jugement de ce Seigneur M tient à beaucoup dé gloire M bonne opinion qùil a de luy. A MONSIEVR DE PVYSIEVX , CONSEIL 1er Se Secrétaire d'Eitat , En Cour . |S|f? Onsievr, L'honnefte lettre qu'il vous a pieu m'eferirej E§yf fur le fait du traitté des Vénitiens -, auec fa Sain&eté , vaut mieux que ce que i'y ay contribue, le vous en demeure grande- ment obligé, te tiens à beaucoup de gloire, la bonne opinion qu'il vousphift auoir de moy5pour l'eftimeque ie fay de voftrc beau iu- gement, qui excède de Ci loin, les bornes de fonage,qu'il lahTelicis de merueille,& d'enuie,aux plus vieux.Ie prie Dieu qu'il me face la grâce de continuer à vous maintenir en cefte bonne opinion , pat mesferuices,&enuerifaMaiefté, 6e entiers vous , en particulier;- &le fupplie , M o n s i e v r j vous auoir en fa fain&e Se heureufe garde. De Rome, ce 30. Vofirt très- afc&ionjfi ' ferme*?, May, 1607- ï. Cardinal dv Perron* Eeeee iîj 774 LES AMBASSADES ARGVMENT. C'ejl vnetres-polie & ornée congratulation , de fin efferé retour auprès du Roy. A MONSEIGNEVR L'ILLVSTRISSIM E ET Reuerendiflime Cardinal du Perron, Archeuefquede Sens, & Grand Aumofnier de France. A Rome. Onseigkeyr, Comme i'ay efté l'vn de ceux qui fe font plusref- iouis de voftre promotion au rang des Princes de l'E- glife,&des derniers bien -faits, dont le Roy arecom- penfé voftre vertu ,• le fuis aufîi , de ceux qui receuront plus de vray contentement de voftre heureux retour en France, duquel nous Co- rnes en fin,aiTeurez.Ie croy qu'en tout temps,vousy auez efté defiré des gens de bien, mais vous y reuenez en vnefaifon, en laquelle les vceus &: les foufpirs de plufieurs de vos feruitcurs, vous y appellent, corne vn Hercule chaffe malheur, Vous y reuenez après vne occa- fion,qui vous a tant apprefté d'hcneur,£t de bon accueil, que iepen- fe défia voir voftre arriuée en cefte Cour, corne vne triomphe. Car fi lenomdeMonfieurleCardinalde Ioyeufe,s'cftilIuftré, pour ce qu'ilaeftéle chefde cefte célèbre action, le voftre eft magnifiépar tout, l'hiftoire de ceft accord, eftant par tout cogneuë,& fçachanc vn chacun, que la victoire de ce grand combat, eft deué à la force de vosraifons&de voftre éloquence. De forte que vos ferui'teurs ont eu ce contentement, de voir ceuxqui s'eflayoient d'eftoufFer la gloi- re qui vous en eftoit deuë,ou de la diminuer à leur pouuoir, eftre cô- traints en fin de l'aiiouer, corne les diables firet, la diuinkc de Iefus- Chrift. le puis dire auec vérité, que cefte ioye a beaucoup addoucy l'aigreur de deux fafcheries, qui m'ont afTailly en mefme temps , Se defquellesie prie Dieu me deliurer, auant voftre retour , afin qu'à voftre tantyde/îrée rencontre, qui fera le plus près qui fe pourra, de la frontière, ic comparoifTc deuant vous, auec vn vifage, qui au- gmente pluftoft voftre ioye , que de troubler la tranquillité de vo- ftre efprit. Venez donc , Monfeigneur , auec ces heureux aufpices, ET NE G OTl ATI ON S. Liv. liï. 775 qui iamais ne vous abandonnèrent , recueillir en voftre patrie, les doux fruits d'honneur» que vous ont préparez vos labeurs publics & priuez;& reprédre vn peu de repos, &de saté, en ce doux air na- tal, pour retourner plus vigoureuXjs'il en eft befoin, aux.laborieux exercices, aufqucls voftre fufrifance, 6c voftre dignité, vous appel- lent. Attendant ceft heureux retour,que mon defir me fait trouuer knc& urdif.ieprieray Dieu , Mo n s b i g nevr, que vous ayant comblé de tant de graces^Ivous- en face ioiiir longuement, & tnparfaircfanté, De Fontainebleau, ce 7. iour V oflre tres-humble jres-obeyffant de 607, & irts-affeftionné fer tuteur. La Brosse. ARGVMENT. Jlfftfuppltéde v&uîâir faire aggréer au Pape .certaine permutation, A MONSELGNEVR LE CARDINAL DV PERRON.. A*- Rom* O N J E I G K îV* ) Lesteimoignagesfifrequents,qu'il vousplaiftme don»» ner,de voftre amitié, par vos lettres, ne me laifTent à ddï« itr que d'y eftrehonoré de vos commandemens,afln que par l'exé- cution d'iceux/ie pmfte en quelque partie. , fatisfaire à l'obligation que i'ay,de vous rendre très- humble feru'ice.-laquelle ie vous fup- plie encore, de vouloir accroiftre en prenant la peine de faire trou- uer bon à (a Sainctetc, ce que i'auois prié Monlieurf Archeuefque d'Vrbin,de vous propoleis&ilm'a alîeuré que vous l'auiez aggrea- ble.qui eft couchant la permutation de la PatrouTe de Gaillon, auec telle autre duDiocefe de Roûen,qui fera la plus àproposj&squsce- Iafepuiiîefaire,fansleccnfentement de nos Chapitres. Et par ce que fa Sain&eté y pourroir faire quelque difficulté, il mefemble ne- ceflaire.Môfeigneuivqiul vous plaife y employer voftre authorité, entiers (à Sain£leté,&rafteurer quec'eftpour le bien :ommû-des Monfieur rAmbanadeuj;,&: moy, oi\ nous nous fommesiettez en franchife, contre les premiers aflauts delà chaleur,qui nous menaçoità Rome. Cela m empefchera de vous parler d'arîaires,& me fera contenter à vous fupplier de croi- re, qu'en quelque lieu que ie puifTe eftre,ie feray toufiours , JVl ON SLEVR, De Tiuoîy ,ce îi. / Veftrt tres-affetfionne . luin, î6 07. (ermtenr. I. Cardinal dv Perron.: ARGVMENTr. lltfi 'fappiié de fa&djter le fuccés â-efirt rs des pr oui/ion s âej ' Eutfthê de, Toul. A MONSIEUR; LE CARDINAL D V PERRON., A Rome, OnsiEVa , Il 3 pieu au Roy , fupplier fa Sain&cté , de vouloir conférer a mon fécond rlls^'Euefché de Toui , va-, cantprefentementjparlcdeccsdefeuMonficur de la Vallée. le fçay quel'authorité de fa Maiefté,fera de très-grade efficace , pour faire refoudre celte affaire: Neantmoins eflant afleuré du crédit, que vos mérites vous ont acquis en uers faditieSamcteté: I'ay efti- mé vous deuoir fupplier,comme ie fay bien-humblement , nous vouloir afTifter;&: par yoflre faueyr,faciliter le fuccés de cefle p ET NEGOTIATIONS. L?V' lil 't>ç uillQn5queiedefirepourmon-ilitfils. L'amitié qu'il vous a tou- jours pieu me tefmoigner , fait que i'ofe vous donner celte peine* fous l'afTeurance que ieprens, qu'en toutes autres occafions , où i'auray moyen de vous fer uir, vous me ferez l'hôneur de me m- mander, & employer librement: & vous me trouuerez toufîours preft de vous obeyr^d'aum" bonne volonté,que ie fuis . M o n s i e y R , A Nancy , le i z. ' Vofre bien-humble & plus tjfeclionn ê Juin. 1^07. feruitcur. A R G V M E N T. -Surlapermijsion qu;le Roy luy. adonnée ydercuenir en France ■> Ureçoit ces élégantes lignes , de Monfeigneur le Chancelier , pleines d'hon* neur3& d'efïme de fa vertu. - A MONSIEVR LE CARDINAL DV PERRON* A Rome, Onsiivr > le ne pourrois afTez exprimer laife &: con- itentement,que i'ay receu5par l'efperance qui nous eft dô- >née,de vous voir bien-toft par deça,où vous eftes attendu ~& defiré de tous gens de bisn,qui honorent voftre vértu,& qui ef- perent, par voftre prefence, que vos fages confeiis feront encore xendus-plus vciies>pour le bien de la France, & pour la confol atica de tous les bons. I'auois l'honneur d'eftre prefent , quand le Roy vous accorda la permiflîon de reuenir en France , auec ioye 'Se alle- , -greffe d'vn chacun. le n'ay veu que Monteur de Villeroy , qui rç- . grette le défaut , qne voftre abfence pourra porter aux affaires de Rome.Ce qu'il a déclare rondemet, au Roy:Mais ç'aeftéde fi bô- nefaçô,8c auec tefmoignage 11 honorable5qu il réd à voftre mérite, que vous ne luy en pourriez fçauoir,que bon gré. l'efperc que dans peu de têps^nousaurôs l'hôneur de vous iouyr, tous deux enséble, :&dçYouscefmoiener> Monfieur, par tous les feruices, que nous ' - - -- . Fffff i) 7go LES AMBASSADES vous pourrons rendre , que nous fomrrtes vrayement vos ferui- teursjcomme en particulière vous prie croire de moy, que ie fuis Scferayàiamais , MONSIEVBL, De Fontainebleau, ce if. vofireplw-humble & ajftc~tionnc Iuin,i^Q7. firuiteur. B Rvlart- ARGVMENT. Jlejl -exhorte par ce Seigneurie prendre garde de s'en reuenirÇeurementi & affèuré quille trouueraaup dejïreux de l'honorer &/eruir} qu'il 1 4 toujî&ursejié. A MONSIEVR LE CARDINAL DV PERRON. A Rome. y O nseigî* e vk, Puis que nous deuons auoir ce bien , que de vous voir par decà,bien-toft ; ce que îaya vous faire fçauoir,par laprefente, eftque vous preniez garde d'y venir feuremem, Se partant, que pre- niez voftre commodité: vous affeurant que vous me trouuerez aufïi defireux de vous honorer & feruir,q ne i'ay tou- fîours efléjComme i'ay prié le Sieur Gueffier, vous dire, en attendit que vous en receuiez les efTets. A tant,ie prie Dieu , M on s e i gn e v r, qu'il vous conferue en bonne fanté , 8cme re- commande bien-humblement, à vos bonnes grâces. De Fontainebleau,ce 1 6. Vcjlre bien-humble feruiteur, Iuir>,i6o7. De Nevfville, ARGVMENT. Monftem le Baron de SaUgnacyrecomre vn fort ancien manuferit C recy ET NEGOTI ATIONS. Liv! III. 781 â'Oraifons addrejjèes a U Vierge. La longueur des cepiftes du pays. Il enuojefon Aumêfnier'Otrsk Capha>pour en acbepter d'autres. Hère- tiques difpofez, à courir en Italiejile troubley euj? continué. Nombre inaccoutumé de lannijjaire s ^contre les Rebelles. Le Vifir 3 en dfe. Paix de H ongrie,hors de faifèn. AmbaJJadeur de Polongne, attendu. Certaine Luneteflimêe mal-heur eufe par les T urcs. A MONSEI GNEVR LE CARDINAL DV Perron. A Rome. Omseignevr» le reccu,Ie quinziefme du prefent , trois des voftres, du dix-feptiefme Feurier , trentc-vniefme Mars, Se vingt-vniefme Auril. Ce foin me remplit d'obliga- tions,queie ne puis payer;fî quelque bon-heur ne me donnoit occafionde vous rendre quelque aggreableferuice, que ie rechercheray toujours , autant que ie la délire affection nément. Depuis que ie fuis icy,i'ay tafché à recouurer des manufcritsGrecs, mais alîez inutilement. l 'en ay trouué vn bien vieux, qui eft com- me de bien longues Oraifons,addreiïees à la Sain&e Vierge. On ne le m'a voulu vendre,en façon du monde:bien ay-ie tant fait, que l'on me permet de les faire copier> & y a plus d'vnan Se demy , que celuy qui en a pris la chargeait apres,fans eftre paruenu encore à la moitié, Se fi n'yapasdebefogne à vn -Efcriuain François , pour quinze iours:de forte que quand bien on en trouueroirà copier (ce queien'aypeuencore)la longueur y porte de l'impoflibilité , Se croy que c'eft temps perdu des y amufer. L'autre tour, quelques Caloyers,deuerslc Capha,vindrent céans , Se m'arteurerent qu'en ces quartiers il y a de vieux Monafteres, où il yen a beaucoup , Se s'off' irent de me ies faire voir,& vendre. Sur quoy ie me refolu auf- fi to.ie l'attends d'heure à autre j y ayant deux mois pafTez , qu'il eft party.S 'il rapporte rien qui méri- te, il me fera de tant plus aggreable,puis que vous en defuez, & le tout fera à voftreferuice. le fuis bic marry que ie n'ayereccu le mémoire, qui me peint do- ner vnpeuplusdecognoirTancedeceFrancefco Bolognini. le ne laiiIcraypourtant,d'en faire faire rccherche,m ais plus vtilcment , à Fffff ii; 7«x LES -A MB A S S A DE S àmenaduis, fi on me l'enuoye:& croyez que voftre volonté, au- gmentera en ce fait,& mon foin,&r ma diligence,defirant par tout, de tefmoigner l'honneur que ie vous porte. En fin l'afTeurance de voftre accord eft arriuée,qui eft vn tres- grand bienpour la Ghreftienté,&: fa Sain&cté ne pouuoit l'obliger dauantage, que luy donnant ce repos. De toutes parts , les Hereti- .quesfedifpofoient de courir en Italie, & y faire bien leurs choux gras, de toutes façons. Cefte bonne nouuelle nous eft arrivée, auec celle de la naiïTancedvnnouueau Duc d'Orléans. C'eft vne nou- uelle faueur,dont Dieu nous honore,qui chaftera du tout , s'il luy plaiftjce qui reftoit de mauuaifes humeurs, chez nous. Pour nos nouuelles,tout eft porté à la guerre de Perfe : mais cefte faifon ne s'employerajque contre les Rebelles^uis'eftonnent defia,du grâd apparat qui va contre eux. De vray, l'armée fera grande,& y aura vn corps de bien vingt-mille IannifTaires; cequines'eftveu, il y a bien long- temps. Le Viftr eft en fes tëtes,du coft é del'Aiîe , 4equel voudroit bien,auant partir, voir laffeurance delà paix.de Hongrie, que nous croyons, par les nouuelles qui viennent d'Italie , & non par ce que nous voyons,ny entendions icy. Iamais aucune ne fut plushorsdefaifon,nynerauitàceluyquilafait, de fi belles occa- flons d'y faire honorablement fes affaircs.Dieu foie loiié.. Le Vïzir aufti defirevoir l'Ambaftadeur de Pologne, auant partir , venant pour traitterdiuerfesçhofes.On l'attend dans cinqoufix iours. Et encore il s'arrefte,par l'opinion qu'ils ont,que cefte Lune eft mal - heureufe. I e ne failliray ,puis que vous l'auez aggreable, vous ad- uertir de cequife paftera.Pleuftà Dieu,peuffé-ie félon mon defir, tefmoigner combien ie fuis, , MONSEIGN EVRS Aux Vignes de Pera,lez Con - Voftre bien-humble feruiteta* ftantinpple,cezo.Iuin,i(j07. Salagnac. A R G V M E N T. Il feiointattec MonfieurÏAmbaJJadeur.aux allions de grâces M Gou- vernement de Lyon : & de fer it au fur plus ^a [a Maiefté, cequife falfe fQHrUNonctiture.de Fraw^&la V délégation d 'Avignon. ET NE GOTIATIONS. Liv. IN. AV ROY HENRY LE GRAND. IRF, Ce mot fera pour me conjoindreauec Monfieur l'Ambaffadeur, au remerciement du don qu'il a pieu à " voftre Maiefté luy faire, du Gouuernementde Lyon; eftant vne grâce , à laquelle outre plufieurs autres confiderations, il me femble que l'honneur quefay de feruir icy voftre Maiefté, auec luy , m'oblige de participer, le prendray donc lahardieffede vous dire , S I R E, que cefte action a tres-bien fonné à Rome , 8c aaioufté vn grand accroiffêment de crédit, aux affaires de voftre Maiefté , en cefte Court, par le foin qu'elle a monftré auoir , de re- eognoiftre&recompcnferceux qui l'y fcruent. Chacun s en eftref- ioiiy , Se a loué le tefmoignage qu'elle a rendu, par celle declaratiô, au feruice de Monfieur f Ambaffadeur, Se aux mérites de Monfieur de Villeroy, jnon moins, cogneus]& eftimez icy , qu'en France, Et moy , pour mon particulier, i'en ayreceu vn tel contentement, que ie ne me fuis peu empefeher de l'exprimer , par ce mot d'a&ion de grâces à voftre Maiefté. Quant aux affaires de deçà , Monfieur l'Ambaffadeur en informe fi precifément voftre Maiefté, qu'il ne me refte rien à luy dire, finon qu'ayant eu auis que voftre-ditce Ma- iefté auoit fait parler de nouueau , à Monfieur le Cardinal Barberi- no , de l'élection du Nonce, qui deuoit aller en France, & qu'elle enuoyoïtnouuclle commifîion , à Monfieur rAmbafîadeur,poui en tiaitterauecfaSain&eté ; le communiquay , Vendredy aufoir, ceft auis, àMon fieur l'Ambaffadeur, afin de pouruoir à faire différer la refolution de fa Sain&cté, iufquesà la venue de ce nouuel ordre de voftre Maiefté. Surquoy Monfieur l'Ambaffadeur m'ayantref- pondu, le foir mefme,&: encorele Samedy au matin, qu'il n'en auoic point de nouuelies,&; que pour ce, n'en pouuoit-il pas parler de luy-, mefme,au Pape: mais que fi le Pape luy en parloit, ilprieroitfa Sain£teté de différer : Et d'ailleurs , m'ayant dit qu'il craignoic que le Pape ne rit le Lundy fuiuant , en Confiftoire , la déclara- tion du Légat d'Auignon , auquel cas , il feroit auffi au mefme temps , ou auparavant , celle du Vicelegat , 6c du Nonce , dau- tant qu'il luy auoir dit qu'il ne feroit point l'vn. qu'il n'euft fait les deux autres; le luy aiouftay, quei'en parleron donc le Dimanche auJPape , Se le prierois de différer, ou la r-clolution, ©u la deda- 7*5 LES AMBASSADES ration defarefolution, pour quelques iours. Mais il arriua, que le Samedy au foir , il me tomba vn cathere , auec vne grande enflure, fur la moitié du vifage, Se fur la gorge , qui rn'empefcha de me pou- uoirtrouuerenla Chapelle du Dimanche, qui fe deuoit commen- cer dés le point du iour. Cela fui: caufe quei'en écriuy le foir, en me couchant , vn billet au Pape , pour le prier de différer fa résolution, ou la déclaration defarefolution, iufquesà ce que Moniteur l'Am- baffadeur , Se moy, euflions peu au retour de fon Secrétaire, qui de- uoit arriuer dans quatre ou cinq iours , parlera fa Sain&eté , Se iuf- ques à ce qu'elle euft eu des nouuelles de voftre Maiefté , & du Car- dinalBarberino. Le lendemain, Monlieur l'Ambafladeu:, auquel faSain£teté(commeilmedit) en entama le propos, en la Cha- pelle, luy fit la mefmepriere , Se obtint d'elle , qu'elle differeroit encore fa déclaration , pour quelques iours. 11 eft vray que je crains que tant ces prières de Monfieur l' Ambaffadeur , Se de moy , que les nouuelles inftances de voftre Maiefté; quand elles an iucront ,foict vnpeutardiues,parce que fa Sainteté, fur le premier auis qu'elle eut , il y ahuid ou dix iours , delà part de voure Maiefté , fe refolut de donner la Nonciature , à fon Maiftre de Chambre , croyant que voftre Maiefté^ny fes Minières, ne le pourroient refufer, damant qu'il eftoit appointé d'elle , Se que les Efp^gno! s ne s'en pourroient offenfer, dautant qu'il eft auflî leurpenfionnaire: Au contraire, que c'eftoitchofequelesEfpagnols defiroient & procuroienr , comme iel'efcriuy , il y a prés de deux mois , à voftre Maiefté , l'ayant ap- pris dlrCardinal Conty , &: autres Cardinaux de leur fadion. On tient qu'on mettra en fa place , pour feruir de Maiftre de Chambre, . àfaSaincteté,vn nommé le fieurPauone, Secrétaire des mémo riaux ,affezbon homme, raaisquiatoufiours par lepaffé,faitpro- felBon d'eitretfpagnol. 11 eft vray que depuis qu'il eft Chanoine defainct lean deLatran,tlaaccepté vne des portions, que voftre Maiefté donne à laditte Eglife ; comme le Cardinal Colomne mcfme, eneuft bien pris vne , fi voftre Maiefté la luy euft voulu donner. Pour le regard de. l'Àrcheuefque d'Vïbm , fa Sain- teté , afin demonftrer , dit elle , le cas qu'elle en- fait , le deftineà la Vicelegation d'Auignon. Chofe à laquelle les Efpa. gnols ne s'oppofent nullement , eftimants qulls ne perdent rien en fon cfioignemct de Romc pourucu que ce ne foit point pour refider auprès de voftre Maiefté. Qjuant à iuy,il eft in- diffèrent , ôe également incliné , à tout ce qui fera du fejuice & de la volonté ET NEGOTIATIONS. Liv.HT. ^ volonté de voftre M aiefté : Mais il craint d'eftreprefïe de déclarer fonacceptation,oufon refus>deuant que d'auoir loifîr d'apprendre lequel des deux , voftre Maiefté iuge eftre de fon feruice. Pour le faitdelaNonciature, nous verrons, par la prochaine dépefche de voftre Maicfté,quelle infiance il luy plaift que nous en rallions ; &: entre-cy & là .efîay erons de maintenir le Pape,en la promefTe qu'il a faitte,de ne déclarer point encore, celuytju'il a deftiné pour Non - ce:afin de donner loifir auparauant, au paquet de vofhre Maiefté,. d'arriuer.Et cependant, prierons Dieu, SIRE,qu'il continue de la preferuer en tout heur, Se profperité. D.V.M. De Romcce 27. Le tres-humbleé ttes-obeyjjant fuie! Iuin/1607. & ferutteur. I. Cardinal d v Pkrrok, A R G V M E N T. il luy exprime U contentement qu'il receit , de U grâce du Gêuutrntur de Ljonlfiitteà M enÇieur ? \^4mbaffadeur. A MONSIEVR DE VILLEROY, CONSEILLER & Secrétaire d'Eftat. En Cour. O nsievr, Ce mot fera,pour me conioiiir auec vous, de la grâce que le Roy a faitte à Monfieur l' Ambafladeur, duGouuernement deLyomau contentement de laquelle, il me femble , outreplufieurs autres confiderations , que 'honneur que i'ay,de feruir icy fa Maiefté , auec luy , m'oblige de Jarriciper.I'en écry au Roy,trois lignes de remerciement , Se de té- moignage , combien cefte action a efte louée icy ,pour la preuue qu'elle adonnée, du foin que fa Maiefté a, de ceux qui le leruent au loin;& pour leplaifir que chacun a receu , de voir vos merites,&: Ggggg 7%6 LES AMBASSADES leferuicedeMonrieuirAmbanadeurjCncefteCourjrecogneus^ar vnefieminente marque de la cognoiffanee que faMaiefteen a. le prieDieu, qu'il luy faffe la grâce d'en iotiir, ôcà,vous, del'enyoir ioiiir long-temps.&: demeure, MONSIEVR) De Rome,ce 27. Vofire tres-afectionne Iuin, 1607. (crttiteur. I. Cardinal dv Perron. A RGVMENT. // impute a fa courtoijîejes honncfles témoignages âefaùsfaclien, que It Roy luy a rendu s, far [es dernières âépe[ches,ejr fe refiouit mec luy } du CoHttermment de Lyon donné à Monjleur f Àmbûffadcur. A MONSIEVR DE PVYSIEVX, CONSEIL- 1er 8>c Secrétaire d'Eftat , En Cour . Onsievr , l'impute à voftre courtoise , les honneftes témoignages qu'il a pieu au R oy me rendre,tant par fes dernières dépefches,que par les précédentes, du contentement que fa Maie- ftcareceu, de ce peu deferuice, quei'ay effayé de luy faire, en l'affaire des Vénitiens. Et pour ce,ie vous en remercie de tout moyen , me ré- joîiy auec vous,de la grâce que le Roy afaitte à Monfieur l'Ambaf- iadeur,du Gouuernement de Lyon , ô^me ralaigreauec A'-adame de Puy fieux.que cefte charge,qui auoit efté fi dignement colloquéc en la perfonne-de Morrfieurfon ayeul , foit retombée en celle de ET NEGOTI ATIONS, Uv. Uf. 7%7 Monfieurfonpere. le prie Dieu, que ce foitpour long- temps , &c que ce pendànt,vous continuyez à me tenir. M ONSIEVR,pOlir De Rome, ce 27 . V ojlre fias •affectionné Iuin, 1607. ferniteur. I. Cardinal dv Perrqv, ARGVMENT. Sa Maieflcluy recommande affetfitettfement , vne grâce à obtenir de fa, Saincleté. A MON COVSIN LE CARDINAL DV PERRON, A Rome. On CovsiN , Vousfçauezcombieni'aimelal'a- û fuhea, pour la deuorion Se pieté, que i'ay toujours rccogneuëenelle. Il y a quelque temps, que le feu Pape luy oftroya,en ma faueur , vne difpenfe , pour pouuoirauoir vn Pere Capucin,pour adminiftrer Se reg.i ion ConuentdeSienne,&y confeflTer , Se adminiftrer les Sa- crements. Mais cefte difpenfe fuft reftrainte à deux années,comme cftant chofe contraire à la reigle defdits Capucms.Neammo*ms,la- dicte Pafuhea m'ayant fait prier d'intercéder encore, enuers noftre Sain£tPere,pour lefupplierde luy en octroyer la prolongation Se continuatiomievousécry celle-cy,pour vous prier, comme ie fay tres-afFedueufemenc,de vous employer, & y apporter, aueemon nom . voftre crédit particulier, afin que fous voftre bonne conduit- te.cefte grâce ne me foit dcniée.Sur ce,ie prie Dieu , mon Coufin» qu'il vous tienne en fa fain&e &digne garde. EfcritàFontaine- blean,le 27. iour de Iuin, 16 07. MARIE Phelypeavx. 78$ LES AMBASSADES ARGVMENT. A quelque lettre de louange & remerciement \fucci de celle -cjid'vne très* ornée & ires-foliettffure. A MONSEIGNEVR LE CARDINAL DV PERRON. A Rome. MOnseignevr, Mon âge ne permet point , que mon opinion , ny mavoix;nymaplume, puifTentaioufter quelque gloi- re à Yoftre excellente vcrtu.mais bien la moindre ap- probation, qui viendra de voftre rare iugement, eftfuffifanted'é- leuer Se donner prix, aux plus baffes actions. Aufliauray-ie tou- jours pluftoft recours à voftre bonté, Se à l'honneur de voftre bien* ueillance,pour couurir mes defauts,qu'à l'équité Se droittu re de yo- ftre grand efprit,qui ne peut eftrefurpris,ny deceu en Tes iugeméts, Se principalement,en celuy que ie vous fupplie de faire,de mon de- iir ,à vous térnoignerqueiefuis, MONSEXGNEVR, De Fontainebleau, ce 28. V offre très- humble Juin, 1607, feruiteur. PVYSIEVX. ARGVMENT. En cefle lettre eftbien au long mentionne à fa M 'ait 'fit \î intereft quelle é, de faire reupr abfolument 3 fa pur fuit te de la Nonciature , contre le stratagème des Efpagnols. ET NEGOTI ATIONS. Liv. I1L AV ROY HENRY LE GRAND. IRE, Monficur l' Ambafiadeur m'a donne auiourdhuy , peu après le retour de la Capelle,vne lettre de voftre Maiefté, qui luy eftoit venue dans vn paquet, qu'il re- ceut hier:par laquelle voftre Maiefté me commande de mcioindreauecluy, afin defoliciter&prefler Je Pape, delà Non - ciature de France, pour l'Archeutfque d,Vrbin.-& cela auec des termes fiexpres>que rien plus. Iel'ay leùe à Monfieur rAmb3ifadeur,qui m'a dir,que fans doute,fielle fuft ar- riuéedeuant la déclaration , que le Pape fie hier à Ton Maiftre de Chambre,qu'il le defîroit enuoyer vers voftre Maiefté , Se que l'on euft preffe le Pape, de la façon dont voftre lettre le commande ; fa SaincV:té fuft condefcendiïeà gratifier voftre Maiefté, de cefte in- ftancetmais que (a Saindeté,ayant hier déclaré fon intention, à fon Maiftre de Chambre , il craint qu'il toit fort difficile de la faire : e- uoquer. Or encore qu'en cefte affaire, il fefoitpafîe beaucoup de chofes,qui femblent diminuer le crédit & l'authojrité de voftre Ma- iefté,à Rome.neantmoins , celle qui l'offenfe le plus , eft la déclara - tion anticipée,quelcPapeenafaitte. Car ayant efté fa Sainteté, priée de la part de voftre Maiefté , par moy , qui luy en écriuy Sa- medy au foir,vnc lettre , de ne point faire ou déclarer fa refolution pour la Nonciattire,iufques à ce que la nouuelle dépefche,qui s'at- tendoit de voftre Maiefté,pour ce regard,fuft venue; & ayant pro- mis à Monfieur l'AmbarTadeur,à ce qu'il m'a dit,de ne pafTer point outre,que le paquet que fon Secrétaire luy apportoit,de voftre Ma- iefté fur ce fuiet,ne fuftjarriué ; l'auoitfait, feulement trois heures auant l'arriuée des dépefehesde voftre Maiefté , & cela mefme, après qu'on eut eu l'auis hier au matin,par vn Courrier , que les ex- péditions de voftre-ditte Maiefté,deuoient arriuer lefoinc'eft cho- feoùil eftmal-aifédeperfuaderau monde,quele refpeû deu à V. M.kiy ay t efté gardé. Et pour ce, ie penfe qu'il eft du feruice de V. M.d'en faire plainte, &. demander quony apporte remède. En quoy faifant,on obtiendra,ou que fa Sain&cté reuoquera cefte hen- né declaration,ou la fufpendra;iw f^ues à ce que V. M. ay t accepté» 79o LES AMBASSADES ®u refusc.le fuiet:ou pour le moins,on obtiendra qu'vne autrefois, le Pape fera plus retenu és chofes , qui pourront caufer quelque dé- gouft à voftre Maiefté. Sa Saincteté reuoqua bien, à mon inftance,- ilyadeuxans,Monfieur Symonette , qu'elle auoitdeftiné Nonce en Sauoye,apres le luy auoir fignifié ; Se rompit bien le bail qu'elle auoit fait de fes galeres,à certains Geneuois Miniftres du Roy d'Ef- pagne,cncore que l'accord en fuft fait , &: la minute toute dreflee; pour ce qu'il luy fut fait fentir , que voftre Maiefté s'en offenferoit. Car quant au fonds de l'affaire.cc que voftre Maiefté luy demande, de grâce, elle luy peut demander de droit,& par iuftice; veuque fa Sainteté à toufiours promis d'obferuer l'égalité , entre V. m. & le Roy d'Elpagne. Et partant , comme elle enuoye en Efpagne,vn Nonce vaiTal du Roy d'Efpagne , elle doit enuoyer en Fiance , vn Nonce vatïal,ou qui equipolle à vnvaffal de voftre Maiefté. Car d'enuoyer en Efpagne, vn Nonce vaiïal&: entièrement dépendant d'Efpagne,^ enuoyer en France, vn Nonce , également penfion- naire de l'vn Se de l'autre, voire premier penfionnaire du Roy d'Ef- pagne,que de voftre Maiefté5ce n'oft pas obferuer l'égalité. V.M. feait que ie ne pren point plaifir à faire demauuais offices à perfon- nc-Jk particulierementjpour le Maiftre de Chambre,e!le fe pourra fouuenirqueieluy enay roufiours fait fauorable relation , incité à cela,&: de la mémoire du feu Pape Léon Xl.& du defir que i'auois, d'imprimer au commencement de ce Pontificat , vne bonne opi- nion du Pape,en l'efprit de voftre Maiefté , eftimant qu'il eftoit du bien commun delaChreftienté, Se du feruice particulier de voftre Maiefté. Mais depuisje Cardinal Delfinme dit.il y a deux moys, 8c me l'a encore auiourd'huy répété , que non feulement il eft de fa- mille Efpagnole, Se que les Vbaldins ont toufiours efté impériale fî:es,& Efpagnols : maismefme, quequantàfaperfonne, il eft au dedans,toutEfpagnoh Et que çe fut luy, duquel les Efpagnols fe feruirent,comme d'organe, Se de truchement,pour diuertir le Pape Léon Xl.de i'alfe&ion qu'il portoit à V.M. Maisie veu qu'il foie eafoncœjr , autant feruiteur de V.M. que iel'ay toufiours creu: tant y a,que ce font les Efpagnols, qui font autheurs de ce ftratagé- me,poui bailler le change à voftre Maiefté Se la fruftrer de l'effet de fa pourfuitte.Car il y a plus de deux moys,queie Cardinal Con- ty,&le Cardinal Montreal,m'ontmonftré defçauoir,qu'il y deuoic aller: comme iel'ay efcritjparlesordinairespaftez.à voftre Maiefté. Kr a cefteéled'on jamais aucun d'eux n'a fait oppofition : mais au ET NEGOTÏATI ONS. Liv. m. 791 contraire, ils en ont encore auiourd hny particulièrement , en la Capelle>&en maprefence,triom[ hc,& fait fignesdeioye. Dieu fçatt que i'ay regret d'élire contraint de venir à ces rapports, Se fçait encore,que i'ay fouuentdifiuad' l'Archeuefqued"Vrbin . des pro - pofitions qu'on luy faifoit,de la Nonciature , l'eftimanr plus vtile icy,pourle feruicede V. M. & pour fon bien piopre:qu'en France. Mais depuis quei'ay veu,que 1 inftanteque V.M. falloir pour luy, eftoit publiée; & qu'en Efpagne , on enuoyoit vn vaflal du Roy d'Efpagne;&: que le prétexte qu'on prenoit pour l'oppngner, eftoit la grâce de V.M. i'ay creu qu il eftoit du feruice Se de l'autorité de V.M. en cette Cour , que l'on vift qu'elle y fçayt porter Se protéger les fiens.Caronaimprimè enl'elpiit -du Pape, que voftre Maiefté craint tant de luy déplaire,qu'il eftime luy ponuoir faire paffer tou- tes chofes. Au moyen dequoy,ileftneceiTaire que faSaincteté ap- perçoiue quelquesfois , que voftre Maiefté reflent cequ'elledoit reftentir. Autrement.apres des promotions toutes Espagnoles, des Légations toutes Efpagnoles,de Nonciatures, Se auprès del'Einpe- reur,&à Venife,en Sauoye,fcen tous les autres lieux, toutes Efpa- gnoles;ceux qui abufent de fon authorité,acheuercnt tellement de fapper , & mettre par terre , l'authorité de voftre Maiefté, encefte Cour,qu'il fera puis après très-difficile delà releuer. Nous nous af- femblerons demain, MonfieurrAmbaiTadeur,&moy, pour voir comme nous y deurons procéder. Et cependant , ie rendray mille remerciements à voftre Maiefté, de la faueur qu'il luy a pieu me faire,de me permettre de luy aller baifer les mains,& de ioùir quel- que peu de temps, de l'honneur de la voir,qui eft ,apres la grâce de Dieu,ma plus grande felicité.Ieprie le Créateur, SIRE, qu'il conferuejafîeryie , plufieurs longues, &heureufes années. D. V.M. De Rome, ce 19. Le tres-humhie & trei'obeyjfantfmet Juin, 1607- CjT fermtcur. I. Cardinal dv Perron. LES AMBASSADES A R G V M E N T. Ce dotfe & pi*v* imitât eur de fkincl Philippe s de Neri,a recours eu cré- dit de noflre Cardinal jour 'hJîMiJJemcm d*vn des deuots Monafle- res decefieclc* A MONSEIGNEVR L'ILL VSTRISSIM E E,T Reuerendiffime Cardinal du Perron. A Rome. Onseignevr, Il vous a pieu toufiours,mobligertant>de l'hon- neur de vos bonnes grâces, & mefnie en rendre des témoignages fi publics, que mon démérite ne peut pcrfuader à ceux qui recherchent l'ombre de voftre authorité , que mon intcrcefllon nayt quelque lieu prc^de vous, pour en implorer la faueur. C'eft vn effet de voftre bonté enuerg moy,queievousfupplierecognoîftre, comme voftre, &lerece- uoirpourexcufciîi'entreprensde vousfuppliertres-humblemenc de vouloir fauorifer de voftre recommandation, deux honorables vefues,Damoifelle Ieanne Abfolut , 6c Dame Ieanne Befart, deû- r cufes & capables de faire retraitte du monde,fotis la reigle & con- duire des bons Pères Capucins.de la Prouince de France, &: retar- dées feulement, par leur condition de viduité , qui reçoit d'autant plusaifément,difpenfe, quelareigledelaquelleellesdefirent faire profefTion,n'y met point d'empefchement, mais feulement vne in- ftru&ion verbale,du Reuerendiffime Cardinal Monopoli,accom- pagnant les Bullesde l'ere&ion de ce Monaftere,en France. Mon- îleurGuefHer eû inftruit des moyens,qui doiuent faciliter cefte dif- penfe:ce qui me retiendra delcs déduire parla prefente.Seulement ;e vous fupplieray tres-humblement, me faire 1 honneur de croire, qu'elle fera tres-aggrcable aux Pères de 1 Ordre , en cefte Prouin- ce, qui dés long-temps recognoiffent le mérite, & la pieté de ces deux Dames,& n'ont eflé retenus à les admettre en ce nouueau Monaftctc, ET NEGOTIATIONS. Liv. III. 7n Monaftere,que par celle feule confideration > laquelle ils défirent eftreleuécparlemoyende V.authorité.C'eftpourquoy , s'il vous plaift tant faire,que le R. P. General des Capucins,ouleur Com- miiîairc de Cour,écriue au K.P.Ange de Ioyeufe > CommilTaire, d'examiner lefdittes vefues , auant le Chapitre prochain ; vous les obligerez grandement , à confacrer les prémices de leur deuotion en celle nouuelle vie , en fouuenance perpétuelle de celuy qui leur en aura moyenne la liberté & lapuififance.Et fi ie fuis tant heureux, que de pouuoir par deçà,quelque chofe pour voftre feruice, i'atten- dray l'honneur de vos commandements , &: le tiendray bien cher, comme eftant, MoNSEIGNEVB, Vofîretres-humbU & Hes-cbcyJfAnt feruïteur. De Bervlle. ARGVMENT. Retour en Franee,limité:Et entre f ri fe difficile. A MONSEIGNEVR LE CARDINAL DV PERRON. A Rome. O NSEIGN EVR, le ne vous écriuy point la fepmaine paflee , par faute de fuiet.I'en ferois encore autant cefte fois, n'eftoit la bonne nouuelle , qu'il vous a pieu me donner,de voftre voyage en France, fur ceft Au- tomne , dont ie ne veux faillir à vous rendre tres- humbles graces,&: vous fupplier me vouloir entre- cy & là3honorer de vos commandements^ ce que m'en eflimerez digne.ie limite Hhhhh 794. LES AMBASSADES mon partement,à la Noftre Dame de Septembre, iour de ma nati* uité,fi ie ne fuis retenu.contre mon deflfein. le n'ay point de lettres de mes enfans,depuis le feiziefme.Ie veux neantmoins efperer, que Dieu les conduira heureufement. Monfîeur noftreNonce a fait fon entréece matin, en la manière accouftumée . Il me prie de l'ayder àrecouurerlegouuemement & adminiftration des biens Se reue- nus des 1 efuites.C'eft vne entreprife allez difficile, pour fon auene- ment*& dont il me femble qu'il fe pourroit pafler.S'il mecroid, il y penfera deux fois,& prendra quelque plus aggreable introïte. le prie Dieu, Monseignev R,pour voftre profperité Se longue vie. De Venife,cc dernier Voflre trcs-humblê & très - affetfionnè Iuinjiéo/. feruiteur. De Fresne Canaye. A R G V M EN T. llejiinftamment fupplic de Monfteurle Duc de Rets, de vouloir parler à quelques Cardinaux >en faneur dvn C ordelu r de Flortnce. A MONSEIGNEVR LE CARDINAL DV PERRON. A Rome» OnSIIGNE'VR, Les preuues que iay del'afFe&ion que vousauez toujours témoignée à noftre maifon, me font plus hardiment, vous faire vne bien humble priere,pour vn Cordelier de celte ville, qui s'appelle , lePcre •A rchange.Plaifantin, lequel eit Vicaire de l'Inquifition, Docteur en Théologie, & Regent au Conuent de fain&e Croix à Florence. Il defireroit donc, Monfeigneur, que voulu/liez prendre la peine,à ma bien-humble fupplication,de parler pour luy, àquelques-vns deMeflîeurs lesCardinauXjquis'enfuiuentjafsauoir, Pinclli, Ari- ET NEGOTIATIONS. Liv. III. 79S gone,Bellarmino3Monopoli, Giuri, Zappatta, Afcoli, Sfondrato; pour faire en forte , qu'il puifife auoir i'inquifition de Pife , laquelle eft vaquée depuis peu de iours : leur reprefcntant , s'il vous plaifl, comme ledit Pere a feruy à laditte Inquifition,cinq ans,& à celle de Florence, quatre, fans aucune recompenfe. Outre fes mentes & bonne vie,ie vous diray , Monfeigneur, que ie luy fuis fort obligé, ayant fait mille faueurs à.Monfieur delaRoche-Gifart, pour l'a- mour de moy,lors qu'il eftoit piifonnier icy. le me promets , Mon- feigneur,que toutes ces confiderations , aueclafupplication que ie vous en fay, feront que m'obligerez de cela . & Ci en attendant que faille a Rome, vous me iugez digne de vous rendre quelque fer- uice par deçà,vous me ferez beaucoup d'honneur de me comman- der,& me trouuerez toufiours fort prôpt à effe&uer tous les com- mandements qui viendront de voftre part.Et fur celle verité,ie de- meureray toute ma viea Mon SEIGNEVR» De Florence, ce 24, Vojht ires-humble Iuiliet; 1607. /traiteur. Henry de Gond y, -Duc de Retz. ARGVMENT. Ceftt entière narration de ce qui e(i arriuê au fait delà Nânciature d& France ;& Vice légation d'Autgnon. AV ROY HENRY LE GRAN,D. *S!©^ii« Monfieur l'AmbaiTadeur ayant receu , le Vendredy ^^^^W 15.de Iuin,les lettres de voftre Maiefté , duz.dumefme £>?i*^f9f mois , par lefquelles elle luy declaroit ne vouloir point preffer dauantage,le Pape , de la Nonciature , oour l'Archeuefque V Hhhhh ij 7stf LES AMBASSADES d'Vrbin, fi fa Sain&etc continuoît à y faire quelque difficulté; fut trouuerfa Beatitude,à Frafcati,où elle s'efloic retirée, pourhuift, ou dix iours,& luy donna à entendre l'intention de V.M. Sur cela faSain&eté fe refolut de faire ce qu'elle auoit de long-temps pro- ietté,6c que i'auois écri t,il y a quelques mois,à voftre Maiefté,afça- uoir,d'enuoy er fon Maifhe de chambre>Nonce en France,& l'Ar- cheuefque d'Vtbin, Vicelegat en Auignon:Mais fans vouloir que l'on fçeuft encore rien de fa refolution , pour quelques iours. Le Vendredy iz.de Iuin, m'arriuavnauis, que V.M.faifoitnouueau commandement à Monfieur l' AmbafTadeur , &: à moy , & nous en enuoyoitlesdépetchespar le fieur Gucfficr , Secrétaire de Mon- fieur l' Arnbafladeund'infifter auprès de fa Sainéteté, pour la Non- cnture,en la peifonne de l'Archeuefque d'Vrbin. le communiquay cell:auis, à Monfieur l'AmbafTadeur , $c après luy en auoir donné part,priay lePape,par vn mot d'écrit, de différer à faire,ou à publier, fa refolution,pour la Nonciature,iufques à ce que la nouuelle com- miiïion.que V. M. enuoyoità Monfieur l'Ambafladeur,&à-moy, pour ce regard , fuft airiuée, & que fa Sain frété euft: aufli receu des lettres, du Cardinal Barberini,à mefme fin. Le Dimanche, Mon- fieur l'AmbafTadeur me dit derechef, auoir fair pareille inftance à fa Sainteté, & auoir obtenu promeffe d'elle, qu'elle netoucheroit point à la déclaration de la Nonciature.que le paquet de voftre Ma- îefténefuftarriué.Leleudy 2.8. au matin , veille de la fainct Pierre, vint vn courrier, qui apporta nouuelles, qua le fieur Gueffier,auec les dépefe-hes de V.M. deuoiteftreicy lefoir. L'apref-dinécdela mefme veille,& feulement trois heures deuant que le paquet de V. Maiefté arriuaft,le Pape(chofeinufitéeen tels iours) donna «à Mon- fieur l'AmbafTadeur, de publier la refolution de la Nonciature,pour le MaiftredeChambrejnonobftantquefa Sain cl:eté euft toufiours afTeuré Monfieur l'AmbafTadeur , à ce qu'il m'a dit infinies fois , de ne faire point de refolution,pour l'éleftion duNonce,qu'elle ne luy euft premièrement propofé le fuiet,& donné temps,d'en auertir V. Maiefté, &en auoir réponfe:&y aiouftaauffi, celle de publier la dé- claration de la Vicelegation d'Auignon , pour l'Archeuefque d'Vr- bin.Lefoir du mefme iour,arriua le fieur Gueffier , chargé des let- tres de V.M. Et le lendemain, Monfieur l'AmbafTadeur me fit l'hô- neur de me donner celle que V.M.m'ccriuoit.apres la le£ture de la- quelle,il me dit,qu'il n'y auoit point de doute , que fi cefte commif- fion fuft arriuée auant la déclaration de fa Sainteté s V.M.n'cull ET NEGOTIATIONS. Liv. III. 19y obtenu5pourrArchct]efquc d'Vrbin , oç qu'elle prêter doit. Icluy repliquay,quele Pape ne fepouuoit feruir de l'anticipation de celle déclaration, pour cxcufe de ne gratifier point V. m. ayanteftcfa Saindetc auertie douant qu'elle fift fa declarati-on, que la nouueilc commiffion de V.M.deuoitarriuer:! t qu'au refte,ceferoit d'autant plus doccafion & de moyen à faSainèreté , de monftrer le defir qu'elle auoit de complaire à V. M. quand el'e reuoqucroit en fa fa- ueur,vne déclaration défia faitte. Et que cela ne fuft point fans exc- plciie l ay écrie par l'ordinaire precedent,à V.M. Car fa Sainctcré reuoqua, àmoninftance, peu après le parlement de Monfîeur de Bethyne,la déclaration de Monfîeur 5 y monette , pour la Noncia- ture de Sauoye : Et le Pape Clément reuoqua3.il inu:ance de Mon- fîeur de Bethune,ladeclaratio défia faitte, du Vicelegat d'Auignon. NeantmoinSjMonfieurl'AmbafTadeur ayant trouuéplusà propos, denefairepointderechargeauPape, fur les dernières dépefch&s de V. m. ains attendre pour ce regard, nouueau commandement de V.M. à laquelle il me dit en auoir écrit:ie n'ay pas voulu aller au con- traire .mais me fuis abftenu d'en dire aucune parole , à fa Sainfteté, voire mefme de la voinnonobftant que ie recogneuffe bien , que la refolutiondefa Béatitude ,ne fuit pas fi fermejqu'ellene fuft ayféeà esbranler,& principalement, eftant encore toute récente, auec des paroles de tel poids,que celles de V.M. Et de fait,iufques à mainte- nant,elle n'a oie mettre en la place du Maiftre de Chambre , celuy qu'elle luy a deftiné pour fuccefTeunnefçachant fi V. M. l'approu- liera pour Nonce:& en ce cas, n'eftant pas refoluë d'exécuter fa dé- claration.Car quant à l'Archeuefqued'Vrbin > les raifons qui ont efté alléguées contre luy, n'ont elté quepretextes,nefe pouuât dire qu'il foit actuellement officier,& Confeiller de V. m. mais feiriemét gratifié par elle,d'vn tiitre honoraire:attendu qu'il n'a point efté re~ reuenfon Confeil, nyprefté le ferment, entre les mains de Mon- fîeur le Chancelier. Et puis quand illeferoit, n'eft-il pas première- ment officier &domeftique du Pape 3 & comme Référendaire du Siège Apoftolique , &. comme Euefque affiliant, & mangeant tous les iours, le pain de fa Sainteté ? Obligations, dont le lien ne peut cftre rompu par la nouuelle grâce que V.M. luy a faitte. Et de dire qu'il reçoit prouifion & appointement de V.M .le Maiftre deCham- bre ne la reçoit-il pas tout de mefme f Et s'il y a quelque différence cntre-cux,qui rende l'vn, capable de cefte charge, & l'autre non; quellepeut-elle eftre,finonque le Maiftre de Chambre reçoit anr c Hhhhh iij 798 LES AMBASSADES cela.penfionduRoy d'Efpagne, au moyen dequoy, les Eipagnok ri en peuuent murmurer ; &c l'Archeuefque d' Vrbin, non ? aufli le Pape m'a-t'il bien donné à cognoiftre,quand ie l'en ay prefle que celles-là n'eftoient pas les raifons efTentielles > qui leretenoient, mais deux autres,afcauoir,l'vne,la crainte , que fi fa Sain teté auoic à trakterquelque chofe,entre voftre M.& le Roy d'Efpagne,duranc la Nonciature de l'Archeuefque d1 Vrbinjes Efpagnols neleufrenc pour fufpet.côme trop confidents: partial de V.M.Confideration qui deuoitauflî bien auoir lieu,pour le Nonce,que fa Béatitude en- uoye en Efpagne, qui eft vafial &: feruiteur déclaré du Roy d'Efpa- gne. L'autreJ'apprehenfion que les Efpagnols n'entraiîent en ia- loufie,que fi après les chofes qui fe font paflees etiltalie, fa Sainte- té vous enuoyoit l'Archeuefque d' Vrbin , demandé par-voftre M. &c tant partial feruiteur de V. m. & tant intelligent des affaires d'italiejce ne fuit pour noucï'ôceftreindre quelque prattique contre eux,entre voftre Maiefté,&: les Princes d'Italie. Et au bout de cela, toutesfois,elle me fit aflez iuger,par la fuitte de fes paroles,que fi V. M.continuoit en ce defir,fa Sainteté fe laifleroit fléchir. Ce qui me fut encore confirmé par deuxCardinaux,à qui fa Sainteté en auoic communiqué,qui me dirent,que la refolution de la Nonciature, dé- pendoitdelaperfiftence,oudefiftencede V.m. de laquelle fa Sain- teté attendoit pour ceft effet,téponfe de France. Mais quand fa Sainteté n'auroit point voulu accorder à voftre M. ce quelleluy- demande de grâce , en faueur de l'Archeuefque d'Vrbin , pour le moins,ne luy pouuoit elle dénier ce qui eft de Iuftice,afçauoir,i'ob- feruation de régalité,qu'elle a toufiours promife , entre voftre M. & le Roy d'Efpagne:au moyen de laquelle, comme elle enuoye en Efpagne, vn Nonce , va fiai Se feruiteur déclaré du Roy d'Efpagne, la raifon vouloit qu'elle en enuoyaft aufîi vn , en France , vaftal de V.M. Car de dire que voftre M. n a point de vaffaux en Italiedes Euefqucs François,^ nommément ceux dés Prouinces , qu'ils ap- pellent d'obédience , Scvoy fines d'Italie, font-ils excommuniez? Ne font ils point Chreftiens?ne font-ils point Catholiques ? ScCt pour cftrevaftaux de voftre Maiefté, ils font incapables de telle charge;pourquoy moins,les ValTauxdu Roy d'Efpagne?àl'aduen- ture n'y a t'il pas aftez d'Euefques,en l'Eftat Ecclefiaftique, pour en faire des Nonces en Efpagne. Mais ceft trop ennuyer voftre Ma- i -fté,de ce propos. I e le laifteray donc , pour venir à celuy de la Vi- ET NEGOTIATIONS.Liv.nl. 799 celegntion : chofe que les Espagnols ont non moins deïïrce pour l'Archeuefqued'Vrbin.que Ton exclufion de la Nonciature, afin de l'ofter de Rome, où il fert de maille en l'ccil,à tous leurs deffeins, 6c à toutes leurs pratiques-, & fur ce point, diray à voftre Maiefté, qu'on yaprocedé auec tant de chaleur & de célérité, qu'il a paru que ceux qui mettoient les fers au feu , de ceft affaire, 1 nuoient en- core beaucoup plus à cœur , que l'autre. Car ayant l'A rcheuefque d'Vrbin ,refponduau Cardinal Borghefe,quepour fon particulier, il fefentoit beaucoup honoré de la grâce que le Pape luy faifoie, de luy commettre cette charge : mais que dautant quelle luy eftoit concedée,en confideranon de voftre Maiefté de laquelle il eftoit re- coinieuferuiteurulluy auoit fembiénecefTaire de fçauoir d'elle, il elle auoit aggreablc qu'il l'accepraft , & que pour ce, luy en auous il écrit ; Moniteur Ta mbafïàdeur luy dit , que le Pape s'eftoitienty tres-offenfé de cefte refponfe , comme eftant vne reddition d'o- be'ïfîancc conditionnée, aux commandements de fa Sain&eté ; Se l'exhorta à aller trouuer fa Sain&eté. pour l'addoucir , ^accepter cefte charge , purement Simplement , l'affeurant queceferoic chofe du feruice & de la volonté de voftre Maiefté. Cequ'il fit, mais auec pi oteftation au retour , quefi la refponfe de vo-ftreMa- iefte,eftoit autre.il tenoitfon acceptation pour nulle: comme ne l'ayant entendu faire , ftnon fous le bon plaifir de voftre Maiefté. Chofe que i'ayeftimédeuoirreprefenter à voftre Maiefté , pour l'excufcr de n'auoir pas eu le Ioifir d'attendre la refponfe de la lettre, qu'il luy auoit écritte. Comme aum\i'auois bien preueu;par mes dé- pefclies du dernier ordinaire,que ceft affaire fe meneroit û chaude* mcnt,qu à peine on luy donneroit le temps de l'attendre; afin que quand elle viendroit,on le tint défia engagé. Or ne puis ie celer à Yoftre Maiefté , SIRE , qu'en cefuccés, lesEfpagnoIs penfent auoir obtenu beaucoup, d'auoir éloigné de cefte Cour , vn Prélat, accompagné de telles parties pour le feruice de voftre Maiefté, que luy. Car outre la paflîon incroyable, qu'il a entiers la perfonne & le feruice de voftre Maiefté, & de toute la France , qui eft telle, que quand on vouloit exprimer 1 'affection de l'A rcheuefque de Momreal,deuant qu'il fuft Cardinal,enuers les Efpagnols;on difoit c'eft l'Archeuefque^'Vrbin des Efpagnols:outre la finguliere intel- ligence Se prattique , qu'il a aux affaires de la Cour de Rome , qui a paru en toutes les expéditions, queV. m. a obtenues^ Monfîeur Soo LES AMBASSADES l'Ambafladcur luy a fait l'honneur de remployer : outre l'intégrité de fa.vie,qui eft exemplaire & irrépréhensible : outre la fermeté de fon courage, qui eft inflexible Se inépouuentable.-outrc la commo- dité de les biens Se moyens, qui eft telle , qu'il n'a befoin d'aucun* pour luy aider à fubfifter auec honneur Se fplendeur : outre le natu- rel de fon efprit , qui eft auiïî laborieux , Se perpétuellement tendu aux afFaires,que clair Se iu dicieux ; U a encore vne autre condition» qui luy eft prefque vnique & particulière, afçauoir , vn entier loifir de vaquer tout à fait , au foin & à l'occupation du feruice de V.m. à caufe que la contention.qu'il a auec le Duc d'Vrbin, l'empefche de pouuoirrefiderà fon Archeuefché : Au moyen dequoy, tout fon foin, il l'employé en continuelles trames,pour le bien des affaires de V.M Mais encore n'eft- ce pas là,la feule victoire, quelesEfpa- gnols fe perfuadent d'auoir,en cefte occafîon : ains ils y en obtien- nent vne autre, qu'ils n'eftiment pas moins, qui eft de l'auoir fait ré- duire, en faueur du Duc d'Vrbin,àfe défaire de fon Archeuefché, & en prendre recompenfe.ChofequeiamaisparIepaiTé,ny lePape Clément huic~tiefme,ny le Roy d'Efpagne,ny le Duc d'Vrbin , à lïnftance duquel, les deux autres fe mouuoient, n'auoient peu em- porter fur luy,fortifié de la iuftice de fa caufe,&: de l'appuy de V. m. Car il fut toufiours refpondu au Pape Clément, Se à ceftui-cy mef- mes, qu'il importoit à l'honneur de V. M. que l'Archeuefque d'Vr- bin,comme fon feruiteur,fuft maintenu en la pofTeffion de fon Ar- cheuefché , &nefuft point contraint , pour fatisfaire aux iniuftes payions du Duc d'Vrbinj&: des Efpagnols,quile perfecutoient, de s'en défaire,& de la permuter. Chofeà quoy la Vicelegation d'A- uignon , n'apporte point de prétexte neceffaire de changement. Car quand le Cardinal Conty y fut fait Vicelegat , il ne fut point contraint delaiiTer,ou permuter,fon Euefché d'Ancône.Etcepen- dant,la première condition, qu'on a impofée à l'Archeuefqued'Vr- bin,pour luy faire accepter vne commiftîô, qu'il n'a ny recherchée, ny defiréca efté de fe défiire de fon Archeuefché, & fe facrih*er,par ce moyen, à la pafllon du Duc d'Vrbin. Action, dont les Efpagnols omirent la bouche iufques aux oreilles, Se ne fe trouue compagnie, où ils ne t riomphent>&: de fon exclufion de la Nonciature, Se de fa relegation en Atiignon , Se de fa renonciation de l'Archéuefché d' Vrbimeftimantspar ceft exemple, auoir oftéle cœur à tous ceux oui fe voudront déclarer dorefnauant , partiaux feruiteurs de V.m. Eti'ay fceudVn Pere Capucin 4, que le Cardinal Aldobrandin a enuové ET NEGOTI ATIONS. Liv. III. Smi enuoyéicy,verslc Pape,que fur cefteoccafion, le Cardinal Mono- poli luy a donne commiflion de prier l'ArcheuefqLie d' Vibin, de fa parc, de ne Te déclarer point fi partial &pafiionné feruiteur de V. Maiefté;maisfemonftrerenapparence,neutre,afindeuiterles rui- nes ,quç les Efpagnols luy procurent, it les Cardinaux Pinelll, &r Gy mnafioj'ont fait auertirjl y a long-temps,que cefte propofition. delà Vicelegationd'Auignon,eftoitvn artifice desifpagnols , qui ne defiroient rien tant, que de l'éloigner de Rome, tt encore hier, vn Camerier fecret du Pape,dit à vn Gentilhomme d :honneur,que c'eftoient les Efpagnols,qui en auoient eftéles autheurs. Or ay -ie pris la hardieflc,Sl R E,de reprefenter ces chofes, à voftre Maiéllé, non pour luy donner aucune cfpece de confeil,' oud'auis, croyant qu'elle l'aura défia pris, &: quand elle feroit encore à îeprendreT qu'elle n'a aucun befoin du mien,pour ceft effetsmais afin de luy re- prefenter la fîmplehiftoire de l'eftat des affaires. .Bienprendray-ie la hardiefTedeluy dire en toute humilité, que déformais, en fem- blablcs occafions, il fera bon de faire entendre , & preuoir claire- ment,à fa Sain&eté,les chofesdont voftre Maiefté pourra receuoir contentcment,ou mécontentement. Car encore que fa Saincteté foit toute pleine de bonté, douceur &modeftie, èc porte beaucoup de bienueillance à voftreMaiefté.-neantmoins^ceux qui approchent d'elle , la tiennent en vnefi grande crainte de déplaire auxxfpa- gnols.que fi celte apprehenfion n'eft combattue , &c reprimée,par vne pareille peur de faire chofe defaggreable a voftre Maiefté, le cours & la pente , que commencent à prendre les affaires , en cefteCour, acheuera d'y abbatre tellement l'authorité de voftre Maiefté,que les remèdes y feront puis après, tardifs & difficiles. Et nnalement,ie concluray ma lettre, par dire à voftre Maiefté,que les viues &exprefles paroles , queMonfieur de Villeroyamifesenla bouche du Cardinal Barberini, pour fauoriferl'Àrcheuefqued'Vr- bin,lefquelies le Cardinal Borghefe luy a référées, & à plusieurs au- tres,ont acquis beaucoup d honneur, à mon-dit Sieur de Villeroy3 comme font toutes les adions qu'il fait,& beaucoup de gloire à vo- ftre Maiefté,d'auoir monftré tant de foin & d'affection , de proté- ger &: fauorifer fes feruiteurs.Ieprie Dieu, S I E , la maintenir en toute fanté & profpcrké. Iiiii LES AMBASSADES La dernière charge, que les Efpagnols ont Voulu faire faire par le Pape, al* Arcbeuefque d'Vrbin , aefledele contraindre à permuter ï Archeuefichè d'Vrbin , à celle d' Auignon^afin de le confiner ^pour lamais^dela les monts, fouf prétexte du décret que fa Sa inftetèafait, touchant lesrefidencesdes huefques ; & l empefcber de pouuoir plusreuenir feruir Voftre Maiefte^d Humeimais il eflfi refolu de n'y entendre pas , qu'il fouffnra pluflufi toutes fortes de persécutions , que cela foit ,e fiant fim intention, s' il a a prendre recompenfe ,del 'auoir en bénéfices , qui ne requièrent pont de refidence , afin de pouuoir continuer à Vaquer au feruice de Vofire M aie fié. D. V.M. De Rome, ceio. luiller, 1607. I. Cardinal dv Perron. Le très -humble & tres-obeyflkntpuie: & fcruiteur. ARGVMENT. Obligation d'honorable refiftance au congé de [on retour. Mort du Cardi- nal B aronius. Exhortation d'en ordonner les objeques. Ses Hures, mo- numents de gloire aux François. AMOfcsIEVR DE VILLEROY , CONSEILLER & S ecretaire d'Eftat. En Cour, Onsievr , Ce mot fera pour vous remercier de W> lhonorablerefiftance , qu'il vous a pieu faire, au congé que le Roy ma accordé , d'aller voir fa Ma- $ ieftequi m'a trop plus obligé,qu'vne prière que vous eu/liez faitte, de me l'accorder, àcaufcdesfauora- bles termes , dont Monlieur le Garde des Seaux, & autres de mes ET NEGOTIATIONS. Liv.nL 803 amys, m'efcriuent quevouslauezaccompagnéc. le vouscn de- meure infiniment rcdeuable, & prie Dieu, me faire la grâce de le pouuoir recognoiike,parquelqueafre£tionné feruice. Quant aux nouuellesde deça,vous en ferez pleinement informé , des lettres que Monficur rAmba fur la permtfsion de faire vn voyage vers fa Ma* ieflê, A MONSIEVR DE SILLERY , GARDE DES Seaux de France. En Court. Onsievr , L'honnefte lettre, qu'il vous a pieu m e- crirc, pour vous conjouir auec moy , de la grâce que le rf Roy m'a accordée , défaire vn voyage vers fa Maiefté, m'a extrêmement obligé ; citant le contentement que vous nVauez témoigné en auoir , vn grand accroifTement à ce- luy que i en reçoy , pour l'ambition que i'ay toufiours eue, Iiiii ij 8o4 LES AMBASSADES d'eftxe fauorifé de voftre amitié,que les eminentes vertus Se digni-* tez.que Dieu a colloquées en vous, rendent fi honorable,à ceux qui la participent. le vous en remercie donc, de tout mon cœur, &me refioùy par mefme moyen , de l'efperancede vousdeuoir voir en bref,&ellreauecraydedeDieu,veu, &bienveu, de vous. Vos courtoifes & éloquentes paroles,m'enferuent de caution, mais i'ay encore,outre ce!a,vn autre gage,qui m'en aiTeure;afçauoir , lefer- uice que ie vous ay voué , & laiultice dont vous fautes profeiTîon... en toutes vos actions , laquelle ne peut permettre qu'vne telle afFe- &ion,que lamienne,à l'endroit de vos mérites* demeure fans quel- que rétribution, &correfpondance reciproque,damitié.Et pour ce? ie finiiay auec cette consolation: & ce pendant refteray., MoNIIEVR, De Rome.ce 10: Voftre tres-âffeflionnc ' Juillet, 1607, (trusteur* L. Cardinal dv Ve rr onj- ARG V MENT: Les G ri fonsdè 'couvrent les corruptions dit Comte de Tue ntes : f unifient de mort Jeux des Çiens-.sccroijfent les garni/ans de/a Valteltne.Sa Ca- u alerte, logée en trois Ville s. il ne fait nulle rai [on des infoie net s de {on Infanterie. Menace vn Comte Âe le faire mourir. A MONSEIGNEVR LE CARDINAL DV PERRON. A Rome, Onse ignevr, le vous rends tres-humbles grâces , de la communica- tion dont il vous a pieu m'honorer. l'en ay vfé, félon vo- ftre volonté. le ne doute point, que ces Seigneurs ne fe conforment à voftre bon auis , pourueu qu'il plaifeàfa Sainttcté, cominucrlcsdemonftrationsde fa bonne volonté enuers eux , U ET NEGOTIATIONS. Uv. m. gCf qu'elle monffreauoir foin de la liberté &z feureté d'Italie, comme à la vérité, c'eff ce qui luy peut acquérir plus d'honneur & d'authori- té.Les Grifons ont en fin, découuert les artifices &: corruptions du Conte de Fuentes, & les ayant deuëment auerées , ont punyde rnort,deux de fes principaux inftruments , &authcurs de lafoule- uarion contre le M agiftrat,& contre nos alliances,Icfquclles ils ont de nouueau , ratifiées &: iurées , &: ont cafTé & annuité tout ce qui auoitefté fait pendant la fufdittefouleuation. Ilsontaufli àecreu la garnifon de la Valteline , & ont pourueu à la feureté des paflages* qui regardent le Comte de Tirol, lequel à l'inffigation dudit Com- te,s'armoit auffi contre eux.Nous verrons maintenant , s'il voudra cntreprendre,auec la peau du Lyon , ce qu'il n'a peu executer,auec celledu Renard. Il y aapparencequilatfendiafyfïuëdes affaires des Païs-Bas,lefquelles font encore en quelque incertitude. Mais il fembleà voirfondeportement qu'Annibal ibit défia à fa porte. U a logé toute fa caualeiie,dedans Milan, Crémone, & Pauie,contre les ptiuileges de ces pauures villes^ &: ne fait nulle raifon , des infolen- ces,quefon infanterie commet à la campagne ; &non cornent de n'auoir voulu oiïir les remonftiances,qje le Sénat de Milan luy en a voulu faire, il a menacé ic Comte Hierome Moron , de le faire mourir^'il accepte la charge , que ledit Sénat luy a commife , d'en aller faire plainte au Roy d'Efpagne,&r à fon Confeil d'Effat. Ces grandes violences font croire qu'il a quelque effrange deflein en teffe , &: qu'il veut fe tenir perpétuellement armé,pourconfumer cefte Republique, à petit feu, & faire trembler le reffe de l'italie. Mais quelque armé qu'il foit, s'il attaque la Valteline , c'eff chofe feure,qu'il aura affaire à plus-forte partie,qu'il ne penfe. Ce pendant, nous auojisà louer Dieu, de ce qu'il a fait nos affaire$,à fes dt'pens; & au lieu de nous priuer de l'alliance defdits Grifons , les nous a ac- quis à perpétuités fe les a rendus irréconciliables. le laiiïe à voftre prudence,de reprefenter ce que deflus,à fa Saintteté;,eomme iugç- rez pour le mieux.t: fur ce,prie Dieu, Monseignevr, qu'il vous donne tres-heureufe & longue vie. De Vcnife,ce il; VoftrOres- humble & tres-affeflionné luiller.1607. ftrmteuY. De Fresnis- Canaye, i 1 u iij LES AMBASSADES ARGVMENT. Von expofeau tour do, Bulle fumante , pour faire voir.é Ucaufequi meut le PapeJ sojfenjerdes Vénitiens ,& la façon dont fa Saintteté procède contre eux , pjr excommunication & interdit , ofndeconjeruer& maintenir faut boni* du 5". Siège. PAVLVS PAPA. V. EneB.j\.bilibvs Fratribus, Patriarchis, A Lxhiepircopis^pifcopisjpervniuerfum do- minium Reipublica* Venecorum conftitu- tis,&: dilectis filiis eorum Vîcariis in fpiritua- libusgeneralibuSjncc non vniuerfis Abbati* bus, Prioribus, Primiceriis,Piaqx>iii:is, Ar- chidiacoms,ArcIiipresbyteris,Decanis,Ple-- banis, Se Parochialium Eccleiiarum Recto- .ibus>aliifqueperfonis in dignitate Ecclefia- jfttcaconftitutis, ineodem dominioexiftentibus , tam feeuhribus, quàm quorumuisordinum Se inftitutionum regularibus, Salutem Se Apoltolicam benedi&ionem. Superioribus menfibus ad noftram Se Apoftolicx Sedis audien- tiam peruenitjDucem & Senatum Venetorum,annis elapfis,in eo- rum confiliis,plura &c diuerfa decrera,tum Sedis Apoftoiica? autho- ritati Ecclefiafticas libertatiac immunitati contraria , tum gene- ralibus Conciliis,&:facris Canonibus, necnonRomanorum Pon- tificum conftitutionibus repugnantia,itatuine\ Et inter ca:tera fub die z3.menfisMaij , anni i6oz. fumptaoccafioneexquadam lice, feu.controuerna,inter doctorem Francifcum Zabarellam, ex vna, Se Monachos Monafterijde Praïanuncupatos,ordinis S.Benedi&i congregationis Cafïîneniis,aliàs fan&a; Iuftinx de Padua , in dice- ceii Paduana.exalter^pambus, vertente, in eorum confilio ftatuif- fe, non folùm vtdi&i Monachi , tune autdeinceps vllo vnquam tempore,actionem,per quam fub quouistituloaut colore, in bonis Eccleliafticisemphiteoticisjàlaïcis poueflir,pra:ferrentur,pra:ten- dere,acetiamiure pradationis/puconfoUdationis directi çum vtili dominio, auc extin&ionislinea: in primisinueititurxcomprehen- ET NEGOTIATIONS. Lrv. JIJ, 807 fx,autaliaquauis caufa , bonorum prxdictorum proprietatem fihi vendicare minime po(Tent:fed rantummodo ius diretti dominij il- lis prxferuarum effet: Verùm etiam,vtidipfumquoad cxreras om- nes pcrfonas Ecclefiafticas feculares Se régulâtes , Monafïeria Mo- nialium , Hofpitalia, &a!ialoca pîam eoium temporalidominio exirtentia,declaratum Se firmiter dehberarum ccnferetur. Et fub die 10. anuaiij3l6o3 .ad fuperiora quxdam confiiia, ab eo- rum MaioribuSjVt etiam alTerçbant, habita refpicientes, quibus ca- liebatur ne quifquam fiuefecularisfiue Ecclefiafticus , invrbc Ve- netiarurmEcclefias, Monafteria, Hofpitalia, ac alias religiofasdo- mos & pia loca-,{inc eorum fpecialilicentia fundaret & erlgeret , in confilio Roga; orum congregatos iterum decreuiiîe, v t îd eandem in omnibus inrifdi&ionis eorum locis vimobtineret , & prxterea exilij ac perpetui carceris Se publicationis fundi venditionifque xdifi^ij, contra fecusfacientespœnamedixiire. Vfteriùs eofdem Ducem Se Senatum die zé.menfis Martij,anni téoj , inhérentes al- teri decreto anno 1536.3b eodem Senatu facto,in quo, vt afîcrebat, erat exprefsè prohibitum,ne quis fub certis in ilJo contenus pœnis, in vrbe Venetiarum eiufque Ducatu,bona immobilia , ad pias cau- fas,teftamento,feu donatione inter viuos5relinqueret,a.ut alio quo- uistituloalienaret , fiueadearumfauorem , vitra certum tune ex- prelTum tempus obligaret, quod in illum vfqnediem » vtibi etiam dicebatur,vfu receptum Se obferuatum non fuerat , non modo ite- rum id vetuiffe,fed exprefsè etiam prohibuifTe, ne bonorum huiuf- modiimmobilium , alienationesin fauorem perfonarum tccleiia- fticarum,fme Senatus prxdifti licentia.fierentjac infuper decretum ipfum &: pcenas in eo contentas , per vniuerfum eorum dominium extendiffe , Se per Redores & Poteftates ciuitatum Se locorum fui dominij, promulgari fecifTe^tque bona immobiiia omnia,qux con- tra prxmifforum formam vendi aut quouismodo alienari contin- geret,vltranullitatispœnâpublicari& vêdi,eorumq:pietiunj inter Remp.ipsâMagiitratûexequenté,&: eiiisminifrros,ipfumq-,denHn- tiatoremdiuidi,mâdarTe,& aliàs,proutin decretis &mâdatis Ducis & Senatus prxdictorum latiùs dicitur côtineri. A c pi xt créa eofdem Ducem Se Senatum , Scipionem Saracenum , Canonicum Vi- centium . Si Brandolium Valdemarinum , Foroiulienfem , Ab- batem Monafteri) feu Abbatix deNerue!a,TeruizinxDioccelis, perfonam in dignitate Ecclefiaftica conftituram , ob quxdam prxtenfa crimina in ciuitate Vicentia , & alibi, per illos,vtdice- baturjCommifTa^arcerimancipailej&mancipatosdctiniuue, fub 8aS LES AMBASSADES prartextuquôd cis haee facereliccrct,& interalia,ob quadamipfius Duci&Reip. àquibufdam Romanis Pontificibus praedecefibrib. noftiisconceflajVtafrerebant^riuilegia. Cûmque prarmiflain ali- quibus tcclefiarum iura etiam ex contraèribus initisipfis tcckfik competentia auferant , ac pretcrea in Mis Se aliis Sedis Apoflolicx acnoftraîauthoritati&: Ecclefiarum iuribu3,&:perfonai-um Eccle- fiafticarum priuilegiis prxiudicium inférant , ipfamque libertatem acimmunitatemEcclehafticam tollant * ac eaomnia in ipforura Ducis& Senatusanimarura perniciem&fcandalum plurimorum. tendant. Et dim ij qui fupradicta ac fimiha edere &: promulgare , il- iifque vti âufi funt,in cenfuras Ecclefiafticas à facris Canonibus,ge- neralium Conciliorum decretis,& Romanorum Pontificum Con- ftitutiombus infliftas , nec non etiam priuationis feudorum & bo- norum,fi qu£ ab Ecclefiis obtment, pœnameoiproincurrerint ; à quibus cenfuris Se pœnis,non nifi à nobis , aut Romano Pontifice, pro tempore exiftente.abfolui Se liberari pofîînt , ac prxterea inha- biles &incapaces Tint , qui abfolutionis & liberationis beneficium confequantur > clonec éditas leges nouis edictis atque decretis fub- Ituleiint,omniâqueindefequutare ipfàinpriftinum ftatumreinte- gTauerint.Cumque etiam Dux&: Senatuspr^cdicti, poftplurespa- ternas noftras monitioneSjàmultis menfib. citraeis fadas , adhuc décréta &: edidta pra:fata non reuocauerint3ac eofdem Canonicum Saracenum,&: Abbatem Brandolium^carceratos detineant , Se Mo s Venerab. Fratri Epifco. Hieracenft , noftro Se Apoftolics Sedis 2pud eos Nuntio,vt debebantmoaconfignauerint. Nos qui nuilo pacto ferre debemus,vt Ecclefiaftica libertas Se immunitas, noftra- que Se Apoftolica' Sedis authoritas,violetur Se contemnatur, inhé- rentes plurium generalium Conciliorum decretis.ac veitigiisreco- lendas memoria: Innocentij.ni.Honorij m.Gregorij ix. Alexan- driiin.Clcmentis mi. Si. Martini etiam nu. Bonifacij vm.Boni- facij ix. Martini v. &Nicolaiv. & aliorum Roman. Pontificum -prxdccefïbrum no{trorum,quorum aliquifimilia ftatuta,aliàs con- tra libertatem Eccleiîafticam edita,tanquamipfoiurenulla, inuali- da Se irrita reuocarunt,ac nulla,inualida Se irrita elTe decreucrunt Se declararuntA aliqui contra fimilium edictorum ftatutarios,& ali os ad excommunicationis promulgationem,nec non ad alia infraferi- .ptafeu eorum aliquadeuenerunt: Habita cum Venerabil.Fratribus noftris^.R.E.Cardinalibus matura confultatione,deipforum con- iilio Se afTenfUjlicpt fupradi&a decceta,edicla &e mandata, ipfo iure nuila, ET NE G OTI ATI ON S. Lm llù 80* nulla^niiA'ida & irrira fincea nihilominuSjipfo iure,adhuc de nouo, null.i inualida.&irrita^nulliufqueroboris Scmomenti fmfCcôcc^ Se neminem ad illorum obferuantia-m teneri , per prsefentcs decer- nimus Se declaramus.Et infuper,authoricate omnipocencis Dci , ac B:atorum Pétri &Pauli Apoftolorumeius, acnoftra, nifîDuxÔC Senatuspra:dicl:i5intra 24-dies , àdiepublicationis -prafcnrium , in hacalmavrbefaciendaîcomputandos, quorum primos o&o pro primo, o&opro fecundo, &:reliqiiosoc'to pro tertio Se vkimoac peremptorio termino,& pro monitionecanonica, illis afîignamus, pra:di£ta décréta omnia,&: in illis contenta,&: inde fequuta quaram- que,omni prorfus exceptione Se exeufatione cefTante , publicère- uoeauerint , $e ex corum archiuiis feu capitularibus locis auc libris., in quibus decrera eiufmodi annotara reperiuntur, deleri, êc^airai^ Se in locis eiufdem dominij,vbi promulgarafuerunc, reuoeata , de- leta,& caiTa eiTcncminémquead illorum obferuanciam teneri, pu- .blicè nuntiaiinr,ac omnia inde fequuta in priftinum ftatum reflitui fecerint:& virerais nifi à fîmilibusdecretis, contra libertatem, im~ muniratera &iurifdidionem Eccîefiaiticainacnoftram , &Sedis Apofl:olica:authoritatem3vtpra:fertur5facientibus, edendis&: ref- pectiuè faciendis in polterum cauere, Se penkùs abrtinerepromife- rint,ac nos de reuocatione,ddeuone,caiTatione, nuntiatione,reIti- tutioneacprominîoneprxdicltk certioresreddidcrint,&nifietiaiH prxfatos Scipionem Canonicum, Se Abbatem Brandolinum, pra:- dicto tpifeopo Se Nuntio,cum effectu confignaucrint feu configna- ci fecerint:Ipfos tune , &pro tempore exiftentem Ducem &e Sena- tumReipubl.Venetorum,ftâtutarios,&eorum fautores,confulto- res,&: adha:rentes,& eorum quemlibet, etiam û non fintfpecialiter jîominati,quoru;n tamen fingulorum nomina pra:fenribus pro ex- prefîîshaberi volumus,Ex nuneprout ex tunc,& è contra, excom- municamus&excommunicatosnuntiamus &declaramus ; àqujt excommunicationisfententiaprxterquam in morti-sarticulocon- ftitutt, abalioquàm à nobis Se Romano Pontifke , pro tempore exiitente,etiampra!textu cuiufcunque facukatis, eis Se cuilibet illo- rum,tàm in génère quàra in fpecie, pro tempore defuper concelTas feu cQncedenda£,nequeant abfolutionisbeneficium obtinere. Et fi quempiam eorum tamquam in talipericulo conftitutum , ab eiuf- modi cxcommunicationisfentcntiaabfoluicont!gerit3 nifi mandatis noftris,quantum in fe erit,parueriL Et nihilominus Ci ob- Kkkkk 8a8 LES AMBASSADES prartextu quod eis hxc facereliceret,& interalia,ob quidam ipfîus Duci&Reip. àquibufdarn Romanis Pontificibus piasdecefTorib. noftrisconcefla)vtafrerebant3priuilegia. Cûmque prarmifïàin ali- quibus Ecclefiarum iura etiam ex contraétibus initisipfis rcclefik competentia auferant , ac pretcrca in Mis &: aliis Sedis ApoftolicE acnoftrseauthoritati& Ecclefiarumiuribu3,&:perfonarum Eccle- fiafticarum priuilegiis pradudicium inférant , ipfamque libertatem •acimmunitatemEcclefiafticam tollant ^ ac eaomnia in ipforurn Ducis Se Senatusanimarum perniciem&fcandalum plurimorum. tendant. Et cùm ij qui fupradi&a ac fîmiha edere Se promulgare , il- iifque vti aufi funt,in cenfuras Ecclefiafticas à facris Canonibus,ge- neralium Conciliorum decretis,&: Romanoruin Pontificum Con- ftitutionibus infli&as , nec non etiam priuationis feudorum & bo- norum,fi qua; ab Ecclefiis obtment, pœnameoipfoincurrerint ; à quibus cenfuris Se pœnis,non nifi à nobis , aut Romano Pondfice, pro tempore exiftente^bfolui Se liberari poiïînt , ac ptarterea inha- biles Scincapaces fint , qui abfolutionis & liberationis benefîcium confequantur , clonec éditas leges nouis edi&is atque decretis fub- ltulermt,oiimiâqueindefequutare ipfainpriftinum ftatum ;-einte- grauerint.Cumque etiam Dux&: Senatusprjcdicti, poftplurespa- ternas noftras monitioneSjàmultis menfib. citraeis fa£tas , adhuc décréta Se edi6ta prarfata non reuocauerint,ac eofdem Canonicum Saracenum,&: AbbatemBrandolium,carceratosdetineant3&:illos Venerab. Fratri Epifco. Hieracenfi , noftro&: Apoitolica? Sedis £pud eos Nuntio,vt debebantmon.confignauerint. Nos qui nuilo pa&o ferre debemus,vt Ecclefiaftica libertas Se immunitas, noftra- que Se Apoftolica? Sedis authoritas,violetur Se contemnatur, inhé- rentes plurium generalium Conciliorum decretis.ac veftigiisreco- lendaniiemoriarlnnocentij.iii.Honorij m.Gregorij ix. Alexan- drinii.Clcmentis un. Si Martini etiam nu. Bonifacij vm.Boni- iacij ix. Martini v. Se Nicolai v. & aliorum Roman. Pontificum -pradccefïbrum noftrorum,quorum alicjui firnilia iratuta,aliàs con- tra libertatem Eccleiiafticam edita,tanquamipfoiurenulIa, inuali- da Se irrita reuocaruntyac nulla,inualida Se irrita elfe deereucrunt Se declararunt,&: aliqui contra îimilium edi&orum ftatutarios3&: ali os ad excommunicationis promulgationem,nec non ad alia infraferi- .ptafeu eorumaliquadeuenerunt: Habita cum Venerabil.Fratribus noftris}S.R.E.Cardinalibus matura confultatione,de ipforurn con- ,{i\ïq Se afTenfu,lic£t fupradida dec ceta,ediçla & mandata, ipfo iurc jîulla, ET NE G OTI ATI ON S. Lit. m.' 80j> nullajnua'ida Se irrira fint,eanihilominus,ipfoiure,adhucdenouo, nulla inualida,5dmta^nulIiûfqueroboris &:momenti fuiiTe&efie, Se neminem ad illorum obferuantia-m teneri , per praîfentes decer- nimus & declaramus.Et infuper,authoritate omnipocencis Dci , ac B.atorum Pétri &: Pauli Apoftolorumeius, acnoftra, nilîDuxSc Senatusprardiccijintra ^.dies , àdiepublicationis -prafenrium , in hacalma vrbe facienda! compurandos , quorum primos o&o pro primo, o&opro fecundo, & rcliquosofto pro tertio &vkimoac peremptorio termine & pro monitionecanonica, "illis aflîgnamus, prardida décréta omnia,&: in illis contenta, & inde fequuta quarcun- que,omni prorfus exceptione Se exeufatione cefTante , publiée re- uoeauerint , Se ex eorum archiuiis feu capitularibus locis aut libris* in quibus décréta eiufmodi annotata reperiuntur, de-leri, fccaflàrfc Sein locis eiufdem dominij,vbipromulgarafuerum,i'suocata , de- leta,&: calfa eiTe,ncminémquead illorum obferuantiam teneri, pu- bliée nuntiarint,ac omnia inde fequuta in priftinum lîatum reflitui fecerint:& viceiiùs nifi à fimilibustJecretis, contra libertatem, im- munitatem gdurifdi&ioncm Ecciefiafticainacnoftram , &Sedis Apoftolica:aurhoritatem,vtpraeFertiir,facientibus, edendis& ref- pecYmè faciendis in polrerum cauere, Se penltùs abftinere promile» rint,ac nos de reuocatione,deletione,caiTatione, nuntiatione,relti- tutioneacpromifTionepnrdidits certioresreddiderint,& niiietiam prxfatos Scipionem Canonicum, & Abbatem Brandolinum,pra:- dicto Epifcopo Se Nuntio,cum effeclu confignauerint feu conligna- ù fecennt:Ipfos tune , &pro tempore exiftentem Ducem Se Sena- tum Reipub].Venetorum,rt:atutarios,& eorum fautores,confulto- res,&: adha:rentes,& eorum quemlibet, etiam fi non fintfpecialiter jîominati,quorum tamen fingulorum nomina prarfentibus pro ex- preflîshaberi volumus;Ex nuneprout ex tunc,& è contra, excom- municamus&excommunicatosnuntiamus Se declaramus ; àqus excommunicationisfententiaprneterquam in mortkarticulocon- ftituti, abalioqnàm à nobis& Romano Pontifke , pro tempore exiftente,etiampra?textu cuiufcunque facukatis, eis Se cuilibet ilio- rum,tàm in génère quàra in fpecie, pro tempore defuper concelfe feu CQncedenda£,nequeant abfolutionisbeneficium obtinere. Et fi quempiam eorum tamquam in talipericulo conftitutum , ab eiuf- tnodi excommunicationis fententia abfolui contigerir,nec priuatim,M iiîar tam folemnes , quàm non folemnes , aliàquc diuina officia, celébrari poflint , praeterquam in cafibus à îure permiflîs, Se tune in Ecclefiis tantum Se non alibi , Se in illis etiam ianuis claufis, non pulfa-tiscampanis3acexcommunicatis&iQterdicl:isprorfusex- clufis, neque aliter, quarcunque indulta Se priuilegia Apoftolica, quo ad hoc quibufeunque tam fecularibus quàm regularibus Eccle- fiis,etiam quantumcunqueexemptis,&': Apoftolicre Sedi immédia- te fubiectis, etiam fi de ipforumDucis&Senatusiurepatronatus, etiam ex fundationeScdotatione, aut etiam expriuilegio Apofto- lico exi(tanr:ac etiam fi taies fint, qua: fub général! depofitione non comprehendantur » fed de illis & fpecialis Se indiuidua mentio ha- b£ndafit,Monaiteriis,ordini;bus etiam mendicantium,uitinftitutis regularibus,eoriimque Primiccriis, Pradatis, Supetioribus & aliis quibufeunque etiam particularibus perfonis^aiit piis locis Se orato- riis etiam domefticis,ac Capellispriuatis,vt pra:fertur,in génère vel înfpccie,fub quibufeunque tenoribus Se formis hactenus concerta, &:in pofterum concedenda,vlla tenus fufFragécur. Ac vlteriùseof- demDucem ScSenatum^quemlibeteorum, nonfolùm Reipu- blicsc,fed etiam priuato nomine , fi aliqua bona Ecclefiaftica in feu- dum/eu aliàs quouis modo à Romana,aut veftris, feu aliis Ecclefiis concerta, obtineant,illis feudis Se bonis, neenon etiam omnibus Se quibufeunque priuilegiis Se indultis, in genere vel in fpecie , in qui- bufdam videliceccafibus &e déliais contra clericosprocedendi, il- loiumqueeaufas, certa forma prxfciiptacognofcendi , à Romanis PontificibusprxdecertbribusnoPris forfan quomodo.libetconcef- fis-.ex nunc fimiliter,proutex tunc,&: c contra , priuamus &:priua- tosfore ScerTepronuntiamus&decemimus. Et nihilominusfiipfi ET NEGOTTATIONS. Liv. HT, 8ir Dux Se Senatus in èoriim contumacia dlurius peifticerinc induratï, cenfuras Se pœnas Ecclefiafticas concra ilîos eifque adhxrentes , Se in prxmiffis quouis modo fauences,aut auxilium,confilium Se fauo- rem prxftances.eriamicei-aris vicibus aggrauandi Se reaggrauandi, aliâfque eriam pœnas contra ipfos Ducem Se Senatum declarandi, &adalia oppoiciinaremedia,iuxtafacrorum Canonum difpofîtio- nem,con:raeos procedendi,facurîatein nobisS: Romanis Poncif! - cibus fiiccefïbribus noftris nominarim Se in fpecie rcferuamHS , non obïïantibus quibufuis conftitutionibus 5c ordinatiombus Apoftoli- cis^ec non priuilegiis3indultis Se literis Apoflolicis, eifdem Duci Se Senatui aut quibufuis aliis perfonis in génère vel in fpecie , prxfer- tim quôd interdici,fufpendi,vd excommunicari non poflineper li- -teras Apoftolicas , nonfacientes plenam&expreiïàm aedeverbo ad verbura de induira huiufmodi mencionem , ac alias fub quibuf- cunque ténor b is&formis, Se cum quibufuis eriam derogato ia- rum derogatoriis,aliifque efricacioribus & infolitis claufulis,ac ïrri- cantibus,& aliis decretis,ac in fpecie.cum facultatibus abfoluendi in cafibus nobis&: Apoftolicae Sedireferuatis , illis quouis modoper quolcunque Romanos Pontificesac nos Se Sedem Apoltolicam in contrarium promiflbrumiConcefTiSjConmMTiaus&approbatis.QuJ- bus omnibus & fingulis.& aliis fupd expreflis.corumtenoresprX' fentibuspro exprefïis habentes,hac vice duntaxacfpeciaiirerac ex» prefsè dirogamus.cxterifquc contrains quibufeunque. V t autem prxfenjres noftrx Kcera?, ad omnium maiorem notkiam deducan- tur, vobis & cuiiibet veftrum, per eafdem pixfemes commiteimus, Se in virtute fan&x ob?dientix,&: fub diuini incerminarione iudicij, neenon fub incerdi&i ingreflus Ecciefix , ac fufpenfionis à Ponrifî- calium exercitio,ac . fruâ: a uni menfarum Patriarchalium,Ardiiepif* copalium Se Epifc^palium percepeione, quoad vos fratres Patriar- chx , Archiepifcopi, &Epifcopi,ac etiam priuacionis dignitarum, bcneficiorum,&: officiorum Ecdefiaflicorum quorumcûq;qux ob- tinueritis,ac etiam vocisacviux 5< paffiux , acinhabilitatis ad iila &C aliainpofterumobrinenda,quoad vosfilij Vicarij , Se alij fupra di- &i,eo ipfo incurrendis,a1iifque arbitrio noftro infligendis pœnis,di- ftiict pèprxcipiendo,madamus,vt per vos, vel alium,feu aîios, prae- ienteslitteias,poftquam eas receperius,feu earum noutiam habue- ricis,in veftrisquiique &cclefiis, du m maio?in eispopuli mult.tudo ad diuinacQniienerit3ad maiorem cautelam folemnirei gublicetis Kkkkk ij 8x2 LES AMBASSADES & adChrifti fidelium notitiam deducatis,nec non ad earundcm Ec clefiarum veftrarum valuas affigi,&: affixas dimitti,faciatis.Et vlte- riùs volumus vt pi çfentium tranfumptis etiam impreffis, manu ali- cui9Notarij publicifubfcriptis,& figilloperion;eindignitate Eccle- fiaftica confticurxmnnitis, eademprorsùs fides vbique habcatur, qux ipfis praefentibus haberetur , fi forent exhibita? vel oltenfx, quodque eardemprœfentes.fiueiilarumexemplaîletiamjVtprarfer- tur,exprerTa,ad Ecclefiar Lateranenfis 6c Bafilicae Principis Apollo- Iorum& Cancellari.T noftra: Apoftolicae valuas , & in acie campi Flora^vt maris eft^affixa? & publicata?,eofdem Duccm & Senatum acaliosquofcunquepra:fatos,vôfque etiam vniuerfos& fingulos, refpe£tiuè penndearlîciant)acfieorum acveftrum cuilibetperfo- nalirer direCtaî, intimatar& praefentata; fuiflcnr. Datum Romx, apudfan&umPetrum.fubannulo Pifcatoris,die ly. Aprilis , i6o£. _ Pontificatus noitn,anno primo. M. VeftiïusBarbianus. Anno à natiuitate Domini noftri Iefu Chrifti , iéo6.indici.-*-die verô i/.menfis Aprilis.Pontificatusfan&ifîîmiin Chrifto Patris&r Domini noftrijDomini Pauli,diuinaprouidentia Pape V. anno eius primo,fupradiâ:a:Htera:eammqiieexemplaimpre{ra, affixaft: pu- blicata-fuerunt ad valuas Ecclefiac- Lateranenfis ac Bafilica: Princi- pis Apoftolorum & Cancellarix Apoftolica: , necnon acie campi i Floraî,vt moris eft3per nos Chriftophorum Fundatum3&; Io. Do- minicum de Pace,ApoftolicosCurforesv > P.Aloyfius Veregïïnus&ur/ôrum Magifer, R4n$A,tx TypograpbiaVaticana^ 1606. ARGVMENT. K^iyunt dit au Roy.ce que ttn tient du mariage d'vne des nièces duTafti de la Nonciature en Ejpagnc,du Sieur Decio Carafa :fjrde Cacquifi- ùon de certain Eftat au Royaume de Naples-.iUiouJîc le ttwps auquel il cfpere partir ;j>our a Utr trouutrf t Maicjîé. ET NEG OUATIONS. Liv. III. AV ROY HENRY LE GRAN,D. IRE, Il n'eft rien arriué icy , depuis le parre- ment du dernier ordinaire,qui mérite d'é- lire écrit à V. M , On tient que ie Pape ma- rie fa nièce, à vn Prince, vafTal & feruiteur du Roy d'Efpagne , de la maifon des Ca- raf?es,au Royaume de Naples, nommé le Prince de la Rochelle ( chofedontiil y a long-temps que nous auionseui'auis) ôc quec'efi: enfaueurdecetraitté , que le Sieur Decio Caraffaaefté deftiné Nonce en Efpagne, pour l'acheminer au Cardinalat. On tient auflï,que les frères de faSain£teté,achettent vn Eftat, au Ro- yaume de Naples,& qu'vn Dodéur nommé Cifcala, a efté enuoy é furleslieux5pourlerecognoiitre. Quelques-- vns aiouftent que le Cardinal Borghefe engage pour quelques années, les fruitsde fes Bénéfices , afin d'aider à faire vne partie des deniers del'achapt. Mais ces particularitez^c autres femblabl es, efbntschofesque V. M.pourratrop mieux entendre deMonfieur rAmbalTadeur , que de moy,ie&: dételle fortequ elles ne courront point de fortune, que ie ne la coure coniointement.Le furplus des nouuelles de cède Cour, MonfieurfAmbafladeur l'écriuantà voftreMaiefté,ilneme refte, finon de prier Dieuy SIRE, qu'il la conférée en tout comble deprofpcrké^Telicité. D.V.M. - De Rome, ce G. Le tres-humtte & tres-obeyjfentfuict Aouft, 1007. £r feruîteur, I. Cardinal dv Perron. ARGVMENT. Il luy defire & augure tout bon fuccés en l'exercice de la, charge d"^Am~ baladeur à Rome3à laquelle fa Maiejïéïa defliné. ET NE GOTIATÏONS^ Liv. Hr. Bif A MONSIEVR DE BREVES , CONSEIL- 1er du Roy, enlonConfeil d'Eftat, En Coure. OnsiEVRje receu il y a quelque temps,vne let- tre de vous à laquelle ie ne fy puint de rcponfe,pour ce qu'il y en auoit lors vne autre demoy,parlesche- mins,qui vousalloittrouuer,& aufli que t'attendais que le dernier feau fufl mis à la déclaration de vo- ftre Ainbailadcafindepomioir en vous répondant, m'en coniouïr par mefme moyen , auec vous. Maintenant que i'ay appris , delà bouche de Monfieur l'AmbafTadeur , que la dernière déclaration enaeftefaittepar le Roy,ie me fuis voulu mettreàm'acquitter de ce deiioir3& à vous defirer êc augurer tout bon fuccés,en l'exercice d'vnefi honorable charge. I'ay eflayé autant que i'ay peu , à vous préparer icy l'attente &: l'opinion de cefte Cour, telle que vous dé- liez fouhaittcr,à voftre arriuée,pour ceft effet, ht à cela, la reputatiô de vos mérites, cognus par deçà deplufieurs , m'a caufé beaucoup de facilite. I'efpere vous en entretenir bien toft,debouche;par delà. Cela me fera finir cefte lettre, pour vous dire que ie fuis, M on si evr, De Rome, ce S. Voftre tres-âffecl tonné Aouù^ioOj. ftruiteur. L Cardinal dv Perron. A R G V M E N T. N'ayant receu far quelque accident, vn Huit qui tn) deuâtt efne pre fente âela fart de Monsieur le Frcfidcnt deThokyil luy en donne aduis , ô âubtcnqu 'tle/pere auoir en brej r, de tenir de japrefenec é'cohaerjd tioxt, g 1(5 LES" AMBASSADES MONSPEVR DE THOV, CONSEILLER àu Roy^n lon Confeil d'Eftat, & Picfiienc en fa Cour de Parlement. A Paris. O N s i e v R Je receu,il y a quelques moys,vrrc fecondelettreque vous me filles l'honneur de m'écrire, par laquelle vous me mandiez , qu« vous m'enuoyezle dernier tomcde vofrrehi- ftoire Cela fut caufe que ie difFeray à y faire ré- ponfe, attendant que le prefent dont elle eftoic fuiuie,fult arriué, blinde vous pouuoir remer- cier de l'vne &: de l'autre grace,tout enfemble , .& vous donner par inefme moyen l'aiiis^u'il-vousplaifoit me demander , furie der- nier enfantement de voftre belle plume. Mais en fin, après auoir at- tendu plufieurs moys.-i'ay appris quele courrier Valerio, quim'ap- portoit le liure que vous maniez deftiné , tomba en vn fofTé plein d'eau,où il fe penfa noyer,&: y_perdit,ou gafta?plufieurspa«uets, &: entre autres,le liure dont il eftoit chargé.Cela,il ne me l'ofa dire : de peur de me mettre en cholere : craignant que cède-faute ne m'em- pefchaft,deluy donner quelque argent,queieluyauois promis , à fon retour de France. Mais ie l'ay fçeu depuis,&mefuisrefolude j/ous en rendre conte,comme ie fay par ce mot d'ccritjafin quevous n'imputiez pas,s'il vous plaift,mon long filence, à.parcffe. iefperc en bref, auec l'ayde de Dieu 3 auoir le bien de iouïr eç prefcnce de voftre conuerfation,&: de vos écrits. Ceft efpoir me ïl* teger nia lettre.pour vous dire que ie fuis, MoNSIEVRs DeReme, ce C Vofire tres-affettiomé Aouft,i607." ftruitcur. i. Car. pin ai py Perron.' ARGV- ET NEGO TIATIONS. Liv.nr" gi7 ARGVMENT. llluj confirme l aduls duferuice qùil luy a rendu en t impetrAtton gratui- te de quelques Yjulles. A MONSIEVR L'EVESQVE DE CARCASSONNE, Confeiller duRoy.enibn Conieil dEitat. En Cour. O N s i e v R J'ay répondu à la lettre,que vous m\i- ucz écrite en recommandation des Bulles de Mon- iteur voftre neueu, par les effets, en vous y rendant leferuiceque vous déliriez de moy. De manière que ce mot ne fera que pour vous en confirmer l'aduis,que vous pourrez délia auoir eu d'ailleurs ; 8c vous affcur er qu'en toutes les occafions,qui Te prefenteront,de vous faire feruice, ien'auray rien de plus cher.que d'y eltre employé , y effcant obligé par mille bons offices3que ie reçoy de vous par delà. le vous priede tout mon cœur,dele croire,attendant queie vousenpuiffcjcomme i'efperebientoftjafleurer denouueauenprefence: Et cependant, me tenir. M o r s i e v r , pour DeRome,ce 6. Aouft, 1507. VoHre très- affccTtpnnc confine & feruitcur. I. Cardinal dv Perron. ARGVMENT. Il rend conte a» Roy, de U délibération prife par? Archeuefque d'frbin, touchant la Vice légation d'^Aui7mn, L11H LES AMBASSADES' AV ROY HENRY LE GRANEh IRE% Il n'y a point de doute, que le feiour de l'Archeuef- qued'Vrbin,n'euft efté,fans comparaifon, plus vtileati feruice de voftre Maiefic, en ceftc ville , qu'en Aui- •non, fi le commandement luy en fuft venu directement d'elle: Mais la délibération en ayant eftéremioyce par deçà > àluy &: \ nous;& luy,ay.ant défia efté prefifé d'accepter cefte condition, 8c l'ayant acceptée,fous le bon p'aifir de voftre Maieftc , & fans fere- feruer aucune porte au refus^finon celle que le commandement de voftre Maieftc, au contraire, luy ouuriroiti fi maintenant il fe retra- tloit de cefteacceptation,ilferendroit odieux au Pape, S: parcon- fequent>beaucoup moins vrile au feruice de voftre Maieftc. Cela a efté caufe que nous n'auons point efté d'auis , de faire aucune refi- ftance à fa Sainteté, pour ce regard , de peur qu'elle ne fuft impu- tée audit Archeucfque.Cependant, il demeure tres-oblige à voftre Maiefté, du foin qu'il luy p!aiftauo;r de luy , qui luy a efté encore- grandement confirméjpar ceîuy que Monfieur de Villcroy a mon' lhéàMonfieurrAmbaftadeurjd'enauoir. le croy. qu'il viendra au ec moy.iufques à Thurin ou à Lyon. Et fiie prens le chemin de rAllemagne,ilferoLtbicn homme, peur donner iufquesàParis, afin d'auoir l'honneurde voir voftre Maiefté , qui eftleplus grand de. fes defirs,& la remercier de tant dhonneu^qu'elle luy faiuMais ie n'ay point encore refolu, lequel des deux cheminsie prendray , & attendray m'en refoudre , que ie fois à Venife , oùiemepourray mieux informer delà feureté & commodité des deux voyes.l'efpe- rc m'y acheminer,vers le commencement du mois prochain, Et en . attendant, prie Dieu, S I RE, continuer à fa Maieftélc comble de Ces grâces. D. V. M. P e Rome , ce 11. Le trcs-humble & tres-obeijpmt fujet- Aoiift,i^o^, &femiteur. I. Cardinal dv Perron. ET N £G O T I A T I"0 N S. Lrv. ÏIL Zl9 A R G V M E N T. si cattfe des préparatifs de fon v!>y.ige->'lrepre fente feulement an R cy^ut le Pape a receu auec mi.He louanges ,1 'honneur qu'il a pieu à /a M aie fié* faire rendre à la mémoire d tt Cardinal Barm'ms ; é" l* (npplie luy fer- nu t truque itifqu a ce qu'il ayt eu te bien de U voir) l'expédition avdt grâce obtenue 'd'elle, par Mon/leur de NercÇian,foit différée. AV R.OY HENRY LE GRAND. IRE, La diligence de Monfieur rAmbafTadeur,& les prépa- ratifs de mon voyagcquei'efperejDieu aydant,commen- c-cr Lundy prochain,m'empelcheront d'entretenir V. m. d^s afr'.u- res de deçà. Seulement luy reprefenteray-ie , que l'honneur qu il luy a pieu faire à la mémoire du Cardinal Baronius,aefté tres-bien receu, en cefte Cour. Le Pape m'en a entretenu auiourd'huy , plus d'vne heure,auec millelouanges de voftre Maiefté , fur ce fuier. le changeray ce propos, pour !uy dire que le Sieur de Ncréftan,ayant obtenu d'cl!e,vnegrace3dont l'expédition fe pour fuit auprès de fx Sainteté, en laquelle ie crains qu'iln'y ayt quelque chôfej qui fafll preiudicc à la charge de Grand Aumofnier, qu'il a pieu à voftre Maieftc me conférer;! e lafupplie tres-humblement,me permettre que l'exécution en foie différée, iufques à ce quei'aye l'honneur de voir voftre Maiefté, & luy reprefenter les raifons , pour lesquelles i'entreprens de luy faire cefte fupplication. Je prieray Monfieur 1 Ambaflfadeur,de me faire ce bien , de ne foliciter point l'impetra- tion de cefte affaire , qu'au temps que voftre Maiefté aura entendis de moy ,quel intei-eft i'y puis auoir. Et ce pendant,prie Dieu, SIRE, lacomblcr «Le tout heur & profperité . D.V.M. De Rome, ce 4. Le tres-bumbk & tTc.t-cbeyfjUtttfkict Sepcem.1607. G1 fermtcur. I. Cardinal dv Perron. Lhll ij 8io LES AMBASSADES ARGVMENT. Drvn des Jtens^our le f al tut en (on ncm , & le Jupplier de vouloir tinfir nuer in ï honneur di ' la bit nui • illance du Roy, ALL'I LLVSTR1SS. ET REVERENDISS. SIC. MIO- OSSERVANDISS. IL SlGN. CARD. BEL PERRONE. Il LVSTRirs:MO ET REVERENDISS. MaNSIG. XtIO CoLEMDISS. Sncceduto cohprefio^dpArtyd di VSMu^rifi- fima , daRoma, cheilmio Jgentencnbebbe tempo di venir à render legratid 5 in mio nome, cbe fi fid cowpiaciuta di darmi parte > conldfiua lettera ddïi i ^.di Jgcflo, de! fuo pafjaggio fy'ancia : & percionon lijîine ancopermejjudinmtar V S. llhflrifiim.i , àfarqtfcftaflradadiRauenndj cemenebaueua hauuto ordweda me,& corne io defiderauo eftremamente , non fiolo decion leipiglidjjcil poffejjo di quefid fiud cafiajnk çergcderU àïprefenZsdi& fùpplker me%o del fiuo dmbdficidtoreimanonbovo- hitoptrder yuefid opportunité } gr boprefio drdire d'inuiar tin- ET NEGOTIATIONS. Liv. m. 82I du fa à V.S.llhftrifiimdtfer S. Mae fia \ fupplicandolamemre fi trattara di meyad imprimer ne lia mente di S. Maeflà > quel concetmche fideue di vn Prelatomero Ecclefiaftico, ilqttale fîi- mar a fempre prinàpalfua reputatione , di hauer la fcruitu & dépendent di VnRè tanto grande & protettore délia Religione} corne è S. Maeftà Chriftianifiima.Supplico J^.S. Illuflrifima, àperdonarmi dellabriga3& nelreflemirimetto aldettoDottor Ingoliyraccomatidandolo aïïabenignita di V. S .Illujlrijïimatfer efjerperfonadi moite lettere. Qonchelebacio bumilifîimamentt- lamano. Di V.S.Illvstrissima- et: Reverendissima Di Rauem,lii9.di HumiliiTimo feruitore, Settembre, 1607. Il Card. Caetano.1- ARGVMENT. Ve ront de très -humbles remerciements Jes grâces (juil a recettes de leurs Altejfcs^dont il remet a s acquitter ^parnjne lettre feparée,enuers Mon * ftigneurle Grand Duc, lors qu il fera arriueà Bologne; afin iïcuoir loi- ftr de trouuer des paroles correjpondantes à l'obligation dont illuy en cfî redevable. A MADAME LA GRAND DVCHXSSE de Tofcane. A dame, Les grâces que i'ay receuè's de vos AltefTes , font fi grandes,que ie m'eftimerois coupable d'vne fignalce in- gratitude,iîiediiïerois plus long temps, à.vous en ren- dre , par lettre, les tres-humbles remerciements. Ce mot feruira- L1UI iij în LES A M PASSADES donc à cette fin,S: aulTi pour v di ■' <••••- le chiffre dont il vous a pieu rn honorer, eff venu en mes mains j accompagne d'vne lettre, que Monfeigneur le Grand Duc cent nu Roy , pleine de fi favora- bles & auantageux témoignages pou: moy- que cette dernière obligation, née delà feule bonté de Ton Altefle , & non d'aucune" prière, ny recherche, que ie luy en aye fakre, iurpafTe toutes les obligations de qui que ce foit.Car comme i'eftime 5c reuere le ingé- nient de fon Alteffe,p!us que d'aucun Prince qui viue:auffi la gloire ■deitre en quelque chofe,approuuc de luy.me touche p!us,que tous les autreshonneurs,queie puis receuoir au monde. Icnayofé en- treprendre de t'en remercier à l'impourueu ,5c principalement en langage Italien , me défiant de mon infufKlance. Et pourec, i'ay différé à m'acquitterdecedeuoir, iufques à ce que ie fois arriuc à Bologne.afin clauoir plus de loy fir de trouuer des paroles propres, ;pour correspondre , en quelque partie, à vne fi grande obligation. Mais i'ay en attendant , pris la hardieffe de fupplier voftre Aiteife, pir manière de prouifion , de faire cett office poàr moy , &: luy en rendre mille très-humbles grâces, &: en prendre pour elle mef- -me, la part que ie luy en doy, qui eft telle , quelle me tiendra .éternellement, Madame, D.V.A. De PrattoIin,îe il.' Letres-humbic é' tres-oblige Septemb. 150.7. Çeruiteur. \. Cardinal dv Perron. ARGVMENT. Itpunàfon chemin far Florence , ou fon Alteffe î ayant loge dans ' jon Palais , luy fait toute forte d'honneur , é" bon tratchmrnt : & de plu* , d'vne afettion abondante , luy rend ces preuues d'ejime infime de Ja vertu. ET NEGOTIATIONS. Liv. III. ti$ ALLA SACRA C H R ISTI A N I S S I M A REAL MacftacklRédi Francia5Signor O iTtiuandilT. Sacra Chiiftianiflîma RealMatfb. Paffatodame , il Cardinale del P erroné; fempre l'ho giudicato & guîîato di mira' bile b ont a ^ liueratura^ çr d VnaVni- uerjalifisipia intclligcnT^a :mà hcradopo la fiança & ■ pratiicadi Rcma , mipare n ) fe^jî^^^ che babbiaji perato fe flefio, & chj fi fia l^^^Z^^^^jf infimtameme auan^aicin VnaValorcfifii- ma pruden^a. Utà y.Maefià}che btnifimoîo concfcc>& ad ogmhorapraua li mportantiVirtuoJifi.mi fruiti delfuojaperc, non occorre eJ/io ne faccia tefiimoniar^a 3 trattandcfi ajichc di cofa notoria à tutta la Corte Romana. Ma bene mi rallegro fitco,chein\no ccùraro feggetto & aeatura fin a , riceuala grande^a £r ilgiuditio di V.M 'aeftà.cosiampialcde ? cosï ornato filendcre, & rileuatifisimo fieruitio. Eicon bauerli la M 'aejlci P'.concejjo per fiei me fi Joli d 'afjentarfi daRoma, eui- dentifinmamemefi arguifice, che V. Mae fia conofice quanta fia \iilc & necefjario Vn cosifiatto infitrumento.inquelîa Corte, per fe,& per il pnblico:& che percionon accude che io mi affatichi inrimofirargliene.M à hauenàolo > lopregato a far riuerenT^aa V, Maefiapermejion hèpotutogià edt^nevmijinon le ficriuere conqueflaopportunità 3 per tahto pni c'ficac( mente fiupplicdrlay corne fiaccic de' fiuoicomandamenti , & délia fiuagratia. Et di nuodOyCon qttefla humilijnmamenu baciokmamdi V. M défia, Da Fircn%e3 $u£kï. Settcmbres 1607, D.V.Mactfà Chriftianiflîma. Humi'iÛlmo feruito re. Il Grand Dvcad; Toscana, 14 LES AMBASSADES ARGVMENT. fi e(t convié par U Légat de Bologne {de ty 'vouloir honorer de fa prefence. ALV ILLVSTRISSIMO ET REVE REND ISS., iîg. mio OfTeru.IlSig.Cardinaidel Perrone. Illuftrifl*.& ReuerendifT. fig .mio QlîeruandifT. JndoCamillode' Mafllmiynio nipote^a fup- plire al debito mio con V. S. Illnfiripima , in quefio flioviaggioyCen fatle humilifîima riue- ren^cty & ricordarle la diuotifsima feruitu mia ; & infieme ad inuitarla à ventre à rico- nofcerequeftacafdyperfua , &fdUorirmi .délia fuaprefen^a , ondt io poffaferuir lahora conglieffetti, corne faccio fempre con l ' animo\pcura di confenr que fia gratia in vno de'pià deuotiferuitori cti ella habbia:che per taie conferman- domelejmmilifsimamentebacio a V .SMuJlrifsima le mani.D^ TSolognaJi 2. 2. .di Settembre, 1607. Di V.S.IUuftriff.ac RcuerendifT Humilifllmo Se affettionatiflimo feruitore. Il Card. GivstiN1a.no. ARGVMENT. Il do un e conte à fa Maiettc>du fuUt de fox dejîour par Venife. VA ET NEGOTIATIONS. Liv. III. AV ROY HENRY LE GRAND. IRE, le party de Rome , en irrefolution fi je pafleroispar Venife,ou non, efperant rei- gler mon voyage , fur les nouuellcs que i'aurois par les chemins, du feiour,ou par- lement de Monfieu.r deFrefnes. Depuis, comme ie fuis arriué à Bologne, i'ay trou- ué que le droit chemin de Bologne à Thurin,rompoit de foldats , qui s'en al- louer de l'armée du Comte de Fuentes;&: que fous ce prétexte mef- me,i! y auoit bien cent bannis en troupe, qui couroient les confins de l'Eftat Ecclcfiaftique , &c du pais du Duc de Modene , &c des au- tres Princes de ce quartier là. Cela m'a fait refoudre de m'écarter iufquesà Venife , afin de leur donner loifir de s écouler, pendant cefte mienne digrefiîon.Aquoy a encore eu vn grand poids, la li- cence que ie tiray du Papc.fi ie pafTois par Venife , de dire quelque chofe,à celte Seigneurie, que i'ay cftiméeftre duferuice de voftrc Maiefté,ie leur faire entendre: M ais cela,fans entrer en aucun trait- té d'affaire particulier-, comme aufïiie declaray à Monfieur l'Am- bafiadeur,au partir de Rome,queie n'y entrerois point, pour n'en auoireu aucune commifîîon, ny de fa Sainteté , ny de voftrc Ma- lefté : mais demeurerais fur les fimples termes généraux. De ce mien pafTage par icy,où ie fuis venu en priué,&: fans apparat, pour n'auoir rien à y traitter,& du refte de mon voyageji'efpere en don- ner dans fi peu de temps,conte de bouche, à voftre Maiefté, que ie n'en chargeray point cefte lettre. Seulementluy diray-ie, quei'ay cfté déconfeillé icy ,deiter ad te arriperem, arti- cularismoibus , quo iampridem vtor familia- rius, quàmvellem,compedesimpegit ; tanta, dum mihi occafionem officij pixftandi video prarreptam , animi molema3vtvitameiTeacerbam putem-.neque enimmemagisangit mea: valetudinis infirmitas , quàm cogitatiociufmodidil'cruciat, nonpotuilTe illi flagrantifsimum meum ftudium,fummàmqueob- feruantiam coràmteftari>cuimeomniadebere fentio. Verùm hxc nos fi non xquoanimo;atfortiialtemperferemus,fî intellexerimus ita ab Uluftrifsima Amplitudine tua accipi , vt non tam veniam quàm miferationemnobis aliquam dçberi cenfeas.Erit certc huma- Ritatis tua:>quia non minus quàm fingulari do&rina ac virtute men- furam impies tantardignitatis , quicquid hoc literarum eft, qnod obliuionem mei impedit,méque ad Amplitudinem tuam illuftrifsi- mam,quàm licct,quafi poiliimimo reducit , boni confulere , Se me, vel tuum potius in me fouendo iudicium tueri. V«ilepra:clai-ifsimû Gallia: tuarluuen , ampiifsimiqiie Chriftianx Reipublica: Senatus oinamCntum3eJiuni}rextaniemisOdobris}i^07. ET NEGOTI ATIONS. Lit.' m. A R G V M EN T. Son \^iltejfe luy dépefche vn gentilhomme à Milan fjr le prie affetfion- nément de continuer (on voyage par Thurin. A M O N S I E V R MON COVSIN LE CARDINAL du Perron. Onsievr. mon Coufin , Dés que i'a y fçeu vo-c ftredefpart de P.ome , pour retourner en France;' iay conçeuvne efperance devouspouuoirvoir;«c depaflfage par icy,& vous confirmer de prefence/ < les vœus de mon feruice. Maintenant que l'on mV aiTeurédevoftrearriuéeà Milan, ie vous dépefche ce mien gen-cc tilhommcpour vous fignifier l'ayfe que ie fents, de vous fçauoir fi proche , & vousprier de ne vous lainer deftourner de ce chemin f c de deçà , pour en prendre aucun autre , puis que vous nea fçauriez pafTer en lieu , qui foit plus à voflre difpofition , que font ma maifon , Se mes Eftats , ny fatiorifer perfonne , qui" plus que moy vous honore &cheriiTe, & defire lafaueur devo-tc ftre amitié; ainfi que vous dira le mefme porteur, auquel me re«fe mettant,ie vous baife les mains, & prie Dieu, Momsievr. mon Coufin,vou$ donner tres-heureufe & très- longuevie,en parfaitte fanté. De Thurin,ce i%. Voftre tres-affettionne 'Coufm à veut O&obre,i6o7. faire feruice. Pu. Emanvel? M m m m m i j 8i8 LES AMBASSADES ADVERTISSEMENT. Vers la fin d'Octobre, de l'année 1 6 o^.noftre Cardinal fe trouue en France où ayant efté à fonarriuée en Cour , recueilly Se carefTé du Roy , félon l'exigence de fes feruices,& meritesmous le verrons confumertres-dignement, lerefte.de fesiours, ^l'extirpation de rherefie,prote£tion de l'honneur du fain£t- Siegej&auancement de l'Eglife Catholique, Apoftolique; & Romaine. ARGVMENT. Illuy exprime fin contentement d'vnegratif cation du Royy éluy offre fin feruice,à U Ccur,ou il dit cshe venu en bonne (anté. A MONSIEVR LE CARDINAL DE G I V R Y, A Rome. Onsiicn? VR, Cemotfera5pour me coniouït auec vous, de là fouuenance qu'il a pieu au Roy, auoir de vos ferm- ées S/. merites,en l'occafion qui s'eft prefentée nou- uellement, &vous affeurerque perfonne n'en re- çoit plus de contentement, &z de confolation, que moy. il feruira auflî,pour vous rendre conte de mon arriuce en celte Cour , qui a cfté tres-heureufe, grâces à Dieu ; afin que lors qu'il vous plaira m'honorer de vos commandements , vous fçachiez en quel lieu ie les pourray receuoir,& exécuter. le m'y porteray auec toute affe- ftion &c promptitude , &z cependant > vous baiferay jtres humble- ment les mains,& prieray Dieu, MoNsnaNEVB, vous continuer en fain£te & fauorable ga^cle. D e R on>e , c c 2. 4 , Vojlre très -humble Dcce ru b . . i 6 o 7 . Jtrmteur. I. Cardinal m Perron. ET NEGOTIATIONS. Lrv.Ui; ARGVMENT. // le remercie de /es remereiments.fè conioiiit du face é s de U dernière pro- motion-.ér le prie continuer de tenir U main à vne affaire > concernant les dr ou s de la grande Aumofnerie. A MONSIEVR D'ALINCOVRT , CHEVALIER des Ordres du Roy,Gouuerneur pour fa Ivlaiefté en fes pays de Lyonnois,Forefis5&: Beauioulois, & fon AmbafTadeur.A Rome. O n s i e v R,Les remerciments qu'il vous plaiiî me faire, par voftre lettre, de ce peu de fermée queie me fuis elTayéde vous rendre auprès du Roy,font fi honneftes, qu'il faut que ie vous ri- merde moy-mel"me,dem auoir ainficourtoife- ment remercié, 8c qu'en vous remerciant ie me conioùifle auffiauec vous , du bon Cuccés que vousauez eu, en cefte dernière promotion. l'en ay receu vn extrê- me contentement, tant pourlaperfonnede Monfieur le Cardinal de la Rochefoucault , que pour celledeMonfieur le Cardinal de Mantouë, & ay mis peine de deçà de faire fonner cette action, le plus haut,& le plus fauorablement que i'ay peu. Au refle, Monfieur,ie vous remercie du foin qu'il vous a pieu prendre , pour ce qui me concerne en l'affaire de Monfieur de Nereftan,& vous prie de con- tinuer de tenir lamain3àcequerienne fepafll- par delà , qu'il na.it enuoyé par deça,vne copie fpeciale,de tous les ai ticles de fa préten- tion ;car la générale ne fuffit pas. & auec cela,vne déclaration, com- me il n'entend rien entreprendre fur aucunes Commanderies hof- pitaîieres,ou hofpitaux,ny fur aucunes maladeries , de quelque ril- tre & ordre qu'ils foient.foit de fainft Lazare, ou autre: Car la imïf- di&ion & fuperintendance fur tous les hofpitaux , 8c maladeries du Royaume,eft attribuée par lesOrdonnances des Roys3aux Grands Aumofniers. Et pource , defiray-ieobuit;r de bonne h^ure , aux principes decontrouerfe,qui pourroient naillre entre luy 8c Ces fuc- ceiTeurs,&: moy & les miens,fçachant que le Roy ne voudra point, que de mon viuant,il foit fait tort à la charge qu'il m'a donnée , ny M mm mm iij S$o LES AMBASSADES &c que ie reçoiue cefte hôte,de la laifTer moindre à mes fuccefleurs,^ queienel'ay trouuée.Monfieur deNereftan m'a fait l'honneur de m'en écrire fort courtoifement,mais en termes généraux : & ie luy euffe défia fait refponfe,n'eftoit, que le courrier partant la veille de Noël,ic n'ay peu mefeparer du Roy , pour vaquer aux dépefches deRome.C eièraJ)ieuraydant,pour le premier ordinaire , atten- dant Iequel,ieprieray Dieu vous auoir, Mo K sievr en fa fain&e & heureufe garde. A Paris, ce 2.4. Voftretres-affeftionné Decemb.i 607. jeruiteur. I. Cardinal dv Perron. ARGVMENT. Il rcfpond a vtte lettre de congràtuktion de fin heureufe arriuée en Cour. A MONSEIGNEVR LE CARDINAL DE Ioyeufe. A Gaillon, Onseignevr, Les obligations qu'il vous a pieu acquérir furmoy, eftoient aflfez grandes,fans que vous puisiez encore, le foin de m'honorer du voyage, 8c de la lettre , que le Sieur de Courbât m'a apportée,* laquelle neftimanr aucune forte de pa- roles,digne d'en recognoiftre la faueur ie remettray à vous en re- mercier,lors quenous ferons icy,éclairez & honorezde voftre pre- fence,quifera,à ce que m'a rapporté ledit Sieur de Courbât , dans peu de iours:Mais non fi tofl: queie le defire ,pour continuer à vous rendre les vceus de mon trcs-humble feruice , & vous afTeurer, par vnedes- prompte obeïiTance à vos commandements , queie fuis, MONSEIGNEVR, De Fontainebleau, ce 2,7, Vejlre tres~humhk,& tres-ajfetfionné Pecemb.1607. fauitcur. I.Cardinal ©v Perron. ET NEGOTIATI ONS. Liv. in. 831 ARGVMENT. // luy réitère la précédente fupplication\& luy mande l'intention du £ey, peur ce regard. A MONSIEVR D'ALINCOVRT , CHEVALIER des Ordres du Roy3Gouuemeurpourfa Maiefté 3 en Tes pays deLyonnois,Forefts,& Beauiolois,&fon4 Ambalîadeur. A Rome. S^^î ^NSIE VR> levousefcnuy par l'extrordinaire, qui vous ïlSf^i portalesdépefches de Monfieur le Cardinal de Giury, pour vous donner conte démon arriuée en cefte Cour; 6c au!si3pour vous renouueller la prière 3 que ie vous auois défia faute, de ne permettre point , que la pourfuitte que Monfieur de Nereftan fait, des Bulles de la Grand Mai(rrife,en laquelle il prétend enclor- re certains articles,des leproferies de S.Lazare , au preiudice de la charge & dignité de Grand Aumofnier , dont il a pieu au Roy m honorer,pafTeplusauant,iufquesàcequeluy Sanoy , nous fo- yonséclaircisl'vn l'autre , par écrit ou autrement3des chofes qui y peuuent eftre à mon defauantage,n eftant aucunement l'intention de fa M'aieftéjque la gratification qu'il luy a faitte, mefoit domma • geablc. Maintenant ie vous écry, pour vous réitérer cefte mefme fupplication , ayant fçeu que ledit Sieur de Nereftan vous fait en- tendre qu'il n'y auoit rien en fa pourfuitte, qui me peulî porter pre - iudice.i'euiTepriéle Roy,devous en écrire , pour faire furfeoir les chofes, iufques à ce qu'il en euft efté3à mon inftance. délibéré auprès de fa Maicfté:Mais Monfieur de Villeroy m'a affeuré vous en auoir écrit &: que pour ce, n'eftoit-il point befoin queleRoy vous en écri- uiftjdautât qu'il eftoit certain que fes lettres auroiét allez d'effet en ce cas, pour m'obliger de la faueur que ie défit ois de vous, (ans qu'il me fuit necefTaired'auoir recours au Roy, pour ce regard. le vous prie dôc,MÔfieur3dercthef3vouloir tenir la main : à cequeriénes'y pafTe,iufquesàcequela copie deeequ il pour fuit, m'ait cftd enuoke $3t LES AMBASSADES que fa Maicftéayt peu prendre refolutiondefTus icclle* de ce qu'il luy plaira ordornner , & ne vous laifler point perfuader , quoy que l'on vous die>que ce foie chofe , où ic n'aye point d'inrereft. Cela m'obligera denouueau,infiniment, à demeurer, MoKSIEVR» De Paris, ce 16. Vo/lrt tres-affefi tanné Decemb,i^o7« firuiteur. I. Cardinal dv Perron; ARGVMENT. // midelfin Excellence J effet de fajilicitatto auprès dv Rey,four tor- dre du faincJ E$rit,e» faneur de MonÇe'tgneur le Duc S for (e, (m marj. ALL* ILLVSTRISSIMA ET REVEREND ISS. Signoraja Signora Duchezza Sforza. Roma. Illuftrifsima Se Eccellentifsima Signora. On occorreud che il Signor Amhdfciddore s'dffatkdffe confite lettere, drammetarmi il feruitio di V \ Eccellen^d^ dell' Eccellentifîi- mo Signor Ducd , nelnegotio d'eH' O rdine del S. Sfirito perche gid tanto 4 queflo , flimohto eroyduliimpmtimcYitidiV. Eccelen%ay &dalliobUghiche le tengOycb' io ci correuo, dn%i Volduo, da me fleffo. N'ho pdrlata fyejje Volteyd fud Maeftd>& folo, 0* in compdgnid di Mon- Jïear de l^illeroy'.O* lecofe fon cosî dndate inndn%i , chefen^d afyettdr ET NEG0T1 ATIONS. Liv. III. afpettarla congregxt'nne générale dé Caualieri Je ottenuta an- ticipatamentevnadifyenptcrdicbidrationefer poter ccmmu» nicare detto Ordenea Signorifioreftieri, fifeditalaquale^fi man- dera finhito l'Ordine al Signor Duca. Et benche la medefima gratia.fiaperpenderfiadaltri Vrincipi £r Signori : nondimcno laconfideratione de fingolarimeritidi V '.EcaUen^a , hkfoU - aperto auefia porta. h mifon ingegnato di rappre fient arliy col pià Vwo & efficace affetto deR' animomio, allé loro Maefita : mk ttttto quelcbe ne bopotuto dire, e ftato poco, in compa-ratione di cjttel che effie nefiapeuano.Continuaro fiempre à fiernirla inafificn- Xa apprejjole Mae fia loro, fin ch' io la pofja fcruire qui pre fient e\ fi corne fiopra ogni altraco fia lo defidero. Et le-hacio tra tarno^ con riuerente ajfettoje manu Di V.Eccellenza. Di Parigi,alli S.di AffettlonalifTimo & obligatiiTim«> Genaro,i6c S. feruitore. I. Cardinal dv Perron. ARGVMENT. A net bedticoup de court oi/iesil répond à v Perron. ARGVMENT. Monjîeur de Brêues,Ambaffadeuren Leuant, ayant a (on retour de Hic- rufalem, donné auis au Roy, de la prochaine ruine des Bglifes du /aincJ Sepu Uhre,& de Bethléem, s'il ri y ejtoit fromf tentent pourueu:Sa Ma- ieslédefrant fubuenirde fa part , à la necefttéde cesfainÛs lieux;cUc mande encore, à tous les ^drcheuefques & Euefques de (on Royaume, qu'ils exhortent & per/uadent leurs D'totefains de contribuer de la leur, paraumofnes , àcetres-ChresJien&picuxœuure ; & charge neftre Cardinal , de leur faire tenir /es lettres 3 & les accom- pagner' d'vne , à mefme effet , en /on nom : le/quelles il femble ne deuoir icy defaggréer , comme ne fouuant tftre que glorieu- fes ,& d éternel honneur» À la memotre du zèle & de la deuçi 'ton- defa dit 'te Maieflé. ET NEGOTIATIONS. Liv. Hl. 8# DE PAR LE ROY. Oftre am-j Se féal. La prochaine ruine des ba- ftiments des Eglifes du S.Sepulchre,Mont de Caluaire,& de Bethléem, s 'iîrTy eft remédié, iointe à la dircontinuacion des feruices ac- couftumez y eftre faits , peu ou point d'or- nements^ la réception despelerins,qui celle par l'extrême necefîité de ces lieux 5 Nous a fait vous enuoyer,cy-deuant,ncs lettres clofes : afin que tout ainfi que de noftre part, nous y voulons contribuer ^comme héritiers du zele, fang, 5c Couronne de nos predecefleurs, nos fuiets y fiflent leurs aumofnes,comme yflus de ceux qui y ont cy-deuant,apporté leurs vies,&: commoditez. Mais tant s'en faucque par les moyens fpirituelsaccouftumez , vous les ayez fait inuiter à ce bon ceuure, ainfi que nous vous auions mandé , que vous ne nous auez feule- ment donné.aucun auis de la réception des noftres. C'eft pourquoy nous vous.auons fait encore cefte- cy,à ce que continuant la mefme affection,que vous auez toufiouts eue à la gloire de Dieu, en ce qui eft de voftreeharge ^ vous ayez à faire entendre , par voftre Dio- ceze,I'eftat & pauureté defdits lieux,où ont efté faits les principaux my fteres de noftreRedemption,le befoin qu'il y a,d'y eftre promp- tement pourueu,& faire adœoneftcr noftre peuple,aux profnes, Se prédications qui fe feront iufqu a la prochaine Fefte de Pafques, qu'ils départent de leurs facultez : faifant non feulement drefler les troncs és EgUfes , que nous vous auons cy-deuant ordonnez à ceft er?et>,fi ia n'y a efté procedé:mais de plus,deputer & eflire deux des plus pieux ¬ablesperfonnages , de chacune paroiffe de voftre Euefché.pour aller faire quefte,ésmaifons particulières, &: recueil- lir les aumofnes des gens de bien. Et afin que nous puiflîons fçauoir de quelle fomme Ton pourra faire eftar, vous nous aduertirez icellc- Fefte de Pafques paflee.de ce qui aura efté recueilly , & nous vous ferons entendre là deiTus,noftre volonté. Car tel eft noftre plaifir. Donné à Parisje z9.Au«l,i6o8. HENRY. De Lomïnil Nnnnn ij 83tf LES AMBASSADES ARGVMENT. Le précèdent argument donne ample injïrutfien de ce mot^ui en accom- pagne la lettre.. # * * IfVy^S^t 0NSI£VRjLa relation faitteau Roy, paiMon- « \wi * ^euf de Breues, n'agueres fen A mbafladeur en Le~ M 4v WMi I uanMe la prochaine ruine des baftiments des Egli- ! fes du Sain£tSepulchre,8c de Bethléem, s'iln y eft %£}É/f^a^s promptementremedié;a tellement touché la pieté de fa Maieftc, qu'outre les aufmones, que de fa part elie veut con- tribuer à cefte réparation-., elle y defire encore, celles de tous les gentS de bien de fon Royaume. Surquoy vous écriuant elle-mefme fon intention, & l'ordre qu'elle délire eftre tenu làdefïus, elle m a commande de vous faire ce mot,pour accompagner fes lettres , Se vous prier, comme iefay, par tous les refpe&s , qui rendent celte caufeconftderable, d'y vouloir apporter autant de foin & d'affe- ction, qu'elle fe promet de vous , en l'exécution de fa volonté. le m'alTeure que les bonnes Se faindes exhortations , que vous ferez faire pat toutes les Eglifes de voltre Diocefc,ne feront point infru- fteufes,& que fa Maiefté aura tout fuiet de s'en contenteiv-au/Ii eft- ce chofe qu'elle embralTe auec] beaucoup de zele & de pafiion , Se ou elle defite eftre imitée. Elle m'a chargé encore,de vous direpar- ticulierement,que vous addrelTiez les deniers qui prouiendi ont de celte deuotion,à Moniteur de Marillac, Confeiller d'titat,5c Mai- itredes Requeftes de fon Hoftel}& à Monfieur de Berulie, perfon- naged'emineme doctrine & pieté , lefquels elle a commis en eelte ville , pour les receuoir. le prie Dieu vous aflifter envnceuureli plein de merite,& vous donner, Monsievr, tres-heureufe S: longue vie. De Paris ce premier iour Voiïre très affetfionnè confrereï de Mars, 1608. vous faire feru/ce. I. Cardinal dv PePvRon. ET NEGOTI ATIONS. Liv.iir. *J7 ARGVMENT. tfeji vue très -honnijle congratulation defon faureufe &glorieufe arri- uee en Cour. A MONSIEVR LE CARDINAL DV PERRON. Archeuefque de Sens, & Grand Aumofnierde France. A Paris, Onsei gnevr, Si lorsquereuenantde Rome , vous auez rapporté la gloire d'y auoir plus fait paroiftre de merite,qM'elle ne vous auoit conféré de dignité, i'euffe voulu vous prefenter de fi loin , les tef- moignages de la réioùifTance , qui m'eft com- mune auec ceux qui reuerent voltre vertu ; la foule m'euft eftoufFé,&: l'accueil de tant d 'illuftres perfonnes , ne m'euft permis d'eftre apperceirde vous. le viens à ceft office, lors que ie m'imagine que dépeftré detous ces compliments, vous auez rendu voftre efprit,à ce doux &aggreable repos, où vous auez ac- couftumé,en la compagnie des Mules, d'engendrer ces excellents ouurages,que tout le monde admire. Et y viens, non pour efperan- ce de fatisfaire à mon deuoir,& moins à mon defir: Car ie vous dois plus d'honneur Se de loiîangcque ie ne vous en fçaurois rendre; ôi defïre vous rendre plus de feruice .pour mériter vos bonnes grâces, que ie n'efpere jamais vous en pouuoir faire. Mais c'eft en fin , vne grande décharge à mon cœur, de pouuoir monftrer qu'il nourrit des affections dignes du rare obiet,qu'il s'eft proposé àferuir,& vé- nérer.Ce fera à ma fortune,auec les mains defa faueur,de les trans- former en effets femblables , quipuifllnt , comme ie lefouhaitte auecpaffion,umoigner que ie fuis &: veux eftre àiamais, MONSEIGNEVR, D e A i x. c e 1 5 . Yojtre t res- humble & oheïffant Mars, 1608. /trusteur. G. dv Vais.. N n n n n ii ) LES AMBASSADES ARGVMENT, // luy mAnifefle le rejfe miment quiladefnfauorM coniowJJ Encore eft-ce,auec ce defauantage pour vous, que les loiianges qui rae viennent de voftre part, rue font trop plus glorieufes, que ne yous font celles,que yous receuez .de la mienne. Car fi c'elt chofe ET NEGOTIATIONS. Liv. m. $i9 ineft > tccfeftre 'oii: ii'vn homme loué, combien plus, d'vn qui tac la ù i ce mrfme , &c duquel l'applaudiflement vaut celuy de tout vnthe uc,oupluftoftdetoutvn monde? Il eftvray que vous auez c?fte ^on.pçnlcquelestefmoignagesque ic rends à voftre vertu,forter.:,u la propie bouche de la vérité : là où ceux , dont il vousplaiftm'hor.orer, font des effets de voftre couttoyfie, & de voftre ancienne amitié. Mais ce qui la comrepefe,eIt que la pofreri- té, qui ne les fçaura pas difeerner fi exactement , les prendra pour oracles de ce clair &r parfait iugement , qui vous accompagne en toutes autres chofes:au moyen dequoy , ils me feruironc en fon en- droirJd,autantd1hiftoires,decolomnes,& deftatues. Etpcur ce,ne pouuant,par vne feule lettre,vous remercier d'vn tel honneur, di- gnement, Se comme iedoyjie mettray peinedefonnais, que touts mes propos, toutes mes avions , vous îoient autant de remercie- ments , ne laifTant pafTer vne feule occafîon , qui vous con- cerne , où ie ne vous tefmoigne , par paroles &: par feruiççs, que ie fuis, Monsievk, De Paris, ce i S . Voftre ancien &flus affeilionné amy & May,i6o8. feruiteur, I.' Cardinal dv Perron. ARGVMENT, SutP exhortation du Tape J affecter quelques deniers, al entretenez eut des Mini/Ire nonutrtù , fa S ainiïetéeJl informée de dix mille efc *s, or donnez, par anj ce/te fa. §4o LES AMBASSADES SANCTISSIMO AC BEATISSIMO IN Chrifto Patri,acD. Domino Paulo,diuinaproui- denti3,Papa: V. Erlata? ad nos,Beatifîîme Pater,de ope , hatretico- rumMiniitrisadEcclefiam Catholicam rsdeun- iibus,ferenda , V. San&itatisliterxdupucila;titia îosafFeceruncalteraquodperfpexiKius quantum libidenoftroobfequio V. Bcatitudo polliceatur, quo nihil nobis accidere potuit iucundius ; altéra qnod flagrantiflimum V. San&itatis zelum, ad inj&aurandas 8c re- Tarciendas domus Dei in hoc regno ruinas confpeximus, quô nihil nobis contingcrcpoteftoptabilius.ParuimusigituriufTis V. Beati- tud inis , èc de affli&is per tôt inteftina bella fortunarum noftrarum reliqu'us,annuam decics mille nummorum aureorum fummam , in eum vfum exigendam 8c expendendam decreuimus. Supereft v.t jioc qualecunque facultatum noftrarum facrificium coram Deo 8c V.Beatitudine,fummo eius in terris Vicario , cumodorefuauitatis afcendat.Quodquemadmodumerga V.Santtitatem precibusno- ftris efficerecontendimus , ita , vt ipfafuis orationibus idem nobis «pudDeum promereri dignetur,fuppliciter obfecramus. Sic enim iiet,vtveitraintercefsione, &Deibenedictione , tanquam imbre quodamcœlefti, femen noftraeerogationisrigatumin vberemfe- getem 8c multiplicem meiTem excrefcat.Id ab inexhaufta tanti in- terceiToris charitate expe&âtes,facris V.Beatitudinis pedib* obuo- luti,votadiuino Numini,pro iplîusincolumitate inmukos annoe producenda} facinius. y- Beatitudinis. Jlumih clientes & firuL Cârdindes>^rchieftÇcùfi>'E}nfcoft>& fÂtsri PrMati Lut:iU congregâù. ARGV- ET NEGOTIATIONS. Lïv. III. 84, A R G V M E N T. SonAltejfc dtM*nm'è donne charge à vn Comte Je luy baifirles mains de fa part , & f «fleurer de la perpétuité de fonâffettiin. ALL'ILLVSTRISS. ET REVERE N DIS S. SIG. MIS OsSfiRYANDîSS. IL SlGN. CARD. DEL PfiftRONK. Parigi. ÎLlVSTÎUS SIMO ET ReVIREX D1SS. SîG. Mro OsSERVANDISS . Ancberei trcppo alla flima s che faccio delU perfonadi V. S. Illuftrifîima, fe lafciajïi ve- nir à ce tefiu Corte, il Signor Carlo di Rofîi, fen^a quefla miay & fen^aparticolar ordine di kaciarle, corne far à per me3 con ogni affetto^ le muni , con Vn ampla teftimonian^a del defî- âeyio mio continuato di fîrairla. Piacciapercio à V. S. llluft. âigradir altretamo queflo offîcio, quanto çiu Volontierigliele co- fermerei io con Viui effetti 3fèmene forger a l'occafîone , £7* di crederealmcdejimo Signor Carlo intieramente ; cb' à lai ripor- tandomi }baccioaleidinuoitolamano , ç2r auguro dal Signor Udio ogniprofyerità. Di Nancy, àiS. diLuglioyi6aS. Di V. S. ILL. ET RE Y. Seruitore Affettionatiffimo. Il Dvca di Mantova. Ooooo 841 LES AMBASSADES ARGVMEN T. Saprefence eftâefiw à Rome ,par Motrjîenrde Brcues , AmbaJJadcur de fmMaieflc, A MONSEIGNEVR LE CARDINAL DV Perron, En Cour. O n SE I GN EVFj Celleque vous m'auezefcrite, pour obtenir du Pape, vne difpence d'âge, peur Madame de Monîuc^ , AbbefTe d'Origini, m'a efté rendue'. le dois demain, aller à l'audience defa Saindteté. Cetera lapremiére ehofe,que ie luy demanderay., 8c d'autant plus me porteray - je a S x Ct : i on n e m en t e n-ceft e arTa i r e , qu e i e fçay qu e v o u s e ft a n t d U me- ftier, ne voudriez tenter ma confeience, Mais biffant cela à part, ie vousdiray que le feruice du Roy, en ' celte Cour eft en boneftat, Dieu mercy ; 8c quoy Qu'après je partement de Moniieur d'Alin- caurtj'on ayt talché de lébranleryil n'en eit pas moins ferme, &: bie eirabry,n'ayanx encore recogncu ôc que fi nous n'emportions le deflus , fur ET NEGOTÏATIONS. Liv; ÏIL g4î noscompeticeurs , au moins n'auroient- ils point d'auamage îu^ nous. le prie Dieu, Monsievr, qu'il vous cpnferue en heureufe Se longue vie," DeRome,ce n. Vofire bien-humble & tres-obeyjjam AouftiéoP, ferttiteur, - B & e v es; ARGVMENT. // eftiiffettwwifnent fuppliêà1obtenir-dit Roy,vn C "auakraf de faine!- Michel pourvn Gentil-hommeâ' Ancone. ALL' ILLVSTRISSIMO ET REVERENDISSIMO SIGNOR mio OiTeruandiiTimo, il Signor Cardinale- de! Perrone. Parigi. ÎUuftjriflîmo 5c P.eucrenduX Sig. mio Offeruandii£ ^>^rhï'^t% 'lofeppeQdfocaccM, Anconitano, Gentilhuome " deï ' Signor Cardinale San Giorgio , de/îdera d'effer bonorato da S. Maeftà ChrifiianijT. deL habitoâi Caualieredifan Michèle hauen- domiricercato d'effer [ho interceffbre , nonm'è paruto âi potergli mancare } perche col' benferuir > con fede e longamente , al medefimo Signor Cardinale , se refo he- nemerito di tutu la Cafa noflra, oltra che perfefleffbe per- fona di riguardeuoli qualita 3 e degna di quejlo honore. On- depermeglio ai :tarlo:ricorr&albenigno fauor 'diV '.S.Illuftrifîi- mayche tato pno e valein coteJ}aCone,fupplicadola efficacemete^ àprotegerlo apprefjo di S. Maeftd^co quei meT^iychealla prude- %afua p^rrano opportum>accio cofeguifea lagratiaper laqualeio Ocooo ij $44 LES AMBASSADES rimarro infieme con lui, à V. S. Iftuftriflima fingolarmemcoblh gdto.Ethumiltfîimamente le bacie Umano. Torino, 30. Ago- fto, 1608. Di -, V. S. ILL. ET RE V. Humilinîmo feruîrore. I-l, Cardinale. Aldobranding. Jïtttlamiï le fermée du Roj>enpArtie lin degré de gr.wâtur & proffe- ritûouilfevoid. A. MONSEIGNEVR LE CARDINAL DV PERRON, A Romeo O S S E I G N F. V R , « Pay rcceu vos lettres cluquinziefme & dix-hui&ief- •nc Aouft,lefixiefmedu prçfenr. Le contentement que vousauez,du bien & de Thon netir que ie reçoy en celte Cour , eû vn cuident tefmoignage de 6tion qu'il vous plailt de me porter. Vous n'en ferez Limais efdater le mérite, qu'il ne re- jflechifle fur vous, Monfeigneur,qui m'anczdonné de il bons aiiis? mis le feruicedu Roy,exî partie, aiulegré degrandeur,&:profpe- rité,où ic lay trouué-Ie penferay auoir bien & vtilement feruy/i ie ie maintiens en ceft eftat. Pour vous dire la vérité, ly rencontre affezheureufement,trouuat fa Sainteté fort bien édifiée de moy,. m'ouurantfes plus cachez deiTeins, quinerefïententque les affe- ctions d'vnperc commun I'apporteray entre la de/fiance que i'en ay euë,& la fiance que ie fuis pour en prendre,la médiocrité , & te tempérament neceiTaire.au maniement des affaires que ie traitte- ray auec elle. le prie Dieu , qu'il me donne autant demoyens de bien feruir,que i'en ay de volonté. Au refte, pour la recommanda- tion que vous me faittes,en faueur de Monfieur Cofpean, ie vous prie croire , que ie feray toufiours pa{Tionnémcnt porté à vous ET NECOTI ATIONS. Liv. III. *45 • obèïr , en tout ce que vous me commanderez , te que ie me preuau- diay de cefte occafion ,pour vous confirmer 1 a créance , que ie fuis, Mon s*i gnevr, De Rome, ce Vojlre bien-humble & tres-ajfttfiotmi Septemb. 1608. (cwiteur. Baevhs A R G V MENT. Le Pape Iny fait fçaueir, combien la harangue prononcée au nom du Roy? pour f obédience, a eftê aggrsabie à Ça Sainclcté, ejr luy en recommandt affectionne ment l'Orateur, DILECTO FiLlO NOSTRO IACOBO , TITV Sandte-Agnetis in Agonc, Preibytero, Cardinal! de Perronenuncupato $ AV V V S PAPA V. I'e&c fîîi nofter , faluéem &: Apoftoiicam benedfttionç, ■Commendauimus iitteris n°frris fatis diligenter Cha- u'flîmo in Chriito filio noftro HenricôRegi Chriftia- niffii^ïo,dileûtim ffftum Maurinum Breflîum-,'& Ma- :cil:nriru«Tpotifrimùmiignificauinu]S,grarinimamfuifre nobisora- tioncm , yuam Regisnomine habuit m publico Confiftorio 5 dum dileclus fi /f us nobilis vir DuxNiuernenfis, Legatus Regius , lauda- bi!i piprum,ac verè Chriftianorum Regum more, obedientiam no- bis &huic fan&a: Sediprxftaret.Quod vt etiamdifertis verbistefta- retur Rcgi,mâdauimus venerabilifratri Epifcopo Montifpolitiani; Nuncio noftro Apoftolico. Qtumrem tibi fignificare voluimus, vt cùm ex hoc apertè intelligeres , Breffium à nobis non vulgariter amari ; erLidirionTmnamque,virtutem&:probitatemillius ,multcV arrequàmad fummum Pontifkatum eue&i effemus, peifpedam ha b t bà m us s & pi opt créa femper illum vaid è dileximu s ; pofFes fa- ciJè iibi perfiudere, che V\ S. Wuftrifîïma fentira dalui, nella^uaV io non entro, perche mi foprah- hondano le lagrime ,gliho comme[foychevijttando~ la in mio nome, le faccia amplafede délia mia cordialifiima offer- uan^d^ Ài^udntoio defideridiferuirla. Et V. S. Ittuftrifî- ma credendole^ccm à me proprioffivarrk di quefla opportunité, fer c&mandarmijcome ne la prego :&le bacio le mani. Da Fi- reniée Ji 2.6, di Maggioy î 6 1 o, Di V, S. ILL. ET REV, ' A ffecYionatiffimo feiuitore, ï l Gran, dvca di Tosc. ET NE GOTI AT IONS. Liv. IIL $47 ARGVMENT. San Ali elfe fe complaignant auecluy, de U mort déplorable du Roy Henry le Grand : elle le prit d'afifierla Maiejléde la Reyne , defisfages& prudents con(eiîs ALV ILLVSTRISSI. ET REVERENDISSlMO Mon si g. mio Colendissimo3IlSig. Cardinale del Perronne, i liLVSTRISS. ET . RevERENDISSI. MoNSIG. MIO ' CoJendiffimo. OSTR A Signoridilluftrifiimd puofdàl- mente imdgindrfi^perglintereft che io ho con U Corond di Frdncia,qtidntd pdrte io habbid haiiutd nella dolorofifimd nuoua deUd mortedel Rè } laqudle è nondimèno flata tanto mdggiore tfudntoilcdfo èfldto pi à Jtrdno. Et perche il Gran Ducdmio fgliuolo^mentrepenfaraÀifdreele^ione d'vno Ambafciadore^ percomplir con lor Maeftk}ha Volutointanto fpedire in tuttd di- î-igen^d, Andréa Cioliyfuo Srgr-et Et ricordandolequelldojferudnzdy cheio leho fempre portdt4%' &ddefdeno che ho dijeruirld3le bacio Idmano. Di. Fioren^a3à, zy.M Mdggiot 1^10. Dl VA, ILL. ET REV. Affettionatiffim.-i per faut la," Chiust. Gr. Dvciîezza. LES AMBASSADES AK G V ME N T. -94$4wftctclftyefcrîtcé Bref fur ï accident lamentable dt U mort ~d* Roy Henry le Grand. DILECTO FILIO NOSTRO ÎACOBO , TÊT. '. Sznâx Agnetis in Agone, Presbytero, Cardinali de Perrone , nuncupato. ■■PAVLVS PAPA V. Ile^cCjfilinofter, Salutem , & Apoftolicam benedi&ionem.Mœrorem noftrum, ob mi- ferabrîem mortcm charifîirai in Chrilto Hkj noftri HenricijRegis Chriftianiflîmi,tibi de- cLlcarenofiris hifce litcris , nonneceffarium exiftimamus,quia fatis perfpe&um tibi mu!- tis de caufis credimus.Ted cùm folatium , quo vtimtir, repofitum fit in fpe, quam optimam concepimus ex pradara indoie chariffimi in Chrifto filij noftri ;LudouicinouiRegis,diligenter,vtaccepimus5m fan&o Dci timo- re,atque Catholica Religione3educati; Se propterea profperitatis, acprogrefrusillius,inftar amantifrimipatiis,curam fufeeperimus: induftriam3&: operam tuamin hocrequirere voluimus.Summope- rcigiturcupimusconieruarepacem, & tranquillitatem iftius am- i pliffimi KcgnijCumincremento Catholicae Religionis. Quia verô hocobtinere non poiiïlimus, nifi omnes Regniordines,' Régi , & Régine eiusmatrijfîdijobedientefquepctmaneant: in tua egregia prudentiaconfiii, tehortamurtotonaftri cordis afFeftu y ftudeas audoritatey& gratia, quapkuimuùm poffeteapud Regni ordines fcimus,illosinontîciocontincre;Non enim.idàtepettmus , quia id prxftiturumfponte tua non credidaïmtis ,Ted quia negotij magni- tude» nos vïget,&: quia fiduciâ.quam in te magna habemus , -Jibcn- ter per QCcaÉoncm tibi demonnramus. Sed plura de his nofter Nuncim ET ÎNEGOTî ATIONS. Liv. III. 849 Nuncius Apoftolicus , VencrabilisFrater , RobertusEpifcopus Momispolitiam\cuiconfuetamfidexnadhibebis, &nos tibi pcra- manter benedicimus. Datum Roffla:, apud fan&um Pctrum,fu& Annulo Piicatoris, Quarto Cal. Iunij, M. D C. X. Pontifica- cus Noftri Anno Décime. Petrvs StuozjC A R G V M E N T. *L4fertt ïnêfiimable du Grand Roy Henry, conuiant fen Oilteffe £<9- uoyerfvnde [es gentils-hommes en Cour >pcftr iâhtdre fis defplaifirs à ceux de leurs Mdiejlez,>ellc prend iccafion de le rendre certain dv- fiuttenir de fon amitiés & de luy ramenteuoir le defîr quelle con férue» de luy tefmoignerU fienne. A MONSIEVR MON €OVSïN, MONSIEV-R le Cardinal du Perron. ^K^î Onsievu mon CavsiK, le ne veux lauTerefcou- i^Écït 1er celte occafion du voyage du Sieur de la Dragonnie- 5^^|re}Gentilliommede ma Chambre , quei'enuoyeà Pa- ris,pour ioindre mes defplaifirs5à ceux de leurs Maieftez, fur cefte grande perte du feu Roy,qucie ne vous rende certain dufouuenir queie cenferuede voltrc amitié 8c bamne volonté en monen- droit,afindevousramenteuoirparlà, ledefir quei'ay devous fer- uir en toutes occafions. le vous prie luy adioufter foy , comme -à la per fonce, Monsievr, mon CovsfK,de A Thurin, ce7.de Vofire 'tres'afcffiïnne Coujîmà vous lu in ,1607. j faire feruice. Ph. £tfANVEI> Ppppp sg: LBS AMBASSADES ARGV MENT. Î4r ftvoye & Çonintermifiton Je Cardinal Borromeo fignifie fes regrets à la Reyne3pour la mort du Grand Roy H enry , ALLA SACRACHRISTIANISSIMA REAL MAESTA: dçlla Regina diFrancia,.Si£. OfîirtiandiiE Sacra Maefta' Gliriftjaniiîîma. . Aucndo io combat itofxngolarmen te \ all«t Maefîà V. QhrïjlianifîmaJ.' acerbo cafo, eperditaineflimabile ,fattada !ci> con la marte deLR^J Ç hriflianifimofti o Con for- te^erquell' affetto & offeruariX^a gran- de, choportato fempre à lei , & alla Sere- nifîimaÇafa fuui non dem mancarede y,» gnificarle lo ancerajn fegno délia continuât a mia dmotione. Ve- go poro à condolermene con la Maeftà. V. affeftucffimamen-. to, con defderiomtenfo}che Dio benedettola colmi d'altre tanie con foi Utieniy conforme ails Wtù Régie e molti meriti di lei. Piac- cia alSignore d'effaudirmi^ome ne lo ptpplico. Et à V. Mae [la t bacio bmilifimameme le manu Di Milano, à iy. di Gin- gho9 \6iO. I> V. M. Christianïssima. Humiliflïmo êc deùotilîïrtto feruicore. F> Card. Borromio., ARG VMENTV te me/me Cardinal luy eftrH ce/le lettre de condoléance, fur le mfme Mtt. ET ^E'GD.TïATrO;K.S;';E*îy; m ALL'ILLVSTRISS. ET R Jg YE R.EN D I S S. SIG. MI<> OSSERYANDISS. • îl SlGN,. '^ARE, DEL PERRONS. i Parigi. ILLVSTIUSSIMO ET RtVEF-ENDISS. SlG. MIO OsSERVÀÎÏM* :ffT .gl^^f^^fîN Andom a creâere cke la mmeiel Bj Chriftiamfiimo, fia fer molti rijj>etti ftata 4. V.S. Wuflrifïima, di slraordinariotra- uaglio&on conuiene che io Vtuendole tanrtt } fieruitore , e partmpando degl' accidenti ) [mignon almmente}chedeproprijrtralafci difar con lapenna, l'offitio chefaccia con l'affetto.Mene condo- glioperQicon.V. S. IîlHfirifiima^coi me^pdeïïa pre fente, e col Jèntirnentoch'eiïa fieffa puo congetturare dalla river en^amia, Ver fi di lei. Etpregandoie dalSignor Iddio^ero contento3le ba~ cio humilifiimarnente le mani. Di Milano , a ï ydi Giu* gnoy 16 1.0. m V. S, ILL. ET RE V. Mi doglio délia occafione che minduct a fcriuere, çWe tut ta, mefta.ScriHereital'borayfiiorapefiicb^glifiudijdi V. So lUujlrifiima^oleffere ammenere le mie lettere. Forfile darl ancer pane deHinoJhiprQgnfiihtcraripil che almeno gioue- ra psrdefhiarla alquanto dal dolore? 0* da trifii penficri & negri. Mi ami,perche iol'amo. Huirùliffimo ferukore. F Cardinale Borromeo' ARGVMENT. ■ ZeT)uc âVrhmchargevnComtt^tiil enuoye Ambaffadeur en Iran- çet derenomellerk no/Ire Cardinales ajfetérartces de fon fîraice 85* LES AMBASSADES ALV ILLVSTRISSIMO ET REVERENDISSIMO:- Sign. mio. OfTeruandiflîmo îl Sig. Cardinale dei.Perrone. ïlfuftrifT. Et ReuercndifT, Sig. mio ©fleruandiC Andando in cofla il Conte France fco Maria Mamiani , mio Ambafciadore , fer queliê . che da lui fotra V. S. Vâuffrifîima inten- dere , gli ho impoflo che laVifîtiin mio no- me , e le faccia mono teftimonio del molto dejtderio > che tengo diferuirla : di che abbracciero- fempre con moka promeX^a , & con molto fiacere infieme 3 tut- te ïoccajîoni che da lei mifaranm frefentate. Et rimes- tendomi à quel che intorno à cio , pkfarticolarmente le fa- rd ejf>o.fre dal Conte fodetto , bacïo lemani- ài V. S. Wh~ ttrifima , £7* le prego ogni félicita. .._ Di Cajleldurante 3 à... jj, di Giugno , 1 610. Di V\ S. ILL ET REW AffcttionatiHimo fcruicore. Il Dvca d'Vrbin©. - A R G V MENT. le Duc de Parmelt fait participant des neitueUes dvn enfant ntask> que Lieu luy a- donné. £T NE GO TI AT IONS. Liv III. s*. ALL* ILLVSTRISSIMO ET REVERENDISSIMO Signor m\o QiTeruandiflîmo , il Signor Cardinale dcl Perrone. Wuftriflîmo te ReuerendiiT. Sign. mio OfTeruandifE Erche V. S. Ittujlyijîïma fia tanto pix certa deïïa particolare confiden^a , ch* io tengo nella fiua borna , £r amorcuo- le^a y vengo a participarle bora , l'ac- quijio cbe bo fatto , délia Signora Wu- cbe^a yfiiàmoglie , d\n fîglio mafcbio, perfuadendomi cbe V. S. lHufirifiima9 fjuale non fa fe nonmonfirar buori animo \erfo dîme , nefen- îtrà tanto piu placer e , quant, cbe cio e feguito non falute di S.A.& dei fîglio fteffo. I o mi rallegro con lei3 deWacquifio cbe hdfattodicjueJlonuouoferHitoreinqueftacafa , gr pregandola à comundarmi, refiohaciandoleper fine le manL Di Parma> alU ydi Set ternir e, 1610. Di V. S ILL, ET REW AffettionatiOîmo feruitore, RÀNVCClO fARNESL Al G V M E N T le e Doyen des Cardinaux luy envoyé la relation qu'il* faitteen Cm* Jiftoirt , pur U Canomfaùon du bien-heureux Char Us Sommée, Ppppp ii; 8$j. LIS -'AStRASSAOE-S. ALL* ILLVSTRISS. ET REVERENDISSlMO Si G. MIO Colendissimo , Il Sic. Cardinale, del. Petronruu îitVSTRÎSS, ET RevERENDISSK SlG. MIO • Qfferuandiflimo. Ltre li continuicarichi)& negotif, ney qu£> li mltroua per f ruitip di quefta Santa Sed? Apoftolica^quefti miei llluftriffSS.Cardi-. nali , CoHeghi delta Sacra Congrégations de' Ritiyty1 io , queft'eftate habbïamo con moka diligen^a}attefo aUa Canonizationc delBeato Carlo Borromeo3cbefùdelnoftrG Sacra^CoUegio : quai Canonizatione , Noftro Signore intende difare al principio di Nouembre , &1 a me ètoccato farne la reUtione in Conciftorio JècretOy corn' èfeguitto. Onde non h o voluto mancdre con quefta occdfîone}venir à baciar le mani a l^.S.fduftrijfey mandarcela qui aUigata}accio fi degni vedere quello che àgloriadi Dio , efaU tatione difua Sanûa C hiefa3& edificatione de'fedeli, è opéra- to in quefta fan? operay & aecettare infteme la promena dell" animomioy cl) hodiferuirà V '.S.IlîuftrifimayallaquaU humil- , mente fo riuerenza. Di Roma,il di &.di Senembre^ 1 6 1 o. J& V.S. JLL. ET&EV. Humilifïîmo feruitore. R, Cardinale Pineilc. ARGVMENT. La République de Venife commet a fon ^AmbaJJkàeut erdittaire}d 'attfc jïer à no/ht Cardijial>freghiamo"perc\o > di prefiargli quella fede, chefarebbea noiftepi ï&aV'. S. îïïufirifsima dejtderamo ogni félicita. Datxinnoftro Ducali Palatio 5 die Vi, Qè~lcbr'u 3ln~ Mrtioneix.M.DC.X. Leona<< dvs- Donat. Dci gratis - Dux Vcnetiarurru &£ .. Antonio Maria Vincenti. -. Secreiar, • A R G V M E N TV Zaï'ie âoucîé" tranquille de s lieux champt sires le mole donner quelque confoUfion à ce Seigneur, en la perte publique é*. déplorable du gêfa Henry le Grand. A MON5IEVR' LE CARDINAL DV" PERRON, A Paris. Oksiïvr , Puis qu'il efttres - afTeuré , que cha- cune choie produit ordinairement Ion fembla- ble , vous ne deuez douter , que vos mentes . infinis , & les extrêmes obligations que vous aue~ acquifesfurmoy , n'ayant engendré en mon ame, vne deuocioa . ijé LES AMBASSADES infinie , à voflre tres-humble feruice. Et comme les chofes dé- fendues, font quafitouliours les plus de Tirées; ainfipius iemere- cognois éloigné des lieux, &: des occafions, de vous rendre des preuues de ma fidelle feruitude , par effet ; plus mon efprit eft-il porté violemment à rechercher cette heureufe rencontre. le le fouhaitte donc ardemment , Se vous fupplie à iointes tm&as; Mon- fieur , qu'il voos plaife m'honorer de vos commandements, afin queparrobeïfTance,& parlapronte exécution d'iceux, la vérité de mes paroles foit tant mieux iùftïnce. Si la grandeur de voflre efprit ,. Se les dignitez ou voftre mérite vous a éieué , ne vous four- nifibient de meilleures & plus ferieufes occupations , que la le&ure de mes lettres , ie vous euiîe volontiers rendu conte de mes plaifirs Ôcpaitc-temps.Car non feulement laiouïfTance m'en eftdelicieufe, mais encore le fouuenir& le récit m'en eft tres-aggreable. Etm'e- ftonne infiniment, puis que nous sômes en ce monde, pour y viurc plufieurs iours > &: n'y mourir qu'vne feule fois, comment tant de grands Se fages efprits , ne choililTent pluitoft la vie douce & tr an- quille des lieux champeftres, où tant de félicitez fepolTedent faci- lement , que non pas celte vie turbulente Se tempeftueufe de ta Cour > où l'on meurt tous les iours, ùns y rencontrer vn feul mo- ment, pour y viurc bien-heureufenient Or puis queDieu m'a fait la grâce d'eftre paruenu à la meilleure condition où ie fuiamais, croyez Monfieur qu'il faudra de fortes raifons , pour me la faire quitter: & croyez que la feule necéflité de conferuer mon honneur, ou ma vie, aura lepouuôir de changer ma refolution; qui demeu- rant encore plus ferme à vous rendre l'honneur, le refpect, & le feruice deus à vos vertus Se mérites , me fera continuellement leuer les mains au Ciel }Se prier le Créateur, • M onsievr,- qu'il vous augmente feslainttes grâces Se bénédi- ctions} vous baifant en toute humilité les mains. C'cft, De Sully, ce zo. ; Vofîre plus -humble & obligé Mars, 16 il feruitcur. Makimïlian de Bïthvns; ARGV* ET ME G 0T1 AT IONS. Ut III. 8j> •ARGVMENT, Ce tres-illuftre Cardinal certifie fort dignement » ce quife doit attendri du nope, en U reftauration du feruice de Dieu & de tEglifc. A MONSEIGNEVR LE CARDINAL DV PERRON. A Pans. Onseign EVR, le fu trois ou quatre fois , à voftre logis. auânc que partir, pour auoir l'honneur de vous "baifer les mains, &: prendre congé de vous: rnaisie trouuay que vous eftiez allé aux champs, le delirois auffi de vous dire, que bien que i'ay e tait de tout temps, particulière prore/Tion d'ho- norer Se eftimer grandement vos merites,i'y vois encore augmen- tant,s'ilfepeut; & par mefmemoyë, vous rendre conte descohfi- derations , qui ont donné fubiet à mon voyage , lefquelles ie reco- gnois de iour en iour,fi fortes s que i'ay beaucoup d'occafion de me confirmer en celte mefme refolution,lans qu'il me relie ce feul re- grette voir les chefes de TEglife, tellement raualées a prefent en ce Royaume, qu'elle a grand befoin que ceux qui y font obligez, comme nous fommes, ay dent de leur pouuoir,à les releuer: toutes- fois la petitelTe de mes forces, d'vncofté, 8cdefç«uioir de l'autre, que vous demeurez, m'en fait ecnfoler, eftant très- certain, &co- gneu ainfi,detoutle moRde,qu'il n'y a perfonne qui y puilTe feruir dauantage,quevous. Surquoy ie veusdiray, qu'après auoir bieH penié aux moyens, qu'on peut auoir à prefent, d'y produirequel- que bon efFct;ie n'en defcouure point de meilleur,ny plus vtile.que celuy de l'vnion & bonneintelligence auec les Prelats:comme i en ; ay recogneu vn bon nombre de portez & difpofez à ce bien-là. Et il faut que ie vous tefmoigne auiTi,c©mme il mefemble que parmy tant d'honneur, qui a accompagné iufques icy, tout le cours de vo - ftre vie, vousnelapouuez combler d'vne plus digne a&ion > que Qjiqnq LES AMBASSADES çelte-cy,ny qui foit pour donner plus d'efclat, à toutes vos autre- paiïees. Ie^çay que vous y eftes alTez porté de vous- mefnies , 5c qu'il ne faut point que ie m'y eftende dauantage , me refTouuenant des propos que nous auonscy-deuant tenus en(emble,fur ce fuiet. le vous fuppliefeulement,de croire que lors que vousmeiugercz propre en particulier, de pouuoir rendre quelque leruicc , foit pour faire des offices enuers le Pape, durant le téps que ie feray à Rom'', ou autremêt en quelque façon que ce foit,vous trouuerez en moy, la meilleure Se plus parfaite correfpondance,quevousfçaurieZ de- firer.Ce fera donc à vous, Monseignevr, àmedefpartirde vos commandemens,,auee toute libertéjpuis que ie ne-manqueray ia- A mais à y obéir, & en procurer l'exécution tres-foigneufement, &z de mefme affe&ion,qu'apres vous auoir baifé tres-humblement 1er mains, ie prie Dieib Mo nséig n e Y », Tous dàasx&^eaçaxUitti fanté-,heurcufc & ion- gue vie. De Lyon, le &; Fojîre.tres affcBicnné . 'i'Auril, 16 u. - fouit eur. Le Cardinal de Ioyevse, ARGVME N t. T>H-fem de (a finie & d'vneyerJjMjie T:er:!ulhenxi! e/? smracmifAr et ... mot. A MONSEIGNEVR L'ILLVSTRISSIME ET REVE-; . rendiffime Cardinal du Perron. jffijjk Q N s 1 1 g N £ v > , ©JJf le me promettons toujours, l'honneur de vous voir aux r bains de ce pays , &cefte efperancea retardé le deuoir , auquel k 1 n ay pasaccouftùméde manquer, quieftde m'enquerir de vous- mefme,de l'e'ftat de voftrefanté,en vousrenouucllant les offres de ; mon tres-humble feruice. Maintenant que vous deuez eftrede re- tour du BaiTigny, ie m'enquerrois volontiers , fi vousauez trouuc près de vous,ce que vous cherchiez plus loin,les années paiîées. le Iefpuhaittedetoutmoncceur,MoNSEiGNEVR, cV ne defire pas ET NECOTrATION-S. LivC ïïf. plus d'eftregarcnty derapprehcnfiondesgouttes,qui m'ont mcr oacc ceft Eftc,que de vous voir fa^ela.grande allée de Bagnolet, î pied,8dans bafton. le me mettrois.volontier-s.en chemin* en plein Hyuer.pour voir cela: Mais autrementjie prétends de le paffer là où i'ay pafle l'Eftérdont i'ay employé vne partie,à la traduction du iiure des Prefcriptions de Tertullien,par voftre exhortation. Mais l'y ay trouué quelquepeu de difficultez,dont ie n'ay peu me defue- loper;lefquelles,fî ie ne me trompe, Phœbo fmt dignivindice nodi. Qujnt-àlafuitte du iiure,ie fuis de la commune opinion, que c'eft vntraittéàpart , quiabienquelqueliaifonau précèdent , puifque c'eft vn defnombreraent des herefies,dont il'airoic auparauant con- uaincu les autheurs : mais qui n'apportera iamais tant de fruit à TE- glife,qu'ii ietteradefcrupules,dans les ames foibles , 8c vacillantes cnlafoy, donc Iç nombre n'eft que trop grand, en noftrc nation. Pour cefte raifon principalement,ie n'ay pas voulu paner outre, en la traduction de cefte féconde partie,fans confulter voftre Oracle, lequel me l'ordonnant ,ie le feray toufiours plus commodément à Paris,qu'icy,oùie n'ay aucun liure,que le texte de l'authejur, afTez mal corre&.Et attendant labonne nouuelle,de (nrgit.& ambalat, ie prie Dieu , M o n s e i g n e v r , de vous continuer fes fain&es grâce* , & à moy_ i 'honneur des voftres. C'eft. De la Salle, ce 13 . Vofîre tres-humblc & tres-obeyjfant Nouemb. i£oi, Çeruiteur. La Bros s AR-GVME NT, Levées de Madame /a Buchejje de Mantoiïé; Itty fait receuoir ces "li- gnes de condoléance. Q^qqqq ij LES AMBASSADES KlV ILLVSTRISSIMO ET REVERENDISSIMO SIGNOR' mio OfTeruandiflimo ? il Signor Cardinale del Perrone. Illuftriflimo &c ReuerendiC Sig. mia OfFeruandiltv. Entre mitrouoinquefto fiatodi Monferratol per dar'ordine a diuerfe cofe > c'haueuano- bi- fogno délia pref m^a mia , Madama la Du* che%xa m^a moglie , che lafciai in fiato fia topo di continuato miglioramento, fe nèpaffa* ta à migliorVita,ma con tante mio cordoglioy che non miconofco atto ad efj?rimerlo con parole. Et fapendo con quanta affettione V.S.llluftrifîima hafempre partie, pato ne gï accidenti miei & délia cafa mia mafimro> che con l'ifleffo a- more , compatira à quefto mio pre fente traudglio , çrriceuera quejlo ofpcio, in tefiimonia délia molta offeruanT^a , che le porto, mentre rejlobaciandole le mani& pregandole dalSignore-} ogni félicita. DiCafaleJi \ i..di$ettemhe uii . Di V. S. ILL. ET REV. Seruitoro- affedltonati/îimo, Il Dvca di Mantova. ARGVME NT. MM de fin Alteffè de Mantou 'è, qui cy -dtttm luj auoit eferit, Moufim le Duc fin fis & Juccejfeur * vient l fe cettdwleir éuet lny* ET NE GOTIAT IONS. Liv. IN. S6t ALV ILLVSTRISSIMO ET REVERENDISSIMO MONSIG, mio Colendiflîmo , il Sig. Cardinale del Perrone. Illuftrifî. & Reuerendilï. Sig. mio ColendifF. Ouendo participai a V. S. JJluflrifîima.d'or^ dîne mWyilMarcbep Carlo Rojïi, la morte det Signor Duca, mio Signor & Padre>& ttftifi- carle infirma ^uamo io viua defdcrofo di feruir- la, placera à V. S. llluflrifîimaji afcoltarlo le- nignameme y&dicrcderetchericeuerofer tefiimonio deïïafua ajfettione, le [fer compatito da lei in quejla perdita. Mi riperto adunque adejjo Marcb?fe}& à V. S. llluflrîjïima bacio la ma- m>con augurarle félicita. Di M antoua%a 1 5. Mar^o? 1 6 1 1 . Di V. S. ILL, ET REV. Seruitore AfFettionatifîîmo, Il Dvca di MantOva» A R G-V'M-E NT. Son dcpUifir exprimé de la mort de Moa/îeur le Duc de Mamoue^(t 'ce* - si four effet dv cone fondante inclinai hn. ALL' ILLVSTRISSIMO ET REVERENDISSIMO Signor , il Signor Cardinale del Perrone. Illuftriflîmo & ReuerendifT Sign. fâfâLfenfocbe V. S. iRuftrifiimahà ftntito^eïïa perdita deV MÊ*Sign. Ducamiofttoceroycbeftaingloria) corne accenna per fue lettere , èriconofcmta da me per effetto délia cortefia fua rgr Mî LES ÂMSÀ HADÏS mconeffondenXa delî'affetto cbe le fortaua. S. A. Onde non folo ringratioVofiraSignoria lllujirifîimi , délia dimoftratione cbeinqueftocdfibàvolutofare, ma anco delï t\fftcio di confola- ticneyin oggetto cbea me ba pefatû tatoifïcbe le refio tenuta à cer- rifyonderle de ottima Volonta , in ogni occorren Z^t jua. Frà tan- to-jprego ilStgnorecbek V.S. Illuflrifî. concéda Qgnimaggm félicita. Di Mantoua, a i$.di Mar^oyi6iz. f); V. S. ILL. ET REV. AfFcttionaciflimapcrferuirla,' Margarita. ARGVMENT, Remarquable protection de t authorhi du fainiï Siège x & z,e!e tres- Çhrifticn àtvnitédeC Eglife , par la Cenfured'vn impie livret, dont Uperuerfitê de doctrine , a eu au/si peu d° approbation y que/on au- 'theur , de front ,pour ofer entreprendre de fe nommer. A cob vsjiniferationediuina, tituli (an£be Agnetis * in Agone, S. R. E. Presbyter, Cardimiis Perronîus nuncupatus, Archiepifcopus Senonenfis, Galiiarum 8c Germante Primas , nec non Magnus Franciar Elee- mofynarius, HenricusPariiicniîSjFrancifaîs Antifliodorêfis, Ioan- nesMeldenfîs, Gabriel Aurelianenfis, Renatus'Trecenfis , Eufta- chius Niuernenfis, Philippus Carnotenfis, Epifcopi,prouincialker congregati. Vniuerfis pxsefentes literas infpecturis, falutem in Do- mino. Cvm nobis ex dignitatis 8c Prouincixnoftrx munere, non magîsincumbat, fidèles nobis fubditos , Chrilti veritatem docere, quàmfedulô animaduertere3 &obferuare , ne noua:, erronese , 8c peruerfaîfententianneorum animos irrepant3&:inEecle/ïa:perni- ciem impunè grafifentur ; Libellum , cui abfque nomine Se autoris &:Typagraphi,tituluseft De Ecclcfîaflica & Folitica poteflate, dili- genter le&unl&expenfum ; cenfura 8c damnatione dignum iudt- cauimus & declarauimus ; ac reipfa cenfura notauimus & damna - ixius, ob multas quas cocinet propofmones, expoficiones, 8c allega3 ET NEGOTIATIONS. Liv. Ht. S6f tiones>falfas, erroneas, fcandalofas, Se, vtfonant, Schifmaticas & îjarreticas : Iuribus tamen ram Régis quàm Ecclefix Gallicane, eiiifque immunicatibus& libertaribus,per nos non ta£Hs. Quocirca omnibus fidelibusChriftianisnobis fubditisj&quorumfalusnoftras partem fack , eius libelli poiîeflione Se le&ione interdicimus , & à Typographis &c Bibliopolis, vendi am typis cudi prohibemus. Qui fecùs fecerint! pœnis 8c cenfuris Ecclefiafticis obnoxios volumus, ac-denunciamus. Prstereàcun&isDiocefum noftrarum Parochis, vt.eis notum faciant, mandamus atque iniungimus. In quorum pr.Tmi {forum fidem-8c teftimonium , has prxfentes licerasmanibus noftrisfubfcripfimus, aeper Mâgiftrum Ioanncm Baudouin, pu- blicum automate Apoftolica curiarque Epifcopalis Parifîenfis No- -rariumiuratum ,per nos in hac parce, pro Secretario aifumptum, neri Se fignariyfigillorùmque noftrorum appéfione munirifeciraus. , Attum Pariliis,in noftra Congregatione Prouinciali, A nno Do- mini millefimo fexcentefimo duodecixno3 die verojdecima ténia m en fis Martii. îàcobvs Cardinalis Perronivs , Jrchkpiftopus- Senonenjts. Henricvs, Ep. Parififnjts. Franciscvs,^. Antifiiodorenfis.. ïo.ANNESj Ep. M eldenfîs. Gabriel, Ep, Aurelianenfs, Ren a t v s, Ep. Trecenfis. ivsTACKivs, Ep. Niuernenfis, . P. HvRavt, Ep, Carmtenjts, A R G V M E N T. Le Pape ordonne à (on Nonce , de rendre grâces de fa part , à nojhe Car- dinal td'auoir condamné le monftrueux hure de la puiffarue Eccle* ■fîafîiqucé* Politique ; & de luj témoigner la conjolaxion & édifica- tion t^ue fa Béatitude en a repentie. §64 LES AMBASSADES AL L' ILLVSTRISSIMO ET REVERENDISSIM® Sign. mio Ofleruandilïimo. Il Sig. Cardinale . del Perrone. IlluftrifT. Et Reuerendilt. Sig. mio OlTeruandiir. 'Operdtionidi V. S. ï]ltiftrifsima3fono femprege- nerofe , pr éclate , contra laperfidia degli Ere- tici : di che pur nuouamente rende M onfignor Nu - tio y amplifsimo teftimonio , rapprefentando con qU(tnto%elo&Vdlore> V.S.îRuftnfsima fi fia mojpt adabbattere ilperniciofo libro de Poteftate Ecclefiajlica & Politica3 e fuo au- tore. HaperoN. S ignore ordinato à ejjo Monfignor Nuntio, che rendu per fua parte: a V. S. ■fllupriJHmaï moite gratte^ le tefiifichilajconfolatione t e fodis fattione , che S.Beatitudine ne fente 3 & la fyeran X^a che tune , chella con la fia dutorità, fruden^a , c domina >fiaper aiutar tuttaula il negotio , in mode che fi accrefcagloria al fuo nome ,con gran feruitio di Dio, e con- tento délia Santita fua , che la benedice con ogni ajjetto , cr taie fyacio ImmilmcnteU mani. Di Romaji iS.M F& prévenir e lobligo m'iojon dimojlrarmi dp~ pre/Jomjgiorcofirmdtwnede'd' amoretiole^d cb3 io ho\mercê delld fuagrdnbontd } conofciuta femprein lei, \>erfà Ai me & cjuejid Cafit 5 le rende moltegratie, & rejlo con âupli- cdtoobligo d V. S. Ilîufirifiima^deU' offitio fedetto, ilqudle mi hd apportato in vero , in fîdto di tdnto mio trdUdglio 3 non poect confoldtioneMt perche ddglieffeniyeïïdcono/ceràftriJ$imd lacio la mdno^on augurarle quanto defiderd, Di Mdntoua , //' i o, di Mar%o> i6ïi, fcIV.S. 1LL.ETREV. ^ffettionatiffimo fcruitorc il Dvca jdi Màktovx ET NEGOTIATIONS. Liv; III. 869 ARGVMENT. fefl ïaddrejfe delà refpi»(e du Roy d'Angleterre , à la lettre de noftre Cardinal ; fnrquoy eft interuenuè cefie dette & fruftueufc Ré- plique. A • MONSEIGNEVR LE CARDINAL DV PERRON. En Court, Onseignevr, - f n fin ie vous enuoy e la réponfc>qu'il a pieu au Roy de la Grand Bretagne , de faire à voftre Epiftre. Le Roy s'eft feruy de moy ,pour Secrétaire, mais lapiecc eft de fa Maiefté. Et ceux qui penfent qu'il emprunte lmduftrie d'autruy , pour traitter les choies de Théologie, ne co- gnoilïentpas3combien fa Maiefté eft verfée es elerits des Théolo- giens. En quoyie puis dire,fans flatterie, que ce Roy eft admirable, jlaexaétemeht médité cefte fienne refponle; & i'ay fait maints voyages en Court,pour cefte caule, ayant eu ceft honneur d'y al- ler toufiours en la compagnie de Monlieur l'Euefque d'Ely , per- fonnage tres-doctejtres-rooderéj&d 'vne finguiiere humanité, ic penfc qu'en efcriuant/a Maiefté a gardé toute douceur; au moin* c'a efté l'on defir. 1 e prie Dieu , Monszignevr, qu'il vous conferue longuement. De L ondres , y c/lre bten-humhle & obeyjfant ftruiteur* % Casavbon. ARGVMEN T. V acquisition de fes bonnes grâces jfttmée, & [es ouurages admirez. ; il eftconuiéde fecourir,par quelque menumen t de fin érudition-, vnef9- Utudt vexée & tffigee de labar^aric* Rrrrr iij LES AMBASSADES A M ON SEI GNEVR LE CARDINAL DV Perron. En Cour. On s eignevs, Vous vous pouncz imagine r} quelle douce confok- don m'aapporté,cellequele Sieur de Peirefe m'a reit- duë'de voftrepart» fivousvousfouuene?, combien i'ay toujours admiré vos rares vertus , foigneufemenc recherché l'honneur de voftre amitié, & eftimé par deflus tonte autieAcquitition,la part qu'il vousapleu medonner, en vos bon- nes grâces. Il m'a dit auoir appris deveus , que i'en deuois auoir rc- ccu vne autre auparauant.Ie ne fçay quel peut eftre le malheur, qui m'a fouftrait ce bien • là. le neufle pas manqué de vous tefmoigrver aufli-toft,combien i'auois chère vne telle faueur. Ypy receu de di- uersendroits,de&piecesfotties de vos mains : Mes amis font foi- gneuxdaflbuuirenceIa,macuriofité. Maisapres auoir veu vcks excellens ouurages,ien'ay gardede vous en dire mon auisi& vou- droisqueperfonnenon-plus,ne vousendiftlefien tant i'ay crain- te que (aoulé de l'excez de voftre gloire,vous ne veniez à mefpii- £erlelabeur,qui ne vous en peut plus apporter dauantage $ &r pri- mez quant & quant, ceux qui vous honorent & reuerent, comme ie fay, certes religieufement, de ces fauoureux fruits > qui naiiïent de voftre ferieuxloifir. Ceux qui iouiflent de l'heur de voftre do- &e conuerfation ne doiuent rien exiger de vous , dauantage : mais nous,qui en fommes priuez9& moy particulièrement, qui fuis relé- gué hors rorizondeslettres,n'ay-icpasdroicT: de vous interpeller de feeourir,par quelque monument de voftre admirable eruditiô, nollrefolitude, vexée &raffligée,par la barbarie ? Ievous encofc- iuredonc,8c.vousfupphe quant &c quant, autant afiè&ueufemcnî; IqueiepuiSj demeconferuer , par voftre debonnaireté, la part que i'ayacquife en voftre chère amitié,fans aucun mien mérite. Ceft celle qui ma fait viure3& me fera mourir , MonseignevRs D'Aix,ceij. sJDecemb. i6u. Koftre tres-humbUi & obeyjfint fermteur. C. DV Vàir." ET NE G OTI AT IONS. Liy. III. 87Î A RG VMENT. Mmjïeurle Cardinal de Gonzague , luy notifie le deces de Honfieur le Duc de M*ntou'éfonfrere,& s'en complaint aueclujf. AL L' ILLVSTÏUSSIMO ET REVERENDISSIM© Sign. mio Ofleruandi/îîmo II Sig. Cardinale del Perrone. Ilîuftriff! Et ReuerendilT. Sig. miô Ofleruandiff. LU improuifo auifo \enutomi délia morte del Signor Duca}miofrdtello>chefî4in glorti }mi (ono tran tferto da Roma qui, di dotie mi è par fi lebitomio didar àV.S.lRHjlrifîïma > conto di ■juejlo acerbo, & dolorofo accidente , ficuro che con la foltta fua amer e noie ^T^a, fia per combattre aïïagraue pe.r~ ditachemecobà fattaqueflacafa. Accent dunque V\ S. Wu* flrifiimdja ùregorfueftô efficiofcrdimojlratione dell' offèrttan- Zamiavcr/b leia^laquale ïrtogniftatocbc mi trouaro >Jèruirà ftmpre: bacidndole ajfcttuofamente le mani , dal Signore }le, auguroogni m aggior félicita. Di M^ntaua^li 11. diGenA-% ro, 1615. DiV. S, I L tu ET RE V. Hiifnilifllmo fcruitore. 1. Gard. Gomzac , ARCVMEN T. Monfieurdt Laual îtiy euuojefin hifloire de Ewfon. qu'il a prié Pvk fej iimps dt kj offrir. , 8;* LES AMBASSADES A MONSEIGNEVR LE CARDINAL DV PERRON. Archeuefque de Sens>&: grand Aumofnier de France, A Paris. On seignevr, I'aubistoufiourscreiiquelefeli Sieur L ange- lier>Libraire,vouséiutfaitprefent, en m5 norn» d'vn exemplaire de la première édition, de l'Hi- ftoirede Bourbon , mefléeauec mes deflfeins: Mais ayantfçeu par vous- mefme, Môfeigncur, lorsque vous vîntes aux bains;que vous n'en a- uiez point eu,i'ay creu deuoir reparer cefte faute>en la féconde edi- tion.quis'eneft faite depuis peu. C'en: pourquoy,i'ay prié Mon- sieur Gaumin,Lieutenant General .Criminel, en cefte Prouince, de vous offrir ceit exemplaire,^ laprefente, auec mon très - hum- ble feruice. Si le mérite de l'offrant, doitadioufter quelque grâce à l'orfrande^'ofe croire que la rare do£lrine,&: les belles parties dudit SieurGaumin,tres-deiireux d'eftre cogneu de vous,Monfeigneur, vous rendront mon petit prefent plus aggreable.l'ay grand regret, qu'il ne foit pluftoft venu en vos mains, puis quevoftrenom tres- iîïuftre,qu'il porte en vne de fes meilleures pièces, luy a feruy , non feulement de protecteur, mais encore de bon Génie, pour le faire reuiure.DemefmeafaitàmaParaphrafc des Pfeaumes, que l'on r'imprime^'Iionneur qu'il vous pleuft luy faire, delà prefenter au feu Roy , que Dieu abfolue , lors que vous daignaftes l'eftimer di- gne de voftreadueudeuant fa Maiefté , pour la plus grande gloire de l'ouurage. Honneur que ie ne puis meriter,finon par les prières ordinaires , qui fe font en ma nombreufe famille, pour voftreheu- reufe fanté &: conferuatiomàquoy ie me reffensaufli obligé, corn- meievôusfupplieàiointesmains, me permettre de me dire tou- jours, M ON SE IGN EVRi De Moulins , ce 15. * Vofire tres-humble & obejjfant Mars. 1 61 y feruiteur. De Laval. ARGV- ET N EGOTl ATIONS. Liv. HE Zjy ARGVMENT. &Alep de Syrie,iU(? remercié d'vneftgnaléefaueHr^ prie a* vne autre, par /' Arche ne [que des Maronites, quilesluy deferit ejfre défendus dvn exerefte du Roy frinct Lonys, ALL' ILLVSTRISSIMO ET REVERENDISSIMO Sign.Pauone Colendiflîmo il Signor Cardi- nale del Perronc. *Illuftrifl"mio &:ReuerendifT. Sign. Patrone Colendilîimo, Sain- te in quelio che vera nofhafalute. Criuo e}uefta,per rweren\afaVS Muflrifiima , corne ahenefatiore ry confolatore deRamianatione Afaro- niratfoiebe confommdallegre%Z^t & contento , hab- biamo riceuuto il noflro Miffale ygià vifto, & in ejju approbato il nome délia natione noftra defcenderedalB. Marone Abba- teiper il che pregamofuadiuina Maefla ,fidegnidare , à VS. Illuftrifiimaogni forte diconfolationequiper gratta, & neJt al- traVitatfergloriafer tanta con folatione, quant eUa s'ècvmpia- ciuta darciJRuflrifîimo Signore^ui abbiamo trouata memoria, che il noflro popolo de MaronitiiVieneper origine sdalTe [fer cito di gloriofjlimo ÈJ voflro S. Ludouico , quandoVenneàliberareU terra SanclaiSiche laborafti pro gente tua. Rjfta hora che V. S. lliuflriflima fi degni , per le facre piaghe del noflro Signo- re , donare qualche miïliaraÀi feudi , fer flampare il Breuiario noflro facendoconto di ridonarlo a Qhriflo noflro S 'ignore ,poi che Vi hàdata commoduà d'vna taï opéra, degna dello [lato & V/Vf « divoflra Perfona lUnftrifiimay nelcbe & péril che , accompa- gnât'a S. Martino alla vitaojlri , qudlifi trouano dd noiin quefli pdefi. Con chefacendojîneyhumilip'tmdmented V. S. I\luftrifîim& hdcïole mdni&ledugurodccrefcimemodi felicitd.Di <4lep, dÏÏi 6, di Mdggio.i6 13. Di V. S. ILL. ET REV. Humiliflîmo &deuotiiîîmo feruiforc. Gio. Batt, dall'oid. di S. Doot^ Archiuefcouo de' Maroniti. A R G V M E N T. AuecYtjJentirnent de douleur, & choix propre de conceptions }il confolect SeigneurforUmort de Madame défny/teux, A M ON S LE V R DE VIL LE ROY , CONSEILLER & Secrétaire d'Eftat,: A Villeroy.. O n s 1 e vr > La part que le feruice.que ie vous ày voué,medonne,à vosçontenremens, & à vos defpIàifirs,m'obliged£ VDUsenuoyer ce porteur -mon Secrctaire,pour meçoridouioir auec vous, 4e la perte de feu Madame de Puyfieux .1 e dirofs. Et pour me mettre en .deuoir de vous confoler. Si la prudence constance de yoftre efprit, qui fçait conformer toutes fes; vo1ontez,à c elles de Dieu,vous permet- toit d'auoirbefoin de. confolauon. Il y a plufieurs remèdes en la Phtlofophie humaine , pour addoucir la douleur de telles1 bleiTeu-. re$:maisleplusfeur&fouuerain>eitde fe refigner entre les mains de Dieu ; 5c penfer qu'il ne fait rien, que pour noftre mieux : & que ET NE G OTI AT IONS. Liv? lit 875 les biens qu'il nous defpart en cette vie,nefoncqueprefts ? lefquels il peut retirer lors qu'il luy plaift. Quand vous ietterez les yeux fur les autres profperitez^ont il vous a fauorisc, vous &c les voftres; vous trouuerez que vous auez plus de fuiet de luy rendre grâces de celles-là,que de vous plaindre de la perte de celle-cy ; Et la patien- ce auec laquelle vousla fupporterez,conuieca fa bonté, à vouslaif- feriouyrplus longuement,& plus heureufement,des autres. Ied'cn prie de tout mon cœur,& vous, de me tenir, M o n s i £ y r , pour De Pari s,ce i 9 . Voflre très- affectionné Nouemb. 1613. feruiteur, I. Cardinal' Pu nbt, A R G V M E N T. Pour me [me occa/ton^cr en mefme temps jUonuie çe Seigneur k (e an~ filer. - - A MONSIEVR D'ALINCOVRT , CHEVALIER des ordres du Roy,&: Gouuerneur pour fa Maiefté, en fès pays de Lyonnois,Forelts,& Beauieulois. JfffîM Ô n s 1 e VR, Encore que les douleurs del efprit foient corn- uSjjjf melesplayesdu corps , lefquelles il faut tailler faigner quel- que tcmps,deuant que d'y appliquer l'appareil-.neantmoins la con- fiance que i'ay, que vous fçaurez prendre de la raifon , les remèdes que les autres prennent du jemps,m'afait aduancer de vous rendre ceft office.Ie ne vous remettray point deuantles yeux , finir àbilité des c-hofeshumaines,qui nous défend de nous affeurer de la durée d'aucun contentement. le vous conuiefay feulement, de recou- rir à Dieu,qui eft le pere de toute confolation,pour trouuer en luy, celle qui vous eft necefTaire. Il vous la donnera fi vous vous addreffez à luy , comme ie ne douce point que vous ne faciç^ Sssss ij ■ î?6 LES AMBASSADES SC continuera plus volontiers^ vous laifler ioiiir des autres grâces & profperitez , qu'il vous a départies , fi vous portez modérément, lefpreuuequ'il a voulu faire,de voftre patienceen la perte de celle- cy. le l'en prie de tout mon coeur, &fnis , M ON S IEV.R, De Paris, ce 19. Voftre nec immemorcm promiiïi5iftas obfides prxniit- tendasputaui, qua? flmul illuftriflimxveftra: Reucrentia?.i1gnifi- cent>me Decembris 12. tra'nfmiiiiîè Apologiam meam ad nia* nus Regias , mea propria manu feriptam , n~c ylli xnorralium perme, nifnpfi (licet UluftriflimusNuntius idaegerrime tulerit) vifam. Ian. 13. ex Anglia feriptum ad me eft , SeremYfimum* Regem eam Àpologiam,cum ajiis quibufdam feriptis meis,iterum atquciterumlegiiTej&valdèafFeclumjnihil tamen mali adhuc de jncdixiffe,quin potius ofEcium & conatum meû comeridafTe: om- nés illic euentum reiauidèexpedhre.Aliisinfuper literis dat. Ian. 14. mihi fignificatum efl, SerenûT. Regem inmenfafua palàrrt ET NEGOTI ATIONS. Liv. ni. s77 probaffe Confeflionemauricularem: Vfum Imaginum etiam re- ligiofum : Inuocationem San&orum : 8c Adorationcm San&iflîmi Sacramenti. Petij ab Iiluitriflîmo Nuntio , vt ift a Romam fcri- beret , 8c fimul quafdam literas meas , fuae Sanc~titatipra:fentari cu- raret : Inquibus poft defcriptum rerum Angliearum ûatum, has petitionespropono. Primo, vt Serenifîîmus Rex de fui Regni,per- fona:, Scfamilix incolumkate, & honore, contra falfum Catho- lïcx R eligionis - practextum , fiât fecurus. Secundo, vt innotefeae^ populo Ançlicano, quodfî fua Maieftas voluerit admittere vfum Liturgia: K-omanx, fua San&itas etiam pcrmifïura fit preces,le- 6tionéfque Anglicanas, fiquidcm nihil in eis inuentuin fuerit Ca- tho!ica?fideicontrarium. Tertio, vtfides etiam detur ,quod Clc- rus Anglicanus ,qui iam poffeffiones Ecclefîafticas bona flde fecun- dùmleges Regniobtinet,nullum exadmiflione religionis Catho- lica: damnum aut prariudicium paflurus fit , quominùs illas juran- te vira , vel alias pro rermino conceiTo , quictè retinere pofTint. Sed cûm Illuftriflîmum ,pra?iudicio cuiufdam Theologi Angli decep- tum, parùm admodum de rébus Anglia?, vel fperare, vel intelligere> veldenique curare animaduerterem : neque quicquam ferè aliud loqui , nifi vt patria defperata, mihiprofpicerem, Se publicata Apo- îogia,penfionemàPapaobtinerem : rogaui illum vtomnismen- tio penfionis difierretur , neq ; enim relicturum me Clementifîl- mum meum Dominum , nifiillc me priùs reiecerit , neque ante- quam ille de me in Anglia ftatuerit , à quoquam mortalium penfio- nem necepturum Jta coa&usfumad Iefuitas, apud quosprius in- notueram j quofquefempei inueni, ad omneofficium Reginoiîro deferendum propenfiffimos , me comiertere. Itaqueillorum opérai vfus , famam iftam, fimul cum literis meis, 8c petitionib'us, ad fuaro • San&itatem tranfmifi , 8c mentem meam c^mJlluftrifiîmo Cardi- nale Bellarminoj&adraodum Reuerendo Pâtre Cl. Aquauiua,per literas communicaui : à.quibusjquamuis nullasadhuc literas acci» perepotuerim,tameniamdudum inteliigopiobariconfiliumeum & nihil abillis prarteritum iri, quo Regia: Maieftati, fi pacem Eccle- fiae ferio cogitare voluerit, fatisfieri poiïît. Scripfi etiam nuperad Serenifiim û Principcm huius patria:, Ferdinandum Eleftorem Co- lonienfem,cuiusin ditione iam à decem menfibus maneo, &illi cumomxio & obfequio meo ,nuncium quodaccepi de Regefigni- ficaui , 8>c fpero me efre&urum vt ad illum feribat. Intérim ëC meum iili omeium. bene acceptum efife , 8c fpem bonam cum S ssss % •SyS LES AMBASSADES fpirituali gaudio, ac defiderio conceptam , per literas eius intElligo. Scripil infuper diuerfas bene longas literas in Angliam, tàm ad eos qui ad Catholicamreligionem afpirant,quàm ad_illos,quià Cakn- niftis Predicatoribusfeducentirir, tàm officiosè , vt illarum exem- pîaraliquod,ad Kegium confpe&um venireoptem. lamquodad itermeumPanfiosattinet,riliberum mihifuifTet cùm transfreta- rer, optionemeafrui, ad Illuftrifîimâ Reuerentiam veftram qiràm celerrimè confugiiTem,8dn illius me clientela cupide depofuirTem. • Sed licétiam impetrare debui ad aquas Spadanas, èc opportuni rate itineris Palatini vfus necèfTario irrhafee partes ferebar, vbi hue vfquedetentusfurn. Atque , Ti poftquam omnia tentauero, nulha fpesdeRegisconuerfioneruperfuerit,cupiomeinpatria quieta 8c >neutrali, alicubi abfcondere, vbi Deo&: mihi vacare potero-. 8c fubinde literis ad amicorum confolationem feriptis, in Angliam excurrere. Sedfi hsc fama de Seremflimi Régis inciinationein- conftans fuerit , cupidiffimè ad vos aduolabo , tùm yt veftro erga Uius Maieftatemftudio inferuiam , tùm vt meo defiderio fatis- faciam. Quarauis enim magnus mihi per literas quorundam à Cal« uiniftis metus nuper inie&us fit , & locus ille non fit mihi eo nomi- ne valde tutus: tamenDei, Angelicuftodisprxiidiofretus, àDa:- inonio meridiano non timebo. Humiliterad Illuftriiîîmam Reue- rentiam veftrampeto , vt fignificari mihi curet quid potiiTimùm faciendum exiftimet: in eo acquiefeam, precaborque Deum Opti- mum Maximum , vt ad Régis noftri, ac patrix conuerfîonem, Mu* ftrifllmam veftram Reuerentiam , quàm diutiffimè feruet ineolu- mem. Leodij, è Collegio Icfuitarum , Febr. .25. 16)4, • -:«'<> v.^i'uti;, .t. .4; , **, * Vj,'t.?^aBj iLLVSTRSSIMiE VESTRjE RevBRENTIA rjintonius3nomen patris & Sanéli Patronimds in confirmatione mea additum fuit mihi ah lïïuflrif- fimof^mtio, dntenio AlUrgmo >Ian 6.161 6. ' Filiusacfcruus^ Benianïmvs Antohivs ÇàriéRivsT ET NEGOTIAT.IONS.. Liv- III. s79 A R"G V M E N T. Monfeignem le Vrinctl ayant honoré d'vne de fes lettres, illuy fait ttfle éloquente réponje. A MQNSIEVR LE PRINCE DE CONDE' Onsievr, L'affection que iay à voftre feruice, & l'honneur qu'il vous a pieu me faire,de m'aduertir de vos louables defleins ,pour le bien du. Roy & du Royaume , m'o- bligent de prier Dieu, que l'yffuc en foie autant heureufe, que la propofition en eft plaufible. H eft vray que c'eft chofe , que i'ofe moins efperer, que délirer, fi vous demeurez,ce pendant, efloigné de leurs Maieftez,8oie les afllftez auflîbien de voftre prefence,que devosconfeils. H n'y a fi parfait gouuernement d'Eftat, principa- lement fous la minorité des Roys, qui puifTe plaire à tous, 8c où il nefetrouue quelque choie à redire. Mais comme vn Ancien a pru- demment écrit, qu'il n'y a point defîraauuais Prince , qui ne vail-1 le mieux qu'vne guerre ciuile : ainfi peut-on dire du régime des Eftats, qu'il n'y a point d'adminutration;, quelle qu'elle foit , qui ne vaille mieux qu'vnedifcorde ciiùle. le fçay que vos intentions en font fout éloignées-: mais iefçay auflî, que les luccés font fouuent fort ciloignez des intentions. U f e fera plufieurs rapports de vous, à la Reyne>&dela Reyne,â vous „qui eftant prefent,feront-nuls,: eftant abfent , s'aigriront par les chemins , &: vous rempliront les efpritsyde foupçons:Et vous mefme ne fçauriez empefeher que plu- fieurs vous voyant feparé de la Cour, & croyants que voftre fepa* ration procède de mécontentement , ne fe feruent de.L'ombre iamais ^aucun. d'eux n'y a eu plus de part, ny en authorité , ny en grâce &c faueurs de leurs Ma- ieftez , que vousauez eu iufques icy , s'eftant la bonté de là Reyne,qui a toujours efTayé de donner contentement à chacun . 88o LES AMBASSADES particulièrement pleuë Se eftudiée à rechercher tous moyens de vous obliger. Vos vtilesaduis de reformation , s'exécuteront ttop mieux, quand vous ferez auprès d'elle, pour luy aider à y tenir la main,que quand vous ferez en lieu,où voftre abfence interprétée à mefcontentement,fera prendre à plusieurs, vos bonnes intentions, pour prétextes. La France a la mémoire Ci récente , &eft encore fi îafle delamiferedes troubles pa{Tez,que le premier article de tou- te reformation,doiteftre l'entretien de la paix;de la rupture de la- quelle,ficeux,àroccaûondequi elle a efté rompue les autres fois., enflent peu voir les fuittespeintes en vn tabieau,Sc s'imaginer à cô- bien de malheurs d,Eftat,&: de Religion, ils ont ouuert les portes;& quelles malédictions de Dieu & des hommes,iIs ont encourues; ils eufTent mieux ayméTeiettcreux-mefmes, dedans le feu, que de- ftre caufes de l'embrafement de leur patrie. le ne vous prefente point ces chofes , comme doutant que vous ne les ayez en a fiez grande horreur; Voftre bon naturel,&r voftre zele au bien de laRe- iigio &du Royaumc,endonnéttropd'afTeurâce:Maisarlnde vous fupplier de prendre garde, que plufieurs efprits turbulens & defi- reux de nouueauté,n'abufent de l'occafion de voftre efloignemenr, pour allumer vn feu,quil fera plus tacile de preuenir, quexl'eftein- dre,mais qui en fin cuira plus à ceux qui l'allumeront , qu'à aucuns autres. Car Dieu,qui protège feparément les caufes des Roys, des Vefues,& des Orphelins,, les.protegera encore plus puifiamment, quand elles feront coniointes toutes trois enfemble : & vous-mef- me ferez le premier à expofer voftre vie , pour leur defenfe. I c Je prie qu'il n'en foit point befoin,& vous^clçmc tenir , Monsievr, pour De Paris, ce z. Vojlrctns-humhle&tYet-obeyjJkm Mars, 1614. (eruiteur. I. Cardinal »y Pirh©^. ARGVMENT. "Pdf le Reuerendifime Pere General des Icfaitesjltflfuftliè de voulût prtteger toute cefefaMe Compagnie. AIL ET NEGOTl ATIONS. Uyi III. 88 1 all; illvstrissimo et reverendissimo Sig. Mioj il Sign. Cardinal del Perronc, Arciudcouo di Sens, in Chrifto Colcndilllmo. Illuftnflimo 8c Reucrcndifiimo S ignore ^^W^l ^ fdpwZ£&1 Dio,che permette tal'bora le borajebe g & tempefe.sà infe meprouedere di noeckieri, &* B^j§5jB l'- frwo à ivennrfercbe non foffno } quanto potrebbo- bjfio i^icorMjiJa fupplico,cbe con la caufa délia Compagnia^a congionta U eau fa di Dio^0* dtlla f ia Chiefa. Et cbi sa > oître l'altre opère herokbetferlequalïS. D. Mae fa ha pigliato V. S. lllu'frifim*perinftromento}cbenon l'babbiainfeme prepa- ratakquella dignitày&atmritdferyueftitcmpicalamitopizr corne dicea h\ardocbeo ad Hejler,per liberareM popolo cbe \eni~ ua innocentemtnte oppreffo? N on f dubitache per m.icbinatione di alcuniyrie primi Çomitij,ë Stati , non fa per e/Jèregran parte , de i trattatijl'efcrminare, o almeno rendere difutilela Compa- gnia nofira. Ella è prudenùflimA , & intelligentifima dello fiato délie cafe.lddio l'ba dotata di %elo}& autorita , per ilgra- do>& per la domina tantoillufre.^be in lei rifflende.Ldfippli- tio tibifignificâda.Mjltiplicet Dominusin animotuodonafua sâtLe gratia:,vtmeliusfemper eius bonitatiinferuirepofTis, Se nos exin- CÏmis noftri cordis vifceribus,tibi noftram Apoftolicam benedlclio - nem impartimur.Datum Roma: apud fan&am Mariam Maioiem, fub AnnuioPifcatoris.PrrdieCal. Februarijj m. dc. xv. Perntiftca- tus Noflri Anno Decirao P E T R V S STROZA. ARGYMENt // refçondtres-eloqucmrnentjvne lettre de ce Treùt , fur teccdfiendt Ja h Mangue dont illi+y enuoye vn exemplaire . A MONSIEVR L'ARCHEVESQVE DE VIENNE, Confeiller dti Roy,enfon Confeil d'Eftat, A Vienne. gtàgjl Onsievsl , La plus grande confolation,quci'aye receue, fj^gfj pendant la perfecutionqui ma eftéfaitte,pour auoir ellayé d empercherlefchirmcqu'onvouloitintroduireenrEglire, a efté la le&ure de voftre belle & éloquente lettre.I'en fu tellement rauy, Se pour la dignité des conceptions & des paroles , Se pour le zele dont elle eftoit pleine, & pour le tefmoignage que vous y rendie2, de compatir en cette perfecutionauec moy , & pour l'édification qu'elle apportoit aux Le&eurs;que flic n'euffe craint de vous def- plaire,ie l'euiTc fait imprimer,afin d'authorifer mon action , par vn tel iugement.il efi: vray que ces excellentes conditions,qui me dc- uoient obliger à vous en remercier prontement , firent vn efTecT: tout contraire. Car ne pouuant trouuer d'adions de grâces fuffisa- tes pour m'acquitter dignement de ce deuoir; ie penfay qu'il falloit 884 LES AMBASSADES accompagner ma refponfe,de quelque prefentplus grand , qu'vne ' {iinplelettre.Celafutcaufequeiemerefolude différer à vous re- mercier,iufquesàce que la harangue que ie vous enuoye, laquelle ie commençois lors à retirer de ma memcire,pour la mettre fur le papier,fuftacheuéed'imprimer.Ie vousTennoyedoncmaintenar, afinquevousiugiez pareffecT:, decequefur le feul rapport vous auezeuaggreabledefauorifer;& votispriede n'imputer point ce delay,à faute de relTentiment, mais au contraire, àvn trop grand relfentiment de l'honneur que vous m'auez fait , lequel i ay penfc nepouuoirreccgnoiftre par vne fimplelettre.il y a dès délais , qui viennent de negligence-.Il y adesdebis, qui viennent d'eftime.&c d'admiration, &>: lient la langue, non d'oubly, mais d'eftonnemcnt Le iTwéelt de ce dernier gère. Carie ne puis aflez eftimer Se admi- rer l'obligation que vous auez acquife fur moy,ny le zele, les paro- les,Sdes oirres,aueclefquelles vous l'auez acquife, qui font telles, queieferay condamné d'vne ingratitude inuolontaire , ayant tant différé à vous en remercier,s'il ne vous plaift prendre le petit tri— but,dont i'accompagne cefte lettre , pour vfure de mon retarde- ment, l'ay priéneanrmoinspluiieurs fois, M. de Grenoble, de pre- ucnir& anticiper ma refponfe, par fes lettres, Se vous tefmoigner que ie me fentois tellement opprimé de cefté obligation, que ie dé- fi rois anoirl'efprit libre &defoccupé de la publication' de ma ha- rangue,pour y fatisfaire dignement. Maintenant i'eiîaye de m'en acquitter,maisauec l'efchange des armes de Glaume Se Diomede,. c'eit à dire,des paroles de cuiure,pour des paroles d'or. Vous les re": ceureztoutesfoiSiS'il vous plaift,auec celte charité, qui non feule- ment en rApocalypfe>eftappellée,or; mais mefme conuertit tou- tes chofes en or.Et vous perfuaderez,qu'en tefmoignant voftre zè- le enuers Dieu &fonEglife,&:voftrearTecl:ion entiers moy , vous m auez tellement releué le courage,que fi la publication de l'œuure que ie vous enuoye apporte quelque frui£t,vousy aurez vne gra- de Se no table part. le prie Dieu,qu il vous en donne pleine Se en- tière recompenfe,5cvous, M o n s i e v r , de me tenir pour De Paris, ce 30. V ojlre flus-affettionné confirai a vous •M ars, 1 5. faire feruice. ï.'.Cardjnal dv Perron. ET NEGOTIATIONS. Liv. III. 885 ARGVMENT. Cemot.'jfuisaddreffe à vn pet 'fonnage 'bien -voulu de nofire C4rdin.il, eft inféré en ce heu, pour manife(?er le fentïmcnt que ce Seigneur au oit 3 delà Harangue fat (te aë-tiers Eftat. A MONSIEVR BOSQVET SECRETAIRE DE LA Chambre du Roy . A Paris. Onsievr, Vous m'auez fait vn fingùliei plaifir, de m'enuoyer la harangue de Monfieur le Cardinal du Perron ; pièce digne de luy,où l'érudition , l'élo- quence, 8c la prudence , concurrent également. le vous prie,autant que vous pourrez reccSuurer de Tes pièces m'en faire part:Car c'ell: l'homme de ce flecle, que i'admire par defTus tous les autres' ayant cette perfection , que iene voy en nul autre, d'exceller en tout ce qu'il fait. Ses vers n'ont rien d'ef- gahSa poëfîe eft exquife:S'il fait le Phiîofophe,il ne fe void rien de plus fubtihSile Théologien, rien de plusprofcnd,& plus folide : Si rOrateurjriendeplus élégant. I ayjegrét,quand i'entensdire que fa fanté ne féconde pas l'effort de fbnefprit , 8c crains que le mal- heur du fiecle,ne nous le rauirîe trop toit: comme il arriue ordinai- rement aux grads Génies. ; e vous prie le trouuant à proposée luy tefmoigner que ie l'honore 8ueiKjre extrêmement , auffi luy fou- haittay- ic toutes fortes de contentement, & à vous, Mon sievr, très - longue 8c heureufe vie. D aiXj ce 22. Fojfre très- affectionne pour vous m Auril, 1615. faire feruice, G. dv Vair, A R G V M E N T. Ce Prélat luy ayant te fmoigné beaucoup d'afrfïion^ufùt de fa Haran- gue^ ïen remercie cordialement dit qùéfîant ap/lê d'vn tel Acba- te3il fera beaucoup plus difficile à efpowsenur, Ttttt nj LES AMBASSADES A MONSIEVR L'EVESQVE D'ORLEANS , CON- feiller du Roy,en Loti Confeil d'Eftat. Onsievr, Vne des plus grandes confolations, que i'ayereceuè' depuis la pcrfecution que l'on méfait, pom; auoir voulu empefcher le fchifme,8cdiuenir le ioug que .l'on vouloit mettre fur la telle des Catholiques, a eitc la le&ure de voftre lettre.de laquelle ie yous rends mille a&ions de grâces. Elle m'a grandement fortifié &releué le coutage; ôc eftanc aftifté d'vn tel Achate, ie feray beaucoup plus difficile a e pouuen- ter.I'ay toufiours aimé &eftimé voftre efprit & voftre fçauoir ,6c cher y l'amitié que vous me faifiez 1 honneur.de me -porter : Mais ce dernier comble d'obligation y a adioufté vne telle couronne, que ie n'a.uray iamais atteint le but de mes defirs,que ic ne vous aye tefaioigné,par quelque feruiçe,combien ie me fens de nouueau. MONSIEVR, De Paris,ce 15. Vojlre plui-ajfetfionné & obligé ctnfrtrt i A uni s, / 6 1 5. vous faire bien-humble feruice. I. Cardinal ©v Perron. ARGVMENT. Monfieurde Capiubonï entretient iïvn certaine ferit , quon auoit creté efirc de lupé" 'de lagrande ingénuité & bénignité du Roy d'Angle- terre. A MONSIEVR LE CARDINAL DV PERRON, Archeuefque de Sens, & Grand Aumofnier de France, En Court. Onsei g&e vr, Eftantarriué en celle ville, i'ay vifité Monfieur l'Am- bâflàdeur,&luy aypresété vosrecommandatiôs,defquelles ilaefté fort aile; &: s'enquerat foigneufement de voftre fanté,m'a bien fair, ET NEGOTIATIONS. Liv. III. n7 cognoiftre , combien il vous honoroit. le le trouuay lors fort faf- ché ,pour vn fait qui conccrnoit aucunement voftre réputation. Car ayant eftéenuoyé au SerenifiîmeRoy deiaGrande Brctaigne, vn liure fait contre fa Maiefté, plein [d'atroce , conuices , Se calom- nies tres-impudentes, ou pour mieux dire3 d'vne defefperée & dia- bolique rage : pour ce que faditte Maiefté trouuoit dans ce libelle, quelques particularitez, qui fembloient ne pouuoir conucnir à au- cun autre qu'à vous , à caufe de la iournée de Fontainebleau; Se que Monfieut rAmbaffadeur nepouuoitluy refpondre fui' cela Sa Ma- iefté ,quoy que fçachant très- bien, voftre ftyle eftre autre, & toto génère difcreptre : toutesfois , elle ne pouuoit eftre deliurée de foup- çon , que n'en fufliez l'authcur. Et combien qu'elle mefprife toutes telles iniures , n'en ayant autre refTenriment, que pour enrire,&: faire voir à tous, l'impie fureur de tels efcriuains:neantmoins, ayant ii grande occalîon de ietter les yeux fur vous, elle s'eftoit refoluë d'enauoirfaraifcn, par toutes voyes conuenables à vn Grand Se Magnanime R ov. Car veu voftre qualité , iliugeoit , Nonabhomi- nt piitwteprc' ~ct. mffft iniusiam fedquafi fubltco nomine i//atam:Ex. s'cftor.noit fort . qu'ayant toufiours efté fi conioin&à nos Rois ,Se defirant f eftre à l'auenir , plus que iamais , il fe trouuaft vn homme en France , de quelque qualité , qui loutrageaft fi eftrangement. Que fi vous daignez, MOnfèrgnenr, lire ceft infâme écrit, vous- trouuerczfur la fin du premier Lraktc. fiiem'enfouuiens bien , vn paflàgc,cul pouuoit perfuadw que c'eftoit vous qui parliez là. Dieu a voulu que ie fuis an iué en cefte Court , tout à point , pour ofter à (2 Maiefté » tout te! foiipçon: car ayant cognoiffanec de Reboul, qui eftà Rome, & ay; tii veo lorsque Teftois en Languedoc, les ef- crks qu'il a faits c >htreîes M-'nittres Se Confiftoire dcNifmes, le Saimonée Se femblables drôleries, i'ay afleuré fa Maiefté, que l'au- thcur de ce libelle , ei. oit Reboul; comme auftîie lauois ainfi ap- pris , eftant à F'aris. Et pour vous, Monfeigneur /ie luy ay tefmoi- gné&c confirmé, quedeteftiez de tout voftre cœur, telles furies: QL;e ayant touftou'-s vrfeu auprès des ?>.oy s, vous fçauicz le refpctt qui leur eft deu , mefmes des plus Grands. le luy ay aufli fait récit, comme ie vous auoisouy plufieurs fois parler de fi Maiefté, non feulement en grand honneur, mais auffi auec demonftration de finguliere aftettion entiers icelle: Qucie vous auoisouy haut louer famodeftieen fes eferits , te fouhakrer pareil tempérament, en ceux qui n'eftants Roy s, comme il eft Grand Roy, Se n'ayants 88 8 LES AMBASSADES çjjfcé irritez , comme il a eilé , ne fe comportent en leurs écrits, auec pareille modération. Mais certes , c'eit chofe digne d'admiration, de voir lenitàîem & bcnignitattm tanti Principis,pari animi Ma*m- tuduii lunfiam , qui tôt miurijs Uccfîutts , ab hominiens public* pacis hïflihus ■ ,mkilquicquim commouctur, ncque iilas putat ad fe fertinerc. s~t:tdium autcni vêtus (uum ■> concordiatn in Ecole fia pro virili procu-* randi iconflantifiimc (eriut. Itaque nihtl potqit illi gratins accidcret quhn qued a me éudiuit de tuajimili in erndem rempropcnfionc. Déni- que (cito>acque adco erede ^Prxful Illuftripme , cum effe Screnifîimi, & veré yctXUaom to u Régis anintum* vt omnia *b eo flnt fperanda pia é" iufra , qud concordiam inter dtfîdentes de religion potcrint adiu- uare. le vous ay voulu efcrire cecy , Monfeigneur vafin que pofîî- i>leeft., cela vous donne occafion de penfer ferieufeinent au bien public. le fçay bien que durant U vie du feu Roy , le temps eftoic .plus propre à vn tel dcffein. Mais quoy qu'il plaife à Dieu ordon- ner de TiiTuè' , ce fera toujours cîiofe tres-vtile & loiiable , de illettré tels propos en auant. Que s'il vous plaift m'en efcrire voilre iugement , ie le feray entendre à fa Maieflé. Attendant quoy, prieray Dieu, pour voftre fanté & félicité , demeurant» xamais, MONSEIGNEVR, De Londres ce 13 . Voflre très-humble féraiteur>pôur Nouemb. 1610. voutobeyr. Is. Casavbon, A RGVM EN T. Le Pape lay exprime vn^rand contentement , de Urefolusion du Cler- gé pour Cobferuation du Concile de Trenu. DIL ECTO ET NEGOTIATIONS. Liv.in: DILECTO FILIO NOSTRO IACOBO , TIT. Sanctx Agnetis in Agone, Prcsbycero, Cardinali Perrone , nuncupato. PAVLVS PAPA V. lle&e fîli nofter, Salutem, & Apoftolicam benedi&io- nem. ImmortalesDeogratiasagimus,quôdpro iœ- menfa bonitate Tua, nos confolaiï dignatus eft de co quod vt vehementiùs deiîderabamus, eo magisde ipfo obcinendodubij eramus.Significauitnobis, venerabilisfrater Ro- bertusEpifcopus Montifpolitiani,nofter ApoftolicusNuncius, de- clarationemfa&amabordineEcclefiaftico Regni Francix, Con- uentu habito Nonis Iulij , de neceflitate recipiendi in Regno tQto , décréta Sacrofanctiœcumenici Concilij Tridentinùparitérque no- bis defcripfit admirabilem conlenfum,quo ad vnum omnes in tara falutarcm fententiam deueniftis, &c animi conftantiam , qua parau eftis diligenter exequi quod xquè,pic,ac prudentcr decreuiftis. A g - nofciraus fane in hoc Dei digitum, plané opus eft ditflns prouiden- ùx,&c eft mirabile in oculis noftris. Nihilominus agnolcimus pari- ter veftram virtutem admirabilem , qua diuini beneplaciti tempus fingulari prudentia nouiftis,pari zelo,atque conftantia, pracclarum hoc racinus aggredi ,&c ad exitum perducerc valuiftis.Qua occafio- ne3tuam, dile&efilinofter , mirificamfolertiam ,.atque in rébus agendis pra?ftantem dexteritatem,prarcipuè laudamus. Nam non modôquidegeritis>fedferèquid vnufqnifque veftrum , pic ac ge- ncrosè îocutus h"t,accepimus. Quare vt fumrao in Domino folatio , ex praxlariffirnis veftris operatioiiibus repleti fumusjiic vehemcn - ter cupimus fe nobis opportunicatem offerri patefaciendi quo locc* apud nos fit veftra verè Sacerdotalis virtus:cuius perpetuô raemo- reserimus;idquevosexperimentocomperietis. Intérim venerabili fratriRobertoEpifcopo Montifpolitiani noftro Apoftolico Nun- cio iufsimus , vt fumma diligentia impedimenta omnia remontre curaret, qua? piis veftris ftudiis , atque confiliis obfiftere po lient: quod exa&ècuracurum efiTe confidimus. Multipiicet Dominus in V u u u u S?o LES AMBASSADES te donafua: fan &x graux , vt melius fempcr eiusbonitatiinfe mire poflîs,&nostibi,cumomnicharitatisaffe&u , benediftionem no- ftram Apoftolicam impartimur.DatumRoma:,apudfan£tam Ma- riam Maiorem,fub AnnuloPifcatoris,ni.Nonas Augufti,M.D(S. XV.PontirlcatusNoItri Anno Vndecimo, Petrvs Stroza. ARGVMENT. De ce Seignettr^mbaffadeuren S Hiffejl reçoit cefe lettre pleine d'hon- neur >& de flufteurs parttcttlaritcz,. A MONSEIGNEVR LE CARDINAL DV PERRON, Archeuefque de Sens, & grand Aumofnier de France. A Paris. Onseigkevr, I'ay cité d'autant plus ayfcdel'addreffe qui ma efté faitte par Monlieur l'Ambafladeur d'Efpagne, re/ident à Luccrne, des trois paquets que vous en- uoye l'Agent du Duc de Parme , demeurant à Mi- lan,que ie deiirois, dés il y a long temps, quelque femblable ren- contre, pour me ramenteuoir en l'honneur de voftre fouuenance. Vous les receurez donc, Monseignevr, & auec ei*x, l'offre que ie vous fay,de ce qui eft voitre,mô affection & moncœur,témoins indubitables, du feruice que ie vous veux rendre, en toutes occa- fions.oùil vous plaira me fauorifer de vos commandements ; les- quels iereceuray auec la reuerence que requiert le rang que vous tenez enl'Eglife, &voltre grand mérite, qui excelle par deflus les plus releuez, qui ayent paru depuis les fiecles de ces vieux Athlètes delà Foy,qui combattirent iadis la Sapiencc,ouplurtolt,l ignoran- ce humaine,par l'eloquence.dont le S.Efpritanimoit leurs langues, & leurs plumes.Par deçà, les Bernois fafchez de nos mariages , re- ^ueiît toute pierre,pour témoigner le déplaifir qullsen ont. Ils de- ET NEGOTI ATIONS. Lit. IIL %9i crient nos afFaircs,reuoquent leur compagnie , qui eft au feruice du Roy,folicitcnt les Princes 5c Republiques de leur Se&e, de fe lier plus eftroictement,font des alliances auec Venife,"& Sauoyc : bref, fe comportent tout autrement qu'ils ne deuroicnt, ennoftreen- droit.Ceft vn feu,quril leur faut biffer ietter, auec plufieursautres, en cefte faifon:eftant difficile de guarir vn malade,qui ne reuc eftre deîiuré du mal, qui le rrauaille. De vérité , Ci auant l'accompliiTe- ment defdits mariages , leurs Maieftez pouuoient conduire à boa portjes negotiations de Iuliers , 8c Piémont; ce feroit donner vne grande facilité , à l'effet Se exécution defdires alliances. Mais les nouuelles leuées,qui fe font icy,de part 5c d*autre,ne nous promet- tent rien de femblable.Et fur ce,les Cantons Montagnars,qui tien- nent le pafïàge du mont S. Gothart,fe font valoir. Car après auoir refufé par deux fois,le partage à l'A mbaffadeur d'Efpagne , il a fçeu fi bien prateiquer les principaux , à force de doublons , qu'en vne troifiéme commune , il l'a obtenu pour la Cauallerie du Conté de Bourgongne,s'eftant fait affilier dVn AmbafladeurduGrandDuc deTofcane , lequel eftoit auffi venu demander pafTage pour deux mil LandfquenetzJ& cinq cents cheuaux , dont fon Maiftre eft tenu fecourir le Duché de Milan, à caufe du fief de Siéne. Le Duc de Sa- uoye ayant enuoyévn AmbafTadeur ordinaire, pourl'empefcher, a obtenu ce qu'il deiiroir,à l'égard des Landfquenetz:mais deiia les Bourguignons eftoient pafTez. Voila comme fe gouuernent ces peuples,fâifant leur profit des animofitez desPrinces,par vne voye peu honorable , ne fe fouciants du tort qu'ils font à leur réputation, ny à l'afTeurancc de leur liberté, qui diminuera toufiours , par l'ac- croiflement de la puilîance EfpagnoIe,en leur voifinage. Zurich 5c Berne ont depuis peu conclu l'alliance auec Venife, 5c ne refte plus qu'à la iurer.il efl: encore incertain, fi les Grifons voudront donner pafTage aux leuées , que la Republique demande, pour mettre en garnifon dans fes places frontières du Milanois:fans quoy, tout ce qu'ils ont faict,eft peine perdue. C'eft, Monfeigneur,le cours des occurrences de ces quartiers;defquellesie vous feray part quand ie fçauray que l'aurez aggreakle.vousfuppliant derechef, m'honore! dcvoftrebienueillance, & de la qualité de celuy qui elt véritable- ment, M on s = IGNEVR, De Soleurre, ce i*. V offre très -humble & très- obejfjfant Auril, i6iy feruiteur. De Càstille. Vuuuu ij LES AMBASSADES ARGVMENT. Id'txhorte ce JïgnaU Trelat Je ferjîjler wjonintenûîm dt refendre aux écrits dvn nomme de Dominés.. A MONSIEVR L'EVESQVE D'ORLEANS Gonfeiller du Roy,en fonConfeil d'Eftat» Onsievr> Aux moimements qui viennent du Ciel , il ne faut point de confolation. Celuy dont vous m'c'criuezsefi; de cefte forte.Et partant i'eftima que vous n'y deuez apporter autre confultation, que de vous laifler conduire à l'Efprit de Dieu, qui. en eft l'autheur.C'eft vne ouuerture qu'il vous fait , pour paruenir à beaucoup de gloire,& fpirituelle, & temporelle. Et l'eminent fa- lloir dont il luy a pieu de vous doiier , vous oblige eftroittement à rendre ce feruice à l'Eglife.Pour moy,ie vous y contribuera^ toute j'ayde que vous pourrez defirer de celuy qui eft, MqNSIE V*o Vtjlre plus-affetfionnê confrère a m faire feruice, I» Cardinal dy Pe rron argvment: Ce Seigneur luj fait ces ligne s faneur àes Reuerends Veres CeUJîin* deljon*. ET NEGOTI ATIONS. Liv. ÎIL A MONSIEVR LE CARDINAL DV PERRON. Archeuefquede Sens, &: Grand Aumofnierde France, A Paris. Onse IGNEVr, Les Reuerends Pères Celeftins ,. de cepaïs, defquelsiefuis fondateu^m'ontpriéde vous ef- crire en faueur de leur Ordre , pour les affaires qu'ils ont,auec les maifons d'Auignon & Gen- tilly , lefquelles fe veulent foufrrairc de l'obcïf- fancede leurs Supérieurs François • contre ce quiaeftcdctouttempsprattiqué, ôc mefmecontre l'intention de nosRoys, leurs fondateurs , qui les ont obligez par leurs fonda- tions^ recognoiftre le Prouincial de France. Et par ce que ces bons Pères fçauent que ie fuis particulièrement voftre ferukeur , ils ont creu que ma recommandation leur pourroit eftre vtile en voftre endroit. Qui méfait vous fuppliertres-humblement, M on se i- gnevr , de leur vouloir conferuer leur bon droi&,& les gratifier aux occafions qui s'en prefenteront :vousafTeurant queie tiendray faittes à moy ,les faueurs qu'ils receuront de vous , &c m'en 1 entiray fort eftroittement voftre obligé , pour m'en reuencher en tout ce qu'il vous plaira m'honorer de vos commandements , auec lamef- me afTe&ion,que ie demeure^ MoNSEIGNEVR, A Lyon-.ce io, Veflrc trts-humhle & olcijjant Décembres firmttur, S. Chavmont, A R G VMENT M on fieurîe Comte de Crzy , Jmba fadeur de Confiant inoph \ rendu f- woignage de fvttiitépour t Egl^e 3 dvne bonne vuttre de nofire C*r- V-uuuu ii; LES AMBASSADES A MONSEIGNEVR LE CARDINAL DV PERRON. Archcuefquede Scns.Sc Grand Aumofnier de France. En Cour. Onseign EVR, le loue Dieu,d'auoir appris du Pere Recteur , qui c& îcy, la mémoire, qu'il vous a pieu auoir de cefte mif- fion , Se l'aumofne que vous luy auez fait ordonner, de deux mille francs cous les ans. le vouspuis afTeurer, CGmme tefmoin qui le doit fçauoir,que c'eft vn argent tres-fain dé- ment Se vtilement employé,leur donnant moyen de drefler vn Sé- minaire en ce lieu,de Grecs Se d'Arméniens; qui outre la bienueil- lance que cefte nourriture & libéralité vers eux , leur fera naiftre vers nous,culriuera des plantes,quipeu de temps apres,produiront fruits de grande édification. Car ce feront ceux-là, qui fans foup- çon defdits Grecs Se Arméniens, comme eftants d'entre eux mef- mes , les pourront retirer de leurs opinions erronées; Se fans foup- çon des Turcs, s'épancheront Se diuiferont par les Prouinces, pour les aller enfeigner.Ce que ny les Pères Iefuites,ny autres Chieftiés Latins, ne peuuentfaire,'poureftre maintenant les Turcs, envne grande défiance, & ne donner plus la liberté qu'ils fouloient : dont les caufesferoient trop longues à vous déduire : Se pour ce , ie les vous tairay . Mais aufli, Monfeigneur,me permettrez- vous de vous dire, que puis qu'il vous a pieu donner commencement à cefte au- mofnc , il eft neceffaire que vous en aueuriez la continuation, à l'aduenir ; afin qu'ils puuTent par vn afleuré fondement, defleigner Se commencer le fufdit Séminaire : lequel com- mencé , comme l'entretenement en fera de grande édification; ainfi s'il venoit à eftre interrompu, le manquement en feroic preiu- diciable , Se engendreroit és cœurs des Grecs Se Arméniens , de la haine contre nous,& plus d'aliénation de l'Eglife,dont ils s'eftime- roientmcfprifez , & félon l'ordinaire façon de faire du monde, fe tiendroient ofFenfez >de fe voir retrancher le bien qu'on leur auroit faicefperer, Se non obligez de ce qu'on auroit commencé à leur en faire iouir.Ic ne vous manderay pour nouucjles d icy, finon que ce àeigneur a retiré fes arraes,de contre la Hongrie, .qui en eftoit me« rucée,& les a tournées vers la Pçrfe,où il defleigne opiniaftremçt, ET NEGOTIATIONS. Lit. III. 895 vn-cruelle guerre , bienqueceRoyl'aytenuoyéparplufieursde fes A mtu (fadeurs, rc quérir de paix:à quoy iufquesicy , ledit Grand Seigneur n'a voulu encendre;ny raefme les efcouter. Ce pendant fon armée 'eiourne fur lesfrontieres,pour dés la première faifon, fe mettre aux champs. Te vous baife tres-humblement les mains , ôc vous fupplic de vous fouucnir àc la part quecy-deuant il vous a pieu me donncr,& promettre me continuer , en voftre bonne grâ- ce^ croire que ie fuis,& feray tant que ie viuray , Monsei GN E VR.» De Pcrajez Conftanti- Yojhe très- humble* & obeijjknt nople,cen.Dec. xtfif, Jèruitetêr, De Harlav. A R G V M E N T, Monfieur le Marefttts de Trenel » AmbaffAdeur a Rmedtty fait ces hon~ nettes ofres de (eruice. A M ONSEIGNE VR LE CARDINAL DV Perron, Archeuefque de Sens ,Sc Grand Aumofnier de France.En Cour. Ons eignev r, Quand vous m'aceuferez d'auoir obmis à vous con- firmer mon feruice depuis que ie fuis à R^ome , iem 'en _ rendray coulpablejmais non pas d'affection à vous ren- dre celuy,que de Jong temps ie vous ay voiié. vous pouuaut aiTeu- rer que mon filence n'a efté , que par refpect , craignant de me rendre pluftoft importun entiers vous , qu'vtile à voftre feruice. Or , Monfeigneur , l'on a accoutumé d'employer ceux que l'on eftime : & Ci vous me faittes l'honneur de me tenir en cefte confideration , comme il vous plaift me març- der par voftre lettre du 15. Décembre, dont vous m'auez fauoriiç; t96 LES AMBASSADES -vous mcle commanderez,puis que vous le pouuez faire,au ectort- jee puiffance & authorité : Se moy , auec toute reuerence &c obfer- uance, vous obeïray , & fer ukay très- humblement, comme eftant, MONSEIGKEVR,' De Rome, ce 7. V<$rt tres-kumhlc & tres~*ffeBionv.c .Feurier,i6o7. fermtfur. Des Vrsins. A R G V M E N T.. L "mdinAtkn des Vénitiens >a l'h&mnr & femn lu) efi ig rtfrefentit* 1LLV S TRISSI MO ET REVERENDISS I M O IN Chrifto Patri,Domino Iaco'bo Archiepifcopo Senonenk Mifer.Di.S.R.E.CardinalidePerrone, dignifsimo. Lluftrifîime & Reuerendifïime in Chrijîo Pater, L'affetto farticolare che conferuia- mo à V. S. llinftrif?ima , le fara ejfrejjb dal diletto noh. nojlro Vicen^p Gujjbniy che viene AmhafciadoreordinarioaUa Ma- efta del R} Chriftianiftimo, La freghiamo di credergli corne a noi medefimi , & che tanto fiu cara ne far a fem- pre l'occafione di comfroharle con Veri effetti , la noflra ottiipa Volontà , quanto più dejideriamo si conofca da ogn* Vno la flima grande che facciamo del merito & àella virtà fingolare di V.S. Ittufîrifîima >alla yuale aggiunga il Signor ET NEG OTI ATIONS. Lit. III. 8^7 il Signor Dio}ogni contento. Data in noflro Ducali Paldtio, dis 1 1 1 .MartijJndift.Xi 11 .M. DC xv 1 . Ioannes B emb o.Deigratia Dux Veneciarura, &c. And. Svriano, Secr. A R G V M E N T. Ce Cardinal defire^ar 7 \> .vécut ion de f?j commandements 3 vicognoiîire les grâces qu'il a récents de fa part. ALL'I LLVSTR1SS. ET REVE REND ISS. SIC. MIO OsSERVANDISS. IL SlGN. C-A.RD. DEL PERRONE. IHuftriC& Reuerendilî. fiç.mio OiTeruandiff. Ontoccafionedeldarparteày.S.îhfirifsima, deP arriuo mio a Romanche Dio leddto, èfeguito con mui ottima falute, lefo humilifima reuerenT^d, & le n- cordo cbe nelit parten^a miadi Frdncid^refldicon fommo de f dé- via di mantenermi}& meritare con l'o/feruan^a cbe le porto j'ho- nore délia honagratia di V.S. llluflrifîima. Et accioche quefto mi riefea piùfaalmete.pregold di ceoperarci>confauorirmiJfeffo de'fuoi com.inddmentimelld prontd effecutione de" qHdlijo le di- moflrilamemorid che tengo delîe grade ,che con tanta dhonddn^a ho ogni tempo riceuute da leiy&delT ohligatione in che ne refla la mia feruiw con la henigmta di K SMuflripirndUaquaUbaci9 hamilifimamentele mani. Di Romayli 1 3 .di Mdr^o3 1 6 1 7. Di V.S.Illvstjussima et Reverendissima Humiiiflîmo & affetrionatiflimo feruitore. Il Cardinale VbaldiUi. X xxxx 8s>S LES AMBASSADES ARGVMENT. En certain affaire important e>il efl requis par fan Altejfe , defaHorifcr de fes confcils & aduis.vnÇien K^îmb a (fadeur. ALL' ILLVSTRISS. ET REVER ENDISS. Monfig. mio ColendifT.il Sig.Card.del Perrone. Paiigi. ILLVSTRISSIMO .ET ReVERENDISS. MONSIG. MIO CoLENDISS. Erche Idprote^ionedi V.S. Uluftrifsima, fo- nd ejprdi moltd confequenT^d aile particoldri- td y cbe in cotefta Cor te , e per trattar fer mia commifsione , M onfynor Arciuefcouo di Pifd, mio Ambafcidâore Jiraordinarioja prego à for- gergli quelli diuti}& configli3cbe fieno opportuniiafsicurdndoldy cbe per toi' affemje refidro con molt obligo.Et fe bene V . S. II- lufïrifsimd l'hdurebbe fyontdneamente fdUorito}perld qudlitd del negoXjoyho Voluto in ogni modo notificdrle ilgufto> cbe io fentirà ditutte le fue amoreuole dimoftrd^ioni, nelpre fente bifogno : & le bdcio le mdni. Di Firen^f, ' $.Mdggio> 1617. D. V. S. ILL. ET REV. Affettionatiflîmo feruitore. Il Grakd Dvcadi Toscana.' ARGVMENT. Son mérite >& hflme% en laquelle il cfl tenu de fa Sainfteté , obligent ce Cardin al >à luy procurer toute fat ïsfaftion , comme il dit auotrfait en l'expédition gratuite des Bulles de t Anhmefché deT ours, pour Mou- Jieur l\EutJqutdt Bayonnc. ET NEGOTI ATIONS. LifT III. ALL ILLVSTtlISSIMO ET REVERENDISSIMO SIGNOR mio OfTeruandiflirno , il Signor Cardinale del Perrone. Illvstmssimo et Reverendiss. Sic. mio Osservandiis. îceuo fempre per fanon, che VSMufirifsima micoman- ti, perche io che so il fuo merito>& la ftima, in che e tenuta dalla >antità S.godo fiommamente d'eff Me in gratta. Qjiefli r if- pet ti mobligano a procurarle ognifatufattione^anche in perfona di qudli che le fin cari s corne ïe Monfignor Veficouo di cBaiona, doiato diptrti cosi eminenti, corne V. S. Illu^rijJ.ftcompiace di rapprejmtarmiconla fua>con laqualelo raccomandajper l'efiedi- tione gratis délie Bolledell' Arciuefcouato di Tours , al quale e pato nominatoda Sua Mae fia. Et fi corne io ho riportato Vin- tento che fi defideraaaycos\ ringratio y. S. Ittuftrifsima^h' ella fauorifca la mia feruitù}connon laficiarla otiofa^ le bacio hu- milifisimamentele mxn'uDi Romaji i j.di Giugnoi i6effb> datl'dutoritd e ddicomadamentîdi y.SMuftrijlimd^llacui bondgrdtidYdc- comdndandomiyperfineje bdcio bumilifsimamentek mani. Di Romdji zAf.di Settembre, 16X7. -DiV^S.Illuftrifr.ScRcuerendifT. Humiliffimo & affcttionatiffimo- feruitore. ÎL CARDINALE GlVSTlN I AnO* ARGVMENT. tes occâfions de k feruir/ont de/tries par ce Cardina l , qui luy promet de s 'employer attet efficace % peur U Coadiutorerte def^drchcueiçhé de Stns, ET NEGOTIATIONS. Liv.iil 901 ALL' ILLVSTRISS. ET REVERENDISSlMO Si g. mio ColendissimojIlSig. Cardinale del Perronne. Illvstriss. et Reverendissi. Sic mio OlTeruandiflirno. I vengono piu di rado di quel ch ' io Vorreije occafio - ni diferuir V, S. iUuflrifiima : onde quelle che mi fi prefentano,fono abbracciate da mçcon Viuifimoaf- fetto.llche horaprocurero ch' apparifca nell'occor- renX^a délia Coadimoreria di Sens , inperjona dd Signor fuo frardlojpcr quale fyeditione ho interpofliy& interporro efficace- mtntej miel vfficu\doue fa per bifgnare. -Supplico VS. Illu- ftripim 13 ad cjfrcitar coifuoi comadamemi , l'off truanda ch'ie frofejfo alla f ta perfona. E qui per fine le bacio humilifsimamen- telemani.Di RomaJiii.diNouembrc^ôi 7. Di V. S. ILL. ET REV, Humiliflîmo & affettionatifîimo fcruitore. Il Cardinal Borghese. ARGVMENT. Le tres-Mu/tre Cardinal Borghefe.neueu du Pape Paul V. reput t a (wgu- Itère faneur, de luy fignifier aux occurrences , le refj>ecl tnfiny qu'il luy porte. ALL'I LLVSTRISS. ET REVERENDISS. SIG. MIO OsSERVANDISS. IL SlGN. CARD. DEL PERRONB. X xxxx iij LES AMBASSADES Xllufh-iflmio Se RcuerendilT. Sig. mio OfjferuandiC Tim o tanto il colore & la perfona di V. S. llluttrifd- ma^che reputomio obligo particolare , di non tralajciare alcuna occafione , per laquais io poffa darle fegni délia miao{ferudn%a.Ho pregatoperojlS.Marefcotti Cameriere di N.SignoreycbeportalaBerretaalS. Cardinale de Gondi, le faccia retterença in mio nome la certifichi, cbe fi corne iogodo di efferle ingratia>cofigodero , cbe ella me ïaccrefca co'l coman- darmi. Et à W.S. Illuflrifiimabacio humilmente le mani. Di Romaji i9-di Mar^p. i 6 1 8. pl V.S. ILL.ET REV. Humiliflimo &afFettionatiiîîmo feruicore. Il Cardinale Borghese. Vi donnera, de l'eau à mon chef* & qui conuertira mes yeux en fontaines , pour pleurer nuit & iourf incomparable & douloureu- seperte de nofîre trois fois grand Cardinal : qui décédant le quatrief me tour de Septembre ^milfix cens dix-huiâf,nous laijfe à iamais , priuez, de Çaplus qù humaine & fructifiante érudition? LeCielneantmoins , la vouluscontre lequel s' irriter , efivne audace & arrogance impie; & non fans doute , que pur le rémunérer de /es vtiles & continuels trauaux au feruicede t Eglife& defon Roy, durant (oixante trots ans. PuiJJe-tilre- foferen paîx,& nous eftre confiiez^ la iouiffance de ce riche labeur, ter- miné par la fin de fa très- illufire vie. ARGVMENT. Ce Bref du Vape^efi icy aiouïléjar ferme d'appendice &corollarie , pour faire voir combien il chérit çr honore la mémoire de noUre feu Cardi- naLé* en quel rang de vertueux méritera Samcleté colloque la fplcn+ denr de (prit & de doffrine de M onfeigaeur l' Archeuefque de Sensfon tres* digne frère & fuccejfeur. ET NEGOTIATIONS. Liv. m. VENERABILI FRATRI ARCH 1EPISCOPO SENONENSI. PAVLVS PAPA V. £TE£ Enerabilisfrater, Salntem Se Apoftolicam benedictionem. InKbro , quem nuperà tuaFraternitate dono accepimus, duo prxcipuè funt,qua:nosmagnoperèdelecT:auerunt ; prarclarum videliect monumentum egregia?pietatis,ac dochinanpnus Aucto- ris,&: tua: in eo munere mittendo , erga nos, atque hanc Apoftoli- cam Sedem, fpe&ata: deuotionis Se obferuantia: manifeftum argu- mentum.Et quidem AU&orisiinguIaresvirtutesNobisoptimè co- gnitar,ficut efîecerunt,vt illum dum in viuis eracvnicè diligerimus, itanunefuntin caufa,vc eiusiam defuncti quodeunque excellentis ingenij opus, atque omnis promis recordatio3fît Nobis maxim è iu- cunda. Tua: veto, Frater, infignes animi dotes, & virtutum orna- menta, prxfertim incenfus Catholicarreligionis 2elus , cumpra?- ftanti do&rina ac prudëtia coniunctus,eo plane loco apud nos funr3 quo eiFedebent ; & vt pro tuis mentis te verè paterno charitatis af- fecta in vilceribus Chnfticomplecbimurjitaperfuafum habeas vo- lumus, Nos, cùmvfus vénerie, reipfa demonftrare curaturosno- Itramin te maxime propenfam voluntatem,&:afsiduum in toaini- ' bus5qua: cum Domino pofTumus , tibi gratificandi defidenum. In- térim Fraternitatitu£,cœleftisgratix,atque bonorum omnium af- fluentiam à Domino precantes,kerum ex intimo cordis afFeciu no- ftram Apoftolicam benediclionem impartimur. Datum TufcuhY fub Annulo Pifcatoris,die i6.Septembris,M,D.C.XX. Pontifïc.v tusNoltri Annodecimo fexto. Gaspar Palonvs, F I N. I I m